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06/09/2019

À Mayotte, un volcan vient de naître

À Mayotte, un volcan vient de naître

 

par Nicolas Butor Pour la Science —  02 août 2019

 

Pour la première fois dans l’histoire, la formation d’un nouveau volcan a été observée « en direct » à 3 500 mètres de profondeur au large de Mayotte. Stéphan Jorry, chercheur à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) raconte cette découverte.

 

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Comment avez-vous découvert ce volcan ?

 

C’est une découverte scientifique unique. Mayotte n’était pas considérée comme une zone sismique : le dernier séisme avait eu lieu dans les années 1990, et avait été faiblement ressenti. Mais à partir de mai 2018, plusieurs séismes se sont succédé. Ça a été un choc pour la population ; des gens ont dormi dehors pendant des nuits… Nous sommes donc partis en campagne pour comprendre ce phénomène et éclairer la population mahoraise, la préfecture de Mayotte et le ministère de la Transition écologique et solidaire.

 

L’essentiel de l’activité sismique est localisée à 5-10 km au large de l’île de Petite-Terre. Mais, lors de nos deux premières campagnes, Mayobs 1 en mai 2019 puis Mayobs 2 en juin, nous avons mis en évidence, à 50 km de l’île, en continuité avec la zone de sismicité, un volcan sous-marin de 800 mètres de hauteur sorti du fond en l’espace d’une année ! Grâce aux données bathymétriques recueillies, nous avons calculé que 5 km3 de lave ont été émis depuis juin 2018, soit environ 30 % de la production annuelle de magma sur l’ensemble des volcans associés aux dorsales océaniques de la planète. C’est exceptionnel, même pour des volcans terrestres.

 

Quelle est l’origine de ce volcan ?

 

Pour l’heure, il est difficile de répondre. Peut-être est-ce un point chaud, avec une chambre magmatique très profonde d’où remonte du magma. Il pourrait aussi s’agir d’une ride océanique, c’est-à-dire de la limite d’une plaque.

 

Plusieurs équipes travaillent sur le sujet. L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) étudie les éléments présents à l’état de traces dans les roches, comme le rubidium ou l’uranium, et une équipe à l’université Clermont-Auvergne se penche sur la géochimie de ces laves, en coordination avec l’institut de physique du globe de Paris (IPGP). Nous avons aussi collecté sur le volcan actif des roches qui se sont révélées très riches en gaz. La mesure de la concentration en isotopes de l’hélium nous renseignera sur la profondeur de la source. Tous ces indices vont nous aider à préciser le contexte géodynamique.

 

D’autres campagnes d’observation sont-elles prévues ?

 

Deux nouvelles campagnes, Mayobs 3 et 4, ont été organisées en juillet. Pour Mayobs 3, dirigée par Isabelle Thinon, du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), il s’agissait de récupérer des sismomètres au fond de la mer, qui avaient été repêchés puis redéposés pendant Mayobs 2. Le but est de mieux localiser les séismes, horizontalement et en profondeur.

 

Pour Mayobs 4, codirigée par Nathalie Feuillet, de l’IPGP, et Yves Fouquet, de l’Ifremer, les chercheurs ont utilisé le Scampi, une caméra tractée près du fond océanique, pour observer en direct l’activité magmatique, ainsi que la CTD Rosette, qui piège de l’eau que nous pourrons analyser. Ils ont aussi utilisé de nouvelles dragues pour compléter les échantillons de roche. Enfin, à l’aide d’outils plus précis, ils ont affiné la connaissance de la structure du fond océanique, notamment sur son évolution depuis juin.

 

Qu’espérez-vous apprendre ?

 

Aujourd’hui, aucun modèle n’explique ce phénomène ; nous allons donc probablement en apprendre beaucoup en termes de géodynamique. De plus, ce volcan sous-marin étant tout neuf, nous allons pouvoir suivre la colonisation de ce relief par les organismes vivants. On peut aussi s’intéresser à l’influence des fluides du volcan – qui s’échappent sur 2 km de haut – et de la sismicité sur la composition chimique de l’océan… Pour l’instant ce ne sont que des questions, mais les perspectives scientifiques sont grandes.

05/09/2019

Un crâne de Australopithecus anamensis découvert

Un crâne de Australopithecus anamensis découvert

 

Publié le 28 août 2019 par Michael Greshko (National Geographic 28 août 2019).

 

Un crâne sans précédent révèle le visage d'un ancêtre humain.
L'incroyable fossile offre un instantané de l'aube de l'évolution humaine. « C'est le crâne que nous attendions », a déclaré le paléoanthropologue Yohannes Hailé-Sélassié.

 

Désigné officiellement MRD-VP-1/1, ce nouveau crâne appartient à un ancêtre humain primitif appelé Australopithecus anamensis.

 

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Photographie de Dale Omori, don gracieux du Cleveland Museum of Natural History

 

Une rencontre fortuite dans un enclos éthiopien a donné un fossile unique en son genre : le crâne presque complet d'un ancêtre humain mort il y a 3,8 millions d'années.

 

Le nouveau spécimen — décrit dans la revue Nature — est le plus vieux crâne jamais découvert d'un australopithèque, un groupe pivot d'anciens ancêtres humains ayant vécu entre 1,5 et 4 millions d'années. C'est aussi le tout premier crâne d'Australopithecus anamensis, l'un des premiers membres de ce genre, jamais découvert.

 

« Cela vous prend environ 3,8 millions d’années pour penser à ce que nos ancêtres ressemblaient à cette époque. C’est vraiment un moment excitant.  », explique l’auteur principal de l’étude, Yohannes Hailé-Sélassié, paléoanthropologue au Cleveland Museum of Natural History.

 

Le paléoartiste John Gurche a reconstitué le visage d'A. Anamensis à partir des scans du crâne retrouvé.

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Reconstitution de la tête de Australopithecus anamensis par John Gurche

 

La découverte pourrait combler plusieurs lacunes importantes dans l’étude de l’évolution humaine. Les fossiles des homininés, ou ancêtres humains, de cet âge sont extrêmement rares et souvent de simples fragments d'os. En revanche, le nouveau crâne est presque complet, ce qui devrait révéler de nombreux détails sur la vie et l’évolution de nos ancêtres les plus anciens.


« C’est le crâne que nous attendions », déclare Carol Ward, une paléoanthropologue de l’Université du Missouri qui n’a pas participé à l’étude. « Les crânes d'Homininés sont ces trésors exceptionnellement rares, et en trouver un aussi ancien et aussi complet est presque sans précédent. »

 

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Arbre généalogique humain

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Les racines de l’arbre généalogique humain enchevêtré remontent à l'Afrique, il y a plus de quatre millions d'années, dans une collection d'anciens primates tels que Ardipithecus et Sahelanthropus. Il a fallu jusqu'à trois millions d'années pour que notre genre Homo arrive, une saga de l'évolution dans laquelle des ancêtres tels que l'Australopithecus afarensis ont joué un rôle de premier plan. Ce premier homininé appelé "Lucy" et ses derniers parents avaient un cerveau plus grand que les primates précédents, la capacité de marcher sur deux pieds et une forte mâchoire qui leur permettait de manger une grande variété d'aliments. Cette flexibilité aurait été utile : à l'apogée de A. afarensis il y a 3,5 millions d'années, des changements naturels du climat rendaient l'Afrique de l'Est plus fraiche et plus sèche, réduisant ainsi les forêts que nos ancêtres appelaient chez nous. Au fil du temps, l'évolution a amené A. afarensis et ses successeurs à tirer parti d'environnements plus ouverts et variés.

 

A. afarensis n'était pas la première créature avec ces caractéristiques. En 1995, des scientifiques ont décrit A. anamensis, un australopithèque encore plus ancien et l’ancêtre probable de A. afarensis. L'espèce a séduit les scientifiques, car elle partageait les caractéristiques principales avec Lucy et les australopithèques ultérieurs. A. anamensis est resté longtemps inconnu. Son seul vestige connu consistait uniquement en des fragments de dents et de mâchoire. « Malgré les nombreux crânes d’A. Afarensis, nous ne savions pas quel était le visage des tout premiers membres du genre », explique Zeray Alemseged, paléoanthropologue de l’Université de Chicago, qui n’a pas participé à l’étude.

 

Cette lacune sera comblée le 10 février 2016, grâce à l'incroyable chance d'un éleveur nommé Ali Bereino.

 

À cette époque, une expédition co-dirigée par Hailé-Sélassié était en train de fouiller à Woransomille, un terrain situé dans la région d’Afar, en Éthiopie, à moins de cinq kilomètres de Miro Dora, où habitait Bereino. Selon Hailé-Sélassié, Bereino avait essayé pendant des années de se faire embaucher dans l’équipe de Hailé-Sélassié. Il avait prétendu que des fossiles avaient émergé d'un rocher érodé, découverte qui avait échappée précédemment à Hailé-Sélassié.

 

Ce jour-là, Bereino était en train de construire un ajout à un enclos temporaire pour chèvres lorsqu'il remarqua un os exposé à la surface du grès. Bereino avait contacté un responsable du gouvernement local, qui a convenu que cela pourrait être quelque chose d'intéressant pour Hailé-Sélassié. Lorsque qu’il a appelé Hailé-Sélassié, ce dernier est resté sceptique, en répliquant que Bereino devait indiquer l’endroit où il avait trouvé le fossile et le conduire dans son enclos.

 

Quand Bereino et le fonctionnaire sont arrivés, Hailé-Sélassié a vite compris l'ampleur de la découverte : Bereino avait trouvé un maxillaire, ou maxillaire supérieur, appartenant à un ancien homininé. Hailé-Sélassié a immédiatement arrêté ce qu’il était en train de faire et a parcouru les quatre kilomètres jusqu’à l’enclos de Bereino. À quelques pas de l'endroit où Bereino avait trouvé le maxillaire Hailé-Sélassié découvrit rapidement ce qui se révélait être la majeure partie du crâne restant. « Je ne l’ai même pas ramassé et j’ai commencé à sauter de joie », savoura Hailé-Sélassié.

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Localisation du site de découverte du crâne

 

 

Le Polypore soufré

Une cascade dorée, le polypore soufré

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste

 

Il resplendit par sa couleur, sa taille et la lumière qu'il renvoie telle une parure accrochée à l'arbre.

 

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Cliché © Dominique Delfino

 

On rencontre ce champignon du printemps à l’automne, sur l’écorce de troncs verticaux ou couchés. Il se compose de chapeaux veloutés multiples, de 10 à 30, voire 50 cm de large, jaune soufre puis jaune orangé du plus bel effet, étagés et imbriqués en éventail, dépourvus de pied proprement dit.

 

Le polypore soufré est un parasite redoutable s'installant sur des blessures non refermées. Il provoque rapidement la mort de son hôte évidé de l’intérieur, tout en conservant son aspect extérieur.

 

Ce champignon est classé comestible, à consommer de préférence jeune, réputé aux États-Unis pour son goût de poulet (d'où son nom « Poulet-des-bois »).

 

Le polypore soufré est à l'image d'une cascade dorée qui ne peut que retenir l'attention dans l'univers de la nature.