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09/04/2019

Site Natura 2000 Petite Montagne du Jura. Ça grouille dans la mare

Site Natura 2000 Petite Montagne du Jura.

Ça grouille dans la mare !

 

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Sortie / pique-nique autour de l'eau

Non, il ne s’agit pas de déguster des cuisses de grenouilles ou des brochettes de libellules ! Mais plutôt de discuter ensemble de la vie d’une mare, des espèces incroyables qui la peuplent, des bons gestes pour l’entretenir… Tout en partageant pique-nique et boissons (on essaiera quand même de ne pas trop parler la bouche pleine).

Sortie organisée samedi 27 avril
Rendez-vous à 11h devant la mairie de Maisod (prévoir un pique-nique)
Inscription au 03 84 48 85 15

Animé par Jura nature Environnement

 

L’équipe Natura 2000
Site Natura 2000 Petite Montagne du Jura
http://petitemontagnedujura-n2000.fr
natura2000@petitemontagne.fr
03 84 25 39 78

 

02/04/2019

Site NATURA 2000 PROGRAMME 2019 Conférences et sorties NATURE en petite montagne

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21/03/2019

Sorties nature

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22/08/2018

Besançon Le Doubs – Inventaire ichtyologique 1988 Besançon

Le Doubs

Inventaire ichtyologique 1988

du secteur autour de Besançon

par Jean Verneaux, André Guyard, Jean-Pierre Grandmottet

et 12 étudiants du D.E.S.S. "Eaux continentales"

 

Le Professeur Jean Verneaux qui dirigeait le le D.E.S.S "Eaux continentales" de l'Université de Franche-Comté est malheureusement décédé après une carrière scientifique bien remplie.

En hommage à ce spécialiste qui a consacré de nombreuses années au domaine des eaux fluviales et lacustres de Franche-Comté, vous trouverez ci-dessous un extrait d'un document qui faisait l'inventaire du peuplement en poissons de la zone péri-bisontine dans l'année 1988. N'oubliez pas de cliquer sur "lire la suite". En fouillant dans ce blog, vous trouverez également toutes une série d'articles concernant les peuplements en poissons du Doubs.

Professeur André Guyard

 

Lire la suite

10/01/2018

La décrue, piège à poissons

La décrue, piège à poissons

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

Les cours d'eau en crue de notre région ont rappelé dernièrement combien il est indispensable et important de conserver le lit majeur de ces rivières (quand il existe encore !) afin d'éviter les catastrophes liées aux inondations.

 

La plaine de l'Allan répond encore sur une partie de son cours à ces exigences. Les prairies naturelles de fauche régulièrement inondées à Brognard offraient ce dimanche matin 8 janvier 2018 un spectacle faunistique particulièrement bien animé.

 

L'eau se retire progressivement, mais les bas-fonds encore submergés piègent le poisson que de nombreuses Grandes Aigrettes, Hérons cendrés et Mouettes rieuses se disputent dès le lever du jour.

 

Une activité que les pêcheurs pratiquaient autrefois : les ''anciens'' me rappelant que c'est au filet qu'ils capturaient les poissons prisonniers de ces espaces.

 

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Document © Dominique Delfino

 

 

15/07/2016

La Loue en avril 2011

Loue-MouthierHtePierre-colmatage_avril2011_logo.jpgAvril 2011-avril 2016 : Situation de la Loue et d'autres rivières franc-comtoises

 

(Dernière mise à jour : 15/07/2016)

à trouver en pied d'article le rapport pour la création du « territoire d’excellence de la Loue et des rivières comtoises »

 

 04/04/2016 : grave pollution dans le Territoire de Belfort.

 

Il s'agit en fait d'une pollution récurrente du canal du Martinet à Belfort, pollution due à des bidons de produits toxiques abandonnés dans une friche industrielle et lessivés par les eaux de pluie. Le canal du Martinet se jette dans la Savoureuse.

Voir une première alerte de France 3 Franche-Comté.

Voir le reportage de France 3 Franche-Comté.

 

Où en est la Loue ?

 

Voici un tout premier extrait du documentaire « Doubs Loue, histoires croisées » qui promet d’être passionnant. Ce film de 52 minutes sera diffusé sur France 3 Franche-Comté et France 3 Bourgogne le samedi 9 février 2013 à 15h20. Attention, cet extrait est encore une version de travail; le commentaire de Jean-Philippe Macchioni n’est pas encore enregistré. Le réalisateur a choisi de raconter les histoires à la fois liées et distinctes du Doubs et de la Loue. Après avoir rappelé la spécificité karstique des sols et raconté le lien qui unit le Doubs et la Loue avec la fameuse découverte de 1901 grâce à l’incendie de l’usine d’absinthe, Jean-Philippe Macchioni rentre dans le vif du sujet avec des images de truites malades…

 

Quelques extraits du compte rendu d'une réunion de la Mission Interservices de l'eau (MISE)

 "Point Loue et rivières comtoises

Le Préfet du Doubs a réuni mercredi 20 avril 2011 la Mission Interservices de l'eau, élargie à l'ensemble des acteurs impliqués dans la gestion de l'eau, pour un nouveau point sur la Loue, où il a été aussi question du Doubs Franco-Suisse et plus largement des rivières comtoises.

La réunion a d'abord permis de faire un point de situation des cours d'eau.

Cette année, la situation météorologique (persistance d'un temps chaud et sec très précoce), et les faibles débits sont préoccupants pour l'ensemble des rivières ; mais c'est le Doubs, dans sa portion franco-suisse, puis jusqu'à Montbéliard, qui connaît des mortalités de poissons fortes : il n'a pas été noté la présence de cyanobactéries - dont le développement important avait été corrélé l'an dernier aux mortalités de poissons - mais celle d'une maladie causée par un champignon, la saprolégniose, que l'on rencontre en général sur les poissons d'élevage."

[…]

"Le groupe d'experts local mis en place à la demande du Préfet et piloté par l'Agence de l'Eau suite aux mortalités de poissons de l'an dernier a présenté le dispositif de suivi renforcé mis en place ce printemps sur la Loue, le Doubs et l'Ain, rivières affectées par ces phénomènes, mais aussi sur deux autres rivières non affectées, le Cusancin et le Dessoubre. Ce dispositif permet de mieux décrire les phénomènes rencontrés - par exemple les développements d'algues - et d'alerter sur d'éventuelles détériorations de la qualité de l'eau."

[…]

"Au cours de la réunion, les scientifiques présents ont indiqué que la qualité des eaux de la Loue, qui reste satisfaisante au regard des critères européens, ne permet pas d'identifier un facteur déterminant des dysfonctionnements constatés : les causes des mortalités piscicoles apparaissent multifonctionnelles." […]

 

Au vu des quelques clichés pris sur le pont de Mouthier-Hautepierre, on peut s'interroger sur la santé de la Loue en constatant le degré de colmatage des fonds : l'ensemble du domaine benthique est occupé par des algues filamenteuses qui asphyxient même les bryophytes ! Les conclusions de la MISE paraissent très optimistes !

 

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La Loue à Mouthier-Hautepierre (avril 2011)

Les fonds sont colmatés par les algues

 

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La Loue à Mouthier-Hautepierre (avril 2011)

Quelques rares truitelles sont présentes (ellipses rouges)

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La Loue à Mouthier-Hautepierre (avril 2011)

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La Loue à Mouthier-Hautepierre (avril 2011)

Les bryophytes sont eux-mêmes étouffés par les algues

 

 Vous pouvez également visionner des vidéos très fouillées au sujet des problèmes du Doubs à l'adresse ci-dessous :
Le lien: http://www.pronatura-ju.ch  et choisir le fichier Doubs.

 

Les pollutions agricoles et domestiques sont mises en cause pour expliquer l'état lamentable de nos rivières. Or un petit tour de passe-passe a été commis pendant les vacances de Noël 2011 par le Ministère de l'Agriculture !


À peine croyable : c'est en pleine période de fêtes de Noël et du Nouvel An que le ministre de l'agriculture a choisi de "consulter le public" sur un projet de modification de la réglementation relative aux zones d'excédent structurel de lisier ! Chacun le sait, en cette période de fêtes, les citoyens surveillent assidument les projets de textes mis en ligne sur le site internet du ministère de l'agriculture...

 

Une pétition à signer :

http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/elevages-deregle...

 

Ajout du 9 mars 2012 (source : macommune.com)

 

D'après les conclusions d'un groupe d'experts et malgré les mortalités de la faune pisciaire dans la rivière, la Loue serait en bonne santé comparativement à d’autres cours d’eau français.

 

À la demande du Préfet du Doubs, un groupe de onze experts a rendu ce mercredi une étude sur le fonctionnement de la Loue et de son bassin versant. Selon ce rapport, l’hypothèse initiale d’un lien direct entre les épisodes de mortalité piscicole connus en 2010-2011 et la présence de cyanobactéries toxiques dans la rivière n’a pas été retenue.

 

Selon le rapport, ces deux faits sont révélateurs d’un «état général relativement dégradé de la Loue qui date d’au moins trente ans» et dont les causes sont multiples. La Loue est une rivière vulnérable aux pollutions en raison de ses caractéristiques géologiques. Les aménagements faits d’année en année ont également un impact sur la qualité physico-chimique et biologique de la rivière.

 

Les experts, placé sour la responsabilité de l'ONEMA (Office national de l'eau et des millieux aquatiques), ont adressé des recommandations au comité des Sages constitué en décembre 2011 par le Préfet :

 

  • Maîtriser les flux de nutriments dans la rivière (phosphore et azote) pour limiter, par exemple, la prolifération de cyanobactéries,

  • Redonner de la liberté à la rivière retirant certains barrages qui ralentissent l’écoulement du cours d’eau,

  • Encadrer et contrôler la politique de repeuplement de la Loue,

  • Minimiser le risque environnemental lié à toutes les activité humaines polluantes (agricole, sylvicole, urbaine ou industrielle.

L’objectif pour le comité des Sages et les services de l’État est d’aboutir désormais à un plan d’actions partagé.

 

Si la situation de la Loue est préoccupante, les experts relativisent : les eaux de la Loue restent de bonne qualité comparativement à d’autres cours d’eau français.

 

Résumé du rapport des experts :

 

loue,pollution,colmatage,algues filamenteuses

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ÉTONNANT : la pratique du "no kill" est mise en cause dans ce rapport !

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Ajout du 17 janvier 2013 : les recommandations du Conseil scientifique de Comité de Bassin Rhône-Méditerranée

 

Alarmé par la piètre qualité des eaux de la Loue, le conseil scientifique du comité de bassin Rhône-Méditerranée, présidé par Daniel Gerdeaux, hydrobiologiste (INRA Thonon les Bains) appelle à relancer une opération de lutte contre l'eutrophisation.

 

Pour le conseil scientifique, cette eutrophisation persistante doit trouver un remède. Il s'agit d'un impératif tant écologique qu'économique. Le colmatage du fond du cours d'eau par les algues entraîne une surconsommation nocturne de l'oxygène aux dépens de la faune aquatique benthique et vagile. On sait que ce développement algal est nourri par les excès de phosphore et d'azote venus des élevages et des eaux usées domestiques. En outre, les interruptions dans le couvert de la forêt rivulaires, les barrages ralentissant l'eau et le changement climatique aggravent considérablement les conséquences de l'eutrophisation en réchauffant et éclairant les eaux. Ce constat alarmant a amené le comité de bassin à relancer une campagne de reconquête de la qualité de l'eau de la Loue.

 

Pour le conseil scientifique, il s'agit prioritairement :

 

  • de lutter contre l'eutrophisation en ciblant l'assainissement des eaux usées et les épandages agricoles pour faire baisser les apports de phosphore et de nitrates à la rivière.

  • de réinstaller un couvert forestier dense sur les berges de la Loue et de supprimer des seuils en travers du cours d'eau pour réduire sa sensibilité aux effets du changement climatique.

  • de faire un nouveau bilan, plus exhaustif, des apports en polluants par catégorie d'activité, pour apprécier la nécessité d'éventuelles mesures complémentaires.

 

La commission locale de l'eau Haut-Doubs et Haute-Loue, qui est déjà à l'origine d'un schéma d'aménagement et de gestion des eaux usées, est appelée à prendre en main cette opération.

 

Qu’attendre de la Conférence départementale Loue et rivières comtoises? (juillet 2013)


C’était une promesse des Assises de la Loue. En octobre dernier, préfecture et conseil général du Doubs organisaient une journée d’informations et d’échanges autour des problèmes de la Loue.« Le temps presse, on change de rythme et de méthode » affirmait Claude Jeannerot, le président du conseil général du Doubs. « Nous devons faire plus, nous devons faire mieux » renchérissait le préfet Christian Decharrière.  Pour y parvenir, le principe d’une Conférence départementale était créée avec comme objectif la tenue de deux réunions par an et la participation d’un conseil scientifique.


Cette première conférence est prévue ce vendredi 5 juillet à Quingey. Contrairement aux Assises, elle se tiendra à huis clos et ne durera que deux heures et demie. Les suivis de qualité de l’eau, le point sur les mesures du SDAGE, les actions menées sur la Haute-Loue et Haut-Doubs, l’évolution de la gouvernance sont au programme de cet après-midi.

 

Une certitude, c’est Jean-François Humbert, président du Groupe national d’experts qui s’était penché sur les problèmes de la Loue qui sera à la tête du Comité scientifique Loue et rivières comtoises. Ce chercheur à l’Ecole normale supérieure avait présidé le « Rapport d’expertise sur les mortalités de poissons et les efflorescences de cyanobactéries de la Loue ».


Des scientifiques  du laboratoire de Chrono-Environnement de l’université de Franche-Comté font également partie de ce Comité scientifique. Ce Comité s’est déjà réuni pour hiérarchiser tous les éléments en leur possession et « prendre le problème par le bon bout ».


La fédération de pêche du Doubs aurait aimé faire partie de ce comité scientifique car elle a cofinancé et réalisé des études pour analyser les maladies de la Loue. Elle craint que le comité scientifique prennent en compte les protocoles admis par la Directive cadre eau alors qu’ils ne sont pas forcément adaptés à la situation de la Loue.

 

Et sur le terrain, où en est-on ?

 

Des mortalités de poissons sont encore parfois constatées, la santé de la Loue ne s’améliore pas. Depuis un an maintenant, une chargée d’étude de l’université de Franche-Comté travaille à plein temps sur la Loue. Elle réalise régulièrement des mesures de la source à la moyenne Loue. Et, une pêche électrique doit de nouveau avoir lieu sur la Loue entre le 22 et le 26 juillet.


Le syndicat mixte de la Loue, lui, contrôle chaque semaine la température de l’eau dans la Loue et le Lison. 17 sondes sont installées dans les rivières.

 

Voilà pour l’observation. Côté action, des études de faisabilité ont commencé pour écrêter deux barrages sur la Loue (à Rennes sur Loue et Ornans) et améliorer ainsi la continuité écologique des cours d’eau. Une préconisation qui avait été faite lors des Assises de la Loue.


Autre réalisation, la création du syndicat mixte des milieux aquatiques du Haut-Doubs, première étape de la création d’un syndicat qui engloberait l’ensemble du bassin versant. L’implication du Jura dans ces structures semble plus délicate.

 

Suivre les efforts de réhabilitation de la Loue sur le site du contrat de rivière Loue.

 

Ajout du 30 octobre 2013 : les nitrates contaminent les sols pendant 80 ans !

 

Une équipe franco-canadienne a montré que l'azote des engrais artificiels persiste beaucoup plus longtemps qu'on ne le pensait dans le sol. Non seulement, les nitrates qui dérivent de ces fertilisants contaminent les eaux, mais ils dégradent l'environnement et la santé. Dans quelle proportion sont-ils réellement absorbés par les cultures ? Quelle quantité reste dans les sols ou passe dans les eaux ? Et en combien de temps ?

 

Dans un article paru dans les Comptes rendus de l’Académie américaine des Sciences (PNAS) datés du 21 au 25 octobre 2013, Mathieu Sebilo (université Pierre-et-Marie-Curie, Paris VI) rend compte d'une étude menée sur plusieurs décennies  sur le parcours d'un engrais marqué à l'azote 15, plus lourd que l'azote habituel, dispersé en 1982 à travers deux lysimètres dans la région de Châlons-en-Champagne. Ces parcelles de terre équipées de systèmes de prélèvements permettent en effet un suivi précis des cultures.

 

Résultat : en trente ans, les plantes ont absorbé de 61 à 65 % de l'azote de l'engrais. Mais entre 12 et 15 % demeurent encore piégés dans la matière organique du sol. Chaque année, une petite partie, transformée en nitrates, passe dans l'eau. Ainsi, en trois décennies, de 8 à 12 % de l'engrais marqué utilisé en 1982 se sont retrouvés dans l'eau. Et cela va continuer pendant au moins cinquante ans ! Il est démontré que l’azote provenant des engrais excède les besoins naturels liés à la croissance démographique et à l’agriculture et que pour espérer limiter la pollution par les nitrates, il faut donc tenir compte non seulement des pratiques actuelles, mais aussi de celles du passé. Les problèmes de pollution des rivières comtoises par les intrants agricoles ne seront donc pas réglés en trois coups de cuillère à pot !

 

4e Conférence de la Loue et des rivières comtoises : vers la création d’un label d’excellence environnementale

Étiquettes : gestion de l'eau, La Loue

 

Ajout du 15 juillet 2016 Extrait de la lettre du député du Doubs Éric Alauzet

Éric Alauzet était présent mardi 28 juin pour la 4e Conférence de la Loue et des rivières comtoises. Ces conférences regroupent des élus, des techniciens de l’État et du département, des représentants des associations de défenses des rivières, des représentants de toutes les activités humaines sur le territoire : l’agriculture, l’industrie, la filière bois…

L’objectif est de partager les informations, les résultats scientifiques, les mesures envisagées ou prises. Ces informations sont techniques mais également politiques. Aussi, Éric Vindimian, expert mandaté par le ministère de l’environnement, a rédigé un diagnostic des causes des perturbations de la Loue et des rivières comtoises. Lors de cette Conférence, il a présenté et rendu son rapport qui comporte 22 recommandations détaillées pour faire de la Franche-Comté et ses rivières karstiques (plateau calcaire) un « territoire d’excellence ». Ce rapport sera soumis aux acteurs du territoire et sa version définitive reprendra leurs observations.

Le rapport Vindimian est soumis à la consultation des membres de la conférence départementale de l’eau jusqu’au 15 septembre 2016. Toutes les remarques et contributions doivent parvenir directement à Eric Vindimian par mail (eric.vindimian@developpement-durable.gouv.fr) avant cette date.

L’attribution du Label d’excellence environnemental serait un aboutissement et une concrétisation de ces 22 actions et pourrait inciter le grand public à agir pour la qualité des eaux des rivières de leur région.

Les services de l’État ont également défini de nouvelles normes pour les rejets de l’assainissement collectif. Trois zones ont été créées avec une réglementation adaptée en fonction de la situation des stations d’épuration. Reprenant le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE), il s’agit de limiter l’usage des pesticides, de restaurer la continuité écologique afin de respecter la norme européenne de bon état des cours d’eau.

Vous retrouverez ci-dessous trois articles reprenant l’ensemble des informations fournies lors de cette Conférence ainsi qu’un récapitulatif de ce qui s’est passé depuis la 1re Conférence qui a eu lieu en juillet 2013 :

Préfecture du Doubs avec l’ensemble des documents :

http://www.doubs.gouv.fr/Politiques-publiques/Environnement/Eau/Conference-Loue-et-rivieres-comtoises/Conference-Loue-et-rivieres-comtoises-du-28-juin-2016

France 3 Franche-Comté :

http://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/vallee-de-la-loue/2016/06/28/vers-la-creation-dun-label-dexcellence-gouvernementale-pour-proteger-la-loue-et-les-autres-rivieres-comtoises.html

http://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/vallee-de-la-loue/2016/06/27/que-sest-il-passe-depuis-la-derniere-conference-loue-et-rivieres-comtoises.html

 

Dernière mise à jour du 17 janvier 2017

Rapport pour la création du « territoire d’excellence de la Loue et des rivières comtoises »

02/06/2016

Étude du peuplement pisciaire de la retenue du barage de Vouglans (Jura) par l'utilisation de batteries de filets verticaux à enroulement

poissons lacustres,échantillonnage,lac de vouglans,retenue de vouglansÉtude du peuplement en poissons de la retenue du barrage de Vouglans (Jura) par l'utilisation de batteries de filets verticaux à enroulement

 

par A. GUYARD, J.-P. GRANDMOTTET et J. VERNEAUX[1][2][3]

 

Résumé — Un système de filets verticaux à enroulement permet une meilleure prospection de tout le volume d'eau avec l'exploration différentielle des habitats-poissons. La confrontation des résultats obtenus dans des conditions similaires montre l'efficacité de la méthode par rapport aux systèmes classiques. Déterminée avec ce protocole, la distribution d'abondance des quinze espèces de poissons capturés montre que l'ichtyofaune de la retenue de Vouglans est dominée par les espèces les plus euryèces : Gardon, Brèmes, Ablette et Perche.

 

Summary—The use of a vertical gillnet System provides an improved technique for consideration of the whole water volume with a differential exploration of the fish habitats. The comparison of the results shows efficiency of this method over the classical methods. Using this method we found that the strength distribution of the fifteen caught fish species is dominated by the most eurytical species such as Roach, Breams, Bleak and Perch. Key words : fish sampling - sample comparison - man-made lake.

 

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I. PROTOCOLE D'ÉCHANTILLONNAGE

 

La technique des filets verticaux a été exposée dans l'article de ce même blog :

Échantillonnage des poissons lacustres : les filets verticaux à enroulement.

Pour évaluer l'efficacité de ce nouveau dispositif, nous avons choisi la retenue du barrage hydroélectrique de Vouglans dont la composition du peuplement pisciaire, suivie régulièrement depuis 1968 à l'aide de filets traditionnels, manifeste une certaine stabilisation (CEMAGREF, 1986, EPR Franche-Comté, 1986 et VERNEAUX, 1986).

 

En raison de la hauteur limitée à 50 m de notre dispositif (profondeur maximale des lacs jurassiens naturels), nous avons limité l'échantillonnage à la zone amont du lac jusqu'à l'aval du Pont de la Pyle (zone de Château-Richard-Les Rivets) (voir schéma ci-dessous).

 

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La campagne d'intervention s'est déroulée du 22 juin au 9 juillet 1987. Le niveau du lac était alors à son maximum. Après recensement des habitats-poissons présents dans la zone d'échantillonnage, chaque type d'habitat a été exploré par la tendue d'au moins une batterie-unité de 6 filets. 21 batteries ont été posées pendant une durée moyenne de 24 heures.

 

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II. DESCRIPTION DES HABITATS RELEVÉS

 

Comme tout lac artificiel, la retenue de Vouglans, ne présente pas de morphologie lacustre typique. Les publications antérieures (VERNEAUX & VERGON, 1974, CTGREF, 1977, VERNEAUX, 1986) soulignent les effets inhibiteurs des marnages de grande amplitude (h = 34 m) sur le développement des hydrophytes littoraux, limitant ainsi la possibilité d'établissement de frayères et d'abris pour les poissons.

 

Cependant, en se référant à la zonation lacustre classique, on peut distinguer trois zones principales : la zone littorale (L), la zone sublittorale (T) et la zone pélagique (X).

 

  1. La zone littorale, peu représentée dans la retenue comporte les habitats codifiés de la façon suivante :

— type d'habitat d'une profondeur inférieure à 2 m, caractérisé par la présence de branches et d'arbustes immergés. Code : LOC13 (LAC13 dans le cas d'afférence). Alors que la surface littorale est négligeable, ce biotope qui peut servir de frayères à différentes espèces (Brème, Brème bordelière, Gardon et Perche) présentait une importance considérable au moment de l'étude à cause du niveau élevé du lac ;

— substrat meuble à dominance organique. Code : LON002 (LAN002 dans le cas d'afférence) ; — zone à Hydrophytes (ici à Potamogeton) d'une profondeur de 2 à 7 m (LOV10).

 

  1. La zone sublittorale

Correspondant au mont d'un lac naturel, cette zone est représentée ici par un abrupt rocheux (TONM06) ou dans l'anse de Largillay (21) par un talus dans un substrat meuble à tendance organique (TON002).

 

  1. La zone pélagique représente l'essentiel de la retenue. Dans cette zone, deux régions ont été définies par leur profondeur :

— profondeur inférieure à 20 m : X15,

— profondeur supérieure à 20 m : X16.

 

  1. Les habitats de proximité

On a tenu compte du voisinage des habitats les plus représentatifs. En raison du niveau particulièrement élevé du lac lors de notre intervention, nous avons distingué, outre les habitats aquatiques définis précédemment, des zones terrestres inondées constituées par des prairies (IV19) ou des éboulis (IM23).

 

III. COMPOSITION ET COMPARAISON DES ÉCHANTILLONS

 

Dans le tableau 1, nous avons répertorié les vingt et une espèces recensées dans la retenue de Vouglans au cours des cinq campagnes successives allant de 1971 à 1987.

 

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Cinq espèces dépassent 90% de l'effectif. Ce sont le Gardon (40%), l'Ablette (19%), les Brèmes (19%) et la Perche (13,5%). Ainsi, les Cyprinidés euryèces (Gardon, Ablette, Brèmes) dominent la composition de l'échantillon (78%).

 

Les carnassiers (15,47%) sont représentés surtout par la Perche (13,5%). Truite, Brochet et Cristivomer sont présents.

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  1. Tendance évolutive du peuplement de 1974 à 1985

En comparant deux échantillons obtenus à l'aide d'une série de filets conventionnels de même maille et tendus selon le même protocole, VERNEAUX (1986) a étudié l'évolution du peuplement entre 1974 et 1978.

 

Selon cette étude, Gardon et Brèmes, espèces dominantes du peuplement et peu exigeantes, envahissent la retenue.

 

Chevesne, Barbeau, Toxostome et Vandoise, faiblement représentés, constituent un peuplement relique de l'Ain.

 

En 1978, la Tanche est en régression. Ce fait est probablement dû à l'absence d'hélophytes et d'hydrophytes, zones habituelles de frayères de cette espèce.

 

Les espèces carnassières, Truite, Brochet et à un degré moindre, la Perche, souffrent également du manque de frayères rendant la reproduction aléatoire. La rareté des abris rivulaires entraînant une augmentation de la taille des territoires de chasse, contribue également à limiter la densité des brochets adultes.

 

Les espèces introduites : Corégone (depuis 1970) et Cristivomer (depuis 1975) sont présentes. Mais leur acclimatation est incertaine et leur maintien dans l'échantillonnage est dû aux alevinages répétés. En revanche, l'Omble Chevalier (depuis 1971) n'a pas été recensé au cours de cette période.

 

Les résultats antérieurs obtenus à l'aide de filets traditionnels (CEMAGREF, 1985) confirment les conclusions de VERNEAUX (1986) et tendent à démontrer une certaine stabilisation depuis 1978 de la composition du peuplement pisciaire. Il est donc légitime de comparer les résultats obtenus en 1985 à l'aide de filets conventionnels et ceux obtenus en 1987 avec le nouveau protocole et d'en tirer des conclusions quant à l'efficacité relative des deux techniques d'échantillonnage.

 

  1. Comparaison des résultats obtenus par les deux techniques entre 1985 (filets classiques) et 1987 (filets verticaux)

Les prélèvements ayant été effectués à la même saison et les protocoles utilisant pratiquement la même gamme de mailles, nous avons tenté un rapprochement des données 1985 et 1987 en ne considérant que les résultats obtenus dans les stations communes.

 

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D'un point de vue qualitatif, la comparaison des tableaux 2 et 3 montre, malgré une richesse spécifique inventoriée supérieure en 1987 (15 espèces contre 13 en 1985), des échantillons très semblables (11 espèces communes). Les différences apparaissent au niveau de espèces faiblement représentées. Un exemplaire de Barbeau pêché en 1985 et absence de capture en 1987. En ce qui concerne la Perche-soleil, trouvée à un exemplaire en 1985, elle a été aperçue nidifiant en zone rivulo-littorale dans 20 cm d'eau en 1987, ce qui la rendait peu vulnérable à la capture du fait de ses déplacements limités à cette époque.

 

Si l'on étend la comparaison à l'ensemble des espèces recensées depuis 1974, les différences sont également minimes : absence en 1987 d'espèces pêchées à l'électricité (Truite arc-en-ciel, Omble de fontaine, Vandoise) ou signalées comme étant en difficulté en 1978 (Tanche).

 

La Truite arc-en-ciel ne faisant plus l'objet d'alevinages depuis longtemps, son absence des échantillons récents confirme sa probable disparition (CEMAGREF, 1985).

 

L'absence de capture de l'Omble Chevalier, espèce introduite en 1971 et ayant fait l'objet d'alevinages (1986 et 1987) ne remet pas en cause l'efficacité de la technique d'échantillonnage pour deux raisons principales :

— cette espèce n'a jamais été recapturée par des méthodes traditionnelles, ce qui rend hypothétique le succès de son introduction.

— en dépit des soutirages d'eau profonde et froide dus à l'usine hydroélectrique, cette espèce des grands fonds pourrait se cantonner dans la zone aval de la retenue qui n'a pas été prospectée.

 

D'un point de vue quantitatif, la comparaison des tableaux 2 et 3 montre, malgré un effort de pêche légèrement inférieur en 1987 (2200 m2 de filets en 1985 contre 1970 m2 de filets en 1987), un nombre de captures plus que doublé en 1987, malgré une biomasse à peine augmentée.

 

En ce qui concerne les espèces dominantes, la composition des échantillons est différente entre 1985 et 1987, notamment en raison d'une très forte représentation de la Brème bordelière et de la quasi absence d'Ablettes dans les prélèvements de 1985. Ce fait peut être imputé à l'utilisation d'un nombre limité de grands filets d'aires inégales et ne prospectant pas toute la tranche d'eau. Cette technique entraîne :

— une sous-estimation de la représentation de l'Ablette par défaut de prospection de la strate superficielle avec des filets de faible maillage ;

— une surestimation de la représentation de la Brème bordelière due au caractère en partie aléatoire des captures, 57% des individus de cette espèce ayant été pris dans deux filets représentant 13% de la surface totale des 14 engins posés.

 

En revanche, la technique des filets verticaux, en permettant une prospection méthodique et répétitive de l'ensemble de la tranche d'eau avec une gamme complète de mailles, augmente la probabilité de capture, au sein d'un habitat donné, de tout individu, quelle que soit sa taille. C'est pourquoi la représentation de l'Ablette dans ce mode d'échantillonnage est mieux ajustée avec son abondance réelle constatée de visu. En outre, la masse moyenne des individus est nettement inférieure à celle de la campagne de 1985 (38 g contre 85 g pour le Gardon, 48 g contre 82 g pour la Perche, par exemple).

 

Ainsi, les classes modales de taille étant correctement échantillonnées, le nouveau système apparaît nettement plus efficace et l'image du peuplement et des populations donnée par les échantillons de 1987 paraît plus proche de la réalité que celles obtenues précédemment à l'aide de filets traditionnels.

 

IV. RÉPARTITION DANS L'ESPACE LACUSTRE DES PRINCIPALES ESPÈCES

 

Compte tenu des restrictions émise plus haut et relatives à l'habitat, nous avons tenté de situer les espèces les mieux représentées selon la distance à la berge, la distance au fond et la distance à la surface. Le comportement par rapport à l'habitat potentiel est apprécié par les tableaux 4 et 5 qui regroupent respectivement les données numériques et pondérales par type d'habitat, proximités incluses.

 

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En ce qui concerne la distance à la berge, la majorité des captures des espèces les mieux représentées a eu lieu, si l'on excepte la présence d'un haut-fond à l'aval du pont de la Pyle, à une distance inférieure à 70 m.

 

Pour chaque espèce, la répartition par rapport au fond ou par rapport à la surface est globale et ne tient pas compte de la profondeur.

 

  1. 1. La Brème et la Brème Bordelière

Les Brèmes se situent principalement à une distance à la surface inférieure à 8 m et se concentrent en surface vers 2 m. On les rencontre non loin du bord, surtout en zone littorale mais aussi en surface dans la zone pélagique et dans une moindre proportion dans la région du mont.

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La Brème fréquente majoritairement la zone littorale dans des secteurs envégétés et des caches de branchage où nous avons pu l'observer en période de fraie. Ainsi, elle se révèle moins pélagique que le Gardon malgré une corrélation de répartition de 0,61. Quant à la Brème bordelière, elle montre un preferendum pour la strate superficielle des zones à afférence.

 

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En conclusion, les Brèmes sont des espèces de zone littorale où elles représentent 20% de l'effectif et 54% de la biomasse. Mais elles constituent une part importante du peuplement sur le reste de la retenue où elles ont tendance à fréquenter la strate superficielle (15% de l'effectif et 43% de la biomasse en zone sublittorale, 17% de l'effectif et 41% de la biomasse en zone pélagique).

 

  1. Le Gardon

Le Gardon est une espèce ubiquiste qui se rencontre dans les trois zones, mais dont l'effectif décroît du littoral à la zone pélagique. L'éloignement de la zone littorale va de pair avec un accroissement de taille, mais sur le talus et en zone pélagique, l'espèce reste en surface. Elle se cantonne dans la couche euphotique et devient rare au-delà de 12 m de profondeur.

 

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C'est pourquoi il n'est pas étonnant de rencontrer le Gardon en zone littorale (22% de l'effectif, 8% de la biomasse), en zone sublittorale (38% de l'effectif, 31% de la biomasse) et en zone pélagique (21% de l'effectif et 16% de la biomasse).

 

Le Gardon fréquente des habitats sans afférence. On le rencontre dans les végétaux, dans des branchages immergés ou à proximité de ces branchages. On trouve aussi des juvéniles dans la zone sublittorale prolongeant des zones inondées.

 

  1. L'Ablette

Au moment de la campagne, l'Ablette était sur le point de se reproduire. C'est une espèce de surface qui présente un preferendum pour une profondeur de 2 m mais pouvant descendre jusqu'à 6 m (fig. 3e). On la rencontre dans les trois zones : en zone littorale où elle représente 24% de l'effectif et 4% de la biomasse, en zone sublittorale (21% de l'effectif, 12% de la biomasse) et en zone pélagique (31% de l'effectif et 10% de la biomasse.

 

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L'Ablette a été capturée dans tous les types d'habitats avec un maximum dans des zones rivulaires à afférence.

 

En résumé, ce poisson se trouve à peu près également réparti dans toute la tranche d'eau superficielle. Il doit trouver des conditions favorables à sa reproduction. Sa répartition est corrélée avec celle de la Brème bordelière (r = 0,71 ).

 

  1. La Perche

Une forte proportion de la population de perches se cantonne dans la zone littorale à une distance de la rive inférieure à 100 m. Cette espèce manifeste une certaine indifférence vis-à-vis de la profondeur, de sorte qu'on la retrouve également en zones sublittorale et pélagique. Cependant, la répartition verticale montre que la majorité de la population se cantonne dans des hauteurs d'eau inférieures à douze mètres. Cependant, lorsque la rive est abrupte, on peut la trouver à de plus grandes profondeurs au niveau des ruptures de pente.

 

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La Perche représente près de 29% de l'effectif de la biomasse en zone littorale, 21% de l'effectif et 12% de la biomasse en zone sublittorale et 28% de l'effectif et 16% de la biomasse en zone pélagique.

 

Du point de vue habitationnel, les perches sont plus nombreuses dans les formations végétales ou, dans les zones plus profondes, à proximité d'afférences (la Cimante) et de caches.

 

La répartition de la Perche est corrélée à celles de l'Ablette (r = 0,54), de la Brème bordelière (r 0,72), de la Brème (r = 0,60) et du Gardon (r = 0,46). Il est probable que certains de ces Cyprinidés constituent des proies pour ce carnassier.

 

  1. La Grémille

La Grémille est un poisson strictement inféodé au fond. On ne le rencontre qu'à une distance du fond inférieure à 1 m (fig. 3e). Il n'est donc pas étonnant que sa densité soit plus forte en zone littorale, surtout sur des fonds nus. Si l'on considère sa contribution relative au peuplement, celle-ci représente une fraction relativement constante dans les trois zones : 3% en effectif et 0,2% en biomasse en zone littorale, 3,5% en effectif et 0,7% en biomasse en zone sublittorale, 2,5% en effectif et 0,25% en biomasse en zone centrale. Sa répartition est donc distincte de celles des autres espèces.

 

  1. Autres espèces peu représentées

Le Goujon est présent surtout en zone littorale, principalement sur fond meuble, au niveau des afférences.

La Carpe est très rare dans nos prélèvements. Il faut dire que ce poisson est suffisamment armé pour perforer les filets et échapper à l'échantillonnage. Sa répartition ne peut donc pas être esquissée.

La Truite est rencontrée dans trois zones. Il s'agit de la forme lacustris de Salmo trutta. Au niveau du littoral, elle est trouvée en zone d'afférence, à proximité de caches de branchages.

Des brochets juvéniles ont été également rencontrés en zone littorale au niveau des afférences et en zone pélagique à proximité de caches de branchages mais jamais en-dessous de 7m de profondeur.

Un unique corégone a été pêché en zone pélagique.

Deux cristovomers ont été pêchés à fond au niveau de la Cimante.

Un unique exemplaire de Poisson-chat juvénile a été trouvé en zone pélagique profonde.

Parmi les espèces fluviatiles reliques, le Chevesne juvénile est trouvé en zone littorale envégétée à proximité de caches de branchages et d'afférences. Un adulte a été capturé au large ainsi qu'un exemplaire de Toxostome.

 

V. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

 

L'emploi d'un nouveau dispositif d'échantillonnage fondé sur l'utilisation de filets verticaux à déroulement sur toute la tranche d'eau permet de mieux prospecter tout le volume aquatique et d'améliorer l'exploration des zones lacustres et habitats-poissons. L'accroissement du rendement de pêche, la meilleure représentativité des espèces de petite taille et des juvéniles des autres espèces et l'approche plus fine de la répartition des individus dans les échantillons, permettent de conclure que la méthode des filets verticaux est mieux adaptée aux diagnoses piscicoles lacustres que l'emploi des filets traditionnels.

 

Cette technique doit à terme déboucher sur la définition d'un protocole standard d'échantillonnage donnant une image semi-quantitative précise de la répartition de l'ichtyofaune dans l'habitat lacustre. D'autres recherches sur d'autres plans d'eau, visent à définir :

— la répartition spatiale et ses variations saisonnières des différentes espèces ;

— une codification objective de l'habitat lacustre en fonction de son occupation par l'ichtyofaune ;

— le nombre minimal de prélèvements à effectuer dans chaque habitat.

 

AUTEURS CITÉS

BARTOO, N.W., HANSEN, R.G. et WYDOVSKI, R.S. (1973) — A portable vertical gillnet System. Progr. Fish-Cult. 35 : 231-233.

CEMAGREF, (1986) — Étude des populations ichtyologiques des grands plans d'eau ; la retenue de Vouglans (Jura). Rapport dactylogr. : 21 p. + 2 annexes.

CTGREF (1977) — Étude de la retenue artificielle de Vouglans. Rapport n° 18 : 30 p.

CUINET, A. et VAUDAUX, P. (1986) — Contribution à la mise au point d'un nouveau protocole d'échantillonnage de la faune ichtyologique des lacs. Mém. D.E.S.S. Hydrobiol. Univ. Fr.-Comté : 138 p. + annexes.

GRANDMOTTET, J.-P. (1983) — Principales exigences de 30 Téléostéens dulcicoles vis-à-vis de l'habitat. Ann. Sc. Univ. Fr.-Comté. Biol. anim. 4(4) : 3-32.

GRANDMOTTET, J.-P., GUYARD, A., VERNEAUX, J. et VAUDAUX, P. (1989) — Répartition spatiale et variations saisonnières de l'ichtyofaune du lac de Saint-Point (Doubs, France).

PÉNIL, C., HEIDMANN, F. et RAYMOND, J.-C. (1987) — Recherches sur l'échantillonnage pisciaire lacustre. Mém. D.E.S.S. Hydrobiol. Univ. Fr.-Comté : 222 p. + 10 annexes.

E.P.R. Fr.-Comté — Rapports d'étude sur les lacs jurassiens. Monographies collectives :

1982 : Le lac de l'Abbaye : 61 p.

1983 : Les lacs de Clairvaux ; 113 p.

1985 : Les lacs Maclu : 132 p.

1986 : Le lac de Chalain : 202 p.

1986 : Le lac d'Ilay : 109 p.

VERNEAUX, J. (1986) — Les Poissons de la retenue du Barrage de Vouglans (Ain). Analyse comparée de deux échantillons (1974-1978). Ann. Sci. Univ. Fr.-Comté Biol. anim. 4(5) : 3-11.

VERNEAUX, J. et VERGON, J.-P. (1974) — Incidences du marnage sur le benthos d'un lac artificiel (retenue de Vouglans, Jura). Soc. Hydrotechn. Fr. 13(5) : 1-9.

 

[1] Laboratoire d'Hydrobiologie-Hydroécologie du Centre pluridisciplinaire d'Études des Eaux continentales. Institut des Sciences Naturelles, Place Leclerc, 25030 BESANÇON Cedex.

[2] Avec la collaboration de C. PÉNIL, F. HEIDMANN et J.-C. RAYMOND.

[3] Recherche ayant bénéficié d'un contrat passé avec le SRETIE (Ministère de l'Environnement).

28/03/2016

Un détecteur de pollution original : la Truite

truite-fario_logo-200.jpgUn détecteur de pollution original : la Truite

 

par Jean-Louis Huvé[1]

 

La truite pourra-t-elle un jour détrôner les méthodes analytiques classiques appliquées à la détection des micropolluants d'eau douce ? Posé en ces termes, le problème de la surveillance des eaux destinées à la consommation apparaît très surprenant. En effet, pourquoi et comment un vertébré aquatique serait-il capable de rivaliser sérieusement avec des techniques analytiques modernes à haut pouvoir de résolution, parfaitement adaptées au contrôle des eaux potables ?

 

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Cliché © Ervin Matevzic

 

L'idée n'appartient cependant pas au domaine de la fiction car, parallèlement aux techniques de laboratoire, certaines compagnies des eaux utilisent des truites pour détecter des vagues de pollution pouvant toucher les prises d'eau (ou zones de pompage). Le test (ichtyotest) consiste à maintenir quelques truites dans une veine d'eau à courant constant. Dans ces conditions, les poissons restent orientés face au courant et maintiennent une position relativement fixe par rapport aux bords du canal étroit dans lequel ils sont placés. Il suffit alors de surveiller électroniquement le recul éventuel du ou des animaux. Ce recul peut être considéré comme le reflet d'une modification physiologique induite par un micropolluant.

 

Cette méthode d'analyse comportementale présente l'avantage de la simplicité sur le plan de la mise en œuvre, mais ne tire pas parti de l'ensemble des possibilités sensorielles offertes par le poisson. En effet, la réaction motrice de fuite n'est pas nécessairement associée à la détection olfactive d'un micropolluant par l'animal. Il paraît donc plus fiable d'utiliser le poisson comme "biocapteur" en prélevant les informations électriques issues des structures olfactives pour caractériser directement le micropolluant présenté au niveau des fossettes olfactives, qu'il induise ou non une réaction de fuite. L'idée est simple, mais son application l'est moins car elle nécessite une technologie avancée. Cependant, les travaux expérimentaux de ces dernières années, effectués par le laboratoire de neurophysiologie ontogénétique de l'université Pierre et Marie Curie, à Paris[2], laissent penser qu'une telle entreprise peut actuellement dépasser le stade expérimental pour devenir un instrument de routine au service des hydrologues.

 

La truite détecte de nombreuses molécules.

 

Il a été largement démontré, depuis les études réalisées au Japon par Hara, Gorbmann[3] et Ueda[4], que l'activité électrique des bulbes olfactifs (électrobulbogramme ou EBG) est profondément modifiée lorsque les fossettes olfactives de l'animal sont stimulées par des molécules naturelles comme les acides aminés. Il existe d'ailleurs une hiérarchie relativement précise dans les niveaux de détection de ces acides aminés en fonction de leur structure chimique. D'après certains auteurs, il semblerait que la stimulation de la muqueuse olfactive de l'animal qui déclenche secondairement une modification de l'EBG puisse se faire à des concentrations extrêmement faibles, de l'ordre de quelques molécules isolées.

 

Il s'agitd'ailleurs de la confirmation d'un fait élémentaire que n'importe quel plongeur peut vérifier en milieu marin lorsqu'il observe la rapidité surprenante avec laquelle de nombreuses espèces de petits poissons sédentaires se précipitent sur un oursin qui vient d'être brisé. Les gradients de concentration en matières protéiques émises à cet instant sont pourtant très faibles. Une autre confirmation indirecte, aussi anecdotique que la précédente et aussi riche d'enseignement est apportée lorsque l'on constate que les poissons migrateurs, et particulièrement les saumons, ne remontent pas une échelle à poissons où l'homme s'est lavé les mains. L'eau de lavage contient en effet un acide aminé élémentaire, la L serine, qui est relargué au moment du lavage de la peau. Il intervient comme un répulsif ("repellent" en terminologie anglosaxonne) chez le poisson.

 

Cette sensibilité se retrouve-t-elle pour des molécules de synthèse ? Certaines d'entre elles, classiquement regroupées dans la catégorie des micropolluants par les hydrologues et les pharmacologistes, peuvent en effet se retrouver dans les eaux continentales.

 

Au congrès franco-suisse de Thonon sur la pollution du lac Léman (1978), notre groupe, chargé des problèmes de pollution par le mercure, avait montré que la sensibilité olfactive de l'animal à des molécules issues de synthèse industrielle, et d'une façon générale à des résidus de synthèse, est identique à la sensibilité olfactive à des molécules naturelles[5]. Pourquoi ne pas tenter alors — l'hypothèse est séduisante — d'utiliser le poisson comme instrument de contrôle de qualité de l'eau potable en tirant parti des modifications électriques des bulbes olfactifs lorsque ce poisson est soumis à certains micropolluants ?

 

Une truite électronique.

 

Pour ne pas perturber l'animal sur le plan comportemental, tout en récupérant l'activité électrique d'une partie de son cerveau (les bulbes olfactifs), un émetteur miniaturisé a été conçu. Il est capable de transmettre des niveaux électriques de 10 à 150 µV dans une bande de fréquence de 1 à 25 Hz. L'utilisation de circuits intégrés CMOS, montés en technologie hybride, a permis de résoudre le problème. Actuellement, les truites sont équipées d'émetteurs pesant 15 grammes et alimentés par une pile au lithium facilement remplaçable, dont la durée de vie est d'un mois environ. Ils travaillent en modulation de fréquence sur une fréquence centrale de 100 KHz.

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Fig. 1 : La truite peut être utilisée comme "biocapteur" des micropolluants d'eau douce en prélevant les informations électriques issues des structures olfactives de l'animal. Techniquement, le procédé est le suivant: on implante un émetteur miniaturisé relié à deux électrodes posées sur les bulbes olfactifs (A). Un décodage permet de restituer l'activité électrique des bulbes (B) ((voir fig. 2). L'électrobulbogramme ainsi recueilli est soumis à une analyse spectrale (C).

En l'absence de toute stimulation, l'énergie spectrale se répartit selon un spectre d'activité spontanée, caractérisé par une prédominance énergétique dans la zone 2 Hz - 10 Hz (courbe n° 1). L'adjonction de différents polluants dans le milieu où vit l'animal conduit à une perturbation profonde du spectre spontané, à la fois dans son amplitude et sa fréquence (courbe n° 2 : un insecticide, l'éthyl parathion ; courbe n° 4 : un insecticide, le lindane ; courbe n° 3 : un désherbant l'atrazine).

 

Techniquement, le processus d'implantation peut se résumer de la façon suivante : la truite, qui pèse entre 200 et 400 g, est anesthésiée puis immobilisée dans un stand d'opération où les conditions d'oxygénation et de température sont rigoureusement contrôlées. Une surveillance cardiaque et respiratoire est assurée pendant toute la durée de l'intervention, soit deux à trois heures. Au cours de cette intervention, une ouverture de quelques millimètres carrés est pratiquée dans le crâne du poisson. Par cette ouverture, sont introduites deux électrodes de platine iridié d'un diamètre nominal de 75 µm. Ces électrodes sont posées sur les bulbes olfactifs, puis raccordées à l'émetteur qui est lui-même rendu solidaire du crâne du poisson. À partir de cet instant, l'animal est placé dans un aquarium équipé pour recueillir l'émission. Un décodage utilise le principe des boucles en phases asservies (P.L.L.) permet de restituer l'activité électrique basse fréquence des bulbes olfactifs de l'animal. L'électrobulbogramme ainsi recueilli est soumis à une analyse spectrale par transformée de Fourrier rapide (FFT) dans une bande de 0 à 25 Htz.

 

Une répartition différente de l'énergie spectrale.

 

L'étude comparative des diffétents spectres d'énergie, traités par F.F.T obtenus pour différentes molécules d'origine naturelle ou artificielle, montre que des variations importantes de la répartition de l'énergie électrique en fonction des séquences d'émission de l'électrobulbogramme. On assiste ainsi à une redistribution de l'énergie globale de l'EBG qui semble caractéristique de la nature du produit et de sa concentration.

 

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Fig. 2. : L'émetteur miniaturisé est relié à deux électrodes posées sur les bulbes olfactifs (A). Un décodage permet de restituer l'activité électrique des bulbes (B).

 

Au stade actuel du développement de la la méthode, un certain nombre d'acides aminés ont été testés. Deux d'entre eux, la L serine et la cystéine, servent d'ailleurs d'éléments étalon permettant de vérififier le bon fonctionnement de l'ensemble de la chaîne de mesure. En ce qui concerne les micropolluants, les résultats que nous avons obtenus portent essentiellement sur un désherbant du groupe des triazines (atrazine) et sur deux insecticides (un organochloré, le lindane, et un organophosphoré, l'éthyl parathion). Le choix de ces produits se justifie par le fait qu'ils sont utilisés en grande quantité en agriculture comme pesticides et deviennent finalement des micropolluants des eaux de ruissellement. Qualitativement, les résultats peuvent se résumer par les constatations suivantes. En l'absence de toute stimulation, l'énergie spectrale fournie par l'EBG se répartit selon un spectre d'activité spontanée. On relève une prédominance énergétique dans la zone 2 Hz — 10 Hz. L'adjontion d'éthyl parathion dans le milieu où vit l'animal conduit à une perturbation profonde du spectre spontané. Un pic énergétique centré sur la zone 6,5-7 apparaît. Son amplitude relative est en moyenne de 150 à 200 % par rapport à l'énergie spectrale spontanée considérée comme valeur 100%. La stimulation de l'animal par l'atrazine induit par contre un pic énergétique dans la zone 4,5-5, dont l'amplitude relative se situe aussi aux environs de 150 à 200 %. Enfin, le lindane se distingue par un pic centré sur la zone 4,5-5,5 Hz, mais dont l'amplitude est toujours plus faible que celle du pic énergétique déclenché par l'éthyl parathion (voir figure 1).

 

Ces résultats, qui en réalité sont semblables à quelques autres procédés d'analyse statistique non rapportés ici pour alléger l'exposé du principe général de la méthode permettent de caractériser un certain nombre de produits. Il est souhaitable bien évidemment de compléter ce type d'étude par d'autres investigations, afin de diversifier le nombre de familles chimiques pouvant être reconnues par le poisson.

 

Trouver un gramme dans 100 000 m3 d'eau en moins d'une demi-seconde.

 

C'est en ces termes que l'on peut caractériser les réactions sensorielles de la truite. En effet, non seulement l'animal peut détecter un produit à un tel niveau de dilution (10 ng/l), mais, en plus, ses réponses électrophysiologiques apparaissent 500 ms après le début de la stimulation.

 

Une telle acuité olfactive n'a rien de surprenant lorsque l'on sait qu'en 1957, Teichmann, un chercheur allemand[6] montra que l'anguille détecte 1 ml d'un dérivé aromatique dilué dans 58 fois le volume du lac de Constance ! Sur le plan quantitatif, les molécules qui ont été testées, selon la méthode exposée plus haut sont détectées de façon reproductible jusqu'à 10 ng/litre.

 

On constate d'ailleurs, au cours des essais de reconnaissance, un apprentissage de l'animal dont les performances s'améliorent très rapidement en quelques heures. Parallèlement, un phénomène de mémorisation à long terme semble apparaître. C'est ainsi qu'une molécule organo-minérale comme le rnéthyl-mercure, devenu célèbre après l'accident de Minamata au Japon[7], est reconnue par l'animal à des concentrations de 10 à 15 ng/litre plusieurs mois après lui avoir été présentée. Ce processus de mémorisation à long terme, qui a fait l'objet d'études importantes, notamment par Gleitman et Rozin[8], présente un intérêt non négligeable dans la mesure où il peut être utilisé pour conditionner olfactivement l'animal à certaines familles chimiques de natures très diverses.

 

La truite système d'alarme.

 

En fonction de ce qui vient d'être exposé, on peut raisonnablement envisager d'utiliser la truite comme biodétecteur à haute résolution. D'une part, la sensibilité en valeur absolue de ce poisson paraît être très proche de celle que l'on obtient par des méthodes analytiques classiques.

II est important, à ce sujet, de noter que les valeurs de concentration avancées dans cet exposé ont été vérifiées systématiquement par chromatographie en phase gazeuse, par l'Institut d'hydrologie et de climatologie (laboratoire de chimie analytique) de l'université Pierre et Marie Curie.

 

D'autre part, la truite fonctionne en temps réel. Comparativement aux méthodes analytiques classiques d'échantillonnage, cet avantage non négligeable conduit à une détection précoce d'un éventuel micropolluant. Enfin, l'ensemble de l'infrastructure électronique, d'une mise en œuvre facile, est transportable sur le terrain.

 

Dans certains cas, ceci représente un aspect intéressant de la méthode qui est alors sans commune mesure avec les contingences imposées par un laboratoire d'analyses.

 

En savoir plus :

 

[1] J.-L. Huvé (1982). — Un détecteur de pollution original - la truite, La Recherche, n° 129, vol. 13, 108-110.

[2] F. Borie, N. Chantrier, J.-L. Huvé, M.A. Thomson (1981). — C.R. Acad. Sc. Paris, 292, 235.

[3] T.J. Hara et A. Gorbmann, (1967). — Comp. Biochem Physiol., 21, 185.

T.J. Hara (1973). — Comp. Biochem. Physiol.. 44A, 407.

T.J. Hara, Y.M.C. Law et B.R. Hobden (1973).Comp. Biochem. Physiol., 45A, 969.

[4] K. Ueda, T.J. Hara et A. Gorbmann (1967). Comp. Biochem. Physiol., 21, 133.

[5] Congrès franco-suisse de Thonon, (1978), G.E.P.P.E. (Groupe d'études pluridisciplinaires sur la pollution des eaux, Université Pierre et Marie Curie).

[6] H. Teichmann (1957). — Naturwissenschaften, 44, 242.

[7] A. Katz. (1972). — CRC, 2 (4), 517.

[8] H. Gleitman et P. Rozin (1971). — Leaming and memory. in Fish physiology, vol. VI, W.S. Hoar and D.J. Randall (eds.). Académie Press.

19/03/2016

Usage des pesticides aux Antilles et incidence sur la santé humaine

chlordécone,pesticides de la banane,guadeloupe,martinique,cancer de la prostateUsage des pesticides aux Antilles et incidence sur la santé humaine

 

 par André Guyard

 

Dernière mise à jour : 28/09/2018

 

En Guadeloupe, au cours des années soixante-dix, une thèse de médecine avait attiré l'attention sur l'incidence de l'emploi de pesticides dans les plantations de bananiers sur la santé humaine.

 

En effet, cette thèse montrait que le lait maternel des femmes de pêcheurs contenait une dose non négligeable de chlordécone, un insecticide de la famille des organo-chlorés interdit dès 1976 aux États-Unis et classé par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme potentiellement cancérigène pour l'homme en 1979. Cette constatation signifiait que les eaux de ruissellement et des rivières charriaient ce pesticide jusque dans les eaux marines. La population se contaminait en se nourrissant de fruits de mer et poissons par suite de la concentration du pesticide dans la chaîne alimentaire.

 

Cette observation entraîna une étude dirigée par Alain Kermarrec du laboratoire de Zoologie de la station de l'INRA de Petit-Bourg (Guadeloupe). L'équipe que je dirigeais alors à l'Université Antilles-Guyane était chargée de la récolte d'échantillons dans les cours d'eau et dans les eaux littorales. Cette étude a abouti à la publication d'un rapport en 1980 dénonçant l'utilisation des pesticides dans le traitement des bananiers.

 

Il aura fallu treize ans pour que le gouvernement français interdise définitivement l'utilisation de ce pesticide dans les Antilles françaises en 1993.

 

Dix ans après cete interdiction, une étude de Bouchon C. & Lemoine S. (2003), de l'Université des Antilles-Guyane, faisait un bilan de la rémanence des pesticides dans la chaîne alimentaire guadeloupéenne.

 

Très récemment, dans sa revue "Vivre" (n° 369 mars 2016) , sous la signature de Chloé Dussère, la Ligue contre le Cancer publiait un article soulignant un taux plus élevé de cancer de la prostate probablement lié à l'usage du chlordécone, article intégralement repris ci-dessous.

 

Antilles : Un taux plus élevé de cancer de la prostate

 

En Martinique et en Guadeloupe, les populations ont été exposées, plus longtemps qu'ailleurs, au pesticide chlordécone. Dans ces mêmes régions, la fréquence des cancers de la prostate est plus importante qu'ailleurs. Y a-t-il un lien de cause à effet ?

 

En Martinique : les sols contaminés à la chlordécone sont maintenant cartographiés.

  • La chlordécone a contaminé 37% de la surface agricole de la Martinique.
  • La préfecture de l'île a dressé la  cartographie des sols souillés, disponible sur son site web.
  •  Ce document est présenté comme un "outil d'aide à la décision" pour les agriculteurs afin de choisir les cultures sur les sols contaminés.

 

De 1973 à 1993, le chlordécone, un insecticide de la famille des organo-chlorés, est utilisé aux Antilles pour lutter contre un parasite du bananier : le charançon. En 1999, un contrôle de la qualité des eaux de consommation détecte la présence de ce produit, qui aurait contaminé non seulement les sols des bananeraies, mais aussi les légumes-racines fortement consommés dans ces régions (igname, madère...), certains animaux et le littoral, incluant poissons et crustacés, et certaines sources d'eau. Problème : le chlordécone est considéré comme perturbateur endocrinien et classé cancérogène possible pour l'homme par l'OMS. Plusieurs questions se posent alors : les populations sont-elles contaminées ? « En 2003, les premières mesures faites chez les femmes enceintes et leurs nourrissons, puis chez l'homme adulte, démontrent que le chlordécone est présent dans le sang de 90 % de la population », explique Luc Multigner, médecin épidémiologiste à l'Inserm.

 

Explosion du cancer de la prostate

 

Alors que les Antilles se caractérisent par des taux d'incidence de cancers, toutes localisations confondues, inférieurs à ceux de la France métropolitaine, le cancer de la prostate fait figure d'exception. Y aurait-il un lien entre l'exposition au chlordécone, plus importante aux Antilles qu'ailleurs, et la surincidence de ce cancer relevée en Guadeloupe et Martinique ? « En 2003, le programme de recherche Karuprostate qui a donné lieu à une publication dans le Journal of Clinical Oncology - nous a permis de comparer les caractéristiques de 709 personnes nouvellement atteintes du cancer de la prostate à 723 sujets indemnes de la maladie, précise Luc Multigner. Ce travail a permis de montrer que l'exposition au chlordécone augmente le risque de survenue du cancer de la prostate. »

 

D'autres facteurs de risque identifiés

 

Le programme de recherche a également relevé d'autres causes possibles de la forte prévalence du cancer de la prostate aux Antilles. D'abord, les populations d'ascendance africaine ont davantage tendance à développer un cancer de la prostate pour des raisons génétiques. Ensuite, la résidence de ces hommes dans un pays occidental joue également un rôle. « Un tiers des hommes interrogés sont partis travailler en métropole avant de revenir, poursuit Luc Multigner. Là-bas, ils ont vraisemblablement adopté les codes européens, notamment alimentaires, et se sont exposés à différentes pollutions qui pourraient contribuer à la survenue de la maladie. » Les antécédents familiaux apparaissent également comme un autre facteur de risque.

 

Les moyens d'action

 

Après l'interdiction du chlordécone, en 1993, les autorités sanitaires locales ont mené, à partir de 1999, plusieurs actions en vue de protéger les Antillais : pose de filtres à charbon pour limiter la contamination de l'eau, interdiction de certaines cultures sur les sols pollués, limitation de la pêche... De leur côté, des associations telles que la Ligue contre le cancer misent sur la prévention. « Nous rappelons régulièrement aux hommes la nécessité de se faire dépister à partir de 50 ans, et notamment d'accepter la réalisation d'un toucher rectal, raconte Dominique Chingan, président du Comité Guadeloupe de la Ligue contre le cancer. Mais il reste toujours difficile pour les hommes de parler de ce cancer, qui touche à la virilité. On a beau répéter qu'il existe désormais des moyens de pallier les désagréments de l'opération, les Antillais continuent de trouver cette maladie humiliante. »

 

Un pesticide au cœur des polémiques

 

Brevetée aux États-Unis en 1952, la molécule de chlordécone, commercialisée sous le nom de Képone, fait l'objet, en 1972, d'une autorisation provisoire de un an dans les bananeraies antillaises par le ministère français de l'Agriculture. Jusqu'en 1976, le chlordécone reste utilisé jusqu'à épuisement des stocks de Képone, avant d'être réintroduit en 1981 sous le nom commercial de Curlone. Depuis, ce pesticide suscite la polémique et la controverse, essentiellement aux Antilles, mais aussi en métropole. Et pour cause ! Le chlordécone a été autorisé à plusieurs reprises entre 1973 et 1993, et massivement utilisé dans les bananeraies de Guadeloupe et de Martinique, alors même qu'il avait été interdit dès 1976 aux États-Unis et que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) l'avait classé comme potentiellement cancérigène pour l'homme en 1979. Malgré ces alertes, les grands planteurs antillais obtiennent l'homologation du chlordécone en 1981. La société Laurent de Laguarigue rachète le brevet et produit l'insecticide, sous le nom de Curlone. En 1990, ce produit est retiré de la vente en France, mais deux dérogations successives des ministres de l'Agriculture Henri Nallet et Jean-Pierre Soisson permettent son utilisation jusqu'en 1993. Quelques années plus tard, en 2006, l'Union régionale des consommateurs et l'Union des producteurs de la Guadeloupe, soutenues par l'avocat Harry Durimel, député des Verts, déposent une plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui et administration de substance dangereuse, Cette plainte est aujourd'hui toujours en attente d'instruction au pôle de santé publique à Paris.

 

En savoir plus :

 

— Kermarrec A. (1980). — Niveau actuel de la contamination des chaînes biologiques en Guadeloupe : pesticides et métaux lourds (1979-1980).

 

— Bouchon C. & Lemoine S. (2003). — Niveau de contamination par les pesticides des chaînes trophiques des milieux marins côtiers de la Guadeloupe et recherche de biomarqueurs de génotoxicité.

 

— Observatoire des pesticides.

 

— Badot P.-M. (2017).— Des insecticides dans les assiettes antillaises En Direct n° 269 mars-avril 2017. p. 4.

 

— 02/05/2018 - Préfecture de la Martinique — Cartographie des sols de la Martinique pollués par la chlordécone.

 

 — 05-05-2018 :  Communiqué de la Préfecture de la Martinique

 

27/09/2018 : Article de Sciences et Avenir

24/01/2016

Quels poissons et quels fruits de mer peut-on encore manger l'esprit tranquille ?

Quels poissons et quels fruits de mer peut-on encore manger l'esprit tranquille ?

 

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Pour en savoir plus : Article de Francetvinfo

 

15/07/2015

Déversement de lait dans le Durgeon

Déversement de lait dans le Durgeon :

plusieurs centaines de poissons

sont morts en moins de 24 heures

Pollution du Durgeon : un article dans ma Commune.com

 

À la suite du déversement d'un camion de lait sur le parking du super-marché Cora à Vesoul par les exploitants agricoles, le Durgeon qui traverse la ville s'est trouvé contaminé, ce qui a entraîné une importante pollution de la rivière en étiage.

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État des lieux © Benoît Dumain

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Le lait stagne dans la rivière en étiage © Benoît Dumain

 

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Gardons, barbeaux… : La faune piscicole n'a pas résisté © Benoît Dumain

 

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Partout la même désolation © Benoît Dumain

 

 

 

Voir également le reportage de France3 Région Franche-Comté.

 

01/03/2015

Apron, l’incroyable aventure d’un poisson sentinelle

Apron1_logo.jpgApron, l’incroyable aventure d’un poisson sentinelle

 

Depuis 2015, le Muséum de Besançon s’investit dans les actions de protection de l’Apron du Rhône, notamment dans le projet Life , puis le PNA aprons.
Une mise au point des techniques de reproduction, puis des élevages réguliers et nombreux ont permis de répondre aux objectifs de ces plans.
Dernièrement le Muséum a participé à la réalisation d'un documentaire de présentation de cette espèce :


 
‘Apron, l’incroyable aventure d’un poisson sentinelle’
 
Un film de Sylvain Garassus et Jean-Yves Collet

Apron-incroyable-aventure-d’un-poisson-sentinelle-450.jpg

18/11/2014

Robert le Silure

Robert le Silure

par Dominique Delfino

Photographe animalier et naturaliste

 

Vidangé il y a près de quinze jours, l'étang du Malsaucy à Sermamagny a fait l'objet d'une pêche annuelle très fructueuse.

Malgré la mise hors d'eau d'un stock considérable de poissons n'avait pas permis de caturer la mascotte des pêcheurs de la fédération de pêche.

La seconde journée de pêche s'annonce tout aussi prometteuse, puisque plus de dix tonnes de poissons seront au final sortis de l'eau.

Mais l'unique Silure surnommé Robert, présent dans cet étang finit par se laisser capturer dans le filet au milieu de dizaines de très grosses carpes restant à pêcher.

Le temps de rejoindre un bac et le bassin qui lui permettra de passer l'hiver, Robert retrouvera le Malsaucy dès que les pleines eaux seront de retour en mars prochain.

 

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Cliché © Dominique Delfino

 

01/11/2014

Inventaire du peuplement ichtyologique du cours du Doubs et du Canal du Rhône au Rhin entre Dannemarie et Crissey (1)

1. Matériel et techniques d'échantillonnage : technique des filets verticaux

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31/10/2014

Inventaire du peuplement ichtyologique du cours du Doubs et du Canal du Rhône au Rhin entre Dannemarie (Ht-Rhin) et Crissey (Jura) 2. Résultats globaux de l'échantillonnage

Inventaire global des poissons du Doubs et du Canal du Rhône au Rhin de Dannemarie (Haut-Rhin) à Crissey (Jura). Résultats globaux et rendements comparés des pêches

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30/10/2014

Inventaire du peuplement ichtyologique du cours du Doubs et du Canal du Rhône au Rhin entre Dannemarie (Ht-Rhin) et Crissey (Jura). 3. Répartition du peuplement selon le type d'habitat.

Inventaire global des poissons du Doubs et du Canal du Rhône au Rhin de Dannemarie (Haut-Rhin) à Crissey (Jura). Répartition du peuplement selon le type d'habitat.

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26/10/2014

Recherches au long cours pour la Loue

Source-Loue-logo-200.jpgRecherches au long cours pour la Loue

 

par Pierre-Marie Badot et François Degiorgi

 


On s’en souvient, les épisodes de mortalité piscicole dans les eaux de la Loue avaient défrayé la chronique au tout début de la décennie. Un sujet de préoccupation pour les autorités gestionnaires du territoire comme pour les scientifiques, qui depuis longtemps s’intéressent à la qualité des eaux comtoises. Les travaux d’une équipe de chercheurs, emmenée par Pierre-Marie Badot et François Degiorgi au laboratoire Chrono-environnement de l’université de Franche-Comté, complètent depuis plus de deux ans les études déjà réalisées. Commandité par l’Agence de l’eau, la Région Franche-Comté et le Conseil général du Doubs, le programme est ambitieux et prévoit le diagnostic de la rivière et de son bassin versant, l’identification des mécanismes en cause, et l’élaboration de recommandations.

 

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Source de la Loue (© André Guyard)


Il appelle l’expertise conjointe d’hydrobiologistes, d’écotoxicologues, de pédologues, de chimistes et d’hydrogéologues représentant un large spectre des spécialités de Chrono-environnement. L’inventaire des peuplements de poissons est effectué par des campagnes de pêche électrique en partenariat avec l’ONEMA et les fédérations de pêche.

 

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La Loue en amont de Mouthier-Haute-Pierre © André Guyard

 

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Pêche électrique © André Guyard
 

 

Ci-dessous un histogramme de l'évolution relative du peuplement de poissons à quelques kilomètres de la résurgence de la rivière correspondant au niveau B3+ de la typologie de Verneaux.  En fond de diagramme, est représenté le peuplement de référence (abondance 5). On note que le Vairon a disparu très tôt du peuplement puisqu'il est absent de tous les échantillonnages. La Truite et sa proie, le Chabot évoluent de façon identique au fil du temps avec un fléchissement des effectifs. En revanche, on note une remontée vers la source de l'Ombre qui normalement, appartient à un niveau typologique en aval.

 

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Structure relative du peuplement piscicole échantillonné
à Mouthier-Haute-Pierre (25) à différentes époques

 

De la source de la Loue jusqu’à Quingey, tronçon le plus propice à l’analyse, dix stations font l’objet d’investigations qui, sur un ou deux cycles annuels, permettent d’évaluer de manière objective l’état actuel de la rivière et de le comparer aux informations recueillies depuis les années 1970. Les travaux récents portent sur le phytobenthos (algues se développant sur les fonds) et sur le macrobenthos (ensemble d’invertébrés de taille millimétrique à centimétrique vivant au contact du fond). Ces indicateurs témoignent tous d’une dégradation lente mais continue de la qualité de la rivière. Les études se focalisent simultanément sur l’état physicochimique de l’eau, des sédiments et des matières en suspension (MES). Le fonctionnement karstique du bassin versant de la Loue le rend particulièrement vulnérable aux transferts de nutriments, azote et phosphore, et de micropolluants vers le cours d’eau.


Analyser les matières en suspension


« En général, les analyses chimiques sont conduites à partir d’eau filtrée ; de très nombreux polluants, insolubles dans l’eau, fixés sur les MES restés dans le filtrat, ne peuvent pas être détectés », explique Pierre-Marie Badot. Le laboratoire a développé une méthodologie spécifique pour l’échantillonnage et l’analyse de ces MES. Le prélèvement s’effectue directement dans la rivière : des pièges à particules emprisonnent les matières en suspension en quantité suffisante pour permettre l’isolement des substances polluantes, puis leur analyse. Cette approche montre que les MES constituent un important vecteur de pollution qui contribue à certains des dysfonctionnements biologiques observés.


Les causes de la dégradation de la qualité de la rivière sont vraisemblablement multiples. Les épisodes de mortalité des poissons ne sont visiblement qu’une conséquence spectaculaire d’altérations profondes et anciennes de l’écosystème aquatique. « Les rivières ont une capacité épuratoire naturelle que la Loue semble avoir perdue au fil des années », regrette Pierre-Marie Badot. Que faire ? Le programme d’études et de recherche prévoit de coconstruire des solutions avec les parties prenantes afin de fournir les outils d’aide à la décision attendus par les autorités gestionnaires: les scientifiques ont des propositions à faire, arguments à l’appui.

Contact : Pierre-Marie Badot - Laboratoire Chrono-environnement - Université de Franche-Comté / CNRS
Tél. (0033/0) 3 81 66 57 08 - pierre-marie.badot@univ-fcomte.fr

Source : En Direct, le Journal de la Recherche et du Transfert de l'Arc jurassien, n° 254 - septembre-octobre 2014, p. 6.

31/08/2014

Brochet profiteur

Brochet profiteur

 

par Dominique Delfino

photographe animalier et naturaliste

 

 

Quelques jours avant la rentrée scolaire consacrés à l'initiation de mon fils Aurélien à la délicate technique de pêche au chènevis.

 

Le cours de l'Allan à Étupes se révèle prometteur. Une place de pêche bien préparée provoque des ''touches'' franches occasionnant la capture de nombreux gardons et rotengles de belle taille.

 

Chaque jour au fil de l'eau présente son lot de surprises et celle de ce brochet en fin de journée ne manquera pas de nous étonner.

 

En effet, le carnassier s'attaque une première fois à un gardon que nous venions d'attraper avant de s'en dessaisir quelques instants plus tard. Mais notre brochet n'abandonne pas la partie. En rodant dans le secteur durant une heure, c'est à quatre reprises que le prédateur profite des poissons frétillants que nous attrapons pour bondir dessus et tenter de s'en accaparer ! C'est l'illustration même du comportement de prédateur qui s'attaque de préférence aux proies en difficulté.

 

Une partie de pêche animée dans les eaux poissonneuses de l'Allan  permettant également d'observer les oiseaux inféodés au milieu aquatique.

 

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Cliché © Dominique Delfino

 

30/07/2014

Carte des rivières polluées d'Europe

Carte des rivières polluées d'Europe

 

Une analyse à l’échelle européenne de 223 composés chimiques présents dans les eaux douces met en évidence les risques toxiques pour l’écosystème. L’étude montre aussi les limites actuelles pour effectuer un tel suivi.

 

De nombreuses études ont montré ces dernières années que les fleuves et les rivières en Europe sont contaminées par des substances toxiques. Mais cette pollution étant souvent limitée à une région ou impliquant un petit nombre de composés chimiques, il était difficile de l'extrapoler à l'échelle d'un continent pour mettre en évidence l'aspect global de la contamination des cours d’eau. Une équipe de chercheurs allemands et français ont utilisé les données disponibles dans la base de données Waterbase de l’Agence européenne pour l’environnement pour dresser un tel tableau : ils ont estimé les risques environnementaux liés à 223 composés organiques dans 91 bassins fluviaux d’Europe.

 

Egina Malaj, du Centre Helmholtz de recherche sur l’environnement à Leipzig en Allemagne et ses collègues ont analysé les relevés effectués dans près de 4 000 sites. À partir de ces données, ils ont estimé le risque de toxicité aiguë ou chronique pour les invertébrés, les poissons et les algues. Les seuils de risques ont été calculés à partir des concentrations qui entraînent un risque mortel de 50 pour cent (noté CL50) pour trois représentants des principaux groupes d’organismes vivant en eau douce, le poisson Pimephales promelas, le crustacé Daphnia magna pour les invertébrés, et l'algue Pseudokirchneriella subcapitana. Ces seuils toxiques ont été évalués en laboratoire ou prédits par des modélisations. E. Malaj et ses collègues ont défini un seuil de risque aigu qui est atteint quand la concentration maximale d’un composé dépasse 10 pour cent du CL50, et un seuil de risque chronique qui est franchi quand la concentration moyenne dans le temps d’un composé atteint respectivement 0,1 pour cent, 1 pour cent et 2 pour cent du CL50 pour les invertébrés, les poissons et les algues.

 

Les résultats de cette analyse révèlent que les polluants organiques entraînent un risque aigu pour la biodiversité dans 14 pour cent des sites, et un risque chronique pour 42 pour cent des sites. Parmi ces composés organiques, les pesticides (herbicides et insecticides) représentent 81, 87 et 96 pour cent des cas de risques de toxicité aiguë pour les poissons, les invertébrés et les algues respectivement. D'autres composés participent de façon importante aux risques de toxicité aiguë : le tributylétain (une peinture utilisée sur les coques de bateaux pour empêcher les algues et les coquillages de s’y fixer, en principe interdite depuis 2008), les agents ignifuges bromés et les hydrocarbures aromatiques polycycliques dérivés du pétrole. Par ailleurs, l'étude met en évidence un lien clair entre la perte de biodiversité des cours d'eaux d’une région et l'augmentation du risque de toxicité chimique pour les poissons et les invertébrés. L’utilisation anthropique des terres (urbanisme, agriculture) en amont augmente aussi les risques.

 

L’équipe pointe cependant les limites de cette étude, liées à la nature et la qualité des données disponibles. Les résultats sous-estiment probablement les risques liés aux substances toxiques. En effet, la densité et la performance des réseaux de suivi de la qualité des eaux sont inégales selon les pays européens. Les méthodes de dosage utilisées présentent parfois des seuils de sensibilité insuffisants. Enfin, encore trop peu de composés chimiques sont étudiés.

 

D'ailleurs, selon l'analyse, les pays disposant des meilleurs réseaux de surveillance (notamment la France, qui représente un tiers des sites européens analysés) obtiennent les plus mauvais résultats quant à la qualité de l’eau. Il existe donc un biais qui laisse penser que les pollutions sont sous-estimées à l'échelle européenne. Les biologistes notent que d’autres facteurs de risque toxicologiques ne sont pas pris en compte dans leur étude : les effets « cocktails » liés à la présence simultanée de plusieurs composés chimiques dont l'impact sur l'environnement peut être renforcé, ou l'impact des perturbateurs endocriniens (qui agissent sur le développement et la reproduction des poissons).

 

Néanmoins, cette synthèse des données disponibles à l'échelle européenne met en évidence deux points marquants : un grand nombre de cours d’eau européens sont significativement touchés par les substances toxiques de nature organique et le réseau complexe des bassins fluviaux nécessite une prise en compte du problème à l’échelle européenne. Les moyens pour assurer le suivi de la qualité des cours d'eau doivent être renforcés afin de pouvoir adopter des mesures rapides et efficaces de la qualité des eaux.

 

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Les deux cartes ci-dessus indiquent les risques aigus et les risques chroniques encourus par les espèces d'eau douce dans les bassins fluviaux d'Europe. Le pourcentage indique la part des stations de prélèvement où au moins un composé dépasse le seuil de risque aigu ou chronique. Les bassins où moins de six stations sont opérationnelles n'ont pas été pris en compte et sont indiqués en gris. Le nombre figurant dans chaque bassin indique le nombre médian de composés chimiques analysés par station dans ce bassin.

 

Source : Site Pour la Science

07/02/2014

État sanitaire de la faune halieutique du Dessoubre, de la Loue et du Lison

État sanitaire de la faune halieutique du Dessoubre,

de la Loue et du Lison

 

(dernière mise à jour : 18/05/2014)

 

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Fonds colmatés du Haut Dessoubre

(clichés collectif LRC pris le 13 novembre 2011)

 

Les clichés ont été réalisés dans la Loue au Miroir d'Ornans et à l'embouchure de la Bonneille

le 14 novembre 2011 par le Collectif LRC.

 

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Truites victimes d'un Oomycète : Saprolegnia parasitica

(Clichés collectif LRC)


 

La série de clichés ci-dessous a été réalisée le 22 novembre dans le Lison, à Nans sous Sainte-Anne, à quelques hectomètres de la source. Les fonds à galets sont colmatés par une couche brunâtre peu ragoûtante.

 

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Lison, Nans sous Sainte Anne

(Cliché collectif LRC)

 

De plus près, cette couche se révèle être une sorte de "végétation" qui ondule au gré de l'onde :

 

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Lison, Nans sous Sainte Anne

(Cliché collectif LRC)

 

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Lison, Nans sous Sainte Anne

(Cliché collectif LRC)

 

Une végétation qui ressemble à des queues de moutons !

 

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Lison, Nans sous Sainte Anne

(Cliché collectif LRC)

 

Eh bien, il s'agit de bactéries filamenteuses (Sphaerotilus sp.) qui abondent dans les milieux aquatiques fortement contaminés par des matières organiques : égouts, fosses d'aisance…

 

Comme la plupart des rivières jurassiennes qui naissent en milieu karstique, le Lison est une résurgence. La contamination provient d'en amont, c'est-à-dire par des rejets dans les nappes et rivières souterraines.

 

Pas étonnant que le Chevesne (Leuciscus cephalus) abonde à Échay, à 18 km en aval !

 

Quant à la Truite (voir cliché ci-dessous), elle est plus difficile à observer dans ce magma de Sphaerotilus où sa livrée se dissimule !

 

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(Cliché collectif LRC)

 

Comme le témoignent ces clichés, l'état sanitaire de nos belles rivières franc-comtoises ne s'améliore pas depuis un an.

 

En fin d'année 2011, afin de pallier cette situation sanitaire catastrophique, le préfet a décidé  de créer un comité des sages.

 

Le comité des sages sera présidé par Jean-François Robert, ancien président de l'Université de Franche-Comté et actuel président du CESER (Conseil économique, environnemental et social de région). Cette enceinte d'échanges et de réflexion aura deux mois « pour comprendre les mécanismes conduisant à ces phénomènes et proposer les pistes d’action les plus adaptées ». Il devra rendre compte en février 2012.

 

Le comité des sages comprendra, outre des scientifiques locaux et nationaux, des représentants des élus, du monde associatif, des industriels et des agriculteurs, choisis « pour leur connaissance du terrain et leur ouverture à la réflexion et au dialogue ». Il bénéficiera du concours de l’Agence de l’eau et des services de l’État.

 

Janvier 2014 : mortalité inexpliquée de truites dans le Dessoubre

 

Une dizaine de truites mortes, de nombreux poissons atteints de taches blanches assez semblables à celles dont avaient été victimes les truites de la Loue en 2010 ont été repérées par un riverain du Dessoubre au lieu-dit Moulin Girardot. Il s'agit sans nul doute de bactéries filamenteuses (Sphaerotilus sp.) qui abondent dans les milieux aquatiques fortement contaminés par des matières organiques. Et les épandages de lisiers dans le secteur sont évoqués par les riverains pour expliquer cette pollution.

 

Des poissons malades en période de fraie, ce n'est pas étonnant. Les truites sont fatiguées par cette période de reproduction, elles se frottent contre les pierres au fond de la rivière, d'où parfois l'apparition de maladies sur leurs écailles. Mais là, selon Stéphane Regazzoni, observateur régulier du Dessoubre, ce n'est pas normal. Dimanche, il a récupéré une truite morte mais aujourd'hui elles étaient une quinzaine. D'autres poissons sont malades à cet endroit situé à quelques kilomètres de la source entre Laval-le-prieuré et Plaimbois du Miroir. Dans ce secteur, le Dessoubre, à la station de Saint-Hippolyte 1, est en bon état écologique selon les données de l'Agence de l'eau collectées en 2011. Selon la présence de la faune et de la flore benthique, la qualité des habitats classe le secteur dans une bonne catégorie. Effectivement, le Dessoubre est une rivière encore appréciée par les pêcheurs à la mouche.


Jusqu'à présent le Dessoubre a été épargné par ce type de mortalité. Seule la Loue puis le Doubs franco-Suisse et la Bienne ont été touchés. Des événements relatés par le Blog de la Loue et des rivières comtoises. Ces mortalités ont été le départ d'une prise de conscience. Le Collectif Loue et rivières comtoises s'est créé, les élus du département et les services de l'état, poussés par les défenseurs de l'environnement ont mis en place des mesures pour améliorer la qualité de l'eau.

 

Source : Isabelle Brunnarius : Article de France 3 Franche-Comté (avec photos et vidéos)

 

La réaction de SOS Loue et rivières comtoises

 

Face à cette mortalité de plus en plus fréquente des poissons du Dessoubre, pour SOS Loue et rivières comtoises, la préfecture du Doubs "montre, une fois de plus, l’absence de prise en compte de la gravité de la situation". Pour l'association, l'Etat essaie de "gagner du temps dans l'espoir d'une amélioration". Elle répond à la préfecture du Doubs ce vendredi 17 janvier 2014.


"Le communiqué de presse de la préfecture du Doubs du 15 janvier 2014 montre, une fois de plus, l’absence de prise en compte de la gravité de la situation, alors que près de 400 km de rivières à salmonidés franc-comtoises sont touchées tour à tour par des mortalités massives. Gagner du temps dans l’espoir d’une amélioration semble être la principale méthode de l’administration préfectorale concernant le problème de la pollution gravissime de nos principales rivières à salmonidés, 4 ans après les premières mortalités.

 

En effet les trois propositions de la préfecture ne nous paraissent pas à la hauteur de la gravité de la situation :

 

  • « poursuivre et approfondir les études, mieux comprendre comment les pratiques agricoles impactent les transferts locaux d’azote et de phosphore ».

Pour le seul Dessoubre nous disposons de 23 études depuis 1990, soit environ 1/an qui abordent la plupart des aspects de la pollution de cette rivière. En dehors d’une amélioration (importante mais insuffisante) de l’assainissement à mettre au crédit des élus, la plupart des préconisations n’ont soit pas été mise en œuvre, soit ne sont pas respectées.

 

  • « définition d’un protocole de suivi en continu ou semi-continu sur la Loue pour mieux comprendre les flux et dynamiques de transfert de l’azote et du phosphore »

Voilà une mesure que nous réclamons depuis 4 ans dans toutes les instances ou nous sommes représentés et les réunions auxquelles nous sommes conviés. Cela nous a toujours été refusé, car prétendument inutile. Elle permettrait évidemment de lier les pics de pollution azote-phosphore aux épandages agricoles et aux défauts d’assainissements.

 

  • « approches sociétales pour mieux cerner les jeux d’acteurs et retrouver les conditions de dialogues entre eux »

Magnifique phrase aussi creuse qu’inutile, le dialogue entre les partenaires n’étant ni rompu, ni insuffisant au vu des multiples réunions qui ont eu lieu, et qui auront encore lieu, et les très nombreuses instances officielles ou l’on parle de la pollution. Le problème étant qu’on ne fait qu’en parler.

Quand au SAGE Haut-Doubs Haute-Loue, il existait avant les pollutions, il n’a pas pu les éviter, ni même les empêcher d’augmenter. Nous connaissons le contenu de la version suivante, elle ne s’attaque pas aux racines du problème.

 

Nous demandons solennellement que cesse le verbiage pour passer aux actes concrets et si l’approfondissement des connaissances scientifiques ne doit pas être remis en cause, elle ne doit pas être une excuse pour l’inaction, comme c’est le cas actuellement."

 

Ajout du 7 février 2014 : déversement illégal de lisier près de la source du Dessoubre

 

Pas étonnant que les truites crèvent et que le Dessoubre soit pollué. Un article de l'Est Républicain en date du 7 février 2014 nous fournit une explication.

 

Voir également à ce sujet le reportage de France 3 Franche-Comté  et le blog d'Isabelle Brunnarius !

 

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24000 litres de lisier répandus (Photo DR / Est Républicain)

 

Pollution - L’agriculteur en cause plaide « l’accident ». Le Département du Doubs porte plainte 24.000 litres de lisier déversés près de la source du Dessoubre.

 

Besançon. À ce niveau, on ne peut plus vraiment parler d’épandage… Mais de déversement totalement illégal de près de 25.000 l de lisier. Notre photo, prise par un garde de l’association de pêche de Saint-Hippolyte, à Cour-Saint-Maurice, mercredi 5 février à 17h15, témoigne de pratiques qui ont malheureusement la vie dure.

Au moment où les esprits sont exacerbés par la découverte de centaine de poissons touchés par la saprolégniose dans le Dessoubre (on est là directement au-dessus de la source), ce type de comportement est carrément suicidaire pour l’image même de la profession agricole, plus souvent qu’à son tour montrée du doigt lorsqu’il s’agit de désigner les responsables du niveau de pollution inquiétant atteint par les rivières de Franche-Comté.

 L’éleveur « très coopératif »

 Gérard Mougin, président de l’AAPPMA « Les deux vallées », qui nous a transmis ce document, le dit lui-même : « Les agriculteurs qui ne partagent pas la vue d’une telle conn…. doivent protester fermement, car elle salit leur réputation pour longtemps. Il faut qu’ils arrêtent de se dire tous vertueux et qu’ils prennent le problème à bras-le-corps eux aussi. »

 Injoignables mercredi soir, au moment où le garde à surpris le pollueur, les services de la police de l’eau se seraient depuis rendus sur place pour enquêter., après que Gérard Mougin ait adressé une missive bien sentie au préfet du Doubs.

 Dans ce courrier, M. Mougin rappelle l’action « SOS Dessoubre », menée en 1989 et qui avait recueilli plus de 13.000 signatures, le poids économique de la pêche dans le Doubs et prévient de « l’immense gâchis qui pourra être constaté avec tous les fleurons de la pêche de notre département au tapis ». Dénonçant la « politique de l’autruche » menée pendant des années, il demande qu’aujourd’hui soit refusée « toute autorisation pour la création ou l’extension de nouvelles porcheries », que l’on mandate du personnel pour qu’il « surveille, recense et verbalise réellement les actes délictueux en matière d’environnement », que l’on fasse respecter les plans d’épandage, que l’on prenne des mesures « concernant l’usage des herbicides et des pesticides », enfin, que l’État soit plus directif et au côté des communes en ce qui concerne l’assainissement.

 Hier après-midi, Claude Jeannerot a annoncé qu’il déposait plainte et que si l’auteur de ce déversement, « d’une particulière gravité », était identifié, il se « constituerait partie civile au nom des habitants du Doubs. En ma qualité de président du Département, je ne saurais tolérer ce type d’agissements qui jette un discrédit sur l’ensemble de la profession agricole et remet en cause l’action de la collectivité départementale en faveur de la qualité des eaux sur notre territoire. »

 On peut dire que les services de l’État ont réagi de manière très rapide sur ce dossier. Hier, l’éleveur de bovins a été identifié et il a reçu la visite de la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCSPP) de la gendarmerie et de l’Onema (la police de l’eau) pour un contrôle. « Il a été très coopératif » note Pierre Aubert, directeur adjoint de la DDCSPP.

 « Dans l’urgence »

 L’agriculteur aurait expliqué qu’il s’agissait d’un « accident ». Après avoir lavé la cour de sa ferme à grande eau, il a remarqué qu’une de ses cuves à lisier allait déborder et l’a vidangée. « Il a agi dans l’urgence. Alors qu’il disposait d’un plan d’épandage validé pour ce terrain. Le problème, c’est qu’il a plus déversé qu’épandu. En tout, trois fois huit mètres cubes (soit 24.000 l). Nous sommes en cours de rédaction du procès-verbal qui sera transmis au procureur de la République et on doit encore évaluer les conséquences environnementales. »

 Au-delà des faits, Pierre Aubert tient à préciser que cet acte malvenu « ne doit pas mettre en cause les actions engagées par la chambre d’agriculture du Doubs pour tirer les éleveurs vers le haut de pratiques responsables. Ce sont des faits rares qui ne reflètent pas l’ensemble des agriculteurs du département. »

 Fred JIMENEZ

 

 

28/02/2014 : un article d'Isabelle Brunnarius sur le blog de la Loue.

 

Tribune d’Éric Alauzet – Sur la pollution constatée dans le Dessoubre par Isabelle Brunnarius

 

 

Les multiples témoignages de pêcheurs ou d’autres personnes sur l’état de dégradation de nos rivières ne font qu’ajouter à la préoccupation ancienne et croissante des écologistes concernant nos rivières, le milieu naturel, la biodiversité, et plus généralement notre environnement.

 C’est aujourd’hui le Dessoubre qui fait tristement parler de lui après la Loue ou le Doubs franco-suisse. Mais il n’y avait objectivement aucune raison pour que l’ensemble de nos rivières ne soit pas touché. Le même constat sur d’autres rivières confirme bien qu’il s’agit d’un problème global. Les rejets agricoles pouvant constituer la goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà bien rempli.

 En cause, cela ne fait plus aucun doute, la multitude des rejets dans l’environnement, dont une partie liée à l’usage d’une quantité infinie de produits chimiques où la dose n’est pas le seul problème. L’effet « cocktail » par exemple, peut être largement en cause. Les produits sont tellement nombreux que personnes ne peut en évaluer les combinaisons possibles et les effets induits.  D’ailleurs, tous les produits chimiques ne sont pas tous identifiés ou tous mesurés. Les médicaments utilisés chez l’homme ou chez les animaux n’en sont qu’un exemple. Les effets sont potentiellement multiples, ne serait-ce que le développement des résistances aux antibiotiques dont on retrouve les métabolites dans le milieu naturel.

 Chacun doit se sentir interpellé dans sa vie personnelle, professionnelle ou autre. Il suffit de regarder sous les éviers, dans les maisons ou les appartements, pour comprendre. Et de recenser les différentes activités professionnelles, qu’elles soient agricole et agroalimentaire, sylvicole ou encore industrielle.

 L’interdiction qui a été faite pour les collectivités et les particuliers d’utiliser des produits phytosanitaires constitue un progrès. On peut toutefois regretter qu’elle n’entre en vigueur qu’en 2020 pour les premières et en 2022 pour les seconds. C’est le compromis sur lequel les parlementaires écologistes ont dû céder pour faire adopter cette loi *.

 Le réchauffement climatique constitue un facteur aggravant, et avec lui, la baisse des débits des cours d’eau liés aux perturbations climatiques ; le tout contribuant à un réchauffement de l’eau et à une moindre oxygénation du milieu. Des éléments qui peuvent expliquer l’intérêt de la suppression des barrages qui, en retenant l’eau, contribuent un peu plus à son réchauffement.

 Il ne faut pas non plus oublier que la pollution de l’eau peut également trouver son origine dans la pollution de l’air, qui véhicule des molécules qui vont se dissoudre dans l’eau [retombées sur les sols de polluants atmosphériques entraînés par la pluie par exemple (www.cnrs.fr)].

 L’artificialisation et l’érosion des sols du fait de l’urbanisation parfois anarchique, et l’absence de couverture végétale des terres agricoles pendant une grande partie de l’année contribuent à la concentration des pollutions ainsi qu’à l’accentuation des variations du débit des rivières, dont on a déjà signalé les effets négatifs précédemment. Tout se tient et se surajoute.

 Nous sommes bien dans la complexité et il faut l’accepter telle qu’elle est, même si cela ne facilite pas l’action publique.

 Les installations d’épuration de l’eau sont nécessaires, à condition d’être maintenues en bon état de marche, comme sont indispensables les bonnes pratiques de stockage et d’épandage des effluents agricoles. Mais nous n’échapperons pas à une remise en cause en profondeur et au nécessaire changement de notre modèle de développement. Cela concerne en particulier la fabrication et l’usage des pesticides, médicaments et autres produits phytosanitaires ; tout comme les standards de production du lait, des céréales ou du bétail. Il est également impératif de prendre en compte la nature du sol pour ne pas lui demander de donner plus qu’il ne peut donner, ou de recevoir plus qu’il ne peut encaisser, en particulier lorsqu’il présente une structure karstique sous-jacente.

 Nous sommes confrontés à une question écologique, et donc économique. Il serait temps d’arrêter d’opposer l’un à l’autre pour ne pas scier la branche sur laquelle est assise notre économie et reposent nos emplois. C’est un pacte que la société doit passer avec elle-même, un pacte solidaire, qui associe tous les acteurs. Un pacte où personne n’est montré du doigt. Soyons lucides et regardons les problèmes en face. Et si, ici ou là, une activité devait être ralentie ou fragilisée, c’est ensemble que nous devons nous engager à soutenir son adaptation, son évolution vers le modèle de production de demain, un modèle qui devra replacer la nature au centre, et l’homme à son écoute, d’une manière ou d’une autre. Laissons le progrès nous guider.

 

Éric Alauzet.

* http://ericalauzet.eelv.fr/niche-ecolo-lusage-des-produit...

 

Ajout du 8 avril 2014 :

Pollution par le lisier d'un ruisseau haut-saônois. Voir un premier article de France 3 Franche-Comté et un autre article sur le même sujet.

 

Voir également dans ce même blog :

 

- La santé du Doubs mise à prix

- La Loue en avril 2011

- Mortalité des poissons dans le Doubs

- l'alerte lancée par Pascal P.

- Menaces sur le Doubs franco-suisse

- Proliférations algales dans la Haute vallée du Doubs

- Prolifération de Cyanobactéries dans la Loue

- Pathologie des poissons d'eau douce

 

Ajout du 17 mai 2014

Manifestation organisée à Saint-Hippolyte pour dénoncer la pollution des trois rivières de la région : le Doubs, la Loue et le Dessoubre

 

Le samedi 17 mai 2014, la bourgade de Saint-Hippolyte, lieu du confluent Dessoubre-Doubs a été le cadre d'une manifestation à l'initiative du collectif Doubs Dessoubre et de SOS Loue et rivières comtoises.

Plus de 1500 personnes ont protesté contre la pollution de nos rivières comtoises.

Voir à ce propos le reportage de France 3 Franche-Comté.

 

Compte rendu de cette même manifestation par l'Est Républicain.

 

Trois rivières comtoises en danger (Est Républicain édition du Doubs 18/05/2014)

Deux mille personnes ont pris part, hier, à la manifestation organisée à Saint-Hippolyte pour dénoncer la pollution des trois rivières joyaux de la région : le Doubs, la Loue et le Dessoubre.

Journée de réflexion et de protestation, hier, à Saint-Hippolyte, petite cité de caractère située au confluent du Doubs et du Dessoubre. Deux rivières qui, avec la Loue, constituent le joyau de la Franche-Comté, et au-delà, tous s'accordant avec le sénateur-maire d'Audincourt, Martial Bourquin, pour les classer « parmi les plus belles d'Europe ! »

 L'élu, ceint de son écharpe tricolore, a fait mouche dans le public lorsqu'il a énoncé sa proposition : « Faire une grande expérimentation nationale dans les trois bassins versants du Doubs, de la Loue et du Dessoubre pour qu'enfin, on sauve nos rivières ! » Et il a été salué pas une salve d'applaudissements quand il a lancé : « Il faut interdire le Roundup ! Il doit être interdit car ce désherbant est un poison ! »

 Claude Jeannerot, hué

 La journée, avec des conférences le matin, un pique-nique champêtre à midi entre militants franco-suisses, une manifestation suivie par quelque 2.000 défenseurs de la nature et des rivières qui se sont regroupés au Clos Pascal pour entendre les orateurs, avait un caractère familial et bon enfant. Au micro, tour à tour, Serge Cagnon, maire de Saint-Hippolyte, Anne-Pantel, représentante des commerçants qui s'associent aux revendications des deux collectifs Doubs-Dessoubre et SOS Loue et rivières comtoises, organisateurs de ce rassemblement, Lucienne Merguin-Rossé, de l'ONG suisse Pro Natura et Marc Goux, de Saône-Doubs vivant, ont déploré l'état des trois rivières. Tous ont réclamé des mesures urgentes. « Pas des mesurettes », prises par « des politiques magiciens qui nous font croire que tout va bien ! »

 Christian Triboulet, animateur de Doubs-Dessoubre, a lu un message des paysans exprimant leur « volonté de travailler ensemble et de dégager des mesures pour l'environnement ». Avec un accueil positif à la clé. Sandrine Bélier, députée européenne surnommée, a-t-on appris, « Miss Biodiversité » à Strasbourg, a pris l'engagement d'inciter le Parlement européen à « s'interroger sur les sols karstiques en Franche-Comté et en Europe ».

 Seul le sénateur Claude Jeannerot, président du conseil général du Doubs, a été chahuté et hué par une poignée de participants apparemment mécontents du peu de résultats obtenus par la collectivité. « En trois ans, le conseil général a beaucoup fait et beaucoup dépensé... », a martelé l'élu. « Ouuuuhhh », l'a coupé un manifestant, tandis que dans le public certains lançaient . « Si t'avais tant fait, on n'en serait pas là ! ». Le président du département a dû hausser le ton et même se mettre en colère pour ramener le calme. Il a alors dit « assumer avec modestie et détermination » ces faibles résultats imputables, selon lui, aux « cinquante années passées à détruire ». « Alors, il faudra beaucoup de temps pour reconstruire », a  ajouté le sénateur Jeannerot, avant de conclure sur une note optimiste : « Rétablir la vie dans nos rivières, c'est possible ! ».

Un pôle-karst en Franche-Comté

 La présidente de la Région Franche-Comté, Marie-Guite Dufay intervenant en dernier, a volé au secours de Claude Jeannerot :  « Soyons unis. Ne nous laissons pas aller à l'intolérance », a exhorté la présidente, avant d'insister sur « le travail considérable fait par le conseil général, qui peut servir de base à l'organisation d'un débat sur l'eau », dans le cadre du « pôle-karst ». Réflexion que la Région souhaite initier rapidement.

 José GONZALVEZ

 

Vous pouvez également visionner des vidéos très fouillées au sujet des problèmes du Doubs à l'adresse ci-dessous :
Le lien: http://www.pronatura-ju.ch  et choisir le fichier Doubs.

 

Les pollutions agricoles et domestiques sont mises en cause pour expliquer l'état lamentable de nos rivières. Or un petit tour de passe-passe a été commis pendant les vacances de Noël 2011 par le Ministère de l'Agriculture !


À peine croyable : c'est en pleine période de fêtes de Noël et du Nouvel An que le ministre de l'agriculture a choisi de "consulter le public" sur un projet de modification de la réglementation relative aux zones d'excédent structurel de lisier ! Chacun le sait, en cette période de fêtes, les citoyens surveillent assidument les projets de textes mis en ligne sur le site internet du ministère de l'agriculture...

 

Une pétition à signer :

http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/elevages-deregle...

12/12/2013

Chalutage en eaux profondes

Chalutage en eaux profondes

 

Le 10 décembre, le Parlement européen devait décider s'il interdit le chalutage en eaux profondes, qui provoque des dégâts écologiques majeurs dans les abysses.

Lire l'article du "Canard Enchaîné" à ce propos en pièce jointe (où l'on apprend que les grandes surface et particulièrement la marque INTERMARCHÉ) possèdent une flotte de 6 chalutiers de ce type.

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Et aussi cette courte vidéo du "Monde" sur dailymotion.

30/01/2013

Structure des communautés pisciaires lacustres

Structure des communautés pisciaires lacustres

 

par Daniel Gerdeaux

Directeur de recherches à l'INRA
Président du conseil scientifique de la CIPEL
Membre du CS du comité de Bassin Rhône-Méditerranée
Membre du Conseil Scientifique Régional de Protection de la Nature de Franche-Comté

 

I. SPÉCIFICITÉ DES PEUPLEMENTS PISCIAIRES LACUSTRES

 

Les lacs constituent des habitats spécifiques dans les réseaux hydrographiques. Ils peuvent être considérés comme des «habitats insulaires» car ils constituent toujours des entités aux caractéristiques écologiques très distinctes des milieux courants avec lesquels ils sont, le plus souvent, connectés bien qu'ils aient été normalement colonisés à partir des rivières et fleuves.

 

Les périodes de colonisation sont en général brèves et suivent immédiatement les événements géologiques qui établissent des relations avec d'autres milieux aquatiques contenant des poissons. Après l'épisode de colonisation au cours duquel s'est constituée la faune piscicole initiale, la richesse spécifique peut être modifiée par des interactions interspécifiques ou des interactions entre l'environnement lacustre et les espèces présentes.

 

De plus, si le temps est suffisamment long et les biotopes lacustres variés, une colonisation additionnelle, une spéciation à l'intérieur du lac ou dans des milieux connexes peuvent accroître la diversité spécifique dans le lac.

 

La distribution des poissons d'eau douce lacustre est un des meilleurs exemples du rôle important de l'histoire géologique en biogéographie. Les lacs des zones boréales procèdent d'une formation assez récente lors de la fin des glaciations alors que dans les zones tropicales la plupart des lacs sont de formation beaucoup plus ancienne. Ces éléments sont à prendre en compte pour comprendre la structure spécifique des peuplements piscicoles des lacs.

 

1. Richesse spécifique suivant les lacs

 

Une analyse sommaire de la richesse spécifique des peuplements pisciaires lacustres semble montrer que la latitude est un élément important de la richesse spécifique. En effet, les lacs arctiques contiennent au plus 25 espèces et le plus souvent quelques unes seulement, voire une seule, alors que les lacs tempérés en contiennent jusqu'à 130 et les lacs tropicaux plus de 250. L'importance de la latitude est en réalité beaucoup plus faible quand on analyse le phénomène comme l'ont fait Barbour & Brown (1974). La régression multiple opérée entre la diversité spécifique et des variables du milieu pour 70 lacs répartis dans le monde entier, montre que 30,5% de la variabilité sont expliqués par la surface du lac alors que 3,5% le sont seulement par la latitude (fig. 1).

 

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Figure 1 : relation entre l'aire d'un lac et le nombre d'espèces de son peuplement piscicole pour 70 lacs du monde (d'après Barbour & Brown 1974).

 

La longueur relative des berges et l'altitude du lac viennent ensuite pour expliquer l'essentiel de la variabilité observée. Ceci met bien en évidence les facteurs déterminants de la richesse spécifique.

 

Un grand lac de basse altitude avec un contour digité offre une grande diversité de biotopes relativement stables qui vont permettre la colonisation de nombreuses espèces ou la spéciation de nouvelles qui vont occuper les milieux variés.

 

Dans un petit lac de moyenne altitude, la colonisation est plus limitée, les variations du milieu sont plus fortes. Cela ne facilite pas la spéciation. Ce n'est donc pas réellement à cause de leur latitude que les grands lacs tropicaux présentent une grande diversité spécifique mais à cause de leur taille, de leur diversité de biotopes et de leur stabilité. En outre, l'isolement géographique prolongé a facilité une forte spéciation (voir l'endémisme des lacs Baïkal, Tanganyika et Malawi). Dans les lacs arctiques, on trouve à l'opposé des peuplements monospécifiques : le Char Lake (Canada, 75°N, 95°W) ne contient que de l'omble. D'autres lacs, comme les lacs de montagne ne renferment naturellement aucune espèce car la colonisation n'y a pas été possible, les cascades empêchant les immigrations.

 

L'âge et la taille d'un lac sont donc les deux éléments principaux à prendre en compte pour expliquer sa richesse spécifique.

 

2. Évolution temporelle de la structure spécifique du peuplement ichtyologique

 

Un lac évolue au cours du temps ainsi que son peuplement piscicole. L'évolution naturelle se produit à des échelles de temps très longues. L'échelle naturelle la plus petite est celle des lacs formés lors de la dernière glaciation qui datent de moins de 30 000 ans. Par contre, les effets anthropiques provoquent des évolutions rapides à l'échelle de la décennie. Les réservoirs constituent des exemples d'évolution rapide.

 

Dans les lacs subalpins européens, le peuplement piscicole s'est installé après la dernière glaciation. Des espèces d'eau froide ont pu se maintenir dans ces lacs en profitant de l'existence d'une couche d'eau froide permanente en dessous de la thermocline. Il s'agit de Salmonidés qui furent sans doute les premiers poissons à coloniser les lacs libérés par la fonte des neiges. Les deux principaux genres sont les ombles (Salvelinus) et les corégones (Coregonus).

 

À l'origine, toutes les espèces étaient probablement migratrices comme le saumon aujourd'hui. Dans les régions boréales, on trouve encore des espèces d'ombles et de corégones qui migrent en mer pour effectuer leur croissance et remontent en rivière pour frayer. Les lacs subalpins ont constitué des refuges et une spéciation a pu alors s'effectuer, en particulier chez les corégones. Ils étaient peuplés de deux à quatre espèces de poissons qui disposaient de différents biotopes à l'intérieur d'un même lac. La thermocline a sans doute constitué une barrière sélective. On trouve ainsi des corégones benthiques souvent petits, avec un régime alimentaire orienté vers la faune du fond et des corégones pélagiques plus gros, planctonophages. Les premiers se reproduisent en hiver ou en été suivant les espèces alors que les seconds ne se reproduisent qu'en hiver. La température de la zone benthique de ces lacs n'atteint jamais un seuil limite pour la reproduction des poissons les peuplant alors que les poissons pélagiques ne trouvent des eaux froides propices à leur reproduction qu'en hiver. Ainsi trouvait-on au début du siècle différentes espèces de corégones dans les lacs subalpins.

 

La disparition de certains corégones benthiques au début du siècle a été attribuée à une trop forte pression de pêche, mais des travaux plus récents ont montré que certaines disparitions ou diminutions sont à attribuer à la modification de l'état trophique des lacs plus qu'à la surexploitation directe. Quand un lac est eutrophisé, le taux d'oxygène dans les eaux profondes baisse par consommation de l'oxygène lors de la dégradation de la matière organique produite en excès. De plus, une sédimentation accrue conduit au colmatage des fonds sableux ou graveleux constituant les frayères des ombles et des corégones dont les œufs restent en incubation pendant 6 à 8 semaines. La survie des embryons est compromise et le recrutement n'est plus suffisant pour assurer le maintien d'une population soumise, par ailleurs, à une forte pression de pêche. Les individus qui survivent trouvent alors un stock de nourriture d'autant plus grand qu'ils sont peu nombreux à la partager. La croissance individuelle est alors importante. Si la réglementation de la pêche n'est pas changée, la taille minimale de capture ne permet plus une espérance de vie du poisson suffisante pour une bonne reproduction.

 

On a observé ce phénomène dans le lac Léman entre 1950 et 1980. La teneur en phosphates est passée de 15 mg/l à près de 90 mg/l. La production planctonique disponible comme nourriture a augmenté dans des proportions semblables et les corégones ont grandi plus vite. En 1950, un corégone atteignait 35 cm de long et sa maturité au cours de sa 4ème année de vie au moins alors qu'en 1980 il fait cette taille à la fin de sa deuxième année et est mature l'année suivante. Il s'ensuit rapidement un déséquilibre avec diminution voire disparition de la population de corégones. Parallèlement, les espèces d'eau plus chaude peuvent se développer. Les espèces qui se reproduisent quand la température dépasse 10°C comme la perche ou 19-20°C comme beaucoup de Cyprinidés, sont moins tributaires de la qualité de l'eau pour l'incubation de leurs œufs qui dure moins d'une semaine. Les lacs eutrophes ont donc un peuplement piscicole dominé par ces espèces, qui seront alors défavorisées si le lac redevient mésotrophe quand les mesures de protection de la qualité des eaux sont prises en limitant les apports nutritifs aux lacs.

 

Dans certains cas, les espèces ajustent leur cycle biologique aux nouvelles conditions du milieu. Dans le lac de Walenstadt, en Suisse, un corégone benthique se reproduisait en été. Actuellement, I'eutrophisation l'oblige à vivre moins profondément dans le lac et, dans ces conditions, il ne trouve plus de conditions thermiques favorables à la reproduction estivale (Ruhlé 1988). Sa période de frai s'est progressivement décalée vers l'automne. La souplesse évolutive des corégones a permis cet ajustement mais cet exemple ne doit pas être généralisé. Le plus souvent, la structure du peuplement est fortement modifiée par l'eutrophisation. Des espèces peuvent disparaître, comme les corégones et l'omble, d'autres prolifèrent.

 

Dans les réservoirs, cette évolution est encore beaucoup plus rapide et spectaculaire. Le fait de barrer un cours d'eau modifie fortement le milieu. Les espèces d'eau courante disparaissent très rapidement. La mise en eau de surfaces terrestres apporte une grande quantité d'éléments nutritifs qui facilite d'autant plus le développement des espèces bien adaptées aux eaux dormantes que sont la plupart des Cyprinidés.

 

Le point de rupture du cycle biologique des espèces d'eau courante est presque toujours la reproduction. Les espèces rhéophiles déposent leurs œufs dans les sédiments, sables et graviers alors que les autres espèces pondent sur des substrats comme les herbes ou font des nids qu'elles protègent. La faible exigence de certaines espèces est un atout majeur dans ces conditions. Le gardon est un bon exemple de ces espèces ubiquistes parce que capables de se satisfaire de substrats variés pour la ponte alors que le brochet ne se reproduit que dans des conditions précises. Le gardon peut déposer ses œufs aussi bien sur des cailloux, des herbes, des racines, ou même sur des débris de plastique, alors que le brochet ne développera de comportement reproducteur que s'il rencontre une zone d'herbiers propices.

 

Un peuplement piscicole est ainsi la résultante des exigences écologiques de chaque espèce qui le compose plutôt que l'intégration de populations constituant une entité fonctionnelle dans l'écosystème. Ceci est valable pour les lacs tempérés, on ne peut pas dire la même chose pour les lacs tropicaux dans lesquels la spéciation a permis une diversification importante et un fonctionnement certainement plus intégré. Les exigences alimentaires très peu marquées chez la plupart des espèces des milieux tempérés permettent facilement des ajustements des peuplements. La truite de lac a un régime alimentaire ichtyophage de préférence. Les jeunes perches constituent la proie préférentielle quand elle est présente, mais à défaut, la truite s'attaque aux jeunes Cyprinidés. En l'absence de poissons, la truite s'alimente sur le compartiment zooplanctonique du lac, et cette nourriture crustacéenne, (riche en caroténoïdes), colore sa chair en rose.

 

3. Aménagements des peuplements par l'homme

 

La faible richesse spécifique des peuplements piscicoles lacustres des régions tempérées incite l'homme à des introductions d'espèces pour augmenter la productivité du milieu en poisson. La plupart des modifications ont commencé à la fin du XIXe siècle avec le développement de la pisciculture et la maîtrise de la reproduction artificielle des Salmonidés. Auparavant on ne connaissait pas beaucoup d'exemples de propagation d'espèces exceptée celle de la carpe qui a été réalisée dès l'époque romaine. En effet, on ne pouvait alors que transporter des poissons et non des œufs. Seules des espèces robustes comme la carpe, la tanche par exemple pouvaient faire l'objet de transports importants. Mais dès que l'on a pu transporter des œufs, de grands projets d'introduction d'espèces ont été élaborés. En réalité, il n'y a pas de miracle à attendre d'une introduction mais pas de catastrophe non plus. Quand une chaîne trophique est incomplète, il est logique de penser qu'en la complétant on peut espérer augmenter la production du compartiment ichtyologique sans changer profondément la structure du peuplement présent.

 

II. STRUCTURE SPATIO-TEMPORELLE DES PEUPLEMENTS PISCIAIRES

 

La structure thermique d'un lac évolue chaque année suivant le même schéma. Le gradient thermique vertical se met en place progressivement à partir du printemps, se déstabilise à l'automne et disparaît en hiver pour un lac monomictique. Les poissons ont des préférenda thermiques différents suivant les espèces et l'âge qui conduisent les individus à se positionner dans des zones précises au cours d'une année.

 

1. Occupation de l'espace dans un grand lac au cours d'une année

 

Pour simplifier, nous considérerons un peuplement lacustre réduit à six espèces : omble chevalier, corégone, perche, gardon, tanche et lotte. Ces espèces ont des exigences écologiques contrastées.

 

En hiver, la masse d'eau est froide et homogène. Le métabolisme des poissons est très réduit excepté pour les ombles et les corégones poissons d'eau froide qui se reproduisent en décembre : les premiers sur des graviers profonds (40-80 m), les seconds sur des fonds sableux littoraux. Les gardons adultes occupent, en bancs serrés, une zone profonde entre -30 et -50 m, mais se tiennent à proximité du fond. Les jeunes gardons de l'année s'abritent par contre en zone littorale en bancs très importants. Ce comportement est sans doute lié à la prédation. Les perches se tiennent encore plus profondément sur des fonds allant jusqu'à 80 m. Les jeunes perches occupent les mêmes zones et sont l'objet de la prédation par les lottes. En l'absence d'alevins de perches, les lottes remontent dans la zone littorale à la recherche des œufs de corégones ou descendent plus profond sur les frayères à omble (fig. 2). L'occupation de l'espace peut en effet varier en fonction des ressources alimentaires qui ne sont pas toujours les mêmes d'une année à l'autre.

figure2_structure-spatiale-peuplement-450.jpg

 Figure 2 : schémas de la structure spatiale au cours des saisons d'un peuplement piscicole fictif de six espèces adultes en lac profond (d'après Gerdeaux, 1995)


Au printemps, le zooplancton est encore assez rare et les corégones se nourrissent en partie sur le benthos en bordure du mont et les ombles plus profondément. La lotte qui se reproduit en mars, recherche des fonds propices vers 60 à 100 m. La perche se rapproche du littoral pour frayer en mai. Le gardon reste pélagique et s'approche de la couche épilimnique qui se réchauffe légèrement. La tanche reste en zone littorale après son hibernation dans des zones marécageuses à hélophytes.

 

Figure3_echosondage-Leman-450.jpg

Figure 3 : échosondage de poissons au lac Léman en septembre, montrant la stratification verticale des poissons. Les petits gardons se tiennent à proximité de la surface, les perches en dessous (vers 15 m), les gros gardons sont à la limite de la thermocline (vers 30 m). Une capture au chalut a permis de vérifier ces identifications. Les échos proches du fond sont probablement ceux d'ombles chevaliers.

 

En été, la thermocline compartimente verticalement le milieu, mais ne constitue pas une barrière (fig. 3). Les ombles et surtout les corégones la franchissent parfois au cours d'un nycthémère. Les ombles restent toujours à proximité du littoral alors que les corégones se tiennent dans la partie pélagique ainsi que les gardons après leur reproduction, en juin, le long des berges. La perche adulte reste sur le mont au-dessus de la thermocline alors que les alevins après un mois passé au littoral gagnent la pleine eau. La lotte est toujours sur le fond entre 20 et 60 m et la tanche qui a une reproduction fractionnée reste tout l'été dans les zones littorales leur reproduction, en juin, le long des berges. La perche adulte reste sur le mont au-dessus de la thermocline alors que les alevins après un mois passé au littoral gagnent la pleine eau. La lotte est toujours sur le fond entre 20 et 60 m et la tanche qui a une reproduction fractionnée reste tout l'été dans les zones littorales enherbées.

 

À l'automne, quand la thermocline commence à se déstabiliser, on retrouve une situation proche de celle observée au printemps, mais le zooplancton est suffisamment abondant pour que le corégone et le gardon restent plus au large qu'au printemps.

 

2. Importance de la répartition spatiale dans les relations inter- et intraspécifiques

 

Le positionnement des différentes espèces dans la masse d'eau en fonction principalement de la structure thermique diminue les relations entre les différents composants du peuplement piscicole. Les gardons et corégones sont planctonophages en été. Ils partagent ainsi les mêmes ressources trophiques durant une période qui va de mai à octobre (proies principales ingérées : Daphnia sp., Leptodora kindtii et Bytotrephes longimanus. Les recouvrements de leur niche alimentaire durant cette période atteignent des valeurs maximales mais les proies consommées sont alors abondamment représentées dans le milieu. De plus, sans doute en relation avec l'occupation de l'espace, il existe un décalage dans le passage d'un type de proie principale à l'autre au cours de l'été. Les corégones consomment Leptodora kindtii et Bytotrephes longimanus beaucoup plus tôt, beaucoup plus longtemps et en quantité plus importante que les gardons (Ponton & Gerdeaux 1988). Il n'y a pas ainsi de compétition alimentaire importante entre ces deux espèces. Dans la pêche professionnelle orientée sur les corégones, les deux espèces sont capturées simultanément deux mois en moyenne dans l'année.

 

En outre, pour une même espèce, on constate souvent que l'occupation de l'espace n'est pas la même pour chaque phase du développement. Les jeunes poissons occupent plutôt les couches superficielles alors que les adultes recherchent les eaux plus froides. Ceci est très net quand l'été est chaud et que le gradient thermique est fort dans l'épilimnion. Dans ce cas, les relations de prédation inter- et intraspécifiques sont réduites. Ce n'est plus le cas à l'automne et en hiver mais, à cette époque, les jeunes constituent des proies plus mobiles qui ont une meilleure chance de survie.

 

III. CONCLUSION

 

Parler de peuplement piscicole est une solution de facilité pour «compartimenter» I'écosystème mais ne recouvre pas une entité fonctionnelle réelle en ce qui concerne les peuplements des lacs tempérés du moins. Ces peuplements ont une richesse spécifique généralement très faible ; de ce fait, il existe sans doute moins de relations entre les composantes du peuplement piscicole qu'entre le reste de l'écosystème. La structure spécifique actuelle est souvent le fruit d'acclimatations plus ou moins réussies. La dynamique de chaque population est beaucoup plus influencée par les paramètres du milieu extérieurs au compartiment pisciaire que par des relations intraspécifiques des composantes du peuplement.

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29/01/2013

Les poissons et la qualité des cours d'eau

Brochet.jpgLes poissons et la qualité des cours d'eau douce

 

par André Guyard

Professeur honoraire d'Hydrobiologie et d'Hydroécologie de l'Université de Franche-Comté

 

 

INTRODUCTION


Dans les conditions naturelles, les caractéristiques écologiques et biologiques d'un écosystème co-évoluent dans l'espace et dans le temps. Tout système aquatique possède une structure dont les modifications s'inscrivent dans une évolution qui n'est guère perceptible à l'échelle d'une vie humaine. C'est ainsi que l'étude des cours d'eau a permis de mettre en évidence une structure longitudinale d'amont en aval. En ce qui concerne les systèmes d'eau courante d'Europe, les conceptions d'Huet puis d'Illies ont été affinées par la mise en évidence par Verneaux d'une succession de dix groupements socio-écologiques d'espèces ou biocénotypes dont sept comportent des Poissons, les premiers groupements en amont (zone non piscicole d'Huet) correspondant au crénon d'Illies (fig. 1).

Poissons_Amplitude_typologique-450.jpg

Chaque espèce est caractérisée par son preferendum, son degré d'euryécie et sa polluosensibilité (Tableaux 1 et 2). Ainsi, les espèces sténoèces seront caractéristiques d'un niveau typologique particulier, d'autres plus euryèces présenteront une amplitude écologique chevauchant plusieurs biocénotypes avec un preferendum pour l'un d'eux.


Tableau 1 : Répertoire des espèces et caractères écologiques généraux

Répertoire-des-espèces.jpg

 

Tableau 2 : Typologie potentielle des peuplements ichtyologiques des cours d'eau

Tableau-2-typologie-peuplements-poissons-450.jpg
(1) : les indications d'abondance sont relatives à chaque espèce ; cette abondance spécifique est fonction du coefficient intrinsèque d'accroissement des populations ou capacité d'expansion d'une espèce dans des conditions écologiques optimales (r).
(*) zones estuariennes exclues
(a) : indication socio-écologiques : espèces d'ordre, d'alliance ou de sous-alliance
(4,5) : indices de sensibilité générale à la dégradation du milieu.

 
Les Poissons sont des consommateurs primaires ou secondaires qui constituent le niveau supérieur de l'édifice trophique des eaux douces. L'étude du peuplement ichtyologique permet d'avoir une vision synthétique du réseau trophique puisque les poissons, ultime étape de la chaîne alimentaire, intègrent le bilan des relations trophiques du milieu aquatique.


I. LE PEUPLEMENT ICHTYOLOGIQUE INTÉGRATEUR DU NIVEAU TYPOLOGIQUE


Les peuplements ichtyologiques présentent une variété spécifique et une abondance qui sont fonction de la qualité des milieux aquatiques. Des systèmes oligotrophes seront pauvres en poissons. Il en est de même des systèmes dégradés ou pollués mais pour d'autres raisons : homogénéisation de l'habitat par redressement de cours d'eau, disparition de ressources par pollution, effluents néfastes ou toxiques… En revanche, un milieu dont les caractéristiques sont favorables : mosaïque d'habitats variée, apports trophiques divers, peut héberger un peuplement abondant en individus et riche en espèces.


Cependant les poissons, organismes les plus complexes du point de vue morphologique et physiologique  de la faune strictement aquatique, sont susceptibles de résister à des conditions écologiques défavorables. Certaines espèces comme le Gardon, le Chevesne ou la Truite sont capables de survie prolongée dans des eaux fortement contaminées par une charge organique si d'autres facteurs comme la température, l'écoulement de l'eau, l'oxygène dissous permettent aux individus d'exercer des réactions compensatoires au sein de leur spectres écologiques.


De sorte qu'il est nécessaire de considérer non pas le comportement de quelques individus ni même celui d'une espèce mais le peuplement ichtyologique dans son ensemble si l'on veut mettre en évidence les relations qui existent entre le type écologique du site considéré et son peuplement électif.
Ainsi, le peuplement ichtyologique représente une expression synthétique non particulièrement sensible mais évidente de l'état de santé d'un système d'eau courante. En particulier, la richesse spécifique d'un peuplement constitue une indication essentielle pour permettre d'apprécier la qualité d'un site relativement à son type écologique. Pratiquement, il convient d'établir dans quelle mesure un peuplement donné correspond ou diffère au peuplement qui devrait normalement coloniser le site considéré.


II. QUALITÉ BIOGÈNE D'UN MILIEU ET PEUPLEMENT ICHTYOLOGIQUE


Un site apte au maintien d'un peuplement doit présenter dans toutes ses composantes morphologiques (lit, berges), physico-chimiques (qualités de l'eau et du substrat) et dynamiques (courant), des caractéristiques permettant de satisfaire aux exigences de nutrition, de reproduction, d'abri et de circulation des espèces du peuplement. Ces aptitudes s'exercent à une échelle en rapport avec la taille des organismes : de quelques mm pour les petits invertébrés à plus de 1000 km pour les poissons migrateurs.


Ainsi les caractéristiques essentielles d'un site aquatique reposent sur les deux composantes majeures : le substrat et la masse d'eau, éléments susceptibles d'être fortement dégradés par les activités humaines, soit par pollution de l'eau et des sédiments, soit par modification de l'habitat (redressements, recalibrages, barrages, navigation), etc.…).


Les divers paramètres qui conditionnent le développement des organismes aquatiques peuvent être réunis dans trois groupes de composantes : thermiques, morpho-dynamiques et trophiques. Une catégorie supplémentaire est constituée par les composés toxiques ou inhibiteurs qui perturbent les processus biochimiques de transformation de la matière (rejets industriels, détergents et pesticides).


III. INFLUENCE DE LA DÉGRADATION DU SITE SUR LE PEUPLEMENT ICHTYOLOGIQUE


La dégradation du milieu se traduit au niveau des organismes consommateurs par des modifications (proportions relatives des espèces) puis des simplifications (disparitions successives d'espèces) du peuplement initial.


Cependant, les espèces réagiront différemment à la dégradation selon leur position typologique et leur gamme de tolérance.


Trois principes fondamentaux gouvernent la réaction des organismes à la dégradation du milieu :


- correspondance entre tolérance et position typologique des espèces. Une espèce est d'autant plus tolérante que son préférendum typologique est distal (proche de B9) et que son amplitude typologique est forte.

- compensations inter paramétriques. Des phénomènes de compensation s'exercent au sein de complexes de facteurs dont la dynamique conduit à définir la loi de tolérance de Shelford : lorsqu'une espèce est située dans son preferendum écologique, elle est capable de résister à des changements défavorables d'un ou de quelques paramètres. Réciproquement, lorsque la même espèce vit dans un milieu dont de nombreux paramètres sont à la limite de tolérance, elle est susceptible de disparaître à l'occasion d'une dégradation relativement faible. Ainsi une espèce se comporte comme euryèce au centre de son preferendum et sténoèce à la périphérie de son aire de répartition.


- sensibilités inégales des espèces au sein d'un même groupement écologique. Les espèces d'un même biocénotype peuvent montrer des polluosensibilités différentes dues aux modalités de la fraye, aux types de pontes, à l'habitat, aux exigences trophiques…, les plus sensibles étant celles qui disparaissent les premières en cas de dégradation du milieu.


IV. DÉTERMINATION DES NIVEAUX TYPOLOGIQUES THÉORIQUES À PARTIR DES DONNÉES MÉSOLOGIQUES


Les études de Verneaux permettent de déterminer à partir de données mésologiques le niveau typologique théorique auquel correspondent ces données. Les données les plus importantes étant la pente et la largeur du lit (règle des pentes d'Huet), le débit et la température.


Après exclusion des paramètres associés aux stations polluées et après réductions de paramètres redondants, Verneaux a conservé trois facteurs synthétiques expliquant 50 % de la variance d'un système d'eau courante.


Il s'agit :


- d'un facteur thermique : la température maximale moyenne en °C du mois le plus chaud

Facteur thermique.jpg


- d'un facteur géotrophique intégrant le phénomène général de succession :

facteur géotrophique.jpg

produit de la distance aux sources d0 en kilomètres par la dureté totale D en mg/l ;


- d'un coefficient de similitude hydraulique, résultante de trois composantes morphodynamiques, présentant une signification typologique plus nette que le débit, afin que la température se confirme comme étant le facteur essentiel de la succession typologique.

Ce coefficient est :

similitude hydraulique.jpg

rapport de la section mouillée Sm à l'étiage en m2 au produit de la pente P en ‰ par le carré de la largeur l du lit en m2.


Les variations des trois facteurs synthétiques sont exprimées par les équations suivantes qui correspondent aux régressions (une fonction linéaire et deux fonctions exponentielles) :Equations.jpg

Ces données permettent de déterminer le type écologique théorique T ou potentiel typologique :

type écologique.jpgdans lequel chaque facteur est affecté d'un coefficient d'intervention correspondant au pourcentage de sa contribution relative au plan F1F2 d'une analyse factorielle des correspondances.


V. REPÉRAGE DES APPARTENANCES TYPOLOGIQUES À PARTIR DES PEUPLEMENTS ICHTYOLOGIQUES


Réciproquement, le principe d'analogie permet de déterminer à quel niveau typologique appartient un peuplement ichtyologique.


La structure longitudinale d'un cours d'eau peut être figurée par un axe le long duquel se répartissent les groupements socio-écologiques. Un organigramme (figure 2) dû à Verneaux permet de déterminer pratiquement l'appartenance d'un peuplement ichtyologique à un niveau typologique en fonction du classement socio-écologique des espèces et de leur richesse spécifique.

Poissons_groupements_socioecologiques-450.jpg


CONCLUSION


Une discordance entre les appartenances typologiques théoriques (formule) et ichtyologique (organigramme) peut être imputable à différentes conditions perturbant les peuplements aquatiques électifs du niveau typologique considéré :


- conditions historiques : biogéographie, paléogéologiques ;
- conditions écologiques : géomorphologie, climat, température ;
- conditions mésologiques anormales : pollution, altération des habitats.


Ainsi, la confrontation des appartenances typologiques théorique (potentielle) et ichtyologique (actuelle) constitue une base utile pour la pratique d'une économie rationnelle des ressources aquatiques, en particulier pour la définition d'objectifs et de critères de qualité des eaux courantes et pour l'aménagement piscicole des cours d'eaux.

 

Sources :

Guyard A. (1997). - Cours d'hydrobiologie DESS Eaux continentales, pollution et aménagement, Université de Franche-Comté.

 

Verneaux J. et al (1973-1997). - Différentes publications du laboratoire d'Hydrobiologie et d'Hydroécologie de l'Université de Franche-Comté.

03/09/2012

Truites de la Loue : tableau de Courbet

Truites de la Loue :

tableau de Courbet

 

Courrier des lecteurs publié récemment dans l'Est républicain et diffusé sur twitter par le blogueur Bisonteint. Le voici : http://twitpic.com/aoud8l

Nicolas-Jachet.jpg

Courbet2012_truites-mortes.jpg

20/07/2012

L’Université de Franche-Comté et la fédération de pêche du Doubs au chevet de la Loue

L’Université de Franche-Comté

et la fédération de pêche du Doubs

au chevet de la Loue

(18/07/2012)

 

 

Classée comme l'une des plus belles rivières d'Europe pour la pêche à la mouche, la Loue se fraie dans le massif du Jura une reculée creusant d'abruptes falaises calcaires, au pied desquelles moucheurs locaux et touristes aiment venir titiller la truite et l'ombre.


"La vallée a connu un tourisme de masse lié à la pêche à la mouche, avec des personnes qui avaient les moyens et venaient de toute l'Europe. Mais depuis le début des années 2000, les pêcheurs fuient cette rivière dans un état lamentable, où ils voient les poissons mourir", constate Alexandre Cheval, garde-pêche dans la Vallée de la Loue. "Aujourd'hui, ils préfèrent aller en Slovénie ou en Roumanie sur des cours d'eau comparables à la Loue il y a 30 ans", ajoute-t-il. Le nombre des cartes de pêche enregistrées par la fédération sur le secteur de la Loue est passé de 2000 il y a dix ans à près 400 l'année dernière.

 

Mais depuis 1973 "la population piscicole a diminué de 70 à 80% sur certains secteurs de la Loue" qui s'écoule d'Ouhans dans le Doubs à Parcey dans le Jura, affirme Thomas Groubatch, chargé de mission à la Fédération de pêche du Doubs. Néanmoins, il pense qu'il "reste quelques secteurs refuges, mais ils sont rares. Il faut agir vite pendant que ces zones existent encore".


Des polluants d'origines diverses (population humaine, agriculture ou industrie), ainsi que l'aménagement des rivières (seuils et barrages) sont notamment mis en cause.

 

"Ce n'est pas une pollution ponctuelle, mais chronique. La rivière se dégrade de plus en plus et les milieux naturels ont de plus en plus de mal à supporter la pollution. La situation est plus qu'alarmante", s'inquiète Alexandre Cheval, qui redoute qu'un "point de non-retour" ait été atteint.

 

Pour lutter contre cette pollution, les services de l'État ont engagé une série d'actions comme le renforcement des règles d'épandage du lisier, l'installation de passes à poissons ou un effort de sensibilisation des industriels.


La Loue va être auscultée sous toutes les coutures. Les chercheurs du Laboratoire de Chrono-environnement viennent de commencer leurs travaux. Annoncée depuis au moins un an, cette vaste étude prévue sur cinq ans a enfin commencé dernièrement. D'après François Degiorgi, l’un des coordinateurs de cette étude, “Il s’agit d’un travail pluridisciplinaire qui porte aussi bien sur le bassin versant que sur la rivière. L’objectif est de localiser les causes du mauvais état de la Loue puis de chercher à les relier à une spacialisation des effets dans la rivière”.

 

Pendant une première phase de trois ans, une quinzaine de chercheurs va travailler sur le terrain pour cette étude. Une équipe pluridisciplinaire formée de chimistes, biologistes, géologues, pédologues. La plupart d’entre eux sont rattachés au laboratoire de chrono-environnement mais le laboratoire de géographie Théma, le Muséum d’Histoire naturelle de Besançon, l’Université de Neuchâtel, le laboratoire d’analyses de Poligny prêteront également main-forte à l’équipe.

 

Déjà des universitaires ont  prélevé des larves et des insectes adultes au bord de la Loue pour pouvoir évaluer la qualité du milieu de façon beaucoup plus précise que les indicateurs utilisés habituellement pour classer les rivières.

 

Autre partenaire de taille, la Fédération de Pêche du Doubs. Dès lundi, une soixantaine de pêcheurs est mobilisée chaque jour de la  semaine pour réaliser des pêches électriques afin d’effectuer de nouveaux inventaires piscicoles sur au moins huit stations de la Loue. Toutes les associations de pêche de la vallée, les fédérations de pêche des départements de Bourgogne et de Franche-Comté, le département de l’Ain ainsi que des bénévoles sont mobilisés la semaine prochaine.

 

Tout les amoureux de la Loue ont encore en tête les images des relevés piscicoles effectués, eux aussi à grand renfort de moyens et de médias par l’Onema en 2010. Alors, pourquoi recommencer et ne vaudrait-il pas commencer à agir concrètement pour diminuer les sources de pollution ?


« Pour que les politiques se bougent encore plus, il faut des preuves sur les origines de la pollution, explique Alexandre Cheval, garde pêche de la fédération du Doubs, cette étude va permettre d’affiner le tir, il nous faut des connaissances les plus fines possibles pour réajuster le tir. En 2010, l’Onema n’avait travaillé que sur quatre stations ».


Les politiques se sont déjà bougés en finançant cette étude qui coûte 360 000 euros pour la première phase. Environ 80% de  cette somme est prise en charge par l’Agence de l’Eau, le conseil général du Doubs et le conseil régional de Franche-Comté ; le reste étant financé par l’Université de Franche-Comté.

 

De nombreuses études ont été réalisées ces vingt dernières années, pas forcément coordonnées. Tout l’enjeu de ce travail va être de savoir capitaliser les résultats déjà publiés et surtout d’identifier beaucoup plus précisément l’impact des activités humaines sur le bassin versant de la Loue. En 2015, la directive européenne sur l’eau devra être renouvelée. Les premiers résultats  de cette étude sur la Loue pourraient bien être examinés de près.  De ses malheurs, la Loue pourrait ainsi en tirer un petit bénéfice. La rivière, connue dans toute l’Europe par les pêcheurs à la mouche, pourrait se faire aussi une réputation auprès des milieux scientifiques en étant devenue un véritable laboratoire à ciel ouvert.

 

En Franche-Comté, le Doubs franco-suisse, dont la Loue est à la fois un affluent et une résurgence, le Dessoubre et le Cusancin sont confrontés à un même problème de pollution et de mortalité piscicole.

 

Isabelle Brunarius

(France 3 Franche-Comté)

Source :

Blog.france3.fr/vallee-de-la-loue

 

Voir également dans ce même blog :

 

- Ces Saprolegnia qui parasitent les poissons

- La santé du Doubs mise à prix

- La Loue en avril 2011

- Mortalité des poissons dans le Doubs

- l'alerte lancée par Pascal P.

- Menaces sur le Doubs franco-suisse

- Proliférations algales dans la Haute vallée du Doubs

- Prolifération de Cyanobactéries dans la Loue

- Pathologie des poissons d'eau douce

 

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04/06/2012

Ces Saprolegnia qui parasitent les poissons du Jura

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Les Saprolegnia qui parasitent les poissons des rivières du Jura français et du Jura suisse sont des organismes appartenant à l'ordre des Oomycètes (Voir l'article "Une unique souche de Saprolegnia parasitica parasite les poissons du Jura" dans ce même blog). Les oomycètes (Oomycota ou Oomycetes) représentent un phylum de protistes[1] filamenteux comprenant environ 500 espèces. Ce sont des organismes aquatiques non photosynthétiques qui ressemblent aux champignons mais les analyses phylogénétiques ont montré que les oomycètes sont éloignés des champignons[2].


Les Oomycètes


Les oomycètes sont communs dans l'eau, sur les déchets organiques et les cadavres des petits animaux. Certaines espèces vivent dans le sol en saprophytes sur les débris organiques. Plusieurs espèces sont des pathogènes majeurs de plantes, certaines espèces parasitent des animaux. La plupart des espèces de Saprolegnia sont des organismes saprophytes mais certaines espèces parasitent les poissons. Le genre Pythium comprend de nombreuses espèces parasites de plantes et quelques autres parasites d'animaux. Le genre Phytophtora est également responsable de maladies chez les végétaux sauvages et cultivés. Plasmopora viticola est l'agent du mildiou de la vigne.

 

Les oomycètes étaient autrefois classés dans les Mastigomycotina (maintenant Chytridiomycota, depuis la séparation des Mastigomycota), parmi les Mycota, avec lesquels ils partagent un certain nombre de caractères (cellules filamenteuses : hyphes, absence de chlorophylle, nutrition sur de la matière organique, ...). Mais ils présentent également de profondes divergences avec les mycètes (paroi cellulosique, noyaux diploïdes). Ils sont maintenant classés parmi les Straménopiles du fait de la présence de zoospores à deux flagelles poilus et de l'utilisation de laminarine comme substance de réserve.

 

Les Straménopiles

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Les Straménopiles [3] appartiennent à un vaste clade parmi les algues actuellement inclus dans la gamme Chromalveolata. Ils sont composés d'organismes dont la taille varie entre celles des diatomées unicellulaires et les algues géantes multicellulaires.

 

La définition et l'organisation des Straménopiles sont encore litigieuses. Au cours de leur cycle biologique, ils possèdent des éléments unicellulaires munis de deux flagelles. Ces zoospores biflagellées ou conidies sont caractéristiques de la multiplication végétative (asexuée). Les deux flagelles sont de longueur différente, l'un à l'avant de la cellule, et un autre attaché plus en arrière. Le flagelle antérieur se divise en trois branches minuscules (appelées mastigonèmes) qui courent latéralement le long de la cellule. Ce flagelle crée un courant d'eau qui se déplace vers l'avant de la cellule et apporte de la nourriture à la cellule. Le second flagelle inséré plus en arrière est lisse et décrit un mouvement de fouet. (En raison de ces flagelles, le groupe a été appelé les Hétérocontes = flagelles différents).

 

La plupart des Straménopiles possèdent des chloroplastes qui sont entourés de quatre membranes. Cette situation serait le résultat d'une endosymbiose secondaire, et plus précisément d'une ingestion d'une Rhodophyte unicellulaire par un autre Eucaryote. Les chloroplastes contiennent de la chlorophylle a et de la chlorophylle c et le plus souvent un pigment accessoire : la  fucoxanthine qui leur donne une couleur brun doré ou brun-vert (d'où leur ancien nom Chrysophyta ou algues brun doré.) Cette sorte d'inclusion leur vaut un autre nom : les Chromistes. Certains Straménopiles sont incolores (groupes Opalinata à Commation). Cette particularité s'explique de la façon suivante : soit, ils sont dérivés du groupe avant l'absorption des chloroplastes, soit,  ils ont perdu leurs chloroplastes plus tardivement.

 

Tous sont munis de mitochondries et se reproduisent par mitose.

 

Les Saprolegnia

 

Le genre Saprolegnia comprend des micro-organismes communs dans l'eau, sur les déchets organiques et les cadavres de petits animaux. La plupart des espèces sont des organismes saprophytes, mais certaines espèces sont pathogènes ou parasites :

 

  • provoquant des mycoses chez l'homme
  • ou des maladies chez l'animal :
    • taches blanches sur la peau et les branchies des poissons d'eau douces,
    • pourrissement des pontes d'écrevisses.
 
Chez les Saprolegnia, l'appareil végétatif abondant et ramifié forme comme une espèce de feutrage blanc. Il est de structure cénocytique. La membrane est cellulosique.
 

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Truites parasitées par Saprolegnia parasitica

(Clichés collectif LRC)

 
 

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(clichés DR)

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(clichés DR)

 

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La multiplication végétative s'effectue au moyen de zoosporanges situés à l'extrémité d'un filament du siphon dont ils s'isolent par formation d'une cloison transversale cellulosique. Par une déchirure du sommet s'échappent des zoospores de première génération, piriformes munies de deux flagelles antérieurs , qui nagent rapidement puis se fixent et s'entourent d'une membrane cellulosique. Après un certain temps, cette membrane se déchire et une nouvelle zoospore sort, rénifome, cette fois, et possédant deux flagelles latéraux (zoospore de seconde génération, qui se fixera et donnera naissance au mycélium.

 

La reproduction sexuée est une hétérogamétangie. L'oogone se forme généralement à l'extrémité d'un filament qui se renfle et s'isole par une membrane. L'oogone est plurinucléée et le protoplasme se sépare en plusieurs masses qui s'arrondissent pour donner les oosphères d'abord plurinucléées puis uninucléées par résorption des noyaux surnuméraires.

 

À l'extrémité d'un autre rameau, plus mince et situé souvent juste au-dessous de l'oogone se forme une anthéridie en massue qui s'isole par une cloison. Cette anthéridie est plurinucléée mais il ne se différencie pas d'anthérozoïdes mobiles. L'anthéridie vient s'appliquer contre l'oogone, perfore la membrane de celle-ci, pénètre à l'intérieur et se ramifie entre les oosphères, envoyant un rameau vers chacune d'elles, de sorte que les noyaux mâles peuvent aller féconder les oosphères entre lesquels ils se répartissent. Quant aux noyaux non utilisés, ils se résorbent et disparaissent. L'œuf formé s'entoure d'une épaisse membrane cellulosique et peut rester longtemps sans germer, attendant les conditions favorables. La germination s'effectue avec réduction chromatique. Le cycle est donc haplobiontique.

 

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(cliché DR)




[1] organismes unicellulaires

[2] La classification des Protistes a été récemment bouleversée par les études moléculaires qui ont confirmé de manière catégorique que les algues (précédemment dénommées Hétérocontes ou Chrysophytes) étaient liées à une variété de protistes et non d'algues, tels que les flagellés hétérotrophes bicosoecides et les oomycètes fongiques (Leipe et al, 1994). Le groupe a été officieusement baptisé ainsi par Patterson (1989) et a été fondé à l'époque sur des preuves cytologiques. Les flagelles pileux qui définissent ce groupe sont un sous-ensemble distinctif de flagelles rencontrés dans les protistes, et se distinguent en ayant une longue tige creuse qui donne lieu à un petit nombre de poils fins, et la structure entière s'insère dans la cellule par une région basale. Ces poils se rencontrent généralement sur les flagelles. Un certain nombre de Straménopiles sont supposés (opalines) ou reconnus (diatomées) d'avoir perdu leurs poils.

[3] Straménopiles signifie "cheveux en paille" qui s'explique par la forme trifurquée du flagelle. Ce nom moderne se substitue aux précédentes appellations : Chrysophytes, Hétérocontes et Chromistes).

02/06/2012

Saprolegnia parasitica : une unique souche parasite les poissons

poissons,maladies,pathologie des poissons,doubs,doubs-franco-suisse,montbéliardUne unique souche de Saprolegnia parasitica parasite les poissons du Jura


par André Guyard

(Dernière mise à jour : novembre 2012)


Une unique souche de Saprolegnia parasitica serait à l'origine de l'attaque des poissons des rivières jurassiennes : c'est la conclusion à laquelle est arrivé un laboratoire suisse.


Mandaté par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), le laboratoire neuchâtelois dirigé par le docteur Lassaâd Belbahri a mis en évidence une seule et même souche d’un agent pathogène, infestant les truites, ombres et loches du Doubs, de la Loue et de la Sorne. Un résultat qu’il faut probablement s’attendre à retrouver du côté de l’Ain et de la Bienne mais aussi de l’Areuse et de la Birse, en Suisse, où, les symptômes qui frappent le Doubs et la Loue depuis 2009 ont été relevés cette année.

 

Cet agent pathogène est un oomycète Saprolegnia parasitica, fréquent dans les piscicultures. Le voici maintenant envahissant nos rivières. Il s'agit d'un agent pathogène opportuniste qui s'attaque aux poissons soumis à des stress et/ou déjà affaiblis par des sources de pollution atteignant nos rivières. Autrefois classé parmi les champignons, les études phylogénétiques placent désormais cet organisme parmi les Straménopiles, un clade particulièrement compliqué rattaché aux Algues (voir l'article sur Saprolegnia dans ce même blog).

 

Une opinion partagée par le collectif SOS Loue et rivières comtoises : « La saprolégniose n’est qu’une cochonnerie de plus, une maladie qui achève des poissons déjà très faibles », avance Jean-Michel Blondeau, un membre fondateur. « Les éclusées (lâchers d’eau des barrages), l’ouverture hors crues des vannes de fond, les stations d’épuration inexistantes ou pas aux normes, les nitrates et phosphates présents dans des algues jamais analysées, voire certains alevinages. Un cocktail explosif. […] Reconnaissons notre responsabilité collective et agissons avant que ne survienne un problème de santé publique. »

 

Le laboratoire neuchâtelois établit que la souche de Saprolegnia a été introduite récemment et se caractérise par sa virulence des souches pathogènes déjà présentes dans les milieux observés. Mais son origine reste inconnue, probablement anthropique : lâchers de poissons d'élevage contaminés, contamination par les bottes d’un pêcheur, la coque d’une embarcation, l'utilisation de vifs contaminés comme appâts, introduction d’espèces exotiques, exploitations aquacoles… D'autres vecteurs de la contamination peuvent être soupçonnés comme les écrevisses américaines.

 

En effet, aux États-Unis, une écrevisse loge un tueur de grenouilles. Il s'agit également d'un champignon qui provoque la  chytridiomycose décimant les amphibienset qui est aussi hébergé par les écrevisses ! C'est ce que révèle Tegan McMahon, de l'université de Floride du Sud. Dans le Colorado et en Louisiane, près de 30 % de ces crustacés sont contaminés par Batrachochytrium dendrobatidis. Des expériences en laboratoire montrent que des spores du pathogène, déposées dans l'eau, se logent dans la paroi intestinale des écrevisses, d'où elles peuvent ensuite contaminer les grenouilles. Ces réservoirs biologiques expliqueraient la virulence et la persistance de l'infection, en partie responsable du déclin des amphibiens.

 

En définitive, on ne peut que recommander pour éviter la propagation de Saprolegnia à d’autres cours d’eau de procéder à la désinfection du matériel ayant été en contact avec les eaux contaminées avec une solution javellisée ou alcoolique.

 

Rappelons que, dès mai 2011, la préfecture du Doubs avait demandé au laboratoire vétérinaire de Poligny (Jura français) d'étudier le problème de la saprolégniose, une maladie qui se manifeste par l’apparition d’un champignon sur le corps du poisson et qui n’occasionne en général qu’une faible mortalité. Les conclusions du labo : « Les poissons présentent des lésions dues à des surinfections externes cutanées par des saprolegnia banales. Aucun autre agent pathogène n’a été trouvé en quantité suffisante ».


Selon le blog animé par Isabelle Brunnarius sur le site de France 3 Franche-Comté, la Bienne est également sévèrement touchée.


23 mars 2012


L’AAPPMA La Biennoise souhaite interdire la pêche sur 24 kilomètres, pour une durée indéterminée, à la suite de la forte mortalité de poissons découverte à la mi-mars dans cette rivière jurassienne. Sur son blog, le pêcheur jurassien précise que « les limites du secteur fermé à la pêche sont pour l’amont, la  confluence du Tacon avec la Bienne à St Claude et pour l’aval, la  confluence du Merdançon et la Bienne à Dortan« . Cette décision intervient alors que les analyses réalisées par l’ONEMA sur les poissons morts ne sont toujours pas connues. Aujourd’hui encore, Charles Varenne, le président de l’AAPPMA, récupère des poissons morts au bord de cette rivière. Et pourtant, selon l’association de pêche, des pêcheurs continuaient de pêcher et de manger leurs prises. La Biennoise veut également sauvegarder les truites encore bien portantes.

 

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La Bienne est également touchée

par cette mortalité pisciaire

 

15 novembre 2012


Daniel Berthet, le président de  la société de pêche de Morez, prépare méticuleusement les truites mortes prélevées la semaine dernière dans la Bienne. Ces prélèvements vont partir ce jeudi dans un laboratoire d’analyse de Valence dans la Drôme. Ces analyses révéleront peut-être le nom du produit toxique à l’origine de la mort d’au moins 300 truites la semaine dernière à Morez. Mais il se peut que plus de poissons soient morts car les fortes pluies de ces jours-là ont augmenté le débit de la Bienne ; des poissons ont pu être entraînés loin rapidement. Avantage de cette météo, la pollution a été diluée.

 

Le président de cette AAPPMA souhaite déposer plainte à la gendarmerie, mais, pour l’instant, les gendarmes n’ont pas voulu prendre sa plainte en expliquant qu’ils attendaient le procès-verbal de la police de l’eau, l’Onema. Mais Daniel Berthet ne s’avoue pas vaincu, il retournera à la gendarmerie pour tenter de déposer plainte. Les enquêtes sur les pollutions aquatiques aboutissent difficilement car il est compliqué de prouver l’origine du déversement.

 

Voir également dans ce même blog sur le même sujet :


 - État sanitaire de la faune halieutique du Dessoubre, de la Loue et du Lison

- La santé du Doubs mise à prix

- La Loue en avril 2011

- Mortalité des poissons dans le Doubs

- l'alerte lancée par Pascal P.

- Menaces sur le Doubs franco-suisse

- Proliférations algales dans la Haute vallée du Doubs

- Prolifération de Cyanobactéries dans la Loue

- Pathologie des poissons d'eau douce

- Ces Saprolegnia qui parasitent les poissons du Jura

08/05/2012

Pollutions de l'eau douce. L'incroyable indulgence

Pollutions de l'eau douce.

L'incroyable indulgence

 

par Hervé Chambonnière (Le Télégramme.com)

 (Compléments et dernière mise à jour : 25/08/2014)

 

Contrairement aux « voyous des mers », les pollueurs d'eau douce bénéficient d'une incroyable indulgence des autorités. Du contrôle à la sanction, enquête sur une quasi-impunité. Même si la Bretagne apparaît comme la plus sévère... des régions laxistes!

 

Il y a le fléau des algues vertes. Il y a aussi les menaces de sévères sanctions européennes pour nos eaux « de qualité médiocre ». Il y a, enfin, un coût toujours plus élevé pour rendre l'eau potable. Mais rien n'y fait. Les pollueurs, à la source de ces problèmes, ne sont pas véritablement inquiétés. La répression est tout simplement jugée « insignifiante », par le Conseil d'État. Elle affiche toujours, malgré « quelques progrès », « une défaillance à peu près totale », selon la Cour des comptes. Contrôles insuffisants, beaucoup d'infractions mais peu de poursuites, sanctions peu dissuasives, peu nombreuses et bénignes... À toutes les étapes de la chaîne répressive, les deux hautes juridictions ont relevé, en 2010, une accablante série d'incohérences. En voici l'inventaire.

 

Des contrôles insuffisants

 

Même s'ils sont en augmentation, ceux-ci sont « notoirement insuffisants », tranchait, en juin 2010, le Conseil d'État. Il y en a, pourtant, clairement beaucoup plus en Bretagne. Pour les seuls contrôles nitrates, les services de l'État ont vérifié un peu plus d'une exploitation agricole sur sept, en 2010. À titre de comparaison, en 2003, dans la Beauce, « tout agriculteur ou irriguant savait d'emblée qu'il n'avait aucune chance d'être contrôlé durant sa vie professionnelle entière », relève le Conseil d'État.

 

Des services asphyxiés et bridés

 

Pourquoi si peu de contrôles ? « Nos moyens sont dérisoires comparés à l'ampleur des pollutions constatées, confesse un responsable de la police de l'environnement. Nous ne sommes pas assez nombreux ». Autre raison évoquée par la Cour des comptes : « Avec des effectifs si limités par département, pour la première fois en recul depuis dix ans, les agents éprouvent des difficultés à répondre aux objectifs et priorités fixés par l'administration centrale ». D'autant que « la direction de l'eau a multiplié les priorités au même moment ». Autre explication avancée par un responsable de la police de l'eau : « Les services ne sont pas toujours très libres de contrôler les exploitations agricoles... C'est très variable d'un département à l'autre, suivant l'autonomie dont dispose le préfet face aux lobbies locaux ».

 

Une jungle réglementaire

 

Il existe treize polices (réglementations) différentes concernant l'eau, vingt-cinq différentes pour l'environnement ! Pour les appliquer, le code de l'environnement désigne pas moins de 70 catégories d'agents différents. Un rapprochement des activités de police de plusieurs organismes (Onema, Oncfs et DDTM) a été amorcé. « L'efficacité d'un tel édifice, faut-il s'en étonner, est pour le moins limité », constate le Conseil d'État. Quant au droit pénal de l'environnement, avec ses 540 délits et ses425 contraventions, « il n'est pas d'application aisée ».

 

Des sanctions peu dissuasives

 

Pour une pollution de quelques kilomètres, même à plus de 200 km de nos côtes, un « voyou des mers » risque, depuis août 2008, une amende de 15M€. Quid pour les pollutions qui se déroulent à nos portes, dans des cours d'eau qui alimentent nos réseaux d'eau potable? L'amende maximale prévue est de... 75.000€. « C'est vraiment pas cher pour une pollution qui peut durer 2.500 ans », raille un gendarme spécialisé, évoquant la pollution industrielle du Rhône au plomb et au PCB.

 

Trop de classements sans suite

 

C'est ce que dénoncent deux associations bretonnes de protection de l'environnement, l'Aappma de l'Elorn et Eau et Rivières. Difficile de vérifier, tant les données sont nombreuses, partielles et différentes. À titre indicatif, néanmoins, un instructif rapport interministériel de 2005, consacré aux polices de l'environnement, livre ce curieux constat : alors qu'elles devraient être quatre fois plus poursuivies (car les infractions sont plus facilement établies: auteur identifié...), les affaires liées à l'environnement le sont... presque deux fois moins ! Plus d'une affaire sur deux (contre trois habituellement) est ainsi classée sans suite. Pour quels motifs ? Mystère. Dans son rapport, le Conseil d'État évoque « des raisons qui n'ont pas été élucidées »... Le rapport interministériel de 2005 avance une explication : « Les magistrats sont méfiants quant au choix de contentieux faits par l'administration pour des motifs qu'ils pensent être liés à des considérations d'ordre politique ou en relation avec l'action de groupes de pression. Ils paraissent craindre de se trouver instrumentalisés ». En Bretagne, en 2010, pour les seuls contrôles des plans nitrates, seul un PV sur quatre (26%) faisait l'objet d'un classement sans suite. Mais un sur trois (34%) était toujours en attente d'une réponse pénale des parquets bretons.

 

Ajout du 23 février 2013

 

Dans l'ensemble, en 2013 en France, les nitrates gagnent toujours du terrain  La teneur en nitrates dans l'eau excède 50 mg/1 dans 18 860 communes de France. Soit 860 de plus qu'en 2012. En cause : les nitrates contenus dans les déjections animales épandues pour fertiliser les sols. Quand l'apport dépasse les besoins des cultures, l'excès se retrouve dans les rivières, puis sur les côtes, où il favorise la prolifération d'algues vertes. "Dans l'Ouest, des efforts ont été faits, commente Jean-Louis Peyraud, de l'Institut national de la recherche agronomique. Moins dans les zones de grandes cultures - Bassin parisien, Poitou - Charentes, Haute-Normandie... - où la hausse ne ralentit pas. "

 

Quelle est la part de l'eau douce sur notre planète ?


Une infographie de Pierre Barthélémy sur Mblog nous renseigne à ce propos.

 

Les techniques de détections de pollutions chimiques des eaux

Voir l'article [LIEN]

 

Ajout du 25 août 2014

 

Bien sûr, la situation n'est pas meilleure sinon pire pour la pollution des océans depuis la révolution industrielle. Témoin cet article récent qui fait le point sur la pollution de la mer par le mercure.

26/11/2011

Les Poissons d'eau douce de France

poissons d'eau douce,france,livres,muséum national d'histoire naturelle,mnhnLes Poissons d'eau douce

de France

 

par Philippe Keith, Henri Persat, Eric Feunteun et Jean Allardi

 

 

Cette nouvelle édition de l’Atlas des poissons d’eau douce de France (2001, épuisé), est entièrement mise à jour tant sur la taxonomie que sur la répartition des espèces. Une vingtaine d’espèces ont été ajoutées aux 83 présentées dans la première édition. Les groupes dans lesquels des taxons ont récemment été décrits (chabots, goujons...) font chacun l’objet d’une mise au point à la lumière des derniers travaux de génétique.

Ce guide comprend des clés d’identification, des monographies détaillées qui, à l’image de l’atlas précédent, contiennent de nombreuses cartes de répartition intégrant les données les plus récentes. Le lecteur y trouvera également des chapitres généraux sur l’histoire, la connaissance et la gestion des populations et des écosystèmes.

Véritable outil d’identification et d’étude, cet ouvrage est le fruit du travail collégial de 48 auteurs, tous spécialistes reconnus. Cet ouvrage collégial présente l'ensemble des espèces de poissons d'eau douce de France, qu'elles soient indigènes ou introduites. Le livre est à jour des dernières données sur la taxonomie, la génétique et la distribution des animaux. Il comprend des clés d'identification et des fiches monographiques détaillant l'écologie, les modes de vie des poissons et intégrant des cartes de répartition. Le lecteur y trouvera également des chapitres généraux sur l'histoire, la connaissance et la gestion des populations et des écosystèmes.

Le guide s'adresse à toute personne qui dans le cadre professionnel ou des loisirs est en contact avec la faune piscicole : naturalistes débutants et confirmés, pêcheurs et aquariophiles amateurs, pisciculteurs et gestionnaires des milieux naturels, scientifiques ou médiateurs environnementaux ; mais aussi au simple promeneur qui souhaite mettre un nom sur un poisson aperçu dans un cours d'eau. Véritable outil d'identification et d'étude, "Les poissons d'eau douce de France" inaugure une nouvelle collection coéditée par Biotope et le Muséum national d'Histoire naturelle.

Les atouts de cette nouvelle édition :

  • Un collectif d'auteurs reconnus,
  • Des données scientifiques les plus récentes,
  • Un point complet sur la classification des « poissons »,
  • Des chapitres sur l’écologie, la biogéographie, la génétique... largement étoffés,
  • Une iconographie en grande partie renouvelée, remarquable car prise le plus souvent en milieu naturel,
  • Un texte et une cartographie à jour des dernières découvertes.

En supplément : un cahier d'identification à glisser dans la poche ! Ce cahier vous permettra d'identifier la plupart des poissons d'eau douce de France. Il est particulièrement adapté aux sorties sur le terrain, que vous soyez pêcheur, naturaliste ou simple promeneur.

 

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Références :

ISBN (livre) 978-2-85653-672-8

ISBN (cahier) 978-2-85653-673-5

165 x 240 mm • Nombreuses photos

552 p. • 45 € TTC • octobre 2011

Publications scientifiques du Muséum

Commandes et renseignements :

Muséum national d'Histoire naturelle

Publications Scientifiques

CP 41 • 57 rue Cuvier • 75231 Paris cedex 05

Tél. : 01 40 79 48 05 • Fax : 01 40 79 38 40

Diff. pub@mnhn.frhttp://www.mnhn.fr/pubsci

 

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Répartition de la période de reproduction

des poissons d'eau douce

15/04/2011

Mortalité des poissons dans le Doubs

poissons,maladies,pathologie des poissons,doubs,doubs-franco-suisse,montbéliardMortalité des poissons dans le Doubs

La maladie s'étend sur le pays de Montbéliard et ne touche pas que les salmonidés

 

par Patrice MALAVAUX,

Garde-Pêche AAPPMA "La Franco-Suisse"

 

Voir la vidéo de Patrice Malavaux

Voir également une vidéo qui date de… 1973 et dénonçant la pollution du Doubs.

En février 2014, ça continue encore et encore : voir l'émission de France 3 Franche-Comté !

 

Quand j'ai signé à la Franco-Suisse pour être garde-pêche, je ne pensais pas que je finirais croque-mort. J'espère que vous avez passé une bonne journée car moi, je l'ai passée à ramasser des cadavres de poissons.

 

Ce matin sur le troncon Le Plain à la Sauçotte côté suisse j'ai ramassé une quinzaine de poissons dont 1/3 de truites et 2/3 d'ombres. Je n'ai plus envie de les compter précisément ni de les mesurer, les photos parlent d'elles-mêmes.

 

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Hécatombe d'ombres et de truites

(Cliché Patrice Malavaux)

 

Côté malades, j'ai aussi abandonné l'idée de les compter, je dirai qu'il y en a au moins 1 tous les 50 mètres en moyenne. 6 malades sur la même photo dans le bras mort de la Sauçotte :

 

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(Cliché Patrice Malavaux)

 

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(Cliché Patrice Malavaux)

 

 Cet après-midi, côté français entre la Verrerie et Moulin Jeannottat, même constat désolant : un mort et un malade sur la même photo :

 

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(Cliché Patrice Malavaux)

 

Je vais devancer les plus perspicaces d'entre vous qui vont inévitablement me dire que c'est normal car les ombres viennent de frayer. Oui, mais les truites ? Si elles ne sont pas remises de la fraie 3 ou 4 mois après, il y a peut-être un souci, à moins que ce ne soit une souche nouvelle de truites qui frayent en même temps que les ombres !

 

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Ombre rongé par la mycose causée certainement par des Saprolégniacées

(Cliché Patrice Malavaux)

 

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Truite rongée par la mycose causée certainement par des Saprolégniacées

(Cliché Patrice Malavaux)

 

À l'approche de la réunion SCT du 14 avril, prévoyez une courte cérémonie au cours de laquelle je remettrai personnellement un échantillon de ma pêche du jour à M. Gaudot qui aura l'amabilité de faire remonter le tout à Mme la Directrice de la DDT. La triste réalité du terrain ne doit pas rester que sur les bords du Doubs...

 

Cordialement,

 

Patrice MALAVAUX,

Garde-Pêche AAPPMA "La Franco-Suisse"

 

 Autres clichés désolants dans le Pays de Montbéliard :

 

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Brochet touché au museau

 

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Chevesne atteint

 

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Ombre malade

 

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Ombres malades

 

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Truite littéralement disséquée

 

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Ombres et truites malades

 

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Truites malades

 

La Télévision Suisse Romande rapproche de cette mycose à Saprolégniales qui affecte la faune piscicole dans notre région de la pollution des rivières proches par les munitions entreposées dans le gouffre de Jardel après la première guerre mondiale :

http://www.pleinair.net/detail_48_46087-L-inquiétant-repo...

 

Le 16 juin 2011, la Radio Suisse Romande (RSR) consacre un entretien à la santé du Doubs :

 

http://www.rsr.ch/#/la-1ere/programmes/impatience/?date=1...

 

Voir aussi dans le même blog,

 

- l'alerte lancée par Pascal P.

- Menaces sur le Doubs franco-suisse

- Proliférations algales dans la Haute vallée du Doubs

- Prolifération de Cyanobactéries dans la Loue

- Pathologie des poissons d'eau douce

 

Vous pouvez également visionner des vidéos très fouillées au sujet des problèmes du Doubs à l'adresse ci-dessous :
Le lien: http://www.pronatura-ju.ch  et choisir le fichier Doubs.

 

Les pollutions agricoles et domestiques sont mises en cause pour expliquer l'état lamentable de nos rivières. Or un petit tour de passe-passe a été commis pendant les vacances de Noël 2011 par le Ministère de l'Agriculture !


À peine croyable : c'est en pleine période de fêtes de Noël et du Nouvel An que le ministre de l'agriculture a choisi de "consulter le public" sur un projet de modification de la réglementation relative aux zones d'excédent structurel de lisier ! Chacun le sait, en cette période de fêtes, les citoyens surveillent assidument les projets de textes mis en ligne sur le site internet du ministère de l'agriculture...

 

Une pétition à signer :

http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/elevages-deregle...