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09/04/2019

Site Natura 2000 Petite Montagne du Jura. Ça grouille dans la mare

Site Natura 2000 Petite Montagne du Jura.

Ça grouille dans la mare !

 

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Sortie / pique-nique autour de l'eau

Non, il ne s’agit pas de déguster des cuisses de grenouilles ou des brochettes de libellules ! Mais plutôt de discuter ensemble de la vie d’une mare, des espèces incroyables qui la peuplent, des bons gestes pour l’entretenir… Tout en partageant pique-nique et boissons (on essaiera quand même de ne pas trop parler la bouche pleine).

Sortie organisée samedi 27 avril
Rendez-vous à 11h devant la mairie de Maisod (prévoir un pique-nique)
Inscription au 03 84 48 85 15

Animé par Jura nature Environnement

 

L’équipe Natura 2000
Site Natura 2000 Petite Montagne du Jura
http://petitemontagnedujura-n2000.fr
natura2000@petitemontagne.fr
03 84 25 39 78

 

21/03/2019

Sorties nature

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26/02/2019

Milieux humides, milieux utiles du Jura

Milieux humides, milieux utiles du Jura

Exposition / Causerie


 

La soirée "Milieux humides, milieux utiles" débutera à 18h30 par une présentation de l’exposition de photographies de Gérard JACQUIER intitulée « Trésors des eaux jurassiennes », et ce jusqu’à 19h45.

 

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Après une courte pause, la soirée reprendra vers 20h30 avec l’intervention de Manon GISBERT, Coordinatrice du Pôle Milieux humides Bourgogne-Franche-Comté (Conservatoire d’espaces naturels de Franche-Comté) sur les intérêts et les enjeux associés aux milieux humides.
 
Exposition/causerie organisée vendredi 8 mars.
Rendez-vous dès 18h30 (exposition) à la médiathèque d'Orgelet, ou à 20h30 pour l'intervention.
 
Animé par le Pôle Milieux Humides Bourgogne-Franche-Comté.

L’équipe Natura 2000
Site Natura 2000 Petite Montagne du Jura
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03/10/2018

La surdensité de sangliers menace la vipère péliade

La surdensité de sangliers menace la vipère péliade

 

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Cliché © Hubert Balthus

 

À ce jour, peu d’études ont mis en évidence l’impact des sangliers sur la biodiversité en Wallonie. Publiés dans la prestigieuse revue "Animal conservation", les résultats de la récente étude de Natagora sur la disparition de la vipère péliade démontrent concrètement l'ampleur du problème.

 

Une étude de longue haleine sur un reptile menacé

 

Un suivi intensif, réalisé durant 12 ans sur la majorité des populations wallonnes de ce serpent, révèle que sur tous les sites où les densités de sangliers ont augmenté, les populations de serpents ont rapidement disparu ou sont proches de l’extinction. À l’inverse, sur les rares sites où les sangliers ne sont pas ou peu présents, le nombre de serpents est stable.

 

Eric Graitson, herpétologue chez Natagora et auteur de l’étude : “Actuellement, la surdensité de sangliers est une des causes importantes de régression de nombreuses espèces, dont la plupart des reptiles et d’autres espèces sensibles comme les oiseaux nicheurs au sol. Les espèces les plus rares sont souvent les plus impactées.” et il ajoute “Les sangliers impactent les reptiles de plusieurs façons : par prédation directe, par compétition pour les proies, mais aussi en détruisant les micro-habitats utilisés comme refuge ou site de reproduction. Étant des organismes à mobilité réduite, les reptiles sont directement dépendants des conditions locales et sont particulièrement sensibles aux impacts causés par les sangliers en nombre trop élevé.

 

L’essor du sanglier

 

L'augmentation des densités d’ongulés sauvages depuis plusieurs décennies, en Wallonie et ailleurs en Europe, a indéniablement un impact considérable sur l’espace rural. Outre leurs impacts sur l’activité agricole et la régénération forestière, les impacts environnementaux causés par les surdensités de sangliers sont nombreux : ils perturbent les sols, mangent et détruisent une grande variété de plantes et d’animaux.

 

Si cette augmentation trouve en partie sa source dans les hivers plus cléments et le vieillissement de la forêt, il faut bien constater que la surdensité du sanglier arrange bien certaines sociétés de chasse qui tirent profit de cette activité particulièrement lucrative. Il n’est dès lors pas surprenant que que ces acteurs aient tout intérêt à accroître le problème avec les pratiques de nourrissage, ou en donnant des consignes de tir visant à épargner les laies.

 

Un impact jusque dans les aires protégées

 

L’étude met en évidence que les populations de serpents situées dans les espaces protégés comme les réserves naturelles sont encore plus impactées que les autres car ce sont des zones refuges pour les espèces protégées, comme le veut la législation. Elles bénéficient également d’une réelle quiétude, ce qui les rend, contre toute volonté, très attractives pour les sangliers, particulièrement en période de chasse.

 

Afin de se prémunir contre les dégâts, Natagora est de plus en plus souvent contrainte de mettre en place des solutions : installation de coûteuses clôtures anti-sangliers afin d’éviter leurs incursions depuis les espaces forestiers, opérations de destruction, etc.

 

Une autre gestion doit être envisagée

 

Pour Natagora, il convient de réguler drastiquement et durablement les populations de sangliers impliquant notamment la gestion des "points noirs". À cette fin, l’étude précise qu’il est urgent de prendre des mesures comme l’interdiction du nourrissage et le ciblage des tirs sur les laies afin de réguler les surpopulations de sangliers. Ces deux mesures doivent toutefois s’inscrire dans un plan d’action “Sangliers” définissant des objectifs clairs, mesurables et mesurés.

 

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19/09/2018

Été indien pour la Grenouille verte

Été indien pour la Grenouille verte

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

La Grenouille verte (Rana kl. esculenta) renommée depuis peu Pelophylax kl. esculentus est la plus commune de nos grenouilles. C’est une espèce hybride issue de plusieurs espèces européennes, essentiellement Rana lessonae (Grenouille de Lesson) et Rana ridibunda (Grenouille rieuse).

 

Elle occupe une multitude de milieux aquatiques et est également présente en milieux saumâtres.

 

Active le jour, elle est souvent observée s’exposant sur les berges ensoleillées des étangs, lacs, mares et ruisseaux riches en végétation qui lui assurent un abri.

 

Ses principaux prédateurs sont les hérons, les brochets et les couleuvres.

 

Durant les quatre mois d’hiver, elle s’envase dans le fond du ruisseau ou de la rivière où elle restera immobile réduisant ainsi au minimum ses besoins vitaux.

 

La saison chaude qui persiste en cette année 2018 et qui laisse présager un été indien ne peut que favoriser de belles observations comme le reflète cette image en eau calme.

 

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Cliché © Dominique Delfino

 

20/03/2017

l'Aspic au réveil d'hibernage

Réveil d’hivernage

 

par Michel Cottet herpétologue et

Dominique Delfino photographe naturaliste

 

J'attendais avec impatience les premières images de mon ami Michel Cottet, naturaliste, spécialiste des reptiles. Voilà en partage ce cliché commenté par son auteur.

 

En cette belle journée du 17 mars 2017, la température avoisinant 18°C, il était fort probable qu’une prospection attentive entre Pont-de-Roide et le Lomont permettrait d’observer les premières vipères en activité après leur repos hivernal. Tout juste sortis de leur torpeur, en milieu d’après-midi, trois beaux adultes, deux mâles et une femelle, prenaient un bain de soleil, lovés sous la protection d’un roncier.

 

Le mâle, très paisible, brun-rouge a bien voulu ne pas s’éclipser, prendre la pose, dans l'attitude typique d'une aspic sur l'expectative... mi-curiosité, mi-inquiétude ! Encore couvert d'un peu poussière terreuse, va-t-il parvenir à se débarrasser de l'épine de ronce qui s'est plantée dans sa peau ? Étant donné les taillis épineux que l'Aspic fréquente régulièrement, ce problème doit arriver assez souvent !

 

Belle rencontre d’une espèce fascinante, précieuse auxiliaire des agriculteurs et des jardiniers. Elle contribue à la régulation des populations de petits rongeurs, comme les campagnols, dont on connaît les méfaits quand leurs pullulations détruisent le fourrage des pâturages et prairies de fauche des éleveurs de bétail.

 

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Aspic mâle

Cliché © Michel Cottet

 

Nouvelle prospection herpétologique printanière vers la chapelle d'Aigremont, commune de Roulans (3 avril 2018)

par Michel Cottet, herpétologue

 

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La Chapelle de Roulans domine la vallée du Doubs

Cliché © Michel Cottet

 

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Un mur de soutènement bâti sur la roche protège l'esplanade

Cliché © Michel Cottet

 

 Cette prospection nous a permis d'observer uniquement deux juvéniles de Vipera aspis,

 

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Les vipères profitent des excavations pour hiberner…

Cliché © Michel Cottet

 

dos jaune clair, dessins dorsaux discrets ; probablement des femelles), étalées sur les étroites corniches des pierres du mur de soutènement. profitant plein Sud, des rayons d'un soleil moyennement vaillant à 16h30, dehors (étonnant ! juste devant leur trou/refuge) malgré des coups de vents très forts (supérieurs à 80 km/h).

 

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… et profiter d'un pâle soleil pour se réchauffer juste

avant l'arrivée de quelques gouttes de pluie orageuse.

 Cliché © Michel Cottet

 

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La seconde avait encore une peau encore nettement

fripée par le jeûne témoignant des privations hivernales.

Cliché © Michel Cottet

 

Pas repéré d'individus adultes  ; ils ne devaient pourtant pas être bien loin. Pas vu la queue d'un lézard des murailles, pourtant déjà sortis depuis plus d'un mois ici.

 

12/04/2016

Grenouille rousse : période de ponte

Rana_temporaria-200.jpgPontes en eau calme

 

par Dominique Delfino

Photographe animalier et naturaliste

 

Symbole que le printemps est bien installé, les pontes de Grenouilles rousses témoignent de l'activité de ce batracien en cette période de reproduction.

 

Les Grenouilles rousses sortent de leur période d’hibernation dès la fin du mois de février. Elles entament alors des migrations massives vers leur lieu de ponte, ces grenouilles étant bien souvent fidèles à leur site de reproduction d'origine constitué généralement par des pièces d'eau stagnante (mares, fossés, ornières forestières), des dépressions inondables, des ruisseaux.

 

La femelle pond de 700 à 4 500 œufs en amas gélatineux, déposés sur le fond, sur la végétation ou flottant à la surface d'eaux peu profondes. Elle quitte ensuite l'eau tandis que le mâle y reste plus longtemps pour s'accoupler avec d'autres femelles et féconder les œufs.

 

Équipé d'une protection étanche, j'immerge mon appareil photo sous l'eau pour découvrir les grappes d'œufs reposant sur la végétation. Cette vision subaquatique au cœur de ce biotope me plonge dans ce monde qui verra prochainement s'animer des centaines de têtards ayant survécu aux prédateurs, à l'assèchement de leur site de reproduction ou à la pollution.

 

Une image qui me rappelle les cours élémentaires de sciences naturelles avec ce sujet captivant sur l'évolution d'une espèce qui intéresse toujours les enfants.

 

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Cliché © Dominique Delfino

07/03/2016

Congrès franco-belge d'herpétologie

44e congrès  SHF — 2e rencontre franco-belge d'herpétologie

 

La fin de l'hiver arrive et annonce comme chaque année le début de l'organisation du congrès annuel SHF.

Cette 44e édition 2016 sera franco-belge !

Voici les premières informations concernant ces rencontres herpétologiques résumées ci-après :

Quand ? du vendredi 30 septembre au dimanche 2 octobre

Arrivée possible dès le jeudi 29 septembre au soir (logements disponibles sur place)

Où ? centre de la Marlagne, Chemin des Marronniers, 26, 5100 Wépion (Namur)-Belgique

Thème ? L’herpétofaune des milieux anthropiques.

Descriptif : Dans nos régions fortement peuplées, les zones urbanisées, les abords de voies de communications, les carrières et autres sites industriels abritent plusieurs espèces d’amphibiens et de reptiles. Ces espèces ont du s’adapter à ces milieux d’origine anthropiques mais doivent aussi y faire face à diverses menaces.

Vendredi 30/09 : communications relatives au thème et réunions des commissions en seconde moitié d’après-midi.

Samedi 01/10 : communications relatives au thème et/ou libres et assemblée générale de la SHF en seconde moitié d’après-midi.

Dimanche 02/10 : communications libres. Fin prévue en début d’après-midi.

Organisateurs : Natagora et Société Herpétologique de France.


Alors, à vos agendas !

Pour suivre les informations ces prochains mois : http://lashf.fr/actu/actu1clic


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12:02 Publié dans Herpétologie | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |

30/01/2016

Association de protection du Val du Drugeon — activités 2016

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01/11/2015

La disparition des dinosaures

La disparition des dinosaures

 

De la comète ou du volcan, lequel est responsable de la disparition des dinosaures, il y a 66 millions d'années ? Un double scénario catastrophe montre que les pauvres bêtes n'avaient décidément aucune chance de s'en tirer.

 

Jusqu'à présent, deux écoles "catastrophistes" s'affrontaient. Pour les uns, une chute d'astéroïdes était responsable de la crise biologique marquant la fin du crétacé. Pour les autres, il fallait incriminer les volcans. Il semblerait en fait que ce serait la combinaison du choc d'un astéroïde sur Terre et d'un regain du volcanisme qui explique leur extinction.

 

Déjà, en 1991, une théorie émanant de deux membres du Centre américain d'études géophysiques, établi en Californie, suggérait qu'il n'y avait pas un criminel unique : les deux phénomènes consécutifs auraient cause l'extinction des dinosaures, il y a 65 millions d'années. La communauté scientifique ne s'en était guère émue. En 1995, voilà que l'ordinateur vole au secours de la nouvelle hypothèse. Un physicien du laboratoire national Sandia, à Albuquerque (Nouveau-Mexique), a simulé l'impact terrestre d'une météorite de 10 km de diamètre. Selon ses calculs, l'onde de choc engendrée par la collision se serait répercutée en quatre-vingts minutes jusqu'aux antipodes, provoquant une éruption volcanique à grande échelle. La théorie pourrait être confortée par la découverte, en 1990, d'un cratère de 180 km de diamètre à Chicxulub, dans le Yucatàn au Mexique, diamétralement opposé aux "traps" du Deccan, en Inde, des structures géologiques en couches qui témoignent d'un formidable épanchement volcanique survenu à la limite du crétacé à la fin de l'ère secondaire et le début du tertiaire, c'est-à-dire au moment de la brusque disparition des dinosaures.

 

Cette théorie avait été alors mise en doute par Robert Rocchia, du Commissariat à l'énergie atomique et partisan de la théorie de la météorite : "L'activité volcanique de l'Inde a commencé au moins 500 000 ans avant que l'astéroïde ne vienne percuter la planète." Cet argument formulé à l'époque était insuffisant au regard de l'incertitude sur la datation des traps dont l'intensité maximale a duré un million d'années. Son autre objection était beaucoup plus solide. "Il y a eu une centaine de coulées successives. On n'a pas encore trouvé de traces d'une activité accélérée et qui pourrait être consécutive à un choc." Les scientifiques de la Nasa, ont, eux, écarté cette possibilité. Prenant en compte la tectonique des plaques, ils assurent qu'il y a 65 millions d'années, ce qui forme aujourd'hui l'Inde se trouvait... à 1600 km du point situé aux antipodes de Chicxulub.

 

Depuis vingt ans, les méthodes de datation se sont considérablement affinées et confirment le scénario élaboré par le Laboratoire national Sandia d'Albuquerque. "C'est la combinaison des deux phénomènes" qui a sonné le glas des dinosaures, conclut une étude américano-indienne — et non pas l'un ou l'autre. "Nos datations par la nouvelle méthode argon-argon ont permis de clarifier la succession des événements avec une précision plus de 20 fois supérieure à ce qui était possible il y a 5 ans", souligne le géophysicien Loÿc Vanderkluysen, de l'université Drexel (Philadelphie, États-Unis).

 

En frappant la Terre au Mexique il y a 66,043 millions d'années, un astéroïde a provoqué une accélération du volcanisme en Inde au cours des cinquante milliers d'années qui ont suivi l'impact. I.a collision aurait projeté un nuage obscurcissant et provoqué une phénoménale onde sismique. "L'équivalent d'un tremblement de terre de magnitude 11", assure le géologue Paul Renne, de l'université de Californie à Berkeley (États-Unis), "qui aurait perturbé la chambre d'alimentation des volcans". Les écoulements de lave, qui avaient démarré doucement 400 000 ans avant l'impact, ont plus que doublés ensuite. Et les volcans ont éructé des aérosols sulfurés, plongeant la Terre dans un long hiver meurtrier.

 

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L'impact de l'astéroïde dans le Yuccatan a provoqué un séisme très violent

qui a perturbé la chambre magmatique des volcans qui ont enregistré

un doublement de leur activité.

 

L'astéroïde frappe la Terre, dégageant un énorme nuage de poussières et de débris. Les ondes de choc se propagent autour de la planète et la courbe terrestre, agissant comme une lentille, focalise leur énergie aux antipodes. Un tel choc soulèverait l'écorce terrestre de plus de 100 mètres dans une série de secousses cataclysmiques, livrant le passage au magma et libérant nuages de poussières et émanations de gaz sulfurique. La perturbation atmosphérique qui s'ensuivrait occulterait le Soleil, provoquant une rupture écologique.

 

Sources :

Ewing R. (2015). — Asteroid Crash Kicked Off Mega-Volcano in the Process that Killed Dinosaurs.

Fléaux R. (1995). — Dinosaures : le cataclysme final, Sciences et Avenir, n° 577 mars 1995 p. 99.

Mulot R. (2015). — Les dinosaures n'avaient aucune chance, Sciences et Avenir, n° 825 novembre 2015 p. 20.

30/11/2014

Mise à jour de la phylogénie des tortues

tortue-200.jpgMise à jour de la phylogénie des tortues

(dernière mise à jour du 28/07/2015)

 

 

Une équipe américaine a publié en novembre 2014 une phylogénie des Tortues (Testudines) en analysant 2381 “ultraconserved elements” (UCE), c’est-à-dire des parties d’ADN très peu divergentes entre espèces, ce qui permet une résolution fiable des relations phylogénétiques entre taxons ayant divergé depuis très longtemps.

 

Les auteurs ont fait un travail de séquençage considérable : 86 millions de bases ont été lues chez 28 taxons ; en moyenne des séquences de plus de 3 millions de bases ont été obtenues pour chaque échantillon avec au final des recouvrements obtenus de 1 718 154 paires de bases (!), qu’ils ont donc pu comparer entre elles. Autant dire que les résultats obtenus sont robustes et très probablement définitifs pour cet ordre !

 

Ce travail a permis de résoudre les relations discutées jusqu’alors de certains groupes comme les Trionychia (tortues à carapace molle), mais aussi de proposer un nouveau groupe, les Emysternia, incluant l’ancêtre commun à Platysternon megacephalum (une espèce asiatique seule représentante vivante de sa famille) et Emys orbicularis. En croisant des données fossiles les auteurs ont pu reconstruire un scénario biogéographique de la mise en place des groupes depuis le morcellement de la Pangée.

 

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Pour en savoir plus :

 

Nicholas G. Crawford, James F. Parham, Anna B. Sellas, Brant C. Faircloth, Travis C. Glenn, Theodore J. Papenfuss, James B. Henderson, Madison H. Hansen, W. Brian Simison, A phylogenomic analysis of turtles, Molecular Phylogenetics and Evolution, Available online 4 November 2014, ISSN 1055-7903, http://dx.doi.org/10.1016/j.ympev.2014.10.021.

 

  

L'ancêtre des tortues : un lézard (mise à jour du 28/07/2015)

 

Quelques mois après le précédent article, la découverte d'un fossile en Allemagne venait bouleverser la phylogénie des Chéloniens.

 

Jusqu'à présent, on ignorait à quels reptiles anciens l'ordre des Chéloniens, l'ordre des tortues était apparenté. On situait son origine au Trias (il y a 252 à 201 millions d'années), mais fallait-il relier les tortues aux lézards, aux crocodiles ou aux prédinosaures triassiques ?. Or une espèce fossile de tortue vient d'être découverte qui confirme ce que l'on suspectait déjà : les tortues sont des proches parentes des lézards qui se seraient adaptées à la vie aquatique.

 

Pappochelys rosinae est extraordinaire : « On ne trouve un tel fossile qu'une seule fois dans sa vie, ou pas ! » s'exclame Rainer Schoch du Muséum d'histoire naturelle de Stuttgart, qui partage la découverte avec Hans-Dieter Sues, du Muséum américain d'histoire naturelle, à Washington. Pappochelys est l'un des fossiles que les deux paléontologues ont extraits dans la carrière Schumann à Vellberg, dans le Bade-Wurtemberg. Une fois dégagé de sa gangue d'argilite lacustre (un fond de lac pétrifié), l'un des fossiles s'est révélé être celui, rarissime, d'une tortue (voir le cliché ci-dessous).

 

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Le fossile de Pappochelys rosinae

La flèche indique l'une des côtes renforcées de cette prétortue

 

Comme la strate dont il provient date de 240 millions d'années, il s'agirait du plus ancien fossile de tortue à ce jour. Rainer Schoch et Hans-Dieter Sues viennent de publier la description de la nouvelle espèce et, en l'étudiant, ils ont découvert que ses caractères archaïques en font une forme intermédiaire entre les lézards triassiques et les tortues.

 

La trouvaille est d'un grand intérêt, Aussi l'étude paléontologique publiée par Rainer Schoch et Hans-Dieter Sues sera-t-elle sûrement examinée par les autres spécialistes...

 

Pourquoi pensait-on que les tortues et les lézards triassiques étaient proches ? La découverte en 2011 d'ARN commun aux lézards et aux tortues indiquait une parenté proche. Toutefois, cette donnée et les autres données génétiques ne s'accordaient pas bien à ce que l'on savait du registre fossile.

 

Jusqu'à présent, vieux de 220 millions d'années, le reptile chinois Odontochelys passait pour la plus ancienne tortue : son blindage ventral était complètement ossifié, tandis que son blindage dorsal ne consistait qu'en côtes élargies. On avait aussi remarqué de telles côtes sur Eunotosaurus, un reptile vieux de 260 millions d'années, qui vivait donc à la fin du Permien (298,9 à 252,2 millions d'années). Toutefois, d'après son aspect, on ne pouvait être sûr qu''Eunotosaurus soit bien un ancêtre des Chéloniens. La période d'apparition du plan d'organisation des tortues restait donc difficile à situer dans le temps, et les Chéloniens difficiles à relier aux lézards ou à d'autres groupes.

 

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Place de Pappochelys dans l'arbre phylogénique des Chéloniens

 

Ce trouble est dépassé : Pappochelys suggère que l'évolution de certains lézards a produit les tortues il y a quelque 240 millions d'années ou avant, au Permien peut-être. En effet, Pappochelys ressemble à un lézard (voir en haut à droite), qui serait doté de côtes élargies, mais pas (encore) fusionnées en un blindage ventral ossifié unique comme chez Odontochelys. Par ailleurs, Pappochelys a des dents et son crâne, comme celui des lézards, montre deux fenêtres temporales, au lieu d'avoir le caractère beaucoup plus massif de celuides tortues. Il est donc clair que Pappochelys, et avec elle les tortues, sont ce que les paléontologues nomment des Diapsides (des reptiles à deux fenêtres temporales). Désormais, on peut être certain que les tortues sont issues des lézards, et sont apparentées aussi aux crocodiles (des lézardoïdes) et aux oiseaux.

 

En tout cas, pour les découvreurs de la tortue de Vellberg, « l'âge géologique de Pappochelys correspond exactement à la fenêtre temporelle à laquelle on s'attend pour de telles formes. Notre découverte montre à quoi a ressemblé le blindage ventral des tortues à l'origine, ce qui lui donne sa très grande signification biologique ».

 

Et quel genre d'animal était Pappochelys ? Long d'une vingtaine de centimètres, il ressemblait à un lézard et vivait dans un petit cours d'eau douce. Comme les iguanes marins des Galapagos, il semble qu'il ait volontiers séjourné dans l'eau. Ses côtes renforcées lui permettaient de plonger profondément et peut-être de rester plus longtemps dans l'eau que les autres lézards, par exemple pour y chasser ou y paître. Tout cela suggère que le blindage des tortues, en plus d'être une défense contre les prédateurs, serait une adaptation à la vie aquatique, ce que la tortue chinoise Odontochelys laissait déjà penser.

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Reconstitution de Pappochelys rosinae

 

 

Sources :

Rainer R. Schoch & Hans-Dieter Sues Nature (2015) doi:10.1038/nature14472 publié en ligne le 24 juin 2015.

François Savatier (2015). - La plus vieille tortue est un lézard Pour la Science n° 454 - août 2015. pp 6-7.

 

23/06/2014

La Couleuvre d'Esculape (Zamenis longissimus)

Couleuvre-Esculape-logo.jpgLa Couleuvre d'Esculape (Zamenis longissimus)

 

par Michel Cottet, herpétologue

 

La Couleuvre d'Esculape est un grand serpent souple à tête longue et nettement distincte du cou. La longueur totale est de 1,40 à 1,60 m et peut atteindre jusqu'à 2 m dans le Sud de son aire de répartition.

 

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La longueur du corps est remarquable  © Michel Cottet

 

Les yeux sont relativement grands à pupille ronde, les écailles sont lisses et la queue est très longue. La coloration du corps est brun-jaune, brune ou olive et pratiquement unie, avec de petits traits blancs sur le bord des écailles dorsales et latérales. La nuque peut porter de chaque côté une tache jaune pâle ou vif souvent bordée de sombre. La face ventrale est blanchâtre ou jaune. Dans certaines régions, la coloration peut s'ornementer de lignes longitudinales plus ou moins distinctes. Les jeunes ont une coloration bien différente des adultes et très voyante : la tête est bariolée et le corps jaunâtre ou brunâtre porte plusieurs rangées de taches sombres.

 

couleuvre d'esculape,michel cottet

Couleuvre d'Esculape juvénile © Michel Cottet

 

On rencontre la Couleuvre d'Esculape au Nord-Est de l'Espagne, en France, Italie, Sicile, Sardaigne, Sud de la Suisse, Autriche, Sud de l'Allemagne, Tchécoslovaquie, Sud de la Pologne, Hongrie, pays balkaniques, Asie Mineure, Caucase et Nord de l'Iran.

 

couleuvre d'esculape,michel cottet

 

La Couleuvre d'Esculape se plaît dans les régions chaudes et fortement ensoleillées. Elle fréquente la lisière des forêts de feuillus envahies de broussailles, les bosquets clairs à taillis épais, les pentes couvertes de buissons offrant de nombreuses cachettes, et les régions rocailleuses. Elle aime aussi les murs en ruine et les tas de pierres, ainsi que les talus qui délimitent les champs. Elle vit en plaine, colline et parfois en montagne jusqu'à 1500 m d'altitude dans la partie la plus méridionale de son aire de répartition géographique.

 

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Couleuvre se réchauffant au soleil © Michel Cottet

 

Active de jour et au crépuscule, la Couleuvre d'Esculape ne quitte ses quartiers d'hiver qu'à la mi-avril ou début mai. Elle passe alors le plus clair de son temps à se chauffer au soleil.

 

Elle se nourrit de petits mammifères, lézards , oiseaux, oisillons et œufs d'oiseaux. Elle s'approche de sa proie lentement. Quand elle est suffisamment proche, elle replie son cou et frappe comme l'éclair. Elle mord alors sa proie et l'emprisonne en s'enroulant plusieurs fois autour, ce qui a pour effet d'étouffer la victime. Au bout d'un court instant, elle desserre ses mâchoires, se déroule et à l'aide de son odorat, recherche à tâtons la tête de l'animal, afin de l'engloutir tête la première. Quand la proie est assez grosse, la Couleuvre d'Esculape peut mettre 15 à 20 minutes pour l'avaler entièrement. elle nous démontre ainsi l'extrême flexibilité de la plupart des os qui forment la boîte crânienne chez les Ophidiens. Les différentes pièces des mandibules sont allongées en forme de baguettes et les deux branches de la mâchoire inférieure sont séparées et rattachées au crâne par un pédoncule, l'os tympanique ou carré qui est mobile et lié à une autre pièce mobile, l'os mastoïdien, détaché du temporal. Les branches de la mâchoire supérieure sont liées à l'os intermaxillaire ou incisif par des membranes ou ligaments extensibles ; même les os ptérygoïdiens et palatins présentent une certaine mobilité. L'os carré, placé très en arrière, très oblique à l'état de repos, devient presque vertical lors de l'ouverture de la bouche et l'angle des deux mâchoires est ainsi fortement abaissé et l'ouverture de la bouche considérablement agrandie.  Elle est même capable de gober un œuf. Après avoir avalé l'œuf et écrasé la coquille, elle la régurgitera. En fin de déglutition, la couleuvre ouvre grand sa bouche afin de remettre en place ses mâchoires.

 

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© MNHN

 

La Couleuvre d'Esculape grimpe très habilement parmi les branches des buissons et des arbres, et elle peut même escalader avec une aisance surprenante de gros troncs d'arbres à écorce rugueuse. Elle utilise pour cela toutes les aspérités du support, sur lesquelles elle prend appui grâce à ses écailles ventrales carénées sur les côtés. Elle peut ainsi grimper presque à la verticale.

 

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La Couleuvre d'Esculape est un serpent arboricole © Michel Cottet

 

Au sol, la Couleuvre d'Esculape se déplace de façon tranquille. Elle repose rarement enroulée, mais préfère faire de grands méandres ou s'étirer plus ou moins complètement. Quand on s'approche prudemment elle fuit rarement ; elle reste le plus souvent immobile et se laisse observer à loisir. Si on la touche, elle ne fuit pas précipitamment, mais disparaît plutôt lentement. Si on cherche à la capturer, elle peut s'enrouler autour de la main et mordre fortement.

 

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Couleuvre en cours de mue © Michel Cottet

 

Les grands individus de cette espèce ont surtout pour prédateurs les sangliers, les martres et les oiseaux de proie. Les plus petits se font aussi dévorer par les hérissons, les rats et les oiseaux de taille moyenne (comme les corneilles). Les tout petits serpents peuvent aussi être prédatés par des oiseaux tels que les pies-grièches et les grives. Mais le plus terrible ennemi de la Couleuvre d'Esculape est encore l'Homme. Dans de nombreuses régions, on la tue encore systématiquement. Elle est parfois convoitée par les amateurs de terrariums. Comme les grandes couleuvres sont les plus faciles à débusquer, ce sont elles qu'on capture en premier. L'espèce ne peut dès lors plus se reproduire en proportion suffisante et peut s'éteindre localement. La réduction des espaces sauvages, liée à l'extension des activités et des habitations humaines, contribue au déclin des effectifs. Dans de nombreuses régions il faut prendre des mesures d'urgence pour préserver l'habitat de la Couleuvre d'Esculape si on ne veut pas qu'elle disparaisse définitivement.

 

La période de reproduction commence fin mai-début juin. Les mâles errent alors des jours entiers à la recherche d'une femelle. Quand deux mâles se rencontrent, ils s'affrontent généralement dans un combat entièrement symbolique : ils rampent l'un sur l'autre, changeant sans cesse de position et essayant de se plaquer mutuellement au sol. Le duel, au cours duquel il n'y a aucune blessure, finit par la fuite de l'animal le plus faible.

 

Les couleuvres identifient le sexe de leur partenaire grâce à leur odorat qui est très développé. Pendant le rut — qui dure souvent plusieurs semaines —, les mâles ne cherchent pas à se nourrir. Quand un mâle rencontre une femelle, il rampe sur son dos et cherche à se maintenir en lui mordant la nuque ou le cou. Mais la femelle n'accepte souvent de s'accoupler que quelques heures après avoir rencontré le mâle. Elle essaie alors de s'enfuir en forçant le mâle à la lâcher en l'entraînant sur son dos. La copulation se prolonge généralement un certain temps. Le couple peut rester parfaitement immobile ou au contraire s'agiter. En cas de danger, les partenaires ne peuvent pas se séparer instantanément et ont de grandes difficultés à s'enfuir. Ils essaient de se sauver dans des directions opposées. Finalement, c'est la femelle, généralement plus grande, qui parvient à entraîner le mâle avec elle.

 

La ponte a lieu vers la fin juin : 5-8 œufs, parfois 10 ou plus, sont déposés au fond d'un terrier de petit mammifère, sous une pierre, dans un épais tapis de mousse ou au creux d'une souche en décomposition.

 

Les œufs ont besoin de chaleur et d'humidité ; par temps chaud, il leur faut environ 6-8 semaines pour éclore. Les petites couleuvres mesurent 20-25 cm à la naissance, elles portent une coloration typique et se nourrissent d'abord de petits lézards.

 

L'hibernation commence tôt, s'il fait froid, dès la fin septembre ou début octobre. Les couleuvres d'Esculape se glissent alors dans une fente rocheuse, sous une souche, dans un terrier naturel ou emprunté à un rongeur, afin de s'abriter du gel.

 

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Couleuvre d'Esculape © Michel Cottet

 

La Couleuvre d’Esculape est le serpent qui figure partout sur le caducée des médecins, pharmaciens, infirmiers ; elle symbolise la médecine depuis l’Antiquité (c’était la divinité Asclépios chez les Grecs, Esculape chez les Romains).

 

Sources :

 

Diesener G. & Reichholf J. (1986). - Les batraciens et les reptiles, pp. 208-211. Ed. Solar, Paris.

15/07/2013

La couleuvre à collier

Natrix-natrix-helvetica-logo.jpgLa Couleuvre à collier

Natrix natrix L., 1758

 Son nom scientifique Natrix vient du latin qui signifie ‘nageur’.

 

par André Guyard et Michel Cottet

(Dernière mise à jour : 15 juillet 2016)

 

Caractéristiques :

 

La Couleuvre à collier est une grande couleuvre massive à tête ovale et nettement distincte du cou. Grands yeux à pupilles rondes, écailles dorsales nettement carénées, et longue queue. La coloration est grise (plusieurs tons), plus rarement brunâtre. Les couleuvres à collier peuvent être unies, avoir des taches dorsales et latérales noires, ou porter un ensemble de taches noires et de bandes longitudinales claires. La tête a généralement un motif caractéristique plus ou moins net : deux taches blanchâtres, jaunâtres ou orange entourées d'un liséré noir et situées sur les côtés de la nuque. La face ventrale blanchâtre ou jaunâtre s'orne d'un damier noir. Longueur totale du mâle 70-75 cm, de la femelle 85-90 cm (parfois même jusqu'à 180 cm). Les femelles sont plus grosses que les mâles, surtout en fin de printemps quand elle portent les œufs.

 

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Langue bifide © H. Reinhard

 

La Couleuvre à collier montre une seule écaille préoculaire et trois écailles post-oculaires, alors que la Couleuvre vipérine possède deux écailles préoculaires et deux écailles post-oculaires et la Couleuvre lisse une seule écaille préoculaire et deux écailles post-oculaires.

 

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Natrix natrix helvetica © Michel Cottet

 

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Distribution :

La Couleuvre à collier vit dans presque toute l'Europe, dans l'ouest de l'Asie et en Afrique du Nord. Absente d'Irlande, du nord de l'Angleterre, d'Écosse et de différentes îles méditerranéennes (Baléares, Crète). Dans cette vaste aire de répartition, on distingue 9 sous-espèces caractérisées essentiellement par leur coloration.

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Jeune Natrix natrix helvetica © Michel Cottet

Sous-espèces

  • · astreptophora - Se rencontre au Portugal, en Espagne et une répartition limitée en France (départements des Pyrénées-Orientales et le Sud de l'Aude. limite Nord à proximité de Narbonne).

 

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Natrix natrix astreptophora © F. Forman

 

 

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Natrix natrix astreptophora © D. Philips

 

  • · cetti - Se rencontre en Sardaigne.
  • · corsa - Se rencontre en Corse, récemment séparée de la sous-espèce cetti.

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Natrix natrix corsa © F. Forman

 

  • · fusca - Se rencontre seulement sur l'île grecque de Kea.
  • · gotlandica - Se rencontre sur l'île Suédoise de Gotland.
  • · helvetica - Se rencontre sur la quasi totalité de la France (sauf où se trouve sp. astreptophora), la plupart de la Suisse (sauf l'extrême Est, où elle est remplacée par ssp. natrix), à l'Ouest du Rhin en Allemagne, Belgique, Luxembourg, les Pays-bas, l'Angleterre et le Pays de Galles.

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Natrix natrix helvetica © F. Forman

 

  • · lanzai - Se rencontre en Italie (sauf le Nord où elle est remplacer par ssp. natrix à l'Ouest et ssp. helvetica à l'Est).
  • · natrix - Se rencontre à partir du Rhin vers l'est jusqu'en Russie, les limites Sud sont la Suisse, l'Italie du Nord, la Slovénie, Hongrie, et le Nord de la Roumanie. Au Nord cette sous-espèce se rencontre au Danemark, en Finlande, en Norvège et la Suède.
  • · persa - Se rencontre dans la péninsule des Balkans, limite au Nord Est là où est la limite du Sud de ssp. natrix (voir natrix).

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Couleuvre à collier rayée : Natrix natrix persa © D. Fuchs

 

  • · schweizeri - Se rencontre sur plusieurs îles Grecs: Milos, Kimolos et Polyagos.

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Natrix natrix schweitzeri © F. Forman

 

  • · sicula - Se rencontre en Sicile.

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Natrix natrix sicula © F. Forman

 

Habitat :

 

Serpent aquatique, la Couleuvre à collier vit souvent près des lacs, des étangs et des petites mares bordés de roseaux et de sous-arbrisseaux. Mais on la trouve aussi dans les zones marécageuses, et même dans les gravières et carrières sèches. C'est dans ce genre de biotope qu'elle se nourrit de crapauds ou de souris. Elle préfère la plaine, mais monte parfois en montagne jusqu'à 2400 m.

 

Mœurs :

 

La Couleuvre à collier est un serpent exclusivement diurne. Le soir, elle se retire dans une cachette où elle se repose en position repliée. Elle sort lentement de la fraîcheur du petit matin pour s'exposer longuement au soleil. Elle redevient surtout active en fin de matinée et l'après-midi. Pendant les grandes chaleurs, elle se replie dans une cachette. Les chaudes soirées d'été, la Couleuvre à collier peut se promener jusqu'au coucher du soleil. Elle se déplace à terre avec beaucoup d'agilité, mais fréquente aussi l'eau où elle nage et plonge fort bien. Elle commence l'hibernation fin septembre ou début octobre, s'abritant dans un terrier, une cavité naturelle, sous une souche ou dans une fente rocheuse. Les abris les mieux appropriés réunissent souvent plusieurs couleuvres en hibernation, parfois même un très grand nombre. Ces « dortoirs » se vident généralement fin mars, et le rut commence début mai. Plusieurs mâles se réunissent fréquemment autour d'une même femelle.

 

Menacée, elle siffle et émet un liquide malodorant quand on la manipule. Elle peut faire le mort : elle tire la langue avec la bouche ouverte et peut ainsi décontenancer un prédateur. Certains spécimens miment la vipère en étant plus agressifs en aplatissant tête et cou, en émettant des sifflements et se lançant sur le prédateur comme s'ils voulaient mordre.










Couleuvre à collier simulant la mort

©Monique Cottet (20 avril 2016)

 

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Natrix natrix helvetica faisant le mort © Daniel Phillips

 

La reproduction a lieu au printemps au sortir de l'hibernation. Les mâles atteignent leur maturité sexuelle lors de la troisième année et les femelles lors de la cinquième année. Les individus mesurent alors environ 60 cm de long.

 

Dans les biotopes où cette espèce est fréquente, on a observé jusqu'à 20 mâles en rut autour d'une femelle. Lors de tels regroupements, les mâles peuvent se gêner au point qu'aucun ne parvienne à s'accoupler avec la femelle. Il n'est pas rare que celle-ci fuie la foule de ses prétendants. Quand ils s'en aperçoivent, les mâles commencent à arpenter les environs. S'ils retrouvent la femelle, ils recommencent à s'agglutiner autour d'elle, chacun essayant de se placer à son côté ou sur son dos. Quand un mâle parvient enfin à prendre la position requise et à réaliser l'accouplement, la femelle cherche à s'isoler, entraînant son partenaire sur son dos. La copulation se prolonge généralement un certain temps. En cas de danger, les partenaires ne peuvent pas se séparer instantanément et ont de grandes difficultés à s'enfuir. Ils essaient de se sauver dans des directions opposées. Finalement, c'est la femelle, généralement plus grande, qui parvient à entraîner le mâle avec elle.

 

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Ponte © B.-Münker

 

La ponte se déroule en juillet ou en août. Chaque femelle pond environ 50 œufs et choisit pour cela un tas de feuilles, de roseaux ou de sciure en décomposition. Là encore, les lieux les mieux adaptés peuvent attirer plusieurs pondeuses, parfois un très grand nombre. On cite toujours des tas où on a retrouvé un nombre inimaginable d'œufs dans un petit espace : 3 500 à 4 000 œufs dans une scierie, par exemple. En général, une femelle pond une trentaine d'œufs, mais une ponte peut comprendre jusqu'à une centaine d'œufs Dans des conditions naturelles, les jeunes éclosent au bout de 60 à 75 jours Ils mesurent alors 15-22 cm et ont la même coloration que les adultes.

 

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Éclosion © T. Angermayer

 

Alimentation :

 

La Couleuvre à collier se nourrit essentiellement de grenouilles rousses ou vertes, mais elle dévore aussi rainettes, crapauds et tritons et même des poissons de petite taille (carpes, carassins, goujons, etc.). Parmi les amphibiens, la couleuvre semble ne dédaigner que le crapaud sonneur et la salamandre. Dans des biotopes plus secs elle chasse des micro-mammifères. Les jeunes se nourrissent surtout de têtards, d'insectes et de poissons de petite taille.

 

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Couleuvre à collier avalant une grenouille rousse © B. Münker

 

 

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Couleuvre à collier attaquant un crapaud commun © Georges Lignier

 

 

Écologie :

 

La Couleuvre à collier a de nombreux prédateurs : les rats et les fourmis peuvent détruire sa ponte, et les toutes jeunes couleuvres peuvent être la proie de carabes, de la grenouille rieuse, ou de poissons. De nombreuses espèces d'oiseaux les apprécient également : hérons, grèbes et plongeons, cigognes, buses et busards, serpentaires, corvidés, pies-grièches et merles. On a même vu des moineaux domestiques s'attaquer à des couleuvres à collier fraîchement écloses. Cette foule de prédateurs n'exerce pas une pression suffisante sur l'espèce pour la menacer. Mais, bien que localement très fréquente, la Couleuvre à collier commence à se raréfier. Trop de plans d'eau sont ouverts aux baigneurs et aux sports aquatiques, les roselières qui bordent les lacs sont souvent détruites, et de nombreuses zones marécageuses sont assainies.

 

Le bruit que fait la Couleuvre à collier en se déplaçant fait souvent fuir sa proie favorite, la grenouille. La couleuvre réagit surtout au mouvement et ne reconnaît une grenouille posée près d'elle que lorsqu'elle prend la fuite ou si elle la touche par hasard de la langue. La proie est saisie n'importe comment et avalée vivante, soit les pattes, soit la tête en premier. Quand une Couleuvre à collier est poussée dans ses retranchements, elle s'enroule en « galette » et écarte ses côtes pour s'aplatir au sol. Elle peut aussi redresser l'avant du corps, siffler fortement en agitant la langue, et donner des coups de tête en direction de l'ennemi. Si elle est saisie en dépit de ces manœuvres d'intimidation, elle cherche à se dégager, frappant de son corps à droite et à gauche, et émettant de son cloaque un liquide blanc craie nauséabond qui imprègne longtemps les mains et les vêtements. Une couleuvre inquiétée peut également « faire le mort ». Elle devient brusquement molle, ouvre la bouche, laisse prendre la langue, et ses pupilles se tournent vers le bord inférieur de la paupière. Quand elle est dans cet état, on peut la tourner et la retourner au sol sans qu'elle ait de réaction. Lorsqu'on la laisse parfaitement tranquille, elle reste généralement assez longtemps immobile, mais se remet rapidement et prend la fuite. La Couleuvre à collier mue plusieurs fois par an. Une mue s'annonce par le ternissement des couleurs et l'obscurcissement des yeux. Pour se débarrasser de sa vieille peau, la couleuvre commence par se frotter la tête sur des objets, afin de détacher la peau des mâchoires supérieure et inférieure. Elle passe alors plusieurs fois entre des racines ou des broussailles pour achever de se déshabiller.

 

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Couleuvre à collier en début de mue © M. Cottet

 

La couleuvre à collier est une espèce protégée. Voir à ce propos la fiche réalisée par l'Onéma.

Une belle vidéo sur la couleuvre à collier due à Julien Perrot, rédacteur de la Salamandre

Source principale :

 

Diesener G. & Reichholf J. (1986). - Batraciens et reptiles Ed. Solar.

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18/06/2013

La Couleuvre vipérine

Couleuvre-vipérine-logo.jpgLa Couleuvre vipérine

Natrix maura (Famille des Colubridés)

 

par Michel Cottet, herpétologue

 

Il s'agit d'une couleuvre de taille moyenne (0,80 m, au  maximum pour les adultes), de coloration contrastée, à tête nettement distincte du cou et au corps relativement massif. La coloration peut être gris-vert-olive-jaunâtre, orange-jaune, brunâtre ou gris olive. Les motifs de la face dorsale couverte d'écailles carénées se composent d'une rangée de grandes taches anguleuses brun sombre qui peuvent se toucher pour former une rayure en zigzag. Les flancs sont plus clairs que le dos et portent de grandes taches transversales sombres parfois ocellées (avec le cœur plus clair). L'arrière de la tête et de la nuque portent un motif foncé caractéristique, les côtés de la tête sont marqués par une bande qui s'étend de l'œil au coin de la bouche. La face ventrale est blanc-jaunâtre alternant en damiers de taches sombres, parfois ponctuée d’orangé.  

 

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Couleuvre vipérine ©Michel Cottet

 

La Couleuvre vipérine peut être confondue avec la Vipère péliade et la Vipère aspic à cause de sa taille, de sa couleur, de ses dessins dorsaux, de ses écailles carénées et de sa réaction en cas d'agression qui consiste à s'enrouler en spire, à aplatir sa tête et à siffler. Elle est cependant totalement inoffensive. Elle s'en distingue par la pupille ronde des Colubridés. En outre, même si elle joue l’intimidation, elle ne mord jamais.

Si elle est vraiment inquiétée, elle émet par l’orifice anal une substance très nauséabonde et persistante. 

À la différence de sa proche cousine, la Couleuvre à collier, elle ne simule pas la mort en cas de danger.

 

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Couleuvre vipérine. Bain de soleil sur une souche ©Michel Cottet

 

Les adultes se nourrissent de petits poissons, d'amphibiens. Les jeunes chassent les alevins ou les têtards. La Couleuvre vipérine passe toute sa période d'activité (avril à octobre) dans les cours d'eau ou à proximité immédiate. Elle ne revient sur la rive que pour se réchauffer.

 

La période d'accouplements est de mars à mai, et les femelles pondent de mai à juin une vingtaine d'œufs parmi des racines ou dans les tanières abandonnées. Les petits naissent entre août et septembre.

 

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Couleuvre vipérine. Bain de soleil sur une souche ©Michel Cottet


La Couleuvre vipérine vit dans le centre et le sud de la France près des lacs, marais, cours d'eau, fleuves y compris. On la trouve aussi dans la Péninsule ibérique, le sud-ouest de la Suisse, le nord-ouest de l'Italie, la Sardaigne, les Baléares, les îles d'Hyères et en Afrique du Nord.

 

En limite nord de son aire naturelle de répartition en Franche-Comté, on la rencontre dans la moyenne et basse vallée du Doubs, de la Bienne, de l’Ain, de la Sorne, du Suran et de la Valouse. Cette espèce d’ophidien au statut rare et menacé dans la Région, fait l’objet d’un plan régional d’action de sauvegarde depuis 2010.

 

Plusieurs chantiers bénévoles de restauration de milieux ont déjà été organisés ici en sa faveur par la LPO, ainsi que la Fondation Nature & découvertes. Une petite plaquette de sensibilisation est disponible depuis juin 2013, éditée par la LPO de Franche-Comté. Voir également l'article ci-dessous.

 

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Biotope de la Couleuvre vipérine restauré en 2011-2012

dans la moyenne vallée du Doubs ©Michel Cottet

 

 

 

09:22 Publié dans Herpétologie | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |

Sensibilisation pour la couleuvre vipérine

LPO_Agirpourlabio_Franche Comté.pngUne plaquette de sensibilisation pour la Couleuvre vipérine

Un serpent à sauvegarder en Franche-Comté

La Couleuvre vipérine est un petit serpent peu connu en Franche-Comté où elle atteint sa limite nord-est de répartition. Elle fait l’objet d’un plan de conservation depuis 2010 tant elle est menacée de disparition en région.

 

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Réalisée par la LPO Franche-Comté avec la participation de la Réserve naturelle régionale de la Côte de Mancy, l’objectif de la plaquette est de sensibiliser le grand public à la protection de cette espèce vulnérable tout en lui fournissant les informations pratiques qui lui permettront de contribuer à sa préservation.



Cette plaquette est financée par l’Union Européenne dans le cadre du Fond européen de développement régional (FEDER) et par la DREAL Franche-Comté.

La plaquette est téléchargeable sur : http://goo.gl/iRVt7

Contacts presse :
LPO Franche-Comté / Nathalie Dewynter –
03 81 50 43 10 - nathalie.dewynter@lpo.fr

LPO Franche-Comté
7 rue Voirin - 25000 Besançon
03 81 50 43 10 - franche-comte@lpo.fr
http://franche-comte.lpo.fr

12/04/2013

Le Héron et la couleuvre

 Le Héron et la couleuvre

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

Au cours de quelques jours passés en Camargue, je vous rapporte cette image intéressante sur la prédation des reptiles par les oiseaux.

Je découvre le parc ornithologique du Pont de Gau près des Saintes-Marie de la Mer. Au cours de la balade, un Héron cendré particulièrement concentré à scruter le sol attire mon attention quand soudain, celui-ci détend son corps et plonge la tête au sol.

C'est une Couleuvre de Montpellier que celui-ci vient de capturer habilement, mais le reptile n'est pas mort sur le coup et se débat durant près de deux minutes, notre Héron s'y reprenant à plusieurs reprises pour en venir à bout.

Le Héron cendré est souvent mal considéré, à tort car son régime alimentaire est constitué essentiellement de poissons. Mais il ne faut pas oublier que c'est également un gros consommateur de petits mammifères (campagnols, rats...), batraciens et autres proies diverses comme en témoigne ce cliché.

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Cliché © Dominique Delfino

20/03/2013

Comment protéger nos amphibiens

Amphibiens_1-450.jpg

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19/01/2013

Césaire et Marie PHISALIX : deux savants comtois

Césaire et Marie PHISALIX :

deux savants comtois

spécialistes des venins et des serpents

 

par Claude-Roland Marchand

 

Professeur des Universités

Membre correspondant de l'Académie des Sciences,

Belles Lettres et Arts de Besançon.

 

En 2006, la commune de Mouthier-Hautepierre et la Société Herpétologique de France ont honoré la mémoire de Césaire PHISALIX, pour le centenaire de sa mort. Cet enfant du pays s’est illustré, au cours d’une riche et brillante carrière, dans plusieurs domaines de la biologie et de la physiologie ; mais son nom reste surtout attaché à la mise au point d’un sérum antivenimeux. Malgré l’importance de cette découverte, Césaire PHISALIX nous semble injustement tombé dans l’oubli.

 

Mouthier-Hautepierre a associé à cet hommage, son épouse et collaboratrice, Marie PICOT-PHISALIX, disciple talentueuse qui a prolongé l’œuvre de son époux, pendant trente neuf ans au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.

La ville de Besançon a baptisé une rue de la capitale comtoise du nom de PHISALIX.

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Cliché C.R. Marchand

 

Je voudrais retracer, ici, les principales étapes de leurs vies et les importantes retombées de leurs recherches en m’aidant des nombreux témoignages rassemblés dans différentes revues dont on trouvera les références dans la bilbiographie ci-dessous.

 

 Auguste-Césaire PHISALIX (1852-1906)

 

Césaire-Phisalix-blog.jpg

 

Est né le 8 octobre 1852 à Mouthier-Hautepierre (Doubs) dans une modeste famille de vignerons ; c’est un élève brillant qui entame sa scolarité, auprès de son instituteur à Lods, puis au petit Séminaire d’Ornans ; il la poursuit au Collège catholique de Besançon où il obtient ses baccalauréats (en 1872, 1873). Pour alléger les sacrifices consentis par sa famille, il s’engage comme élève au Service de Santé Militaire. En 1877, au Val de Grâce, il termine ses études médicales par la soutenance  d’une thèse sur « La néphrite interstitielle ». Parmi ses maîtres se trouve Alphonse LAVERAN, qui découvrira l’Hématozoaire du paludisme (Prix Nobel 1907), et parmi ses camarades il y a Émile ROUX qui fera, comme on sait, une brillante carrière à l’Institut Pasteur (mise au point du sérum anti-diphtérique).

 

Césaire PHISALIX va occuper différents postes au Val de Grâce, puis revient à Besançon avec le grade de médecin aide-major au 4ème Régiment d’Infanterie.

 

En 1881, il participe à la campagne de Tunisie, où il tombe gravement malade ; rapatrié il entame sa convalescence à Roscoff où il va assouvir sa passion de naturaliste. C’est là qu’il réunit du matériel qui lui servira à soutenir sa thèse de sciences après l’obtention de sa licence de sciences naturelles en 1882. Sa thèse de doctorat ès sciences est soutenue en 1884 ; elle s’intitule : « L’anatomie et la physiologie de la rate chez les Ichthyopsidés* ». Sa santé ne s’améliorant pas il sera mis à la retraite de l’Armée active à 35 ans, en 1887.

(* Ce sont des Poissons).

 

En 1884, il est nommé préparateur à la Faculté des sciences de Besançon, puis professeur suppléant de zoologie médicale à l’École de Médecine et de Pharmacie en 1886. Deux ans plus tard il est nommé Chef de travaux de zoologie à la Faculté des sciences de Besançon. Cette même année, à l’âge de 35 ans, sur proposition du Professeur CHAUVEAU (Directeur de l’École vétérinaire de Lyon), il entre au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, en tant qu’Aide-naturaliste ; puis il est promu Assistant en 1892.  C’est pendant ce séjour de 18 ans au Muséum, jusqu’à sa mort en 1906, que Césaire PHISALIX fera ses découvertes majeures sur les venins et la sérothérapie.

 

Plus de 200 articles, publiés dans des revues scientifiques renommées, présentent les résultats de ses essais, de ses protocoles et des applications possibles de ses découvertes.

 

Malheureusement, sur le même sujet et avec des conclusions similaires, à son corps défendant, il entrera en compétition avec le Dr Albert CALMETTE dont le nom est le seul à être associé à la mise au point des sérums antivenimeux.

 

Marie-Émilie PICOT-PHISALIX (1861-1946)

 

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Elle est née le 20 novembre 1861 à Besançon (150e anniversaire). Elle est la fille de Camille-Joseph PICOT originaire de Gap (Hautes Alpes) et de Marie-Joséphine DALLOZ née à Saint-Claude (Jura). En 1863 sa maman décède. Son papa élèvera alors seul sa petite famille. Grâce à un milieu aisé elle bénéficie d’une bonne éducation, entre à l’École Normale Supérieure des Jeunes filles de Sèvres en 1882, dans la deuxième promotion de cette école ; elle obtient, et c’est nouveau pour une fille à l’époque, l’agrégation de sciences en 1888.

 

Marie PICOT a enseigné dans plusieurs établissements : à Besançon, Bourg-en-Bresse, Cambrai. Et c’est à Besançon, qu’elle reprend des études de médecine. En 1895 Marie PICOT épouse Césaire PHISALIX qu’elle avait connu lors d’un stage à la station de Roscoff. 

 

Cette même année, Marie PICOT-PHISALIX quitte l’enseignement et rejoint, au Muséum d’Histoire Naturelle, son mari avec qui elle va travailler, d’abord à une thèse de médecine et ensuite à des recherches approfondies sur les venins, les appareils venimeux dans le règne animal.

 

En 1900 elle soutient à Paris une thèse de Médecine intitulée : « Recherches histologiques, embryologiques et physiologiques sur les glandes à venin de la salamandre terrestre ». Pour les grandes qualités de ce travail, certes un peu éloigné du domaine médical, elle reçoit la médaille d’argent de la Faculté de Paris ; elle rejoint alors le groupe des premières femmes françaises titrées du grade de docteur en médecine.

 

De 1900 à 1906, elle travaille auprès de son mari, et l’entoure de ses soins attentifs dans les dernières années de sa vie.

 

En 1910, elle entre au Laboratoire d’Herpétologie du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris où elle travaillera jusqu’à sa mort en 1946, en qualité d’Attachée bénévole. En 2011 son bureau existe toujours dans le pavillon d’Herpétologie.

 

Nous voulons, ici, en 2011, rendre hommage à « ces deux savants du pays de Courbet », l’année même où est inauguré le Musée du peintre d’Ornans, qui n’a pas pu, évidemment, connaître ses illustres voisins de la vallée de la Loue.

 

La CARRIÈRE SCIENTIFIQUE de Césaire PHISALIX

 

Docteur en médecine et docteur ès Sciences naturelles, Césaire PHISALIX s’est intéressé à de nombreux sujets, avec curiosité, rigueur et efficacité.

 

Son collègue de la Faculté de Médecine de Paris, le Dr DESGREZ, a décrit, quatre ans après sa mort, la puissance de travail et l’opiniâtreté de ce chercheur enthousiasmé aussi bien par l’embryologie et l’anatomie humaines, que par la physiologie, la pathologie générale et la bactériologie. 

 

En effet, ce qui force l’admiration chez Césaire PHISALIX, c’est son total engagement dans chaque sujet abordé, que les circonstances ou ses maîtres lui proposent. Nous nous attarderons sur les venins et la sérothérapie, sans passer sous silence la pertinence de ses observations sur le cerveau de l’embryon humain (que Sigmund FREUD citera dans un de ses articles), la cyclopie, les chromatophores des Mollusques Céphalopodes, la rate des Vertébrés inférieurs (son sujet de thèse), et les glandes venimeuses des Amphibiens. Il a isolé la bufoténine du Crapaud, mais aussi une quinone des Myriapodes Diplopodes. On reste surpris par la dispersion de ses centres d’intérêt, mais ce qui va l’occuper la majeure partie de sa carrière c’est le problème des venins et le traitement de l’envenimation.

 

Pour comprendre l’origine de son intuition géniale concernant l’obtention d’un sérum neutralisant les venins, il nous paraît important de rappeler les premiers travaux de microbiologie qu’il a effectués sous la conduite du Professeur Auguste CHAUVEAU (1827-1917 ; titulaire de la Chaire de Pathologie comparée qui a mis au point le vaccin contre le charbon) et qui ont trait à la maladie charbonneuse. En effet, à l’instar de nombreux chercheurs, il atténue la virulence du Bacille par la chaleur. Mentionnons par exemple, dans cette période féconde en découvertes, les nombreux travaux convergents des années 1880-1890 : ceux de TOUSSAINT sur le charbon en 1880, de FERRAN* en 1884 et de GAMALEÏA sur le choléra en 1888, ceux de PASTEUR sur la rage en 1885, ceux de ROUX et YERSIN sur la diphtérie en 1888, BEHRING et KITASATO en 1890 sur la diphtérie et le tétanos, et de BABES et LEPP en 1889 sur la rage. C’est une période de recherches animées et parfois conflictuelles procédant d’un même principe : affaiblir un microbe,  pour vacciner un animal, et utiliser le sérum de son sang qui  a acquis la capacité de neutraliser les toxines microbiennes.

 

* Jaime FERRAN, prix Bréant 1907, aurait même la priorité sur PASTEUR, puisqu’il a vacciné, en Espagne, 4700 personnes contre le choléra en 1885.

 

Dès 1889, PHISALIX concentre ses recherches sur les venins, qu’il avait déjà abordés avec la Salamandre et le Crapaud, et qu’il élargit aux Serpents. Il reconnaîtra plus tard comment lui est venue l’idée, auprès de son maître A. CHAUVEAU, d’une analogie entre « les sécrétions cellulaires toxiques et les sécrétions microbiennes… et que les procédés d’atténuation et de vaccination applicables aux unes le sont aussi aux autres. »

 

Ce paradigme, pourrait-on dire, se confirmera au fil des essais et des ajustements expérimentaux qu’il conduira avec la collaboration d’un jeune pharmacien, Gabriel BERTRAND, dont le nom restera attaché à ses découvertes majeures.

 

GENÈSE d’une DÉCOUVERTE HISTORIQUE

 

De tous temps la médecine traditionnelle a proposé différents remèdes contre l’envenimation ; citons parmi les plus anciennes la Thériaque d’Andromachus (cf le texte de Moyse CHARAS 1668), utilisées pendant 17 siècles, ou d’improbables préparations « magiques » à base de plantes, d’insectes, d’extraits divers et variés… souvent inefficaces et à tout le moins dangereux sur des patients en état de choc.

 

L’accoutumance des montreurs et des chasseurs de serpents, était attribuée à des petites morsures répétées, où de faibles quantités de venin agissaient un peu comme un vaccin (Marie PHISALIX, mordue à plusieurs reprises pourrait en être le plus bel exemple !).

 

Dans ses travaux de 1886-1888, KAUFMANN signalait déjà l’accoutumance qu’il obtenait chez le chien par des injections répétées de petites quantités de venin entier ou de venin vieilli (travail couronné par l’Académie de Médecine). Mais nous trouvons également dans la littérature du XVIIIe siècle, sous la plume de FONTANA (1780) des essais d’accoutumance par injections de petites quantités de venin. C’est à partir de 1892 que, de son côté déjà, Albert CALMETTE parvient à détruire la « virulence » du venin de Cobra par la chaleur ; mais il reconnaît avoir cherché, en vain, à obtenir l’immunité totale chez les animaux expérimentés . L’ensemble de toutes ces observations sur les venins, l’envenimation et l’accoutumance, sont prises en compte par Césaire PHISALIX qui, à partir de 1892, s’emploie à les utiliser dans des protocoles méthodiques savamment répétés et contrôlés.

 

Matériels et méthodes utilisés par PHISALIX et BERTRAND

 

PHISALIX et BERTRAND ont utilisé le venin de Vipera aspis, récoltée dans le Centre de la France et en Franche-Comté (CALMETTE, on l’a dit plus haut, travaillait sur le Cobra mais il a réalisé quelques essais avec des Vipères récoltées autour d’Arbois ). Dans un premier temps ils ont établi que la dose mortelle minima pour un Cobaye de 500 g était de 0,3 mg de venin sec.

 

Puis ils testent l’effet de températures de plus en plus élevées sur l’atténuation du venin ; ils établissent finalement que c’est un chauffage de 15 mn à 80° qui est le plus efficace.  Leurs différents essais les amènent à conclure que la chaleur met en évidence trois substances dans le venin : un composé toxique à effet local : l’ échidnase, un composé qui détermine les effets généraux mortels : l’échidno-toxine et ce qui est obtenu après un chauffage de 15 mn à 80° : l’échidno-vaccin.  Cette observation est fondamentale pour l’établissement du protocole rigoureux et reproductible que nos deux chercheurs vont proposer dans leurs publications historiques de 1894.

 

Le protocole de 1893-1894

 

In : Comptes Rendus de l’Académie des Sciences vol. 118, 5 février 1894, pp 288-291. C’est le treizième article de PHISALIX sur les venins ; il s’intitule : « Atténuation du venin de vipère par la chaleur et vaccination du cobaye contre ce venin. » note présentée par M. A. Chauveau.

 

PHISALIX et BERTRAND réalisent une vaccination le 11 janvier sur un cobaye mâle de 510 g, avec 0,3 mg de venin de vipère chauffé à 75° pendant 5 min : l’animal est un peu nauséeux, sans symptôme local. Le 13 janvier inoculation de 0,3 mg de venin entier : quelques nausées, pas de gonflement local, vivacité normale. Le 14 janvier pas d’œdème. Encore vivant le 5 février.

 

Un résultat identique est obtenu avec 0,6 mg de venin.

 

Conclusion des auteurs : « Le venin chauffé acquiert des propriétés vaccinantes, soit parce que la chaleur respecte des substances douées de ces propriétés, soit parce qu’elle en fait naître aux dépens de matières toxiques… »

 

« … Disons toutefois, dès maintenant, qu’il se produit dans le sang des animaux vaccinés des modifications importantes, analogues à celles que l’on a découvertes pour le tétanos ».

 

Cette communication est suivie le 10 février 1894 par un article complémentaire et fondamental, qui démontre que le sang des animaux vaccinés a des propriétés antitoxiques.

 

In : Comptes Rendus de la Société de Biologie vol. 46, pp. 111-113. Il s’intitule : « Sur la propriété antitoxique du sang des animaux vaccinés contre le venin de vipère. »

 

PHISALIX et BERTRAND vaccinent deux cobayes le 21 janvier et les sacrifient le 24 en prélevant leur sang (Notons que ce délai est très court quand on sait que le maximum d’IgG (imunoglobulines G est produit plusieurs semaines après la première injection. Il semblerait que les IgM rapidement produites auraient leur importance ).  Ce sang est défibriné, mélangé à la dose de 15 cc avec 0,3 mg de venin sec. Ce mélange est ensuite injecté à un Cobaye qui fait un oedème 2 heures après. Le 10 février l’animal est bien portant. Même résultat avec 0,5 mg dans 12 cc du sang de l’animal vacciné. Confirmation des résultats avec 3 cc de sang mélangé à 0,3 mg de venin.

 

Conclusion des auteurs :

 

« Nous espérons obtenir des modifications du sang suffisamment intenses pour qu’il puisse être utilisé comme agent curatif. »

 

Il nous semble qu’un grand pas est alors franchi dans le traitement des envenimations : le sérum antivenimeux est inventé.  Mais une publication contemporaine d’Albert CALMETTE va perturber les retombées de la découverte de PHISALIX et BERTRAND.

 

Les travaux d’Albert CALMETTE (1863-1933)

 

Élève de l’École de Médecine navale de Brest, il entre au Service de Santé de la Marine, obtient sa thèse en 1885 et effectue de nombreuses missions en Afrique, St Pierre et Miquelon et en Asie.  Dès 1891 Louis PASTEUR le désigne pour fonder une filiale de l’Institut Pasteur à Saïgon ; c’est là qu’il supervise la production de vaccins contre la variole et contre la rage et conduit des recherches sur le choléra, la dysenterie, les fermentations et les venins de serpents.

 

Placé hors cadre du Corps de Santé des colonies, en 1894, il consacre tout son temps à la préparation d’un sérum antipesteux (avec BORREL et YERSIN) et surtout d’un sérum antivenimeux contre le venin de Cobra. Tout comme CHAUVEAU et PHISALIX il croyait à une analogie entre les composants toxiques du venin et les toxines bactériennes. La chaleur, selon lui, ne modifiant pas le venin de Cobra, il y parvient à l’aide d’hyposulfites alcalins.

 

En 1892, il publie ses premiers essais d’immunisation sur les Poules ; mais c’est en 1894, le même jour que PHISALIX et BERTRAND, à la Société de Biologie, mais plus tard dans la journée (!), qu’il présente un travail intitulé : « L’immunisation artificielle des animaux contre le venin des serpents et la thérapeutique expérimentale des morsures venimeuses. » Il conclut en affirmant que son protocole effectué sur l’animal pourrait être appliqué à l’Homme.

 

Notons que dans le traitement de la morsure, il accordait autant d’importance à l’injection locale d’hypochlorite (eau de Javel) qu’au sérum lui-même. Il finira par ne plus préconiser l’injection d’hypochlorite dont PHISALIX et BERTRAND démontrent l’inefficacité en 1895, sans jamais reconnaître explicitement son erreur. De même il mit beaucoup de temps à reconnaître la spécificité des sérums antivenimeux et pensait que son antisérum préparé avec le venin de cobra était efficace contre toutes les envenimations ophidiennes. Pourtant PHISALIX et BERTRAND (1895) notaient que : « le venin des serpents diffère non seulement d’une espèce à l’autre, mais aussi chez la même espèce », en fonction, en particulier, de la saison et du lieu de récolte.

 

C’est le professeur Max GOYFFON, du Muséum d’Histoire Naturelle, qui résume le mieux en 2009, les tenants et les aboutissants de la querelle de priorité qui oppose pour longtemps les deux découvreurs.

 

Je le cite :

« Dans une note présentée quelques semaines plus tard, le 27 mars 1894, CALMETTE fait valoir l’action tout à la fois préventive, antitoxique et thérapeutique du sérum antivenimeux qu’il prépare, sans citer le travail antérieur de PHISALIX et BERTRAND. Ceux-ci répliquent aussitôt le mois suivant dans une note où ils rappellent leur antériorité, car ils pensent que des conséquences théoriques et pratiques importantes découleront des faits qu’ils ont établis. »

 

 L’Académie des Sciences donnera raison d’abord à PHISALIX et BERTRAND en leur attribuant le prix MONTHYON en 1894 « pour la découverte d’un sérum antivenimeux », puis à PHISALIX seul avec le prix BRÉANT en 1898 pour  « la découverte des sérums antivenimeux. »

 

La querelle durera longtemps et c’est le nom de CALMETTE que l’Histoire retiendra ; à cela il y a plusieurs raisons :

 

1 – la rivalité évidente qu’il y avait entre le Muséum et l’Institut Pasteur ;

 

2 – le mauvais état de santé de Césaire PHISALIX qui ne se déplace plus guère, alors que CALMETTE voyage et présente ses résultats dans le monde entier ;

 

3 – la stratégie efficace de CALMETTE qui dès 1895, à l’Institut Pasteur de Lille, s’attache à préparer des grandes quantités de sérum antivenimeux contre le venin de Cobra, avec lequel il obtient des guérisons humaines : en 1895 il applique avec succès la première sérothérapie antivenimeuse à un Vietnamien ; pratique que n’a pas pu réaliser PHISALIX, qui n’avait pas accès aux malades.

 

4 – une certaine « ingratitude » du Pastorien vis à vis de son confrère du Muséum, à laquelle s’ajoute le recrutement de BERTRAND par l’Institut Pasteur en 1900.

 

Avec le recul, nous sommes en mesure de dire qu’il y a manifestement une différence de tempérament entre les deux découvreurs : PHISALIX est prudent, modeste et élargit ses recherches, jusqu’à sa mort, pour découvrir d’autres antidotes. « À l’opposé, CALMETTE met toute son énergie à faire reconnaître l’intérêt de sa découverte… il vise avant tout l’efficacité… Élève et admirateur de ROUX autant que de PASTEUR, sa foi, son pouvoir de conviction et un dynamisme hors du commun balaieront aisément des approximations et des échecs en fin de compte mineurs, et réussiront à imposer ses opinions et ses résultats. » nous dit Max GOYFFON. Qui conclut : « CALMETTE sera prophète en dehors de son pays comme en son pays… ».

 

Nous laisserons, à propos de cette querelle, le dernier mot à Édouard R. BRYGOO (1985) qui a travaillé à l’Institut Pasteur et au Muséum d’Histoire Naturelle, je cite : « Même s’il ne s’en fallait que de très peu, PHISALIX et BERTRAND étaient gagnants aussi bien à la Société de Biologie qu’à l’Académie des Sciences, tandis que CALMETTE ne se montrait vraiment pas beau joueur. »

 

Nous ne pouvons pas quitter Césaire PHISALIX sans mentionner les nombreux travaux qu’il a consacrés à l’immunité naturelle de certains animaux (Mammifères ou Serpents) pouvant laisser espérer découvrir une propriété particulière transposable à l’espèce humaine. D’autres pistes ont été explorées par lui, alors qu’il cherchait des molécules naturelles susceptibles de traiter l’envenimation.

 

Césaire PHISALIX  a été élu Officier de l’Instruction publique en 1899, Officier de l’Ordre du Lion et Soleil de Perse en 1903.

 

Il a été nommé chevalier de la Légion d’Honneur en 1900.

 

L’école et une place de Mouthier-Hautepierre ainsi qu’une petite rue de Besançon portent son nom.

 

Il n’a pas été membre de notre Académie.

 

Évoquons la carrière scientifique de Marie PICOT-PHISALIX

 

Elle a publié seule ou en collaboration plus de 270 articles, de vulgarisation ou très spécialisés. Deux ouvrages majeurs sont attachés à son nom : « Animaux venimeux et venins » en 1922  et « Vipères de France » en 1940.  On peut y apprécier d’une part ses descriptions anatomiques, physiologiques précises et d’autre part ses talents d’artiste. Les deux volumes de 1922 comptent plus de 1400 pages, 521 figures, 9 planches en noir et blanc, 8 planches en couleurs et une impressionnante bibliographie. Marie PHISALIX observe soit des animaux qu’elle a récoltés elle-même (salamandres ou vipères), soit des spécimens qu’on lui envoie par voie postale dans des boîtes à bonbons (!).

 

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 Cinq schémas extraits de « Animaux et venins » 1922  

 

La manipulation des vipères ou du redoutable Heloderma lui vaudra plusieurs morsures, dont une à l’âge de 80 ans qu’elle supporte sans dommages (l’Histoire ne dit pas si elle a utilisé le sérum antivenimeux inventé par son mari). Une anecdote rapportée par F. ANGEL, son aide de laboratoire, illustre le « pragmatisme » de Marie PHISALIX. Citation : « Au moment des plus dures restrictions alimentaires imposés aux Parisiens par l’occupation allemande, au cours des années 1941-1944, nous avons vu bien souvent Mme le Dr Marie Phisalix … emporter chez elle dans un petit récipient les œufs non embryonnés des nombreuses femelles de vipères qu’elle gardait en captivité et qui, dans la journée, avaient été sacrifiées pour servir à ses expériences et à ses études. Ces animaux étaient disséqués, les œufs prélevés soigneusement dans le corps pour servir, disait-elle, « à faire son omelette du soir »… elle ajoutait, en riant : « je prélève également la graisse des mêmes animaux pour remplacer les autres matières grasses absentes ! »…. Par contre elle était navrée de voir sa domestique refuser énergiquement cette nourriture… Ce mode particulier d’alimentation souvent répété, n’altéra jamais sa santé… Il apportait une preuve nouvelle à ses opinions concernant la destruction, par la cuisson, du venin produit par les glandes et le sang des espèces dangereuses. »

 

Sa filleule, Marie-Louise BOURGEOIS, évoque un souvenir ému de sa marraine, avec qui en 1919, elle chassait les Salamandres à Mouthier-Hautepierre, la lanterne à la main. Même en vacances elle se faisait livrer des vipères du Morvan et « elle les disséquait, surtout la tête. Ensuite elle tannait les peaux pour s’en faire des ceintures et des garnitures. »

 

Nous avons pu observer, conservés dans le formol ou dans l’alcool de nombreux spécimens entiers préparés et étiquetés par Marie PHISALIX : salamandres, couleuvres, vipères, héloderme, mais également des crânes finement disséqués de vipéridés ou de crotale.

 

Le Dr Ivan INEICH, actuel curateur des collections du Muséum National d’Histoire Naturelle, à qui nous devons les clichés que nous projetons, nous a autorisé à les regarder de très près et constaté leur bon état de conservation. Nous pouvons faire de même dans le petit Musée Marie Phisalix de Mouthier-Hautepierre, que Christophe CUPILLARD entretient et fait visiter à la demande.  Quelques spécimens de couleuvres et de vipères cédés en 1927 par « Mme le Docteur Phisalix » ont été également signalés dans  les collections du Musée de la Citadelle et de la Faculté des Sciences de Besançon.

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Schéma extrait de « Vipères de France » 1940

 

 

Outre ses propres travaux, cette « grande prêtresse des animaux venimeux », a apporté son concours à la relecture, à la finalisation de « La vie des Reptiles de la France centrale », 343 pages écrites et documentées par son ami Raymond Rollinat, décédé au moment où il achevait le manuscrit. Parmi ses disciples signalons notre compatriote naturaliste Charles DOMERGUE (décédé en 2008) qui lui a dédié une espèce de Colubridé découverte à Madagascar et qu’il a nommé Phisalixella.

 

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Schéma extraits du livre de Raymond ROLLINAT

 « La vie des Reptiles de France » 1934.

Publié avec le concours de Marie PHISALIX

 

Les engagements de Marie PHISALIX

 

En tant que médecin et citoyenne, Marie PICOT-PHISALIX a apporté son aide dans le domaine sanitaire et dans la défense de la cause des femmes : Vice-présidente pour l’amélioration du sort de la Femme en 1935, elle présidera, à 84 ans, une réunion de la Ligue Française pour le Droit des femmes et sur le rôle des électrices dans la reconstruction du pays en 1945. La Présidente parlera du « féminisme souriant d’une grande Dame » ! En tant que médecin elle a procédé à des vaccinations contre la variole et la typhoïde, en 14-18, et a assuré la garde de la Ménagerie du Jardin des Plantes en 39-45.

 

 Marie PHISALIX n’a jamais oublié Mouthier-Hautepierre, à qui elle a fait don d’un important mobilier scolaire en 1912.

 

Ses distinctions sont nombreuses : Officier d’Académie en 1901, Officier de l’Instruction publique en 1908, deux prix Bréant (1916, 1922), Grand Prix de l’Exposition d’Hygiène de Strasbourg (1923), Diplôme et médaille de l’Exposition vaticane (1925), Grand Prix Lasserre de l’Instruction publique.

 

Elle a été décorée de la Légion d’Honneur en 1923.

 

Elle a été élue Présidente d’honneur de la Société d’Histoire Naturelle du Doubs en 1924 et  nommée Associée correspondante de notre Académie le 26 janvier 1933. Elue Présidente de la Société Zoologique de France en 1937. Elle a échoué de très peu à l’Académie de Médecine où l’on se souvient que Marie CURIE n’a été admise que très tard, après ses deux prix Nobel !

 

La tombe des PHISALIX

 

         Dans le cimetière de Mouthier-Hautepierre, tout en haut, la sépulture des deux savants regarde la vallée. On peut y lire cette inscription :

 

Famille des Docteurs Césaire et Marie PHISALIX

Chevaliers de la Légion d’Honneur

 

CONCLUSION

 

La carrière de nos deux compatriotes est admirable.

 

Leurs travaux dans le domaine des venins, de la sérothérapie et de  l’Herpétologie ont eu et ont encore des prolongements et des retombées considérables.

 

Notre Région peut s’honorer de les avoir formés et côtoyés et s’honorerait de les célébrer avec tout le respect qu’ils méritent.

 

Lors d’un Colloque consacré à Courbet, en septembre dernier, Madame le Conservateur en chef du Musée du Louvre faisait remarquer à l’auditoire que « la Franche-Comté ne reconnaît pas assez ses enfants ». Même si ce constat est vrai et dérangeant on objectera, tout de même, que Louis PASTEUR et Georges CUVIER ont reçu des hommages à la hauteur de la portée de leurs découvertes qui ont fait « beaucoup d’ombre aux autres savants comtois ! » ; à nous, désormais, de faire une place honorable à ce couple de chercheurs.

 

Quant à la paternité de la découverte du sérum antivenimeux, nous pensons, en toute objectivité, que Césaire PHISALIX, avec quelques heures d’avance, a bien fait l’annonce décisive.

 

NB : Ce litige nous rappelle, toutes proportions gardées, les conflits célèbres de DARWIN-WALLACE, ROUX-FLEMING ou PASTEUR-TOUSSAINT… et beaucoup d’autres, où c’est souvent le plus pugnace sinon le plus ambitieux qui a imposé son nom dans les pages de la célébrité !

 

BIBLIOGRAPHIE

 

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Phisalix C. et Bertrand G. 1894. Atténuation du venin de vipère par la chaleur et vaccination du cobaye contre ce venin. C. R. Acad. Sc., 5 février, pp. 288-291.

 

Phisalix C. et Bertrand G. 1894. Sur la propriété antitoxique du sang des animaux vaccinés contre le venin de vipère. C. R. Soc. Biologie. 46, 10 février, pp. 111-113.

 

Phisalix C. et Bertrand G. 1894. Sur la propriété antitoxique du sang des animaux vaccinés contre le venin de vipère. C. R. Acad. Sciences, 118, 12 février, pp.356-358.

 

Phisalix-Picot M. 1900. Recherches embryologiques, histologiques et physiologiques sur les glandes à venin de la Salamandre terrestre.Thèse de médecine. 140 p. 7 planches.

 

Phisalix M. 1922. Animaux venimeux et venins. La fonction venimeuse chez tous les animaux : les appareils venimeux, les venins et leurs propriétés ; les fonctions et usages des venins ; l’envenimation et son traitement. Masson Ed., 2 volumes ; 653 pages + 854 pages ; planches couleurs et noir et blanc.

 

Phisalix M. 1940. Vipères de France. Editions Stock. 228 pages.

 

Rollinat R. 1937. La vie des Reptiles de la France centrale. Libr. Delagrave. 343 p.

        

Professeur Claude-Roland MARCHAND

Membre correspondant, Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Besançon

26 septembre 2011.

 

Ajout du 12 décembre 2016

 

Un lecteur, M. Christian Agnus nous communique la photo d'une chapelle qu'il a découverte dans le cimetière des Chaprais à Besançon. Dans cette chapelle, une épitaphe : "cette chapelle, hommage de pieuse reconnaissance est érigée par les soins du Docteur Phisalix et de Mlle Anna Maire 1895".

 

Chapelle-450.jpg

Clichés © Christian Agnus

 

Mais qui est cette mystérieuse personne Anna Maire qui a contribué aux côtés du Dr Phisalix à l'érection de cette chapelle ?

Claude Roland Marchand a contacté Christophe Cupillard, le conservateur du petit musée PHISALIX de Mouthier-Hautepierre qui lui a appris que  Anna Maire, artiste, sculptrice (1828-1906) était la marraine de Césaire Phisalix (1852-1906). En fait "Anna Maire" est un pseudonyme et que son nom véritable  était Anne Ferret.

Christian Agnus nous a adressé des photographies des deux personnages prises en 1893 par Henri d'Orival de Besançon au château de Lavigny appartenant à la famille Mareschal de Longeville.

 

Un grand merci à tous ces informateurs.

 

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Anna-Maire-peignant-450.jpg

 

09/10/2012

Grenouille et Amanite phalloïde

Grenouille et Amanite phalloïde

 

Ci-dessous, une photo insolite de Jean-Marc Moingeon qui illustre bien le "toadstool" des anglophones.

Nos voisins d’Outre-Manche sont très méfiants, voire réticents, vis-à-vis de la consommation des champignons sauvages. Le terme  « toadstool », littéralement « tabouret à crapaud » est alors employé depuis fort longtemps pour désigner les champignons en général, et plus particulièrement ceux qui sont vénéneux.

Cette jeune grenouille rousse, fort coopérante et patiente avec le photographe, ne pensait pas si bien illustrer ce mot anglais en s’installant sur le chapeau vert olive de l’amanite phalloïde.

Quant à ceux qui rêvaient d’accommoder des cuisses de grenouilles avec des champignons, ils en seront pour leurs frais… 

phalloides-et-Gr-rousse-1.jpg

31/07/2012

Le Lézard ocellé (Timon lepidus)

reptiles,sauriens,lacertidés,lézard ocelléLe Lézard ocellé (Timon lepidus)

 

par André Guyard

 

 

Morphologie externe

 

Le Lézard ocellé (Timon lepidus ou Lacerta lepida) est le plus grand lézard rencontré en France. Le corps trapu et massif atteint 600 à 650 mm queue comprise.

 

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La robe  du Lézard ocellé se caractérise par la présence de taches bleues cerclées de noir (ocelles)

sur les flancs de l'animal

(Cliché de Stéphanie Leblond)

 

D'une façon générale, le corps des lézards, très grossièrement serpentiforme présente une tête, un tronc pourvu de deux paires de membres et une queue.

Chez le Lézard ocellé et la majorité des Lacertiliens, la peau présente des écailles épidermiques, se recouvrant partiellement. Ce n'est que chez les Amphisbénidés que les écailles peuvent être absentes.

Entièrement cornées, ces écailles forment de grandes plaques[1]sur la tête et la mâchoire inférieure, de petites plaques sur le reste du corps. Cette couche épidermique se renouvelle périodiquement par lambeaux, sauf chez les Orvets où elle tombe tout d'une pièce. Chez certains Lacertiliens, il existe sous les écailles des plaques osseuses, ou ostéodermes qui, sur la tête, s'unissent aux os sous-jacents.

 

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Les écailles sont granuleuses ; sur la face ventrale du tronc, elles sont carrées et disposées en plusieurs rangées obliques. Imbriquées les unes dans les autres de l'avant à l'arrière, les écailles tombent tous les ans, au cours d'une mue, par petits lambeaux. Le tégument, ainsi protège, est très pauvre en glandes : il n'en existe que sur la face interne des cuisses ; ce sont les glandes inguinales ou fémorales dont les orifices sont bien visibles (pores fémoraux). Il en résulte que la peau est sèche. La sécrétion des glandes fémorales favorise l'adhérence des sexes pendant l'accouplement.

 

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[1] Dites écussons ou scutelles.

 

La tête de forme triangulaire est grosse, avec de fortes joues et un museau arrondi. Elle montre une bouche antérieure, largement fendue, deux narines petites, deux yeux placés latéralement avec paupières supérieure et inférieure mobile, et, en arrière des yeux, deux tympans situés au fond d'une petite dépression qui correspond au conduit auditif externe de l'Homme.

 

Dans la cavité buccale, les dents sont petites et coniques. Elles sont soudées aux maxillaires et non pas implantées dans des alvéoles : elles servent à la rétention des proies.

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La langue est bifide, très mobile, pouvant sortir[1]de la cavité buccale par une échancrure de la lèvre inférieure, donc sans que la bouche soit ouverte.

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La langue du Lézard ocellé lui sert également

à se pourlécher après un bon repas

(Cliché de Stéphanie Leblond)

 

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[1] Elle est dite protractile.

 

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La tête du Lézard ocellé est protégée

par de grandes plaques dorsales

 (Cliché de Stéphanie Leblond)

 

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Le museau est arrondi et les joues sont proéminentes

(Cliché de Stéphanie Leblond)

 

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Nomenclature des plaques céphaliques en vue latérale

(Cliché de Stéphanie Leblond)


Le tronc, allongé et aplati dorso-ventralement, est séparé de la queue, ventralement, par un orifice transversal, la fente cloacale que précède une large écaille ou plaque préanale. Les pattes antérieures, comme les postérieures, s'insèrent latéralement au tronc et se terminent, par cinq doigts munis chacun d'une griffe.

 

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Les pattes à cinq doigts du Lézard ocellé montre un doigt opposable aux quatre autres

(Cliché de Stéphanie Leblond)

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La queue très épaisse à la base se rétrécit pour former une longue pointe fine. Elle est plus épaisse à la base chez le mâle que chez la femelle. Chez les lézards, elle se brise si l'on saisit le Lézard par cet appendice et elle continue ensuite à s'agiter pendant un temps assez long. Il s'agit d'un phénomène d'autotomie (autos : soi-même; tome, coupure). L'une des vertèbres basales présente une fissure transversale[1] et est entourée de muscles spéciaux. Si le Lézard est saisi, il contracte ces muscles et la vertèbre se brise : la queue se détache alors et il n'y a pas d'hémorragie, car les vaisseaux sanguins sont étranglés par la contraction musculaire. Par la suite, la queue régénère et il en pousse parfois deux. Brisée une seconde fois (au niveau du régénérat), elle ne repousse pas. La queue régénérée ne présente qu'un tube de cartilage fibreux et les écailles sur la partie régénérée sont différentes de ce qu'elles étaient auparavant.



[1] Il s'agit d'un diaphragme non osssifié.

 

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La queue est longue et effilée

(Cliché de Stéphanie Leblond)

 

La peau renferme des pigments. Chez les Lacertiliens, ces pigments permettent souvent à l'animal de changer de coloration et de se confondre avec le milieu (homochromie). Ils se localisent dans le derme, sous l'épiderme, dans des chromatophores. Ces chromatophores contiennent généralement des pigments mélaniques qui peuvent se disperser dans le cytoplasme cellulaire ou bien se rassembler autour du noyau, ce qui rend la coloration plus foncée ou plus claire. Chez certains Lacertiliens, dont les Caméléons, il existe également des chromatophores chargés de pigments caroténoïdes et associés à la couche pigmentaire jaune sous-épidermique et à des cristaux de guanine : d'où une grande variation de coloration de la peau (grâce à la guanine, elle peut même passer au bleu ou au vert).

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La coloration du Lézard ocellé est variable mais toujours caractérisée par des taches bleues (ocelles) sur les flancs. La face dorsale, couverte de petites écailles perlées, est généralement verte, rarement brun olivâtre, avec un dessin très fin plus ou moins réticulé s'estompant vers les flancs généralement verts et ornés de trois à quatre rangées d'ocelles bleus bordées de noir. Les membres et la base de la queue sont verts avec des taches noires, et le ventre presque toujours blanchâtre à jaunâtre, rarement blanc verdâtre.

 

Les jeunes présentent une coloration dorsale typique : sur un fond vert olive ou sombre s'alignent des ocelles noirs à centre jaunâtre qui forment des barres transversales.

 

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Coloration dorsale du jeune lézard ocellé


 Le squelette

 

Le crâne est complètement ossifié et très solide. Les orbites sont séparées par un septum cartilagineux, la cloison interorbitaire, traversée par les nerfs olfactifs. Il n'y a ni alisphénoïdes, ni orbitosphénoïdes, ni parasphénoïdes. L'arcade zygomatique inférieure n'existe pas, du fait de la réduction du jugal et de l'absence du quadrato-jugal. La voûte du crâne est formée d'os de membrane[1],la base d'os de cartilage. Les condyles occipitaux se sont fusionnés en un seul condyle impair.

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Les deux branches de la mandibule sont soudées ; l'os carré est mobile sur le crâne, mais assez court et il ne permet qu'une ouverture relativement faible de la cavité buccale. Alors que chez les serpents, les deux branches de la mandibule ne sont pas soudées et peuvent s'écarter durant la déglutition, permettant le passage de grosses proies.

 

La colonne vertébrale est munie, chez les Lézards, de vertèbres procœles, sauf chez la plupart des Geckos, où elles sont amphicœles avec persistance d'un reste de la corde dorsale. À la base de la queue existent des os en chevrons, fixés aux centres vertébraux. On compte six ou huit vertèbres cervicales (suivant l'espèce), des vertèbres dorsales en nombre variable, deux vertèbres lombaires et deux vertèbres sacrées.

 

Les côtes n'ont qu'une tête, le tuberculum n'étant représenté que par un ligament.

 

On distingue des côtes cervicales, quatre paires de vraies côtes dorsales unies à un sternum ventral et des côtes dorsales libres ou fausses cotes. Le sternum est losangique.

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La ceinture scapulaire présente une interclavicule ou épisternum en forme de T, deux clavicules s'appuyant sur les deux omoplates[2] souvent fenestrées. De part et d'autre, existe un précoracoïde suivi d'un coracoïde, fenestrés également.

Le membre antérieur possède un carpe qui compte une première rangée de deux os, un os central et une seconde rangée de cinq os. La formule des phalanges des doigts est deux, trois, quatre, cinq et trois.

 

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À la ceinture pelvienne, les ilions s'articulent sur deux vertèbres sacrées, les pubis et les ischions se réunissent en une symphyse ventrale ou symphyse ischiatique, qui se continue en arrière par un cartilage supportant portant le cloaque. Chaque pubis se continue en avant par un épipubis cartilagineux.

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Le tarse possède une première rangée de deux os et une seconde de cinq os. La formule des phalanges des orteils est deux, trois, quatre, cinq, quatre.



[1] Et, entre les deux pariétaux, existe un orifice, le trou pariétal.

[2]  Ou scapula.


Le système nerveux et les organes des sens

 

L'encéphale montre deux lobes olfactifs très allongés, deux hémisphères cérébraux lisses et assez volumineux, une épiphyse, deux tubercules bijumeaux, un cervelet petit, à allure de lame mince, qui recouvre en partie le bulbe rachidien.

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Des corpuscules tactiles sont répandus sur toute la surface du corps. Ils sont situés au bord des écailles. Le tympan est nettement distinct de la peau. L'oreille moyenne communique largement avec le pharynx.

Les organes olfactifs sont deux simples conduits, sans communication avec deux organes bien développés, les organes de Jacobson qui s'ouvrent dans la cavité buccale.

 

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L'œil possède un peigne et la sclérotique a un anneau osseux. Les paupières sont normales avec glande lacrymale et glande de Harder.

Remarque : chez les Caméléons, les paupières se soudent en ne laissant subsister qu'un orifice vertical, et les deux yeux peuvent se mouvoir indépendamment l'un de l'autre, si bien que l'animal peut guetter une proie dans toutes les directions.

 

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Chez le Lézard ocellé, l'épiphyse est un simple cul-de-sac. Mais le ganglion droit de l'habenula se continue par un nerf qui se termine par un œil pariétal placé sous la peau, dans le trou pariétal du crâne : c'est une vésicule que limitent un cristallin et une rétine à bâtonnets internes. Il s'agit du vestige d'un œil qui a dû être fonctionnel chez certains Vertébrés fossiles.

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On trouve des corpuscules gustatifs sur les parois de la cavité buccale et surtout sur la langue.

 

L'appareil digestif

 

La cavité buccale n'est pas séparée des fosses nasales par une cloison complète. Assez en arrière, les fosses nasales y débouchent par leurs orifices internes ou choanes, visibles de chaque côté d'une crête médiane du palais[1] . Le bord des maxillaires présente une saillie sur laquelle sont fixées les nombreuses dents coniques (dites pleurodontes).

 

À la base de la langue, longue et bifide, s'ouvre le pharynx que continue l'œsophage. Ce dernier, placé sous le cœur et les poumons, passe insensiblement à l'estomac.

 

Disposé longitudinalement, l'estomac présente une légère courbure dans sa région postérieure. Il est entièrement caché par un foie volumineux et massif qui montre une grosse vésicule biliaire. La bile atteint l'intestin par un canal cholédoque et plusieurs canaux hépatiques qui traversent le pancréas. L'intestin est assez court et s'achève par le rectum qui débute par un cæcum et qui débouche dans un cloaque, après avoir longé le bassin.



[1] Il n'y a pas de glandes salivaires, mais des glandes labiales s'ouvrant à la base des lèvres.

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L'appareil respiratoire

 

Le larynx est pourvu d'un cartilage cricoïde et de deux cartilages aryténoïdes. Chez certains Lacertiliens, le larynx est muni d'une épiglotte. Les Geckos et les Caméléons possèdent des cordes vocales et peuvent émettre des sons.

 

La trachée est courte et a des anneaux cartilagineux complets.

 

De courtes bronches conduisent à deux poumons peu alvéolés. Chez divers Geckos et chez les Caméléons, les poumons sont prolongés à l'arrière par des diverticules, les sacs aériens, qui s'insinuent entre les viscères et produisent un gonflement du corps de l'animal.

 

Chez les Lacertiliens serpentiformes, les deux poumons, comme chez les Ophidiens, sont souvent de grandeur différente.

 

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L'appareil circulatoire

 

Le cœur possède deux oreillettes et un ventricule[1] Du ventricule partent l'artère pulmonaire (qui se divise pour se rendre aux poumons) et deux aortes ventrales,qui s'entrecroisent sans communication et se continuent l'une et l'autre par deux arcs aortiques[2]. Les deux paires d'arcs aortiques se réunissent en arrière et dorsalement pour former l'aorte commune. L'oreillette droite reçoit, dans un sinus, une veine cave inférieure et deux veines caves supérieures. L'oreillette gauche reçoit les deux veines pulmonaires droite et gauche.



[1] À demi cloisonné.

[2] Il y a donc deux crosses aortique de chaque côté.

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L'appareil veineux présente un système porte hépatique et un système porte rénal.

Le sang a des hématies ovales, biconvexes et nucléées.

 

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L'appareil génito-urinaire

 

Appareil excréteur


Les reins sont situés dans la partie postérieure de l'abdomen et plus ou moins lobés : ce sont des reins tertiaires ou métanéphros, symétriques par rapport à la colonne vertébrale. Leurs conduits excréteurs, les uretères, se rendent directement au cloaque chez la femelle. Chez le mâle, chaque uretère se réunit au canal déférent (spermiducte) du même côté et les deux conduits s'ouvrent par un orifice commun dans la partie latérale du cloaque, au niveau d'une vessie urinaire ventrale.

 

Appareil génital


Le mâle possède deux testicules ovoïdes, situés symétriquement de part et d'autre de la colonne vertébrale, en avant des reins. Un vestige de canal de Müller est visible en avant de chaque testicule. Les canaux déférents, qui partent de ces testicules, forment un tube en apparence rectiligne, mais dont le canal est très sinueux. L'orifice de chaque canal déférent (en fait orifice génito-urinaire) se continue par un sillon sur un des deux pénis (ou hémipénis). L'animal a, en effet, deux organes copulateurs, dévaginables, à parois formées de tissu érectile et pouvant faire saillie hors de l'orifice cloacal lors de la copulation. Chacun de ces pénis fonctionne séparément. Au repos, ils peuvent être perceptibles sous forme de saillie près de l'orifice cloacal.

 

La femelle a deux ovaires. Deux oviductes, dérivés des canaux de Müller embryonnaires s'ouvrent très en avant d'eux dans la cavité générale. Ces oviductes qui débutent par une sorte de pavillon, la trompe de Fallope, sont des tubes à parois très plissées, dont le diamètre, d'abord assez faible, augmente lorsqu'ils se rapprochent du cloaque. Ils y débouchent par deux orifices situés en avant des orifices urinaires.

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Reproduction

 

Le mâle semble atteindre la maturité sexuelle à 2 ans, la femelle à 3 ans.

 

Pour la reconnaissance des sexes, l'odorat semble jouer un rôle important : on a même constaté que le mâle s'assure que la femelle est en rut en passant la langue sur son cloaque.

 

Les femelles désirant s'accoupler recherchent la compagnie des mâles qui se livrent à des combats symboliques n'entraînant généralement aucune blessure.

 

L'accouplement a lieu au début du printemps et la ponte s'effectue, entre avril et juin, dans un trou creusé par la femelle dans un talus de terre friable. Une ponte peut compter une vingtaine d'œufs et même plus. La femelle enterre ses œufs, qui éclosent au bout de 3 mois environ. Les petits mesurent 105 à 120 mm à la naissance.

 

Les parents se désintéressent des œufs après la ponte.

 

L'œuf pondu est formé par le jaune, cellule géante chargée de vitellus et par des enveloppes successives déposées autour de lui au cours de sa descente dans l'oviducte : albumen[1] ou blanc, membrane coquillière et coquille, cette dernière formée par une protéine analogue au collagène.

 

À l'un des pôles du jaune ou cellule-œuf (pôle animal) se trouve le germe ou cicatricule, qui est dépourvu de vitellus et où se localise, avant la segmentation, le noyau de fécondation. La membrane coquillière est formée de deux feuillets qui son constitués par des fibres microscopiques entremêlées.

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Cet œuf est donc semblable à celui des Oiseaux et son développement est identique (œuf méroblastique à segmentation partielle et discoïdale, apparition d'une cavité amniotique, et d'une allantoïde à rôle respiratoire et excréteur) les excréta de l'embryon consistent essentiellement en acide urique précipité.

 

Chez le Lézard ocellé et chez tous les Lacertiliens et les Ophidiens dont les œufs ont une coque membraneuse, le jeune à l'éclosion possède au bout du museau une petite dent cornée, dite dent de rupture, différenciée avec une pointe ou un bord coupant ; généralement impaire, rarement paire (Geckos), elle prend naissance peu avant l'éclosion à l'extrémité de la mâchoire inférieure sur l'intermaxillaire. Elle a pour rôle de percer ou d'inciser la coque de l'œuf au moment de la naissance, puis elle disparaît quelques heures ou quelques jours après l'éclosion.

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 Cette "dent de l'œuf"  est très réduite ou même indistincte chez les espèces ovovivipares. Chez les Reptiles  dont l'œuf a une coque dure (Sphenodon, Tortues, Crocodiles), à la dent de l'œuf correspond un épaississement corné de l'épiderme, le diamant ou caroncule, apparaissant à l'extrémité du museau.

 

Dans la nature, le développement des œufs déposés par les femelles est plus ou moins influencé par les conditions de température et d'hygrométrie, et, de ce fait, sa durée est variable : neuf à onze semaines.

 

Pendant l'incubation, les œufs grossissent, par le fait de l'humidité et de la croissance de l'embryon.



[1] On dit encore albumine. C'est une matière protidique riche en eau, peu abondante, le jaune remplissant presque complètement l'œuf.

 

 

Le développement des Reptiles

 

Le développement est direct, sans métamorphose et, des leur naissance, les jeunes ont le même comportement que les adultes. Tout de suite très vigoureux et agiles, ces jeunes lézards, qui naissent entre la fin de juillet et le début de septembre et qui mesurent de 5 à 7 centimètres, se nourrissent de Pucerons et d'autres Insectes minuscules.

À l'âge d'un an, ils atteignent la taille de 14 à 15 centimètres. Les mâles étant généralement un peu plus grands que les femelles. Celles-ci sont capables de se reproduire dès leur deuxième année.

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 Répartition du Lézard ocellé

 

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Répartition du lézard ocellé en Europe

 

On le rencontre dans la péninsule ibérique, au sud de la France, dans le nord-ouest de l'Italie et le nord-ouest de l'Afrique, jusqu'à 2100 m d'altitude. Les clichés qui illustrent cet article ont été réalisés en mai et juin 2012 dans le Bas-Vivarais (Ardèche).

 

Biologie du Lézard ocellé

 

Le Lézard ocellé fréquente des terrains secs, très ensoleillés, recelant de nombreuses cachettes et portant une végétation éparse. Il affectionne les terres cultivées : plantations, vignes ainsi que les sols rocheux ou sablonneux.

 

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 Le Lézard ocellé fréquente des

biotopes ensoleillés et pierreux

 (Cliché de Stéphanie Leblond)

 

 Le Lézard ocellé recherche le soleil au printemps, lorsqu'il sort de l'hivernage, et en automne. Il passe alors de nombreuses heures chaque jour à prendre un bain de soleil. En plein été quand la température extérieure est élevée, la durée d'exposition au soleil est raccourcie au profit du temps d'activité.

 

Le Lézard ocellé parcourt généralement son territoire lentement en furetant. En cas de danger ou de conflit, il peut courir rapidement, en décollant son ventre et sa queue du sol. En cas d'agression, il se plante devant son ennemi, crachant la gueule grande ouverte et il peut même sauter sur son adversaire.

 

Pour se protéger de ses ennemis, le Lézard ocellé creuse un terrier ou s'installe dans une cachette naturelle (terrier de rongeur, tas de pierres, tronc d'arbre creux…). Il reste de préférence à proximité de cette retraite, qu'il regagne pour se reposer.

 

Le Lézard ocellé se nourrit principalement de grands insectes qu'il débusque lors de ses rondes sur son territoire. Il capture surtout coléoptères, grillons et sauterelles, limaces, mille-pattes ou scorpions, exceptionnellement de petits vertébrés.

 

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Lézard ocellé ayant capturé une larve d'insecte

(Cliché de Stéphanie Leblond)

 

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Le Lézard ocellé mue à la fin du printemps

(Cliché de Stéphanie Leblond)

 

Si le biotope est adéquat, la densité de peuplement peut être importante, mais certains individus vivent seuls. Malgré sa taille et en dépit de sa combativité, l'espèce a de nombreux prédateurs. Le Lézard ocellé est chassé par des rapaces diurnes (Milan, Aigle botté et Autour des palombes) et la Couleuvre de Montpellier. Son habitat est réduit dans certaines régions par la généralisation de l'agriculture intensive.

 

Sources :

 

- H. Boué & R. Chanton (1959). - Zoologie II. Procordés et Vertébrés, pp. 292-398.  Doin & Cie, Ed.

- G. Diesener & J. Reichholf (1986). – Batraciens et Reptiles, Ed. Solar.

 

Pour plus de détails, consulter l'article de Wikipedia consacré au Lézard ocellé.

 

Remerciements à Stéphanie Leblond qui m'a fourni quelque 500 clichés des lézards ocellés qui fréquentent sa propriété des Chanels à Paysac (Ardèche).

20/05/2012

La Vipère Aspic Vipera aspis

Vipère aspic—05logo.jpgLa Vipère Aspic Vipera aspis

 

par Michel Cottet,  herpétologue

 

(dernière mise à jour : 18 août 2016)

 

L'Aspic est un serpent de taille moyenne à tête triangulaire nettement distincte du cou.

 

L’iris des yeux est généralement de couleur jaune d’or à pupille verticale noire. Le museau est légèrement retroussé, les écailles carénées et la queue courte. La coloration est très variable, allant du gris clair, brun gris, jaunâtre, brun au rouge brique. La face dorsale est généralement ornée d'un motif composé de taches foncées alignées en deux rangs décalés. Mais on observe aussi des motifs en zigzag ou en ligne ondulée, entière ou interrompue ou/et fractionnée. Les flancs portent aussi des taches foncées, plus ou moins grandes et plus ou moins mates. La coloration ventrale, uniforme, va du jaunâtre gris au mauve jusqu’à noirâtre, parfois avec des minuscules ponctuations plus ou moins distinctes, Les mâles arborent des couleurs plus vives avec des motifs noirs plus larges et nettement plus contrastés ; ils sont légèrement plus grands que les femelles. Longueur totale adulte 65-85 cm.

 

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Cliché Michel Cottet

 

Chez cette espèce,  comme chez la Péliade, les individus mélaniques sont "relativement" fréquents en montagne ; nous avions déjà fait des observations dès 1976 en Autriche dans le massif des Totesgebirge, sur des sentiers en montagne, aux environs de 2000 m d'altitude lors d'expéditions spéléo. Des observations répétées de temps en temps, toujours en montagne. Je n'en ai vu qu'une seule fois dans le Haut Jura, au hameau de La Rageat à Lavans les St-Claude, en direction du Lac d'Antre.

Ci-dessous, un morphe mélanique, l'un des deux spécimens trouvés écrasés dans un parking  au col de Pierre Carrée, (les Carroz d'Araches, Hte-Savoie) le 15 août 2016.

 

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Vipera aspis mélanique écrasée

© Michel Cottet

 

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Cliché Michel Cottet

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L'Aspic est une espèce plutôt méridionale, répandue au nord-est de l'Espagne, presque sur toute la France à l'exception du nord-ouest, en Italie, Sicile, Elbe, Montecristo, Suisse et sud de la Forêt-Noire.

 

L'Aspic aime surtout les biotopes secs et ensoleillés. On le rencontre souvent dans les bosquets envahis par les broussailles, les lisières et sur les pentes rocailleuses.

 

L'Aspic quitte son abri très tôt le matin, alors qu'il fait encore frais. Il cherche une place au soleil et s'y installe, roulé en galette ou étalé en méandres souples. Avec une température externe de + 4 °C et une température corporelle d'environ 15 °C, l'Aspic arrive à atteindre en une heure sa température optimale, soit 29 °C.  

 

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 Clichés Michel Cottet

 

L'Aspic chasse surtout des petits rongeurs, particulièrement des campagnols, et plus rarement des lézards et des oisillons.

 

L'Aspic découvre ses proies en restant posté immobile, à l’affût, ou encore en arpentant son territoire, inspectant également terriers et fentes rocheuses, Il mord une première fois, puis attend un certain temps que le venin agisse en paralysant la proie avant de se remettre à sa recherche. Il se fie pour cela à son odorat très fin. La proie est généralement avalée la tête la première.

 

Au début du printemps, à la sortie de l'hibernation et alors que l'air ne se réchauffe que lentement, les vipères passent souvent des heures étendues au soleil. Quand l'emplacement choisi devient trop chaud (l'Aspic supporte jusqu'à 37°C environ), la vipère se retire dans un lieu semi-ombragé ou dans sa cachette préférée, ou se met à parcourir son territoire. Quand la température ambiante est basse et lorsque la vipère traverse une grande zone ombragée, sa température interne baisse fortement. Elle cherche alors à s'exposer au soleil pour retrouver sa température optimale. L'été, la vipère doit souvent sortir de son trou avant le lever du soleil pour étancher sa soif. La température de son corps étant trop basse, elle rampe lentement et maladroitement dans la rosée.

 

L’Aspic est territorial, sédentaire et se déplace peu, migrant seulement de façon saisonnière au printemps en sortant d’hibernation, pour les accouplements, puis gagnant son territoire d’estive et enfin retournant à son lieu d’hivernation aux premiers froids (petite cavité naturelle, fissure abritée du gel, petite grotte, terrier abandonné…). Il est plus sensible au dérangement que la plupart des couleuvres ; il est de plus en plus rare et dans certains secteurs, menacé de disparition.

 

Les services rendus par sa consommation importante de campagnols ne sont pas assez connus des acteurs du monde rural et en particulier des agriculteurs qui souffrent des dégâts des rongeurs sur les prairies fournissant le fourrage indispensable aux élevages de bétail herbivore.

 

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Cliché Michel Cottet

 

Les mâles sortent de l'hibernation dès le début du printemps, suivis quelque 10-15 jours plus tard par les femelles. En période de reproduction, les mâles déploient une grande activité avec des préliminaires et des combats rituels avant les accouplements ; ils circulent alors beaucoup, ne prenant pas ou peu de nourriture.

 

Quelque temps avant la mue - qui survient régulièrement et s'annonce par le ternissement des couleurs et l'opacification de l'œil -, la vipère s'abstient également de s'alimenter.

 

L'accouplement a lieu parfois dès fin février et surtout en mars-avril en Franche-Comté. Le cycle reproducteur de la femelle n'est pas encore connu avec précision, mais dans la majorité des régions les vipères s'accouplent chaque année. L’Aspic est ovovivipare. Les 4 à 15 vipéraux, longs de 18 cm environ, naissent en août-septembre. Les vipères Aspics connaissent souvent en septembre ou début octobre une nouvelle période d'accouplement, avec des rituels plus courts.

 

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Cliché Michel Cottet

 

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Femelles gravides © Michel Cottet 25/08/2013 Sancey le Grand (Doubs)

 

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Femelles gravides © Michel Cottet 25/08/2013 Sancey le Grand (Doubs)

 

Source :

Diesener G. & Reichholf J. (1986) - Les batraciens et les reptiles. Ed. Solar.

La Vipère Péliade : Vipera berus

Péliade-mélanique_03-logo.jpgLa Péliade : Vipera berus

 

par Michel Cottet

herpétologue

 

La Péliade est une vipère au corps épais. Contrairement à celle de l'Aspic, la tête est moins distincte du cou et avec un museau arrondi. L’iris des yeux est orangé-rougeâtre à noirâtre et la pupille se présente en fente verticale. Les écailles dorsales sont carénées et la queue est très courte. La coloration dorsale peut être gris blanchâtre, argenté ou clair, ou encore jaunâtre, rougeâtre, cuivrée ou noire. La tête s'orne souvent d'un motif en "X" ou en "V" et d'une bande qui s'étend de chaque côté du bord externe de l'œil au cou. Toute la face dorsale porte une large bande en zigzag d'un brun très sombre ou d'un noir profond chez le mâle où elle ressort très nettement (brun plus clair ou chocolat et moins contrastée chez la femelle). De grandes taches sombres s'alignent sur les flancs. La face ventrale plus ou moins nettement finement tachetée est gris-brunâtre et l’extrémité du dessous de la queue est blanc jaunâtre à orange.

 

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La queue est très courte

 

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La couleur de la livrée est variable

Cliché F. Wendler

 

Dans les tourbières jurassiennes, la Péliade présente assez fréquemment une livrée entièrement noire en harmonie avec la couleur de la tourbe. Cette livrée mélanique apparaît avec l'âge, les jeunes à la naissance présentent la coloration et les ornementations décrites ci-dessus.

 

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Péliade de tourbière à la livrée mélanique

cliché Michel Cottet

 

Longueur totale 55-60 cm, rarement jusqu'à 70, exceptionnellement jusqu'à 80 cm.
 
La Péliade a une aire de répartition importante, d’où son nom en anglais de « common adder = vipère commune », mais, en réalité les populations sont très dispersées et elle est en régression partout. Elle n’est présente que ponctuellement dans les biotopes qui lui restent favorables. On la trouve dans toute l'Europe du Nord et du Centre (sauf l'Irlande), ainsi qu'en Asie centrale jusqu'au fleuve Amour et à l'île de Sakhaline. En France, on la rencontre dans le Nord, en Bretagne et Normandie, dans une petite partie du Haut Doubs et du Haut Jura et dans le massif Central.

 

La Péliade aime les biotopes soumis à d'importants écarts de température pourvu que le taux d'humidité du sol et de l'air soit élevé. Elle fréquente les bords de chemin ensoleillés, broussailleux et herbeux, les lisières, bois clairs ou défrichés parsemés de souches et envahis de ronces et d'orties, les marécages tourbeux, les bosquets humides, les versants d'éboulis couverts de végétation. La Péliade vit de la plaine jusqu'à 3 000 m d'altitude en montagne.

 

La Péliade sort généralement de sa cachette très tôt le matin, alors qu'il fait encore froid et sombre. Elle rampe jusqu'à un endroit déterminé que le soleil atteint bientôt et se roule en galette ou en larges méandres. Dans les tourbières, elle affectionne le sommet aplati des touradons [1]. Dès que le soleil apparaît, la Péliade étale son corps le plus possible afin de capter le maximum de chaleur. Elle reste ainsi exposée jusqu'à ce que sa température interne atteigne environ 33°C, ce qui lui permet de disposer de toutes ses facultés. Elle se retire alors dans une cachette ombragée ou se met en quête de nourriture. En fin d'après-midi, elle cherche à nouveau un endroit exposé au soleil ou ayant emmagasiné de la chaleur, afin de se réchauffer à nouveau.

 

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Péliade non mélanique (Bonnevaux, Doubs 09/06/2012)

Cliché Michel Cottet

 

La Péliade chasse le jour et au crépuscule. Elle est particulièrement active quand il fait chaud, lourd et orageux, ou après de longues périodes de mauvais temps. Par grand vent, elle demeure dans son abri.

 

Les péliades s'accouplent en avril-mai. L'accouplement peut avoir lieu à toute heure du jour, mais surtout le soir et la nuit. Une femelle est souvent courtisée par plusieurs mâles qui se livrent des combats symboliques, les "danses de vipères" : quand ils se rencontrent, ils rampent par à-coups dans la même direction se dressent côte à côte, s'enroulant souvent les uns sur les autres, Puis ils essaient de se pousser par l'avant du corps qui est dressé, glissent et retombent. Ils peuvent également se donner des coups de tête. Cette "danse" dure jusqu'à ce qu'un des mâles se sente inférieur et prenne la fuite.

 

Le mâle doit souvent faire longuement la cour à sa dame avant qu'elle accepte ses avances. Il rampe alors sur son dos, cherchant à la stimuler en lui maintenant la queue plaquée au sol et en sortant vivement la langue dans sa direction. Tout comme la parade nuptiale, l'accouplement peut durer des heures. Il ne peut pas être interrompu brusquement et deux vipères accouplées sont très embarrassées pour prendre la fuite en cas de danger. La durée de la gestation varie fortement selon la région et les conditions climatiques, elle peut excéder 5 mois. Les 10 à 14 vipéreaux, rarement jusqu'à 20, mesurent à la naissance entre 14 et 23 cm. Ils naissent enveloppés dans une membrane transparente dont ils se délivrent immédiatement ou presque. Après la parturition, la femelle est amaigrie et toute fripée.

 

La Péliade se retire en octobre sous une souche, dans un terrier ou sous des rochers à l’abri du gel pour hiverner. Les endroits confortables abritent souvent plusieurs vipères qui hivernent ensemble, ou en compagnie de lézards vivipares, d'orvets ou d'amphibiens. L'hibernation se termine en mars-avril, souvent avant que toute la neige ait totalement fondu, ce qui est le cas dans les tourbières du Haut-Doubs (altitude de 800 à 1200 m). Elle quitte alors son lieu d'hibernation pour se chauffer au soleil à l'abri du vent et capter le maximum de chaleur. Son mélanisme lui permet d'atteindre une température interne très supérieure à la température extérieure. Elle reste ainsi exposée et devient active quand sa température interne atteint environ 33°C.


 
La Péliade se nourrit essentiellement de rongeurs, mais selon les biotopes, elle peut aussi se nourrir de grenouilles rousses, ou encore de lézards vivipares ou de musaraignes. En général, elle chasse à l'affût, épiant les proies qui passent, mais elle arpente aussi les broussailles ou les terriers. Quand elle a repéré une souris, elle essaie de s'en approcher lentement. Après avoir mordu sa proie, elle la relâche généralement et attend que le venin agisse. Souvent la souris parcourt encore quelques mètres avant de mourir. La vipère reste alors un certain temps sur place, ouvre grand sa bouche pour replacer ses mâchoires qui sont très mobiles l'une par rapport à l'autre, agite vivement la langue, et se met à rechercher sa proie. Elle s'oriente pour cela exclusivement grâce à son odorat qui est très fin et par un organe particulier qui lui transmet des information olfactives captées par la langue. Une fois qu'elle a trouvé la trace, elle la suit rapidement. Elle avale généralement la proie la tête la première et la déglutition peut durer 10 à 15 minutes ou plus. Une vipère adulte peut avaler à la suite deux à trois souris. Pour faciliter la digestion, elle s'installe alors dans un endroit chaud.

 

L'un des grands ennemis de la Péliade est le Hérisson. Il n'est nullement immunisé contre le venin, mais ses aiguilles le protègent des morsures. La Péliade a bien d'autres prédateurs : putois, sangliers, ainsi que de nombreuses espèces d'oiseaux, telles que les corvidés, les rapaces nocturnes (chouettes...) et diurnes (épervier, buse, circaète...), les hérons et cigognes. Mais son pire ennemi est toujours l'Homme qui lui livre encore une chasse sans merci dans de nombreuses régions et qui détruit des biotopes en asséchant des marais ou en étendant ses cultures.

 

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Les morsures de la Péliade sont rares et exceptionnellement mortelles, mais elles peuvent avoir des conséquences graves, provoquant des douleurs intenses et occasionnant parfois des séquelles qui mettent longtemps à se résorber totalement. Les morsures de vipère sont souvent liées à un comportement imprudent. Dans les régions où vivent les péliades, il faut éviter de marcher pieds nus et faire attention où l'on pose les pieds et les mains quand on ramasse des baies ou des champignons. En général, les péliades s'enfuient bien avant que l'Homme ne les remarque. Mais si on les surprend, elles s'enroulent sur elles-mêmes et mordent immédiatement.

 

Sources :

— Diesener G. & Reichholf J. (1986). — Les batraciens et les reptiles. 287 p. Éd. Solar.

 
— Pertti Viitanen (1967). — Hibernation and seasonal movements of the viper, Vipera berus berus (L.), in southern Finland, Annales Zoologici Fennici Vol. 4, N° 4 (1967), pp. 472-546.


[1] Mottes arrondies surélevées (40 à plus de 60 cm de haut) formées dans les tourbières ou zones humides paratourbeuses par la pousse annuelle de certaines graminées comme la Molinie.

25/05/2011

Le caïman noir en Guyane

Le caïman noir en Guyane

 

par Jacques Bonet et André Guyard

 

Jeudi 19 mai, les baigneurs qui se trouvaient sur la plage de Rémire à Cayenne se sont retrouvés nez à nez avec un magnifique caïman noir. Ayant quitté son marais de prédilection, l'animal était tout aussi étonné que la gent humaine de se retrouver sur une plage. L'espèce étant protégée, on fit appel aux pompiers et aux gendarmes pour le capturer.

 

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L'animal s'approche de la mer, faisant fuir curieux et baigneurs. À l'arrière-plan, un gendarme s'apprête à dégainer pour éventuellement protéger son collègue.

 

 

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Les pompiers préparent une corde pour museler le reptile.

 

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L'animal neutralisé est transporté à dos d'homme et reconduit à son marécage natal.

 

Ci-dessous, quelques données sur le caïman noir en Guyane (données empruntées au poster touristique présentant l'animal).

 

Répartition de l'espèce

 

Le caïman noir n'a pas pu résister à l'énorme pression de chasse à laquelle il a été soumis depuis le milieu du XXe siècle, pour la qualité de son cuir. 6 à 7 millions de peaux auraient été vendues au Brésil entre 1960 et 1970.

Aujourd'hui, seules quelques populations isolées les unes des autres subsistent notamment à Mamiraua au Brésil, au Guyana et dans les marais de Kaw en Guyane française.

 

caïman noir,guyane

 

Biologie et écologie

 

Habitat : Savanes inondées, estuaires, grands cours d'eau, lacs...

Poids adulte : jusqu'à 400 kg

Taille adulte : 4 à 5 m

Régime alimentaire : essentiellement piscivore

Reproduction : maturité sexuelle à 10 ans (2 m environ) 40 œufs

Statut : sur la liste rouge de l'IUCN "espèce vulnérable" ; en Guyane, intégralement protégé par arrêté ministériel de 1986

 

Enjeux de conservation en Guyane

 

En tant que "super-prédateur", en fin de chaîne alimentaire, les caïmans noirs ont un rôle majeur dans le fonctionnement écologique du marais. Sa disparition de certaines zones de la réserve serait une perte pour le patrimoine guyanais et pourrait par ailleurs compromettre le développement du "tourisme nature" qui commence à avoir du succès en Guyane

 

État des connaissances en Guyane

 

Aujourd'hui, les résultats tendent à montrer que le caïman noir est susceptible de retrouver sa place au sein des écosystèmes guyanais. Mais plus que jamais le sort du caïman noir est lié à l'homme et aux moyens mis œuvre pour sa conservation. Les études en cours depuis 1999 avec la réserve de Kaw ont pour objectifs d'approfondir les connaissances sur l'espèce (inventaires, étude de la croissance et de la dispersion des jeunes, analyses génétiques) afin de mettre en oeuvre des actions de protection plus efficaces.

 

Photos prises sur le vif sur la plage de Rémire à Cayenne le  jeudi 19 mai 2011 

17:08 Publié dans Herpétologie | Tags : caïman noir, guyane | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |

01/03/2011

Hécatombe de crapauds accoucheurs dans les Pyrénées

crapaud-accoucheur_R.König-logo.jpgParc national des Pyrénées:

hécatombe de crapauds accoucheurs

 

Info transmise par Michel Cottet

(Dernière mise à jour du 22 février 2016)

 

Il semble qu'il n'y ait pas que les poissons du Doubs ou de la Loue qui soient atteints par des champignons, les amphibiens aussi, y compris ici dans des milieux encore préservés, mais la pollution sévit partout, affaiblit partout les écosystèmes et les défenses immunitaires. Comme en témoigne cette information concernant le Crapaud accoucheur du Parc National des Pyrénées.

 

353 cadavres de crapauds accoucheurs ont été trouvés en août 2010 au lac d'Arlet (Aspe).

 

La sonnette d’alarme a retenti le 25 février 2011 lors de la divulgation des résultats de la veille sanitaire que le parc national des Pyrénées réalise sur la faune sauvage. Une mortalité massive au sein de la population de crapauds accoucheurs (Alytes obstetricans), vivant en haute altitude, a été observée depuis 2002. Les travaux conduits en 2010 ont montré l’impact d’un champignon pathogène (Chytridiomycose) sur les populations d’Amphibiens, notamment le Crapaud accoucheur pour qui la maladie s’avère létale. Preuve inquiétante, une très importante mortalité de ce crapaud a été observée dans le secteur de Madamette (Néouvielle) et au lac d’Arlet, dans la vallée d’Aspe, où, au mois d’août 2010, les chercheurs ont trouvé jusqu’à 353 cadavres in situ. Si la maladie est mortelle pour le Crapaud accoucheur, pouvant infester jusqu’à 95 % des individus sur un site donné, elle pourrait vraisemblablement toucher d’autres amphibiens, comme la Salamandre ou le Crapaud commun qui semblent y être sensibles, d’après les scientifiques espagnols qui travaillent sur le parc naturel de Pañalara (Sierra de Guadarrama, Madrid).

 

Très contagieuse, la Chytridiomycose touche un tiers des Amphibiens dans le monde.

 

Dans les Pyrénées, les chercheurs français, en partenariat avec des scientifiques espagnols, le CNRS de Moulis et le Royal College de Londres, poursuivent leurs investigations, même si, pour l’heure, aucun signe de mortalité chez d’autres Amphibiens n’a été constaté. Les scientifiques surveillent les populations d’Amphibiens pour identifier les effets du champignon, ils étudient également les causes qui provoquent la maladie et les possibilités de l’endiguer, car, même si cette dernière est localisée sur les deux versants du côté ouest des Pyrénées, elle pourrait se propager rapidement. L’origine de cette épidémie explosive reste incertaine, mais elle avait été découverte en 1998 sur des grenouilles tropicales en Australie et Amérique centrale, et avait ensuite atteint l’Espagne provoquant un effondrement des populations de crapauds accoucheurs. Il semblerait que le champignon ne peut être détruit quand il est présent quelque part. La priorité reste donc d’empêcher sa propagation.

 

Si lors de vos randonnées pyrénéennes vous trouvez un amphibien présentant une posture anormale, une perte de réflexe, une léthargie ou des anomalies de la peau (lésions cutanées, ulcères, hémorragies, etc.), ne le touchez pas afin d’éviter la propagation de la maladie.

 

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Crapaud accoucheur mâle

Alytes obstetricans © R. König

 

Contre cette pandémie planétaire chez les batraciens, êtes-vous prêt à agir ?

Il est microscopique et se répand à toute vitesse. Un champignon infectieux, appelé Chytride, fait des ravages chez les grenouilles et les autres amphibiens. Les hécatombes, d’abord observées en Australie puis en Amérique latine il y a une dizaine d’année, sont reportées partout dans le monde aujourd’hui.

En France, des extinctions massives ont été recensées chez plusieurs espèces de batraciens, notamment le remarquable crapaud accoucheur ou la salamandre. L’épidémie a démarré en 2007 dans les Pyrénées et semble se propager (voir plus haut). Toutes les observations des scientifiques et des naturalistes sur le terrain laissent craindre le pire. Nos campagnes risquent-elles d’être réduites au silence et nos mares désertées ?

 

Difficile de connaître l’origine exacte de l’infection. Des chercheurs du CNRS de Moulis (Ariège) tentent depuis 2003 de mieux comprendre comment se propage le Chytride et semblent convaincus d’avoir ici affaire à un pathogène émergent, en d’autres termes une maladie transportée sous nos latitudes par des espèces exotiques. De nombreux indices laissent à penser qu’elle aurait été introduite dans l’hémisphère nord par un Xénope, une grenouille, originaire d’Afrique du sud. C’est ensuite la fameuse grenouille taureau, porteur sain du champignon, qui aurait favorisé sa propagation depuis les États-Unis jusqu’à la France.

 

Pour le moment, le champignon se développe préférentiellement en altitude où, d’après les observations des chercheurs, il anéantit 100 % des crapauds infectés. Les scientifiques ont également remarqué que l’infection était beaucoup plus virulente dans les chaînes de montagne, des zones souvent très touristiques et où « les gens en se promenant le long des sentiers peuvent propager l’infection sans le savoir » prévient Dirk Schmeller, de la Station d’Écologie Expérimentale du CNRS à Moulis.

 

Ajout du 22 février 2016

 

À l'époque de la reproduction, les mâles lancent leurs appels depuis leur cachette à terre. L'accouplement est terrestre. Le mâle enlace la femelle au niveau lombaire. Quand le cordon d'œufs commence à sortir, le mâle se glisse vers l'avant, tenant sa partenaire par le cou et féconde les œufs. Puis il enroule le cordon autour de ses tibias et en prend soin en les humectant régulièrement dans une flaque ou une mare jusqu'à l'éclosion. Ce comportement est rapporté dans le documentaire diffusé par France 2 "les superpapas de la nature" diffusé le 22 février 2016.

Mortalité élucidée d'Amphibiens dans le Jura

Bufo_bufo-logo.jpgMortalité élucidée

d'Amphibiens dans le Jura

 

 

 

 

Le service départemental de l’Onema du Jura a observé une mortalité massive de Crapauds communs dans le lac de la Penne, sur la commune de Moirans-en-Montagne. Des prélèvements ont été effectués et livrés au laboratoire d’écologie alpine de l’Université de Savoie qui a constaté la présence d’ADN du virus Ranavirus sur 5 des 30 individus testés. Il s’agit de la première mise en évidence de Ranavirus sur des amphibiens de population sauvage en France. Des recommandations ont été émises : identification de la souche de Ranavirus, surveillance du lac en 2012, vigilance au niveau régional, prévention pour limiter la dissémination, etc. La procédure de déclaration auprès de l’Organisation mondiale de la santé animale est en attente de l’identification précise du type de virus.

 

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Crapauds (© Michel Loup)

 

Source :


Lettre de l'Onema, décembre 2011.

 

Contact : emmanuel.vilquin@onema.fr


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10/10/2010

La Salamandre tachetée

Espèce foncièrement terrestre, la Salamandre tachetée ne va à l'eau que pour y accoucher de larves qui mèneront une vie aquatique.

 

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07:05 Publié dans Herpétologie | Lien permanent | Commentaires (18) |  Facebook | | |

Besançon : Hécatombe de salamandres

Les infrastructures du contournement de Besançon au niveau du Vallon des Mercureaux entraînent une véritable hécatombe parmi la population d'une sous-espèce de salamandre présente uniquement dans ce site en Franche-Comté.

 

 

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La DREAL au secours des salamandres

Salamandre1-logo.jpgLa DREAL au secours des salamandres

 

Rapport intermédiaire de Frédéric Jussyk

 

Consciente de l'impact de l'emprise du chantier routier des Mercureaux, la DREAL a commandité une étude des voies de migration des amphibiens dans le vallon des Mercureaux. Après un rappel sur la biologie des amphibiens, Frédéric Jussyk, Ingénieur écologue expose  ici une synthèse du suivi de la migration d’automne postnuptiale et préconise des mesures pour améliorer la survie des espèces d'amphibiens concernés par le chantier.


RAPPEL SUR LA BIOLOGIE DES AMPHIBIENS

 

La plupart des amphibiens adoptent un mode de vie biphasique avec une phase terrestre et une phase aquatique. La reproduction a lieu au printemps (pic de mars à juin) dans des mares, étangs, rus, fossés, ornières, mais aussi dans des zones humides artificielles : fossés, bassins, ornières de chantier…

(Voir également l'article sur la Salamandre tachetée).

 

De sorte que ce mode de vie entraîne une sujétion pour les femelles.  Succédant à la période d'accouplement, les femelles recherchent une collection d'eau favorable à la ponte et à l'éclosion des œufs : c'est la migration prénatale. Immédiatement après la ponte les femelles effectuent une migration de retour (postnatale) en direction des sites d’estive.

 

Dans le vallon des Mercureaux, la migration prénatale a lieu principalement de mi-février à fin mars (ou mi-avril), elle correspond à la migration vers la zone humide de reproduction, les femelles migrant depuis le Bois de la Côte et autres boisements périphériques (estive, hivernage) vers le fond de vallon des Mercureaux (reproduction). Aucune zone humide stagnante (mare, étang) n’est initialement présente dans ce fond de vallon. Quelques ornières peuvent toutefois abriter localement une petite population. Les ruisseaux (Mercureaux, Contour) présentent un écoulement parfois rapide de type torrentiel peu favorable à la plupart des amphibiens, excepté la Salamandre tachetée et le Crapaud commun qui utilisent les ruisseaux forestiers pour leur reproduction.

 

Après l'accouplement en septembre, les salamandres adultes qui ont passé l’été dans la forêt se sont plus ou moins éloignées des zones de reproduction (cours d’eau, fossés, ornières, mares), Elles s’abritent dans des cavités humides le jour, ne se rencontrant pas forcément auprès des cours d’eau. L'automne arrivant, les salamandres quittent les sites de reproduction et d’estive et se dirigent vers les sites d’hivernage (migration postnuptiale). Cette migration est plus diffuse et moins visible que la première. Elle a lieu de septembre à fin octobre (mi-novembre). Les salamandres recherchent alors un abri pour hiverner (cavités naturelles et artificielles : caves, galerie de mine ou de fort)[1]. Elles peuvent également utiliser des sites artificiels sur le chantier routier. C’est pourquoi on les retrouve dans les caniveaux, puisards…

 

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Vue satellitaire du site (document Google-F. Jussyk)

 

Les batraciens forment un groupe faunistique sensible puisque, en période de reproduction, ils sont attirés par les collections d'eau accessibles : ornières, fossés et bassins de décantation de l’emprise des chantiers routiers, pouvant y séjourner plusieurs mois, probablement en raison de meilleures conditions de température, de mise en eau et de l’ensoleillement.

 

RÉSULTATS DES OBSERVATIONS

LA MIGRATION POSTNUPTIALE

 

Le rapport intermédaire de F. Jussyk fait la synthèse des observations de l'automne 2010 correspondant à la migration post-nuptiale (octobre-novembre).

 

Cinq espèces d’amphibiens sont observées dans l’emprise du chantier des Mercureaux, principalement la Salamandre tachetée et le Crapaud commun qui se reproduisent dans les ruisseaux forestiers. Les trois autres espèces semblent présentes de manière anecdotique, les cours d’eau à écoulement rapide et l’absence de mares leur sont défavorables (Grenouille rousse, Triton palmé, Triton alpestre).

 

Le rapport fait état de mortalités d’amphibiens, principalement de la Salamandre tachetée, mais également de quelques Crapauds communs dont les cadavres sont observés de septembre à mi-novembre dans un caniveau béton de la voie des Mercureaux en cours de construction. Les prospections d’automne 2010 ont consisté à repérer les voies de migration et d’intrusion dans l’emprise, d’identifier les ouvrages-pièges afin de proposer des aménagements temporaires en phase chantier et définitifs lors de la mise en service afin d’éviter ces mortalités, et de pérenniser les populations du vallon. Pour cela, des prospections diurnes et nocturnes ont été réalisées.

 

Ces prospections ont montré que les amphibiens tentent de migrer depuis le vallon des Mercureaux vers le Bois de la Côte. Certains peuvent également chercher des sites artificiels d’hivernage (puisards, caniveaux, ouvrages souterrains). Ils longent le bord externe de la voie entre le talus de terre ou de cailloux et la cunette. Lorsqu’ils parviennent dans la cunette béton, via des surplombs notamment des talus en herbe (PR164-172) et la plate-forme du poste électrique (PR188) ils la suivent et meurent d’épuisement et de déshydratation, le béton assèchant la peau fine des amphibiens. Cette cunette béton en U est longue de plus de 1000 m, sans dispositif de sortie. Certains sont emportés lors de pluie dans un puisard en contrebas (vers l’OA7) et ne peuvent plus ressortir. Les cunettes et glissières béton (2X2 voies), les talus raides, parfois plus de 10 m de haut, (côté OA6-OA7 et côté Tunnel de Fontain), rendent cette migration de retour impossible.

 

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 Photos 1 et 2 (documents F. Jussyk)

 

Les caniveaux en V (voie montante) ne posent pas de problème de franchissement pour les amphibiens.  Mais les glissières centrales en béton et les caniveaux en U (photos 1 et 2) constituent des barrières et des pièges.

 

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Photos 3 et 4 (documents F. Jussyk)

 

Au niveau PR164 à 172, les amphibiens peuvent accéder à la cunette par les talus qui la surplombent (photo 3), mais aussi par la plateforme de la station électrique (photo 4), PR187 à 188.

Les salamandres trouvent refuge la journée dans les tas de cailloux côté externe de la cunette. La nuit, elles sont observées sortant des petites cavités. Ces tas de cailloux ont récemment été nivelés et compactés. Malgré ceci, des salamandres sont observées de nuit sortant du terrain compacté et longeant la cunette (photo 4).

 

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Photos 5 et 6 (documents F. Jussyk)

 

Certains ouvrages constituent des pièges pour les amphibiens : regard de visite à isoler au sud du bassin, puisard-piège en continuité de la cunette, partiellement protégé par une plaque pendant les travaux (photos 5 et 6).

La photo 6 montre un puisard côté aval (PR180) avec échelle de visite recevait lors des travaux les eaux d’écoulement de la cunette béton. Des amphibiens piégés dans la cunette sont emportés, lors de pluie, vers le puisard puis dans des drains au fond de l’ouvrage. L’accès dans ce puisard était impossible car la plaque de fer qui le recouvrait partiellement est en partie goudronnée et scellée à la route. Ce puisard a été théoriquement sécurisé.

 

SUIVI DES AMPHIBIENS

 

Les comptages diurnes ont eu lieu le matin en octobre et jusqu’au 21 novembre 2010 (fin de la migration). Ils ont été complétés par des suivis nocturnes afin de recenser les voies de passages.

 

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Flux de migration postnuptiale (document F. Jussyk)

 

Les amphibiens capturés ont été transférés de l’autre côté de la voie vers l’amont, dans les boisements, en évitant la voie communale de Fontain à la Chapelle des Buis. Les talus hauts et raides côté aval : à l’ouest, au droit des mares de substitution, (OA6-7) et à l’est, avant le tunnel de Fontain interdisent les migrations d’automne. Aucun amphibien n’est observé dans ces secteurs.

 

Le temps froid (<5°C) et sec est défavorable aux déplacements d’amphibiens (peu ou pas d’observations). La grande majorité des amphibiens est observée dans les cunettes aval (au nord côté vallon). Au total un minimum de 219 Salamandres (juvéniles + adultes), 50 Crapauds communs ont été capturés et transférés dans le Bois de la Côte en amont. La migration a probablement commencé mi-septembre, 173 Salamandres et 73 crapauds morts ont été observés dans les caniveaux. On peut donc estimer une population de salamandres d’au moins 200 adultes reproducteurs sur ce versant du vallon des Mercureaux-Bois de la Côte. Il est également probable qu’une autre population d’amphibiens soit présente dans le Bois du Peu sur le versant opposé du vallon. Celle-ci pourrait bénéficier des mares de substitution.

 

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Tableau de comptage (document F. Jussyk)

 

Certains suivis réalisés avant le 20 octobre présentent un risque de double comptage, les chiffres de batraciens transférés ne tiennent compte que des comptages postérieurs au 19/10.

 

NB : Les captures et transferts des amphibiens piégés dans les cunettes se sont fait avec autorisation de capture/déplacement de la DREAL.

 

PROPOSITION D’AMÉNAGEMENT ET POURSUITE DES INVESTIGATIONS (JANVIER/FÉVRIER 2011)

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Propositions d'aménagement

(document F. Jussyk)

(Pour agrandissement, cliquer sur le document)

 

Des clôtures mailles fines vont être prochainement posées des deux côtés de la route, de l’OA7 au Tunnel de Fontain, pour éviter l’intrusion d’amphibiens dans l’emprise.

 

La pose de grillage spécifique est également nécessaire autour de la tête de tunnel y compris en crête. Les amphibiens peuvent accéder à la descente depuis ce secteur boisé.

 

Ces clôtures devront laisser l’accès libre aux deux ouvrages hydrauliques jugés plus ou moins favorables au passage d’amphibiens sous la route (cf rapport du 18/11/10). Les 2 OH potentiellement favorables sont situés : PR 195, PR 205.

 

Ces ouvrages n’ont pas été conçus pour le franchissement d’amphibiens mais quelques passages sont possibles lors des migrations prénuptiales, à la descente (à vérifier selon la structure interne des ouvrages). Par contre, la migration de retour via ces ouvrages semblent très difficile (remontée de talus et d’ouvrages pentus).

 

L’OH PR 226 permettrait en théorie des déplacements d’amphibiens. Il draine les eaux d’un fossé végétalisé en amont, mais il débouche en aval sur un talus raide haut de 10 m environ, en béton avec pierres, des risques de chutes avec blessures ou mortalité sont donc probables notamment lors de pluie (photo 7). Cet ouvrage devra donc être amélioré en sortie de manière à éviter des mortalités d’amphibiens.

 

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Photo 7 : Cunette d’évacuation sur talus raide (aval)

(document F. Jussyk)

 

Sur la voie montante (PR 205 à 235), un fossé en terre avec végétation est présent entre le chemin communal en lisière du bois et la voie. Il est conseillé de l’exclure de la clôture de manière à permettre la reproduction d’amphibiens. Actuellement depuis la construction de la route, les amphibiens côté amont dans le bois ne peuvent plus se reproduire faute de zones humides accessibles. Celles-ci sont principalement situées dans le fond de vallon autour du ruisseau (flaques, ornières, rus, mares de substitution). En l’absence de zone humide, en amont la sous-population déclinera rapidement en quelques années. Dans tous les cas, lorsque cela est possible, il est donc conseillé d’exclure de l’emprise (ne pas clôturer) les fossés en terre le long de la route, rares sites accessibles de reproduction. Les lisières sont des sites privilégiés pour la reproduction.

 

PR 165-180 amont : le talus caillouteux raide peut poser des problèmes aux amphibiens descendant la pente, ceux-ci se trouveront bloqués en pied de talus et ne pourront plus la remonter. La pose de clôture en crête le long de la prairie (et non pas en pied de talus) est donc préférable.

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Photo 8 : PR 165-180 : le talus caillouteux raide

(clôturer en crête)  (document F. Jussyk)

 

Dans la mesure du possible, les fossés latéraux pouvant servir de site de reproduction, ne devront pas être clôturés. Il est nécessaire de :

 

  • clôturer l’emprise (clôture définitive maille fine) avant le 15/02, début du suivi de la migration de printemps,

 

  • faire une visite sur le site en février 2011 pour vérifier si tous les puisards et autres ouvrages – pièges identifiés lors des prospections de l’automne 2010 ont bien été sécurisés.

 

Une prospection du bois de la Côte en amont (voire en aval) permettra de connaitre l’existence d’éventuelles petites zones humides de reproduction (hors mares de substitution déjà créées).

 

Le bassin de décantation près du ru des Contours actuellement clôturé à mailles larges est accessible aux amphibiens. Il est préconisé de le maintenir accessible pour permettre la reproduction et donc de ne pas doubler de maille fine les côtés externes. Par contre, le côté interne au bord de la voie nécessite un doublage. Un regard de visite est à grillager au sud du bassin (maille fine), les amphibiens pouvant actuellement tomber dans ce puits (photo 5).

 

SUIVI DE LA MIGRATION PRÉNUPTIALE

(MARS 2011)

 

Le prochain suivi consiste à :

 

  • rechercher les principaux flux de migration prénuptiale qui peuvent légèrement différer des voies de migration d’automne,

 

  • rechercher les principaux lieux de ponte (prospection des mares de substitution, du bassin de rétention et du ruisseau),

 

  • inspecter les principaux ouvrages hydrauliques traversant la voie et des fossés latéraux afin de vérifier d’éventuelle mortalité ou pièges.

 

Le suivi migratoire prénuptial se réalise par pose de barrière-pièges (clôture provisoire) le long de la route en amont, côté Bois de la Côte et prairies, avec pose de seaux de récupération tous les 20-30 m. Ce protocole permet d’identifier et de compter les espèces et les flux et d’identifier les voies de passages privilégiées. Le linéaire étant important (1.5 km), la pose de clôture provisoire ne peut se faire partout. Il se fera sur une longueur totale de 400 à 500 m en amont (côté bois et prairie entre PR 195-230). Les seaux sont relevés tous les matins et les espèces déplacées vers l’aval dans le vallon des Mercureaux.

 

Les autres portions non équipées de barrières seront prospectées de manière plus ponctuelle à pied (prospections des fossés latéraux amont). Le mois de mars dans sa totalité correspond au pic de migration de nombreuses espèces. C’est la période la plus sensible. Ces comptages et ramassage auront lieu tous les matins durant la totalité de mars. Ceci fournit des informations relativement exhaustives des flux et des espèces. La pose de barrières-pièges pourra intervenir dès la mi-février, selon météo. Le comptage débuterait alors fin février.

 


[1] Le Fort de Fontain peut éventuellement abriter des amphibiens en hivernage.

15/05/2010

La Tortue d'Hermann

 

T.hermanni1_logo.jpgLa Tortue d'Hermann

Testudo hermanni Gmelin, 1789

Famille des Testudinidés

 

par André Guyard

 

Le site de Perge (Antalya Turquie) est célèbre pour ses vestiges romains. En particulier le stadium présente une construction en fer à cheval qui pouvait accueillir 12 000 visiteurs.

 

C'est dans ce stade antique, qu'en mai 2010, j'ai vu courir des tortues (elles sont sportives, ces tortues turques !). Il s'agit en fait de tortues à carapace très bombée et arrondie, s'élargissant légèrement vers l'arrière atteignant 25 cm. Les écailles vertébrales sont étroites, les médianes pratiquement carrées et nettement bombées chez l'adulte. La coloration de la carapace est d'un jaune plus ou moins mêlé de verdâtre ou de brunâtre, avec des zones sombres d'étendue variable. Il s'agit probablement de la Tortue levantine Testudo ibera que l'on peut confondre avec la Tortue d'Hermann, espèce protégée que l'on rencontre en France et qui se fait rare dans les Maures où elle est victime des feux de forêt.

 

On trouvera une description détaillée de la Tortue levantine sur le site Tortues du monde.

 

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Testudo ibera (Tortue levantine)

 

Pour l'instant, intéressons-nous à la Tortue d'Hermann.

 

La Tortue d'Hermann est la seule tortue terrestre de France où elle est présente dans la plaine et le massif des Maures (Var), et en Corse.

 

Elle se présente sous deux sous-espèces :

 

* La sous-espèce occidentale : Testudo hermanni hermanni. C'est la plus petite. Elle mesure de 18 à 20 cm à la taille adulte (le mâle étant légèrement plus petit que la femelle). Les écailles sont jaunes tachées de noir. La queue est plus longue chez le mâle. La Tortue d'Hermann se distingue des autres tortues par les bandes de couleur noire continues sous le plastron. En Europe, elle vit de l'Espagne à l'Italie, en passant par les îles méditerranéennes (Sardaigne, Corse, Baléares). C'est la sous-espèce la plus menacée, et elle est d'ailleurs classée comme « en danger » par l'IUCN.

 

* La sous-espèce orientale : Testudo hermanni boettgeri. Elle est plus grande que la sous-espèce occidentale (sa taille peut atteindre 28 cm, et son poids 3 à 4 Kg). Les bandes sous le plastron sont plus clairsemées. Sa tête va de la couleur marron à noir, avec de fines écailles ainsi que sur les pattes avant munies de 5 griffes. Elle vit en Europe du Sud-Est : Croatie, Macédoine, Roumanie, Bulgarie, Grèce et Turquie.

 

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Testudo  ibera (Tortue levantine)

 

On peut confondre la Tortue d'Hermann avec la Tortue mauresque (Testudo graeca) et la Tortue levantine (Testudo  ibera). La Tortue d'Hermann se distingue de la Tortue mauresque, par la scission médiane de l'écaille supracaudale, et par le tubercule corné et creusé de sillons qui orne l'extrémité de la queue, particulièrement chez le mâle.

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La pointe de la queue porte une ou deux grandes écailles lisses, et non de nombreuses petites écailles comme chez la Tortue mauresque. La face postérieure du bras ne possède pas d'éperons. Sur la face antérieure des avant-bras, les écailles sont plus petites que chez la Tortue mauresque.

 

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Testudo ibera (Tortue levantine)
 
 

Chez les adultes, la distinction des sexes est facile : le plastron du mâle est concave et sa queue est nettement plus longue que celle de la femelle, qui a le plastron plat. La forme concave du plastron du mâle lui permet de se maintenir sur le dos de la femelle lors de l'accouplement.

 

 

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Anatomie de la Tortue d'Hermann

 

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Squelette de la Tortue d'Hermann
 
1-2 Colonne vertébrale mobile (8 vertèbres cervicales) ; 2-3 Colonne vertébrale fixe (10 vertèbres dorsales et 2 vertèbres sacrées soudées) ; 3-4 Colonne vertébrale mobile (queue = 8 vertèbres caudales) ; 5 Omoplate ; 6 précoracoïde ; 7 coracoïde ; 8 Humérus ; 9 Cubitus ; 10  Radius ; 11 Carpe ; 12 Ceinture perlvienne ; 13 Fémur ; 14 Tibia ; 15 Péroné ; 16 Tarse ; 17 Métatarse ; 18 Orteil.

 

La Tortue d'Hermann peuplait originellement l'est du bassin méditerranéen. Son aire de répartition s'est élargie en quelques endroits, et s'étend des Baléares, de la Sardaigne et de la Corse à l'ouest jusqu'au Danube, en passant par les Balkans. Cette espèce vit également au sud et à l'ouest de l'Italie, et dans le sud de la France ainsi qu'en Sicile. Dans certaines de ces régions, c'est un animal très rare.

 

Espèce peu exigeante, elle peuple dans son aire de répartition les habitats les plus divers. On la trouve dans le maquis, dans les prairies maigres et sur les versants montagneux couverts d'herbe ; aussi bien sur les plateaux que dans les plaines du littoral, dans les forêts claires et dans les dunes envahies de broussailles, mais aussi sur les terres cultivées, à condition qu'elles présentent des murets de pierres, des buissons et des emplacements secs et sablonneux. La Tortue d'Hermann semble avoir trouvé dans les ruines romaines un biotope de choix.

 

La Tortue d'Hermann se nourrit essentiellement de verdure, qu'elle broute à l'aide de sa mâchoire cornée très tranchante. Son intestin renferme des bactéries qui participent à la digestion de cette nourriture riche en cellulose et en fibres, améliorant l'absorption des substances nutritives.

 

Cette alimentation végétale fournit à la tortue l'eau dont elle a besoin. À l'occasion, elle ne dédaigne pas dévorer des coléoptères, des vers, ou même la chair d'un animal mort. Des cas de coprophagie ont également été observés. Pour faciliter la digestion du bol alimentaire, les tortues, comme certains granivores, avalent de petits cailloux, qui aident l'estomac à broyer les plantes.

 

La température idéale supportée se situe entre 20 et 30 °C. Pour l'atteindre, les tortues s'exposent longuement au soleil le matin. Quand leur corps est assez réchauffé, elles commencent à chercher de la nourriture. Les peuplements de tortues ne peuvent se développer que si les températures estivales sont élevées, mais, quand il fait trop chaud, la tortue cesse toute activité pour estiver. Elle s'abrite à l'ombre pendant les grandes chaleurs de midi. Si les hautes températures subsistent, la tortue s'enterre dans le sol, et son métabolisme de base se ralentit tout comme pour l'hibernation. Ses besoins en eau étant largement couverts par la nourriture, elle se rend rarement au bord de l'eau pour boire. Mais, quand la sécheresse estivale persiste, elle aime se désaltérer dans les flaques.

 

À la fin de l'automne, la tortue choisit alors un emplacement abrité où elle s'enterre pour hiverner, mettant toutes ses fonctions vitales au ralenti jusqu'à la belle saison. La température corporelle descend alors aux alentours de 5 °C. L'hibernation dure environ 6 mois et brûle 10 à 40 g de la réserve de graisse d'un animal.

 

Au printemps, la Tortue d'Hermann sort de son abri hivernal et commence par se débarrasser des excréments qu'elle a accumulés pendant l'hiver. Le réveil printanier dépend d'un programme interne, il est peu influencé par les conditions extérieures. La tortue qui s'éveille se met à la recherche de nourriture, broutant les jeunes pousses riches en vitamines et se réchauffe au soleil printanier. La croissance qui en résulte se traduit par une zone d'accroissement claire sur la carapace, mais qui ne peut être prise en considération pour déterminer l'âge puisqu'il peut y avoir plusieurs poussées de croissance par an.

 

Testudo ibera (Tortue levantine)

 

Cette époque de grande activité du printemps est aussi celle des amours. Après la fin de l'hivernage et la première phase d'alimentation intensive, les mâles se mettent à errer à la recherche d'une femelle disposée à s'accoupler. Il n'est pas rare que plusieurs mâles se rencontrent et se combattent. Ils cherchent à se repousser par des chocs violents. Les femelles sont également traitées avec rudesse. Pour immobiliser sa partenaire, le mâle lui donne des coups de carapace, lui mord les pattes et en fait le tour plusieurs fois. L'accouplement est chose difficile : le mâle glisse souvent sur la carapace de sa partenaire. La copulation peut se dérouler quand la femelle s'est suffisamment rétractée dans sa carapace. Le mâle pousse alors, la gueule grande ouverte, d'étranges cris qui ressemblent aux jappements d'un petit chien ou aux plaintes d'un chaton.

 

Quelque temps après la fécondation, la femelle se met à creuser, avec ses membres postérieurs, un trou où elle pond ses œufs. Une jeune femelle ne pond que 1 ou 2 œufs, une femelle plus âgée peut en pondre jusqu'à 10. Avec son plastron et ses pattes arrières, la tortue recouvre sa ponte de terre, nivelant le sol.

 

Les œufs blancs ont une coquille dure et une forme quelque peu allongée. L'éclosion survient après une durée variable selon les conditions, généralement plusieurs mois. Les jeunes tortues qui sortent des œufs ont la carapace arrondie et nettement marquée de dessins. Elles mesurent environ 3,5 cm de longueur.

 

Les toutes jeunes tortues sont la proie de nombreux prédateurs. Une fois adultes, leur carapace les protège assez bien. Parfois, elles sont dévorées par des oiseaux de proie ou des renards, Mais l'ennemi principal des tortues terrestres est l'Homme.

 

Les personnes intéressées par la Tortue d'Hermann pourront consulter avec profit le site Tortue de terre.

 

Sources :

 

Diesener G. & J. Reichhof (1994) - Batraciens et Reptiles. Ed. France Loisirs.

 

14/05/2010

Le Lézard fouette-queue

Uromastyx01_logo.jpgLe Lézard fouette-queue

Uromastyx aegyptia Forskål, 1775

Famille des Agamidés

 

par André Guyard

 

Au cours d'un circuit en Cappadoce (Turquie) en mai 2010, j'ai eu l'occasion de filmer un fouette-queue qui se prélassait au soleil sur un replat d'une cheminée de fée.

 

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Le genre Uromastyx comprend une quinzaine d'espèces réparties dans les régions désertiques ou semi désertiques du nord-ouest de l'Inde au sud-ouest de l'Asie, du Moyen-Orient à la péninsule arabique ainsi que dans les régions du Sahel, de l'Ethiopie et de la Somalie.

 

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Le Fouette-queue se caractérise par une queue épineuse en forme de pomme de pin dont il n'hésite pas à se servir en cas de menace : il tente alors de "fouetter" l'intrus ou le prédateur au moyen de sa queue.

 

Fouette-queue filmé dans la vallée de Derben (Cappadoce)

(mai 2010)

 

C'est un lézard diurne, craintif qui s'expose volontiers au soleil matinal ou de fin de journée en évitant les fortes chaleurs.

Il habite les biotopes arides et pierreux et creuse de longs et profonds terriers.

Il se nourrit de végétaux, essentiellement de plantes annuelles et de vivaces, ainsi que de fleurs, feuilles et gousses de fabacées.