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dont l'ouverture mesure 60 m de large et 32 m de haut
La résurgence s'ouvre dans une falaise bajocienne de 104 m de haut
Au niveau de la source, la reculée présente une tectonique tourmentée
La source de la Loue
Le cours supérieur du Doubs et celui de son affluent le Drugeon subissent une série de pertes dans la région de Pontarlier et d'Arçon. À la suite de l'incendie des usines Pernod de Pontarlier du dimanche 11 août 1901 à 12 h 30, 650 m3 d’alcool, dont 470 m3 d’absinthe sont déversés dans le puits perdu de l’usine et dans le Doubs.
Le mardi 13 août 1901 à 12 h, une forte odeur d’absinthe est décelée à la source de la Loue et jusqu’à 25 km en aval ; le fils du chimiste Berthelot (Marcellin), en vacances à Mouthiers, envoya pour analyse à son père, un échantillon d’eau de la Loue ; Berthelot conclut à l’origine non naturelle de cette odeur !
Le Doubs se perd partiellement entre Arçon et Maison-du-Bois dans les calcaires du Kimméridjien supérieur et du Portlandien. Il réapparaît à la source de la Loue à 550 m d’altitude, dans les calcaires du Bajocien.
Le 31 août 1910, 100 kg de fluorescéine sont déversés dans le Doubs en amont de Maison-du-Bois par E. Fournier. La coloration réapparaît deux jours plus tard à la source de la Loue.
Or, le débit moyen du Doubs est de 5 m3/s ; celui de la Loue à sa source est de 10 m3/s : d'autres cours d’eau souterrains viennent donc alimenter la Loue, en plus des propres pertes du Doubs.
En 1978, 10 kg de fluorescéine sont déversés au gouffre du Gros Foyard par le laboratoire de géologie de Besançon, sous la direction de P. Chauve ; le colorant réapparaît 4 jours après à la source de la Loue.
En décembre 2008, le cabinet Reilé déverse de la fluorescéine dans un réseau souterrain au niveau du Château de Joux au niveau de la Cluse-et-Mijoux : le colorant réapparaît quelques jours plus tard à la source de la Loue (voir article prochain).
Toutes ces expérimentations confirment que la Loue constitue une résurgence du bassin du Doubs dans la région de Pontarlier à 800 m d'altitude.
Les pertes du Doubs et du Drugeon
dans la région de Pontarlier
(document dû à Gilbert Michaud)
La source de la Loue a engendré, par érosion régressive, une reculée connue sous le nom de "Gorges de Nouailles". Il s'agit d'un splendide cours d'eau dont le cours supérieur est très apprécié des pêcheurs de truite à la mouche. Présentation ici de sa partie apicale jusqu'au village de Mouthier-Hautepierre.
Les gorges de Nouailles vues du belvédère de Renédale
La reculée entaille les calcaires du jurassique moyen, entraînant la formation de falaises propices à la nidification de différents rapaces, tous protégés.
Falaises propices à la nidification de rapaces
Hibou Grand Duc
Hibou Grand Duc
Faucon pélerin au vol
Faucon pélerin
Même le Circaète Jean-le-Blanc s'est récemment montré dans la vallée de la Loue
Les bords du plateau ainsi entamé par la reculée sont couverts d'une forêt sèche.
Forêt sèche
Polypore bai (Polyporus durus)
sur une souche de la forêt sèche
Vallée sèche dont l'emplacement indique une circulation d'eau sous-jacente
Des vaches écossaises de race galloway sont utilisées pour le débroussaillage des pâtures
Des lapiaz entaillent le sol, trahissant la pénétration
des eaux de pluie acidifiées par l'humus et sa percolation
à travers les strates calcaires du jurassique moyen
Barrage hydroélectrique de la source de la Loue
Chute en éventail à proximité de la source
Le grand Saut
Cours de la Loue ralenti par un barrage
Une succession de seuils séparés par des mouilles oxygène l'eau
En suivant le sentier qui longe la Loue rive gauche, quelques observations photographiques.
Plagiomnium undulatum(Bryophytes)
Les eaux limpides de la Loue
La transparence de l'eau permet d'apercevoir
quelques truites fario à la robe zébrée caractéristique
Actée en épi, Herbe de saint-Christophe
(Actaea spicata)
Barbe de bouc, Reine des bois
(Aruncus dioicus)
Aconit tue-loup
(Aconitum lycoctonum)
Mélique penchée
(Melica nutans)
Chapelière, Herbe aux teigneux
(Petasites hybridus)
Drave faux-aïzoon
(Draba aizoides)
Plagiomnium affine
(Bryophytes)
Épiaire des bois
(Stachys sylvatica)
Digitale à grandes fleurs
(Digitalis grandiflora)
Saxifrage paniculée
(Saxifraga paniculata)
Lunaire vivace, Lunaire odorante
(Lunaria rediviva)
Moehringie mousse, Sabline mousse
(Moehringia muscosa)
La tuffière
Taillée dans les calcaires du jurassique moyen, la vallée est parcourue de ruisselets latéraux qui, percolant à travers les strates calcaires, se chargent de carbonate de calcium. L'eau qui sourd des roches calcaires dépose du tartre, au contact des mousses à travers lesquelles elle filtre. Cela forme progressivement une roche tendre, appelée tuf. Ce phénomène est très fréquent en relief karstique.
Des cascatelles qui vont rejoindre la Loue
ou s'infiltrer dans le sol
Le tuf ou travertin est une roche sédimentaire calcaire d’origine organique, légère et vacuolaire. Elle a été utilisée comme pierre de construction, principalement pour ses qualités d’isolant thermique et phonique ; sa couleur varie du blanc au brun selon sa charge en matières organiques.
Les organismes tuffigènes (qui engendrent le tuf) sont généralement des Bryophytes (mousses), mais aussi des algues vertes et des cyanobactéries.
Comment se forme le tuf ?
L’eau courante traversant l'humus et la végétation devient acide en se chargeant de dioxyde de carbone (CO2). Elle attaque la roche calcaire formée de carbonate de calcium (CaCO3) insoluble) et libère les ions calcium (Ca²+) et hydrogénocarbonate (HCO3-). Ces derniers forment alors l’hydrogénocarbonate de calcium (Ca(HCO3)2 qui est soluble, selon la réaction suivante :
CaCO3+ CO2+ H2O => Ca(HCO3)2
Cette réaction est réversible : de sorte qu'au niveau de la tuffière, sous l’effet de la turbulence de l’eau, une partie du CO2 est libérée, engendrant ainsi la formation de calcaire qui vient se fixer autour des végétaux ainsi pétrifiés.
Ca(HCO3)2=> CaCO3+ CO2+ H2O
L'examen attentif de la tuffière nous permet de lire de haut en bas une véritable pétrogenèse en temps réel : on peut suivre l'évolution progressive du substrat fait de mousses se chargeant progressivement de calcaire pour aboutir, au bas de la falaise à une véritable roche.
La tuffière
Stade 0 de la pétrification d'une mousse
(Hylocomium splendens)
Stade 1 de la pétrification
Stade 2 de la pétrification
Stade ultime de l'évolution de la mousse en tuf
Tuf consolidé
Mur en tuf d'une habitation de Mouthier-Hautepierre
La structure du tuf est bien visible
dans l'encadrement de la fenêtre
Une hépatique qui adore le substrat tuffier
(Pressia quadrata)
Ctenidium molluscum
(Bryophytes)
Ctenidium molluscum
(Bryophytes)
Ctenidium molluscum
(Bryophytes)
Cirriphyllum piliferum
(Bryophytes)
Larves de salamandres dans une vasque d'une cascade
Pucerons lanigères
Usine hydroélectrique de Mouthier-Hautepierre
Orchis tacheté
(Dactylorhiza maculata)
Céphalanthère rouge
(Cephalanthera rubra)
Œillet des rochers, œillet sauvage
(Dianthus sylvestris)
Chenille de Buveuse (Euthrix potatoria L.)
Famille des Lasiocampidae
Le long de la route, peu avant Mouthier-Hautepierre, une superbe et rare capillaire : la Capillaire de Montpellier, plus connue sous le nom de Cheveu de Vénus,installée dans une fissure suintante de la falaise.
Capillaire de Montpellier, Cheveu-de-Vénus
(Adiantum capillus-veneris)
Coronille bigarrée
(Securigera varia)
Visite rapide du village de Mouthier-Hautepierre
Mouthier–Hautepierre est un village d'environ 400 habitants qui est remarquable
par la production d'un kirsch, fabriqué de façon artisanale depuis le XVIIesiècle, à partir de la Marsotte, variété de cerise locale ;
par son couple d'herpétologues célèbres, Césaire (1852-1906) et Marie Phisalix qui ont mis au point un vaccin contre les morsures de vipère ;
par son église des XIIe et XVIe siècles avec son clocher en tuf et l'architecture de ses vieilles maisons.
Le village de Mouthier-Hautepierre
Vieilles maisons de Mouthier-Hautepierre
L'église de Mouthier-Hautepierre au clocher bâti en tuf
Vierge à l'enfant (statue de bois)
Statue de Saint-Vernier, patron des vignerons
Dans sa partie aval, la Loue parcourt les départements du Doubs et du Jura avant de rejoindre le Doubs aux environs de Dole (Jura).
Remerciements à Pierre Millet pour la détermination des plantes supérieures, à Michel Caillet pour la détermination des Bryophytes (= Mousses) et à Gilbert Michaud pour la carte de la source de la Loue.
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