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11/04/2013

Quand la forêt résonne

Quand la forêt résonne

par Dominique Delfino

photographe animalier et naturaliste

 

L'automne revêt un caractère particulier lorsque la forêt résonne du brame du Cerf.

 

Durant plus d'un mois à cette période de l'année, saison des amours pour le plus grand de nos cervidés, animant les grands massifs forestiers de nos régions.

 

À l'apogée de leur excitation, le comportement des mâles demeure un spectacle extraordinaire. Afin de s'imposer sur son territoire, le Cerf avertit de sa présence en bramant, intimidant et défiant les autres mâles.

 

Particulièrement actif très tôt le matin et en soirée, il vous plonge dans une ambiance unique et nombreuses sont les animations découvertes à l'écoute du brame du Cerf.

 

Le parc de Sainte-Croix en Lorraine compte parmi les endroits où l'on peut découvrir, observer et surtout profiter de cette période amoureuse dans d'excellentes conditions pour le plus grand bonheur des enfants et des plus grands. Sans oublier son appareil photo !

 

Brame-du-cerf-450.jpg

Cliché © Dominique Delfino

10/04/2013

L'Etna en éruption

L'Etna en éruption

 

Actuellement, l'Etna est en éruption. Voir le spectacle sur les webcams :

http://www.ct.ingv.it/it/webcam-etna.html

09/04/2013

Les cocktails de pesticides modifient le développement des fœtus

Les cocktails de pesticides modifient le développement des fœtus


Femme enceinte et impact des pesticides sur le fœtus

 

La mise sur le marché des pesticides est conditionnée à leur autorisation par les autorités en charge de l’évaluation des principes actifs qui les composent. La procédure vise, entre autres, à vérifier que ces produits sont efficaces et n’exercent aucun effet inacceptable sur l’environnement, la santé humaine ou animale, dans des conditions d’utilisation normales. Néanmoins, outre la faillibilité de ce système qui repose essentiellement sur les données fournies par les fabricants de pesticides, les cocktails de substances actives ne sont jamais évalués les autorités.

 

C’est dans ce cadre qu’une étude dirigée par Sylvaine Cordier, regroupant des chercheurs de l’INSERM, de l’université de Rennes 1 et de l’école des Hautes Etudes en Santé Publique, vient d’être publiée par la revue scientifique Plos One. Il y est mis en évidence des modifications et perturbations physiologiques sur le déroulement de la grossesse et de la croissance du fœtus de femmes enceintes, résidant dans des zones où des cultures céréalières sont très présentes. Les éléments trouvés conduisent les chercheurs à suggérer une exposition des femmes enceintes à des mélanges complexes de pesticides.

 

Si l’évaluation des conséquences sur le développement de l’enfant est en cours, les résultats déjà obtenus confortent ceux dus à PÉLAGIE (1). Cette étude, reposant sur près de 3 500 femmes et enfants bretons, menée de 2002 à 2006, avait en effet apporté un éclairage sur les préoccupations de santé liées à la présence quotidienne de composés toxiques dans l’environnement de vie. PÉLAGIE avait notamment corrélé la présence, dans les urines, d’Atrazine, un herbicide interdit en Europe depuis 2003, à un impact sur le développement du fœtus se traduisant par une diminution du poids et du périmètre crânien du nouveau-né.


Pour François Veilllerette, porte-parole de l’association Générations Futures, « Ces études n’auront de sens que si elles incitent à des prises de décisions politiques claires et volontariste en terme d’interdiction de certains pesticides, notamment les perturbateurs endocriniens, et dans cette attente la mise en place de zones de protection de 100 mètres minimum le long des habitations jouxtant ces zones agricoles. »

 

1- PÉLAGIE (Perturbateurs endocriniens : Étude Longitudinale sur les Anomalies de la Grossesse, l’Infertilité et l’Enfance).

 

Source : Univers Nature 26/05/2013

08/04/2013

Le "Monsanto act" met les OGM au-dessus de la loi aux États-Unis

Le "Monsanto act" met les OGM

au-dessus de la loi aux États-Unis


Le Monde.fr | Mis à jour le 08.04.2013 à 17h26

 

C'est un amendement discret glissé dans une loi budgétaire pour l'agriculture aux États-Unis, mais il provoque scandale et stupéfaction chez les défenseurs de l'environnement et les ennemis des OGM : la justice américaine ne pourra plus s'opposer aux mises en culture de plantes génétiquement modifiées, même si leur homologation est contestée devant un tribunal. Une disposition perçue comme un cadeau aux géants de l'agrochimie, Monsanto en tête.

 

 

Que dit l'article 735 de ce texte de loi, affublé du surnom de "Monsanto Protection Act" et désormais voté par le Congrès et approuvé par le président Barack Obama ? Que "dans le cas où une décision [d'autorisation de culture] est ou a été invalidée ou annulée, le ministère de l'agriculture doit (...), sur simple demande d'un cultivateur, d'un exploitant agricole ou d'un producteur, accorder immédiatement une autorisation ou une dérogation temporaire."


Au cas où la finalité commerciale de l'opération n'irait pas de soi, l'article précise que les autorités doivent "s'assurer que les cultivateurs ou d'autres acteurs sont en mesure de déplacer, planter, cultiver, introduire dans le commerce" les semences en question et les cultures qui en sont issues.

 

Pour Greenpeace Canada"la signature de cette loi par le président Obama ne permettra plus aux tribunaux américains d'empêcher la vente et la plantation de plantes OGM même si elles n'ont pas été approuvées par le processus pourtant déjà laxiste des autorisations et quelles que soient les conséquences pour l'environnement ou la santé".

 

Les ONG soupçonnent le sénateur républicain du Missouri, Roy Blunt, décrit par le magazine Mother Jones, le 4 avril, comme "l'homme de Monsanto à Washington", d'être l'auteur de cet amendement. La firme a son siège à Saint-Louis et finance de longue date les campagnes politiques de M. Blunt.

 

D'autres élus ont tenté de s'opposer au texte, comme le sénateur démocrate du Montana Jon Tester. Selon lui, par cette loi, le gouvernement contraint son propre ministère de l'agriculture à "ignorer une décision d'un tribunal qui interdise la plantation de cultures OGM parce qu'elles sont illégales". Une autre sénatrice démocrate, Barbara Mikulski (Maryland), a présenté des excuses publiques pour l'adoption de cette loi.

 

LA CRAINTE D'UN DANGEREUX PRÉCÉDENT


La mesure a révolté les milieux démocrates et écologistes – une pétition baptisée "Food Democracy Now" a déjà recueilli 250 000 signatures. Mais le très droitier Tea Party a lui aussi fait part de sa colère face à une opération de lobbying qui fausse la libre concurrence. Les entreprises devraient "respecter les règles du libre-marché comme tout le monde, au lieu de recruter des lobbyistes pour réécrire les règles à leur profit à Washington", écrit ainsi le think tank conservateur Freedom Works.

 

Le "Monsanto Protection Act" est censé n'être que provisoire : la loi dans laquelle il s'inscrit expire en principe au mois de septembre. Mais les défenseurs de l'environnement craignent que la décision ne crée un dangereux précédent.

 

Sur son site Internet, la firme de Saint-Louis dément toutes ces accusations, les qualifiant de "scénario de série B". L'article de loi incriminé "ne contient aucune référence à Monsanto, protection de Monsanto ou bénéfice pour Monsanto", souligne le groupe agrochimique.

 

Cette affaire intervient alors que Monsanto, dont les semences alimentent 93% du soja, 88% du coton et 86% du maïs aux États-Unis, a annoncé, mercredi 3 avril, une hausse de 22% de ses bénéfices au deuxième trimestre. Et au moment où les États-Unis font pression sur l'Europe, dans le cadre de la négociation d'un accord de libre-échange, pour que les Vingt-Sept simplifient leur réglementation en matière d'importation de produits OGM, jugée "inapplicable" et "lourde", lundi 1er avril par le Bureau au commerce extérieur américain dans un rapport sur les mesures sanitaires dans le monde.

06/04/2013

Monsanto act

Le "Monsanto act" met les OGM

au-dessus de la loi aux États-Unis

 

(En fin d'article : nouvel ajout du 24/04/2015)

 

Le Monde.fr | 05.04.2013 à 12h35 

 

C'est un amendement discret glissé dans une loi budgétaire pour l'agriculture aux Etats-Unis, mais il provoque scandale et stupéfaction chez les défenseurs de l'environnement et les ennemis des OGM : la justice américaine ne pourra plus s'opposer aux mises en culture de plantes génétiquement modifiées, même si elles n'ont pas reçu d'homologation et sont de ce fait illégales.

 

Que dit l'article 735 de ce texte de loi, affublé du surnom de "Monsanto Protection Act" et désormais voté par le Congrès et approuvé par le président Barack Obama? Que "dans le cas où une décision [d'autorisation de culture] est ou a été invalidée ou annulée, le ministère de l'agriculture doit (...), sur simple demande d'un cultivateur, d'un exploitant agricole ou d'un producteur, accorder immédiatement une autorisation ou une dérogation temporaire." Ce dans le but de "s'assurer que les cultivateurs ou d'autres acteurs sont en mesure de déplacer, planter, cultiver, introduire dans le commerce" les semences en question et les cultures qui en sont issues.

 

Pour Greenpeace Canada, "la signature de cette loi par le président Obama ne permettra plus aux tribunaux américains d'empêcher la vente et la plantation de plantes OGM même si elles n'ont pas été approuvées par le processus pourtant déjà laxiste des autorisations et quelles que soient les conséquences pour l'environnement ou la santé".

 

Les ONG soupçonnent le sénateur républicain du Missouri, Roy Blunt, décrit par le magazine Mother Jones, le 4 avril, comme "l'homme de Monsanto à Washington", d'être l'auteur de cet amendement. D'autres élus ont tenté de s'opposer au texte, comme le sénateur démocrate du Monatana Jon Tester. Selon lui, par cette loi, le gouvernement contraint son propre ministère de l'agriculture à "ignorer une décision d'un tribunal qui interdise la plantation de cultures OGM parce qu'elles sont illégales". Une autre sénatrice démocrate, Barbara Mikulski (Maryland), a présenté des excuses publiques pour l'adoption de cette loi.

 

LA CRAINTE D'UN DANGEREUX PRÉCÉDENT

 

La mesure a révolté les milieux démocrates et écologistes – une pétition baptisée "Food Democracy Now" a déjà recueilli 250 000 signatures. Mais le très droitier Tea Party a lui aussi fait part de sa colère face à une opération de lobbying qui fausse la libre concurrence. Les entreprises devraient "respecter les règles du libre-marché comme tout le monde, au lieu de recruter des lobbyistes pour réécrire les règles à leur profit à Washington", écrit ainsi le think tank conservateur Freedom Works.

 

Le "Monsanto Protection Act" est censé n'être que provisoire : la loi dans laquelle il s'inscrit expire en principe au mois de septembre. Mais les défenseurs de l'environnement craignent que la décision ne crée un dangereux précédent.

 

Cette affaire intervient alors que Monsanto, dont les semences alimentent 93% du soja, 88% du coton et 86% du maïs aux Etats-Unis, a annoncé, mercredi 3 avril, une hausse de 22% de ses bénéfices au deuxième trimestre. Et au moment où les Etats-Unis font pression sur l'Europe, dans le cadre de la négociation d'un accord de libre-échange, pour que les Vingt-Sept simplifient leur réglementation en matière d'importation de produits OGM, jugée "inapplicable" et "lourde", lundi 1eravril par le Bureau au commerce extérieur américain dans un rapport sur les mesures sanitaires dans le monde.

 

 

Ajout du 24 avril 2015, un article de l'Express : L'Europe autorise les OGM !

29/03/2013

Détermination des oiseaux

Détermination des oiseaux

 

Les oiseaux de France

 

Les oiseaux de Belgique

20/03/2013

Le karst en Franche-Comté

Source-de-la-Loue_logo.jpgLe karst en Franche-Comté

 

par André Guyard

(dernière mise à jour : 28/02/2014)

Voir l'émission de France 3 Franche-Comté du 2 mars 2014 à 11h25

 

Définition

 

Le karst est un paysage façonné dans des roches solubles carbonatées : calcaire (principalement), marbre, dolomie ou encore craie. Les paysages karstiques se caractérisent par des formes de corrosion de surface (lapiaz), mais aussi par le développement de cavités dues aux circulations d'eaux souterraines.

 

Le paysage karstique résulte de processus particuliers d’érosion qu'on appelle la karstification.

 

La karstification est commandée par la dissolution des roches carbonatées (calcaires et dolomies) constituant le sous-sol des régions concernées. C’est l’eau de pluie infiltrée dans ces roches qui assure cette dissolution. L’eau acquiert l’acidité nécessaire à la mise en solution de la roche en se chargeant de gaz carbonique (CO2) produit dans les sols par les végétaux et les colonies bactériennes.

 

Indices géomorphologiques définissant le karst

 

Le déroulement de la karstification peut être décomposé en six étapes successives définies par des indices géomorphologiques.

 

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Indices géomorphologiques définissant le karst

 

  • Indice 1 : zone alluvionnaire récente ou ancienne théoriquement indemne de tout karst.

 

  • Indice 2 : Cavités sous recouvrement marneux (liasique ou triasique) pouvant être continu, à savoir : les zones de calcaires recouvertes d'argiles à chailles, les terrasses anciennes importantes et les zones à marnes liasiques ou triasiques.

 

  • Indice 3 : Dolines empâtées stables. Sous cet indice sont placées les zones comprenant des dolines empâtées, des vallées sèches et des niveaux calcaires du Jurassique moyen et supérieur non affectés par des phénomènes karstiques apparents.

 

  • Indice 4 : Zone calcaire très facturée. Ces zones sont rares le long du tracé. Elles situent principalement au nord du massif de la Serre.

 

  • Indice 5 : Doline active ou perte à écoulement temporaire. Ces zones sont relativement nombreuses mais localisées essentiellement autour de phénomènes actifs (dolines, perte, gouffres). Une exception à cette règle est constituée par les niveaux du Keuper inférieur (Trias) à marnes à sel gemme et à gypse qui sont particulièrement délicats en raison de la probable présence de cavités dues à des phénomènes de dissolution des roches salines. Ces dernières ont été traitées au même titre que la karstification des calcaires en raison de leurs implications au niveau de l'évaluation des aléas potentiels.

 

  • Indice 6 : Contacts linéaires par faille entre calcaires et marnes induisant des écoulements d'eau. Ces zones sont très localisées et mettent souvent en évidence les contacts entre les marnes de l'Oxfordien et les niveaux calcaires du Jurassique moyen ou supérieur.

 

Évaluation du temps de formation des conduits karstiques

 

Le graphique présenté ci-dessous évalue le temps de formation des conduits karstiques.

karst_temps-de-formation-450.jpg

Conditions de mise en place d’un réseau de drainage karstique

 

1) La mise en place d’un réseau de drainage karstique est déterminée par des facteurs fixant l’architecture du milieu et précédant les processus de karstification. Ces facteurs ne sont pas les causes de la karstification ; ils déterminent le cadre dans lequel les processus karstiques interviennent pour transformer le milieu, dès que les conditions nécessaires sont réunies. Ce sont :

 

-   la géologie : lithologie, géométrie de la formation aquifère, fracturation (= perméabilité initiale) découlant de la succession des mouvements tectoniques et du comportement mécanique de la roche,

 

-   l’association de bassins versants de surface sur terrains imperméables aux roches calcaires,

 

-   la géomorphologie régionale : position du niveau de base hydraulique, fixant la localisation du point bas de la formation aquifère (= position de la source, qui est le niveau d’eau imposé le plus bas vers lequel convergent tous les écoulements souterrains), importance du relief (= épaisseur de la zone d’infiltration).

 

L'étude de ces facteurs définit le cadre dans lequel le karst a pu se développer, mais ne fournit aucune information sur l’organisation karstique, ni sur son fonctionnement.

 

2) Les processus de karstification proprement dits agissent sur les roches calcaires grâce au potentiel de karstification défini par :

 

-   le climat qui fixe les précipitations et le couvert végétal, dont dépendent le débit d’eau traversant l’aquifère et la quantité de CO2 disponible (flux de solvant),

 

-   la géomorphologie, qui impose :

 

  • l’énergie nécessaire à l’écoulement pour le transport des matières dissoutes (= gradient hydraulique),

 

  • en partie, le flux de solvant traversant l’aquifère, quand existe du ruissellement de surface aboutissant à des pertes,

 

  • l’épaisseur de la zone d’infiltration : l’eau souterraine conserve d’autant plus d’aptitude à dissoudre le calcaire en profondeur que la zone d’infiltration est peu épaisse.

 

3) Les phases de karstification successives, imposées par exemple par des variations climatiques ou morphologiques, sont responsables de la mise en place de formes de surface et souterraines qui constituent des paysages complexes. Cette complexité des paysages s’exprime dans la plupart des massifs karstiques par un fonctionnement hydrogéologique également complexe.

 

Le paysage karstique

 

Le paysage de surface, constitué en général de dépressions fermées (appelées dolines, pour les petites, et poljés, pour les plaines d’inondation), est associé à un paysage souterrain, dont les grottes et les gouffres parcourables par l’homme font partie. Le karst est par conséquent un paysage original, créé par les écoulements d’eau souterraine. L’eau circule en son sein, s’y accumule et émerge par des sources aux débits souvent considérables, mais très fluctuants dans le temps (Fontaine de Vaucluse, débit moyen : 20 m3/s ; source de la Loue, débit moyen : 10,8 m3/s). Le karst comporte donc un aquifère : l’aquifère karstique. Ainsi, le karst possède deux fonctions essentielles : stockage de l'eau souterraine et drainage de cette eau vers l'extérieur par des sorties du karst.

 

Les sorties d’eau du karst sont toujours des sites extraordinaires, ne serait-ce que parce que les massifs et les plateaux qui les dominent sont dépourvus d’eau. À la suite de E.A. Martel, le fondateur de la spéléologie en France, l’appellation “source” est en général soigneusement évitée sous le prétexte que les sources ne peuvent qu’être alimentées par des eaux pures, filtrées naturellement. Martel ne voyait dans la plupart des sources karstiques que la résurgence d’eaux de surface engouffrées dans des pertes. Il les distinguait des exsurgences, sources ne recevant aucune eau en provenance de pertes de rivière. Finalement, les résurgences sont des sources de systèmes karstiques binaires, alors que les exsurgences sont celles de systèmes karstiques unaires (voir plus loin). Quant aux émergences, ce sont celles dont l’origine n’est pas connue.

 

Vocabulaire du karst

 

Les paysages karstiques ont été décrits à partir de données recueillies en Dalmatie (Croatie). C'est pourquoi, les termes utilisés ont une consonnance croate.

 

Aquifère : formation géologique possédant une perméabilité suffisante pour que l’eau souterraine puisse y circuler. Un aquifère est constitué d’une zone non saturée, ou zone d’infiltration, dont les vides, occupés par de l’air, sont parcourus par de l’eau, et d’une zone noyée ou saturée, ou nappe aquifère, dont tous les vides sont remplis d’eau. Si la porosité du milieu, c'est-à-dire le rapport du volume des vides au volume total de la formation, est forte (supérieure à 10 %), l’aquifère peut posséder une capacité de stockage intéressante, dont les réserves peuvent être exploitées. La zone d’infiltration est séparée de la zone saturée par la surface de la nappe, dont on mesure le niveau piézométrique. Ce dernier varie en fonction de l’alimentation par l’infiltration et de la vidange naturelle, par les sources ou au profit d'autres aquifères, et de la vidange artificielle par les prélèvements (pompage et drainage).

karst_modelé-karstique-1-450.jpg

 

Aven ou Emposieu (Jura) : entonnoir reliant la surface d'un plateau à un gouffre. Les dimensions de l'ouverture varient de quelques décimètres à deux cents mètres.

 

Canyon : vallée aux parois verticales occupée par une rivière.

 

Cluse : vallée creusée perpendiculairement dans un anticlinal par une rivière, en créant une gorge ou un défilé encadré par des escarpements ou crêts.

 

Doline : dépression fermée de dimension décamétrique à hectométrique dont le fond est recouvert d'argiles de décalcification (résidu de la dissolution du calcaire).

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Une doline fonctionnelle : le Creux sous Roche

sur le plateau de Saône (Doubs)

cliché Michel Cottet

 

Galerie : conduit souterrain occupé par une rivière ou une nappe.

 

Gouffre : cavité de grandes dimensions, le plus souvent formé par l'effondrement de la voûte d'une cavité karstique (ou grotte) dû à la dissolution des couches calcaires. Les gouffres de grande profondeur et/ou ayant une ouverture très large reçoivent parfois le nom d'abîmes ou abymes.

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Gouffre de Jardel (Doubs)

cliché Michel Cottet

 

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Coupe du Gouffre de Poligny (Jura)

 

 

Grotte : cavité souterraine plus ou moins profonde et comportant au moins une partie horizontale accessible, ce qui la distingue d'un aven, d'un gouffre, d'un abîme. Une grotte se forme par dissolution du calcaire. Une cavité naturelle qui n'est pas formée par la dissolution ne peut être appelée une grotte mais une caverne.

 

Impluvium :  par analogie avec le système inventé par les Romains de captage et de stockage des eaux pluviales dans leurs habitations, l'impluvium karstique se compose d'une aire de captage (bassin versant) et d'un système de transport constitué par le réseau souterrain.

 

relief-karstique-450.jpg

 

 

Karst : paysage façonné dans des roches solubles carbonatées : calcaire (principalement), marbre, dolomie ou encore craie. Les paysages karstiques se caractérisent par des formes de corrosion de surface (lapiaz), mais aussi par le développement de cavités dues aux circulations d'eaux souterraines.

 

Lapiaz (ou lapiez) : ciselures de dissolution dans la roche calcaire de taille centimétrique à métrique.

 

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Lapiaz de Buren (Irlande)

 

Stalactite : colonne de calcite cristallisée à partir d'infiltrations du plafond d'une grotte.

 

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Stalactites

 

Stalagmite : colonne de calcite cristallisée à partir de gouttes d'eau tombées du plafond sur le plancher d'une grotte.

 

Ouvala : dépression fermée issue de la jonction entre plusieurs dolines.

 

Poljé : dépression fermée allongée de dimension hectométrique à kilométrique, dont le fond est recouvert d'argiles de décalcification (résidu de la dissolution du calcaire) et possède un ponoc, entonnoir permettant l'évacuation des eaux. En période humide, par saturation du réseau souterrain, un lac temporaire peut se former dans le fond du poljé. Certains d'entre eux sont parsemés de reliefs résiduels calcaires aux parois verticales : les hums.

 

Réseau actif : réseau de conduits souterrains occupés par une rivière ou une nappe alimentée par une rivière.

 

Réseau fossile : réseau de conduits souterrains déserté par la rivière qui l'a engendré.

 

Résurgence : sortie à l'air libre d'une rivière après écoulement souterrain.

 

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Exemple de résurgence la source du Lison (Doubs)

Cliché Michel Cottet

 

Ruz : petite vallée creusée  sur le flanc d'un anticlinal et perpendiculaire à l'axe de celui-ci.

 

Siphon ou voûte mouillante : rétrécissement de la galerie toujours remplie d'eau.

 

 

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Circulation des eaux en système karstique

 

 Dans sa 3e orientation, le SDAGE du bassin Rhône - Méditerranée - Corse fait explicitement référence aux systèmes aquifères à dominante karstique, “marqués par une forte extension territoriale dont les réserves sont sans doute sous exploitées (ils représentent 27 % des prélèvements en eau souterraine) du fait en partie de potentialités d’exploitation encore mal connues et probablement sous estimées, mais dont la vulnérabilité aux pollutions est bien souvent comparable à celle des eaux superficielles”.

 

Les eaux souterraines du bassin couvrent 70 % des volumes prélevés par les collectivités (AEP essentiellement) et environ 40 % de tous les usages confondus, excepté le refroidissement des centrales thermiques. Plus de 20 % des captages AEP d’eau souterraine de l’ensemble du bassin prélèvent l’eau d’aquifères karstiques. Dans certains départements de Franche-Comté, ce pourcentage atteint 80 %.

 

Le karst comtois est bien développé et concerne les formations géologiques suivantes : les calcaires du Trias (Haute-Saône), les calcaires et dolomies du Lias, du Jurassique et du Crétacé inférieur (Jura).

 

Dans le bassin Rhône - Méditerranée - Corse, l’extension des ensembles karstiques est très variable, s’étendant de quelques km2 à environ 1100 km2 pour le système karstique de Vaucluse. Certains ensembles (Vaucluse, Corbières orientales) sont constitués d’un seul système, d’autres (karst nord-montpelliérain) d’un nombre important de petits systèmes. Ce fractionnement est en général bien expliqué par les conditions géologiques (faible extension de l’ensemble carbonaté, forte intensité de la tectonique), mais aussi par les variations de niveau de base, responsables de la création de nombreux réseaux de conduits karstiques plus ou moins superposés (cas des systèmes karstiques de haute montagne).

 

 Principales caractéristiques des karsts de Franche-Comté

 

Ces systèmes karstiques sont souvent binaires (voir plus bas), c’est-à-dire qu’ils drainent, en plus de l’infiltration directe dans les calcaires, des écoulements de surface par des pertes ; ceux-ci doivent être pris en compte dans la gestion et la protection des eaux souterraines.

 

Le cas de la liaison entre les pertes du Doubs et la source de la Loue (Franche-Comté) est de ce point de vue exemplaire.

 

La loi sur l'eau du 3 janvier 1992 (article 5) a institué les Schémas d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE), instruments juridiques permettant de concilier la protection quantitative et qualitative des ressources en eau superficielle et souterraine, des écosystèmes aquatiques et des zones humides avec les différents usages de l'eau et favorisant une gestion locale et partenariale de la ressource en eau. Les SAGE privilégient une approche globale des différents problèmes liés à l'eau.

 

Dans les secteurs où les aquifères karstiques sont importants, les SAGE doivent donc prendre en compte les spécificités qui en résultent. Ceci doit entraîner des démarches diverses, parmi lesquelles :

 

  • des réflexions spécifiques concernant la délimitation du périmètre de certains SAGE,

 

  • la recherche de sources de pollution parfois lointaines,

 

  • des efforts particuliers pour la mise en valeur des ressources en eau des aquifères karstiques, afin de contribuer à la satisfaction des besoins en eau et, éventuellement, au soutien des étiages (gestion active).

 

Le principal enjeu du SAGE “Haut-Doubs - Haute-Loue” est la recherche d'une solution à des problèmes aigus de ressource en eau, notamment superficielle : entre Pontarlier et Ville du Pont, le Haut-Doubs perd dans des réseaux karstiques la quasi-totalité de son débit à l'étiage et ces pertes alimentent en partie la source de la Loue (voir l'article sur la source de la Loue). L'objectif à atteindre est évidemment de maintenir dans le Doubs un niveau d'eau suffisant, tout en respectant le débit de la Loue. Pour bien prendre en compte cette problématique particulière, directement liée à l'importance des aquifères et circulations karstiques dans le secteur, les deux bassins, celui du Haut-Doubs et celui de la Haute-Loue, ont été réunis dans le périmètre du SAGE, qui comprend la totalité du bassin d'alimentation de la source karstique de la Loue. Ainsi défini, ce périmètre, d'une superficie d'environ 2 325 km2, a permis de prendre en compte de façon satisfaisante l'essentiel des enjeux liés à l'eau et de conduire les investigations complémentaires nécessaires.

 

La Commission Locale de l'Eau a ainsi retenu un certain nombre de mesures qui devraient permettre d'améliorer la situation. Parmi celles-ci, on citera la mise en place, à titre expérimental, de dispositifs réversibles de limitation des pertes du Doubs qui devraient permettre de réduire l'effet de “court-circuit” résultant des circulations karstiques.

 

Les karsts de haute montagne sont en général dépourvus de couverture (sol, sédiments détritiques), ce qui les rend sensibles aux altérations de surface. Tel est le cas de certaines stations d’altitude des Préalpes calcaires. Dans le Jura et les Alpes, ces karsts possèdent des réseaux de drainage bien évolués. Dans certains secteurs des Alpes, la karstification a atteint un tel niveau de développement que le stockage est réduit. En revanche, dans certaines situations, les exutoires karstiques localisés en basse altitude (Jura et Alpes) peuvent être masqués par une couverture récente importante (fluvio-glaciaire, alluvions, moraines) qui peut engendrer la constitution de réserves notables. Cependant, les émergences cachées, directement dans des aquifères alluviaux, ne rendent pas facile l’étude de tels aquifères à fortes ressources potentielles.

Il n’est pas rare que des forages, atteignant en profondeur des calcaires, sous d’autres formations géologiques, recoupent des cavités importantes et fournissent des débits intéressants. Tel est le cas des calcaires du Jurassique moyen dans le cours moyen du Doubs entre Besançon et Laissey. Il s’agit d’aquifères, sans exutoire identifié en surface, dans lesquels la karstification s’est développée en profondeur selon des modalités encore mal élucidées. Présents dans de nombreux bassins, ces aquifères karstiques profonds très mal connus paraissent receler des réserves importantes, mais dont la reconstitution n'est pas évaluée ; la présence d’eaux à long temps de séjour a parfois été révélée. L’exploitation de ces aquifères profonds doit par conséquent être conduite avec une grande prudence, tant que leurs conditions de recharge n’ont pas été démontrées.

Quand la pression anthropique sur les territoires karstiques est faible, la pollution diffuse sur les karsts du bassin est réduite. Cependant, là où la couverture de sol ou de sédiments est assez épaisse et c'est le cas pour la Franche-Comté, des cultures intensives se développent et, avec elles, les teneurs en nitrates des eaux souterraines augmentent. La qualité bactérienne des eaux de sources karstiques est presque toujours médiocre pendant les périodes de hautes et moyennes eaux. Les rejets d’eaux usées dans le karst, concentrés ou dispersés, en sont l’origine. C’est pourquoi les captages de ces sources pour l’eau potable doivent comporter un dispositif de traitement adapté aux spécificités du karst. En revanche, l’apparition de turbidités fortes pendant ces mêmes périodes, habituelle sur nombre de sources, est un problème plus délicat à traiter, surtout pour de petits captages ; la disposition du captage lui-même (captage réalisé à proximité du conduit, et non directement dedans) peut dans certains cas améliorer la situation.

 

Caractéristiques et conséquences

 

Caractéristiques

 

La karstification transforme une formation carbonatée fracturée, l’aquifère carbonaté fissuré, caractérisé par une architecture géologique (géométrie de la formation, caractères pétrographiques et géochimiques, comportement mécanique, distribution des fractures), en un aquifère karstique.

 

1) L’aquifère karstique est le seul type d’aquifère où c’est la circulation d’eaux dans la formation géologique qui façonne les vides de l’aquifère et induit des caractéristiques aquifères spécifiques.

 

2) La constitution d’un aquifère karstique peut être rapide à l’échelle des temps géologiques : quelques milliers à quelques dizaines de milliers d’années. De ce fait, l’aquifère karstique enregistre les variations, même de faible amplitude, du niveau de base où est localisée la source, par le développement d’un drainage associé à chaque niveau. Toutes les régions karstiques présentent la marque de plusieurs phases de karstification, dont seules les plus récentes, associées au niveau de base actuel, participent au fonctionnement de l’aquifère. Ainsi, un aquifère carbonaté peut présenter un réseau de conduits visitables, ne fonctionnant plus : c’est une partie non fonctionnelle de l’aquifère karstique.

 

Figure02-450.jpg

Paysage karstique

 

C’est pourquoi il n’est pas suffisant de constater l’existence de phénomènes karstiques ; il faut aussi et surtout considérer la fonctionnalité karstique de l’aquifère. Cela revient à vérifier l’adéquation entre l’existence d’une structure karstique et son fonctionnement.

 

3) Dans l’aquifère karstique, les écoulements ont créé des vides organisés en une structure hiérarchisée de drainage, le réseau de conduits, de l’amont (la surface) vers l’aval (la source, exutoire en général unique de l’aquifère). Souvent, au cours de la saison de recharge de l’aquifère, des remontées importantes de l’eau dans le réseau de conduits provoquent l’inondation de réseaux supérieurs, habituellement sans écoulement, et la mise en fonctionnement de sources temporaires de trop plein.

 

Conséquences

 

L’aquifère karstique, à maturité, possède un réseau de conduits organisé à la façon d’un bassin versant de surface. L’aquifère karstique n’est pas d'un type unique : il existe une grande variété d’aquifères karstiques en fonction de l’état de développement de la karstification, depuis le pôle aquifère fissuré jusqu’au pôle aquifère karstique pur. Le degré d’évolution karstique de l’aquifère se traduit dans son fonctionnement hydrogéologique.

 

1) L’aquifère karstique présente une organisation des écoulements souterrains, qui détermine celle des vides qu’ils créent. Dans cette organisation, les deux fonctions classiques (stockage et drainage) sont séparées, au moins dans la zone noyée, et sont assurées par des éléments distincts de la structure : le drainage est assuré par un réseau de conduits hiérarchisé. le stockage est fourni soit par les parties microfissurées ou poreuses de la roche non karstifiée, soit par des cavités karstiques, parfois de grandes dimensions, connectées au drainage par des zones à fortes pertes de charge (Systèmes Annexes au Drainage, SAD). Le stockage est réalisé par un ensemble d’éléments hydrauliquement indépendants les uns des autres, mais tous connectés plus ou moins bien au réseau de conduits. Il en résulte un compartimentage hydraulique responsable de très fortes hétérogénéités.

 

2) L’aquifère karstique se distingue des aquifères poreux et des aquifères fissurés par le fait qu’il possède des vides de grandes dimensions, dans lesquels les eaux souterraines sont susceptibles de circuler très vite. Les dimensions des vides dans le karst couvrent une très large gamme de valeurs, depuis les fissures d’ouverture micrométrique et longues de plusieurs mètres jusqu’à des conduits de quelques dizaines de mètres de section et longs de plusieurs kilomètres. De même, les vitesses d’écoulement souterrain vont de moins de quelques centimètres par heure à plusieurs centaines de mètres par heure.

 

De ce fait, dans les aquifères karstiques fonctionnels, la très grande majorité des eaux séjourne moins d’un cycle hydrologique, et souvent seulement quelques jours à quelques semaines. Pour cette raison, toutes les caractéristiques physiques, chimiques et hydrauliques, présentent une très grande variabilité spatiale et temporelle.

 

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L'aquifère karstique (d'après Mangin, 1975)

 

Système unaire L'ensemble de l'impluvium est constitué de terrains karstifiables. Le drainage s'effectue principalement à l'aval.

 

Système binaire Une partie de l'impluvium est constituée de terrains non karstifiables qui concentrent l'infiltration des eaux en un point. Le drainage est très développé. limite de l'impluvium limite de l'impluvium perte.

 

Systèmes-karstiques-450.jpg

 

3) L’aquifère karstique possède des modalités d’infiltration particulières qui n’existent pas dans les autres aquifères. Il existe en surface, sur quelques mètres d'épaisseur, une zone plus perméable du fait de l'altération : la zone épikarstique ou épikarst. L'épikarst rassemble l'eau d'infiltration dans une nappe perchée locale et discontinue, drainée vers le bas soit par les vides les plus larges en un ruissellement souterrain rapide, soit par les vides de petites dimensions, en une infiltration lente écoulant un mélange d'air et d'eau. Par ailleurs, au contact de formations imperméables et du calcaire, des pertes absorbent les écoulements de surface et constituent une alimentation directe par ruissellement à fort débit de la zone noyée. Par conséquent, lorsque des écoulements de surface contribuent à l’alimentation de la zone noyée à partir de pertes, l’aquifère karstique au sens strict n’est qu’une partie du système karstique, puisque ce dernier est alors constitué de l’aquifère proprement dit et du bassin de surface drainé par des pertes (photo 8). On distingue donc (figure 5) : les systèmes karstiques unaires (système karstique = aquifère karstique), les systèmes karstiques binaires.

 

4) Le karst est réputé très vulnérable aux pollutions par comparaison avec les autres aquifères, du fait des caractères suivants : faible rôle filtrant de la zone d’infiltration, faible effet de la dispersion et de la dilution lié à l’organisation des écoulements, temps de séjour de l’eau trop court pour qu’un effet auto-épurateur intervienne au sein de l’aquifère, importante variabilité temporelle de la qualité de l'eau.

 

La vulnérabilité du karst présente en contrepartie certains caractères intéressants qui doivent être pris en compte dans les projets de mise en valeur : élimination généralement rapide des pollutions accidentelles, effets retardateurs (adsorption, dispersion) en général réduits, amélioration rapide (à l’échelle du cycle hydrologique) de la qualité de l’eau à l’exutoire à la suite de changements dans les rejets de pollutions chroniques ou saisonnières (modifications des pratiques, mise en place de stations de traitement), c'est-à-dire que les effets cumulatifs d’un cycle sur le suivant sont faibles ou négligeables, du fait du temps de séjour très inférieur à un an, nette différence de qualité et de comportement entre les périodes d’étiage (fonctionnement capacitif, temps de séjour long) et de crue ou de hautes eaux (fonctionnement transmissif, temps de séjour court).

 

Source principale :

Guide technique n° 3 du bassin Rhône-Méditerranée-Corse. Connaissance et gestion des ressources en eaux souterraines dans les régions karstiquesjuin 1999.

Comment protéger nos amphibiens

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Ortolans : la France bientôt condamnée

 Ortolans : la France bientôt condamnée

 

par Pierre Athanaze Président ASPAS

 

Pour la troisième fois, la France se trouve menacée d’une condamnation par la Cour européenne de justice […]. Motif: sa complicité envers le braconnage des bruants ortolans. […] Le 25 janvier dernier, la Commission européenne a fait parvenir une mise en demeure aux autorités françaises au motif qu’elles ne luttent pas contre le braconnage et le trafic très lucratif du bruant ortolan (Emberiza hortulana).

 

Cet oiseau, qui pèse de 20 à 27 grammes, est un grand migrateur. Piégé dans les Landes, il arrive du nord de l’Europe pour aller hiverner en Afrique tropicale. […]

 

En 1988, la France avait déjà été condamnée pour la non protection de l’ortolan. […] En 1999, devant la mauvaise foi avérée de la France, une nouvelle condamnation est prononcée, avec cette fois une astreinte de 142 425 euros par jour! […]

 

Il est de notoriété publique qu’il existe un pacte de tolérance entre la fédération des chasseurs des Landes et les autorités françaises, qui « autorisent » les braconniers à tendre leurs matoles (pièges supposés traditionnels). Quelque 50 000 ortolans seraient ainsi braconnés chaque année dans ce département, soit dix fois plus que la population totale de l’espèce en Allemagne, Hollande et Belgique réunies! […] Face à cette situation inadmissible, l’ASPAS a fourni à la Commission européenne les éléments nécessaires à une saisine de la Cour européenne de justice. […]

Empoisonnements en série de la faune sauvage sur le canton d’Ornans

Empoisonnements en série de la faune sauvage

sur le canton d’Ornans

 

 

LPO Franche-Comté
7 rue Voirin - 25000 Besançon
03 81 50 43 10 - franche-comte@lpo.fr
http://franche-comte.lpo.fr

Centre Athenas
UFCS - Franche-Comté - Bourgogne Est - BP 60921 
39009 LONS-LE-SAUNIER CEDEX 
03 84 24 66 05 - centre@athenas.fr


Contacts presse
- Gilles Moyne 03 84 24 66 05 / 06 76 78 05 83 : gilles.moyne@athenas.fr
- Christophe Morin 03 81 50 54 51 / 06 64 29 52 24 / christophe.morin@lpo.fr



Après Mandeure et Bouclans en 2011, Montenois, Evette-Salbert et Frotey-lès-Vesoul en 2012, c’est au tour de deux communes du premier plateau du Doubs, Mérey-sous-Montrond et Montrond-le-Château de défrayer la chronique en ce début du mois de mars.


Tout commence en semaine 11 avec la découverte d’un cadavre de Héron cendré puis le 10 de ce mois avec celle d’un Milan royal en plumage adulte. Deux jours plus tard, un nouveau cadavre de cette dernière espèce est retrouvé sur le même secteur (photo ci-contre), plus précisément au pied du château ruiné de Montrond. Enfin, le lendemain, pas moins de six Buses variables sont récupérées… mortes elles aussi.


L’empoisonnement volontaire apparaît comme l’hypothèse la plus vraisemblable dans un tel contexte et les premiers résultats des autopsies pratiquées au centre ATHENAS tendraient à le confirmer. L’examen clinique évoque une intoxication à l’aide d’un produit à effet rapide (pesticide inhibiteur de la cholinestérase ?). 
Toutes ces espèces sont intégralement protégées sur le territoire national et l’une d’entre-elles est particulièrement suivie, le Milan royal, en raison de son statut de conservation jugé défavorable au niveau français et européen.


Les deux milans royaux, oiseaux adultes, revenaient de leurs quartiers d’hivernage et venaient selon toute vraisemblance de rejoindre leur site de nidification sur le premier plateau du Doubs. Malheureusement, ce voyage aura été leur dernier comme pour beaucoup d’autres milans victimes eux aussi d’empoisonnements volontaires. Rien qu’en Franche-Comté, il s’agit du dixième cas circonstanciés depuis le lancement du Plan national d’actions.

 
Aujourd’hui, si l’on ajoute les cas espagnols particulièrement abondants dans ce pays – le nombre de milans royaux empoisonnés a été estimé à près de 15 000 sur la période 1990-2005 (source : WWF/ADENA 2006) – ces empoisonnements sont considérés comme l’une des causes majeurs du déclin de l’espèce.

 
ATHENAS, la LPO et l’ensemble du réseau « Milan royal » déplorent ces actes illégaux particulièrement intolérables qui anéantissent tous leurs efforts pour tenter de sauver cette espèce. Les moyens humains et financiers, déployés dans le cadre du plan national de restauration piloté par le Ministère en charge de l’Ecologie, sont ainsi sérieusement mis à mal. Avec 2 500 couples nicheurs, la France abrite la deuxième population mondiale de milans royaux après l’Allemagne. Notre pays assume donc une lourde responsabilité dans la conservation de ce rapace nécrophage, présent uniquement en Europe.


Dans ce contexte très sombre où la survie de l’espèce est menacée, les associations réclament que la loi sur la protection de la nature soit appliquée et respectée. Faut-il, en effet, rappeler que le milan royal, comme tous les rapaces de France, est protégé depuis 1972 ?


Nous exigeons ainsi que les produits chimiques dangereux pour la faune sauvage soient bannis, que ceux interdits en France ne circulent plus librement sur notre territoire et que des sanctions exemplaires soient prises à l’encontre des auteurs de ces faits délictueux.



Fiche signalétique du Milan royal


Le milan royal (Milvus milvus) est un rapace diurne de grande taille. D’une longueur de 59 à 66 centimètres pour une envergure de 145 à 165 centimètres, il pèse entre 800 et 1 050 grammes pour les mâles et 950 à 1 300 grammes pour les femelles.


Il se reconnaît à sa longue queue rousse triangulaire et profondément échancrée, typique de l’espèce.

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Menaces


• La dégradation de son habitat et la disparition de ses proies ;
• Les empoisonnements accidentels et volontaires ;
• La diminution du nombre de décharges (où ce rapace, aux moeurs de charognard, trouve sa nourriture) ;
• Les tirs ;
• Les collisions avec les voitures, les lignes électriques et les éoliennes.

Statuts


Suite à son déclin constaté entre 1990 et 2000, le statut européen du milan royal a évolué depuis 2005 : il figure désormais dans les catégories « en déclin » avec comme critère « déclin modéré et récent ». Inscrite sur la Liste rouge de l’UICN en raison de son endémisme européen, cette espèce est considérée, depuis cette date, comme quasi-menacée. En France, le milan royal figure désormais parmi les espèces vulnérables (liste rouge actualisée en 2008).


Distribution mondiale


La population nicheuse mondiale est exclusivement présente en Europe : l’Allemagne, la France et l’Espagne abritent, à elles trois, environ 70 % de la population mondiale. Si l’on ajoute la Suède, le Royaume-Uni et la Suisse, on obtient pour ces 6 pays environ 93 % de la population mondiale (20 800 à 24 900 couples).


En France, on distingue cinq foyers principaux :


• le Massif central
• l’ensemble du Piémont pyrénéen
• la Chaîne jurassienne
• les plaines du Nord-est
• la Corse

Afin d’appréhender et de hiérarchiser les causes de mortalité du milan royal, tout cadavre de milan découvert est collecté pour autopsie et analyses toxicologiques (assurées par le CNITV de Lyon). Cette action dite de « vigilance poison » repose sur un réseau d’observateurs et un comité de spécialistes constitués de vétérinaires, toxicologues et ornithologues.


En cas de découverte d’un cadavre de milan royal (ou plus généralement de rapace nécrophage), merci de prévenir au plus vite la Mission Rapaces de la LPO (rapaces@lpo.fr) ou l’association locale.

19/03/2013

Le nouveau Plan Loup : un plan de chasse d’une espèce protégée ?

Le nouveau Plan Loup :

un plan de chasse d’une espèce protégée ?

 

par Pierre Athanaze,

Président de l’ASPAS

 

Le nouveau « Plan Loup » 2013-2017 a été présenté dans une version  presque finalisée le 22 février 2013, lors de la réunion du Groupe National Loup qui réunit les ministères de l’Écologie, de l’Agriculture et les acteurs concernés par le dossier loup. Ce nouveau plan prévoit le tir de 24 loups pour la période 2012-2013 et enfonce le dossier loup dans une dérive inacceptable.

 

Une confirmation a minima des obligations de protection du loup


L’État réaffirme heureusement certaines évidences fondamentales :

1/ le loup reste une espèce protégée,

2/ il faut permettre la progression de l’espèce,

3/ il faut lutter contre le braconnage,

4/ l’interdiction de tir des loups est maintenue dans le cœur des parcs nationaux et des réserves naturelles. Heureusement ! Car le contraire serait à la fois extrêmement grave pour la protection de la biodiversité, et ne respecterait pas les obligations légales de la France par rapport à ses engagements européens (Directive Habitat Faune Flore, Convention de Berne).

 

 Le refus d’une vraie cohabitation entre le loup et le pastoralisme ?


Ce nouveau plan va dans le sens d’une déresponsabilisation des éleveurs et ne propose rien de satisfaisant pour améliorer réellement la cohabitation entre le loup et le pastoralisme. Des troupeaux domestiques pourront être déclarés « non protégeables » par leurs éleveurs ! Pourtant ces troupeaux non gardés par des chiens, des clôtures ou des bergers sont très attractifs pour des prédateurs. La prédation par des loups ou par des chiens continuera donc, et la situation ne fera qu’empirer. Quant aux « tirs de prélèvements », ils devraient tout simplement être abolis car ils n’ont rien à voir avec la protection des troupeaux : ces tirs consistent à tuer un loup possiblement très loin du bétail, sans rapport avec la prédation.

 

 

Loup-E.Balança 

Un véritable plan de chasse du loup


Le nombre maximum de loups pouvant être tué chaque année a doublé, et pourra encore être augmenté régulièrement suivant l’augmentation de la population de loups. Tous les moyens sont mis pour atteindre ce plafond annuel : des « tirs de défense renforcés » avec plusieurs tireurs, possiblement plus loin des troupeaux qu’auparavant, et la mobilisation maximale des chasseurs. Cette politique s’apparente à un véritable plan de chasse, comme pour une espèce gibier !

 

 

La dérive inquiétante des missions confiées à l’ONCFS


L’Etat demande à l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) de former des chasseurs à la destruction du loup, une espèce protégée ! Cette mesure est scandaleuse. Rappelons que la mission officielle de l’ONCFS est de protéger la biodiversité. 

 

Le loup est encore le bouc-émissaire facile d’une filière ovine confrontée à des difficultés économiques infiniment plus vastes. Ce nouveau « Plan loup » apparaît comme une occasion manquée d’œuvrer à une réelle cohabitation entre le loup et le pastoralisme. C’est un gâchis aberrant, indigne d’une vraie politique de protection de la biodiversité.

 

Contact presse : Pierre Athanaze, Président de l’ASPAS : tél. 06 08 18 54 55

Pierre Rigaux SFEPM – LPO PACA : tél. 06 84 49 58 10


 

Associations signataires :  Animal Cross, ASPAS, AVES France, Écologie sans frontière, Fondation Brigitte Bardot, LPO PACA, LPO Rhônes-Alpes, Mille Traces, One Voice, Sauvegarde Faune Sauvage, Sea Shepherd France, SFEPM, SPA, Tendua.

 

Plus de renseignements sur le Loup en France :

http://loup.org/spip/IMG/pdf/ddploupsfepm_dec2012.pdf

 

Ajout du 26 août 2014 :


Clientélisme et populisme sont les 2 mamelles...

 par Marc Laffont, le 6 juin 2014



Le 29 mai 2014, en réponse à une question du sénateur Roland Povinelli (qui doit se sentir seul dans cet univers anti-nature qu’est le Sénat...) restée sans suite pendant un an, madame la ministre de l’écologie a laborieusement admis que 93 % des indemnisations l’ont été sur la base suivante : "cause de mortalité liée à une prédation, responsabilité du loup non exclue".


Ce qui signifie que seuls 7 % des constats ayant conduit à une indemnisation sont incontestablement le fait du loup. Pour les (très nombreux) autres constats, il y a doute.


  Et c’est donc sur cette base de 93 % de doute que l’actuel gouvernement décide de programmer l’abattage de 24 + 12 = 36 loups sur une population estimée entre 220 et 380 individus. Soit entre 9,5 et 16,5 % de la population.


Évidemment, aucune précision n’est fournie pour indiquer ce que seront les critères retenus pour porter de 24 à 36 les loups pudiquement "prélevés"...

 

On peut imaginer que cela dépendra par exemple du degré d’énervement des anti-loups les plus virulents. Lesquels ne risquent pas de se contenter de 24 loups. Ni de 36. Ni de 48 ou même 64 d’ailleurs, vu que leur objectif est de ramener la population de loups en dessous du seuil de viabilité.


L’ours dans les Pyrénées est là pour montrer qu’une petite population est bien suffisante pour générer quantités de subsides publics supplémentaires pour les éleveurs allergiques à la Nature. L’État étant tenu de respecter ses engagements, l’argent coule à flot, sans pérenniser pour autant la population d’ours.


À l’instar des anti-ours, avec lesquels ils sont d’ailleurs en étroite relation, les anti-loups rêvent eux aussi de pouvoir tenir l’État par les parties intimes... Mais Canis lupus est peu enclin à servir de faire valoir, l’infâme...

 

Revenons à ces arrêtés.

 

Puisqu’il est d’ores et déjà prévu d’occire un certain nombre de loups, il convient, a minima, que la France reste dans les clous de la directive Habitats. Les finances du pays n’ont pas besoin d’une énième condamnation pour non respect du droit environnemental européen...


Cela sous-entend un certain nombre d’exclusions de situations d’abattage.



Tout d’abord, il n’est pas pensable d’envisager un tir létal dans une zone où le loup ne fait que timidement son retour.  Exit donc l’Ardèche, l’Ariège, l’Aude, les Bouches du Rhône, la Haute-Marne, la Meuse, les Pyrénées Orientales, la Haute-Saône...

 

Tirer des loups en dehors de la présences des troupeaux est une aberration qui n’a que fort peu de chances de porter sur LE loup qui aurait (peut être) attaqué un troupeau, il y a plusieurs semaines, à X km du lieu du tir...


De même, si un tir doit quand même être décidé pour calmer quelques esprits (mais sans résoudre quoi que ce soit au problème...), il faut impérativement qu’il soit effectué sur un loup EN SITUATION EFFECTIVE D’ATTAQUE, et sur un troupeau où les moyens de protection ont été EFFECTIVEMENT ET CORRECTEMENT mis en place.



Le gibier bénéfice d’une période de quiétude durant laquelle il n’est pas chassé, pour permettre la reproduction et l’élevage des jeunes. Il serait particulièrement incongru qu’une espèce comme le loup, strictement protégée et à ce titre inscrite à l’annexe II de la directive "Habitats", ne bénéficie pas, a minima, de la même faveur, le loup n’étant pas soumis à un plan de chasse mais seulement passible de tirs dérogatoires exceptionnels. Il est donc proprement scandaleux que des tirs létaux puissent être programmés en mai et juin, période d’élevage de la plupart des louveteaux.
Dans le cas contraire, ce serait l’aveu d’une volonté délibérée de régulation d’une espèce strictement protégée. Les associations les plus en pointe en matière de sollicitation des tribunaux pourraient donc d’ores et déjà se frotter les mains...



Le gouvernement gagnerait en crédibilité en limitant la liste des tireurs potentiels à des professionnels patentés, comme l’ONCFS. Et donc en excluant les pratiquants d’un loisir mortifère, dont le principal fait d’armes depuis 40 ans est d’avoir organisé la multiplication du cochonglier au delà des capacités de gestion par ses adeptes...

 

L’écran de fumée des tirs de loups ne pourra pas indéfiniment reculer la question de la mise en place d’une assurance-prédation, englobant TOUTES les causes, et dont le montant de la cotisation serait d’autant plus bas que les moyens de protection, financés par l’État et le contribuable, seraient le plus efficacement mis en place.

La seule solution durable pour le pastoralisme, c’est cette incontournable mise en œuvre efficace des mesures de protection qui restreindront l’accès au troupeau, que ce soit pour le loup ou tout autre prédateur à 2 ou 4 pattes.

 

Plus globalement, tous les tirs et toutes les éradications du monde ne changeront rien à ces quelques statistiques implacables :



- La production de viande ovine française a été divisée par 2 entre 1983 et 2013.
- La consommation de viande ovine par habitant a presque été divisée par 2 entre 1994 et 2013.
- L’approvisionnement en viande ovine en France est assuré à plus de la moitié par les importations (GB, NZ, Irlande, Espagne...).
- Le taux de pénétration de la viande ovine en France est tombé à 56 % en 2010. On attend la prochaine évaluation, prévue normalement pour fin 2014...
- Les plus de 65 ans représentent 40 % des volumes achetés, les - de 35 ans, 5 % seulement.
- Le coût de revient moyen de l’agneau français est de l’ordre de 12 € le kg, alors que le prix payé au producteur est d’environ 6 €/kg, ce qui est pourtant le plus élevé des pays producteurs d’Europe.
- Pourquoi un tel écart ? Parce que la productivité numérique par brebis est de 0,7 agneau, ce qui est une trop faible technicité pour espérer rentabiliser un élevage ovin viande.

Pour finir, la conséquence des point précédents : la dépendance aux subventions est devenue apocalyptique.

Vu que ces arrêtés concernent essentiellement les zones pastorales, tenons nous en au montant des subventions versées dans cette zone : un élevage de 460 brebis nécessite (chiffres 2012) 52 400 € de subventions/an, pour induire la production de 33 200 € de viande ovine et générer 18 100 € de revenu pour l’unique unité de main d’œuvre que parvient à "rémunérer" une exploitation de 460 brebis.

Nul doute que l’abattage de 36 loups va fondamentalement modifier cet "équilibre".



 Source : la buvette des alpages

Quel est l'animal le plus dangereux pour l'Homme ?

09/03/2013

Atlas des sauterelles, grillons et criquets de Franche-Comté

Atlas des sauterelles, grillons

et criquets de Franche-Comté

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Orthopteres2-450.jpg

Cliquez sur l'image pour l'agrandir


Ceux qui le désirent peuvent bénéficier de la souscription franco de port s'ils s'engagent à venir chercher leur exemplaire à la maison de l'environnement de Franche-Comté, 7 rue Voirin à Besançon. Il leur suffit pour cela de mentionner sur le bon de souscription ci-dessous à envoyer à l'éditeur avec le chèque, "à livrer à la MEFC". Plus aucune raison d'attendre pour souscrire !

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08/03/2013

Passage de cigognes

Cigognes-logo.jpgPassage de cigognes dans la vallée du Doubs

 

par André Guyard

 

On sait que la vallée du Doubs constitue une voie de migration traditionnelle pour les cigognes blanches de retour d'Afrique.


L'an dernier, le 27 février 2012, une troupe de 33 cigognes avait fait halte dans une prairie d'Amagney, un petit village de la vallée du Doubs.
 

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Cliché Nelly Mariller


Début mars 2013, c'est une bonne centaine de ces volatiles qui ont fait halte dans la région de Besançon et même ont choisi une villégiature en pleine ville : sur les lampadaires du stade Léo-Lagrange et les environs de la gare Viotte. Ci-dessous, quelques photos de Hubert Lesne, un bisontin très proche de la nature.


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© Hubert Lesne

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© Hubert Lesne

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© Hubert Lesne

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© Hubert Lesne

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© Hubert Lesne



Cigogne sédentarisée à Villars les Dombes

(vidéo André Guyard)

Les zones de nidification de la Cigogne blanche sont principalement réparties dans les pays d'Europe, où l'espèce est présente par dizaines de milliers de couples. De fortes concentrations se retrouvent dans tous les états d'Europe de l'Est. La France représente avec l'Italie, la Suisse, les Pays-Bas et l'Autriche une zone ouest-européenne à faible densité de cigognes.


Les deux sous-populations Ouest et Est présentent des variations différentes du nombre de couples nicheurs observés. Grâce à des recensements effectués depuis 1934, il est établi que la sous-population Est, la plus nombreuse, est globalement stable depuis cette date, voire même en expansion.

 

À l'inverse, dans tous les pays accueillant la sous-population Ouest, une chute dramatique des effectifs nicheurs a été enregistrée entre les années 30 et 80, puisque la plupart de ces pays ont vu leur nombre de cigognes diminuer de plus de 50% entre 1958 et 1974. Les Pays-Bas, le Danemark, la Suisse, la France et le Sud de l'Allemagne étaient même à la limite de l'extinction dans les années 70.

 

Ces variations démographiques dans la sous-population Ouest seraient liées à des conditions de météorologie et d'habitat très différentes par rapport à celles rencontrées par la sous-population Est au cours de la migration. En effet, l'Afrique de l'Ouest a été soumise jusque dans les années 80 à de nombreuses sécheresses qui ont affecté directement le nombre d'individus en Europe de l'Ouest, alors que, plus à l'Est, les cigognes suivent régulièrement un front pluvieux qui leur assure des ressources alimentaires abondantes. La désertification de l'Afrique de l'Ouest, en particulier au niveau du Sahel serait donc une des causes à l'origine de la raréfaction des cigognes d'Europe de l'Ouest.

 

De plus, une raréfaction des habitats favorables en Europe de l'Ouest, pourraient avoir influencé l'installation de couples nicheurs dans ces pays. Le développement d'une agriculture intensive limite de plus en plus les zones de prairies humides, c'est le cas en particulier en Alsace où le Ried d'Alsace centrale a été draîné pour favoriser l'extension des champs de maïs.

 

Enfin, d'autres facteurs comme la pression de chasse, le développement des lignes électriques, ou la pollution aux pesticides, sont également avancés comme jouant un rôle certain dans la mortalité en migration.

 

Depuis 1984 la tendance s'est inversée, puisqu'en 10 ans la sous-population Ouest a doublé alors que pendant le même temps, la sous-population Est a augmenté de 20% environ. Il semble que des conditions climatiques moins sévères en Afrique de l'Ouest durant ces dernières années peuvent avoir fortement favorisé l'installation de nouveaux couples en Espagne, qui a vu sa population multipliée par 2,5 au cours de cette période.

 

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Voies de migration des deux sous-populations européennes de la Cigogne blanche.

1. : voie ouest-européenne ; 2 : voie est-européenne.


Les renseignements fournis par cette carte sont essentiellement le bilan des opérations de baguage des cigognes.

 

La première sous-population suit une voie de migration passant par la péninsule ibérique et par le détroit de Gibraltar (environ 28 000 couples reproducteurs en 1994/1995).


La seconde sous-population passe par le détroit du Bosphore (environ 138 000 couples reproducteurs).

 

Les deux sous-populations ainsi formées atteignent toutes deux les quartiers d'hivernage en Afrique.

 

La sous-population qui nous intéresse est la sous-population ouest-européenne.


La migration des cigognes blanches ouest-européeenes

 

Avant l'arrivée de la mauvaise saison, au mois d'août, la Cigogne blanche part vers les pays chauds. Les jeunes cigognes y restent 3 ans et reviennent dans leur région d'origine lorsqu'elles sont sexuellement matures. Les cigognes adultes, quant à elles reviennent chaque printemps. Contrairement aux idées reçues, la migration de la Cigogne blanche n'est pas due à un refroidissement des températures mais à un manque de nourriture durant la mauvaise saison. Les cigognes blanches traversent la Méditerranée par le détroit de Gibraltar.

 

Calendrier de migration des Cigognes blanches


Milieu juillet - début août

Dispersion des juvéniles

Août - septembre

Migration

Novembre - décembre

Arrivée dans les quartiers les plus méridionaux

Janvier - février - mars

Début du retour

 

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Voies migratoires de la sous-population ouest-européenne de cigognes blanches


 Certaines cigognes blanches ne remonteront pas jusqu'en Europe et s'arrêteront en Afrique du Nord pour nicher. Telles ces cigognes photographiées au Maroc par François Girod.

 

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© François Girod

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© François Girod

 

Retour du Loup dans les Vosges

Loup-Vosges-logo.jpgRetour du Loup dans les Vosges

 

 

par André Guyard

 

 

(dernière mise à jour : 03/09/2014)

 

 

Au cours des dernières décennies, les journaux s'étaient fait l'écho de la possible présence du Loup dans le Massif vosgien, "la Vôge" et dans le sud du Plateau lorrain. En 1977 déjà, les récits sur "la bête des Vosges" étaient rapportés sans que les investigations ne puissent statuer définitivement sur l'identité de l'animal en question.

 

Le début des années 90 marquait le retour du loup en France par le sud-est avec des observations visuelles dans le Massif du Mercantour, mais aussi la découverte d'une dépouille dans les Hautes-Alpes, correspondant probablement à un loup qui occasionnait des dégâts depuis plusieurs mois. La colonisation était donc déjà en marche, et déjà le Massif vosgien n'était pas en reste puisqu'un loup, de souche italienne, était abattu en novembre 1994 à Senonges, localité située à l'ouest du département des Vosges sur le Plateau lorrain, dans la région de Vittel.

 

Alors que le Loup a fait sa réapparition dans le massif du Jura (voir Le Loup de retour dans le massif jurassien), il s'est donc à nouveau installé dans les Vosges. Combien d’individus sont aujourd’hui présents ? Le Groupe d’Étude des Mammifères de Lorraine (GEML) et le groupe "massif vosgien" de l’association FERUS concluent à la présence "d’au moins trois loups dans les Vosges, deux à l’Est sur le territoire de La Bresse, et un à l’Ouest sur le secteur de Grand et cela depuis le printemps 2001 si l'on fait état de quelques témoignages, des clichés réalisés par piège photographique et des attaques sur des troupeaux d’ovins dans les Vosges. Des conclusions confirmées par les expertises de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

 

Ainsi, quinze années après le retour du Loup dans le Mercantour, suite au développement de ce processus de colonisation essentiellement axé du sud vers le nord, le loup s'installe en Zone de Présence Permanente (ZPP) dans les Hautes-Vosges dans un secteur de moyenne montagne principalement à cheval sur les départements des Vosges (88), du Haut-Rhin (68), de la Haute-Saône (70) (Cf carte ci-dessous).

 

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Désormais en 2014, la présence du Loup est avéré dans les départements voisins des Vosges, Meuse, Moselle, Haute-Marne…

 

VOSGES

 

Année 2011

 

En avril 2011, au Ventron dans les Vosges, un ou plusieurs prédateurs ont tué 23 moutons, en trois attaques. Sur les lieux, un loup avait été photographié par un appareil photo automatique (voir cliché ci-dessous).

 

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Loup des Vosges (juillet 2011) (Cliché DR)

 

La photo prise en juillet 2011 montre bien un loup mâle et les agressions de troupeaux se poursuivent. Rien encore cependant permettant de trancher sur le nombre de grands canidés. Selon le GEML et FERUS, la présence d’un nombre important de proies faciles d’accès entraîne un réflexe chez les carnivores de "sur-chasse" ou "over-killing". Le plus important consiste donc à évaluer la quantité de viande consommée et non le nombre d’animaux attaqués. D’après les analyses, elle restait ici assez faible, environ 5 kg en moyenne, soit la ration d’un seul loup.

 

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Loup des Vosges (juillet 2011)

(Cliché DR-Républicain Lorrain)

 

Désormais, le bilan est le suivant : depuis le début du mois d'avril 2011, des attaques répétées sur troupeaux domestiques sont enregistrées sur huit communes situées en périphérie de la vallée de La Bresse (88). Au total, 15 exploitations différentes sont concernées, pour 136 victimes constatées. La dernière attaque a eu lieu le 05 décembre 2011, sur la commune de Thiéfosse (88), alors  que la majorité des autres troupeaux étaient déjà rentrés en bergerie depuis deux mois.

 

Année 2012

 

Les premières chutes de neige ont permis de détecter à nouveau la présence de l'espèce : fait nouveau, à au moins trois reprises, des dédoublements de piste sont observés ainsi que des déplacements parallèles qui confirment cette fois la présence de deux individus. Ainsi, le 13 décembre 2011, une piste de loup traverse le versant ouest du massif du Ballon d'Alsace ; le 27 décembre 2011, sur le versant alsacien, des chasseurs de la vallée de Munster (68), découvrent la présence d'une jeune biche consommée en totalité. Les indices relevés sur la carcasse, les empreintes et les pistes suivies sont caractéristiques du loup. Le lendemain matin, une autre piste fraîche retrace le déplacement du loup sur environ huit kilomètres, à proximité de la crête sommitale. Des conditions météo favorables s'installent enfin, avec une stabilité du manteau neigeux, qui permettra de suivre entre le 14 et le 16 janvier 2012, une nouvelle piste située au sud du massif de la forêt du Bonhomme (88). Sur plus de six kilomètres, les empreintes bien marquées mais qui datent probablement de 24 à 48 heures, comportent tous les critères qui correspondent à une piste de deux loups. Après avoir chassé sans succès, dans une zone de régénération forestière dense, les animaux se sont déplacés vers l'est et c'est finalement le manque de neige à basse altitude qui a interrompu le suivi. (A. Laurent / ONCFS Animateur Réseau LL massif vosgien).

 

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Cliché A. Laurent ONCFS 16 janvier 2012

 

Cette piste de deux loups suivie dans la neige, toujours sur le massif vosgien des traces rectilignes caractéristiques du déplacement lupin contrairement au déplacement en zigzag du chien. Selon le GEML et FERUS, « Lorsque plusieurs loups se déplacent ensemble, chacun met ses pattes dans les empreintes de celui qui le précède, ce qui ne forme qu’une seule piste. De temps à autre, un loup peut quitter cette piste commune, ce qui forme un aiguillage et ainsi renseigner sur la présence de plusieurs individus. D’où la conclusion qu’un deuxième loup, au moins, est arrivé pendant l’hiver, vraisemblablement au cours de décembre. »

 

Le 21 janvier 2012, une nouvelle attaque aurait eu lieu dans les Vosges à Baudimont sur les hauteurs de Saulxures-sur-Moselotte. Alors que les moutons passent engénéral l'hiver dans les bergeries, certains élevages laissent les ovins vaquer à l’extérieur avec un seul abri pour la nuit. C'est ainsi qu'une brebis gestante aurait été victime de deux loups. En effet, deux traces distinctes ont pu être identifiées dans la neige, preuve irréfutable de la présence de deux canidés. En recoupant ses propres observations et les différents signalements de la présence des grands canidés, un naturaliste passionné : Jean-Luc Valérie, a établi l'aire de répartition des loups dans les Vosges. La zone couvrirait 55 000 ha du col du Bonhomme à Fresse sur Moselle et de la route des Crêtes, côté alsacien jusqu'à Rochesson. (voir l'ouvrage "le Retour du Loup en Lorraine", par Jean-Luc Valérie, Ed. Gérard Louis, octobre 2010 et suivre la progression du Loup en Vosges-Lorraine sur le blog de Jean-Luc Valérie).

 

Au printemps 2012, ont lieu des attaques sur des troupeaux d’ovins dans le secteur de Grand, toujours dans les Vosges, mais à plus de 100 km de là où les loups avaient été repérés. Pour le GEML, on peut "supposer qu’il s’agit d’un jeune individu encore inexpérimenté dans la chasse, puisque l’over-killing est très fort". Un troisième individu donc, arrivé récemment, "tandis que les agressions toujours recensées dans le secteur de La Bresse font penser que les deux autres individus sont toujours ensemble".

 

Désormais, on en sûr : l’un des deux loups est une louve : le typage génétique réalisé sur les excréments, poils et urines récoltés sur le terrain identifie une femelle, par ailleurs jamais détectée auparavant dans la base de données nationale de suivi du loup, explique Anthony Kohler de l’association FERUS, qui, avec le Groupe d’étude des mammifères de Lorraine (GEML), se penche sur la réinstallation du grand canidé dans la région.

 

À l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) dans les Vosges, Benoît Clerc confirme l’information. "En janvier dernier, dans la neige, nous avons eu la certitude qu’un deuxième loup avait rejoint le premier", poursuit le spécialiste de l’ONCFS. Lorsque plusieurs loups se déplacent ensemble, chacun en effet met ses pattes dans les empreintes de celui qui le précède, ce qui ne forme qu’une seule piste. De temps à autre, un animal peut la quitter, ce qui forme alors un aiguillage et renseigne ainsi sur la présence de plusieurs individus. Benoît Clerc indique que c’est sur cette piste qu’ont été prélevés des échantillons d’urine, envoyés dans un laboratoire spécialisé, près de Grenoble, aux fins de séquençage. Cet examen a permis de confirmer non seulement qu’il s’agissait bien d'un loup, mais surtout d’une louve !

 

Pour FERUS et le GEML, "cela signifie qu’il y a potentiellement un couple dans les Vosges. Mais ne sachant pas si ces loups se sont reproduits, on ne peut pas encore affirmer la présence d’une meute sur le massif, une meute étant constituée d’un couple mature et reproducteur".

 

Benoît Clerc, à l’ONCFS, estime que c’est aller un peu vite en besogne. "À l’heure actuelle, la seule certitude, c’est qu’en janvier dernier, il y avait bien deux loups, dont une femelle. Rien ne dit qu’ils sont toujours ensemble, faute de nouvelles analyses ou de constatations sur le terrain. Et pour le premier, nous n’avons à ce jour aucune analyse génétique établissant qu’il s’agit d’un mâle. Les prélèvements d’excréments réalisés n’ont pas abouti à un résultat. Le seul indice faisant penser à un mâle, c’est la photo prise au col du Bonhomme en 2011."

 

Pour FERUS et le GEML, il ne fait aucun doute que "la présence de loups durant deux hivers consécutifs est avérée, permettant de mettre en place une Zone de Présence Permanente". Laquelle devrait entraîner l’activation de plusieurs dispositifs prévus par la réglementation, dont le Réseau loup constitué sur le même modèle que le Réseau lynx, géré par l’ONCFS, avec correspondants formés à la biologie et à l’écologie, mais aussi capables d’identifier les indices de présence de l’animal dans la nature afin de suivre au mieux l’évolution de la population dans le massif", disent les deux associations de protection de la nature, FERUS ayant demandé par ailleurs d’intégrer le Comité départemental loup.

 

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Un des derniers clichés réalisé en juin 2012

à Avranville (88) par un piège photographique,

installé dans le cadre

du dispositif de surveillance déployé

par FONCFS SD88, dans le département des Vosges.

Photo ONCFS SD88 - CROC ©

 

Les clichés réalisés grâce au suivi par pièges photographiques montraient la présence d'un mâle (observation du pinceau pénien). Il est cependant encore trop tôt pour parler de « meute » dans la mesure où l'on ne sait pas si ces animaux sont tous deux matures. Le suivi estival 2012 sera donc une priorité pour le réseau dans ce massif pour suivie l'éventuelle évolution de cette ZFP en meute ("Quoi de neuf ?" n° 27).

 

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Enfin, l'année 2012 révèle de nouveaux éléments au travers des constats d'attaques et autres indices de présence collectés à l'ouest du département des Vosges (Cf. Carte plus haut). En effet, un nouveau foyer de dommages apparaît au printemps et les attaques se succèdent sur les troupeaux d'ovins dans différentes communes situées à l'ouest de Neufchâteau, à 90 km en ligne droite des Hautes-Vosges. Des échantillons biologiques (excréments, poils) ont été collectés et sont en cours d'analyses. Trois clichés différents, pris à l'aide de pièges photographiques attestent de la présence de Canis lupus sur les communes de Midrevaux (88) et Avranville (88).

 

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La mise en place conjointe de la cellule de veille avec l'ensemble des partenaires, services de l'État, monde agricole et cynégétique, concourt à l'efficacité du dispositif de vigilance qui vise à collecter et à vérifier toutes les informations disponibles en matière de présence du loup.

 

Hautes-Vosges (83 - 68 - 70) : L'enneigement assez régulier au-dessus de 1000 mètres d'altitude au cours de l'hiver a permis un suivi soutenu. Au total, 16 indices de présence ont été collectés principalement sur les contreforts ouest/sud-ouest, et sur le versant alsacien des Hautes Vosges. Un animal a été suivi durant 27 km, entre les communes de Ventron (88) et Le Bonhomme (68).

 

C'est en deuxième moitié d'hiver que la présence de deux individus a été documentée sur le sud du massif Vosgien. Plusieurs analyses génétiques confirment la présence de l'espèce en zone limitrophe des trois départements des Vosges, de la Haute-Saône et du Haut-Rhin. Un échantillon d'urine collecté en janvier 2012 a également permis d'individualiser une femelle, en plus donc du mâle mis en évidence par photographie. Par conséquent, les Hautes Vosges sont classées en Zone de Présence Permanente (ZPP).

 

Aucun relevé de terrain ne fait état de plus de deux animaux détectés ensemble, le statut de ce groupe (meute potentielle ou pas) reste à documenter dans la mesure où ou ne connaît pas l'état des individus détectés en terme de maturité sexuelle.

 

En conclusion, les deux hivers consécutifs (2010-2011 et 2011-2012) de présence de l'espèce dans les Vosges attestent d'une territorialisation de l'espèce sur ce massif. Les limites de territoire restent cependant encore floues dans la mesure où cette nouvelle ZPP n'est encadrée par aucune autre meute concurrente. Il ne sera donc pas étrange de trouver des indices à distance du cœur connu de cette ZPP, centrée autour des communes de Ventron, Corimont et La Bresse.

 

Chiens patous vs loups

 

Jean-Yves Poirot, éleveur de moutons à la Bresse, président du syndicat ovin des Vosges est le porte-parole des agriculteurs des Hautes-Vosges victimes du retour du loup. Son exploitation a subi de nombreuses attaques : l’an dernier, Jean-Yves Poirot s’est fait dévorer trente-neuf bêtes et un poulain. Afin de protéger ses troupeaux, il a donc décidé, comme deux autres éleveurs, de prendre un chien patou. (Est Républicain Lorraine, 31/07/2012)

 

Au cours de l’automne dernier, il a suivi une formation pour pouvoir s’en occuper. Le chien, ou plutôt la chienne, est arrivée quelques mois plus tard, en mai dernier. Il a fallu débourser 475 € pour l’acheter à un agriculteur du Territoire de Belfort, 80 % du prix est pris en charge par les pouvoirs publics. Et jusqu’à présent l’investissement s’est révélé rentable. Le troupeau de plus d’une centaine de moutons sous la surveillance de son patou n'a subi aucune attaque. En revanche, les trois autres troupeaux de Jean-Yves Poirot ont de nouveau été la cible du loup. L’éleveur a recensé 8 ou 9 attaques depuis le printemps. "Après chaque attaque, j’ai retrouvé le cadavre d’une ou deux bêtes. J’en ai également une vingtaine qui ont disparu", comptabilise l’agriculteur de la Bresse qui n’exclut pas d'acquérir d'autres patous. Sans se faire d’illusion toutefois : "Quand le loup aura proliféré et qu’il y en aura à profusion, les chiens ne suffiront plus. Plus aucun moyen de protection ne sera efficace".

 

Le bilan en 2013

 

Trois loups, dont un couple qui a donné naissance l'été 2013 à des louveteaux, ont été identifiés depuis avril 2011 dans le massif forestier des Vosges. Fin août 2013, suite à une opération de comptage de loups « par hurlements », l'Office national de la chasse et de la faune sauvage a confirmé la présence de louveteaux dans le massif. Ces derniers se trouvaient dans la zone de présence permanente des Hautes-Vosges, plus précisément dans le département du Haut-Rhin. C'est donc en toute logique que le préfet a annoncé que quatre traces bien distinctes de loups ont été trouvées ces derniers jours, toujours du côté alsacien, en pleine forêt. Il s'agit certainement du couple et de ses deux louveteaux.

 

Dans les Vosges, les loups auraient tué 139 ovins en 72 prédations en 2011, puis 80 en 40 attaques l'année suivante. Seuls des tirs de défense ont été autorisés par le préfet en 2013.

 

Au niveau national, le nouveau "Plan loup" 2013-2017 entré en vigueur au printemps prévoit que 24 loups pourront être prélevés sur une population de 250 animaux.

 

Voir également dans le même blog, l'article : se protéger des attaques du loup.

 

Année 2013-2014

 

MEUSE

 

24 janvier 2013

 

Pour certains spécialistes, avec les empreintes relevées le 24 janvier dans la neige, l’animal signe son retour.  Le loup serait-il en Meuse ? (Philippe Marque, Est Républicain Meuse)

 

Jean-Luc Valérie est formel. Les empreintes qu’il a relevées le 24 janvier dernier, dans la neige, sur les hauteurs de Ligny-en-Barrois, sont celles d’un loup : « Je suis parti d’un témoignage d’une personne qui s’entraînait sur ce secteur avec des chiens de traîneau et affirme avoir été suivie par un loup. En remontant les traces de son attelage, je suis tombé sur une piste différente, sur environ 30 mètres. Le reste avait été effacé par le vent. Sur les empreintes, j’ai pu distinguer que les postérieurs étaient posés dans les antérieurs et qu’il y avait une marque tous les 30 centimètres. Pour moi et les spécialistes avec qui j’en ai discuté, il s’agit d’un loup. »

 

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Passionné par l’animal et auteur d’un livre sur la question, ce naturaliste lorrain, qui agit sous un pseudonyme, est très loin de faire l’unanimité. Y compris au sein même de son propre milieu. Son blog et ses jugements souvent qualifiés de « légers et à l’emporte-pièce » agacent.

 

Une dizaine de témoignages

 

Face à ces affirmations, l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage), qui n’a pu voir à temps les traces évoquées par le naturaliste, conserve la plus grande prudence : « Nous savons qu’on n’échappera pas au passage du loup dans notre département. Sa présence est avérée à quelques kilomètres de notre territoire, dans l’ouest vosgien. Nous nous sommes formés pour faire face à cela et nous sommes en vigilance. Mais à l’heure actuelle, nous n’avons réalisé aucun constat pouvant conclure à la présence du loup en Meuse », assure Frédéric Rozet, responsable départemental de l’ONCFS.

 

Depuis la fin de l’année 2011, l’Office a enregistré une dizaine de témoignages d’observations visuelles mais rien de très probant. En mai dernier, l’affaire d’un veau, tué puis dépecé dans un champ, à Contrisson, avait déjà laissé planer un voile de suspicion. Mais là encore, l’ONCFS n’y croit pas : « Cela fait plusieurs années que la présence de bandes de chiens errants sur ce secteur est avérée. Par ailleurs, les spécialistes n’ont pas été missionnés assez tôt pour pouvoir mener des analyses efficaces sur le cadavre. »

 

À l’heure actuelle, en Lorraine, les sources officielles ne reconnaissent que deux foyers. Le premier se situe dans le massif vosgien où la présence de deux individus a été attestée. Le second dans la plaine vosgienne, non loin de Neufchâteau, où sévirait un seul loup. Alors que ce naturaliste, souvent accusé de brûler les étapes, évalue pour sa part au nombre de six les foyers de loups dans l’Est de la France. Il y ajoute la Meuse, au sud de Bar-le-Duc ; le Haut-Rhin à l’ouest de Mulhouse ; la Haute-Saône au nord de Lure ; et enfin la Haute-Marne, au nord-ouest de Chaumont. Et promet un printemps sanglant dans les élevages lorrains, bourguignons et champenois.


6 mars 2013

 

Genaro Garcia dit avoir vu le loup en effectuant une promenade en chiens de traîneau au-dessus de Ligny-en-Barrois. (Sébastien GEORGES, Est Républicain Meuse).

 

La question est tabou dans la Meuse. Les chasseurs n’en parlent pas même si certains affirment l’avoir cherché autant que les sangliers dans les forêts frontalières des Vosges. Selon l’Office national de la chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), il n’y a pas de présence avérée du loup et les faits suspects sont attribués à des chiens errants.

 

Genaro Garcia a un autre regard. Employé d’une entreprise de Bar-le-Duc, ce père de famille est passionné de nature, de faune et de chiens. Il connaît les animaux de la forêt, aime les observer sans faire une fixation sur le loup malgré les rumeurs.

 

Le 21 janvier, alors qu’il effectuait une sortie en chiens de traîneau avec son mâle, un malamute et sa femelle, un husky, il affirme avoir vu le loup. Il n’a aucun doute. « Cette année, avec la neige abondante, j’ai pu sortir régulièrement mon traîneau avec mes deux chiens sur le plateau de Ligny-en-Barrois. Je pars seul avec une lampe frontale sur des champs et des chemins forestiers. J’ai un circuit, toujours le même et mes chiens le connaissent par cœur. Les seuls bruits sont le glissement du traîneau, ma respiration et celles de mes chiens. Ce soir-là, en lisière de forêt, j’ai entendu craquer dans le bois. Ma femelle s’est arrêtée aux aguets, dans un comportement inhabituel et mon mâle a voulu repartir. Il avait peur. Cela s’est reproduit plusieurs fois après être reparti. Dans un champ, c’est la glace derrière moi qui a craqué. Je me suis retourné et malgré la portée limitée de la lampe frontale, j’ai pu distinguer un animal qui n’était pas du gibier. »

 

Genaro Garcia se sent suivi. « Plus loin, quand je me suis mis à courir pour aider mes chiens, j’ai senti que la bête se rapprochait. Mon mâle avait toujours peur et ma chienne très intriguée s’est encore arrêtée en se retournant. Je suis allé au devant et j’ai vu le loup fuir vers la forêt. Nous avons rejoint ma voiture et mes chiens étaient toujours très nerveux. J’ai mis les pleins phares vers la forêt. Un peu plus loin, j’ai vu un loup d’une trentaine de kg avec son nez pointu, sa queue droite, ses yeux brillants faire des allers-retours ».

 

Le lendemain, Genaro Garcia y est retourné avec plusieurs lampes. Il a fait des photos des traces sans revoir le loup. Sa conviction a été renforcée par la comparaison des traces avec celles laissées par ses chiens. « Plus grosses, plus larges. Nous avons de nouveau senti sa présence quelques jours plus tard dans les bois de Chanteraine. Le loup est dans la Meuse. Ce n’est pas vraiment normal qu’un loup nous suive comme cela, mais ma chienne est allaitante et le loup l’a sans doute senti. Avec la neige, il a aussi peut-être faim. En tout cas, cela fait une drôle d’impression. On se pose des questions et on a un peu peur. J’ai senti le loup dans mon dos et je me sentais impuissant car on ne sait pas comment il va réagir ». Genaro Garcia n’est pas mécontent de sa rencontre fortuite. Il n’en fait pas une fixation et continue à aller en forêt avec ses chiens. Pour courir ou faire du VTT. Avec le secret espoir de croiser à nouveau le loup.

 

9 décembre 2013

 

Dans la région de Milly-sur-Bradon, un couple d'automobilistes a cru apercevoir un loup. En fait, le loup en question ne serait qu'un chien-loup. En effet, Pascal Roman raconte qu’un de ses deux chiens-loups tchécoslovaques s’est échappé le dimanche 1er décembre et s’est fait heurter par une voiture.

 

Au cours de ce mois de décembre, on note en Meuse des cas de brebis égorgées : Montigny-lès-Vaucouleurs, Vouthon-Bas, Vouthon-Haut, Mandres-en-Barrois et Luméville-en-Ornois : la liste des communes meusiennes où des brebis ont été égorgées ces dernières semaines ne cesse de s'allonger. Les experts de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage sont venus examiner les cadavres afin de déterminer l'identité du prédateur. Dans leur rapport, ils mentionnent que le loup n'était pas exclu. Une cellule départementale de veille du loup se réunit le 9 janvier 2014, à la demande de la préfète. Cette instance devrait préfigurer le comité départemental loup, dans le cas où ce dernier s'installerait durablement sur le territoire.

 

Janvier 2014 : présence d'un couple et de ses deux louveteaux confirmée

 

La nouvelle a été confirmée vendredi 17 janvier par le préfet des Vosges, Gilbert Payet. À l'occasion de ses vœux à la presse, le représentant de l'État est revenu sur la présence du loup dans le département. La poursuite des travaux sur la mise en place de moyens de protection pour les troupeaux ovins est plus que jamais d'actualité... Un point sera fait en préfecture au début du printemps.

Depuis plusieurs mois, les associations de défense de la nature sont vent debout contre un arrêté émis par la Préfecture des Vosges. Cet arrêté donne l’autorisation à un éleveur de la Bresse d’avoir l’autorisation de tirer sur le loup qui a repris son territoire dans le massif vosgien. Rappelons que le Préfet avait donné l’autorisation le 19 août 2013 à l’éleveur de faire usage d’un fusil à canon lisse pour protéger ses bêtes.

 

22 avril 2014 (Article de l'Est Républicain)

 

Bar-le-Duc. Depuis plusieurs mois, les éleveurs ovins du sud du département de la Meuse tendent le dos. En effet, depuis octobre 2013, dans des communes limitrophes avec les Vosges, plusieurs brebis et béliers ont été sauvagement tués par un prédateur.

 

Au fil de ces derniers jours, dans le monde ovin meusien, la nouvelle s’est progressivement répandue : le loup a été pris en photo. Enfin ! Loin d’être une consolation pour la bonne dizaine d’éleveurs qui a perdu au total près d’une trentaine de bêtes en plusieurs mois, cette photo vient finalement confirmer leurs certitudes de toujours. Tous, sans exception, ont en effet toujours accusé le loup d’être l’auteur des attaques de leurs troupeaux.

 

Tout a commencé en octobre dernier, à quelques kilomètres à vol d’oiseau de la plaine des Vosges, là où ont eu lieu les premières prédations il y a plusieurs années, un secteur considéré depuis 2012 comme zone de présence permanente du loup. Un animal qui semble ignorer les frontières départementales puisqu’aujourd’hui c’est dans la Meuse qu’il sévit.

 

Sauf qu’après avoir concentré ses attaques dans l’extrême Sud meusien, l’animal ou ses congénères se sont déplacés vers l’Ouest pour arriver à 20 kilomètres de Bar-le-Duc, la ville préfecture, dans un parc situé à Ville-devant-Belrain et propriété d’un jeune éleveur de Nicey-sur-Aire. Le 1er avril, il a sorti ses 250 brebis et ses béliers, dans la nuit suivante son troupeau était victime d’une première attaque qui a été suivie par deux autres la même semaine. Excédé, il en était arrivé à installer un appareil photo à déclenchement nocturne ainsi qu’un canon effaroucheur. Sans effet, puisque jeudi dernier deux nouvelles bêtes ont été tuées et ce malgré les clôtures électriques mises à sa disposition par la direction départementale des territoires( DDT). « J’ai accepté ces filets à condition qu’ils installent aussi des appareils photos. Mes bêtes étaient parquées la nuit dans cet enclos électrifié, je les ai relâchées jeudi vers 8 h. » Un peu plus d’une heure plus tard, les agents de l’ONCFS (office national de la chasse et de la faune sauvage) sont venus relever les cartes des appareils.

Plus aucun doute

En arrivant dans le champ, ils ont vu le loup en train de dévorer un bélier. Dès lors, la présence du prédateur ne faisait plus aucun doute, d’autant plus que l’appareil des agents de l’ONCFS a pris en photo le fameux loup.

 

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Plus question maintenant d’utiliser la terminologie de « loup non exclu » dans les rapports des experts. Dans un communiqué, la préfecture de la Meuse s’est autorisée à employer le terme de « présence avérée du loup en Meuse. » Au vu des indices relevés sur les ovins tués, la suspicion de la colonisation du département par le loup était de mise depuis le début de l’année. En janvier, la préfète de la Meuse avait réuni une « cellule de veille loup ». Dans le prolongement, une étude sur la vulnérabilité du système pastoral à la prédation du loup en Meuse était lancée, et les conclusions ne sauraient tarder.

 

Quelles que soient ces conclusions, ce n’est pas encore demain que les chasseurs seront autorisés à tuer l’espèce protégée qu’est le Canis lupus. Il faut en effet deux années de présence avérée du loup dans un département pour qu’un arrêté ministériel soit potentiellement pris et autorise de façon dérogatoire les tirs sur les loups.

 

D’ici là, les éleveurs ont deux solutions : laisser leurs troupeaux à la bergerie ou utiliser les clôtures électriques mises à leur disposition par la DDT.

Karine Diversay

 

Téléchargez le communiqué de la préfecture de Meuse

 

Mai 2014 : Meuse : sans doute deux loups  (Est Républicain, 08/05/2014)

 

Le loup rôde et attaque en Meuse. Face aux inquiétudes, les services de l’État se mobilisent pour lutter : équipements en matériel, enquêtes, indemnisation et tirs d’effarouchement.

 

Le sujet est ultra-sensible. Les syndicats agricoles dénoncent sa présence et réclament sa mise à mort. La Chambre d’agriculture de la Meuse critique une situation qui n’est « plus supportable par les éleveurs » et demande « une adaptation de la législation ». Depuis la recrudescence d’attaques en avril dans deux secteurs de la Meuse, certains dorment avec leur troupeau et d’autres menacent d’arrêter l’activité ovine. Les politiques s’en mêlent à l’image de Gérard Longuet qui appelle à « trouver les solutions les plus adaptées à notre environnement et à la mission des agriculteurs ».

 

Depuis le 14 octobre, le loup est officiellement en Meuse. C’est le 21e département français recolonisé depuis 1992, année de sa réapparition en France. « Contrairement à une idée reçue, le loup n’a jamais été réintroduit en France mais il est revenu par l’Italie et ils sont désormais entre 250 à 300 dans notre pays. Depuis les Alpes, ils colonisent le pays en passant d’un massif à l’autre et en trouvant des lieux d’accueil favorables : présence de gibier et proies faciles avec les élevages ovins. Le loup est intelligent et s’adapte. Lorsqu’il ne peut pas s’en prendre à des moutons enfermés ou protégés par des clôtures électriques, il se retourne vers le gibier sauf le sanglier », explique la Direction des Territoires de la Meuse.

 

Tout laisse à penser que deux loups rôdent en Meuse et multiplient les attaques sur deux zones : celle du Sud meusien (côté Bonnet) non loin des Vosges où le loup sévit aussi et celle de Nicey-sur-Aire où les attaques se sont multipliées (cinq fois chez un même éleveur). « Nous n’avons pour l’heure qu’une seule photo et un prélèvement d’excréments en cours d’analyse. Il est probable que nous ayons affaire à deux animaux. Une attaque à Nicey en avril a été concomitante à une autre à Grand dans les Vosges juste à côté de la Meuse. Celui du Sud semble plus mature car il attaque pour se nourrir. Autour de Nicey, c’est sans doute le fait d’un loup plus jeune puisqu’il y a beaucoup de victimes d’un coup et peu de consommation de viande », observe la DDT de la Meuse qui réfute le terme de meute.

 

Des tirs d’effarouchement

 

Les agriculteurs sont sur les dents. La DDT, consciente du traumatisme, rappelle que son « rôle est aussi de défendre l’activité des éleveurs ». Depuis octobre, elle a pris de multiples mesures : fourniture de clôtures électriques et indemnisations pour les attaques avérées par les spécialistes de l’ONCFS (office national de la chasse et de la faune sauvage). En revanche, pas question de faire des battues comme le réclament les syndicats agricoles. « Le loup est une espèce protégée par quatre textes dont trois internationaux. La battue est le dernier recours du plan national loup 2013-2017 ».

 

Ce plan est le cadre législatif d’intervention face aux loups. Jugé efficace en montagne, il montre ses faiblesses en Meuse car le loup s’installe pour la première fois en plaine où les troupeaux sont éparpillés. « Nous sommes un peu pionniers. Nous discutons avec les ministères de l’Ecologie et de l’Agriculture de notre situation spécifique ». En Meuse, si les battues ne sont pas autorisées et ne sont pas près de l’être, la préfecture a décidé depuis le 20 avril dans le secteur nord de Nicey-sur-Aire et depuis quelques jours dans le sud, de permettre les tirs d’effarouchement. L’étape suivante si ce n’est pas suffisant sera le tir de riposte. « Chaque nuit, des lieutenants de louveterie surveillent les troupeaux et tirent en l’air lorsque les troupeaux s’agitent où lorsqu’ils voient le loup ce qui est arrivé. L’idée est de l’éloigner des ovins. Pour le moment, c’est plutôt efficace », indiquent les services de l’État. D‘autres mesures respectant le statut d’animal protégé sont envisagées et seront discutées la semaine prochaine lors de rencontre avec les acteurs du dossier et notamment du monde agricole.

 

Sébastien Georges

Août 2014 (Est Républicain du 3 août 2014)

 

Le loup frappe encore en Meuse

 

35 attaques commises par le loup depuis octobre 2013 en Meuse. Les chiffres deviennent catastrophiques. L'hécatombe débutée en avril se poursuit, le loup venant d'attaquer deux nuits de suite  sur la commune de Lavallée où jusqu'alors il n'avait encore jamais sévi. La première agression a eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi, faisant cinq nouvelles victimes et trois bêtes blessées. Puis dans la nuit de vendredi à samedi, le loup a tué et blessé à nouveau.

Un nouvel acte qui vient un peu plus accentuer l'exaspération et le découragement des éleveurs qui ont été touchés à plusieurs reprises. Certains se demandent si plusieurs loups ne rodent pas dans le secteur au vu du nombre d'attaques commises ces derniers jours.

D'après l'Est Républicain du 7 août 2014, l'authenticité d'une photo d'un loup prise à 18 h le 26 juillet 2014 près de l'étang de Kœur-la-Petite par une photographe animalière a été mise en doute par Aurélie Schmidt, chargée de mission environnement qui a retrouvé ce même cliché référencé en 2008 sur plusieurs sites allemands et russes.

 

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Cliché Christiane Herké prétendûment pris en Meuse

 

Septembre 2014 :(Est Républicain du 3 septembre 2014)

 

Meuse : le loup a encore frappé

 

Bar-le-Duc. Alors que les lieutenants de louveterie ont été aperçus, dans la nuit du 1er au 2 septembre, dans le secteur de Baudrémont (55), le loup a frappé, la même nuit, à Lavallée (55), dans le pré de Francis Aubry. L'éleveur d'ovins ayant constaté, à 7 h hier matin que sur les onze brebis présentes dans son enclos, une avait été tuée et deux autres gravement blessées. Ces nouvelles victimes de Lavallée montent à plus de 140. le nombre total d'ovins tués, euthanasiés et blessés depuis le début d'année en Meuse.

 

NDLR : aucune certitude qu'il s'agisse d'un loup !

 

HAUTE-SAÔNE

 

En décembre 2011, à quatre jours d’intervalle, un prédateur a tué trois moutons à Beulotte-Saint-Laurent et à La Rosière en Haute-Saône selon un mode d’attaque qui laissait supposer qu'il pouvait s'agir d'un loup. Une crotte et des poils recueillis sur place par des agents de l’ONCFS 70 ont été expédiés aussitôt à un laboratoire d’analyse spécialisé. Les résultats sont revenus récemment et ont confirmé qu'il s'agissait de laissées lupines. Le loup est donc bien passé par là en décembre. Il pourrait s'agir d'un loup erratique séjournant dans les Vosges. Des analyses ADN sont en cours pour tenter de faire parler davantage les excréments découverts dans le secteur des Mille étangs.La présence du Loup est détectée dans ce département dès l'année 2012. Voir l'article de Vosges-matin du 17 mai 2012.

 

En conséquence, depuis le 7 mai 2012, le département de Haute-Saône a été intégré par arrêté ministériel à l’aire de répartition géographique concernée par le loup, soit douze départements français dont les Vosges. Ludovic Bonnot, patron de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) en Haute-Saône,  explique : « cet arrêté permet d’abord de mettre en place dans le département une unité d’action » prévue dans le plan loup. Avec sept agents de l’ONCFS nommés correspondants du réseau loup, dont la mission est de récolter le maximum de renseignements sur l’aire de répartition du mammifère. Et aussi de constater, si nécessaire, les dégâts causés par ces grands carnivores afin de mettre en branle les processus d’indemnisation aux éleveurs. « Si la présence du loup devait se développer en Haute-Saône, un volet prévention est prévu », appuie Ludovic Bonnot. Avec des dispositifs comme des aide-bergers, des filets de protection, des systèmes d’effarouchements, et des chiens patous. Ludovic Bonnot se veut rassurant en direction des éleveurs : « Tout est prêt. Le dispositif est en place et est très réactif. Notamment pour les indemnisations. »

 

L’animal s’est manifesté à nouveau en février 2012 du côté de Vouhenans, avec le prélèvement d’un ovin. À la même époque, des empreintes ont été observées dans le secteur de Plancher-lès-Mines. Ludovic Bonnot souligne : « Un loup peut couvrir 40 km en une nuit. Sa zone d’habitat peut s’étendre de 15 000 à 25 000 ha et bien plus quand une meute existe. » Son passage par la Haute-Saône peut n’être qu’une étape vers d’autres territoires.

 

 Plus récemment, entre le 31 décembre  2013 et le 2 janvier 2014 à Montureux-lès-Baulay et Cendrecout dans la région de Jussey en Haute-Saône, deux troupeaux ont été attaqués : six moutons dévorés, quatre blessés. Selon l'Est Républicain (Éléonore Tournier, Est Républicain, Hte-Saône du 4/01/2014), le loup est évoqué.

 

L’ONCFS a installé un système photographique sur l’exploitation de Christophe Marion (photo Bruno Grandjean, Est Républicain) et celle de Cendrecourt, à 6 km de là.

 

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En allant voir ses animaux le matin du 1er janvier, Christophe Marion, éleveur ovin à Montureux-lès-Baulay, a découvert trois cadavres de brebis. "En regroupant les bêtes, nous avons découvert que deux autres étaient également blessées", ajoute l’éleveur pour qui le coupable de l’hécatombe ne fait guère de doute : "Vu les blessures au cou, on pense que c’est un loup."

 

Le 2 janvier, à 6 km de là, à Cendrecourt, un autre éleveur ovin a également découvert  trois cadavres de brebis et deux animaux blessés. Comme à Montureux-lès-Baulay, toutes ont été saisies à la gorge. Là encore, le loup est évoqué.

 

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Pour l’instant, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) préfère parler de "grand canidé", sans exclure la possibilité d’un loup. Pour démasquer le prédateur, des techniciens de l’Office ont placé sur les deux exploitations des pièges photographiques, en espérant que le "grand canidé" revienne sur les lieux. Un scénario qui n’est pas impossible selon Thierry Billey, animateur du réseau Férus en Franche-Comté. "Dans les Alpes-Maritimes, on a vu les mêmes troupeaux se faire attaquer plusieurs fois."

 

À Montureux-lès-Baulay, les techniciens ont relevé des empreintes de pattes de 10 cm sur 8,5 cm. Mais elles seront sans doute insuffisantes pour mettre en cause un quelconque loup. "Il en faudrait plusieurs pour être sûrs car les empreintes de chien et de loup diffèrent très légèrement", explique Ludovic Bonnot, chef du service départemental de l’ONCFS. Le seul moyen de déterminer précisément la nature du prédateur ? "Du poil, des excréments ou une photo".

 

S’il n’exclut pas la possibilité du loup, Ludovic Bonnot évoque la possibilité de gros chiens : "On a déjà vu des labradors manger d’aussi grosses quantités de viande", assure-t-il avant d’ajouter : "En Haute-Saône, on a connaissance de loups tchèques et de Saarloos. Ce sont des chiens des pays de l’Est croisés avec des loups, qui leur ressemblent énormément physiquement et qui, s’ils sont lâchés, peuvent retrouver leur instinct de prédateurs".

 

Thierry Billey, de l’association Férus, préfère attendre les conclusions de l’ONCFS. "Une meute installée dans les Hautes-Vosges serait rassemblée actuellement un peu au sud de La Bresse. Si la présence du loup était avérée en Haute-Saône, vu la distance avec les villages où ont eu lieu les attaques, cela me semble un peu loin pour être un des membres de la meute. Ça ressemblerait plus à un individu en dispersion."

 

MOSELLE

 

Janvier 2014

 

Plus de cent ans après sa disparition dans le département, un loup a été repéré fin janvier 2014 en Moselle.D'après Ferus, la première alerte fut donnée par un témoin qui dit l’avoir observé le 26 janvier, à Abreschviller (entre Strasbourg et Nancy, voir la carte ci-dessous). Et seulement 4 jours après, le 30 janvier, l’information est confirmée par une photo qui ne laisse aucun doute. Alors que l’ONCFS avait installé des pièges-photo dans le cadre d’une mission de suivi des populations de lynx, c’est un loup qui est apparu sur l’un des clichés. Cela faisait plus de 100 ans que l’espèce avait disparu du département ! Une nouvelle qui fera la une du Républicain Lorrain et qui sera répercutée par Lor'Actu.fr.

 

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Un loup en Moselle (Photo : DR)

 

Ce loup a été photographié à Walscheid, un petit village de Moselle, à la limité du département des Vosges et du Bas-Rhin. Plus de 100 ans après son extermination il été photographié à Walscheid dans le Massif du Donon. "Un piège photo installé pour "tracer" le lynx Van Gogh qui vit sur ce Massif et qui n'a pas été vu depuis longtemps a relevé sa discrète présence" a commenté le parc animalier Sainte-Croix de Rhodes qui milite pour la sauvegarde du loup dans la région.

 

« Le massif est très giboyeux (cerfs, chevreuils) assurant de nombreuses proies à l'animal dont on ignore tout » note le parc animalier où vivent déjà plusieurs loups. Le loup photographié en Moselle se serait déjà attaqué à plusieurs troupeaux. Deux attaques sont déjà listées dans les environs. Une enquête est d’ailleurs ouverte pour déterminer les circonstances de ces attaques.

 

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Les deux villages de Moselle où le loup a été signalé

 

MARNE  (Ajout de mars 2014)

France Nature Environnement fait état de la présence du Loup dans la Marne où un loup aurait été tué fin janvier 2014.

06/03/2013

Photographes naturalistes

Photographes naturalistes
La liste ci-dessous répertorie les sites de photographes animaliers et naturalistes dont j'ai particulièrement apprécié la valeur artistique et scientifique de leurs œuvres
- Florence Pallot photographer
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Des photos magnifiques, toutes renseignées en anglais. Chaque espèce est identifiée avec le nom latin et  qui défilent dans un site somptueux concocté par Vanessa Dubois.
Dominique Delfino
Dominique Delfino est un photographe animalier franc-comtois. Pour lui, l'image naît de la lumière, le sujet n'en étant que la représentation. Il a publié en librairie plusieurs albums richement ilustrés et commentés par des naturalistes confirmés.
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Florent Cardinaux
Florent Cardinaux est un chasseur d'images de nature et de vie sauvage qu'il capture sur les contreforts du Jura français. Accompagnant la publication du livre
"D'une Aube à l'autre"
 une exposition de photos est disponible. Les haïkus de William Chauvin accompagnent chaque photographie.
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04/03/2013

L'Établissement français du sang (EFS)

L'Établissement fEFS-logo.jpgrançais du sang (EFS)

 

 

Outre son rôle d'opérateur de la transfusion sanguine, l'Établissement français du sang (EFS) recouvre des activités partant de la recherche fondamentale jusqu'à l'élaboration de protocoles de thérapie et l'administration de soins. Au cœur de cette organisation, le département des activités d'ingénierie cellulaire et tissulaire de l'EFS Bourgogne - Franche-Comté met en œuvre les résultats de la recherche, qui elle-même s'adosse à son expertise et à son savoir-faire, en une sorte de cercle vertueux dédié à l'immunologie de la greffe et du cancer.


Recherche et ingénierie cellulaire : des échanges de bons procédés

 

Les cellules souches hématopoïétiques sont au centre des activités de l'EFS Bourgogne – Franche-Comté. À l'origine des différentes lignées de cellules sanguines, elles se trouvent chez le sujet adulte dans la moelle osseuse, véritable usine à globules rouges, globules blancs et plaquettes.

 

Lorsque la production est perturbée, voire rendue stérile par certaines attaques cancéreuses ou les traitements, la thérapie cellulaire relance le mécanisme selon différents protocoles pour tirer le patient de son aplasie. L'autogreffe consiste à prélever dans la moelle osseuse d'un patient des cellules réputées saines à la suite de cycles de chimiothérapie. Conservées par congélation, elles seront utilisées pour pallier le déficit cellulaire qui ne manquera pas de se présenter lors de traitements ultérieurs destinés à détruire les cellules cancéreuses résiduelles, puissants au point d'atteindre aussi les cellules indemnes.

 

À Besançon, la première autogreffe a été réalisée en 1979 sous l'impulsion du professeur Patrick Hervé. Elle est pratiquée en routine depuis les années 1990. L'autogreffe présente des limites dans les cas de myélomes très agressifs ou de leucémies aiguës, pour lesquels les spécialistes ont recours à l'allogreffe, comme à Besançon depuis 1983.

 

Cherche cellules souches compatibles


Lors de l'allogreffe, le prélèvement de cellules souches hématopoïétiques est effectué sur un donneur présentant une typologie HLA compatible, de préférence de la famille du patient, à défaut inscrit sur des registres de volontaires en France et dans le monde.

Le facteur temps est ici capital pour la réussite de la greffe. Fabienne Pouthier, responsable médicale du département AICT de l'EFS Bourgogne – Franche-Comté raconte combien chaque cas est unique. « Récemment, nous avons trouvé à Washington un donneur compatible pour un patient suivi à Besançon. Le prélèvement de moelle osseuse opéré aux États-Unis est arrivé le lendemain par transport ultrasécurisé, pour une greffe réalisée le soir même au CHRU Jean Minjoz. »

 

L'alternative du sang placentaire


Plus récentes en France, avec une réelle généralisation depuis 2005, les greffes de cellules souches hématopoïétiques issues de sang placentaire représentent une alternative lorsque la compatibilité avec les donneurs fait défaut. Si les récentes directives internationales encouragent la création de banques de sang placentaire, Besançon s'est montrée pionnière en France avec la création à l'EFS du premier dispositif de ce type en 1995.

 

Les atouts majeurs du sang placentaire sont sa disponibilité immédiate et la jeunesse de ses cellules souches hématopoïétiques, caractérisées par un potentiel de régénération optimum, un risque de rejet greffon-hôte moindre et une absence de contamination virale. Leur immaturité implique cependant un temps plus long pour se développer dans l'organisme et vaincre l'aplasie.

 

Aux côtés des banques de cellules souches hématopoïétiques hébergées sur le site bisontin de l'EFS, figure également une banque de tissus, la seule banque EFS pour tout l'Est de la France. Les tissus, recueillis auprès des donneurs selon une démarche similaire à celle du don d'organes, sont essentiellement des cornées, des vaisseaux sanguins et des valves cardiaques, stockés pour être utilisés lors de greffes futures ou à des fins clé recherche.

 

Il va sans dire que toutes ces activités sont soumises aux règles les plus strictes de contrôle et de sécurité, tant dans le prélèvement et la conservation des cellules et des tissus que dans l'élaboration des produits à des fins de thérapie ou de recherche.

 

Ainsi l'EFS Bourgogne - Franche-Comté souhaite obtenir prochainement la labellisation de Centre de production de médicaments de thérapies innovantes préparés ponctuellement (MTI PP) répondant, aux normes européennes les plus récentes et donnant une dynamique nouvelle à une activité et un savoir-faire déjà reconnus.

 

Contact : Fabienne Pouthier - Département des activités ingénierie cellulaire et tissulaire - EPS Bourgogne - Franche-Comté

Tél. (0033/0) 3 81 61 50 27 - fabienne.pouthier@efs.sante.fr

 

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Recherches pionnières en thérapie génique


II n'est pas étonnant qu'avec une production de vingt millions de cellules à la seconde, notre organisme, à la mécanique pourtant bien rodée, présente quelques défaillances. Des erreurs corrigées par le système immunitaire, qui lui, a parfois du mal à faire face à toutes les sollicitations dont il fait l'objet et peut laisser échapper à sa vigilance des cellules dangereuses, à l'origine de tumeurs.

 

Une armée de lymphocytes T


Lors du contrôle permanent exercé par le système immunitaire, les lymphocytes T occupent un rôle majeur et se mobilisent en masse lorsqu'il s'agit de combattre des corps étrangers comme les virus, les bactéries ou les cellules cancéreuses. Les recherches s'orientent vers l'utilisation de ces lymphocytes, capables de s'immiscer dans tout l'organisme, pour détruire des cellules tumorales résiduelles difficiles à débusquer, complétant ainsi de manière la plus fine possible les traitements réalisés par chirurgie, radiothérapie ou chimiothérapie. L'allogreffe permet d'une part le remplacement de la moelle osseuse défectueuse d'un patient et d'autre part l'implantation de lymphocytes T suffisamment différents de ses propres cellules pour encore mieux détecter et détruire les cellules nuisibles, persistantes (leucémiques ou lymphomateuses), par un processus dit d'alloréactivité.

 

Cependant, les lymphocytes T reconnaissent également les cellules saines du patient, risquant de provoquer la maladie du greffon contre l'hôte, mortelle dans environ 30 % des cas. Pour parvenir à un point d'équilibre et éviter de franchir cette frontière ténue entre effet et rejet, les chercheurs de l'équipe de Thérapeutique immuno-moléculaire des cancers (TIM-C) de l'unité mixte de recherche Interaction hôte-greffon / tumeur et ingénierie cellulaire et génique travaillent dans deux directions.


Gène suicide et cible idéale


La première, l'immunothérapie allogénique, consiste à programmer les lymphocytes T pour l'autodestruction, une sécurité qui sera déclenchée si leur action se retourne contre l'organisme hôte. Une fonction rendue possible par manipulation génétique, grâce à l'apport d'un gène « suicide » à activer en cas de complications. L'administration d'un médicament entraîne alors le processus de destruction. Au terme d'essais cliniques qu'ils étaient les premiers à démarrer voilà dix-sept ans, les chercheurs bisontins vont continuer à établir la démonstration de ce concept précurseur, en collaboration avec une équipe américaine du Baylor College of Medicine (Houston), dans un nouveau programme de tests menés sur une population de douze patients à partir de l'automne prochain. Guider le système immunitaire de façon très ciblée contre la tumeur est la deuxième voie explorée, sous le nom d'immunothérapie antitumorale. Il s'agit ici de faire en sorte que les lymphocytes détectent uniquement les cellules tumorales visées grâce à une particularité qu'elles possèdent en propre, et qu'ils dirigent leur action contre elles et elles seules. Dès lors, des lymphocytes produits par clonage cellulaire et moléculaire pourront être injectés en grande quantité et à des moments choisis pour un maximum d'efficacité, sans risque d'effet délétère sur les cellules saines de l'organisme qu'ils ne seront plus à même de reconnaître comme potentiellement dangereuses.

 

Contact : Christophe Ferrand - Unité mixte de recherche Interaction hôte-greffon / tumeur et ingénierie cellulaire et génique EPS Bourgogne - Franche-Comté / Université de Franche-Comté/ INSERM Tél. (0033/0) 3 81 61 56 15 - christophe.ferrand@efs.sante.fr

 

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Produit anti-inflammatoire à visée thérapeutique

 

Et si le meilleur anti-inflammatoire était produit par notre propre corps ? Partant du processus biologique du renouvellement cellulaire, au cours duquel les cellules indésirables de l'organisme se détruisent par apoptose, des chercheurs en immunologie ont mis au point un produit thérapeutique capable de combattre l'inflammation.

 

Cinquante à soixante-dix milliards de cellules sont éliminées chaque jour par notre organisme, et de façon efficace car elles sont potentiellement dangereuses. Pour être actif, ce processus s'opère cependant à l'insu de notre système immunitaire dont il « endort » la vigilance en créant un micro-environnement aux effets immuno-modulateurs puissants.

 

L'idée est d'utiliser ce micro-environnement pour neutraliser ailleurs et dans d'autres circonstances une réponse inflammatoire incontrôlée de la part du système immunitaire. « Dans cet environnement se trouvent tous les éléments permettant de cibler et maîtriser l'ensemble de la réaction inflammatoire, donc tous les facteurs et cellules impliqués. À l'inverse, les médicaments traditionnels tels que les biothérapies ne ciblent généralement qu'un facteur ou une cellule », explique Sylvain Perruche, chercheur INSERM au laboratoire bisontin Interaction hôte-greffon / tumeur et ingénierie cellulaire et génique.

 

Ce processus biologique a été copié ex vivo et le micro-environnement généré in vitro. Des tests précliniques ont ensuite confirmé, et de façon spectaculaire, le traitement de souris atteintes d'arthrite rhumatoïde aiguë à un stade avancé. Au terme de dix injections, voire moins selon la concentration du produit, chez une cinquantaine de cas étudiés, la courbe indiquant la flambée arthritique s'inverse radicalement : l'inflammation est totalement jugulée et les fonctions originelles des zones touchées sont restaurées.

 

Action naturelle, efficacité, polyvalence, facilité de conservation... ce PTC (Produit de thérapie cellulaire) sans cellule verra ses performances protégées par un brevet déposé en janvier dernier sous la houlette de INSERM TRANSFERT. Co-inventeur du brevet, Sylvain Perruche entend poursuivre l'aventure en acquérant le moment venu la licence d'exploitation par le biais d'une start up chargée de la commercialisation du produit.

 

Contact : Sylvain Perruche - Laboratoire Interaction hôte-greffon / tumeur et ingénierie cellulaire et génique EFS Bourgogne - Franche-Comté / Université de Franche-Comté / INSERM - Tél. (0033/0) 3 81 61 56 15 - sylvain.perruche@inserm.fr

 

Source :

En Direct, le journal de la recherche et du transfert de l'Arc jurassien n° 247 - mars-avril 2013.

 

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02/03/2013

L'Arc du Jura sous surveillance GPS

L'Arc du Jura sous surveillance GPS


Six stations permanentes vont mettre le Jura sous couverture GPS pour observer la déformation tectonique de la chaîne, en continu et sur le long terme.


Si la chaîne du Jura donne lieu depuis longtemps à des études portant sur les millions d'années de sa formation géologique, la période actuelle de son histoire récente demeure une zone d'ombre pour laquelle les scientifiques ne disposent que de peu d'outils d'analyse.

 

Savoir de quelle façon et dans quelle mesure se déforme le Jura aujourd'hui sera bientôt possible grâce à l'installation de stations GPS à des endroits stratégiques de la chaîne. Piloté par le laboratoire Chrono-environnement de l'université de Franche-Comté, ce projet d'observation géophysique devrait donner ses premières conclusions dans une dizaine d'années. Ces données seront précieuses notamment pour comprendre l'activité sismique de la région, qui, bien qu'elle soit relativement faible, nécessite d'être suivie : des tremblements de terre sont régulièrement enregistrés et des failles fracturent la croûte terrestre sur l'ensemble de l'Arc jurassien.

 

sismographie,arc jurassien,jura,sismologie,surveillance gps Une déformation mesurée au millimètre


C'est la compression alpine qui a donné au Jura sa forme de croissant et sa morphologie caractéristique en plis et chevauchements, un objet emblématique pour les scientifiques qui n'ont pas manqué de l'étudier abondamment. Aujourd'hui, la tectonique alpine plutôt décro-extensive n'aurait plus d'influence directe sur la déformation du Jura. « Pour autant, la relative faible épaisseur de la croûte, de l'ordre de 30 km, et un relief ne dépassant pas 2 km donnent à penser que le Jura bouge avec sa dynamique propre », estime Christian Sue, enseignant-chercheur en géosciences à l'université de Franche-Comté, et porteur du projet GPS-Jura. L'observation GPS en continu permettra de mesurer le moindre de ses mouvements de manière très précise, de l'ordre du millimètre, voire du dixième de millimètre par an, une échelle apparemment infime mais significative pour ce type de chaîne orogénique lente.

 

Le Jura rejoindra donc les Alpes et le Bassin rhénan dans le réseau RENAG (Réseau national GPS permanent) qui, constitué de laboratoires de recherche et d'organismes publics, a pour tâche la mesure et l'exploitation des données GPS en continu. « On recherche le dixième de millimètre de déformation, une précision d'autant plus contraignante qu'elle s'inscrit dans la durée. » Les stations seront donc installées sur des terrains très stables, et les antennes de réception sur des piliers ancrés à la roche. De la qualité de l'antenne dépend bien sûr celle de mesures captées à haute fréquence (30 secondes) pour une réelle observation en continu.

 

Les six stations devraient progressivement être installées à partir du milieu de l'année 2013 et le réseau finalisé fin 2014. Se rapprochant au maximum d'une configuration idéale « en croix », elles permettront l'analyse de la déformation de surface de la chaîne, de sa compression ou de son extension le long de l'Arc, tout comme la détection éventuelle de mouvements sur les failles majeures du massif. Répondant à des objectifs scientifiques précis doublés d'importants enjeux sociétaux, le projet GPS-Jura est mené avec le concours de la Région Franche-Comté, dont le financement de 83 000 euros sur deux ans permet l'achat et l'installation des stations. Les données recueillies seront traitées et gérées selon des techniques éprouvées à l'Observatoire de Besançon, puis mises à disposition de la communauté scientifique via le serveur de données du RENAG.

 

sismographie,arc jurassien,jura,sismologie,surveillance gps

En 1996, le séisme d'Épagny en Haute-Savoie, de magnitude 5 sur l'échelle de Richter et d'intensité VII sur l'échelle MSK, rappelle brutalement l'existence de la faille du Vuache. Située au sud de l'Arc jurassien, cette faille réputée faiblement active est responsable, outre l'épisode d'Épagny, de plusieurs séismes plus modérés au cours du XXe siècle.

 

Plus loin de nous, le tremblement de terre de Bâle fait des ravages en 1356, détruisant la ville et propageant ses effets jusqu'à Reims et à l'opposé Constance. Il aurait pour point de départ une faille chevauchante du front nord du Jura. Bien que cette théorie ait été remise en cause par de récentes études, il n'en reste pas moins que les failles du Jura peuvent engendrer des catastrophes sismo-telluriques et appellent à une surveillance vigilante. C'est l'un des objectifs du réseau GPS prochainement mis en place sur l'Arc jurassien : la prise de mesure des mouvements et des déformations englobera l'activité des failles majeures de l'Arc, qu'elles traversent radialement en éventail resserré. La plus grande est sans doute la faille de Pontarlier, qui, présentant une brèche de 50 km de long dans la couverture sédimentaire du Jura, a permis historiquement de relier Lausanne à Besançon par la route.

 

Contact: Christian Sue - Laboratoire Chrono-environnement - Université de Franche-Comté

Tél. (0033/0) 3 811 66 61 23 - christian.sue@univ-fcomte.fr

 

Source : En Direct, le journal de la recherche et du transfert de l'Arc jurassien, n° 247 – mars-avril 2013.

28/02/2013

Audition et surdités

Oreille-externe-logo.jpgL'Oreille,

l'Audition

et

les surdités


 



I.     L'audition permet la communication

 

L'audition est le sens de l'ouïe, c'est-à-dire de la perception des sons.


1.    Qu'est-ce que le son ?

 

Le son est lié à une variation de pression du milieu. Il correspond à la mise en oscillation d'un milieu. Dans le cas de l'homme, il s'agit généralement de l'air, mais l'émission et la conduction sonores peuvent se faire également en milieu liquide ou solide. L'énergie est ensuite transmise, de molécule à molécule, à une vitesse de 340 m.s-1 (dans l'air). Les ondes sonores correspondent à l'alternance de zones de pression élevée et de zones de pression faible. L'amplitude des variations de pression est qualifiée de pression sonore. Elle peut être mesurée à l'aide d'un microphone, qui traduit la variation de pression en une variation de tension électrique.

Figure01 la-pression-sonore-450.jpg

 

Compte tenu de l'importance de la gamme des niveaux sonores, l'échelle utilisée pour quantifier les pressions sonores est logarithmique. Le niveau de pression de référence PO a été placé légèrement en dessous du seuil de stimulation moyen de l'oreille. Pour une fréquence de 1000 Hz ; il est égal à 2.10-5 N.m-2. Ainsi, le niveau de pression sonore S d'un son donné est égal à :

 

S = 20 log (P/Po)

 

L'unité de S est appelée le décibel (dB). À 1 000 Hz, un décibel équivaut à un phone.

 

Figure02-audiogramme-450.jpg

Un second paramètre du son est sa fréquence. Celle-ci est exprimée en cycles par secondes ou herz (Hz). Un son constitué d'une seule fréquence est qualifié de son pur. Cependant, un son est généralement constitué d'un mélange de plusieurs fréquences : une fréquence minimale ou fondamentale et des fréquences multiples de cette fondamentale ou harmoniques. Un son dans lequel toutes les fréquences sont représentées de façon quasi identique est qualifié de bruit blanc.

 

2.    La sensibilité de l'ouïe varie avec la fréquence du son


L'homme est sensible à des vibrations sonores comprises entre 20 Hz et 20 000 Hz (ou 20 kHz). Le seuil d'audition varie en fonction de la fréquence d'un son pur stimulant. Il est minimal pour une fréquence de 1 kHz, et de l'ordre de 4 dB ou 4 phones. Au-delà de ce seuil, la sensibilité varie également en fonction de la fréquence du son stimulant. Ce phénomène peut être représenté sous forme de courbes isophones. À partir d'une valeur d'environ 130 phones, une sensation douloureuse remplace la sensation auditive. De tels sons peuvent endommager l'appareil auditif. Les ondes sonores émises au cours du langage parlé correspondent aux zones de meilleure sensibilité auditive.

 

3.    Des sons graves et des sons aigus


La fréquence sonore est généralement décrite sous forme de hauteur d'un son. Un son grave est un son de basse fréquence, et un son aigu un son de haute fréquence. Dans la musique occidentale, la fréquence sonore est organisée en octaves. Un accroissement de la valeur tonale d'une octave s'obtient en doublant la fréquence d'un son.

 

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4.    Deux oreilles pour faciliter l'orientation auditive dans l'espace


Une écoute à l'aide des deux oreilles permet à un sujet de situer la source sonore dans l'espace. Le son étant conduit à vitesse finie, il ne parvient en même temps au niveau des deux oreilles que si rémission sonore a lieu dans l'axe de la tête. Dans les autres cas, l'onde sonore atteint les deux oreilles avec un décalage temporel qui permet au sujet de détecter la position de l'émetteur sonore.

 

II.   Anatomie de l'oreille et physiologie de l'audition

 

1.    Les sons sont canalisés avant de frapper l'oreille interne


L'oreille représente l'organe de l'audition. En fait, ce que nous avons coutume d'appeler l'oreille n'est que sa partie apparente. L'oreille se compose en réalité de trois parties : externe, moyenne, et interne.. Le conduit entre l'oreille externe et l'oreille moyenne est séparé par une fine membrane : le tympan.

Anatomie-de-l'oreille-450.jpg

 

Sa partie visible est l'oreille externe qu'on appelle pavillon, nous sert d'antenne acoustique et de capteur. Les sons pénètrent dans le conduit auditif externe.

 

Les ondes sonores mettent ensuite en vibration le tympan qui obture l'oreille moyenne, située dans une cavité osseuse du crâne. Dans cette cavité, une chaîne de trois osselets, le marteau, l'enclume et 1'étrier, permet de transmettre les vibrations du tympan vers une structure qui sépare oreille moyenne et oreille interne : la fenêtre ovale. Les trois osselets vont servir d'amplificateurs pour compenser la perte d'énergie liée au passage de l'onde sonore du milieu aérien au milieu liquidien de la cochlée dans l'oreille interne. Saisissant les déplacements du tympan, le marteau transmet son énergie à l'enclume, qui la communique à l'étrier.

Figure05-Anatomie-de-l'oreille-450.jpg



Pour égaliser les pressions de part et d'autres du tympan un conduit, la trompe d'Eustache relie la cavité de l'oreille moyenne au pharynx, une fonction très utile surtout lors du décollage d'un avion par exemple.

 

L'étrier (le plus petit os du corps humain) est en contact avec la membrane obturant la fenêtre ovale, point d'entrée dans l'oreille interne où se trouve l'organe de l'audition : la cochlée ou limaçon, sorte de long cône composé de trois tubes ou rampes caractérisés par un enroulement hélicoïdal et remplis de liquide.

 

III. L'oreille interne permet de coder les fréquences sonores

 

1.    La membrane basilaire vibre en fonction de la fréquence sonore


Les vibrations, qui atteignent la fenêtre ovale par l'intermédiaire de la chaîne des osselets, sont transmises au travers des différentes rampes, jusqu'au niveau de la fenêtre ronde. La mise en mouvement du canal cochléaire, et plus particulièrement de la membrane basilaire, provoque un fléchissement rythmique des cils des cellules sensorielles.

Figure06-stimulation-sonore-450.jpg

 

Le canal central contient l'organe sensoriel de l'audition, l'organe de Corti, tapissé des cellules sensorielles auditives : les cellules ciliées (15 000 par cochlée). La rampe vestibulaire et la rampe tympanique contiennent de la périlymphe riche en Na+, et encadrent le canal cochléaire qui, lui, contient de l'endolymphe riche en K+. Les cellules ciliées sont coiffées d'une touffe de stéréocils, qui transforment l'onde sonore en signal électrique. La partie basale de la membrane basilaire, peu large et épaisse, vibre préférentiellement pour des fréquences sonores élevées. À l'opposé, la région terminale (côté hélicotrème) vibre à des fréquences sonores faibles. Le codage de la fréquence sonore est donc directement dépendant de la position des cellules ciliées le long de la cochlée. La rampe tympanique et le canal cochléaire sont séparés par la membrane basilaire qui porte l'organe sensoriel proprement dit, ou organe de Corti. Ce dernier contient des cellules réceptrices ciliées, organisées en trois rangées externes et une rangée interne. L'ensemble est recouvert d'une membrane tectoriale attachée au côté interne de la cochlée.

 

Figure07-Membrane-basilaire-450.jpg

Organe-de-Corti-450.jpg

 

L'onde sonore amplifiée par l'oreille moyenne est en effet transformée en onde liquidienne qui va mettre en vibration la touffe ciliaire des cellules ciliées. Ces cellules sont des transducteurs : elles transforment les mouvements de leurs stéréocils en signal nerveux transmis au nerf auditif. Le long de la cochlée, chaque cellule ciliée répond préférentiellement à une fréquence sonore donnée, pour permettre au cerveau de différencier la hauteur des sons (batterie de résonateurs) : dans la partie basale de la cochlée sont codés les sons aigus, au sommet les sons graves.

Figure08-Fibres-auditives-450.jpg

 

2.    Les cellules ciliées assurent le codage de l'information


La différence de potentiel transmembranaire des cellules ciliées varie de façon synchrone avec le mouvement des cils. Au cours du mouvement des cils vers remplacement équivalent du kinocil, la membrane de leur extrémité se déforme, et permet l'ouverture de canaux K+. Les cils baignant dans une endolymphe riche en K+, un courant entrant d'ions positifs (K+) s'établit, provoquant une dépolarisation de la membrane. Cette dépolarisation provoque l'entrée d'ions Ca2+ qui permettent à la fois le mouvement des filaments contractiles de la plaque cuticulaire (ce qui accentue le mouvement des cils) et l'ouverture de canaux K+ situés sur la membrane du corps cellulaire. Ces derniers étant ouverts vers la périlymphe, le courant K+ qui s'établit est un courant sortant, repolarisant la membrane. Le potentiel générateur et les potentiels d'action apparaissent au niveau postsynaptique, dans la fibre sensorielle.

Figure09-Coupe-de-l'oreille-interne-450.jpg

Figure10-Détail-de-l'oreille-interne-450.jpg

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processus-caliciels-450.jpg

Cellule-sensorielle-auditive-450.jpg

 

Figure11-Étapes-de-l'audition-450.jpg

Figure12-Transduction-dans-les-cellules-ciliées-450.jpg

 

L'oreille interne contient, outre l'organe de l'ouïe, le vestibule, organe de perception de l'équilibre, repérant la position angulaire de la tête et les mouvements d'accélération.

 

3.    Le cerveau traite les signaux


Le cerveau interprète le signal comme un son de la hauteur tonale correspondant au groupe de cellules excitées. L'analyse de l'intensité du son repose, quant à elle, sur divers mécanismes selon la fréquence sonore, le taux de décharges des neurones auditifs et la nature des neurones qui répondent (neurones à haut seuil ou à bas seuil).

 

Chaque fibre sensorielle est préférentiellement mise enjeu pour une fréquence particulière, mais peut également être mise en jeu par des fréquences différentes. La courbe du seuil de ces fibres en fonction de la fréquence sonore constitue leur courbe d'accord. Au niveau du cortex auditif les cellules sont organisées en colonnes fonctionnelles. Les neurones appartenant à une même colonne ont tous des courbes d'accord semblables. Les informations auditives liées au langage sont ensuite traitées dans des régions corticales particulières. Les aires principales impliquées dans ce traitement sont localisées normalement à l'hémisphère gauche. Ce sont l'aire temporale du langage, encore appelée aire de Wernicke, et l'aire frontale du langage, ou aire de Broca. La première est impliquée dans les processus sensoriels de reconnaissance de la parole, tandis que la seconde est plus directement liée à l'expression orale.

 

IV. Les surdités

 

  1. Origine des surdités


S'il existe quelques rares surdités d'origine centrale (impliquant le cerveau), la grande majorité des surdités est liée à un défaut de l'oreille elle-même.

 

Les surdités de transmission ont pour origine un défaut de l'oreille externe ou moyenne.

 

Les surdités neurosensorielles (surdités de perception) ont essentiellement pour origine une atteinte de la cochlée.

 

Dans ces deux catégories, certaines surdités sont génétiques, d'autres acquises.

Figure04-audiogramme-450.jpg

 

  1. Surdité : la part des gènes

 

L'audition est un outil majeur de communication, d'autant plus qu'elle est essentielle à l'acquisition de la parole : l'afflux d'informations auditives vers les «aires cérébrales de traitement du langage » est capital dans le jeune âge (au cours des six premières années de la vie - et tout particulièrement entre 0 et 3 ans) pour qu'un enfant apprenne à parler. Si la perception de la parole ou de la musique est une activité essentiellement cérébrale, la première étape du traitement des signaux sonores est effectuée par le système auditif périphérique. En cas de déficit non corrigé des atteintes auditives, le langage oral ne peut être acquis.

 

  1. Un millier d'enfants naît sourd chaque année et 65% des plus de 65 ans sont malentendants

 

Or en France, la surdité sévère ou profonde touche chaque année près d'un millier de nouveau-nés, avec les conséquences mentionnées sur l'acquisition du langage oral et sur le développement du lien du tout-petit avec ses proches. Un individu sur mille est de plus affecté par la surdité plus tard au cours de l'enfance. Ensuite, le pourcentage de malentendants dans la population ne cesse de progresser : 6% entre 15 et 24 ans, 9% entre 25 et 34 ans, 18% entre 35 et 44 ans et plus de 65% après 65 ans. Au total, la surdité concerne plusieurs millions de Français, à divers degrés de perte auditive, avec des conséquences variables sur leur vie sociale, Au-delà des surdités légères, les surdités moyennes ont, chez l'enfant, un impact négatif sur l'apprentissage scolaire, le développement cognitif et l'adaptation sociale. On l'a vu, les surdités profondes contrarient chez lui l'acquisition du langage oral et ont, chez l'adulte, l'isolement social pour conséquence majeure.

 

Face à ce problème considérable, la génétique a totalement modifié la donne, permettant une meilleure prise en charge des surdités de l'enfant, préparant pour lui de futures thérapies, et plus récemment, apportant un espoir supplémentaire : celui de prévenir les surdités liées au vieillissement.

 

  1. Surdités tardives : des problèmes de perception des fréquences aux acouphènes


« On peut imaginer l'organe sensoriel auditif comme un clavier de piano, où chaque région traite une fréquence qui lui est spécifique », explique Aziz El Amraoui, de l'unité Génétique et physiologie de l'audition, à l'Institut Pasteur. « La cochlée décompose les sons en ses fréquences élémentaires : les sons aigus (hautes fréquences) sont captées à la base de la spirale cochléaire. les sons graves (basses fréquences) dans sa partie haute. Avec le temps, les sons les plus aigus sont moins bien entendus ». La perte de l'audition avec l'âge s'accompagne d'une difficulté à distinguer les sons, à entendre par exemple une conversation dans un brouhaha. De plus, les surdités acquises sont assez fréquemment accompagnées d'acouphènes, des perceptions auditives (battements, grésillements, sifflements) en l'absence de stimulus externe, souvent très invalidantes : en France, près de 5 millions de personnes en souffriraient. Il semble que la perte auditive s'accompagne d'une augmentation de l'activité spontanée le long des voies auditives du cerveau aboutissant à ces perceptions « fantômes ». « Un rétablissement des entrées sensorielles à un niveau similaire à celui qui prévalait avant la perte auditive réduirait le gain central et supprimerait ainsi les acouphènes », avance Arnaud Norena, de l'Université Aix-Marseille, dans la revue Biofutur (novembre 2012). « Cette prédiction est en partie corroborée par la réduction/suppression des acouphènes produites par les aides auditives, les implants cochléaires et la stimulation acoustique ciblée sur les fréquences de la perte auditive. » Une raison de plus, donc, pour améliorer le traitement des surdités...

 

V. Les appareils auditifs existants

 

  1. Les aides auditives


Avec les aides auditives, le son est capté par un ou plusieurs microphones et le signal traité par un microprocesseur, amplifié, puis réémis via un écouteur dans le conduit auditif externe.

 

  • Les aides en conduction osseuse stimulent directement l'oreille interne à travers les os du crâne ; un microphone capte les vibrations sonores, transmises à l'os temporal par un vibrateur placé derrière l'oreille ; les vibrations de la paroi osseuse autour de la cochlée sont ensuite transférées aux cellules sensorielles. Ces aides auditives sont parfois insuffisantes ou inadaptées à certaines formes de surdité. Deux sortes d'implants peuvent alors optimiser une audition résiduelle ou suppléer des structures défaillantes.

 

  • L'implant d'oreille moyenne, fixé sur un osselet ou à proximité de l'oreille interne, capte les vibrations et les transmet à l'oreille interne.

 

  • Avec l'implant cochléaire, un processeur externe transforme les sons en signaux électriques et les transmet par ondes à la partie interne implantée chirurgicalement, composée d'un ensemble d'électrodes. Ces dernières délivrent des impulsions électriques qui stimulent les fibres du nerf auditif.

 

  1. Les trois-quarts des surdités de l'enfant sont d'origine génétique

 

Dans les années 90, on ne connaissait pas la cause du déficit auditif des enfants qui naissaient sourds. Une équipe de généticiens à l'Institut Pasteur (voir Entretien) localisait alors les premiers gènes associés à des surdités sur des chromosomes humains. Ils firent cette découverte grâce à des collaborations avec plusieurs pays du bassin méditerranéen qui leur permirent de regrouper des données sur de nombreux individus appartenant à différentes familles, caractérisées par une forte consanguinité. Après ces premières grandes analyses génétiques, l'équipe contribua à l'identification d'une trentaine de gènes associés à des surdités, et d'autres dans le monde lui emboîtèrent le pas : 70 gènes impliqués dans des surdités héréditaires sont aujourd'hui connus. L'un d'eux, comme l'ont montre les chercheurs pasteuriens dès 1997, est à lui seul responsable de la moitié de ces surdités [le gène de la connexine 26]. Et l'on sait aujourd'hui que les trois-quarts des surdités de l'enfant sont d'origine génétique, le reste étant notamment dû a des traumatismes ou infections pendant la grossesse.

 

  1. Détecter le plus tôt possible les surdités néonatales, pour pouvoir appareiller

 

Cette aventure scientifique a révolutionné la prise en charge des surdités de l'enfant. Aujourd'hui, grâce aux travaux des chercheurs, des tests de diagnostic moléculaire des surdités les plus fréquentes sont utilisés en routine dans de nombreux pays du monde. Il est en effet important de détecter le plus tôt possible les surdités congénitales. Connaître le gène en cause permet de décider s'il faudra appareiller ou non l'enfant (dans certains cas, heureusement rares, l'appareillage ne résoudra rien] : plus l'enfant pourra entendre tôt, plus le retentissement de la surdité sur ses aptitudes linguistiques sera faible. Les chercheurs ont par exemple montré en 2006 que chez les enfants dont la surdité était due à un défaut du gène de l'otoferline, une protéine nécessaire à la transmission du signal par les cellules sensorielles auditives aux neurones auditifs, la pose précoce d'un implant cochléaire était recommandée alors que les caractéristiques de leur perte auditive conduisaient à s'interroger sur le bénéfice possible de l'implant. Parallèlement à ces avancées, ces recherches ont permis de comprendre de façon plus approfondie le fonctionnement de notre appareil auditif, et tout particulièrement celui de la cochlée, l'organe sensoriel de l'audition logé dans l'oreille interne.


  1. Un espoir majeur : la thérapie par les gènes

 

Aujourd'hui, beaucoup d'espoirs sont fondés sur la thérapie génique. Il s'agit là de restaurer la fonction auditive à l'aide du transfert du gène normal [«gène-médicament»], afin de compenser la fonction défectueuse de ce même gène chez le malentendant. Les méthodes envisagées sont diverses, combinant par exemple thérapie cellulaire et thérapie génique : certaines passent par l'introduction du « gène-médicament » dans des cellules souches ensuite différenciées en cellules de la cochlée, puis ré-introduites dans l'organe sensoriel. Les premiers résultats expérimentaux encouragent les scientifiques à poursuivre l'exploration de ces voies thérapeutiques nouvelles. Mais le domaine de l'enfance ne sera pas le seul bénéficiaire de la « révolution génétique » des recherches sur les surdités. Il s'agit désormais d'empêcher la dégradation de l'appareil auditif chez l'adulte. Les surdités de l'adulte, acquises au cours de la vie, sont liées à des traumatismes sonores, des infections (environ 20% des cas sont dus à des otites chroniques), des accidents liés à l'hyperpression (plongée) ou encore à une toxicité médicamenteuse. La plupart de ces facteurs contribuent à la destruction progressive des cellules sensorielles de la cochlée, indispensables à l'audition, et non renouvelables. Le vieillissement contribue par lui-même à une perte auditive qui apparaît le plus souvent à partir de 50-60 ans, la presbyacousie, aujourd'hui irréversible.

 

  1. De même que nous avons chacun un « capital soleil », nous aurions aussi un « capital son »

 

Là encore, la génétique joue un rôle : il existe une grande variabilité dans la sensibilité individuelle à l'atteinte auditive par la surexposition au bruit comme au traumatisme acoustique. Ainsi, chacun d'entre nous serait - selon son ADN - plus ou moins sensible au bruit. De même que nous avons chacun un « capital soleil », nous aurions aussi un « capital son ». Des gènes de prédisposition interviennent également dans notre sensibilité aux médicaments toxiques pour le système auditif (médicaments « ototoxiques »). Les scientifiques sont désormais engagés dans une nouvelle voie de recherche : comprendre comment notre oreille s'abîme, comment elle vieillit. La génétique est un outil majeur dans cette quête. Les réponses trouvées par les chercheurs devraient ouvrir la voie à des solutions thérapeutiques, que ce soit par traitements pharmacologique, génique ou cellulaire, associés ou non à des appareillages « classiques » du type implant cochléaire.

 

À ce jour - où le diagnostic génétique d'une surdité chez l'enfant est désormais une réalité - la perspective de prévenir l'apparition des surdités liées à l'âge n'a plus rien d'utopique...

 

  1. Face à un syndrome de surdité-cécité : l'espoir de traiter la cécité

 

L'équipe du Pr Christine Petit à l'Institut Pasteur étudie depuis quelques années une maladie génétique heureusement rare (elle touche une personne sur 10 000) qui associe surdité et cécité : le syndrome de Usher. Les enfants touchés naissent sourds et leur vision est progressivement altérée en raison du développement d'une rétinite pigmentaire. Parmi les différentes formes de la maladie, le type 1 (40% des cas) est le plus sévère : la surdité est profonde et les troubles de la vision apparaissent précocement. S'il existe une bonne prise en charge des patients concernant les troubles auditifs, - notamment grâce aux travaux des chercheurs et des équipes médicales -, aucun traitement ne permet aujourd'hui de stopper l'issue de la rétinite pigmentaire. Or les travaux du Pr Christine Petit[1], en collaboration avec le Pr José-Alain Sahel (Institut de la Vision), ont récemment permis de découvrir l'origine de la rétinite pigmentaire qui touche les patients atteints. Il s'agit d'un défaut dans l'organisation d'édifices cellulaires indispensables au maintien de la vision, les processus caliciels (voir photo) des cellules photoréceptrices de la rétine, dû au dysfonctionnement de l'une quelconque des cinq protéines impliquées dans cette maladie, et qui, ensemble, assurent la cohésion de ces structures. Ces travaux qui définissent les cibles de la maladie vont guider les approches thérapeutiques, aujourd'hui en cours, de cette cécité.

 

L'interview du Pr Christine Petit

 

Christine Petit est professeure au Collège de France et à l'Institut Pasteur, responsable de l'unité de Génétique et physiologie de l'audition.


Notre nouvel objectif est de comprendre les processus défectueux dans la surdité tardive pour en prévenir la survenue et la progression.

"Le domaine des surdités héréditaires de l'enfant a été transformé par les recherches de notre équipe."

Comment est née l'approche génétique de l'audition ? L'audition a été initialement explorée par les physiciens - intrigués par les performances exceptionnelles de l'organe sensoriel, la cochlée, qui se comporte comme un analyseur fréquentiel, transforme les sons, signaux mécaniques, en signaux électriques, les amplifie et aussi les distord... -, puis par les physiologistes, et enfin, par les généticiens. Nous avons mis en œuvre une approche génétique de l'audition pour déchiffrer les bases cellulaires et moléculaires du développement et du fonctionnement de la cochlée, qui échappaient jusque là à toute analyse en raison du tout petit nombre de cellules cochléaires. La cochlée ne comporte en effet que quelques milliers de cellules sensorielles auditives. La rétine, pour comparaison, est dotée d'une centaine de millions de cellules sensorielles photoréceptrices. L'intérêt de rapproche génétique pour identifier les molécules requises pour une fonction cochléaire puis en déchiffrer les mécanismes moléculaires correspondants tient au fait que son efficacité est indépendante du nombre de cellules ou de molécules impliquées dans la fonction explorée.

 

Qu'avez-vous découvert ?


En localisant les premiers gènes responsables de cette atteinte sensorielle sur les chromosomes humains, dans les années 1990, nous avons ouvert le domaine de l'audition à l'analyse génétique. Puis nous avons développé une approche spécifique pour identifier les gènes dont l'atteinte était susceptible d'être à l'origine de surdité chez l'enfant. Cette démarche nous a conduit à la découverte rapide de plusieurs gènes responsables de surdité précoce. Aujourd'hui, 70 de ces gènes sont connus. Par le développement d'approches pluridisciplinaires, impliquant à côté des généticiens, des biologistes cellulaires, des biochimistes, des électrophysiologistes et des physiciens, nous nous sommes ensuite engagés dans l'étude des mécanismes défectueux dans ces surdités. Nous avons pu en parallèle, déchiffrer les mécanismes moléculaires qui sous-tendent certaines propriétés physiologiques connues de la cochlée et éclairer les rôles de plusieurs structures cochléaires. Un grand nombre de laboratoires à travers le monde se sont ensuite engagés dans ce champ disciplinaire. C'est un domaine scientifique et médical particulièrement dynamique.

 

Quelles applications ces découvertes ont-elles permis pour les surdités de l'enfant ?

 

Le développement du diagnostic moléculaire de surdité héréditaire permet d'informer les familles qui le souhaitent sur le risque de récurrence d'une atteinte auditive chez les enfants à venir. La connaissance de la pathogénie des diverses formes de surdité permet, dans certains cas, de recommander l'utilisation d'appareils auditifs, en particulier de l'implantation cochléaire, alors que les caractéristiques audiologiques de la surdité suscitent le doute sur leur efficacité. Elle permet parfois, à l'inverse, de conseiller d'éviter tout appareillage auditif et de s'en remettre à des traitements pharmacologiques, dont la connaissance des mécanismes pathogéniques de ces surdités permet de prédire l'efficacité. Aujourd'hui, fondés sur ces avancées, des espoirs de traitements se profilent. Plusieurs laboratoires à travers le monde sont engagés dans la recherche de traitements des surdités, en particulier par voie génétique.

 

Vous vous intéressez aussi aux surdités tardives. Que peut-on espérer ?

 

Notre objectif est de comprendre les processus défectueux dans la surdité tardive pour en prévenir la survenue et la progression. On sait que certains gènes prédisposent à la presbyacousie, et aux atteintes auditives liées à une surexposition au bruit. La plupart d'entre eux restent à découvrir. C'est une étape incontournable pour caractériser les processus pathogéniques en cause. Nous identifions par exemple un nombre croissant d'atteintes auditives liées à des perturbations du métabolisme antioxydant que l'on pourrait vraisemblablement prévenir par des médicaments existants. Dans ce but, nous avons créé au cours des dernières années un réseau national qui comporte plusieurs services d'ORL afin de regrouper des familles atteintes de presbyacousie pour rechercher les gènes impliqués. Une analyse approfondie de leur audition a été mise en place. Elle comporte des tests psychoacoustiques pour nous permettre de reconnaître les atteintes de l'intelligibilité de la parole qui sont souvent, chez ces personnes, beaucoup plus sérieuses que ne le prédit la mesure du seuil de leur perception auditive par l'audiogramme. C'est un effort collectif important. Il nous permet aujourd'hui d'analyser environ 150 familles, auxquelles s'ajoute plus d'un millier d'individus atteints. On imagine aisément que le coût de cette recherche, qui repose sur l'analyse exhaustive des génomes de ces personnes, est très élevé.

 

Glossaire :

 

Courbe isophone : courbe reliant, sur un audiogramme, les valeurs de pressions sonores entraînant des sensations d'intensité identique.

 

Décibel (dB) : n.m., unité de pression sonore relative. 1 dB = 20 log.(P/2.10-5 ), où P est la pression sonore exprimée en newton.m-2.

 

Phone : n. m., unité sans dimension permettant de graduer l'échelle de sensibilité auditive en fonction de la fréquence des sons. La référence se situe à 1 kHz où 1 phone = 1dB.

 

 Cochlée : n.f., partie de l'oreille interne formée de l'enroulement de trois canaux et dans laquelle sont situées les cellules réceptrices sensibles aux vibrations sonores.

 

Hélicotrème : n.m., extrémité apicale de la cochlée.

 

Organe de Corti : partie de la cochlée regroupant les cellules sensorielles.

 

Tympan : n.m., membrane séparant l'oreille externe de l'oreille moyenne.



[1] Menés avec les Drs Azizi El Amraoui et Iman Sahly.


Sources :


  • Surdités La lettre de l'Institut Pasteur, revue trimestrielle février 2013.

  • Périlleux E., Anselme B., Richard D. (1995). - Biologie humaine, anatomie, physiologie, santé. Ed. Nathan.

25/02/2013

Le belvédère du Fondereau

Le belvédère du Fondereau

 

par Dominique Delfino

photographe animalier et paysagiste

 

Libre et sauvage, le belvédère du Fondereau offre l'un des plus beaux points de vue à découvrir dans la côte de Maîche.

 

Juste après le tunnel à gauche, la petite route en direction de Montandon, vous permet d'accéder à un petit parking signalant le belvédère aménagé 150 mètres plus loin. Le panorama est exceptionnel laissant apprécier et découvrir les plateaux du Haut-Doubs fracturés par la vallée du Dessoubre. Un rayon de soleil vient caresser une ferme isolée installée sur le versant d'une dépression plongeant vers la vallée du Dessoubre.

 

À cette saison, la neige enveloppe le paysage dans une ambiance de paix et me permet de réaliser des images comparatives aux différentes saisons, l'automne étant particulièrement très intéressant depuis ce site.

 

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23/02/2013

Risque nucléaire : la France cesse de faire l'autruche

France-autruche.jpgLe risque nucléaire : il était temps que la France cesse de faire l'autruche !

 

On est content que la France avec ses 58 réacteurs s'inquiète enfin.

 

par Vincent Nouyrigat

(Science & Vie, n° 1146, mars 2013, p. 34).

 

Quatre cent trente milliards d'euros. Vous avez bien lu : 430 milliards d'euros ou, dit autrement, 20 % du PIB de la France. Tel serait le coût apocalyptique d'une catastrophe nucléaire sur notre territoire, selon une évaluation de l'IRSN - le gendarme français de l'atome. Un chiffre injustement passé inaperçu cet automne... Inutile de chercher un quelconque équivalent parmi les grands désastres technologiques : même l'explosion de l'usine AZF fait figure de péripétie avec "seulement" 2 milliards d'euros de dommages.

 

Non, l'éventuelle fusion d'un réacteur dans l'Hexagone, assortie de rejets radioactifs massifs, appartient à une tout autre espèce. De celles qui laissent un pays aux abois, comme ravagé par une guerre : des territoires entiers condamnés pour des décennies, sans doute près de 100 000 réfugiés à reloger, la production électrique en péril, une image durablement salie (tourisme, exportations)... Autant de conséquences pétrifiantes face auxquelles notre Autorité de sûreté nucléaire présentait, le 21 novembre dernier, ses premières ébauches de parades. De "premières" ébauches seulement ? Oui, mais saluons déjà cette bonne nouvelle : la France, ce pays aux 58 réacteurs, ose enfin affronter l'hypothèse d'un accident nucléaire majeur !

 

Il était temps, près de trente ans après la catastrophe de Tchernobyl et alors même que les autorités japonaises semblent toujours dépassées par les effets de Fukushima. Mais voilà : jusqu'à présent, nos pouvoirs publics avaient soigneusement éludé les scénarios catastrophes, pour des raisons mêlant confiance aveugle en l'atome français et farouche volonté de taire certaines questions embarrassantes, comme la prise en compte de ce risque dans les coûts du kilowattheure nucléaire. Et jusqu'ici, la sécurité civile s'était contentée d'établir de classiques mesures d'urgence dans un périmètre minuscule (distribution de pastilles d'iode, exercices d'évacuation). Sans se soucier, donc, des suites à donner une fois qu'un nuage radioactif aura contaminé toute une région. D'accord, ce travail d'anticipation est d'une ampleur intimidante : il s'agit ni plus ni moins d'envisager tous les détails de la vie d'un vaste territoire en crise pour des décennies.

 

Cette réflexion en amont n'en est pas moins indispensable, si l'on songe aux innombrables décisions qu'il faudrait prendre, à la fois complexes et déchirantes. Les Ukrainiens et les Japonais en savent quelque chose désormais... Au vrai, personne ne voudrait improviser à l'heure de désigner les régions que les Français devraient abandonner dans l'urgence (et les laissera-t-on revenir un jour prendre leurs affaires ?), d'autoriser ou non les éleveurs à alimenter leur bétail en zone radioactive, ou d'organiser en quelques heures la décontamination de tous les lieux publics qui peuvent l'être, en décapant trottoirs, murs, toits, en élaguant tous les arbres, en remplaçant les bacs à sable des jardins d'enfants... Au passage, il faut bien avoir cogité plusieurs années avant de trouver le moyen de traiter ces montagnes de déchets radioactifs !

 

Réaliser que la France héberge depuis un demi-siècle quantité de réacteurs sans jamais avoir planché sur ces casse-tête, voilà qui fait frémir rétrospectivement... Apprendre qu'elle commence seulement depuis peu à y réfléchir ne rassure qu'à moitié. Mais il n'est jamais trop tard pour ouvrir les yeux.

 

20/02/2013

Royal, le Milan

Royal, le Milan

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

Si les Cigognes blanches ont déjà été signalées à plusieurs reprises dans la région, il est également possible d'observer de retour de migration, un très grand et beau rapace à cette époque de l'année.

 

À l'affût dans la neige sur le plateau de Brognard, j'observe le comportement de Buses variables profitant de quelques proies abandonnées lorsque se dessine dans le ciel le vol spectaculaire et majestueux de deux milans royaux.

 

Chassés constamment par les corneilles, les milans les déjouent d'un vol acrobatique pour leur échapper. À ma grande surprise, l'un deux se pose à proximité d'une buse, le milan semblant très intéressé par la proie de celle-ci.

 

Je profite de ce bref instant pour déclencher avant que la buse ne riposte pour conserver sa place car il est assez rare que le milan royal se pose au sol. Habituellement, le milan royal effectue un vol plongeant sur sa cible.

 

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Cliché © Dominique Delfino

 

En cette fin d'hiver froid et enneigé, les animaux souffrent. Les buses notamment sont au bout de leurs réserves et ont beaucoup de mal a trouver leur nourriture. Affaiblies, elles sont victimes de collisions routières et, dans le meilleur des cas, elles sont apportées au Centre de Sauvegarde de la Faune Sauvage à L'Étoile. Buses, chauve-souris, chouettes, hérissons, la salle de soin du centre Athénas ne désemplit pas. 

Un reportage de France 3 Franche-Comté.

Macrophytes littoraux et écosystèmes lacustres

lac-Chalain004-1.jpgRôle des macrophytes littoraux dans le fonctionnement des écosystèmes lacustres

 

par Paul Testard

 

I. Introduction

 

Dans le vocabulaire limnologique, le terme de macrophytes désigne l'ensemble des végétaux visibles à l'œil nu et inféodés à des degrés divers au milieu aquatique.

 

Sous ce terme est rassemblé un patrimoine biologique commun aux spécialistes des zones humides, représenté schématiquement par des végétaux émergés, supportant une immersion partielle (hélophytes), et aux limnologues, plus directement concernés par le rôle des herbiers littoraux résultant d'associations entre des hélophytes, des végétaux immergés et flottants (hydrophytes) (figure 1). Par extension, le terme de macrophytes désigne aussi un compartiment de l'écosystème aquatique susceptible d'être intégré à des modèles globaux de fonctionnement (figure 2).

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Figure 1— Représentation schématique de la répartition des macrophytes dans la zone littorale d'un lac tempéré peu profond . au contact de formations prairiales (partie gauche de la figure) et arbustive (partie droite) (Montegur. Doc. ACTA. Tome 1, 1987).

 

Leur intervention spécifique dans le fonctionnement global des écosystèmes lacustres reste assez peu connue et peut-être sous-estimée. Il s'ajoute une difficulté analytique particulière à ces herbiers : leur association étroite avec des communautés microphytiques (algues + bactéries), qui constituent elles-mêmes la base structurelle du périphyton (ou Aufwuchs).

 

On peut concevoir que leur impact sur le fonctionnement des écosystèmes lacustres varie globalement en raison inverse de la dimension des milieux. Selon Duarte et al. (1986), une distinction doit être faite entre les hélophytes dont la biomasse et la surface de recouvrement sont proportionnelles à la surface des milieux lacustres (7% en moyenne), tandis que la biomasse et la surface occupée par les immergés diminuent d'une manière inversement proportionnelle aux dimensions des lacs. Dans la série continue des écosystèmes limniques, reliant les grands lacs aux milieux calmes et peu profonds, on peut ainsi trouver toutes les situations : depuis leur absence totale, l'existence de franges littorales ténues et dispersées, jusqu'à une occupation presque totale de l'espace en eau.

 

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Figure 2— Incidences principales de la présence des macrophytes dans la zone littorale d'un lac tempéré.

 

Pour conclure, les petits milieux et les milieux peu profonds en général, représentent en nombre et en surface totale un patrimoine naturel bien supérieur à celui des grands lacs (figure 3). Dans l'hémisphère nord en particulier, des millions de lacs ont une surface inférieure à 10 ha et une profondeur moyenne inférieure à 3 m. De ce fait, on ne peut que s'interroger sur l'importance des macrophytes dans l'économie des systèmes aquatiques continentaux.

 

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Figure 3 — Distribution numérique des systèmes lacustres en fonction de leur surface (A : tiretés) et de leur profondeur moyenne (Z : tracé bleu) (Wetzel 1990).

 

II. Conditions d'implantation

 

La présence en milieu lacustre de macrophytes enracinés est largement conditionnée par l'existence de sédiments constitués et stables (sables limoneux, argiles, vases organiques). En milieu tempéré, seules les mousses s'implantent sur des substrats rocheux, tandis que les flottants développent leurs racines dans l'eau même. L'extension des herbiers est déterminée par un ensemble complexe, souvent synergique, de facteurs morphométriques et physico-chimiques (cf. Duarte et al. 1986), voire historiques. Y sont associés : la morphologie et la pente des rives, le marnage, la nature des substrats (granulométrie et teneur en matière organique, oxygénation), la profondeur, les turbulences littorales (fetch, exposition des rives aux vents dominants), et plus spécialement pour les immergés, la turbidité de l'eau et la pression hydrostatique.

 

Les blooms phytoplanctoniques précoces et intenses en milieu eutrophe sont ainsi susceptibles d'inhiber leur développement, voire d'entraîner leur disparition (Sculthorpe 1967, Jupp & Spence 1977, Pokorny et al. 1990). Une forte charge en MES (Matières En Suspension) inorganiques a des effets identiques, avec leur remplacement éventuel par des végétaux flottants ou à feuilles flottantes (Malthus et al. 1990).

 

Enfin, envisagée sous ses aspects dynamiques, l'implantation des herbiers littoraux conduit à l'établissement de formations “climaciques” relativement peu stables ou à évolution lente. La phase pionnière de la colonisation de nouveaux milieux, quant à elle, est souvent marquée par un envahissement massif, de durée variable, par une seule espèce (Ceratophyllum, Elodea et Myriophyllum tempérées, Pistia tropicale,...). Un état d'équilibre dynamique, même en conditions de stabilité hydrologique, ne semble pouvoir être atteint qu'au terme de longues périodes (de 10 à 30 ans et plus en milieu tempéré, cf. Hutchinson 1975). Un tel équilibre s'établit en effet sur la base de processus compétitifs : entre hélophytes ou entre hélophytes et hydrophytes. Dans ce cas-ci, ce sont évidemment les variations du niveau moyen du milieu lacustre qui constituent le facteur directeur de la colonisation. Cette compétition se fonde aussi sur leur capacité relative à se développer sur des substrats anoxiques, selon leur possibilité d'entamer leur cycle végétatif en immersion prolongée, selon leur taux relatif de croissance (tiges et/ou rhizomes, filamenteuses contre hélophytes), ou sur la durée respective de leur phase végétative.

 

III. Organisation spatiale

 

Pour un certain nombre des raisons énoncées ci-avant, les macrophytes ne s'étendent qu'exceptionnellement au delà de 10 m de profondeur (jusqu'à 30 m en milieu oligotrophe), à un niveau où Iz est compris entre 0,01 et 0,02 I0 (Hutchinson 1975). À échelle plus réduite, leur implantation est déterminée au premier chef par la topographie locale et l'hétérogénéité des sols. Il en résulte souvent un système de répartition en mosaïque, où peuvent même s'interpénétrer zones d'eau libre, hélophytes et hydrophytes. Les herbiers littoraux peuvent donc constituer des structures très diversifiées, se prêtant à des analyses phytosociologiques (cf. Hejny & Husak 1978).

 

Il n'en reste pas moins que l'organisation des herbiers littoraux peut aussi s'établir suivant des schémas de zonation stricte (cf. la succession classique caricaie, phragmitaie, jonchaie, typhaie, potamaie,..) où chaque strate peut à la limite, être constituée par une seule espèce ou un seul genre, (figure 1). La salinité des eaux intérieures, enfin, constitue un obstacle à l'extension des macrophytes dulcicoles. Cette barrière n'est pas totalement étanche, lorsque les eaux sont à dominante sulfatée (calcique, sodique ou magnésienne), (Hammer & Hebeltine 1988) ; les Characées étant les moins affectées par ce type de salure des eaux (Comin & Alonso 1978).

 

IV. Biomasse et productivité

 

Sous climat tempéré, la biomasse chlorophyllienne des macrophytes en majorité annuels atteint son maximum au cours de l'été ou à la fin de l'été (juillet-août / début septembre). En l'absence de prédation ou de déprédation significatives, leur production annuelle moyenne est estimée à 1,20 fois la biomasse maximale. En milieu tropical (cas des papyrus), le renouvellement de la biomasse est continu et la production annuelle est estimée égale à 3 ou 4 fois la biomasse maximale.

 

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Les macrophytes se signalent en tant que producteurs efficaces (tableau I). Les émergés littoraux, en particulier le genre cosmopolite Phragmites sp., ou Eichornia crassipes (la jacinthe d'eau flottante), figurent parmi les meilleurs producteurs primaires de la planète. Le rendement net de photosynthèse chez des hélophytes de lacs d'Europe centrale par exemple a été estimé varier de 4 à 7%, soit des valeurs similaires à celles obtenues avec des plantes à usage industriel, cultivées intensivement (Dykyjova 1978). A titre indicatif pour le domaine tropical, la biomasse des herbiers à hélophytes du lac Tchad (Phragmites + Typha + Papyrus) a été estimée à environ 70 T/ha, et jusqu'à 180 T pour les seuls Papyrus (Lévêque 1972).

 

En milieu lacustre tempéré, cette capacité productive décroît dans la série reliant les émergés aux immergés et aux végétaux à feuilles flottantes (tableau II). L'impact des herbiers sur leur propre environnement tend donc à décroître de la zone littorale jusqu'aux niveaux les plus profonds. Les flottants de la zone tempérée sont eux-mêmes capables de réaliser une production importante. C'est le cas de la châtaigne d'eau (Trapa natans) qui produit annuellement de 5 à 7 T/ha en Italie du nord (Guilizzoni & Galanti 1989, Galanti et al. 1990).

Tableau II.jpg

Bien que l'eutrophisation d'un milieu puisse favoriser la production végétale jusqu'à provoquer une exubérance extrême des herbiers, cette production n'est pas en correspondance aussi directe et immédiate avec le statut trophique des eaux lacustres (teneur en nutriments) que ne l'est la production phytoplanctonique ou celle des algues filamenteuses.

 

Dans le lac Stechlin, oligotrophe, les Characées sont ainsi capables de produire en moyenne 5 TMS/ha et localement jusqu'à 10 T/ha ; la production du Potametum lucentis peut atteindre jusqu'à 9,8 T/ha/an. Celle des hélophytes (Typha et Phragmites) peut atteindre ou dépasser 10 T/ha/an (Casper 1980). Une partie importante des macrophytes (hélophytes, Nymphaeacées, Potamots, ...) se signale par la production d'un tissu racinaire volumineux et par la production de rhizomes riches en réserves hydrocarbonées. L'ensemble représente fréquemment plus de 50% de la biomasse maximale, jusqu'à 90% chez Pragmites. C'est chez les végétaux inférieurs les plus profonds (Characées, Isoetes) que le système “racinaire” est le moins développé.

 

V.  Influences sur l'environnement physique

 

1. Distribution de l'énergie lumineuse

 

Alors que les macrophytes flottants ou à feuilles flottantes peuvent constituer de véritables écrans empêchant toute pénétration significative de lumière, les herbiers à hélophytes et les immergés vrais interviennent dans la distribution de l'énergie suivant une loi exponentielle répondant à une relation du type:

formule 1.jpg

 où I0 désigne la quantité d'énergie parvenant au sommet de l'herbier et Iz celle atteignant le niveau z au sein de la formation végétale. Kw et Km représentent les coefficients d'atténuation de la lumière propres à l'eau et à la biomasse. M correspond au stock de biomasse située au dessus du niveau z. Il en résulte que le niveau d'éclairement à la base de denses formations d'hélophytes peut atteindre une valeur proche de la limite pour la photosynthèse (Iz # 0,01.10) ou inférieure à celle-ci (figure 4).

 

2. Influence sur le microclimat

 

Cette captation de l'énergie a pour conséquence immédiate un réchauffement diurne du biotope, jusqu'à 4-5°C au printemps, à la base des jeunes pousses d'hélophytes ou à la surface d'herbiers à feuilles flottantes par exemple, avec comme corollaire une accentuation éventuelle des cycles nycthéméraux et de la stratification thermique (jusqu'à 10°C/m dans les herbiers à feuilles flottantes ; Dale & Guillespie 1977). Le réchauffement littoral peut aussi générer des courants de convection orientés perpendiculairement à la rive suffisamment importants pour assurer un transfert d'éléments dissous au-delà de la zone strictement littorale (de 36 cm/min. en surface et de 25 cm/min. au fond et jusqu'à 130 cm/min en période de fortes chaleurs, dans le lac de Constance, Schröder 1975).

 

Toutefois, les hélophytes à leur plein développement peuvent avoir une action modératrice sur le microclimat littoral en produisant d'importantes quantités de vapeur d'eau par la transpiration et en la retenant au sein de la formation émergée.

 

3. Évapotranspiration et incidences hydrologiques

 

Les herbiers ont en effet une capacité évaporative - par évapotranspiration - en général supérieure à celle de l'eau libre. Elle est maximale chez les hélophytes pouvant atteindre en été 6 à 7 fois celle de l'évaporation d'une surface d'eau libre, soit concrètement : de 50 à 100 T d'eau évaporée à l'hectare en période estivale (Rychnovska 1978). Cette capacité se réduit chez les végétaux à feuilles flottantes chez lesquels l'évapotranspiration ne représente qu'environ 2 fois l'évaporation naturelle. Elle peut même lui être inférieure en période de vent. Ce processus d'évapotranspiration, phénomène étroitement associé à la photosynthèse, atteint son maximum au cours de l'été et peut donc jouer un rôle significatif dans le bilan hydrique de milieux peu profonds et faiblement renouvelés.

 

4. Hydrodynamisme et sédimentation

 

Les herbiers constituent des amortisseurs efficaces des turbulences littorales (réduction de 36% de la vitesse des courants côtiers dans le lac Wingra par exemple, Weiler 1978). Non seulement ils s'opposent àl'érosion des berges, mais ils constituent des pièges à sédiments efficaces, en retenant les sédiments fins en période de calme et les éléments les plus grossiers (sables) en phase de turbulences. A la limite, dans le cas d'exubérance extrême, ces herbiers s'opposent à la circulation de l'eau entre les zones littorale et pélagique, entretenant ainsi des entités fonctionnelles autonomes, confinées, au centre desquelles la sédimentation est à prédominance organique.

 

Les macrophytes littoraux génèrent leurs propres sédiments par l'accumulation de feuilles mortes, de tiges lignifiées réfractaires (hélophytes), de racines et/ou de rhizomes, voire de la quasi totalité de la plante dans les conditions de dystrophie maximale (franges littorales tourbeuses).

 

Ces deux types de processus concourent à l'exhaussement des zones rivulaires à faible pente et des bordures marécageuses en général. L'accumulation de sédiments inorganiques contribue à la formation de sols particuliers, soit acides et humifiés, à C/N très élevé # 40 (le dy) ou alcalins (le gyttja), biologiquement actifs et à C/N < 10.

 

Les herbiers sont donc des éléments moteurs de l'atterrissement des lacs peu profonds réalisé par une avancée progressive des émergés littoraux au détriment des immergés ; des sols tourbeux (alcalins ou acides) peuvent aussi se superposer au dy ou au gyttja.

 

VI. Intervention dans les cycles biogéochimiques

 

1. Impact hydrochimique en relation avec la photosynthèse

 

La participation des herbiers au bilan d'oxygène des zones littorales s'inscrit dans une alternance d'enrichissement et de consommation la fois journalière et saisonnière : enrichissement diurne et consommation nocturne par le complexe macrophytes-périphyton d'une part, et forte demande en oxygène lors de leurs phases de sénescence (septembre, sous nos climats) et détritique (octobre novembre) d'autre part. Le bilan photosynthèse-respiration peut donc être négatif. Dans le cas de très fortes densités, sous l'effet de l'absorption de la lumière, une anoxie sévère peut être entretenue continuement à la base de la formation végétale. Elle peut même s'accompagner d'un abaissement très important du potentiel redox de l'eau (Eh # -100 mv, papyraies d'Afrique orientale, Beadle 1974) et d'une production intensive de méthane (CH4).

 

Comme autre conséquence de leur activité photosynthétique, indirecte celle-ci, les macrophytes ont également un impact sur les modalités et les taux de circulation des éléments nutritifs.

 

L'action la plus facilement décelable est liée à leur capacité d'oxygénation de leur rhizosphère (cf. Sand-Jensen et al. 1982) sur des profondeurs qui peuvent, au moins chez les hélophytes, largement dépasser 20 cm, jusqu'à un mètre et plus dans certaines roselières. Cette propriété “détoxifiante” conditionne leur survie et leur développement sur des sédiments anoxiques. Sachant que le réseau racinaire (filamenteux) peut représenter de 10 à 80% de la biomasse totale, leur capacité d'oxydation des sédiments peut être considérable.

 

L'élévation du potentiel redox résultante (cf. Carpenter et all. 1983, Jaynes & Carpenter 1986) tend en principe à réduire le taux de transfert de métaux (Fe et Mn) et des nutriments sédimentaires vers l'eau libre. Toutefois, cette oxydation cesse d'être mesurable dans les sédiments anoxiques et dystrophes, à potentiel redox fortement négatif, dont ils peuvent entretenir la dystrophie par la rétention et l'accumulation de matériaux organiques réfractaires.

 

En outre, à travers leur activité photosynthétique (utilisation du CO2 ou du HCO3-), ils sont capables de modifier les équilibres carbonates-bicarbonates et d'élever suffisamment le pH de l'eau à leur contact pour provoquer la précipitation de carbonates, voire leur coprécipitation avec des phosphates.

 

2. Stockage et transferts d'éléments

 

L'évidente intervention des macrophytes dans les cycles géochimiques tient à leur capacité de stockage d'éléments inorganiques et à leur fonction de redistribution de ces éléments, extraits des sédiments et de l'eau. Ils ne sont eux-mêmes que des bioaccumulateurs transitoires, dès lors qu'il s'agit en grande majorité de plantes annuelles, à cycles végétatifs courts, prolongés éventuellement par la production de rhizomes et de racines plus durables (durée de vie estimée de 2 à 4 ans chez Phragmites et Typha , Dykyjova & Kvet 1978). On considère que les macrophytes enracinés réintroduisent dans les circuits métaboliques globaux essentiellement des éléments d'origine sédimentaire (cf. Marshall & Westlake 1978, Wetzel 1990).

 

Leur intervention exprimée en termes de bilan annuel fait apparaître une perte nette de P et d'N sédimentaires au cours de la phase végétative, renforcée éventuellement par une dénitrification induite par une surcharge organique. Ces nutriments sont pour une part recyclés in situ pendant la phase de sénescence et de dégradation de la matière organique. L'importance des transferts vers la zone pélagique est très mal connue. Il semble toutefois que les herbiers contribuent le plus souvent à l'enrichissement global des eaux lacustres (Carpenter 1980, Carpenter & Lodge 1986) quand ils ne contribuent pas à ralentir le processus d'oligotrophisation de lacs en cours de restauration (cf. Malthus et al. 1990). A l'inverse, les zones d'herbiers se signalent par un gain net de carbone sédimentaire (excrétion racinaire, accumulation passive en anaérobiose). Les pertes par méthanogénèse toujours importantes dans les zones littorales, y compris en milieu oligotrophe (Lac Stechlin, CH4<1 mmol/m2/h, Casper 1980), sont semble-t-il, sans commune mesure avec les gains de carbone par biosynthèse. En conclusion, on peut considérer que les macrophytes activent, ou réactivent, la circulation des nutriments sédimentaires (figure 5). A l'inverse, ils ralentissent celle des éléments dissous dans l'eau, normalement assimilés et recyclés rapidement en eau libre par l'association phytoplancton-bactéries.

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Figure 5 — Bilan du phosphore exprimé en kg/an, dans la zone littorale d'un lac eutrophe fortement renouvelé : le lac Wingra (Wisconsin USA). Importance des macrophytes immergés (Myriophyllum spicatum) dans les transferts entre la zone littorale (ZL) et la zone pélagique (ZP). 1 à 5, processus liés à la présence et/ou à l'activité des macrophytes. 1) assimilation, 2) transferts racines/tiges, 3) M.O. détritique, lyse cellulaire, 4) sédimentation, 5) export de P dissous. A à E, transferts directs en provenance des apports superficiels, B) par diffusion/dispersion. C & D, apports aériens solides (C) et pluviaux (D), E) export dans la zone pélagique, F) transfert en zone 4 sédimentaire profonde (<- 35 cm), C) export par les insectes, H) échanges phréatiques, I) import de P particulé (estimé). (Adams & Prentki 1982, in Naiman & Décamps 1990, modifié).

 

Bioconcentration des éléments minéraux

 

Par ailleurs, les macrophytes se signalent par une affinité particulière pour certains métaux. Pour le bore, qu'ils soient enracinés ou non, les facteurs de concentration par rapport à l'eau sont de l'ordre de 100. Il en est de même, par exemple, pour le cuivre où les facteurs de concentration se situent entre 64 et 433 (moyenne 200) et pour le zinc, concentré jusqu'à des rapports de 2000:1 (Hutchinson 1975). C'est sur la base de telles propriétés que les mousses sont utilisées en tant que bioindicateurs de pollutions métalliques (Mouvet 1986). Les macrophytes immergés semblent toutefois être des polyconcentrateurs efficaces, mais non spécifiques. Selon Guilizzoni et al. (1989), les Myriophylles et Cératophylles sont de meilleurs polyconcentrateurs que les mousses du genre Fontinalis et présentent l'avantage, en tant que bioindicateurs de pollutions, d'être plus largement répandus que les mousses.


Conditions de stockage des éléments biogènes

 

Selon Straskraba (1968), la teneur en eau des macrophytes croît dans la série réunissant les émergés (79%), ceux à feuilles flottantes (82%) et les immergés (88%). Pour Hutchinson (1975), la biomasse sèche représente en moyenne 10% du poids vif. Les teneurs en éIéments biogènes (N, P et C) décroissent depuis le carbone, de l'ordre de 40% du poids sec, à l'azote, de l'ordre de 2% et au phosphore, beaucoup plus variable, de 0,2 à 0,4% en moyenne (tableau III).

 

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On ne saurait se limiter à une vision aussi statique du processus d'immobilisation des nutriments par les macrophytes. Ils sont en mesure d'accumuler de l'azote et du phosphore en excès, bien au-delà de leurs quota de subsistance. Ceux-ci sont respectivement de 0,13% pour le phosphore et de 1,3% pour l'azote (Denny 1980). Il en résulte que leur capacité minimale d'extraction et d'immobilisation (à l'échelle saisonnière) de l'azote et du phosphore s'établit respectivement à 13 et 1,3 kg par tonne produite (MS) et par hectare.

 

Cette consommation “de luxe” est d'autant plus importante que le milieu est plus eutrophe. Elle s'inscrit dans un gradient spécifique où les Phragmites, riches en tissus de soutien, et les Lemna, lentilles d'eau nitrophiles, représentent les extrêmes. Ces dernières peuvent stocker de l'azote et du phosphore à raison respectivement, de 4 et de 1% de leur biomasse (Rejmankova, in Dykyjova & Kvet 1978).

 

Sur un plan général, les macrophytes montrent une plasticité physiologique spécifique, en relation également avec le niveau de concentration des sédiments, et suivant un mode de répartition inégal entre les parties émergée et endogée (tableau IV).

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Cinétique des transferts

 

Les flux de matière qui empruntent la voie macrophytique s'ordonnent suivant des rythmes de stockage et de déstockage (relargage) en direction tant des compartiments aqueux que sédimentaire.

 

- Au cours du cycle végétatif (figure 6)

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Figure 6 — Dynamique saisonnière de la production végétale chez deux hélophytes : Phragmites communis et Typha angustifolia (Plöhsee, Allemagne). Biomasses épigée (Bé) et hypogée (Bh), en gMS/m2. Stocks de matière organique détritique (MO). Variation journalière du taux de croissance (G), en gMS/m2/j. Variation saisonnière de la production nette globale (PN). (De Assis-Esteves 1978).

 

Ils sont conditionnés par le rythme même de la production végétale (tempéré versus tropical) et de sa redistribution alternée et successive entre la fraction érigée de la plante (gains printemps-été, pertes automnales), et endogée (pertes printanières et reconstitution estivale de réserves rhizomateuses, développement racinaire printanier).

 

Par ailleurs, la cinétique de stockage des éléments minéraux présente un décalage par rapport au rythme de croissance de ces macrophytes. L'accumulation tissulaire de nutriments est maximale au printemps et peut être plus rapide que celle de la biomasse. C'est ainsi, par exemple, qu'au cours des 45 premiers jours de leur cycle végétatif, deux hélophytes (Justicia et Typha) réalisent une production égale à 30% de leur biomasse maximum. Dans le même temps, les accroissements relatifs de stocks d'éléments minéraux sont bien supérieurs : de 60, 92, 73 et 56% du stock terminal, respectivement pour l'azote, le phosphore, le potassium et le magnésium (Good et al. 1978).

 

Enfin, au terme du cycle végétatif, ou en continu dans le cas de végétaux pérennes et tropicaux, ces éléments font l'objet d'un double transfert : d'une part dans les tissus endogés (rhizomes + racines), demeurant incorporés aux sédiments, et dans la partie détritique, d'autre part.

 

Dans les conditions normales de développement des herbiers (nénuphars et hélophytes, en particulier), cette biomasse endogée tend à s'accroître au fil des années. Son accumulation se trouve accélérée dans les conditions d'eutrophisation et peut même se poursuivre lors d'épisodes d'oligotrophisation des eaux. Il n'en reste pas moins que les herbiers constituent des systèmes largement ouverts même en cours de développement végétatif :

 

- de 10 à 20% de la production primaire, sous forme d'organes végétatifs morts, rejoignent naturellement les sédiments littoraux,

- de 1 à 10% de la production sont excrétés sous forme de COD, ainsi que 5% environ du phosphore assimilé.

 

Ces valeurs d'apparence modeste doivent être replacées dans un contexte de production massive de biomasse (cf. ci-avant) sous une faible épaisseur d'eau. Ces apports constituent le support pour une intense activité microphytique à la fois autotrophe et hétérotrophe.

 

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Figure 6 — Dynamique saisonnière de la production végétale chez deux hélophytes : Phragmites communis et Typha angustifolia (Plöhsee, Allemagne). Biomasses épigée (Bé) et hypogée (Bh), en gMS/m2. Stocks de matière organique détritique (MO). Variation journalière du taux de croissance (G), en gMS/m2/j. Variation saisonnière de la production nette globale (PN). (De Assis-Esteves 1978).

 

Il s'y ajoute la diffusion transracinaire de COD, celui-ci constituant un support utilisable pour une activité selon les cas nitrificatrice (substrats bien drainés) ou dénitrifiante parfois considérable (substrats eutrophes-dystrophes).

 

- Au cours de la phase détritique

 

Dès lors qu'ils sont généralement peu consommés à l'état vivant (tempéré), les herbiers participent aux flux de matière, principalement sous forme de matière organique détritique.

 

Schématiquement, la mise en circulation de matière organique particulaire (MOP) et dissoute (MOD) permet d'étendre la zone où les organismes lacustres peuvent exister et survivre, en particulier en dessous de la zone euphotique des lacs où dominent des communautés détritivores et hétérotrophes. Les herbiers littoraux participent à l'entretien de ce stock assimilable, exploité par étapes successives et itératives (colonisation bactérienne et fungique, fragmentation, filtration, digestion, resuspension des egesta, attaque bactérienne,...) in situ et lors de son transfert vers le domaine pélagique.

 

Les macrophytes représentent un réservoir assez considérable de MOD (en moyenne de 20 à 40% du poids sec, 30% chez les Nymphaeacées), sous forme d'hydrocarbones, de protéines hydrosolubles et d'acides aminés, libérés en totalité dans le milieu en l'espace de quelques dizaines d'heures après la mort des tissus. Cette libération est la première étape et sans doute la plus importante, d'une éventuelle contribution de la zone littorale aux bilans du carbone et des nutriments des eaux libres, son importance étant fonction du degré de confinement du secteur littoral par rapport au secteur pélagique.

 

La restitution à l'environnement des éléments biogènes hydrosolubles (nutriments + carbone) lors de la lyse cellulaire, suit une séquence régulière par la libération successive de phosphore, de carbone et pour finir d'azote (essentiellement sous forme de NH4+). La mort des macrophytes tend donc à provoquer la relance successive des productions bactérienne et algale. L'activation de la flore bactérienne est perceptible après seulement quelques jours et prépare d'une manière optimale l'attaque du résiduel particulé. Des poussées algales préautomnales ou automnales peuvent en outre être observées dans les zones littorales, même parmi les détritus, dès le début de la dégénérescence des herbiers. L'étape suivante est représentée par la dispersion du résidu particulé fortement cellulosique, initialement à forte valeur du rapport C/N (>10). Faiblement consommée in situ, cette fraction détritique particulaire peut être exploitée comme dans les eaux courantes à une distance éloignée de son lieu d'origine - en fonction de sa taille - tout en subissant dans son parcours une double érosion : dimensionnelle, jusqu'à la dimension colloïdale, par effets mécaniques du broyage ou sans doute davantage par les turbulences, et biochimique par une simplification progressive de sa structure moléculaire sous l'action des exoenzymes bactériens.

 

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 Figure 7 — Évolution temporelle des stocks d'azote et de phosphore d'origine hélophytique (Scirpus fluviatilis), dans la zone littorale du lac Goose (Iowa, (USA). 1 et 2, août et novembre 1974 ; 3, juin 1975. Bilans de circulation entre la biomasse, les rhizomes, les tiges mortes issues de cette biomasse (M.O. dr.), la litière progressivement accumulée et l'eau libre. Données en g/m2. La litière présente un enrichissement significatif en azote et en phosphore au cours du printemps. (Davis & Van Der Walk 1978, modifié).

 

Au cours de sa transformation, cette MOP connaît assez régulièrement un enrichissement en azote, d'apparence paradoxale (figure 7). Celui-ci peut s'expliquer par deux voies : celle d'une réduction relative de la fraction cellulosique (production d'hydrocarbones hydrosolubles par les cellulolytiques) et celle d'un enrichissement périphérique en microphytes (décomposeurs surtout, et algues au contact des flux de nutriments produits par les cellulolytiques et minéralisateurs). La décomposition de la MOP résiduelle est un processus lent, au cours duquel sont régulièrement réalimentés les compartiments organiques (sous forme de MOD) et nutritifs. Le résidu particulé se décompose à un rythme variable ( t< ou >un an), selon le climat, la nature des tissus, la taille des détritus et leur résistance mécanique (cellulose ou lignine). Les immergés, succulents ou herbacés, sont plus rapidement fragmentés et minéralisés que les hélophytes ligneux. Dans tous les cas, la cinétique de disparition de la matière organique particulaire est fonction des conditions locales. Elle dépend plus précisément des turbulences littorales, de la température et de l'oxygénation de l'eau (la vitesse de dégradation est considérablement plus élevée en aérobiose), du pH de l'eau ou des sols lacustres (zones palustres), et plus particulièrement enfin, en fonction de la concentration en NO3 de l'eau et/ou de la teneur tissulaire initiale en azote.

 

C'est donc dans les milieux oligotrophes ou dystrophes froids et acides que la minéralisation de la MOP d'origine macrophytique est la plus lente.

 

En moyenne, le taux de décomposition initial de la MOP d'origine hélophytique est de l'ordre de 1% par jour et décroît exponentiellement au cours du temps (figure 8).

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Figure 8 — Décomposition de la matière organique d'origine hélophytique dans deux lacs froids (lacs Goose et Eagle, Iowa, USA). Les 100% correspondent aux stocks au temps T0. La zone hachurée correspond à la repousse des herbiers l'année suivante. (Davis & Van Der Walk 1978).

 

La fraction organique la plus réfractaire (lignine et tissus humifiés) quant à elle, est décomposée en particulier sous climat froid, à raison de quelques % par an seulement. À la limite (acidification, anoxie et anaérobiose), le blocage de la minéralisation du carbone peut conduire à une accumulation continue de la matière organique par humification.

 

En définitive, les macrophytes sont beaucoup plus impliqués dans les cycles hétérotrophes et détritiques que ne le sont les algues dont la stratégie est différente: les stocks instantanés de biomasse phytoplanctonique sont toujours faibles et la fraction non consommée rapidement dégradée. Les macrophytes participent à la régulation des flux nutritionnels en fonction de la biomasse produite, le plus immédiatement en direction des bactéries minéralisatrices et secondairement des algues phytobenthiques ou phytoplanctoniques. Les bactéries interviennent à tous les stades de sa transformation, offrant ainsi une ressource aux filtreurs, sous forme d'agrégats homogènes ou associées aux microdétritus filtrables, à des moments où la production du phytoplancton est en déclin (fin d'été) ou n'a pas encore atteint un niveau suffisant (début du printemps). Il demeure que la contribution des herbiers à la charge interne organique et inorganique des zones pélagiques lacustres est liée à leur étendue mais aussi au degré de confinement des zones littorales par rapport aux eaux libres. L'essentiel des transferts vers les eaux libres semble s'effectuer en général sous la forme de MOD (Wetzel 1990). Celle-ci représente dans les eaux douces un stock de réserve organique supérieur de plusieurs ordres de grandeur au compartiment particulé (de l'ordre de 9:1).

 

Le recyclage in situ des éléments biogènes peut néanmoins être plus importante que les flux de transfert en direction des zones de liaison littoralo-pélagiques. La résultante en est la formation de secteurs littoraux ou marginaux constamment plus eutrophes que des zones voisines plus ouvertes. C'est le cas du lac de Constance (Bodensee) où coexistent des zones eutrophes (45 mg/l de P, en moyenne) densément peuplées et des secteurs mésotrophes (18 mg/l) non colonisés (Schröder 1975). Ce confinement littoral est responsable de perturbations éventuelles dont la plus commune est le développement de fleurs d'eau à filamenteuses. Dans des milieux de faibles dimensions, c'est toute la masse d'eau qui peut présenter un enrichissement significatif(cf. Carpenter 1980). Les lacs de Loosdrecht (Pays-Bas), par exemple, présentent ainsi un enrichissement important en phosphore (concentration multipliée par 5 ou 7 entre l'été et le début de l'automne, en l'absence d'apports par les affluents (Malthus et al. 1990). Les hélophytes littoraux constituent aussi le filtre primaire des imports inorganiques et organiques d'origine terrestre et/ou palustre.

 

Dans les zones humides sensu stricto où l'accumulation de matériaux organiques particulaires est associée à une libération de matériaux colloïdaux et dissous (polymérisés ou non, à noyau aliphatique et/ou aromatique), ces formes lessivables transitent par la zone littorale des lacs où elles sont utilisées par un compartiment bactérien aérobie important, entretenu par le complexe végétal. Ce compartiment agit à la manière d'un filtre en métabolisant la fraction assimilable ou hydrolysable, sans véritablement modifier le stock d'éléments réfractaires (Wetzel 1991). Cette composante colloïdale et réfractaire, représentée typiquement par les acides humiques, est dotée d'un pouvoir adsorbant et/ou complexant vis-à-vis des nutriments (N et P), du Fe3+ et du Ca2+ , mais aussi des exoenzymes bactériens. Ces colloïdes assurent le transport à distance de ces éléments. Ce transport favoriserait ainsi la libération au sein de l'écosystème lacustre des ions mobilisés et la réactivation à terme des enzymes lors de la dislocation (par photolyse U.V.) des structures colloïdales et aromatiques (polyphénoliques) qui constituent l'édifice humique.

 

Pour conclure, dans le cadre des cycles biogéochimiques propres au milieu lacustre, la fonction initiale et prédominante des macrophytes est d'activer les transferts entre les sédiments et l'eau. Ils agissent ensuite comme une membrane dialysante au profit de la zone littorale des lacs. En tant que régulateurs des flux nutritionnels (C, N, P), ils se comportent comme des sédiments, au rythme près de la fréquence de restitution des réserves accumulées. Celles-ci se répartissent diversement entre les zones palustres (lorsqu'elles existent) et pélagiques, selon la quantité de matières produites de part et d'autre de la zone de marnage, en fonction de l'hydrodynamisme local, et selon la nature de ces produits et de leur biodégradabilité.

 

VII. Relations macrophytes-microphytes

 

1. Le périphyton

 

La composante algale du périphyton est en général largement dominée par les Diatomées pennées, surtout en période froide, de l'automne au printemps en zone tempérée, suivies, selon le degré de trophie, par une dominance estivale de Chlorophycées et/ou de Péridiniens et éventuellement de Cyanobactéries ou de filamenteuses (voir par exemple la figure 9). Lorsque le périphyton développe des séquences saisonnières de dominance analogues à celles observées chez le phytoplancton, il s'en distingue toutefois, soit par la relative constance de sa biomasse selon Wetzel (1990), ou par sa rythmicité saisonnière particulière induite par les macrophytes (maxima printaniers et automnaux), par son caractère concentré et par l'hétérogénéité de sa distribution spatiale : selon le niveau d'eau, la proximité des sédiments (favorable aux Cyanobactéries), l'exposition aux turbulences et la nature du support.

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Figure 9 — Exemple de successions saisonnières au sein du phytoplancton pélagique et du périphyton associé à diverses formations végétales (étang d'Opatovicky, Bohême du Sud). (Marvan et al. 1978).

 

Le périphyton constitue un sous système composite (éléments planctoniques + benthiques) largement accessible aux invertébrés brouteurs mais aussi aux microconsommateurs, en raison de la présence continue de stocks importants de Diatomées et de bactéries.

 

2. Symbioses ou antagonismes

 

Dans le jeu multiple de restructuration des communautés et de réorientation des flux de matière assumé par les herbiers, il est nécessaire d'inclure les algues et bactéries du périphyton qui leur sont étroitement associées : physiquement (effet de surface, implantation dans un film de matière organique amorphe) et physiologiquement (exploitation immédiate des excreta). Il s'agit sans doute d'une symbiose incomplète dès lors que les épiphytes n'exploitent qu'une partie du P excrété par les plantes supports : moins de 10% du P, selon Sculthorpe (1967), Carpenter & Lodge (1986) ; de 60 à 65%, selon Wetzel (1990). Quoi qu'il en soit, le périphyton constitue une membrane semi-perméable s'opposant à la diffusion totale des exsudats dans l'eau libre. Par ailleurs, à travers le processus d'excrétion de carbone organique sous forme dissoute (de 1 à 10% de la production des immergés, Carpenter & Lodge 1986), la production bactérienne se trouve relancée par rapport aux eaux pélagiques. Enfin, selon Sand-Jensen & Borum (1991), une compétition semble pouvoir s'établir entre le périphyton et les macrophytes pour la captation du carbone inorganique dissous dans l'eau, en particulier dans des eaux chargées en Ca2+.

 

Dans un bilan coûts-bénéfices de cette “symbiose” (cf. Hutchinson 1975), le périphyton assurerait une protection passive des végétaux supports contre les brouteurs (Carpenter & Lodge 1986). Sa plus grande accessibilité aux brouteurs, en raison de sa faible taille, se trouve compensée par une production de biomasse importante : de 4 à 93% de la production des macrophytes hôtes, résultant d'une capacité de renouvellement de sa biomasse (P/B) bien supérieure à celui des macrophytes et comparable à celle du phytoplancton, en raison de la similitude de sa composition en taille. En contrepartie, une croissance excessive d'épiphytes volumineux (Cladophorales filamenteuses, en particulier) en conditions d'eutrophie, peut être inhibitrice du développement des macrophytes (cf. Sand-Jensen & Soongard 1981). C'est seulement dans de telles conditions que le broutage (par des mollusques, des Cyprinidés et des larves d'insectes) assure une protection aux macrophytes.

 

Il demeure par ailleurs qu'à l'intérieur du réseau relationnel macro-/microphytes, les macrophytes les plus littoraux (hélophytes et à feuilles flottantes), en captant la lumière, inhibent le développement à la fois du phytoplancton et du périphyton. Cette inhibition prend une allure saisonnière en relation avec le développement de l'appareil foliaire (Dykyjova & Kvet 1978). Cette association oscille en fait autour de schémas saisonniers où la cinétique de production semble être contrô1ée le plus souvent par les macrophytes (figure 10).

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Figure 10 — Relations entre la production nette des tiges de Phragmites (DW, en kgMS/m2) et la production brute (O2, en g/m2/j) du phytoplancton (colonnes vides), du périphyton (colonnes sombres), l'indice de surface foliaire (LAI. en m2/m2) ou la hauteur des macrophytes (h, en cm). Incidence de l'absorption de l'énergie (PhAR) par les macrophytes sur la production algale. (Étang d'Opatavicky, Tchécoslovaquie). (Komarkonta & Marvan 1978).

 

On observe régulièrement sous climat tempéré des cycles biphasiques avec deux maxima, un maximum printanier et le second automnal, aux limites du cycle de développement des macrophytes (Westlake 1972). Il reste à hiérarchiser les facteurs du déclin estival, à savoir : l'ombrage, la compétition et le broutage. Si le bilan global de production primaire littorale (macrophytes + périphyton + phytoplancton) dépasse en général celui de la production pélagique, il n'y a pas nécessairement compensation quantitative de la réduction de la production phytoplanctonique par celle du périphyton. On peut observer, dans le cas de milieux eutrophes (Komarkova & Komarek 1975), que la somme des productions du périphyton et du phytoplancton littoral peut être inférieure à celle du phytoplancton pélagique. Il en va différemment en milieu mésoeutrophe (lacs de Mazurie, Pologne) où les deux productions sont équilibrées (Pieczynska & Szczepanska 1966).

 

VIII. Les macrophytes en tant que ressource nutritionnelle

 

D'une manière similaire aux herbiers marins littoraux, les macrophytes lacustres, globalement, sont relativement peu consommés àl'état vivant. Leur accessibilité et leur valeur nutritionnelle sont inférieures à celle des algues en raison de la forte proportion de cellulose dans leurs tissus, quand ils ne sont pas lignifiés et peu consommables.

 

Une valeur de consommation moyenne des immergés, de 10 à 20% de la biomasse, est souvent avancée bien que de telles estimations soient difficilement généralisables, tant ils sont exposés à une exploitation intensive par des oiseaux (Anatidés), des mammifères (ragondin, rat musqué), certains poissons (carpe chinoise, Tilapia) ou par quelques invertébrés de grande taille (écrevisses). Les émergés considérés globalement subiraient quant à eux un prélèvement encore plus faible, inférieur à 10% de la biomasse produite annuellement. En fait, les herbiers peuvent être localement très largement utilisés ou même être consommés en totalité (cf. Gaevskaya 1969, Weller 1978, Lodge et al. 1985, Carpenter & Lodge 1986, Lodge & Norman 1987). Par ailleurs, les macrophytes font l'objet d'une consommation diffuse - sans que soit affectée leur vitalité - par de nombreux petits Invertébrés. Gaevskaya (1969), par exemple, a recensé 499 espèces d'invertébrés eurasiatiques dont 78% sont des consommateurs exclusifs de macrophytes littoraux. En définitive, la multiplicité d'actes mécaniques vulnérants que subissent en particulier les hydrophytes ne peut qu'accentuer la libération de MOD dans le milieu. Ce phénomène ne saurait évidemment être appréhendé d'une manière simple et n'a jamais donné lieu à des estimations quantitatives. Ces quelques éléments tendent à montrer que les macrophytes vivants ne sauraient être considérés systématiquement comme un simple appoint nutritionnel aux communautés animales locales.

 

IX. Les macrophytes en tant qu'habitat. Relations avec les communautés vivantes

 

Les herbiers littoraux occupent des espaces fluctuant en étendue entre les domaines terrestre et aquatique. Les habitats qu'ils constituent sont de nature composite tant au plan de la structure physique que des ressources.

 

1. Les macrophytes et la capacité d'accueil des milieux

 

Les herbiers ont en commun d'accroître considérablement la capacité d'accueil du milieu : leur surface développée peut être considérablement accrue par rapport au seul substrat inerte. L'effet de surface est maximal dans les herbiers immergés : par exemple 4 m2/m2 en moyenne et jusqu'à 46 m2/m2 dans des herbiers mixtes à Potamots et Élodées du lac de Mikolajski (Pieczynska 1976) ou encore 24 m2/m2 dans les herbiers immergés du lac Lawrence (Burkholder & Wetzel 1990). On retiendra de ce fait que la contribution du périphyton microphytique à la productivité des milieux n'est pas reliable directement au taux de recouvrement des herbiers ni même à leur biomasse. Dans le lac Lawrence par exemple, où les herbiers n'occupent que 12% de la surface totale, les algues épiphytes contribuent pour 80-85% à la productivité primaire totale (Wetzel 1990).

 

2. Organisation des communautés d'Invertébrés

 

Le complexe macrophytes-périphyton héberge et entretient une mosaïque de faunes ou de communautés de Protozoaires, de microinvertébrés et de macroinvertébrés, sessiles ou mobiles et libres, inféodées parfois à des associations macrophytiques particulières, voire à une seule espèce.

 

La microfaune sessile

 

Sous ce terme, sont rassemblés des organismes reliés à leur support par un pédoncule ou encore adhérant simplement au substrat et disposant ainsi d'une certaine autonomie de déplacement. Cette microfaune, constitutive du périphyton, réunit des protozoaires (Péritriches, Suctoria), des Gastrotriches, des Turbellariés Rhabdocoeles et des Rotifères.

 

Epiphyte dans son ensemble, cette faunule peut néanmoins coloniser des substrats inertes, tandis que quelques espèces sont hautement sélectives, comme le Rotifère Ptygura beauchampi strictement inféodé aux Myriophyllum, (Wallace 1978).

 

Les communautés héléoplanctoniques

 

Outre ces éléments épiphytes, les herbiers hébergent et entretiennent une microfaune libre pouvant se différencier entre les hélophytes et les hydrophytes, parfois typique des divers éléments de la zonation ou des mosaïques. Coexistent ainsi parmi les microcrustacés, des planctoniques vrais, filtreurs typiques (Daphniidés et Bosminidés), et une microfaune d'affinités benthiques (Cladocères Sididés et Chydoridés, Ostracodes, Cyclopoïdes benthiques et Harpacticides), de comportement racleur-filtreur, se nourrissant du micropériphyton phytobactérien, ou même détritivore.

 

À cet ensemble composite ou héléoplancton, sont mêlés des Rotifères spécifiquement littoraux et des pélagiques, des protozoaires ciliés et des microturbellariés microphages et prédateurs.

 

Si la richesse spécifique globale de l'héléoplancton est sensiblement équivalente ou supérieure à celle du zooplancton, sa diversité spécifique est variable selon les milieux, selon la présence ou l'absence de poissons planctonophages et selon la saison. Son abaissement correspond à un renforcement de la structure de dominance au sein du peuplement, illustré éventuellement (figure 11) par la réussite d'espèces d'origine pélagique (g. Bosmina et Ceriodaphnia, entre autres), (Pieczynska 1976, Lehtovaara & Sarvala 1984).

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Figure 11 — Répartition des biomasses zooplanctoniques dans un gradient décroissant (de la zone 1 à la zone 3) de la densité d'un hélophyte (Equisetum fluviatile), dans la zone littorale du lac Päajärvi (Finlande). Variations interannuelles des biomasses (1978-1980), exprimées en gC/m2 (courbe supérieure) et en gC/m3 (graphe inférieur, noir). Bosmina domine en 1978 et 1980, Ceriodaphnia en 1979. Le cycle bimodal de 1979 est dû à un effet de dilution par les eaux pélagiques, à la suite d'une crue estivale exceptionnelle. La faible représentation du zooplancton pélagique (zone 3) est attribuée à la prédation par les poissons. (Lehrovaara & Sarvala 1984).

 

Par ailleurs, l'héléoplancton occupe le milieu suivant un mode fortement agrégatif (nuages, mosaïques), indépendant éventuellement de la composition des herbiers (figure 12). Il est sujet à de larges fluctuations de biomasse, d'abondance numérique et de composition, associées à la phénologie des herbiers et à l'augmentation progressive de leur confinement au cours du cycle végétatif.

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Figure 12 — Structure et densité des peuplements de Cladocères (n ind./l). en relation avec la composition des herbiers du lac Mikolajskie, en août 1971. (Gliwicz & Rybak 1976).

 

Les herbiers à Characées abritent des communautés particulières, sans que l'on sache véritablement si l'organisation de ces communautés procède de la structure architectonique de l'herbier, de la nature du périphyton ou qu'elles résultent d'une action répulsive spécifique, largement démontrée en laboratoire (émission d'alkyl-sulfures), Une action discriminante similaire vis-à-vis d'éléments planctoniques (microcrustacés, larves de Culicides,...) ou même périphytiques, est attribuée également à l'algue filamenteuse Cladophora glomerata, aux Elodées, aux Myriophylles et Cératophylles émettrices de substances phénoliques répulsives.

 

Les communautés macrobenthiques

 

Les herbiers littoraux modérément denses abritent et entretiennent une riche faune de macroinvertébrés relativement bien connue dans sa composition (cf. Tachet et al. 1980), moins bien connue toutefois quant à son organisation et sa dynamique. L'enrichissement numérique et en biomasse par rapport aux espaces littoraux découverts semble toutefois être la règle (cf. Soszka 1975), (figure 13). Cette faune réunit un ensemble d'espèces couvrant un large spectre trophique : soit des algivores ou plus rarement des macrophytophages, des brouteurs-racleurs de périphyton et/ou détritiphages, accompagnés de leurs prédateurs également invertébrés.

 

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Figure 13 — Comparaison de la structure et de la densité du zoobenthos, dans des stations colonisées (A) ou non (B), par des hydrophytes de la zone littorale du lac Mikolajskie. (Wiktonak 1974. In Pieczynska 1976).

 

On n'observe pas en général, de relation stable entre la composition du macrozoobenthos mobile et celle des herbiers, qu'ils soient mono- ou plurispécifiques. Ce sont seulement les Gastéropodes qui présentent une ségrégation nette et permanente entre les zones à hélophytes et à hydrophytes (Lodge 1986). C'est aussi le cas des Chrysomélides (Coléoptères) adultes et larves, des chenilles de Pyralidés (Lépidoptères) ou certains Chironomides (Diptères) associés assez strictement à des hélophytes.

 

Les herbiers littoraux constituent aussi parfois un support privilégié pour des macroépiphytes grégaires (Dreissena, Lamellibranche fixé, figure 14), ou coloniaux : Bryozoaires, Éponges et Hydraires. Lorsqu'ils sont pris en compte, ce sont les Nématodes qui constituent la part numériquement la plus importante de leur faune associée. Ils sont suivis par les Chironomes et Oligochètes (Naïdidés périphytiques & Tubificidés fouisseurs), puis par d'autres insectes à larves aquatiques (Diptères autres que les Chironomes, Ephémères, Trichoptères, Mégaloptères, Odonates,...) ou complètement aquatiques, à capacité variable de migration par la voie aérienne (Hémiptères et Coléoptères). Habitat spécifique des écrevisses (d'avril à octobre), les herbiers peuvent localement héberger des Asellidés détritiphages (Isopodes) et plus rarement des Gammaridés (Amphipodes). Alors que les Dreissènes peuvent envahir les herbiers littoraux (cf. Stanczykowska & Lewandowski 1993), les autres Lamellibranches filtreurs sont faiblement représentés (Sphéridés de petite taille). La faune malacologique peut être représentée par un nombre significatif d'espèces de Gastéropodes et constituer des biomasses importantes. Ils entretiennent eux-mêmes une faune d'Hirudinées prédateurs en quantité parfois significative. Les zones littorales sont aussi le site privilégié de concentration des Hydracariens partiellement ectoparasites (larves).

 

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Figure 14 — Importance de la colonisation des macrophytes littoraux (V) par le Lamellibranche fixé Dreissena polymorpha, dans 24 lacs polonais du District de Mazurie. (Recomposé d'après les données de Lewandowski 1982, In : Stanczykowska & Lewandowski 1993).

 

Il est simple d'opposer cette diversité des faunes littorales au zoobenthos profond constitué d'une manière uniforme d'organismes fouisseurs : Chironomes, Tubificidés (Oligochètes), et Nématodes accompagnés parfois de Lamellibranches filtreurs. On relève toutefois qu'en milieu tropical (Beadle 1974), où les macrophytes sont plus largement consommés, la faune des formations denses (papyraies, par exemple), s'appauvrit considérablement par rapport à des stations plus ouvertes ou moins denses. Ce type de milieu est sélectif au point d'en limiter la pénétration à quelques invertébrés capables de respirer à la surface (des mollusques, Chironomes et Culicidés), ou de développer un métabolisme anaérobie (l'Oligochète Alma emini), ainsi qu'aux seuls poissons à respiration aérienne (Protoptères et Clarias).

 

Au plan général, ce zoobenthos littoral est exploité en parts variables par les poissons, souvent sur la base de migrations nocturnes (tempéré) et par des consommateurs terrestres (oiseaux), in situ et en milieu aérien lors des émergences (insectes). La position du macrozoobenthos sur les divers substrats et/ou leur mobilité les rendent plus accessibles aux poissons (Cyprinidés) que le zoobenthos fouisseur des zones profondes.

 

Les communautés de Vertébrés

 

Les zones marécageuses et les herbiers littoraux constituent aussi un habitat permanent ou transitoire pour des Vertébrés terrestres (nombreux oiseaux, micromammifères, reptiles), amphibiontes (batraciens) ou aquatiques (poissons). Ces vertébrés peuvent d'ailleurs se remplacer au cours des cycles hydrologiques (avancée des poissons en période de hautes eaux et des Vertébrés terrestres lors des basses eaux).

 

Rares sont les poissons tempérés qui soient strictement inféodés au stade adulte à l'habitat macrophytique, en dehors de la phase de reproduction des éléments phytophiles. Par ailleurs, la multiplicité des ressources disponibles favorise les Cyprinidés omnivores. Ces herbiers enfin, offrent des conditions optimales pour la réussite des éclosions, la maturation des alevins et leur protection contre les prédateurs ichthyophages.

 

Les herbiers constituent ainsi un habitat spécifique dont la capacité d'accueil, les stocks, la diversité et la richesse spécifiques sont le plus souvent supérieures aux zones littorales restées minérales (Pieczynska 1990). Ils sont en outre responsables d'une diversification de fonctions (“niches”) assumée à la fois par des animaux terrestres et aquatiques, que ceux-ci soient inféodés strictement au milieu ou en stationnement obligé dans ce type d'habitat. Ces deux entités (communautés) largement interdépendantes s'interpénètrent à l'intérieur de ces franges écotonales. Elles participent éminemment à une redistribution des ressources de part et d'autre de l'interface.

 

X. Discussion

 

Les herbiers à macrophytes occupant la périphérie des milieux lacustres, constituent des ensembles parfaitement identifiables et assimilables sans ambiguïté à des écotones. Au sein de l'interface terrestre/aquatique, ces macrophytes constituent le “lieu géométrique” des sous-systèmes particuliers qui en assurent la pérennité : réserve hydrique/atmosphère, sédiments/eau, nutriments/microphytes, périphyton/héléoplancton, périphyton/brouteurs, zooplancton/alevins, détritus/consommateurs, détritus/décomposeurs. Leur discontinuité structurelle et fonctionnelle par rapport aux écosystèmes adjacents est aussi une marque d'identification d'un véritable écotone (cf: Shugart 1991).

 

Les herbiers intègrent la variabilité d'une zone de balancement entre deux systèmes de nature totalement différente, porteurs de contraintes éminemment contrastées ou dissymétriques. Ainsi, la contrainte hydrique conditionne à elle seule la mise en place, la dynamique spatio-temporelle et la pérennité de ce type de formation. La contrainte terrestre (géomorphologique) semble avoir un impact limité à son organisation interne. Ces contraintes s'équilibrent lorsqu'il s'agit d'en délimiter l'étendue. Enfin, la contrainte terrestre redevient prédominante lorsqu'elle conduit à une surcharge eutrophisante des habitats lacustre et périlacustre.

 

Historiquement, le jeu de ces contraintes s'est avéré très sélectif. La richesse spécifique des macrophytes aquatiques est en effet considérablement plus faible que celle de leurs homologues strictement terrestres. Par ailleurs, les formations à forte résilience - envahissantes ou non - sont constituées pour une part très importante d'éléments (genres ou espèces) à tendance cosmopolite ou couvrant des espaces géographiques ou climatiques transcontinentaux.

 

Sur quelles bases peut s'établir la stabilité de tels écotones ? La plus importante nous paraît être le renouvellement des ressources qu'elles concourrent elles-mêmes à mobiliser, plutôt que tout autre mécanisme interne spécifique à ce type de formation.

 

Le renouvellement et/ou l'autorenouvellement de leurs ressources (hydriques, édaphiques, nutritionnelles) en conditions optimales d'éclairement situent en effet les macrophytes littoraux (hélophytes) parmi les producteurs les plus efficaces de la biosphère (tableau I).

 

Il n'en reste pas moins que ces assemblages hautement spécialisés et paucispécifiques (Hutchinson 1975) sont fragiles. Leur déclin, au moins en Europe (De Nie 1987), dans un contexte généralisé d'eutrophisation, de manipulation des flux hydriques dans leur bassin versant (drainage), voire le tourisme, concourrent à une déqualification des paysages périlacustres et à un déficit global en matière de diversité et de productivité biologiques.

 

Ces écotones paraissent théoriquement les plus aptes à fournir des réponses dynamiques de type “hystéresis” (Shugart 1990), en réponse à des fluctuations hydrologiques progressives et réversibles (Weller 1978). Par contre, ils produisent des réponses de type chaotique sous les impacts déstabilisants totalement exogènes comme l'eutrophisation, l'acidification ou encore la prédation. Enfin à l'échelle historique, ils présentent la particularité de développer une stratégie à double effet, apparemment contradictoire, concrétisée par le processus d'atterrissement. L'exhaussement par accumulation de matériaux, y compris végétaux, correspond à une “stratégie” d'échappement à la contrainte hydrique. Concrètement, elle conduit pourtant à une avancée sur le domaine proprement aquatique.

 

Dans le cas du passage au marais et à l'atterrissement, ce sont les processus internes à l'écotone fondateur qui constituent la base “stratégique” conduisant à une formation nouvelle, climacique éventuellement, et dotée d'un mode de fonctionnement autonome entretenu par son propre confinement. Ce qui précède correspond à une vision d'échelle relativement restreinte, sans doute schématique et faiblement représentative de l'immense variabilité des situations concrètes où le confinement hydrologique en relation avec la géomorphologie, la nature du bassin versant et son climat, présentent une infinité de combinaisons, dont la résultante la plus commune en termes d'écologie du paysage est la formation de zones humides (sensu lato) qui elles ne sont pas forcément adjacentes à des systèmes lacustres constitués et permanents. Leur degré de connectivité avec le milieu pélagique est aussi une donnée significative pour le fonctionnement du milieu récepteur.

 

La conduite séparée ou asynchrone des études sur les deux types d'écosystèmes, palustre et littoral, contribue à entretenir un certain nombre d'incertitudes. Il demeure qu'une meilleure coordination des recherches ne saurait à elle seule assurer une pleine compréhension des processus écologiques, de leur nature et de leur intensité, qui régissent les interrelations entre zones humides, franges littorales colonisées et écosystèmes lacustres proprement dits. Ceci tient surtout au nombre considérable et à la diversité des milieux concernés ainsi qu'à leur distribution sur de vastes étendues. Les grands lacs, comparables à des “mers intérieures” et pratiquement dépourvus de macrophytes sont en nombre très limité et répartis inégalement entre les deux hémisphères. A l'opposé, les milieux lacustres colonisés par les macrophytes sont représentés par des millions de cas et distribués essentiellement dans l'hémisphère nord, suivant un gradient sud-nord de profondeur décroissante.

 

Une ultime approche du problème, à une échelle appropriée (mondiale), consiste comme l'a fait Wetzel (1989) à évaluer d'une manière indirecte le nombre d'écosytèmes lacustres soumis à l'influence de leur environnement immédiat (littoral) et/ou de leurs annexes palustricoles (figure 15). De fait, cette distinction entre environnements proche et éloigné établie par Wetzel (op. cit.), sur des rapports d'étendue entre les différentes composantes, palustre, littorale et pélagique, révèle àl'évidence que le compartiment macrophytique est un constituant à part entière des écosystèmes lacustres continentaux. La limnologie, telle qu'elle s'est constituée - autour des grands lacs - ne semble pas avoir pleinement rendu compte de la complexité du fonctionnement de ces “écocomplexes” que sont, à quelques exceptions près, les systèmes aquatiques continentaux. Sur un plan général, l'appréciation du rôle des macrophytes dans les écosystèmes est positive et basée d'abord sur leur fonction régulatrice et diversificatrice des systèmes écologiques.

 

Le point d'équilibre entre le développement de l'écosystème et la survie de nombreux organismes passe dans de très nombreux cas par la dynamique des macrophytes (cf. Carpenter 1981 et 1988). Leur disparition (hypereutrophie) ou la simplification des communautés (cas de l'acidification des eaux) entraînent inévitablement une réduction du potentiel productif des milieux concernés et une réduction de la diversité écologique locale ou régionale. Par ailleurs, ils peuvent présenter un intérêt économique. La présence et le développement contrôlé des herbiers littoraux sont souhaités pour la pisciculture en étang. Les herbiers à macrophytes constituent aussi un moyen naturel d'épuration des eaux superficielles, à travers la pratique du lagunage ou enfin, un instrument de dénitrification des eaux phréatiques. Localement (zones tropicales), ils peuvent constituer une ressource économique directe et importante (Little 1979).

 

De tels avantages s'annulent dans tous les cas d'exubérance incontrôlable de végétaux flottants et/ou immergés. L'envahissement de toute la zone intertropicale par la jacinthe d'eau ou les Salvinia en est l'illustration la plus significative. Des immergés, Cératophylles, Myriophylles, Elodées, et les algues filamenteuses peuvent aussi donner lieu à des développements massifs sous climat tempéré, en relation éventuellement avec l'eutrophisation générale des eaux.

 

Au plan de l'utilisation des milieux, un développement massif des Phanérogames s'oppose à la navigation et à la pratique de la pêche, voire à une production pisciaire optimale (cf. Gopal 1986).

 

Leur effondrement relativement concentré dans le temps (tempéré), leur exubérance même, peuvent entraîner des déficits en oxygène importants. La floraison massive de végétaux flottants entretient ou accentue la dystrophie du milieu, responsable secondairement de la mort de poissons ou de la disparition des autres hydrophytes enracinés.

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Figure 15 — Distribution numérique des lacs du monde en fonction de l'importance relative de leur surface en eau libre (P) par rapport à celle des zones littorales (L) et/ou périphériques constituées en zones humides (W). L'incidence des zones littorale et périphérique sur le fonctionnement global des lacs s'accroît inversement aux valeurs de P/L ou de P/W + L. (Wetzel 1990).

 

Au plan sanitaire, le développement incontrôlable des herbiers tropicaux (cf. la jacinthe d'eau), se traduit par une relance de maladies parasitaires transmises par des invertébrés phytophiles ou inféodés aux zones calmes (bilharziose, malaria et filarioses, encéphalites...).

 

Une politique de gestion écologique de ce compartiment, associant contrôle et/ou restauration s'avère très délicate dès lors que les causes de perturbation les affectant sont le plus souvent diffuses, parfois très éloignées de leurs sites d'implantation et dans tous les cas faiblement réversibles, voire irréversibles.

 

XI. Conclusion

 

L'importance des macrophytes dans les milieux ou espaces littoraux peu profonds résulte de leur forte capacité de production de biomasse, créant ainsi des formations capables d'intervenir dans l'évolution géomorphologique des stations ou milieux qu'ils occupent. Ils restituent à leur environnement d'une manière rythmique les nutriments (C, N, P), qu'ils extraient activement des sédiments ou de l'eau et sont susceptibles de ce fait d'accélérer l'eutrophisation ou la dystrophisation de leur milieu.

 

Ce sont des acteurs intervenant selon leur rythme propre de biosynthèse dans les cycles biogéochimiques, souvent plus importants que le phytoplancton, dans les espaces qu'ils occupent.

 

Ils constituent également un support actif pour le développement du périphyton algal, une ressource d'habitat surtout, et de nourriture pour des communautés composites (terrestres + aquatiques) particulières.

 

Facteurs de diversification des paysages, ils constituent aussi des écotones particuliers dont la dynamique et/ou la résilience sont sans équivalent.

 

Soumis à des manipulations d'origine humaine, ces formations manifestent néanmoins leur très grande fragilité.

19/02/2013

La zone littorale lacustre

lac-Chalain004-1.jpgLa zone littorale lacustre

 

La zone littorale des lacs se caractérise par sa faible profondeur. Elle s'étend plus ou moins, selon la pente, la transparence et la couleur des eaux et l'exposition aux vents (donc aux vagues et aux courants de dérive). ROUND (1956) limite la zone littorale à la région située de chaque côté du niveau moyen de l'eau, donc directement affectée par l'eau et la terre contiguë. C'est donc la zone d'interpénétration des milieux aquatique et terrestre.

Verticalement, elle s'apparente étroitement avec la partie supérieure de la zone trophogène. La limite inférieure est souvent confondue avec la zone de compensation (profondeur critique où photosynthèse et respiration s'équilibrent). Elle est notablement plus profonde que la profondeur limite de visibilité surtout dans les zones peu profondes ou turbides. Ainsi les communautés seront à dominance végétale, et l'extension de ces communautés sera liée à l'existence de substrats fermes favorisant l'enracinement et à la pénétration de la lumière favorisant la photosynthèse.

 

A. ASSOCIATIONS DE LA ZONE LITTORALE

 

I. Communautés benthiques de surface

 

Se développant en surface, on distingue :

 

1. le rhizomenon

constitué de plantes aquatiques fixées :

algues macroscopiques : Nitelle, Chara, mousses : fontinales (Fontinalis), sphaignes (Sphagnum), hypnes (Hygrohypnum), plantes vasculaires : Potamots.

 

2. le biotecton ou couverture biologique ou Aufwuchs ou bioderme

Il s'agit de la pellicule de microorganismes qui recouvre le substrat plus ou moins solide et notamment les pierres, les détritus minéraux et organiques.

D'après Margalef (1955), le biotecton se décompose en :

- un pecton : feutrage superficiel fait de Cyanobactéries et faune associée ;

- un plocon : couverture d'algues filamenteuses.

- Une forme particulière de biotecton est constituée par le périphyton, ensemble des organismes vivant sur les plantes aquatiques supérieures de la ceinture végétale.

On distingue aussi dans la flore benthique :

- une flore épipélique vivant sur les sédiments mous ;

- une flore épilithique vivant sur le substrat rocheux ;

- une flore épiphytique vivant sur les végétaux supérieurs (partie végétale du périphyton).

L'ensemble des algues libres vivant entre les plantes supérieures est le métaphyton de BEHRE (1956) ou le pseudopériphyton de Sladeckova (1960).

 

II. Communautés endobenthiques

 

La faune interstitielle ou faune phréatobie (Motas & Tanasachi, 1946) est la fraction animale qui colonise les interstices des sédiments grossiers au niveau des rivages lacustres.

 

L'ensemble des organismes vivant à l'intérieur du substrat plus fin constitue l'endobenthon qui se subdivise en :

 

- psammon : ensemble des organismes vivant dans le sable.

 

- pélon : ensemble des organismes vivant dans le sédiment fin et fluide (vases).

 

La formation la plus caractéristique de la zone littorale est la ceinture végétale.

 

B. LA CEINTURE VÉGÉTALE

 

I. TYPES BIOLOGIQUES DE VÉGÉTAUX CONSTITUANT LA CEINTURE VÉGÉTALE

 

Les végétaux se développant dans l'eau ou sur un sol engorgé d'eau sont appelées plantes hygrophiles ou hygrophytes. Cependant, on appelle végétaux aquatiques les plantes se développant en présence d'un plan d'eau.

Nota : Chaque lien renvoie à la description de la plante citée.

 

On distingue :

 

- les végétaux aquatiques sensu stricto qui ne se développent qu'en présence d'un plan d'eau permanent ;

 

- les végétaux semi-aquatiques dont l'appareil souterrain (racines, rhizomes ou rhizoïdes) est submergé et l'appareil aérien émergé ;

 

- les végétaux amphibies (Roripa amphibia, Polygonum amphibium), plantes semi-aquatiques qui peuvent se maintenir après assèchement du plan d'eau : Callitriches, Renoncules aquatiques, Lentilles d'eau.

 

Un caractère commun à toutes ces plantes est leur exigence en eau, facteur qui fournit le milieu ambiant chez les aquatiques ou qui assure les importants besoins en eau chez les semi-aquatiques.

 

Les écologues, à la suite de Raunkier (1950) et de Sell (1965) classent les végétaux aquatiques selon le degré d'immersion.

 

- les amphiphytes sont les plantes du sommet des rives des cours d'eau, des sous-bois humides, des fossés, des marécages et des zones humides. Ex : Linaigrette, Caltha palustris, Salicaire, Carex formant les touradons dans les tourbières, Molinia coerulea, Petasites officinalis, Tussilago farfara, Scirpus sylvaticus, Juncus effusus, Prêles, Saules, Aulnes, etc..

 

- les hélophytes (He) : pied dans l'eau et tête au soleil. Deux strates à distinguer :

 

* strate haute : Typhacées, Roseaux, Joncs, Grande Glycérie, Acore calame, Baldingère, Butomus umbellatus, Iris pseudacorus, Sagittaria sagittifolia, Sparganium...

 

* strate basse : Cresson, Véronique, Myosotis, Trèfle d'eau, Menthe...

 

- les hydrophytes (Hy) avec trois catégories :

 

* fixés et submergés en permanence, formant des prairies au fond de l'eau : Naias, Chara, Faux Aloes, Isoetes, Fontinalis, Lobelia, Vallisneria, Elodea,  Hottonia palustris...

 

* fixés mais à feuilles flottantes d'un seul type (Nymphéacées, Nuphar et Nymphaea, Alisma natans, Aponogeton, Hydrocharis, Potamogeton natans) ou affleurantes à deux types de feuilles, les unes submergées, modifiées, découpées en segments laciniés, les autres flottantes, élargies, à surface vernissée non mouillable (Potamogeton gramineus, P. fluitans, Myriophylles, Cératophylles, Polygonum amphibium, Ranunculus aquatilis, Hippurus…)

 

* non fixés et à feuilles flottantes : Lemnacées, Rixia fluitans (Hépatiques), Eichornia crassipes (Jacinthe d'eau) Châtaigne d'eau, Ulothrix (Algues),  Utriculaires, Azolla (Fougères)...

De nombreux hélophytes dressés au-dessus du plan d'eau en fin de développement, présentent d'abord une phase hydrophytique plus ou moins longue (Alisma plantago, Equisetum limosum, Scirpus lacustris, Sparganium, Typha).

 

II. ZONATION VÉGÉTALE

 

Lorsque la pente est douce, la zonation montre un développement maximal. Si l'on va du rivage vers la zone profonde, on rencontre successivement :

 

1. Étage littoral

La végétation terrestre cherche à coloniser la plage exondée. C'est une végétation palustre constituée par les amphiphytes décrits plus haut : saussaie, aulnaie, cariçaie. On note une dominance de monocotylédones (Iris, Carex, Poacées) mêlées à quelques dicotylédones arborescentes (Aulne, Saule) et herbacées (Caltha, Polygonum).

 

2. Étage sublittoral

 

Dans cette zone toujours submergée, on rencontre successivement :

 

- la phragmitaie ou phragmiretum, zone des roseaux (Phragmites, Arundo) et la typhaie (Typha) avec des ptéridophytes comme des prêles (Equisetum) ;

 

- la scirpaie ou scirpetum, zone des joncs, jonc des chaisiers,  (Scirpus, Juncus) avec rubaniers, (Sparganium), renoncules aquatiques (Ranunculus), plantains d'eau (Alisma) ;

 

- la potamaie, zone des potamots (Potamogeton) avec cornifles (Ceratophyllum), volants d'eau (Myriophyllum), Élodée (Elodea), châtaigne d'eau (Trapa), renouée aquatique (Polygonum) ;

 

- la nupharaie ou nupharetum, zone des nénuphars (Nuphar et Nymphea) avec quelques potamots ;

 

- la charaie ou characetum située au pied du mont où Chara, Nitella, Fontinalis, Littorella ou Isoetes tapissent en prairie le fond de l'eau.

 

III. FACTEURS DE RÉPARTITION

 

Le développement de ces zones dépend de nombreux facteurs : pente, exposition, qualité de l'eau, nature du substrat.

 

1. Pente

Si la pente est abrupte, la zone des Hélophytes peut manquer.

Si la rive est plate, on peut éventuellement rencontrer une zone tourbeuse à Erica et Molinia, avec sphaignes et touradons de Carex dominés par la saussaie (Saules et bouleaux).

 

2. Nature du substrat et qualité de l'eau

La nature du substrat influence la richesse minérale de l'eau, l'implantation des systèmes racinaires et rhizomateux des végétaux et par là sur la richesse floristique et sur la masse de végétation.

2.1. Sur les substrats siliceux, sableux, graveleux (argiles à silex) et rocheux, les eaux sont faiblement minéralisées, pauvres en azote et en phosphore : la végétation est clairsemée, le plancton peu abondant. De ce fait, la consommation d'oxygène et l'accumulation de CO2 sont réduites et favorisent l'insolubilisation du fer, laissant les eaux claires et oligotrophes. Le pH est de 5 à 6,5. Le maintien de l'état oligotrophe suppose que l'eau d'alimentation reste peu minéralisée (cas de lacs de plateau). Mais l'évolution vers l'eutrophie est le plus souvent la règle, compte tenu de l'environnement. Les espèces rhizomateuses littorales sont désavantagées par suite de la compacité du substrat.

2.2. Sur les substrats marneux et en cas d'alimentation d'eau minéralisée, les eaux sont riches en calcaire, en azote et en phosphore. Le pH est de l'ordre de 6,5 à 8. Le plancton et les macrophytes sont prospères. Il en résulte un appauvrissement globale en oxygène et un enrichissement en CO2 qui laissent le fer à l'état de carbonate ferreux assombrissant la teinte de l'eau. Les végétations littorales sont très dynamiques et contribuent au remplissage progressif des lacs eutrophes.

2.3. En cas de pollution agricole, ou de développement de tourbières à Sphaignes ou à Hypnacées, il y a enrichissement de l'eau en matière organique en suspension et brunification de l'eau : c'est la dystrophie.

2.4. Les eaux saumâtres renferment des espèces particulières (Ruppia, Zannichellia). Mais certaines espèces d'eau douce sont euryhalines : Scirpe maritime, roseau).

 

IV. ÉVOLUTION DE LA CEINTURE VÉGÉTALE

 

Le dynamisme de certaines espèces colonisatrices fait déplacer vers le large les différents anneaux de végétation littorale au fur et à mesure du remplissage périphérique. C'est le cas des Carex à touradons, des Scirpes lacustres, des Roseaux, des Massettes, des Rubaniers dont les rhizomes entrelacés puis superposés forment un plancher qui s'élève d'année en année. L'homme par faucardage et le rat musqué lutte contre cet envahissement végétal. Les zones de végétation littorale peuvent être envahies par des plantes flottantes telles que des hépatiques (Riccia), des monocotylédones (Lemna, Eichornia, Pistia). Plantes flottantes et plantes à rhizomes peuvent ainsi former des radeaux qui se forment par décollement du fond et sur lesquels s'intallent d'autres végétaux, formant des îles flottantes (lac Tchad).

 

V. RÔLE DE LA VÉGÉTATION AQUATIQUE

 

L'examen de la végétation aquatique, phanérogames, mousses ou algues permet d'apprécier les qualités physico-chimiques de l'eau.

- En eau peu minéralisée et acide on trouvera la Châtaigne d'eau Trapa natans et la Desmidrée.

- En eau riche en matière organique, on rencontrera la lentille d'eau (Lemna minor) et des Cyanobactéries ;

- En eau bien minéralisée et alcaline, de nombreuses espèces.

L'absence de végétation aquatique suggère un déséquilibre du milieu : il peut s'agir d'un déséquilibre naturel, ou d'une pollution toxique ou par des M.E.S. qui suppriment la transparence de l'eau.

En d'autres termes, la nature de la végétation constitue un indicateur de faciès.

 

On trouvera sur ce même blog la description de quelques macrophytes liés à la végétation des zones humides.

 

1. Rôle physico-chimique

 

1.1. Producteurs primaires de matière organique

Grâce à la photosynthèse, les végétaux sont des producteurs primaires.

 

1.2. Producteurs d'oxygène

Ce phénomène de photosynthèse libère de l'oxygène qui reste dissous dans l'eau et dont la teneur dépend de la température. À 5°C, le taux de saturation est de 12,8 mg/l et à 20°C, il tombe à 9,2 mg/l. Dans les herbiers, on assiste à une sursaturation 150 % à la fin d'une journée d'été.

L'oxygène fourni par les plantes est utilisé par la faune et notamment par les poissons. Ceux-ci ont des besoins respiratoires différents. Par exemple, une truite a besoin de 8 mg/l d'oxygène alors qu'une carpe résiste à des teneurs de 2-3 mg/l.

Un équilibre doit s'instaurer entre producteurs d'oxygène et consommateurs. Pendant la nuit, les plantes sont improductives et sont consommatrices d'oxygène du fait de leur respiration. Si la masse végétale est trop importante, il y a surconsommation d'oxygène et au matin l'oxygène risque l'épuisement jusqu'à un seuil critique pour les poissons.

 

1.3. Autoépuration

Les plantes sont les meilleurs agents de l'épuration de l'eau

- par leur production d'oxygène qu'elles fournissent aux processus d'oxydation

- par l'utilisation de sels dissous qu'elles éliminent.

Cette autoépuration permet la récupération des rivières après réception d'un effluent polluant. C'est le principe du lagunage pour l'oxydation des eaux usées riches en azote.

 

1.4. Destruction de molécules toxiques (phénols)

 

1.5. Stockage de métaux lourds (Empain et Descy)

 

2. Rôle biologique

 

2.1. Rôle trophique

Les algues planctoniques ou benthiques et les plantes servent de nourriture à tous les alevins et à quelques poissons adultes (Hotu, Gardon, Brême, Carpe, Tilapia, cyprinidés asiatiques) mais surtout à une foule d'invertébrés benthiques (mollusques, crustacés, larves d'insectes) et planctoniques, consommateurs primaires essentiels dans la chaîne alimentaire des poissons.

 

2.2. Support de ponte

Les feuilles flottantes de nénuphar, renouée, potamot ou leurs longs pétioles servent de supports de ponte aux mollusques et insectes.

 

2.3. Abris

Les herbiers servent souvent d'abri aux poissons où ils se trouvent protégés du soleil, du courant et des prédateurs. Dans un peuplement pisciaire comportant des voraces, la survie des alevins et des espèces fourrages est assurée par la présence d'herbiers.

 

2.4. Aires de reproduction

 

De nombreuses espèces de poissons (brochet, perche, tanche, gardon, rotengle, sandre, brème, carpe) fraient dans les zones de végétation : c'est le cas des mousses, élodées, cératophylles, renoncules, potamots, racines de châtaignes d'eau. Les oeufs adhérents restent fixés sur les tiges et les feuilles. Les alevins vivent ensuite plusieurs jours protégés par la végétation dans laquelle ils trouvent leur première nourriture sous forme de bactéries ou d'algues.

 

2.5. La végétation permet la nidification des oiseaux et l'édification des fourreaux de Trichoptères

 

3. Rôle mécanique

Les berges sont consolidées par les appareils souterrains de certaines espèces : joncs, roseaux, iris, Carex et résistent ainsi à l'action des vagues et des courants. Réciproquement, dans les zones calmes, la végétation aquatique est responsable de la retenue, de la fixation et de la consolidation des alluvions ou sédiments (massettes, rubaniers, scirpes, roseaux). Dans le processus de colmatage des étangs et des noues, des espèces comme le trèfle d'eau ou le Carex paniculata jouent un rôle de pionniers.

 

4. Rôle éducatif et esthétique

 

VI. NUISANCES

 

La présence de plantes ne doit pas provoquer un déséquilibre dans le milieu ou une gêne dans l'exploitation de l'eau.

 

1. Nuisances dans les étangs

 

1.1. Modifications du plan d'eau

Le comblement progressif des plans d'eau est accéléré par le développement d'une végétation semi-aquatique à racines traçantes (Scirpes et joncs) ou à rhizomes (Phragmites, Typha et Iris) qui progresse des berges vers la pleine eau.

 

1.2. Modifications climatiques

Le surdéveloppement de la végétation limite l'ensoleillement et l'échauffement de l'eau. Il faut réduire dans ces conditions le développement des plantes arbustives des berges et surtout des plantes à feuilles flottantes (Nuphar, Nympheae, Trapa, Hydrocharis, Nymphoides, Polygonum amphibium, Alisma, Potamogeton natans) et enrayer le développement des lentilles d'eau (Lemna) et des algues filamenteuses flottant en surface (Cladophora, Spirogyra).

 

1.3. Modifications physico-chimiques

Par absorption foliaire, les macrophytes absorbent les sels minéraux dissous dans l'eau.

Si l'on admet que le phytoplancton est la production primaire indispensable à la vie aquatique, il faut limiter le développement des macrophytes si l'on fait un aménagement piscicole. Avant de fertiliser un étang, il faut s'assurer de pouvoir contrôler la végétation.

 

1.4. Modifications biologiques

Les macrophytes surabondants limitent la circulation des poissons et par conséquent, l'accès à la nourriture. Les alevins nés dans une zone de frayère restreinte restent groupés et souffrent de sous-alimentation qui entraine un taux de croissance faible et une mortalité accrue. Au niveau des prédateurs, on note le développement du cannibalisme. Elodea, Ceratophyllum, Potamogeton densus et lucens sont des plantes dont la densité de développement est extraordinaire.

 

1.5. Modifications esthétiques

Les feutrages d'algues gonflés de bulles flottant à la surface des eaux, les plaques de cyanobactéries (Oscillatoria, Phormidium) apparaissant sur le fond et remontant en surface provoquent des troubles esthétiques sur les plans d'eau.

 

1.6. Difficultés d'exploitation

Dans les étangs vidés pour la pêche d'automne, la végétation surabondante provoque une gêne.

L'accès aux étangs où se pratique la pêche à la ligne devient difficile si les zones de pêche sont impraticables. La pratique des loisirs nautiques est incompatible avec une trop grande densité de végétation.

 

2. Entrave à la circulation de l'eau

La végétation devient nocive à son environnement quand elle constitue une entrave à la libre circulation de l'eau que ce soit dans des eaux de drainage, d'irrigation, ou simplement transportées. Les plantes arrachées par le courant viennent s'entasser contre les grilles et filtres des ouvrages des régulateurs et des stations le long des rivières, les algues viennent obturer les arroseurs et les canalisations...

 

VII. MOYENS DE LUTTE

 

1. Lutte mécanique

Faucardage des macrophytes, curage des vases, reprofilage des étangs pas assez profonds.

 

2. Lutte biologique

Il s'agit de rompre l'équilibre biologique en favorisant une espèce ou en introduisant une espèce nouvelle dans un habitat, provoquant ainsi un phénomène nouveau de compétition. Le problème de toute lutte biologique est de rester maître du processus. C'est pourquoi le contrôle biologique de la végétation doit être prudent.

 

2.1. Organismes inférieurs

En étang, l'apport massif d'engrais provoque la prolifération de phytoplancton qui crée une importante turbidité de l'eau qui diminue les possibilités de photosynthèse des phanérogames immergés dont la croissance est entravée.

 

2.2. Mammifères

Les végétations rivulaires et émergées sont paturées par les bovins (roseaux), les chevaux (Glyceria) et les porcs (Lemna). Eviter les moutons à cause du danger de distomatose.

Le ragondin (Myocastor) est un excellent agent de faucardage d'hélophytes et d'hydrophytes. En outre, son élevage apporte une plus-value intéressante par la valeur de sa peau. Le Rat musqué, qui joue le même rôle, a la fâcheuse habitude de creuser des galeries et de faire effondrer les berges et les digues.

 

2.3. Oiseaux

Oies et canards consomment les feuilles et les graines des plantes aquatiques, empêchent la prolifération des lentilles d'eau et des algues. Leur efficacité est limitée surtout si leur nombre est faible et si la végétation de la berge reste à leur disposition.

 

2.4. Poissons

Tous les alevins mangent du plancton, des algues et du périphyton pendant quelques jours. En France, seules quelques espèces (Hotu, Soffie, Chevesne, Gardon, Muge) restent en partie herbivores. Brème, Tanche, Carpe et surtout cyprinidés asiatiques (Carpes chinoises ou Amours) peuvent intervenir sur le développement de la végétation.

 

3. Lutte chimique

On utilise également des herbicides de synthèse, mais on a tendance à privilégier de plus en plus les procédés mécaniques et biologiques.

 

Pour en savoir plus :

Consulter les différents articles de ce blog concernant la végétation rivulaire.

Consulter également le guide téléchargeable : Guide des végétaux du sud-ouest

Le Callitriche des étangs

Le Callitriche des étangs

 

Le Callitriche des étangs ou Étoile d'eau [Callitriche stagnalis SCOP] appartient à la famille des Callitrichacées.


La plante se présente comme un semis d'étoiles. Les Callitriches sont des hydrophytes fixés et dont le feuillage présente un aspect artistique.

 

Le classement systématique des Callitriches et la recherche de liens de parenté avec d'autres plantes sont très difficiles. L'ordre des Callitrichales est formé d'une seule famille les Callitrichacées qui ne comportent que le seul genre Callitriche. Ces plantes, nées sous le signe de l'unicité, ont des fleurs unisexuées et les fleurs mâles sont réduites à une seule étamine.

 

Ce sont des plantes très variables, petites et fragiles, qui ont des formes aquatiques, immergées ou flottantes, et des formes terrestres, qui vivent, éphémères, sur la boue humide.

 

Le Callitriche des étangs (C. stagnalis) pousse le plus souvent dans les eaux peu profondes, dormantes ou à faible courant ; plus rarement sur un sol humide. En Europe, on le trouve surtout dans l'ouest et le centre ; C. palustris L. est plus abondant ; il est considéré comme un élément arctico-alpin qui pousse même en Scandinavie et en Islande. En Angleterre, on ne le connaît que dans une seule station. Il supporte bien le froid et verdoie parfois sous la glace.

 

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Les Callitriches sont des plantes vivaces quand elles poussent dans l'eau, annuelles quand elles poussent sur terre, fines, vert vif, à feuilles étroitement linéaires, groupées en étoiles au sommet de la plante, particulièrement remarquables quand on les voit de haut (1).

 

Les fleurs unisexuées sont très réduites ; les fleurs mâles n'ont qu'une seule étamine, les fleurs femelles un seul pistil à 2 styles et 4 ovules. Les pièces florales se réduisent à 2 écailles. Les fruits de C. stagnalis (2) sont entourés par des ailes et les styles, s'ils se maintiennent, sont retombants. Les fruits de C. palustris (3) ont des ailes peu développées à leur partie supérieure et les styles disparaissent rapidement.

 

Les fleurs s'épanouissent l'une après l'autre du mois d'avril au mois d'octobre.

 

Source :

V. Vetvicka (1981). - Plantes du bord de l'eau et des prairies. Ed. Gründ.

 

Les Lentilles d'eau

Les Lentilles d'eau

 

Les Lentilles d'eau appartiennent à la famille des Lemnacées. Ce sont de petites plantes aquatiques flottant à la surface dont les organes sont très réduits. Leur corps est représenté par un organe foliaire considéré soit comme une seule vraie feuille plus ou moins transformée, soit comme une tige plate en forme de feuille. Dans le genre Spirodela, on peut dire que la grande feuille plate est une tige car elle possède en dessous deux vraies feuilles en écailles. Les Lentilles d'eau fleurissent très rarement, mais se multiplient végétativement de façon très intense. Dans la "feuille" maternelle se trouve un creux qui contient la gemmule : elle donne une nouvelle "feuille" qui s'émancipe chez la plupart des Lentilles d'eau mais reste attachée chez certaines autres (Lemna trisuica).


Les Lentilles d'eau sont des plantes cosmopolites transportées facilement et à de grandes distances, par exemple sur les pattes et dans les plumes des oiseaux aquatiques. Elles poussent dans toutes les eaux calmes, souvent en très grand nombre. La représentation des différentes espèces dans leurs associations peut varier considérablement au cours d'une même période de végétation : c'est ainsi que dans un étang, entre le mois de mai et le mois de juillet, on a constaté une extension continue de Spirodela polyrhiza (L) SCHL. suivie de son déclin. Lemna trisulca évolua de manière inverse, tandis que Lemna minor déclina continûment depuis son maximum printanier.

 

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La Petite Lentille d'eau (Lemna minor L.) a des feuilles (articles) plates aux deux faces vertes, flottant à la surface, et une seule racine (1).

 

La Lenticule bossue (Lemna gibba L) a des feuilles gonflées (2).

 

La Lenticule à trois lobes (Lemna trisuica L ) a des feuilles ovoïdes, lancéolées, comme enfoncées dans l'eau, à longs pétioles et attachées ensemble (3) pendant plusieurs "générations".

 

La Spirodèle à racines nombreuses [Spirodela polyrhiza (L) SCHL] a des feuilles ovoïdes arrondies à l'envers rougeâtre et portant chacune un petit faisceau de racines filamenteuses (4).

 

Les fleurs des Lentilles d'eau, quand elles fleurissent, sont réduites à une seule étamine ou un seul pistil.

 

Source :

V. Vetvicka (1981). - Plantes du bord de l'eau et des prairies. Ed. Gründ.

Les Renoncules d'eau

La Renoncule flottante

 

La Renoncule flottante [Ranunculus fluitans Lam., 1779] appartient à la famille des Renonculacées.

 

Les surfaces aquatiques où fleurissent des Renoncules d'eau ont l'air d'être couvertes d'une sorte d'écume blanchâtre. Et l'impression produite par la masse fleurie des Renoncules est renforcée du fait qu'elles ne sont pas seules dans les eaux calmes.

 

La Renoncule flottante (Ranunculus fluitans) habite les cours d'eau au plus fort du courant Dans les zones calmes où elles sont enracinées, elles forment des amas épais entraînés par les eaux où s'abritent souvent les brochets et les anguilles.

 

La Renoncule aquatique [Ranunculus aquatilis (L.) DUM.] plante importante, pratiquement cosmopolite, préfère les eaux dormantes, les mares et les bras morts des cours d'eau, à 50 cm de profondeur environ. Sur les fonds asséchés, et sur les rives, elle produit une forme terrestre aux feuilles entières.

 

Les Renoncules d'eau sont souvent classées dans le genre Ranunculus. De récentes études sur l'anatomie, la morphologie et la biologie florales de ces plantes montrent qu'elles forment un groupe séparé, indépendant. Les Renoncules d'eau sont des plantes vivaces dépendant presque entièrement du milieu aquatique. Les feuilles submergées des plantes flottantes sont souvent divisées en filaments.

 

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Les plantes et les filaments foliaires de Ranunculus fluitans (1) flottent avec le courant ; les feuilles de Ranunculus aquatilis sont doubles : feuilles immergées en filaments et feuilles flottantes ou émergées dont le limbe est plat (2).

 

Les fleurs sont à 5 divisions (3) ; mais il y a parfois jusqu'à 7 pétales. Les Renoncules qui fleurissent en juin ont des fleurs beaucoup plus grandes que celles qui refleurissent en août et septembre.

 

Les fleurs fécondées donnent une tête (4) composée d'akènes bien séparés (5) qui flottent à la surface.

 

Source :

V. Vetvicka (1981). - Plantes du bord de l'eau et des prairies. Ed. Gründ.

La Renouée amphibie

La Renouée amphibie

 

La Renouée amphibie [Polygonum amphibium L.] est une plante de la famille des Polygonacées.

 

C'est une plante réellement amphibie. Elle peut passer toute sa vie dans l'eau, sous sa forme flottante, ou bien sur la terre ferme sous sa forme terrestre. Ces formes diffèrent au premier regard par leur aspect et un profane peut les prendre pour deux espèces indépendantes. Comme beaucoup de plantes dépendant de l'eau, elles poussent circumpolairement dans toute la zone tempérée, en Europe, en Asie et en Amérique du Nord, mais aussi en Inde, au Mexique, etc.

 

La Renouée amphibie est une plante fréquente et utile des eaux dormantes ou à faible courant. Elle préfère des eaux peu profondes à fond sableux ou vaseux, les étangs de profondeur moyenne. Elle s'échappe des roselières des rives jusqu'aux eaux libres et profondes, mais sans excès. La Renouée offre de bons abris pour le frai des poissons. À l'époque où l'on asséchait les étangs une fois par an, la Renouée était une des plantes aquatiques qui supportait le mieux cette période de sécheresse, subsistant alors sur les fonds sous sa forme terrestre.

 

Le nom du genre Polygonum dérive du grec poly (beaucoup) et gonia (nœud) : les tiges de la Renouée ont en effet de nombreux nœuds apparents.

 

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La Renouée amphibie (1) forme de longues feuilles flottantes et des tiges assez ramifiées ayant souvent plus d'un mètre de long. Les feuilles supérieures flottent à la surface et meurent au cours de l'année. Les feuilles sont groupées en faux épis toujours émergés ; les fleurs sont rose vif.

 

La forme terrestre (2) a des tiges dressées d'environ 50 cm aux entre-nœuds raccourcis (2 à 7 cm au lieu de 20 cm dans la forme flottante), aux feuilles sortant d'une ochréa à longs poils. Cette forme terrestre fleurit rarement ; les faux épis sont courts, les fleurs roses.

 

Les Renouées fleurissent en juin et juillet et refleurissent parfois plus tard.

 

Source :

V. Vetvicka (1981). - Plantes du bord de l'eau et des prairies. Ed. Gründ.

15/02/2013

Le Myriophylle en épi

Le Myriophylle en épi

 

Le Myriophylle en épi [Myriophyllum spiccitum L.] fait partie de la famille des Halorragidacées. C'est une plante hydrophyte à feuilles submergées.

 

La comparaison des Myriophylles avec les Cératophylles montre bien comment un même milieu peut influencer l'évolution et l'aspect de plantes assez éloignées dans la classification.

 

Les Halorragidacées sont des plantes aquatiques ou de marécage qui poussent depuis les tropiques jusqu'aux zones tempérées, en particulier dans l'hémisphère sud et sur le littoral de l'Australie. Le genre Myriophyllum rassemble environ quarante espèces : les espèces australiennes sont habituellement amphibies, les espèces américaines sont plutôt aquatiques.

 

L'appellation scientifique composée des mots grecs myrios = très nombreux, innombrable et phyllon = feuille rappelle l'aspect du Myriophylle.

 

Le Myriophylle en épi est cosmopolite dans les eaux de l'Europe, de l'Amérique du Nord et du nord de l'Afrique; on ne le trouve ni en Amérique du Sud ni en Australie. Ses belles tiges ornementales peuvent avoir jusqu'à 2 mètres de long et sont garnies de feuilles de près de 2,5 cm. Il pousse disséminé dans les eaux dormantes ou à faible courant, seul ou en petits peuplements.

 

À la différence de nombreuses autres plantes aquatiques, qui forment dans le courant de longues feuilles flottantes, les Myriophylles ne produisent dans les eaux courantes que de courtes tiges de 30 à 50 cm au maximum.

 

Le Myriophylle en épi supporte les eaux profondes et pures des lacs mais aussi les eaux calcaires. Par contre, M. alterniflorum DC. qui est plus abondant dans l'ouest de l'Europe et l'est de l'Amérique du Nord, exige une eau propre et fraîche, non calcaire et riche en oxygène, un fond caillouteux et un mètre de profondeur au maximum.

 

Myriophylle-en-épi-450.jpg

Les Myriophylles sont des plantes aquatiques vivaces aux rhizomes rampants. Les feuilles sont disposées en verticilles par 5 chez M. verticillatum L, par 4 chez M. spicatum et M. altemiflorum; elles sont penniséquées, formées de 6 à 20 divisions filamenteuses sur chaque moitié de feuille (1).

 

Les tiges du Myriophylle en épi sont rougeâtres, ce qui donne aux plantes flottant dans les eaux un aspect exotique, irréel.

 

Les fleurs s'épanouissent en épis terminaux émergés. Elles sont hermaphrodites [ou bien femelles à la base (2) et mâles au sommet (3)], petites, rougeâtres ou rosés. Le fruit se divise en quatre parties (4). La plante fleurit en juillet et août.

 

Source :

V. Vetvicka (1981). - Plantes du bord de l'eau et des prairies. Ed. Gründ.

Le Cératophylle immergé

Le Cératophylle immergé

 

Le Cératophylle immergé [Ceratophyllum demersum L.] fait partie de la famille des Cératophyllacées. C'est une plante hydrophyte à feuilles submergées.

 

Le petit Cératophylle immergé, aux feuilles en filaments, ne rappelle pas le Nénuphar. Il est pourtant classé dans l'ordre des Nymphéales.

 

Les tissus des Cératophylles sont très simplifiés : un seul vaisseau, rigide, au centre de la tige, entouré de liber, représente son système vasculaire. La structure des feuilles est également différente : celles-ci, divisées en fourche, sont disposées en verticilles sur les tiges.

 

La famille des Cératophyllacées est représentée par le seul genre Ceratophyllum dont les trois espèces poussent dans les régions méridionales de la Russie, l'une en Extrême-Orient, les deux autres étant pratiquement cosmopolites. En Europe, le Cératophylle pousse depuis près de 70 millions d'années, depuis le milieu du Tertiaire.

 

Le Cératophylle immergé pousse dans les eaux dormantes ou à faible courant, dans les mares, les bras morts, mais aussi dans les étangs et, plus particulièrement, en plaine. Il peut pousser en eau profonde où les conditions d'éclairement lui conviennent (lumière diffuse) ; il forme parfois des peuplements denses et continus qui gênent la pêche au filet. Ni lui, ni C. submersum L. ne prospèrent en aquarium où ils périssent au bout d'une saison.

 

C. submersum est une espèce thermophile voisine qui supporte les eaux saumâtres où il remplace C. demersum. Les Cératophylles sont des plantes aquatiques vivaces qui ne peuvent vivre en dehors de l'eau. Les racines sont atrophiées ou même absentes, remplacées éventuellement par de courts "rhizoïdes".

 

Cératophylle-immergé-450.jpg

 

Les feuilles se divisent en filaments disposés en fourches [1 —2 x chez C. demersum (1) et 3 x chez C. submersum (2)]. Sur les tiges, qui peuvent avoir 1 à 2 mètres de long et qui sont ramifiées, les feuilles sont disposées en verticilles. C. demersum fleurit rarement ; les fleurs isolées, sessiles à l'aisselle des feuilles sont unisexuées. Les fleurs mâles ont 10 à 20 étamines et un périanthe à 12 divisions ; il y a environ 10 divisions dans les fleurs femelles et un seul ovaire qui donne une petite noisette à 3 arêtes (3).

 

La floraison, quand elle se produit, a lieu de juin à septembre.

 

Source :

V. Vetvicka (1981). - Plantes du bord de l'eau et des prairies. Ed. Gründ.

L'Élodée du Canada

L'Élodée du Canada

 

L'Élodée du Canada [Elodea canadensisMICHX.] fait partie de la famille des Hydrocharitacées. C'est une plante hydrophyte à feuilles submergées.

 

L'Élodée a reçu, dans plusieurs langues, le nom injurieux de "peste d'eau". Les premières plantes sont arrivées en Europe, venant d'Amérique du Nord, vers 1840. Dix ans après, les jardins botaniques d'Europe échangeaient ces plantes intéressantes. Mais il ne leur fallut pas un si long temps pour envahir toutes les eaux qu'elles pouvaient rencontrer. Bien qu'on n'eût fait traverser l'océan qu'à des fleurs femelles incapables de produire fruits et graines, cette peste aquatique se répandit rapidement. Tout fragment de tige voguant sur l'eau donnait rapidement des pousses nouvelles de plusieurs mètres de long, étroitement enchevêtrées. Elle devenait un fléau pour les pêcheurs et la navigation fluviale.

 

L'Élodée pousse à toutes les profondeurs. À l'état frais, c'est un excellent fourrage vert dont la valeur alimentaire vaut celle du Trèfle. On la cultive en aquarium avec l'espèce voisine Elodea densa PLANCH. qui provient de l'Amérique du Sud subtropicale ; en passant par l'Amérique du Nord, elle a été introduite sur les autres continents. On a constaté, en Allemagne, sa présence dans certains canaux.

 

Élodée-450.jpg

 

E. canadensis est une plante vivace, immergée, à tiges articulées, très ramifiées, portant de nombreuses feuilles. Les feuilles poussent en verticilles, généralement par trois (1) ; elles sont sessiles et légèrement dentées. La plante femelle introduite en Europe (la population européenne actuelle est vraisemblablement un clone) fleurit rarement et ses petites fleurs sont pratiquement invisibles de la rive.

 

E. densa a de grandes fleurs femelles (2) d'un blanc lumineux et les feuilles sont groupées par cinq dans des verticilles.

 

Les Elodées fleurissent rarement, de mai à août.

 

Source :

V. Vetvicka (1981). - Plantes du bord de l'eau et des prairies. Ed. Gründ.