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22/03/2012

Séismes provoqués par les activités humaines

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par Boris Bellanger (Science & Vie 2009)

 

L'Homme responsable de séismes ? Barrages, mines, forages, géothermie agressent la croûte terrestre engendrant parfois des réactions dévastatrices. Toutes ces installations peuvent déclencher des tremblements de terre. À Bâle (Suisse) en décembre 2006 une mine de charbon dans l'Utah (États-Unis) en août 2007, et un autre dans la région de Sarrebruck (Allemagne) en février 2008 ont enfanté une série de séismes. Sans oublier le dévastateur tremblement de terre survenu au Sichuan en Chine le 12 mai 2008, que certains scientifiques audacieux relient aujourd'hui à la présence du barrage voisin de Zipingpu.

 

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Barrage de Zipingpu © Creatio

 

Depuis des décennies, plusieurs observations ont interpellé les scientifiques qui sont à l'écoute des soubresauts de notre planète. "Le soupçon d'influence naît lorsqu'il y a coïncidence dans le temps et dans l'espace entre le tremblement de terre et la mise en activité d'une installation, par exemple lors de la mise en eau d'un barrage, explique Jean-Robert Grasso, du Laboratoire de géophysique interne et tectonophysique de l'université Joseph-Fourier (Grenoble), un des rares Français à se pencher sur ce sujet. "Si l'on observe un événement sismique, on s'interroge, mais lorsque c'est une série d'événements qui se produit à un endroit précis, notre certitude augmente."

 

Pour pouvoir incriminer une ingérence humaine dans la tectonique de la planète, il est nécessaire de connaître précisément l'activité sismique de la région avant la mise en service des installations incriminées. En France, l'historique des secousses ressenties par la population est parfaitement documenté sur les cinq derniers siècles. Ce qui a permis notamment à Jean-Robert Grasso de démontrer de manière flagrante, dès les années 1980, que les séismes enregistrés dans la région de Pau, dont certains de magnitude 4, étaient dus à l'exploitation de l'immense gisement de gaz naturel de Lacq par Elf Aquitaine. Le bassin sédimentaire aquitain était en effet connu jusque-là pour être le plus calme de France au niveau sismique. "Les tremblements de terre apparus dix ans après les premiers pompages à Lacq, en 1969, et qui perdurent depuis, ont donc été facilement repérés", explique Pascal Bernard, sismologue à l'Institut de physique du globe de Paris.

 

Un autre exemple ? Dans le nord-est des États-Unis, l'exploitation de mines profondes, de vastes carrières à ciel ouvert et de puits d'injection de fluide en profondeur est, d'après les chercheurs, directement à l'origine d'un séisme sur trois enregistrés depuis les années 1980 dans cette région normalement peu active d'un point de vue géologique ! Et ce n'est pas une particularité locale, comme le démontrent les travaux de Christian Kiose, géologue à l'Observatoire de la Terre Lamont-Doherty de l'université Columbia (New York).

 

Dans une tentative de recensement publiée en août 2007, ce scientifique a dénombré plus de 200 endroits dans le monde pour lesquels l'action humaine a été reconnue comme responsable du déclenchement de séismes. Sa conclusion ? "Si l'on regarde la distribution des séismes déclenchés par l'Homme à l'échelle du globe, il apparaît que la majorité d'entre eux est située dans les régions continentales stables, pour lesquelles le niveau de sismicité naturelle est historiquement bas."

 

Il est évident que la coïncidence entre un séisme et la mise en exploitation d'un champ pétrolier ou d'un barrage est plus aisée à démontrer si la région n'est pas secouée en permanence. Un principe qui est d'ailleurs aussi valable lorsque l'on cherche à détecter les séismes produits par les essais nucléaires souterrains, comme celui réalisé en octobre 2006 par la Corée du Nord, et qui a déclenché une secousse de magnitude 4,2. Mais au-delà de cette meilleure capacité de détection, il existe des raisons purement géologiques à cette répartition. De fait, le risque de générer des tremblements de terre est plus important dans les régions continentales "calmes" parce que, contrairement aux endroits très actifs du globe, ce sont surtout les premiers kilomètres de la croûte terrestre, près de la surface, qui voient naître les séismes naturels. Or "ces zones sismogènes sont à portée des perturbations générées par l'activité humaine, donc plus facilement déstabilisées par elles", conclut Art McGarr, du Bureau de surveillance géologique des États-Unis (USGS). Un point déterminant lorsqu'il s'agit de démontrer, arguments mécaniques à l'appui, le lien entre séisme et activités humaines. Et qui permet de verser au dossier des preuves plus percutantes qu'une simple coïncidence, notamment dans les cas délicats pour lesquels il s'est passé plusieurs années entre le début de l'exploitation et la survenue d'un séisme majeur.

 

À la base clé l'argumentation des chercheurs, une théorie de mécanique des roches dite de Mohr-Coulomb, vieille de plus de cent ans et qui a fait ses preuves pour évaluer la résistance d'un matériau à la contrainte. Élaborée à partir d'expériences en laboratoire sur des cylindres de roches soumis à de fortes pressions ou tractions, cette théorie permet de décrire la façon dont une faille (une zone de fracture naturellement présente dans la croûte terrestre) s'approche ou s'éloigne de la rupture en fonction des contraintes physiques auxquelles elle est soumise. Les principales contraintes antagonistes étant, d'une part, la force verticale exercée par la masse des roches au-dessus de la faille et, d'autre part, les forces horizontales de compression ou d'extension liées aux mouvements des plaques tectoniques. Les roches réagissent à ces pressions en se déformant de façon élastique jusqu'au moment où, ces contraintes dépassant la capacité de résistance de la faille, celle-ci joue et libère l'énergie qu'elle a emmagasinée : c'est le séisme.

 

En accumulant des masses impressionnantes d'eau derrière un barrage, ou en extrayant des millions de tonnes de minerai ou d'hydrocarbures du sous-sol, l'activité humaine pèse sur la croûte terrestre ou, au contraire, la soulage d'un poids. Ce faisant, elle modifie les contraintes auxquelles sont déjà soumises naturellement les failles et, en venant s'ajouter aux forces tectoniques, peut faciliter leur rupture. Autrement dit, "un séisme déclenché par l'Homme est avant tout un phénomène naturel, la responsabilité de l'Homme se limitant à son déclenchement", précise Leonardo Seeber, spécialiste de la sismicité induite par les activités humaines au Lannont-Doherty. Le travail des scientifiques consiste donc à démontrer que le changement de contrainte imposé par l'Homme sur la faille arrive dans la bonne direction, au bon moment, et avec suffisamment d'intensité pour précipiter un tremblement de terre.

 

UNE PETITE PERTURBATION SUFFIT À DÉCLENCHER UN SÉISME


Ce qui ressort de l'analyse des nombreux cas recensés est très étonnant : l'Homme n'a pas besoin de perturber fortement le système naturel pour réactiver une faille. "Si la faille est sur le point de rompre, il peut suffire d'un changement de contrainte en profondeur, au niveau de la faille, d'un dixième de bar (c'est-à-dire équivalent à un dixième de la pression atmosphé- rique) pour déclencher la rupture", explique Pascal Bernard. L'homme peut ainsi précipiter l'apparition d'un séisme de la même façon qu'une mouche se posant sur un château de carte en équilibre précaire sera à même, malgré sa légèreté, de le faire s'écrouler. C'est ainsi qu'il aurait déclenché un tremblement de terre à Newcastle, en Australie, en 1989. Mais il n'y a pas que ces failles au bord de la rupture qui soient concernées, car les perturbations induites par l'homme, lorsqu'il injecte de l'eau sous pression, peuvent être de l'ordre de la dizaine de bars. Ce qui correspond justement à ce dont une faille a besoin en moyenne pour se recharger.

 

"Des failles en milieu de cycle peuvent donc très bien être déclenchées par l'Homme, pour peu qu'elles soient très proches du lieu de l'installation", précise Pascal Bernard. Si l'Homme n'a qu'une pichenette à donner pour réveiller une faille endormie, il est donc à même de rivaliser avec les forces mises en œuvre par notre planète...

 

Ainsi, les activités humaines ont la capacité bien embarrassante de précipiter le déclenchement d'un séisme. Reste à savoir combien de temps l'Homme a fait "gagner" à la faille. Si on s'intéresse aux régions où la vitesse à laquelle la faille se rapproche du point de rupture est élevée, comme aux limites des plaques tectoniques (Ceinture de feu du Pacifique ou chaîne himalayenne, par exemple), la perturbation humaine va rapprocher la survenue du séisme de quelques années seulement. "Mais si l'on considère les zones où les failles se chargent extrêmement lentement, comme au milieu d'une plaque tectonique [telles que l'Afrique du Sud, l'Australie ou l'Europe du Nord...], l'anticipation peut être de mille ans ou de dizaines de milliers d'années ! précise Leonardo Seeber. Dans ce cas, on peut considérer que ce séisme ne serait jamais arrivé sans l'intervention de l'Homme." Face à cette situation dérangeante, une question se pose donc : connaissant les perturbations que l'être humain génère, peut-on prédire la date d'un tremblement de terre ? Malheureusement pas... "Qu'il soit naturel ou déclenché par l'homme, un séisme est impossible à prévoir, constate Jean-Robert Grasso. Pour la simple raison que l'état des contraintes dans la croûte terrestre n'est pas connu et n'est pas directement accessible à l'observation." C'est d'ailleurs un défi que tentent de relever les géologues américains depuis 2004 avec l'Observatoire de la faille de San Andréas (Safod).

 

CAS DES BARRAGES

 

Le barrage Hoover, situé à la frontière entre l'Arizona et le Nevada, a été, en 1945, le premier pointé du doigt pour avoir déclenché un séisme, dix ans plus tôt.

 

Au cours des années 1960, quatre séismes majeurs, de magnitude supérieure à 6, ont été enregistrés et, après coup, associés à des barrages : celui de Hsinfengkiang en Chine (1962), celui de Kariba en Zambie (1963), celui de Kremasta en Grèce (1967) et celui de Koyna en Inde (1967). Ce dernier barrage constitue un cas d'école, car il est lié au séisme le plus violent (magnitude 6,3) et le plus meurtrier (200 morts). Depuis sa mise en place, en 1962, la zone est le siège d'incessantes secousses : 170 séismes de magnitude supérieure à 4, dont 19 de magnitude supérieure à 5, y ont été mesurés ! Aujourd'hui, une centaine de barrages dans le monde sont reliés à des tremblements de terre, selon le recensement effectué par Harsh Gupta, spécialiste mondial de la sismicité induite par les barrages et membre de l'institut national de recherches géophysiques (Hyderabad, Inde). Parmi ces installations, dix ont déclenché des séismes de magnitudes comprises entre 5 et 5,9 et 28 autres, des séismes de magnitudes de 4 à 4,9.

 

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En octobre 2008, la Commission internationale des grands barrages (Paris), qui représente les constructeurs, a également publié un rapport consacré à ce phénomène. Ses auteurs estiment que 1 % des grands barrages dont la retenue d'eau dépasse 100 m de haut soit six ouvrages, sont associés à des séismes de magnitude supérieure à 5,7. Une part qualifiée de "non négligeable" dans le rapport, qui rappelle cependant que "la mise en eau d'un barrage ne peut déclencher une activité sismique qu'en conjonction avec des conditions tectoniques préexistantes favorables". Lesquelles ? Comme c'est presque toujours le cas en matière de séismes déclenchés par l'homme, l'existence, à l'aplomb de l'ouvrage, de failles prêtes à rompre. Failles que le barrage, et plus spécifiquement son lac de retenue, titillent de deux façons. La première est liée aux immenses quantités d'eau stockées qui pèsent sur le sol, augmentant, même faiblement, la contrainte verticale sur la faille. La seconde repose sur l'infiltration lente d'eau en profondeur qui va lubrifier la faille, et lui permettre de glisser plus facilement. L'existence de ces deux mécanismes explique pourquoi certains séismes apparaissent rapidement après la mise en eau du barrage tandis que d'autres, mettant en jeu des failles plus profondes, se manifestent des années après. Ainsi, le barrage d'Assouan, en Égypte, a-t-il été associé à un séisme de magnitude 5,3 survenu en novembre 1981; dix-sept ans après sa mise en eau. La multiplication des cas de sismicité induite par les barrages a aussi permis de montrer que la hauteur d'eau dans le barrage, ainsi que la vitesse à laquelle le lac de retenue est rempli ou vidé, influe significativement sur la survenue de tremblements de terre.

 

Pour une poignée de sismologues, le séisme du Sichuan a été déclenché par le barrage de Zipingpu. Si la thèse était confirmée, l'impact destructeur de l'Homme sur la planète devrait être reconsidéré… pour éviter le pire.

Plus de 88 000 morts ou disparus, près de 400 000 blessés, 5 millions de bâtiments détruits : le tremblement de terre qui a secoué la province du Sichuan (centre-ouest de la Chine) le 12 mai 2008 est l'un des plus dévastateurs enregistrés au cours des dernières décennies. Le tremblement de terre du Sichuan pourrait tout aussi bien devenir le symbole du potentiel destructeur de l'activité humaine ! Car, moins d'un an après sa survenue, une poignée de scientifiques n'hésitent pas à voir la marque de l'homme derrière ce séisme meurtrier...

L'accusé ? L'imposant barrage de Zipingpu, construit sur la rivière Min, et mis en eau en décembre 2004. Haut de 156 mètres, il peut retenir plus d'un milliard de mètres cubes d'eau. Il a surtout la particularité d'être installé à 500 mètres seulement du système de failles qui a joué lors du tremblement de terre et à quelques kilomètres de l'épicentre de la secousse principale de magnitude 7,9.

À la suite de Fan Xiao, ingénieur en chef du Bureau de géologie et de minéralogie du Sichuan, à Chengdu, qui a en effet émis publiquement l'hypothèse que le séisme ne soit en fait qu'un exemple supplémentaire, le plus spectaculaire jamais observé, de sismicité induite par les barrages de nombreux scientifiques ont pointé un doigt accusateur vers le barrage.

 

CAS DES MINES

 

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Plus de 6 milliards de tonnes de charbon, 1,6 milliard de tonnes de minerai de fer, 190 millions de tonnes de minerai d'aluminium, voici ce que l'homme extrait chaque année, entre autres matières premières, du sous-sol de la Terre. Une exploitation qui perturbe l'équilibre des forces dans la croûte terrestre et s'accompagne d'une intense activité sismique. Celle-ci, observée dès le début du XXe siècle dans les mines de charbon d'Allemagne et dans les mines d'or d'Afrique du Sud, est aujourd'hui constatée aux quatre coins du monde. Les séismes sont classés par les géophysiciens en deux catégories, selon qu'ils prennent naissance près de la mine ou à plusieurs kilomètres en dessous. Dans le premier cas, qui concerne surtout les mines profondes, c'est le vide laissé par l'extraction du minerai qui entraîne localement un déséquilibre des contraintes auxquelles sont soumises les roches.


Lorsque la pression exercée par les terrains adjacents ou surplombant la galerie dépasse la résistance de la roche, murs ou toits des galeries cèdent, produisant une onde sismique. Cette perturbation peut aussi faire jouer des failles à quelques dizaines ou centaines de mètres du front de mine. Ce premier type de sismicité s'observe en particulier dans les mines d'or d'Afrique du Sud, qui peuvent atteindre 4 km de profondeur. "Sur les 1000 séismes de magnitude supérieure à 2 enregistrés chaque année dans le pays, 900 sont directement liés aux exploitations minières", estime Kaymona Durrheim, du conseil pour la recherche scientifique et industrielle d'Afrique du Sud. Généralement, ce type de séismes ne dépasse pas la magnitude 5, hormis quelques événements exceptionnels comme celui de Volkershausen (Allemagne), où la rupture en série de 3 200 piliers de soutien dans une mine de potasse a engendré une secousse de magnitude 5,4 en 1989. En second lieu, les mines peuvent, à l'instar des barrages, avoir un effet à grande distance sur des failles prêtes à rompre : la soustraction d'une importante masse près de la surface va réduire la contrainte verticale sur la faille en profondeur, et la faire bouger. Christian Klose, de l'université Columbia, a par exemple démontré, en 2006, qu'on pouvait attribuer à l'exploitation d'une mine de charbon la responsabilité du tremblement de terre de magnitude 5,6 qui a secoué Newcastle (Australie) le 28 décembre 1989, faisant 13 morts et 3,5 milliards de dollars de dégâts.


Le géophysicien a calculé que l'extraction de 500 millions de tonnes de charbon entre 1801 et 1989, qui a aussi nécessité le pompage de 3 milliards de tonnes d'eau, a généré un changement de contrainte à 10 km de profondeur. Un allégement d'à peine 0,1 bar, mais suffisant pour précipiter la rupture d'une faille, Hormis ce cas, Christian KIose recense une vingtaine de mines dans le monde associées à des séismes de magnitude supérieure à 5. Et précise : "Le nombre de séismes induits par les mines a fortement augmenté au cours du XXe siècle. Ce qui s'explique par la hausse de la productivité des mines et de la profondeur à laquelle on les exploite". Un phénomène qui n'est pas près de s'achever...

 

CAS DES FORAGES

 

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C'est le gisement de Goose Creek, au Texas, qui est le premier associé à un séisme, en 1925. Aujourd'hui, plusieurs dizaines de champs d'hydrocarbures sont concernés dans le monde. "Chaque fois qu'on exploite des gisements un tant soit peu profonds, on sait qu'on va déclencher des séismes", déclare Jean-Robert Grasso, de l'université Joseph-Fourier (Grenoble). La raison ? La roche-réservoir se comporte comme une éponge : quand on pompe le pétrole, le gaz et l'eau qu'elle renferme dans ses pores, elle se contracte et le couches qui l'encadrent doivent faire face à ce changement de volume. Quand le gisement est superficiel, les terrains, plutôt meubles à cet endroit, réagissent en se déformant graduellement, sans secousses. Mais dès que l'on dépasse quelques kilomètres de profondeur, les terrains sont plus rétifs à la déformation et finissent par céder le long de failles préexistantes, déclenchant des séismes. C'est ce qui se passe par exemple à Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques, mais aussi dans le nord des Pays-Bas. Là, l'exploitation des champs de gaz naturel de Groningue a brisé le calme d'une zone jusqu'ici classée comme asismique... Entre 1986 et 2008, plus de 500 séismes de magnitude comprise entre 0,5 et 3,5 ont été dénombrés à proximité des sites d'extraction.


"A partir de l'analyse statistique de ce catalogue de séismes, il faut s'attendre au maximum à un séisme de magnitude 3,9 dans la zone", estime Bernard Dost, de l'Institut royal de météorologie des Pays-Bas qui surveille la zone. Une magnitude modérée si on la compare avec celle de 6,5 enregistrée en 1983 sous le gisement de pétrole de Coalinga, en Californie. Ou encore avec l'immense gisement de Gazii, en Ouzbékistan, à l'aplomb duquel trois tremblements de terre de magnitude supérieure à 7 ont été mesurés, en avril et mai 1976 et en mars 1984. Un cas de sismicité induite qui reste cependant encore très débattu, compte tenu de l'ampleur des secousses et de la profondeur à laquelle elles ont été déclenchées. Les forages pétroliers peuvent, outre les tremblements de terre, donner naissance à des volcans de boue. À l'image de celui qui sévit sur l'île de Java (Indonésie) depuis le 28 mai 2006 et qui déverse quotidiennement plus de 150 000 m3 de vase jaillissant de poches souterraines. Près de 40 000 personnes ont déjà dû abandonner leur logement. Et la situation ne s'améliore pas : comme pour les séismes, l'homme n'a toujours pas réussi à contenir ce qu'il a engendré.

 

Des capteurs ont été placés dans des forages à 3 km sous la surface pour mesurer les propriétés des roches et leur état de stress à cette profondeur.

 

Un terrain d'expérimentation inédit qui ne permet pas encore de dire quand la faille va se réveiller... Inutile donc d'espérer maîtriser les sautes d'humeur de la Terre suscitées par nos gratouillements. "On ne pourra jamais dire à coup sûr que si on construit dans une zone de failles, ça va casser, résume Jean-Robert Grasso. Mais il convient d'être alerté sur l'état de précarité de la croûte terrestre, qui est un système très hétérogène constitué de régions prêtes à ompre et d'autres, non. " Et les scientifiques ne sont toujours pas en mesure de dire lesquelles vont rompre...

 

CAS DE LA GÉOTHERMIE PROFONDE

 

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La géothermie profonde fait appel à la technique de fracturation hydraulique, qui consiste là injecter des fluides sous pression afin de fissurer la roche en sous-sol.

 

Forer un puits de 5000 m de profondeur et y injecter de l'eau sous très haute pression : voilà comment les ingénieurs transforment un massif granitique d'une température de près de 200°C en échangeur de chaleur naturel. Cette technique de géothermie profonde est appliquée dans une poignée de sites expérimentaux et s'accompagne de son lot de séismes : les pressions d'injection, d'une centaine de bars, ayant justement pour but de faire rejouer d'anciennes fractures afin de faciliter, dans un second temps, la remontée d'une eau réchauffée. Le projet de géothermie profonde près de Bâle, en Suisse, en a fait les frais : il a été arrêté après avoir engendré trois tremblements de terre de magnitude supérieure à 3 de décembre 2006 à janvier 2007. Des secousses sans conséquences, mais qui ont ravivé le spectre du séisme ayant rasé Bâte en 1356.


À 200 km de là, le site pilote français de Soultz-sous-Forêts, dans le Bas-Rhin, connaît aussi des pics de sismicité lors des tests de stimulation hydraulique. En juillet 2000,7500 séismes de magnitude supérieure à 0,2, dont une centaine supérieure à 2, ont ainsi été générés. En mai 2003, 4000 secousses ont été enregistrées, dont une de magnitude 2,9 qui a surpris les sismologues. "Cette année-là, nous avons non seulement induit des microséismes, mais aussi déclenché une petite crise sismique sur une faille passant à proximité du puits d'injection", explique Louis Dorbath, de l'Observatoire des sciences de la Terre à Strasbourg. Deux autres projets de géothermie profonde ont déclenché des tremblements lors d'opérations de stimulation hydraulique : un de magnitude 3,1 à Rosemanowes en Angleterre, et un de magnitude 3,7 à Copper Basin, en Australie. En outre, la géothermie s'accompagne parfois de mouvements de sol "au ralenti"! Comme à Staufen (Allemagne), où un forage a transpercé en 2008 une nappe d'eau souterraine. Depuis, les sols de la ville gonflent et se soulèvent...


CAS DES GAZ DE SCHISTE


Comme la géothermie profonde, la technique d'extraction des gaz de schiste fait appel à la technique de fracturation hydraulique qui pourrait être la cause de tremblements de terre. En effet, les cas de séismes possiblement associés à cette pratique se sont multipliés, particulièrement aux États-Unis, qui connaissent une ruée vers ces gaz non conventionnels.

 

Dernier exemple en date : un tremblement de terre de magnitude 4 a surpris les habitants de la ville de Youngstown, dans l'Ohio, le 31 décembre 201l. Annoncé par une dizaine d'autres de moindre ampleur au cours des mois précédents, ce séisme pourrait avoir été provoqué par un puits mis en service fin 2010, et dans lequel ont été injectées des tonnes d'eaux usées ayant servi à la fracturation hydraulique. Selon John Armbruster, de l'université Columbia (New York), "le séisme du 31 décembre a eu lieu à environ 1 km du fond du puits d'injection". Fin novembre, ce géologue avait installé quatre sismographes sur le site pour cerner l'origine de ces séismes survenus dans une zone historiquement inactive. La proximité entre le puits et la secousse est pour le moins troublante... Mais prouver le lien de cause à effet reste cependant délicat.

 

Un rapport du Bureau géologique américain, publié en août 2011, qui analysait cinquante séismes enregistrés dans une exploitation de gaz de schiste en Oklahoma, concluait ainsi : "La forte corrélation spatiale et temporelle suggère que ces séismes ont pu être déclenchés par l'activité de fracturation hydraulique, mais il est impossible de dire avec un haut degré de certitude si c'est le cas ou non." La société qui exploite le puits d'injection de Youngstown nie d'ailleurs toute implication. Au contraire de la compagnie Cuadrilla Resources qui a admis, en novembre dernier, être probablement à l'origine de deux séismes survenus en Angleterre, au mois d'avril et au mois de mai 2011.

 

Pour en savoir plus :


Bellanger B. (2009). – Quand l'homme fait trembler la terre Science & Vie avril 2009, n° 1099, pp. 44-59

17/03/2012

La France interdit la culture du maïs MON810

 La France interdit la culture du maïs MON810

(16/03/2012)

 

La France a décidé de réintroduire sur son territoire un moratoire sur la culture du maïs génétiquement modifié MON810 commercialisé par le groupe américain Monsanto, a annonce ce vendredi le ministère de l'Agriculture.

 

«Le ministre de l'Agriculture a décidé ce jour de prendre une mesure conservatoire visant à interdire temporairement la culture du maïs MON810 sur le territoire national afin de protéger l'environnement», peut-on lire dans un communiqué.

 

Le conseil d'État avait suspendu en novembre une interdiction datant de 2008 de cultiver et de commercialiser ce maïs transgénique en France, estimant qu'elle n'était pas suffisamment fondée.

 

Le gouvernement a demandé en février à la Commission européenne de suspendre la culture du MON810, seule céréale transgénique autorisée dans l'Union européenne. Sa consommation en France reste toutefois autorisée, avec une obligation d'étiquetage.

09/03/2012

Régénération de la rétine par cellules souches embryonnaires

embryon-surnuméraire.jpgRégénération de la rétine humaine

par cellules souches embryonnaires

(mise à jour du 25/01/2015)

 

Dans leurs livraisons de mars 2012, les revues Sciences & Vie (n° 1134) et Sciences et Avenir (n° 781) se sont fait l'écho d'une avancée thérapeutique fondamentale : pour la première fois, une thérapie a été mise au point à partir de cellules souches humaines : les rétines de deux patients ont été traitées par des cellules souches embryonnaires humaines (CSEh) par une équipe américaine. Encadrée par l'agence sanitaire américaine, l'opération réalisée le 12 juillet 2011 à l'Institut ophtalmologique Jules-Stein de Los Angeles dépasse de très loin la simple réparation de deux rétines et concerne la régénération des organes humains.

 

Ce sont les premiers blastomères issus de la segmentation des embryons surnuméraires après 5 ou 6 jours de développement non utilisés par les couples pour une fécondation in vitro. Contrairement aux cellules souches que l'on trouve dans certains organes adultes qui ont un pouvoir de différenciation limité, les cellules souches embryonnaires(CSEh) sont des cellules pluripotentes car elles sont à l'origine de toutes les cellules de l'organisme (voir dans ce même blog l'article : Cellules souches et rajeunissement).

 

Ces cellules pluripotentes possèdent le plus enviable de tous les pouvoirs, celui de générer la totalité des organes humains. Cerveau, muscles, cœur, poumons… Rien ne leur est impossible. Depuis leur découverte en 1998 à l'intérieur d'embryons de cinq ou six jours, les cellules souches embryonnaires (CSEh) ont fait l'objet de vastes programmes de recherches. Mais elles n'étaient pas encore sorties des laboratoires malgré quelques effets d'annonce jamais vérifiés.

 

L'opération américaine de de la rétine

 

Sous la rétine (1), 50 000 cellules pigmentaires (obtenues à partir de cellules souches embryonnaires (CSEh)) ont été injectées. Seule une petite zone a été traitée pour limiter les risques en cas d'effets secondaires, l'imagerie médicale permet d'observer, en coupe, le fond de la rétine (2). La petite surépaisseur visible avec un fort grossissement (3), correspond au point d'injection et témoigne que les cellules ont bien survécu et colonisé la zone. Même si la surface réparée est peu étendue, les patients estiment que leur vision s'est améliorée.

rétine.jpg

 

D'après Jean-Pierre Hubschman, un ophtalmologiste d'origine française de l'équipe, la manipulation était très simple : "Il s'agissait de légèrement soulever la rétine du patient, puis d'injecter quelques gouttes de liquide ". Mais ce liquide contient plus de 50 000 cellules pigmentaires, indispensables à la bonne réception de la lumière dans l'œil.

 

Ces cellules rétiniennes ont été obtenues grâce à la transformation d'environ 2 000 cellules souches embryonnaires (CSEh) mises en culture et différenciée par une méthode mise au point par la firme américaine de biotechnologie Advanced Cell Technology (ACT). Ainsi, injectées en un point précis, les cellules cultivées ont pu coloniser et retapisser, en partie du moins, le fond de la rétine des deux patients, une septuagénaire atteinte par une forme de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), et un homme touché par la maladie de Stargardt, une dégénérescence maculaire héréditaire.

 

Quelques mois plus tard, les techniques d'imagerie de la rétine montrent que les cellules injectées sont toujours visibles dans la zone traitée et les deux patients estiment avoir bénéficié d'une amélioration de la vue, même s'ils continuent de souffrir de formes très avancées de leur maladie. Jean-Pierre Hubschman reste particulièrement prudent : "L'immense espoir suscité par l'annonce d'une thérapie contre ces deux maladies incurables ne doit pas faire croire au miracle. Avec seulement deux patients opérés, c'est encore trop tôt pour affirmer que nous avons réussi. Même si les résultats semblent très encourageants." Depuis, d'ailleurs, d'autres malades ont été opérés aux États-Unis et en Angleterre. La totalité des résultats est attendue pour 2014. Et, dans le même temps, d'autres essais sur des organes aussi divers que le cœur, le cerveau ou le pancréas pourraient très vite débuter. Cette fois, pas de doute, l'aventure des cellules souches embryonnaires est bien partie.

 

Une crainte subsiste car le pouvoir de différenciation des cellules souches embryonnaires (CSEh) a un revers : on les suspecte de pouvoir engendrer des tumeurs complexes à croissance rapide, les tératomes. Et c'est pour limiter ce risque qu'ACT a préféré miser sur une implantation dans l'œil, un organe non vital. Un choix d'autant plus judicieux que les réactions de rejets immunitaires y sont également très limitées. Les deux opérations pionnières de la rétine se devaient donc déjà de démontrer, avant même l'efficacité de la thérapie, l'innocuité des cellules souches embryonnaires.

 

"C'est une annonce très enthousiasmante", confirme Marc Peschanski, de l'unité I-Stem de l'Inserm au Génopole d'Évry (Essonne), l'un des 21 centres autorisés en France à mener des recherches sur ces cellules, "l'objectif intitial de l'étude a déjà été atteint. Six mois après l'opération, les cellules greffées semblent s'être parfaitement intégrées dans la rétine".

 

La DMLA« sèche» dans le viseur

Par ailleurs, la piste de la greffe de cellules rétiniennes dérivées de cellules souches embryonnaires humaines semble se confirmer (Sciences et Avenir, n° 816, février 2015, p. 96). Publiés en octobre dernier dans The Lancet, les derniers résultats d'une étude américaine dirigée par le Pr. Robert Lanza de la firme Advanced Cell Technology, montrent en effet une amélioration globale de la vision des patients greffés atteints de DMLA, et ce sans apparition d'effets indésirables irréversibles au bout de 22 mois.

 

Dans le même article, le magazine pose la question : Le Lampalizumab : un médicament efficace ? Capables de réduire de 20 % la progression des lésions causées par la forme « sèche » et avancée de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) — plus courante que sa forme « humide » et jusqu'ici sans traitement —, les injections de Lampalizumab « constituent un nouvel espoir », soutient le Dr Jean-François Girmens, ophtalmologiste à l'hôpital des Quinze-Vingts à Paris. Tout juste entré en phase III de tests dans 24 pays, cet inhibiteur d'une partie du complément (ensemble de protéines agissant sur notre réponse immunitaire) ne devrait toutefois pas être vendu avant 2017, prévient le laboratoire Roche.

 

La voie japonaise avec l'uilisation de cellules iPS (cellules souches adultes)

 

Devenues célèbres en octobre 2012 grâce au prix Nobel de médecine décerne à leur découvreur, le Pr Shinya Yamanaka, les cellules souches pluripotentes induites (ou cellules iPS) occuperont à nouveau le haut de l'affiche en 2013. Des chercheurs japonais du centre Riken lanceront en effet le premier essai thérapeutique sur l'homme faisant appel à ces cellules dans le traitement de la DMLA.

Les iPS se positionnent ainsi comme une alternative concrète aux cellules souches embryonnaires humaines (CSEh), celles-là mêmes qui laissent entrevoir depuis des années l'avènement d'une médecine régénératrice, mais dont l'utilisation se heurte aux problèmes éthiques posés par la question du statut de l'embryon. Les iPS peuvent être vues comme de « fausses » cellules embryonnaires : elles auraient les mêmes capacités de multiplication et de différenciation, mais sans provenir d'embryons. Car il s'agit de cellules différenciées adultes - par exemple de banales cellules de peau - « rajeunies » jusqu'au stade embryonnaire sous l'action d'un cocktail de jouvence mis au point par Shinya Yamanaka. Outre le traitement de la DMLA, le Japonais fonde de grands espoirs sur l'utilisation des iPS pour réparer les lésions de la moelle épinière.  

 

L'espoir d'une thérapie

 

De nombreux organes sont potentiellement concernés par le pouvoir réparateur des cellules souches embryonnaires. Ainsi, Michel Pucé (Inserm) pourrait bien être le premier à se lancer dans des essais sur l'insuffisance cardiaque. "Les protocoles sont en phase de finalisation, explique le chercheur. Nous attendons le feu vert des agences sanitaires." Ces essais sur le cœur sont d'autant plus attendus qu'aucun résultat n'a pu encore être obtenu jusqu'à présent lors des nombreux essais de thérapies cellulaires.

 

Autre projet en cours : des tests sur des cellules pancréatiques pour traiter le diabète. Reste que, en dehors des essais menés sur la rétine, un seul autre projet a été homologué dans le monde: le laboratoire américain Neuralstem s'intéresse au potentiel réparateur des cellules souches contre la sclérose latérale amyotrophique, une maladie neurovégétative. Et les premières injections ont eu lieu. Quoiqu'il en soit, l'absence d'effets secondaires officiellement constatés dans l'essai d'ACT devrait rassurer les agences sanitaires encore prudentes.

 

Sources :

 

Tourbe C. (2012). - Cellules souches embryonnaires Sciences & Vie, mars 2012 n° 1134, pp.68-72.

Kaldy P. (2012). - Les cellules souches peuvent rendre la vue, Sciences et Avenir, mars 2012, n° 781, p. 34.

20/01/2012

Dossier Kokopelli devant la Cour de justice de l'UE

Kokopelli.jpg

Procès devant la Cour de Justice de l'Union Européenne : Kokopelli en marche pour la Victoire !

Communiqué de Kokopelli du 19 janvier 2012

L’avocat général chargé du dossier Kokopelli devant la Cour de Justice de l’Union Européenne a donné aujourd’hui lecture publique de ses conclusions. Nous avons la joie d’annoncer qu’elles nous donnent entièrement raison !

En effet, le magistrat conclut à l’invalidité de l’interdiction de commercialiser des semences d’une variété non inscrite au catalogue officiel, et ce aux motifs que cette interdiction, portée par la législation Européenne aussi bien que par la réglementation Française, viole le principe de proportionnalité, la liberté d’entreprise, la libre circulation des marchandises, ainsi que le principe de non discrimination. La quasi-totalité de nos arguments ont été retenus !

De plus, l’avocat général n’a pas manqué d’affirmer, au contraire de ce qui était avancé par nos nombreux adversaires (Commission Européenne, Conseil de l’Union Européenne, République Française, Royaume d’Espagne et société Graines Baumaux), que, d’une part, les règles relatives à l’admission des semences au Catalogue Officiel n’ont « aucun rapport avec la santé des plantes », d’autre part, que « il appartient aux agriculteurs de décider des variétés qu’ils cultivent », enfin que cette législation limite excessivement le choix des consommateurs qui n’ont « ni accès aux denrées alimentaires ou autres produits issus de variétés qui ne satisfont pas aux critères d’admission, ni la possibilité de cultiver eux-mêmes ces variétés, par exemple dans leur propre jardin ».

De même, l’avocat général rappelle à juste titre que « le fait que les agriculteurs soient cantonnés à des variétés admises réduit enfin la diversité génétique dans les champs Européens ».

Il en conclut logiquement que «les inconvénients de l’interdiction de commercialiser des semences de variétés non admises l’emportent manifestement sur ses avantages. »

Nous sommes extrêmement satisfaits de ces conclusions et nous avons maintenant l’immense espoir que la Cour suive l’avis de son avocat général et vienne enfin mettre un terme au totalitarisme pluri-décennal de la législation sur le commerce des semences.

Pour plus d’information, voir sur le site de la Cour de Justice de l'Union Européenne (conclusions de l'avocat général disponibles dans plusieurs langues).

Blanche MAGARINOS-REY

Avocate de l’Association Kokopelli.

contact@avocat-magarinos-rey.com

17/01/2012

Mésanges au nourrissoir

mésange charbonnière,mésange bleue,mésange à longue queueMésanges au nourrissoir

 

par André Guyard

 

L'hiver est venu. Notre nourrissoir est fréquenté par différents passereaux, en particulier par les mésanges. Mésanges bleues et mésanges charbonnières appartiennent aux oiseaux locaux qui nichent dans la forêt voisine et visitent quotidiennement le nourrissoir en période de disette.

 

En revanche, les mésanges à longue queue sont simplement de passage. Elles s'abattent en une troupe nombreuse sur les arbustes du voisinage avant d'accéder au nourrissoir, se mélangeant volontiers aux deux autres espèces.

 

La Mésange bleue  (Cyanistes caeruleus) – famille des Paridés

 

Vive, effrontée et alerte, la mésange bleue atteint une taille de 11 cm. Il s'agit de la seule mésange avec du bleu cobalt vif sur la tête, les ailes et la queue. Le ventre est jaune ornée d'une raie médiane noire peu marquée). Les joues sont blanches avec une ligne noire barrant l'œil et autour de la joue jusqu'au menton noir bleu; calotte bleue bordée de blanc et tache blanche à la nuque ; dos verdâtre.

Elle niche dans des cavités des arbres ou des murs, adopte facilement les nichoirs.

 

Pour en savoir plus sur cette espèce :

http://www.oiseaux.net/oiseaux/mesange.bleue.html

 

mésange charbonnière,mésange bleue,mésange à longue queue

Couvée de mésanges bleues

 

mésange charbonnière,mésange bleue,mésange à longue queue

Mésange bleue

 

 mésange charbonnière,mésange bleue,mésange à longue queue

Répartition des trois espèces

(d'après Peterson)

 

La Mésange charbonnière (Parus major) – famille des Paridés

 

Sa taille atteint 14 cm : c'est la plus grande et la plus commune des mésanges. Tête et cou noir bleu luisant, avec joues blanches ; dessous jaune avec forte raie noire médiane. Dessus gris bleu verdâtre.

Arboricole et acrobatique, elle se plaît dans les bois mixtes ou feuillus, les jardins, les parcs et les vergers.

Comme la Mésange bleue, elle niche dans des cavités des arbres ou des murs et adopte facilement les nichoirs.

 

Pour en savoir plus sur cette espèce :

http://www.oiseaux.net/oiseaux/mesange.charbonniere.html

 

mésange charbonnière,mésange bleue,mésange à longue queue

À gauche, geai bleu Cyanocitta cristata, à droite mésange charbonnière

 

 

Les mésanges bleues sont rejointes successivement par une mésange charbonnière, une mésange à longue queue européenne puis une mésange à longue queue nordique

 

mésange charbonnière,mésange bleue,mésange à longue queue

Couvée de mésanges charbonnières

 

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Mésange charbonnière au nourrissoir

(cliché Yannick Leroy)

 

La Mésange à longue queue  (Aegithalos caudatus) – famille des Aegithalidés

 

Avec sa queue de 7 cm et une taille de 13 cm, la mésange à longue queue est facilement reconnaissable. Le plumage est noirâtre, blanchâtre et rosé. En général des bandeaux noirâtres orne sa tête blanche (formes ouest et sud-européenne) ; le dessous blanchâtre avec flancs et ventre rosés ; ailes et queue noires, celle-ci avec rectrices externes blanc pur.

C'est un oiseau grégaire perpétuellement agité et acrobatique.

Habitat : Bois, bosquets, haies, parcs et jardins boisés (feuillus et conifères mêlés). Nid ovoïde de mousse, lichens et plumes, contre un tronc, dans une enfourchure ou un buisson.

La vidéo montre aussi, au bas du nourrissoir, un spécimen de la race du Nord, Aegithalos caudatus caudatus reconnaissable par la tête, le cou et le ventre blanc pur.

 

Pour en savoir plus sur cette espèce :

http://www.oiseaux.net/oiseaux/mesange.a.longue.queue.html

 

 

mésange charbonnière,mésange bleue,mésange à longue queue

Mésange à longue queue

 

mésange charbonnière,mésange bleue,mésange à longue queue

Mésanges bleues (à gauche) et mésange à longue queue (à droite)

 

mésange charbonnière,mésange bleue,mésange à longue queue

Mésange à longue queue nordique (à gauche),

mésange charbonnière (en haut)

mésange bleue (en bas à droite)

 

mésange charbonnière,mésange bleue,mésange à longue queue

Mésange à longue queue nordique (en bas),

mésange charbonnière (en haut)

mésange bleue (en bas à gauche)

 

Source :

Peterson R, Mounfort G & Hollom P. A. D. (1962). – Guide des oiseaux d'Europe, 3e édition Delachaux et Niestlé Ed.

13/01/2012

Charles Léopold Laurillard par Claude Cardot

 Charles Léopold Laurillard

 

par Claude Cardot

 

Un nouvel ouvrage de Claude Cardot, déjà auteur de "Georges Cuvier : la révélation des mondes perdus" qui récidive avec un livre consacré à Charles Léopold Laurillard, élève et collaborateur de Cuvier.

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Pour l'agrandir, cliquer sur l'image

04/01/2012

Mouche parasite des abeilles

abeilles,pathologie des abeilles,nosema,gauchoUne mouche parasite: un nouveau suspect dans le phénomène de disparition des abeilles américaines

 

 

Des chercheurs américains ont détecté une mouche parasite qui conduit les abeilles domestiques à quitter leur ruche, les désoriente et provoque leur mort. Ce nouveau problème a été observé pour la première fois sur le campus de l'Université d'État de San Francisco. Selon ces entomologistes, ce parasite pourrait aider à avancer dans les recherches pour déterminer la ou les causes de la disparition massive des abeilles, appelé en anglais « colony collapse disorder » ou CCD.

 

Ce phénomène mystérieux apparu en 2006 a décimé les populations d'abeilles domestiques aux États-Unis qui assument la pollinisation des arbres fruitiers et de certains légumes, représentant des ventes de 15 milliards de dollars par an et comptant pour un tiers de l'alimentation humaine.

 

 

Un parasite en pleine émergence ?


 

Jusqu'à présent, Apocephalus borealis, cette mouche parasite, n'a été trouvée que dans des abeilles domestiques en Californie et dans le Dakota du Sud, précise John Hafernik, professeur de biologie à l'Université d'État de San Francisco. Mais le risque qu'il s'agisse d'un parasite en pleine émergence « pourrait menacer des ruches sur l'ensemble de l'Amérique du Nord surtout en raison du grand nombre d'états que traversent les apiculteurs professionnels avec leur ruches pour aller polliniser les récoltes ».

 

L'infestation d'une ruche commence quand une mouche dépose ses œufs dans l'abdomen d'une abeille. Une fois infectées par ces parasites, les abeilles abandonnent leurs ruches pour se rassembler autour des sources de lumière. « Nous avons observé que les abeilles infectées tournaient en rond, ayant perdu le sens de l'orientation », explique Andrew Core, un chercheur de l'Université d'État de San Francisco, principal auteur de cette communication.

 

 

Source :

 

 

Core A., Runckel Ch., Ivers J., Quock Chr., Siapno T., DeNault S., Brown B., DeRisi J., Smith Chr. D., Hafernik J. (2012). - A New Threat to Honey Bees, the Parasitic Phorid Fly Apocephalus borealis, PLoS ONE : Research Article, published 03 Jan 2012 10.1371/journal.pone.0029639.

 

29/12/2011

Géologie de la région de Thise

Arc en ciel_Thise.jpgGéologie de la région de Thise


par Patrick Rolin
Maître de Conférences à l'Université de France-Comté

 

La commune de Thise s'étend en partie sur le plateau de Chailluz-Thise et d'autre part, sur la plaine alluviale du Doubs.

La majeure partie du plateau de Chailluz-Thise est occupé par la forêt. Ce plateau est constitué de terrains du Jurassique moyen (Dogger), très faiblement inclinés (de 3°) vers la vallée du Doubs. Vers le nord-ouest, il se raccorde à la colline du Fort de la Dame-Blanche qui forme un large anticlinal (pli en forme de voûte) culminant à 619 m au Fort de la Dame-Blanche et dont le flanc septentrional est vigoureusement érodé par des ravins dominant de 300 à 400 m la plaine alluviale de l'Ognon (voir plus bas colonne lithostratigraphique du faisceau bisontin). Cet anticlinal est percé dans son axe par une combe bordée de crêts, dont le plus marqué dans le paysage, et surtout le plus élevé, est celui du Fort de la Dame-Blanche. Au sud-est, le plateau de Chailluz s'abaisse par deux gradins presque tabulaires, limités par deux escarpements de failles d'une vingtaine de mètres de hauteur (escarpements nord-est—sud-est de Thise et du Trébignon), avant de s'ennoyer sous les alluvions de la plaine alluviale du Doubs.

Avants-Monts jurassiens11.jpg

(Document LGV modifié. Pour agrandir, cliquer sur le document)

 

Le Doubs qui coule à des altitudes comprises entre 250 et 220 m entaille profondément en rive gauche les reliefs du faisceau bisontin qui culminent au fort de Montfaucon (620 m) et qui sont formés de terrains datant du Jurassique inférieur au Jurassique supérieur, plissés et faillés (voir carte géologique ci-dessous). La rivière décrit néanmoins de nombreux méandres, dont l'histoire complexe est soulignée par des cluses correspondant à d'anciens cours abandonnés.

 

La plaine alluviale du Doubs, très large entre Thise et Chalezeule, est donc dominée en rive gauche par les pentes raides des collines de Montfaucon. En aval de Chalezeule, cette plaine devient très étroite, et s'encaisse entre les collines de Montfaucon et le plateau des Clairs-Soleils.

 

Le remplissage alluvial des vallées de l'Ognon et du Doubs est marqué par des terrasses étagées de 5 m à 20 de mètres, voire emboîtées, bien visibles dans le paysage. Ces terrasses, plus ou moins érodées pour les plus hautes, marquent les différentes étapes de remblaiement et de creusement des vallées par les rivières. Notons que les terrasses les plus hautes et donc les plus anciennes de la vallée du Doubs sont des lambeaux de la plaine alluviale du Paléo-Rhin qui s'écoulait, il y a un à deux millions d'années vers le sud pour rejoindre le Rhône, avant d'être dévié vers la Mer du Nord ; c'est le Paléo-Rhin qui a façonné l'essentiel de l'actuelle vallée du Doubs (voir plus bas).

 

Carte Géol Chailluz_11.jpg

Carte de la région Palente-Thise © Patrick Rolin

(Pour agrandir, cliquer sur le document)

 

Nature et légende des différentes strates sédimentaires

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinFz. Basse terrasse actuelle. Elle est bien développée dans la vallée du Doubs (plaine de Thise) où elle est essentiellement calcaire. Les quelques torrents temporaires dont les cônes de déjection atteignent les rives du Doubs (Montfaucon) déposent surtout des matériaux argileux provenantdes marnes liasiques.

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinFy. Moyenne terrasse. Les alluvions de la moyenne terrasse dépassent de peu (moins de 10 à 15 m) les plaines de débordement.

 

 

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinFx. Haute terrasse. Dans la vallée du Doubs, des placages souvent riches en graviers siliceux sont localisés à Chalèze (+ 50 m).

 

 

 

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j8. Kimméridgien (60 à 70 m). Ayant fourni de très rares exemplaires d'Aspidoceras lallierianum, le Kimméridgien peut être subdivisé en deux ensembles qui, pour des raisons graphiques, n'ont pas été séparés sur la carte :

b) Le Kimméridgien supérieur (30 m) (Virgulien des auteurs) formé d'une alternance de marnes et de calcaires à pâte fine ou lumachelliques en petits bancs et débutant par un niveau riche en glauconie. Exogyra Virgula est le fossile dominant ; d'autres Lamellibranches et des Brachiopodes lui sont associés.

a) Le Kimméridgien inférieur (Ptérocérien des auteurs), essentiellement constitué de calcaires compacts, débute lui aussi par un niveau glauconieux, un peu plus marneux. Les fossiles y sont surtout abondants à la base, et constituent une faune classique : Pterocera oceani, Ceromya excentrica, Pholadomyes, Trichites (= fragments de Pinnigera). Exogyra bruntrutana, Terebratula subsella, etc.

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinj7. Séquanien (85 à 90 m). Le Séquanien est constitué de deux séries calcaires, séparées par des marnes à niveau gréseux et plaquettes de calcaires :

c) Le Séquanien supérieur est formé de calcaires variés, le plus souvent sublithographiques et graveleux, cryptocristallins ou à pâte fine et oolithiques.

b) Les marnes, souvent difficiles à observer, mais formant une combe, sont parfois coupées de plaquettes calcaires couvertes d'Astartes (Astartien des auteurs), de petits Gastéropodes ou d'Exogyres. Leur faune caractéristique consiste en une associationd'Exogyra nana et d'articlesd'Apiocrinus meriani, accompagnés de quelques Zeilleria egena.

a) Dans le Séquanien inférieur dominent des calcaires sublithographiques assez bien lités. Dans le faisceau bisontin, des oogones de Characées ont été trouvés au sommet des calcaires (la Vèze). Un banc remarquable, à débit prismatique, constitue un excellent repère local dans la série du flanc SE de l'anticlinal de la Citadelle. Aucune Ammonite n'a été signalée sur l'ensemble de la feuille ; en revanche, des Pseudocyclamines sont fréquentes dans tout le Séquanien.

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinj6. Rauracien (40 à 45 m). Il s'agit du faciès coralligène de l'Argovien terminal, que l'on peut subdiviser en deux parties de puissance à peu près égale :

b) au sommet, un ensemble de calcaires oolithiques ou pisolithiques, avec nombreux débris de fossiles plus ou moins roulés (Nérinées, Diceras, radioles de Cidaris) ;

a) à la base, des dépôts récifaux à Polypiers et Solénopores, avec des articles d'Apiocrinus, des tests de radioles de Cidaris, des Térébratules, etc.

 

 géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinj5. Argovien sensu stricto (40 à 50 m). Marneux à la base, l'Argovien comprend ensuite les couches dites à Pholadomya exaltata : ce sont des marno-calcaires bien stratifiés, parfois feuilletés, dans lesquels s'intercalent des bancs de 15 à 30 cm, plus compacts, renfermant des chailles et des fossiles silicifiés (Rhynchonella thurmanni, Terebratula galienei, Millericrinus, Serpules, Collyrites bicordatus). Le sommet de l'Argovien devient de plus en plus calcaire et renferme quelques Polypiers et des fossiles silicifiés (Apiocrinus, radioles de Cidaris, etc.) apparaissant en blanc sur le fond grisâtre de la roche.

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinj4. Oxfordien (30 à 45 m). L'Oxfordien présente son faciès classique de marnes bleues à Ammonites pyriteuses (Creniceras renggeri, Cardioceras cordatum, Perisphinctes perarmatum, etc. associés à Pentacrinus pentagonalis, Hybolites hastatus, petits Brachiopodes et Lamellibranches). Autrefois exploitées pour la fabrication de tuiles, ces marnes ont souvent glissé ou sont recouvertes d'éboulis, mais donnent des dépressions caractéristiques (combes).

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinj3b. Le Callovien supérieur (2 à 5 m), présente un faciès différent. On peut distinguer :

b) au sommet, des marnes jaunes ou noires sableuses renfermant de nombreuses Ammonites caractéristiques des zones à Quenstedtoceras lamberti et Peltoceras athleta : Qu. praelamberti, Peltoceras athleta, de grandes Collotia, Kosmoceras spinosum, de nombreux Hecticoceras ;

a) à la base, un calcaire argileux à oolithes ferrugineuses (0,90 cm à quelques cm) riche en Erymnoceras coronatum, Reineckeidae et Kosmoceratidae, reposant sur la surface rubéfiée et taraudée de la Dalle nacrée.

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinj3a. Dalle nacrée (Callovien inférieur)

Il s'agit de calcaires assez différents l'un de l'autre, mais qui ont été groupés dans les régions à tectonique complexe sous la notation j3-2.

La Dalle nacrée (j3a) représente le Callovien inférieur ainsi qu'en témoignent de très rares exemplaires de Macrocephalites : c'est un calcaire à oolithes et entroques, auquel des stratifications entrecroisées et de nombreuses interruptions de sédimentation (surfaces corrodées et perforées, Huîtres plates, galets plats provenant de la reprise du dépôt consolidé) donnent son aspect caractéristique en dalles ("laves" des habitants). Son épaisseur varie de 6 à 15m environ sur la feuille.

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinj2. Bathonien

Bien que la Dalle nacrée repose le plus souvent sur une surface perforée et rubéfiée tranchant sur les calcaires sous-jacents, on observe localement près de Besançon, entre les deux formations, quelques mètres au plus de marnes ayant une disposition lenticulaire, que leur faune (Oboyothyris obovata et autres Brachiopodes) permet de dater du Bathonien supérieur et que l'on désigne sous le nom de Marnes de Champforgeron (j2M).

Les calcaires notés j2 sont connus sous les noms de Calcaires de la Citadelle. Ce sont des calcaires compacts, massifs, le plus souvent sublithographiques mais aussi graveleux, surtout à leur base et à leur sommet, ils ont 60 à 70 m d'épaisseur. La microfaune (Trocholines, Valvulinidés, Miliolidés) y est assez fréquente, mais Rhynchonella decorata, pratiquement seul macrofossile de ces couches, est peu abondant et surtout très localisé (la Citadelle, carrière près des Rancenières).

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinJ1b. Bajocien supérieur = Grande oolithe (55-60 m). Les Calcaires de Tarragnoz, de Marcou, ou Grande oolithe de nombreux auteurs, constituent un ensemble assez homogène, bien lité, à stratifications entrecroisées; le plus souvent bicolore, la Grande oolithe a été exploitée comme pierre de construction à Besançon. L'ensemble est considéré comme représentant le Bajocien supérieur (zones à G. garanti et P. parkinsoni, Parkinsonia sp. citées à la Citadelle et aux Graviers Blancs). Il n'est pas impossible que les niveaux les plus élevés, souvent plus clairs, soient équivalents de l'Oolithe blanche de Bourgogne et correspondent à la base du Bathonien.

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinJ1a. Partie inférieure du Bajocien. Le Bajocien inférieur et moyen est souvent subdivisé dans le Jura en :

—  « calcaire bioclastique à Polypiers » au sommet ;

—  « calcaire bioclastique à entroques » à la base.

En fait, si la moitié inférieure de l'ensemble est toujours représentée par des calcaires à entroques, dont le ciment est assez ferrugineux, il est difficile par contre de suivre sur le terrain le niveau supérieur. Celui-ci présente en effet de très nombreuses variations de faciès assez souvent les calcaires à entroques s'y poursuivent, passant parfois (Citadelle de Besançon) à une oolithe grossière.

Des intercalations marneuses apparaissent parfois (Montfaucon) séparant des bancs de calcaires gris renfermant surtout des Pectinidés ou de petits Brachiopodes. Des Polypiers sont présents de façon sporadique (Auxon-Dessus, Buzy, Chapelle-des-Buis) et des Ammonites (Sonninia sowerbyi à Montfaucon)

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinI6b Aalénien supérieur.

Niveaux non marneux peu épais et difficiles à séparer des calcaires à entroques, l'Aalénien calcaire est formé de calcaires roux, oolithiques ferrugineux ou à entroques, renfermant des lumachelles à petits Pecten (P. pumilus) tandis que les bancs de la base, très sableux, renferment des Pleydellia.

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinI6-5. Aalénien marneux et Toarcien (60 à 70 m).

Cet ensemble essentiellement marneux et foncé comprend de haut en bas :

e) des marnes sableuses,

d) des marnes micacées à Pleydellia aalensis,

c) des couches riches en petits Lamellibranches et Gastéropodes (Leda rostralis, Nucula hammeri, Trochus subduplicatus, Littorina capitanea) avec des Dumortieria, Hammatoceras insigne, et à la base des Ammonites pyriteuses : Grammoceras fal/aciosum, Polyplectus discoides...,

b) des marnes à petits nodules rouille, à Hildoceras bifrons et Coeloceras crassum,

a) les « Schistes à Posidonomyes» ou «Schistes carton» renfermant des matières organiques (20 m environ); constituant parfois un léger ressaut sur les pentes marneuses, ils représentent le Toarcien inférieur (H. serpentinum).

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinI4-3. Pliensbachien (40 à 50 m). Bien que cette série à dominance marneuse puisse être détaillée dans divers affleurements, elle a été cartographiée dans son ensemble et même parfois réunie au Lias supérieur sous la notation 16-3.

Les principaux niveaux sont les suivants :

d) Couches à Pleuroceras spinatum, 10 à 15 m, formées de marnes micacées, sableuses renfermant des bancs de calcaires argilo-sableux cloisonnés (septaria) et des nodules («miches»).

c) Couches à Amaltheus margaritatus, 20 à 30 m, formées de marnes grises plastiques, renfermant Am. margaritatus et à la base, dans un niveau noduleux Am. stokesi (Miserey).

b) Banc calcaire bleu riche en Bélemnites, à Prodactylioceras davoei au sommet, et des marnes à Waldheimia numismalis à la base.

a) Lotharingien. Sont rattachés à cet étage quelques bancs calcaires et une dizaine de mètres de marnes.

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolinI3-2. Sinémurien et Hettangien ;

I1. Rhétien. Le Sinémurien et l'Hettangien constituent le Calcaire à Gryphées (8 à 10 m) renfermant à la base des Schlotheimia et, dans la partie supérieure, de nombreuses Gryphaea arcuata, Arietites bucklandi, Agassiceras scipionianum et Microderoras birchi.

Le Rhétien (15 à 20 m) est formé d'une alternance de marnes schistoïdes noires et de grès plus ou moins argileux renfermant à la partie supérieure un bone-bed d'écailles et de dents de Poissons et quelques lumachelles à Avicula contorta, Cytherea rhaetica... Dans le faisceau bisontin, l'ensemble a été groupé sous la notation I3-1.

 

géologie,jura,franche-comté,jurassique,thise,faisceau bisontin,avants monts jurassiens,doubs,patrick rolint9. Keuper supérieur (45 m).

Il s'agit de deux ensembles d'argiles bariolées, dont les teintes dominantes sont le rouge lie-de-vin et le vert, séparés par 5 m de grès, puis de dolomie (Dolomie de deux mètres des auteurs). Le niveau argileux inférieur est parfois gypsifère. Le Keuper moyen n'affleure généralement pas, mais le gypse interstratifié dans des argiles bariolées ou noires, sous un important banc dolomitique (Dolomie moellon) a été exploité en plusieurs points et notamment aux environs de Beure.

 

Commentaires

 

Les couches géologiques les plus anciennes que l'on trouve à l'affleurement sur le plateau de Chailluz sont des calcaires du Bajocien (178-170 millions d'années, voir ci-dessous colonne lithostratigraphique) qui forment le substratum de la forêt de Chailluz entre les Grandes Baraques et le crêt de la Dame-Blanche. Ces calcaires, épais d'une centaine de mètres de puissance, se débitent en bancs d'épaisseur pluri décimétriques.

 

La partie inférieure du Bajocien est essentiellement constituée de calcaires coquilliers, qui sont d'anciens sables consolidés formés d'une accumulation de fragments de coquilles, brisées par les vagues.

 

La partie supérieure du Bajocien comprend des calcaires oolithiques, qui sont également d'anciens sables constitués de minuscules billes calcaires de 1 à 1,5 mm de diamètre, cimentées entre elles : les oolithes, formées en milieu marin peu profond et très agité.

 

Du fait de leur bonne qualité technique et surtout leur bonne résistance au gel, ces calcaires oolithiques du Bajocien supérieur ont été exploités, dans les nombreuses anciennes carrières des Torcols et des Dessus de Chailluz, comme pierre de taille pour la construction de Besançon.

 

Le calcaire du Bajocien est surmonté d'une couche de 40 à 50 m d'épaisseur, du calcaire du Bathonien (170-158 millions d'années) d'une texture fine sublithographique (microcristalline), qui constitue la grande partie du substratum de la forêt de Chailluz (Grange Brochet, Fontaine Agathe, Fontaine des Acacias), et de Palente village jusqu'au lycée Pergaud. Ce calcaire fin, sans stratification bien nette, très pauvre en organismes, provient de la solidification d'une ancienne boue calcaire. Cette roche est très gélive et se découpe fréquemment en petits parallélépipèdes. Très sensible à la dissolution par l'eau, elle est responsable du paysage karstique (lapiaz et dolines) que l'on observe dans la forêt de Chailluz.

 

Au-dessus du Bathonien, le calcaire du Callovien (158-154 millions d'années) est peu épais (15 à 20 m). Il s'agit d'un calcaire coquillier et oolithique, similaire à celui du Bajocien, qui se débite en dalles fines de 3 à 10 cm d'épaisseur. Pour cette raison, ces dalles ont été employées dans le passé pour la couverture de maisons sous le nom de laves. Ce sont sur ces calcaires que sont construits les quartiers des Quatre-vents et des Orchamps et de la place des Tilleuls ; ils sont rarement visibles.

 

Le calcaire du Callovien est recouvert par des argiles callovo-oxfordiennes qui étaient bien visibles lors des travaux de l'échangeur de Palente (2008). Elles forment le substratum du quartier des Vernois et de la zone des Marnières vers le centre commercial de Chalezeule. Ces 40 m d'argiles ont été déposés entre 154 et 150 millions d'années au Callovien supérieur et à l'Oxfordien (s. str.). Ce sont des argiles bleu noir, pyriteuses, abritant une faune pélagique abondante (organismes flottants ou nageants : ammonites et bélemnites), et qui renferment parfois des débris de bois flottés. Ces argiles sont d'anciennes boues argileuses et faiblement carbonatées accumulées dans une mer peu profonde (moins de 30 m de fond). Dans cette mer, la faune pélagique était chassée par des dinosaures marins carnassiers, comme le plésiosaure dont un exemplaire a été retrouvé dans les argiles excavées pour la construction de l'échangeur de Palente. (voir l'article : le Plésiosaure de Palente). Des îles émergeaient, couvertes de végétaux, dont les débris ont donné les bois flottés.

 

Ces argiles grises du Callovo-Oxfordien sont propices à la fabrication de tuiles et elles ont été exploitées dans des carrières au pied du Fort-Benoît pour alimenter les tuileries du Vernois et de Palente.

 

Les argiles callovo-oxfordiennes sont surmontées par une formation marno-calcaire argovienne (150-147 millions d'années), que l'on ne trouve que sur les hauteurs des Clairs-Soleils. Cette formation comprend à la base une alternance de bancs de calcaires crayeux renferment de gros silex gris noirâtres et de lits marneux de couleur gris beige ; elle comprend au sommet des bancs calcaires très riches en restes d'organismes silicifiés : coquilles, tiges de crinoïdes, tests d'oursins, coraux…

 

Les dépôts marins les plus récents sont les formations du Rauracien et du Séquanien, préservées par l'érosion sur la colline de Bregille. Ces terrains apparaissent également dans le substratum de la vallée de l'Ognon, et se retrouvent dans des écailles tectoniques sous le chevauchement des Avants-Monts (voir carte et coupe géologiques).

 

La formation calcaire du Rauracien (147-144 millions d'années), épaisse de 30 à 40 m, est constituée de faciès très variés qui se succèdent dans le temps :

- à la base des calcaires coquilliers jaunâtres, à coquilles non silicifiées ;

- puis des calcaires oolithiques ;

- et enfin, au sommet, un calcaire oolithique à oncolithes ovoïdes plurimillimétriques. (Ces oncolithes sont des encroûtement algaires centimétriques de forme ovoïdes centimétriques développés autour de débris de coquilles).

 

La formation calcaire du Séquanien affleure sur la colline de Bregille. Elle comprend des calcaires sublithographiques très gélifs, à stratifications planes parallèles, renfermant des oncolithes et des tapis algaires découpées parfois par des fentes de dessiccation. Elle traduit un milieu de dépôt proche de l'émersion et calme. Ces calcaires du Séquanien représentent les terrains les plus jeunes appartenant aux plateaux de Chailluz.

 

Argiles callovo-oxfordiennes, marnes argoviennes et calcaires du jurassique supérieur (voir colonne stratigraphique) recouvraient jadis tout le plateau de Chailluz-Thise. Ces formations géologiques ont été décapées par l'érosion, mais préservées dans la colline de Clairs Soleils, qui consitue ainsi une butte témoin. Les marnes argoviennes sont particulières car elles renferment de gros silex, bruns ou gris noirâtres, communément appelés "chailles". L'érosion les a dégagés des marnes, et les cours d'eau les ont transportés et accumulés par places sur le plateau de Chailluz, où ils constituent des épandages importants.

Au cœur du pli de la Dame-Blanche profondément érodé, apparaissent des dépôts du Lias et du Trias, plus anciens que ceux qui constituent le substratum du plateau de Chailluz.

 

En descendant le crêt de la Dame-Blanche par l'ancien chemin de Tallenay à Bonnay, on rencontre :

 

- des calcaires oolithiques roux et ferrugineux de l'Aalénien (181-178 millions d'années) qui jalonnent plus ou moins le crêt de la Dame-Blanche ;

 

- puis, plus d'une centaine de mètres d'argiles marneuses grises du Lias (204-181 millions d'années) dans les pentes aux pieds du crêt. Ces argiles affleurent mal car elles sont plus ou moins masquées par les éboulis de pente provenant des éboulements des falaises de la Dame-Blanche. Ces argiles se sont déposées dans un milieu calme d'une vasière argilo-marneuse, probablement peu profonde.

 

Au fond de la combe, en plusieurs endroits apparaissent des argiles rouges et vertes du Trias supérieur (230-204 millions d'années épaisses d'une centaine de mètres), qui sont les plus anciens terrains à l'affleurement de la région. Ces argiles renferment des niveaux de gypse et de sel, ce sel ayant été exploité à Miserey-Salines et à Châtillon le Duc). Le Trias salifère s'est déposé en climat tropical sec, dans une vasière très peu profonde et souvent asséchée (similaire aux chotts tunisiens actuels), marqué par une très forte évaporation de l'eau de mer.

 

faisceau bisontin11.jpg

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Ces argiles du Trias supérieur sont les terrains les plus anciens connus dans la région. Elles reposent dans les Avants-Monts sur des calcaires du Jurassique supérieur (rauraciens et séquaniens), connus à l'affleurement, et surtout recoupés par un forage pétrolier réalisé près de l'ancienne ferme de la Baume. Cette anomalie de superposition des terrains s'explique par l'existence d'un important chevauchement (faille plate) qui met en superposition anormale les argiles du Trias supérieur sur les calcaires du Jurassique supérieur (voir coupe géologique).

 

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(Pour agrandir, cliquer sur le document)

 

Ce chevauchement décolle le Trias supérieur et les terrains du Jurassique et les fait glisser sur un substratum constitué d'un socle métamorphique et granitique hercynien recouvert de grès et de calcaires du Trias inférieur et moyen (245-230 millions d'années).

 

Ce chevauchement recoupe également une importante faille profonde verticale, plus ancienne que lui, de direction NE-SW que l'on situe approximativement à l'aplomb de l'A36. C'est la faille dite de l'Ognon. Cette faille, qui est une ancienne faille hercynienne, ferait remonter le socle et le Trias inférieur-moyen sous la forêt de Chailluz par, rapport aux terrains du Jurassique supérieur présents dans la vallée de l'Ognon (voir coupe géologique ci-dessus).

 

Pour résumer, l'histoire géologique de cette région débute au Primaire par la formation d'une ancienne montagne, la Chaîne hercynienne. Cette chaîne a été usée et rabotée à la fin du Primaire (avant 245 millions d'années) par l'érosion pour former le substratum (le socle) des dépôts du Secondaire.

 

Une mer a recouvert ce socle au Secondaire. Comme le montre la nature des sédiments marins décrits plus haut déposés dans une mer chaude, tropicale et surtout peu profonde (10 à 50 m), il s'agissait d'une mer peu profonde et parsemée de récifs formant des atolls et lagons, un peu comme dans les Bahamas actuelles. La mer s'est retirée de la région à la fin du Jurassique vers 130 millions d'années, et n'y est revenue que brièvement au cours du Crétacé (mais les dépôts du Jurassique supérieur et du Crétacé sont érodés et absents dans le secteur Thise-Palente).

 

À la fin du Tertiaire (vers 7 à 2 millions d'années), les poussées tectoniques induites par la formation des Alpes désolidarisent les terrains du Secondaire du socle hercynien.

 

Les terrains secondaires vont glisser au niveau des argiles du Keuper, le long du chevauchement des Avants-Monts, et surtout vont se plisser dans les Avants-Monts dans les secteurs de la Dame Blanche , de Bregille et former l'anticlinal de la Citadelle de Besançon et l'anticlinal et le chevauchement de Montfaucon.

 

En revanche, les terrains du secteur de Palente-Thise et la forêt de Chailluz échappent au plissement et restent presque tabulaires formant un plateau stable horizontal ou très légèrement basculé vers le Doubs. Mais ce plateau a été disloqué par des failles verticales apparaissant notamment entre Palente et Thise. Un ensemble complexe de failles affecte ainsi la commune. Ces accidents tectoniques s'impriment dans le paysage par de brutales différences  du relief dénonçant les cassures du sous-sol sous-jacentes. C'est le cas de l'escarpement de faille qui marque la Côte des Buis et le coteau du Fronchot qui domine le Sourbier ainsi que de l'escarpement de faille du Trébignon (voir carte ci-dessous).

 

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Principales failles dans la région de Thise © Patrick Rolin

 

Les poussées tectoniques sont toujours actives dans la région qui connaît une activité sismique notable. Cette activité est attestée par le souvenir du dernier séisme du 23 février 2004 (épicentre au sud de Roulans), et surtout par la base de données SisFrance qui répertorie 115 séismes historiques ressentis dans la région bisontine. Le séisme de Thise du 30 octobre 1928 (voir Sismologie dans la région de Thise), de magnitude 5,2 était l'un des plus forts. Il a causé à Thise des dommages prononcés, notamment l'effondrement de cheminées et l'écroulement de pans de murs.

 

Pour se limiter à la géologie de la seule agglomération thisienne, le village est situé sur la rive droite du Doubs où le lit majeur du Doubs s'élargit une large plaine alluviale occupée par l'aérodrome. Cette plaine est dominée d'ouest en est par les reliefs des Buis, du Fronchot et des Vaux encerclant le village. L'ensemble de ces zones est essentiellement constitué par des terrains calcaires ou calcaires-marneux du jurassique moyen (Séquanien, Argovien, Rauracien) qui forment l'ossature des collines. Les argiles callovo-oxfordiennes bien visibles au niveau de la zone des Marnières vers le centre commercial de Chalezeule tracent dans Thise une étroite bande de marne bleue formant le substratum des terrains entre Z.I. et les Andiers ainsi que celui du village historique (le Paret, l'église, Champenâtre, le Sourbier) et qui se prolonge vers l'est en direction de Beaupré.

 

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Carte géologique du secteur de Thise

1. Source du Paret 2. Source du Trébignon © Patrick Rolin

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L'Ognon et le Rhin qui coulaient depuis plusieurs millions d'années dans la région vont s'encaisser dans les formations secondaires pendant le soulèvement induit par le plissement des couches lors de la formation du Jura. Il y a environ deux millions d'années, le Rhin, dévié vers la mer du Nord lors de l'effondrement du graben alsacien a abandonné sa vallée occupée ensuite par le Doubs, l'un de ses anciens affluents. Il a laissé des terrasses étagées, les plus anciennes n'ayant aucun rapport avec le Doubs.

 

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Circulations d'eaux souterraines dans la région de Thise

document cabinet Reilé

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Des circulations d'eau souterraines sont responsables d'une karstification importante des calcaires bajociens et bathoniens, et de la formation d'environ 1000 dolines qui parsèment le plateau de la forêt de Chailluz et la forêt des Vaux. Une vue aérienne de la forêt ne permet pas d'apercevoir ces dolines en raison de la végétation. Pourtant, il existe une technique de télédétection qui permet de s'affranchir de la présence des arbres. Il s'agit du Lidar (Light Détection and Ranging) constitue cette technique qui permet de modéliser la topographie du sol et qui a permis la mise en place du projet Lieppec (Lidar pour l'Étude des Paysages Passés et Contemporains) soutenu par la Maison des Sciences de l'Homme et de l'Environnement de l'Université de Franche-Comté.

 

De quoi s'agit-il ? Le Lidar fournit un nuage de points en trois dimensions au niveau du sol. L'image traitée accuse des différences de reliefs inférieures à 20 cm : document ci-dessous.

 

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Forêts de Chailluz et des Vaux ponctuées de dolines

(SIG & DAO C. Fruchart 2011 - LIEPPEC,

MSHE CN Ledoux, Univ. Franche-Comté)

 

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Sources :

- documents originaux établis par Patrick Rolin.

- carte géologique de la région de Besançon.

- En Direct, Revue de l'Arc jurassien mai 2010 n° 230 p. 22-23.

28/12/2011

Les ocres de Roussillon en Provence

 

Roussillon_27-logo.jpgLes ocres de Roussillon en Provence

le Colorado provençal

 

Les ocres du Luberon fascinent. De Roussillon à Gignac, en passant par Villars, Gargas et Rustrel, les anciennes carrières d'ocre de la vallée d'Apt (Vaucluse) dont l'exploitation est abandonnée depuis près de soixante ans, les flamboyantes couleurs des ocres attirent une foule de touristes et d'artistes.

 

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Situation de Roussillon en Luberon

(Document : parc naturel régional du Luberon)

 

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Roussillon entre Gordes et Apt

(Cliquer sur la carte pour l'agrandir)

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Le village de Roussillon et le sentier des ocres

(Cliquer sur la carte pour l'agrandir)

 

Roussillon en Luberon représente le plus grand gisement d'ocre du monde. Sa célébrité vient de cette terre magique, imprégnée d'oxydes éclatant en des teintes qui parcourent le spectre du violet sombre au jaune dessinant une palette de rouges, de roses et d'oranges. Le sol est rouge flamboyant, par endroit orangé. Parfois il tire sur le jaune ou même le vert et avec le soleil couchant, il vire au violet sombre. Les ocres colorent les paysages du Luberon et également les maisons du village. "Cette colline incandescente est l'endroit le plus difficile à décrire car, pour bien la raconter, il ne faut ni mots ni dessins au trait, mais une palette de peintre" s'enthousiasme Patrick Ollivier-Elliott.

 

On connaît l'importance de l'ocre pour l'espèce humaine Homo sapiens sapiens. L'ocre est l'objet d'anciennes pratiques en Afrique il y a quelque 300 000 ans. Elle fait l'objet d'un usage cosmétique, marqueur culturel de l'espèce quand l'espèce quitte l'Afrique il y a 60 000 à 70 000 ans. Ce fard rouge représente alors pour les femmes un tabou d'inaccessibilité aux mâles avant le retour de la chasse. C'est également un marqueur de parenté au sein du clan et un signe cosmologique. L'ocre est abondamment utilisée dans l'art pariétal pour les peintures rupestres qui ornent les grottes comme la grotte Chauvet ou la grotte Cosquer et constitue un marqueur de la spiritualité de l'espèce humaine.

L'ocre est redécouverte par les Romains, oubliée jusqu'à la Révolution et ensuite commercialisée pendant un siècle dans le monde entier pour ses propriétés colorantes inaltérables. Pigment naturel, l'ocre fait aujourd’hui un retour en force, redonnant vie à de nombreuses activités, touchant la peinture, la décoration, la poterie et le bâtiment.

 

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Carte géologique du Luberon

(Document : parc naturel régional du Luberon)

(cliquer sur la carte pour l'agrandir)

 

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Légendes de la carte géologique du Luberon

(Document : parc naturel régional du Luberon)

 

Histoire géologique du Luberon

 

L’histoire géologique du Luberon explique l'origine et la genèse des ocres de la région. Elle est rythmée par une succession d’événements en particulier le dépôt de sédiments marins, lagunaires ou lacustres : calcaires, marnes, sables… Les fossiles d’animaux et de végétaux retracent l’évolution des climats et des paysages et permettent la datation de ces dépôts. Enfin, failles et plis attestent des fortes tensions et des étirements qu’a subi le territoire.

 

Cette histoire peut être retracée jusqu’à 160 millions d’années, âge des plus anciennes roches présentes sur le Parc.

 

De -160 à -100 millions d'années : la mer couvre la région

 

Depuis 40 millions d'années (-200 Ma) la Provence est recouverte par la mer. Les sédiments marins se transforment en roches, principalement des calcaires et des marnes. Il y a environ 120 millions d’années, dans des eaux chaudes et peu profondes, abondent rudistes, oursins, coraux et algues calcaires. Les roches qui témoignent de cet épisode sont les calcaires blancs, massifs, dits « urgoniens » qui occupent aujourd’hui les monts de Vaucluse, le Petit Luberon, les Calanques de Marseille…

 

Vers -110 Ma,

 

par suite de la poussée de la plaque africaine, un mouvement général d'approfondissement se produit en Provence. La région est ennoyée et des argiles grises recouvrent les calcaires urgoniens. Se déposent ensuite des sables, issus de l’érosion des massifs émergés. Dans la mer, ce sable est coloré en vert par un minéral argileux contenant du fer, la glauconie.

 

-100 millions d'années : les ocres, résultat d'une émersion

 

Vers -100 Ma, la poussée de la plaque africaine entraîne un épisode de plissement et un lent soulèvement. Une bande de terre émerge entre Massif central et Maures, c'est le « bombement durancien ». Les sables verts subissent une profonde altération sous l'action d'un climat tropical humide. Les sables verts vont donner les sables ocreux du bassin d’Apt.

 

-50 millions d'années : paysages africains

 

Dans la région, le climat est très sévère. Règne une savane aride où évolue une faune de mammifères, herbivores et carnivores, dont de nombreux fossiles ont été retrouvés à Saint-Saturnin-lès-Apt.

 

Il y a environ 40 millions d'années,

 

une nouvelle phase de plissement, dite « pyrénéo-provençale » se produit. Le Luberon, ainsi que les autres reliefs provençaux d’orientation est-ouest (Ste-Victoire, Ste-Baume, Nerthe, etc.), se mettent en place.

 

-35 millions d'années : naissance des grands lacs

 

Des mouvements d’étirement de l'écorce terrestre entraînent la mise en place de grands fossés d'effondrements, en Alsace, en Limagne, en Bresse et dans le Luberon. Limités par des failles, ces fossés vont favoriser l'installation de grands lacs et lagunes où se déposent des marnes, des grès et des calcaires. Ces dépôts sont exceptionnels par leur épaisseur (600 mètres à Apt, 3000 mètres à Manosque) ainsi que par leur richesse en substances utiles qui ont été ou sont encore exploitées: sel, gypse, lignite, soufre, etc.

 

C’est de cette époque que datent la majorité des sites de la Réserve Naturelle géologique du Luberon.

 

-20 millions d'années : le retour de la mer au Miocène

 

Autour de –20 millions d’années, au Miocène, sous un climat chaud, la mer revient sur le territoire. Elle dépose tantôt de la molasse, calcaire riche en débris d’organismes tels que les coquilles St-Jacques, les huîtres…, tantôt des safres, calcaires plus sableux, très sensibles à l’érosion.

 

La mer miocène balaie le territoire du Luberon à plusieurs reprises pendant près 10 millions d’années. Pendant ce temps, le massif s’élève lentement. À ses pieds, il abrite une faune de savane (gazelles, cerfs, rhinocéros, éléphants, tigres...) dont les fossiles ont été trouvés à Vaugines et à Cucuron.

 

La formation du Luberon s’achève à –5,8 millions d’années.

 

De –5,8 à -2 millions d'années : histoire mouvementée de la Durance

 

À –5,8 Ma, le détroit de Gibraltar se ferme et l’eau de la Méditerranée s’évapore. Le niveau baisse de plus de 1000 mètres ! En réponse à cet événement, les cours d’eau riverains creusent de profond canyons. Il en est ainsi pour la Durance et certains de ses affluents (Régalon, Aigue-Brun, Eze).

 

La remise en eau du bassin méditerranéen intervient après l’ouverture du détroit de Gibraltar, vers –5,3 Ma. Un bras de mer, appelé ria, occupe le canyon de la Durance et se prolonge dans ses affluents. Au coeur des gorges de Régalon, des sables marins sont encore présents, protégés dans deux grottes.

 

Progressivement, les rivières occupent à nouveau leur cours. Elles déposent des alluvions et repoussent rapidement le rivage vers aval. De cette reconquête, il reste les cailloutis duranciens dits de Valensole II, à Mirabeau, ainsi que les anciens lits de l’Èze et de l’Aiguebrun.

 

De -2 millions d'années à nos jours : le Quaternaire

 

La grande originalité du Quaternaire est la succession de grandes glaciations entrecoupées d'épisodes interglaciaires. Les glaciers sont parvenus jusqu'à Sisteron mais n'ont jamais atteint le Luberon. Toutefois les paysages sont profondément marqués par ces bouleversements climatiques. L'érosion intense a entaillé les reliefs de profonds ravins.

 

Le sentier des ocres

 

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(Panneau explicatif)

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Itinéraire du sentier des ocres

(Panneau explicatif)

 

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(Panneau explicatif)

 

L’ocre est une poudre naturellement jaune qui peut devenir rouge après oxydation. Sa palette varie du jaune pâle au rouge en passant par les orangés. Elle s’extrait par décantation d’un minerai siliceux dont les poussières les plus fines constituent un kaolin (argile), chargé naturellement en oxyde de fer (qui donne la couleur).

 

L’ocre est un pigment naturel, non toxique pour la peau. L'ocre était autrefois extrait dans de nombreuses régions, et désormais l'ocre est par endroit exploité en France, en Bourgogne et en Provence.

 

Du point de vue chimique, il s'agit d'oxydes mélangés à de l'argile, du sable, qui s'étirent en des veines sinueuses émergeant dans les collines de Roussillon ou s'enfonçant sous terre autour d'Apt (où on allait les chercher par d'interminables galeries). D'autres manifestations d'érubescences de même genre se retrouvent dans le célèbre Colorado de Rustrel et dans les carrières de Bédoin.

 

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(Panneau explicatif)

 

 

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(Panneau explicatif)

 

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(Panneau explicatif)

 

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(Panneau explicatif)

 

Utilisation des ocres de Roussillon

 

L'utilisation des ocres remonte à la préhistoire et sert à colorer les premières poteries, à dessiner les premiers graphismes pariétaux, au maquillage ou à l'accomplissement de rites religieux. Avec les Romains, on assiste à une exploitation industrielle, arrêtée avec la chute de l'Empire.

 

Selon Patrick Ollivier-Elliott, "il faudra attendre la fin du XVIIIe siècle pour que Jean-Etienne Astiers redécouvre les vertus des ocres et les fasse connaître aux Marseillais d'abord, puis à la France et à l'Europe entière. Brusquement le sous-sol de Roussillon se perce de galeries comme un terrain de taupinières, des centaines puis un millier d'ouvriers forent, extraient, lavent des milliers de tonnes de couleurs : de 1910 à 1930, les pointes annuelles de production monteront à 35 000 tonnes. Les utilisations sont multiples, d'autant plus inattendues que le colorant, une fois isolé par un procédé qui s'apparente un peu à celui des marais salants, s'avère posséder deux caractéristiques alléchantes : une relative innocuité lui ouvrant la voie des usages alimentaires, et une grande plasticité quand il est mis en pâte aqueuse. Aussi emploie-t-on, durant tout le XIXe siècle et le début du XXe, les ocres dans le chocolat, le rouge à lèvres, le fond de teint, les peintures, mais aussi dans le polissage des surfaces ou le malaxage du caoutchouc."

 

Si l'exploitation des ocres apporte une certaine richesse, elle génère en contrepartie quelques nuisances qui font grogner les Roussillonnais : les poudres sont légères et portées par les vents qui parcourent la vallée d'Apt les immiscent jusqu'à l'intérieur des habitations.

 

Un autre danger : les innombrables galeries finissent par miner la région d'autant que le village lui-même a des assises fragiles : la chute d'une partie de la falaise au milieu du XIXe siècle a menacé de faire s'écrouler l'église. Mais ceci ne suffit pas à freiner le développement des ocres, dont l'apogée se situe vers les années 1910, et pour lesquelles on installe spécialement une gare afin d'en faciliter l'expédition hors de la région.

 

Dès l'entre-deux-guerres, la concurrence des colorants chimiques entraîne une chute de la consommation qui s'écroule après la Deuxième Guerre. Les dernières exploitations vont fermer une à une et, en 1953, l'exploitation de l'ocre roussillonnaise est définitivment arrêtée.

 

L'ocre sert principalement aujourd’hui à colorer les peintures et les enduits, fabriquer les teintures. Il sert également dans la teinte des émaux, papiers, encres... Il est fortement concurrencé par tous les colorants chimiques utilisés aujourd'hui en peinture, en teinturerie, en cosmétique ainsi que dans l'alimentation.

 

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La végétation des ocres

 

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(Panneau explicatif)

 

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(Panneau explicatif)

 

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(Panneau explicatif)

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(Panneau explicatif)

 

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(Panneau explicatif)

 

Le village de Roussillon en Provence

 

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Roussillon posé sur sa colline d'ocre

 

Perché au cœur des gisements maintenant en sommeil, Roussillon est avant tout une palette de peintre, un lieu magique, où les combinaisons d'oxydes confèrent à ses ocres une infinie variété de couleurs, que l'on retrouve dans le paysage, sur les façades de ses maisons ou en trompe l'œil sur un portail. Avec une histoire qui plonge ses racines dans un passé millénaire, son charme est essentiellement dans le dédale de ses ruelles et dans ses couleurs. Grâce à sa chaude lumière, même hors saison, c'est un village de douceur de vivre et d'accueil (galeries et artisanat d'art) ; Roussillon est aussi un village gastronomique.

Les maisons de Roussillon empruntent leurs couleurs à leur environnement. Elles sont plus bariolées que nulle part ailleurs en Provence.

Une rue centrale sinueuse conduit au Castrum là où s'élevait autrefois le château médiéval. Les portes et les façades de maisons des XVIIe  et XVIIIe siècles agrémentent le parcours.

 

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Les maisons de Roussillon empruntent leurs couleurs à leur environnement

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La place de l'église

 

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Quelques friandises qui font le bonheur des dames

 

Le Conservatoire des Ocres

 

Située au cœur du massif des ocres, à Roussillon dans le Luberon, en Provence, l’ancienne usine d’ocre Mathieu est un centre sur les matériaux de la couleur.

 

À l’instar d’un conservatoire de musique, le Conservatoire des ocres est un lieu de pratique, de transmission et de partage des savoir-faire liés à la couleur.

 

Les 5 hectares du site de lavage des ocres ont gardé tout le caractère de cette industrie, et les 2000 m2 des anciens moulins à ocre abritent aujourd’hui le Conservatoire, lieu de pratique et d’apprentissage de la couleur, ouvert toute l’année aux amateurs comme aux professionnels.

 

L'ensemble des activités du Conservatoire des ocres permet de découvrir, d’utiliser et d’acquérir les ocres et les matières colorantes et de promouvoir leurs praticiens.

 

Un Jardin des Teinturiers™ permet de s’initier aux couleurs végétales, dont le Vaucluse fut grand producteur.

 

Les bâtiments accueillent régulièrement des rencontres qui peuvent également être à l'initiative d’autres organismes liés au sujet des couleurs par location de salles.

 

Sources :

- Dépliant touristique du village de Roussillon en Provence

- Dépliant touristique du parc naturel régional du Luberon

- Panneaux explicatifs disposés le long du sentier des ocres

- Patrick Ollivier-Elliott (1996) - Luberon, Carnets d'un voyageur attentif, éditions Edisud

20/12/2011

Résistance d'un insecte aux OGM

ogm,monsanto,résistance aux ogm, maïs,chrysomèle,Diabrotica virgifera,Un insecte déjoue l'efficacité d'un OGM

 

par Loïc Chauveau

 

Mauvaise nouvelle pour l'agriculture américaine... et pour Monsanto. Une étude montre que son maïs Bt n'a plus d'effet sur les chrysomèles, parasites ravageurs.

 

Le département d'entomologie de l'université d'Etat de l'Iowa (États-Unis) a repéré dès 2009 le caractère résistant de ces insectes, mais il a fallu deux ans aux chercheurs pour vérifier qu'il s'agissait bien d'un trait génétique transmis d'une génération à l'autre. C'est chose faite avec leur article publié dans PlosOne, juillet 2011. Les chrysomèles (Diabrotica virgifera), ces ravageurs du maïs - surtout redoutables par leurs larves qui se nourrissent des racines de la plante - ont bien acquis un caractère de résistance à l'un des insecticides phares de la multinationale américaine Monsanto : le maïs Bt.

 

Or, depuis 2003, Monsanto présente son produit, recelant des toxines Cry3Bb1 issues de la bactérie Bacillus thuringiensis, comme la solution idéale pour limiter les infestations des chrysomèles sans recourir aux insecticides conventionnels. « On savait déjà que la famille des Chrysomelidae présentait des capacités élevées de résistance par mutation génétique, assure Denis Bourguet, généticien à l'Inra de Montpellier. L'enzyme ciblée par la toxine change de conformation et rend ainsi le Bt inoffensif. »

 

Dès les premiers semis de cet OGM, l'EPA, agence américaine de l'environnement, avait recommandé qu'au moins 20 % des surfaces soit plantées en maïs traditionnels. La stratégie consiste en effet à préserver des populations d'insectes sans contact avec la toxine pour diluer le nombre d'individus pouvant acquérir une résistance. Mais ce conseil n'a été suivi que partiellement. Et la toxine Cry3Bbl est désormais inefficace. Monsanto devra la combiner avec d'autres toxines développées par des concurrents :

 

« Pour éviter cette impasse, il aurait fallu empiler dès le départ plusieurs toxines », poursuit Denis Bourguet.

Des solutions « naturelles » existent pourtant pour éviter que les insectes acquièrent cette résistance. Outre la plantation de champs non OGM, la vraie parade à la chrysomèle reste la rotation des cultures, les larves se retrouvant alors plusieurs années sans leur nourriture favorite. C'est ce qui est proposé aux agriculteurs français qui, depuis une dizaine d'années, doivent eux aussi faire face à l'arrivée de la chrysomèle Diabrotica virgifera. Sans autorisation d'utilisation des OGM, ils ne disposent que des seuls traitements larvaires : « La rotation des cultures est le bon moyen de diminuer la pression du ravageur sans trop utiliser de pesticides, assure Jean-Claude Bévillard, chargé des questions agricoles à France Nature Environnement. Cela suppose qu'on en finisse avec la spécialisation des régions agricoles sur deux ou trois cultures seulement. »

 

Pas simple. Car introduire dans les assolements de nouvelles productions, par exemple des légumineuses, implique de créer ex nihilo de nouvelles filières de commercialisation. C'est donc tout un modèle agricole que pourrait remettre en question ce petit insecte.

 

Source : Loïc Chauveau (2011). - Un insecte déjoue l'efficacité d'un OGM  Sciences et Avenir n° 776, octobre 2011 p. 34.

 

Voir aussi l'article de Univers Nature.

 

REPÈRES

 

AVEC 140 MILLIONS D'HECTARES, le maïs est la plante la plus cultivée dans le monde. En France, elle couvre 3 millions d'hectares.

 

58 MILLIONS D'HECTARES SONT CULTIVÉS EN MAÏS BT visant la chrysomèle dans le monde. Aux États-Unis, cet OGM représentait 45 % de la récolte 2009.

 

600 MILLIONS DE TONNES sont produites par an dans le monde dont 70 % pour l'alimentation animale.

 

EN FRANCE, la culture du maïs Bt est soumise à un moratoire de fait, dans l'attente d'une décision communautaire entre les 27 États membres de l'Union européenne.

15/12/2011

Davantage de poissons en France métropolitaine

truite fario-logo.jpgDavantage de poissons

en France métropolitaine

 

Vingt ans de campagnes d’inventaires en France métropolitaine effectuées par des agents de l’Onema ont permis d’en savoir plus sur l’évolution de 48 espèces ou groupes d’espèces de poissons. Les résultats de cette étude sans précédent en France sont en demi-teinte : le nombre d’espèces est à la hausse, en particulier pour les exotiques, mais certaines espèces régressent.

 

L’aire de répartition de nombreuses espèces présentes dans les cours d’eau de France métropolitaine s’est étendue et leurs populations se sont densifiées. Telles sont les observations qui ressortent de l’analyse portant sur l’évolution des poissons entre 1990 et 2009, menée par trois chargés de mission de l’Onema*, dont les résultats ont été publiés dans le Journal of Fish Biology.

 

Si de nombreuses espèces natives se portent bien (Spirlin, Barbeau, Chevesne), ce sont cependant les poissons exotiques (Silure, Pseudorasbora) qui ont connu le plus fort accroissement.

 

L’étude montre également la diminution significative de certaines espèces (Truite, Brème, Tanche). Elle confirme par ailleurs le déclin inquiétant de l’Anguille, qui a conduit à l’élaboration d’un plan de gestion pour sa restauration.

 

Certains repeuplements, orchestrés dans le cadre de plans de restauration ou à l’initiative des pêcheurs, ne font pas l’objet d’un suivi organisé. Cette pratique rend délicate l’interprétation des résultats car il est impossible de différencier les fluctuations naturelles d’une population de celles qui résultent d’une intervention humaine. Par exemple, la tendance à l’accroissement du Saumon, qui est sujet à un plan de restauration mis en place en 2008, reste à confirmer. "Cette étude donne une idée globale de l’évolution des poissons sur l’ensemble du territoire. Bien qu’elle montre une tendance à la hausse, il est important de rappeler que les effectifs de nombreuses espèces restent largement inférieurs à la situation précédant les révolutions industrielle et agricole qui ont eu un impact majeur sur la faune aquatique", précise Nicolas Poulet, chargé de mission "Écologie des organismes aquatiques" à l’Onema.

 

Des hypothèses à étudier

 

L’amélioration de la qualité de l’eau et le réchauffement climatique peuvent expliquer ces évolutions. Des efforts portant sur le traitement des eaux usées ont permis de diminuer les quantités de phosphates responsables de l’eutrophisation des cours d’eau. Certaines espèces semblent avoir réagi positivement. Quant au réchauffement climatique, il pourrait favoriser le développement des espèces d’eau « fraîche » au détriment des espèces vivant en milieu froid.

 

D'après une étude récente, les activités humaines seraient responsables d'une ressemblance accrue des communautés de poissons d'eau douce.

 

Le déclin mondial actuel de la biodiversité est largement imputable aux activités humaines. L'Homme a non seulement provoqué des extinctions d'espèces, mais il a également introduit de nombreuses espèces hors de leur aire d'origine. La combinaison de ces deux phénomènes est susceptible d'accroître la proportion d'espèces communes à différentes faunes, processus décrit sous le terme d'homogénéisation biotique.

 

Un consortium de chercheurs de l'Université de Toulouse III – Paul Sabatier (UPS), du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), du Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN) et de l'université d'Anvers (Belgique) a mesuré pour la première fois l'homogénéisation biotique des poissons d'eau douce à l'échelle du globe. Cette étude révèle que même si l'augmentation de similarité entre faunes de poissons reste faible (0.5 %) à l'échelle du globe, elle atteint un niveau substantiel (jusqu'à 10 %) dans certains cours d'eau Eurasiens et Nord-Américains. Ces travaux sont publiés dans les Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS).

 

Remarque :


Ainsi, à l'échelon de la planète, on constate que la faune des rivières devient de plus en plus uniforme. C'est le constat que dresse aussi l'équipe de Sébastien Villéger de l'université Paul-Sabatier de Toulouse. Le taux d'espèces pisciaires d'eau douce en commun a augmenté au cours des 200 dernières années, ce qui est dû aux introductions pratiquées par l'homme pour l'aquaculture et la pêche sportive. Comme ce sont souvent les mêmes poissons qui sont choisis (Carpe, Truite arc-en-ciel, Tilapia…), les faunes pisciaires sont de plus en plus homogènes (Science & Vie, janvier 2012, n° 1132, p. 22).

 

Une étude sans précédent

 

Une telle analyse temporelle à l’échelle du territoire métropolitain n’avait encore jamais été réalisée. Pourtant, la connaissance de l’évolution des espèces est fondamentale pour assurer leur conservation et vérifier l’efficacité des programmes de restauration. L’étude a été menée à partir des données provenant du suivi de 590 stations sur une période de huit à vingt années consécutives. Cette surveillance, initiée au début des années 1990 dans le cadre du réseau hydrobiologique et piscicole (RHP), se poursuit de nos jours, grâce à l’implication des agents des services territoriaux de l’Onema qui ont contribué à la mise en place du réseau et qui effectuent les campagnes d’inventaire.


Source :

 

Poulet N., Beaulaton L. & Dembski S. (2011). - Time trends in fish populations in metropolitan France : insights from national monitoring data, Journal of Fish Biology - Volume 79, Issue 6, pages 1436–1452, December 2011.

 

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03/12/2011

Georges Cuvier : la révélation des mondes perdus

Georges Cuvier : la révélation des mondes perdus

 

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Le livre de Claude Cardot est actuellement en vente :

 

- Au prix de 1€ jusqu'au 15 décembre.

- Le musée de Montbéliard possède un stock historique (officiellement à 24€50) dont le tarif devrait passer à 10 € le volume mais attention après le 1er janvier 2012 pour des raisons administratives… et pour être sûr, plutôt à partir du 1er février.

 

 Renseignements et réservation :

 

À ce tarif, le port et la livraison ne sont pas prévus. Il faut donc que l'acquéreur vienne le chercher à domicile.

 

Pour les personnes de la région de Besançon, prendre contact avec Michel Cottet

Pour les personnes du pays de Montbéliard, prendre contact avec Claude Cardot ou Thierry Malvesy.

 

02/12/2011

Palente au fil du temps : lancement du livre

Palente au fil du temps : lancement du livre

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Une équipe de bénévoles de l'Association de Palente s'est lancée dans la publication d'un livre rassemblant les souvenirs de ce village devenu une cité. Jusqu'à l'Avant-Guerre, un village bien marqué par sa ruralité et ses fermes groupés autour de son château et, après la Libération, par sa métamorphose en une cité urbaine construite à partir d'un lotissement de "castors", puis de logements neufs, les écoles, le collège, le lycée, l'église Saint-Pie X, le cinéma, les associations… Un quartier rendu célèbre dans le monde entier par l'affaire Lip.

 

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L'équipe rédactionnelle groupée autour du président de l'Association de Palente

 

Ce livre présente une foule de souvenirs glanés dans les greniers, dans les archives, des souvenirs exhumés pour les partager. Et le partage, la solidarité et l'entraide, ce sont des qualités qui ont marqué l'évolution de Palente.

La teneur des textes, la qualité des documents qui illustrent le livre en font un ouvrage où le lecteur pourra se promener à sa guise dans le temps et l'espace du quartier.

Le livre est disponible à partir du 1er décembre à la permanence de l'association le vendredi de 14h à 18h au 17, chemin de Palente. Prix (livre + DVD) : 25 €.

http://www.palente.fr/

contact@palente.fr 

 

 

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Le quartier s'était donné rendez-vous pour le lancement de l'ouvrage

 

Au cours de la soirée du 1er décembre, après la présentation de l'ouvrage au public par le Président, les rédacteurs nous ont présenté un aperçu de leurs travaux.

 

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Jean-Pierre Andréosso est le président de l'Association Palente

Le Président Jean-Pierre Andréosso a mis ses compétences de technicien et ses compétences d'organisateur pour gérer la genèse et la confection de l'ouvrage.

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Michèle Rollet

 

Michèle Rollet représente la mémoire du village où elle est née et qui n'a pas de secret pour elle. D'une plume alerte et poétique, elle excelle à brosser le portrait des gens et des événements qui ont émaillé la vie de Palente.

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Michèle Bauer-Écarnot

 

Michèle Bauer-Écarnot, gamine de la Cité, a assisté à la naissance et à l'urbanisation des nouveaux quartiers. Avec conscience et fidélité, elle s'est attaché à conter anecdotes et événements de la Cité.

 

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René Laville

 

Dossiers débordants de documents, de plans, de clichés, René Laville est un chasseur d'images dont l'objectif a fouillé les moindres recoins du quartier.

 

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 Jean-Marie Keller

 

 Jean-Marie Keller fouille dans les archives. Il parvient à dénicher le document précieux qui éclaire les événements qui ont traversé Palente.

 

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Michel Jeannin

 

Michel Jeannin s'est concentré sur l'élaboration de l'ouvrage.  Centraliser, canaliser, classer les contributions de chacun. Un critique juste, précieux et indispensable.

 

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Roger Chipaux

 

Roger Chipaux est un amoureux de la généalogie. Discret et efficace, il est un inlassable explorateur des racines.

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Marcel Hoeuillard

 

Marcel Hoeuillard apporte la touche scientifique à l'ouvrage. Cet amoureux de la forêt de Chailluz et de ses merveilles karstiques a convaincu par sa passion pour la géologie, la préhistoire, la paléontologie, la flore et la faune des lieux.

 

Palente au fil du temps. Du village à la cité. 288 p. Conception et réalisation : NOIR SUR BLANC. Imprimerie IME Baume les Dames.

http://www.palente.fr/

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30/11/2011

L'agroterrorisme dans nos assiettes

L’AGROTERRORISME DANS NOS ASSIETTES

 

par Michel Tarrier, 256 pages, Éditions LME



« Bientôt, plutôt que se souhaiter bon appétit, il faudra se souhaiter bonne chance ! » Pierre Rabhi
L’agriculteur moderne est l’ennemi public nº 1 de notre santé et de l’avenir de la planète.

Le livre est déjà disponible à un prix de faveur chez l’éditeur, commandez-le dès maintenant !


http://www.lamaisondeditions.fr/livre-agroterrorisme-tarr...


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comment le monde paysan s’est laissé pervertir par celui des affaires, au détriment de la santé publique et de l’environnement. Un portrait peu flatteur de l’agriculteur et de sa logique de mort. Un impitoyable règlement de compte avec les paysans voyous.
 
En rage contre l’agriculture mercenaire des industries chimiques et contre le paysan bourreau des animaux, j’ai écrit ce livre cet automne. Il sera bientôt sous presse et sortira prochainement.
 
Le monde agricole ne va guère apprécier cette dénonciation et le rejet, pour première fois global, de ses pratiques spécistes et pesticidaires : cruauté envers les animaux, consommateurs pris pour des cobayes et chaque fois plus exposés aux empoisonnements chimiques (dont les exploitants agricoles sont eux-mêmes les victimes kamikazes !), détérioration de la qualité biologique des sols, gestion courtermiste et éminemment capitaliste alors que l’agriculture demande évidemment une démarche respectueuse dans un souci d’avenir. La FNSEA, vecteur de l’horreur agricole française, cherchera à interdire la publication.
 
Ce livre est dédié aux animaux non-humains qui souffrent plus et davantage depuis l’avènement de l’agriculture industrielle et de son corollaire l’élevage concentrationnaire, ainsi qu’aux victimes humaines des produits agricoles pétris de résidus chimiques. Mais pas seulement. Je le dédie aussi à la pétro-tomate sans saveur,  au poivron en deuil de son sol, à la pomme de terre aux gènes de poulet, de phalène, de virus et de bactérie, au maïs aux gènes de luciole, de pétunia, de blé, de scorpion, au riz aux gènes de haricot, de pois, de bactérie et d’humain, à la fraise-melon et au melon-fraise ou kiwi, à la banane empoisonnée, à l’abricot qui ne murira plus, à la cerise qui pourrit rien qu’en la regardant. Et à tous les « fruits » de notre antimonde aux terroirs perdus. S’il est plus question que jamais de faire payer les pollueurs, il serait grand temps de présenter la facture qui revient aux gangsters de l’agrotoxique.
 
L’agroterrorisme dans nos assiettes dit très fort ce que tout le monde pense tout bas !
 
« La vie avant la domestication. L'agriculture était en fait largement une vie de plaisir, de contact avec la nature, de sagesse des sens, d'égalité sexuelle, et de bonne santé. » John Zerzan
 

 

 

 

 

 

 




La ferme, anti-chambre des abattoirs


 



L’AGROTERRORISME DANS NOS ASSIETTES, Michel Tarrier, 256 pages, Éditions LME
À réserver dès maintenant et à meilleur prix chez l'éditeur :
http://www.lamaisondeditions.fr/livre-agroterrorisme-tarr...
 

26/11/2011

Les Poissons d'eau douce de France

poissons d'eau douce,france,livres,muséum national d'histoire naturelle,mnhnLes Poissons d'eau douce

de France

 

par Philippe Keith, Henri Persat, Eric Feunteun et Jean Allardi

 

 

Cette nouvelle édition de l’Atlas des poissons d’eau douce de France (2001, épuisé), est entièrement mise à jour tant sur la taxonomie que sur la répartition des espèces. Une vingtaine d’espèces ont été ajoutées aux 83 présentées dans la première édition. Les groupes dans lesquels des taxons ont récemment été décrits (chabots, goujons...) font chacun l’objet d’une mise au point à la lumière des derniers travaux de génétique.

Ce guide comprend des clés d’identification, des monographies détaillées qui, à l’image de l’atlas précédent, contiennent de nombreuses cartes de répartition intégrant les données les plus récentes. Le lecteur y trouvera également des chapitres généraux sur l’histoire, la connaissance et la gestion des populations et des écosystèmes.

Véritable outil d’identification et d’étude, cet ouvrage est le fruit du travail collégial de 48 auteurs, tous spécialistes reconnus. Cet ouvrage collégial présente l'ensemble des espèces de poissons d'eau douce de France, qu'elles soient indigènes ou introduites. Le livre est à jour des dernières données sur la taxonomie, la génétique et la distribution des animaux. Il comprend des clés d'identification et des fiches monographiques détaillant l'écologie, les modes de vie des poissons et intégrant des cartes de répartition. Le lecteur y trouvera également des chapitres généraux sur l'histoire, la connaissance et la gestion des populations et des écosystèmes.

Le guide s'adresse à toute personne qui dans le cadre professionnel ou des loisirs est en contact avec la faune piscicole : naturalistes débutants et confirmés, pêcheurs et aquariophiles amateurs, pisciculteurs et gestionnaires des milieux naturels, scientifiques ou médiateurs environnementaux ; mais aussi au simple promeneur qui souhaite mettre un nom sur un poisson aperçu dans un cours d'eau. Véritable outil d'identification et d'étude, "Les poissons d'eau douce de France" inaugure une nouvelle collection coéditée par Biotope et le Muséum national d'Histoire naturelle.

Les atouts de cette nouvelle édition :

  • Un collectif d'auteurs reconnus,
  • Des données scientifiques les plus récentes,
  • Un point complet sur la classification des « poissons »,
  • Des chapitres sur l’écologie, la biogéographie, la génétique... largement étoffés,
  • Une iconographie en grande partie renouvelée, remarquable car prise le plus souvent en milieu naturel,
  • Un texte et une cartographie à jour des dernières découvertes.

En supplément : un cahier d'identification à glisser dans la poche ! Ce cahier vous permettra d'identifier la plupart des poissons d'eau douce de France. Il est particulièrement adapté aux sorties sur le terrain, que vous soyez pêcheur, naturaliste ou simple promeneur.

 

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Références :

ISBN (livre) 978-2-85653-672-8

ISBN (cahier) 978-2-85653-673-5

165 x 240 mm • Nombreuses photos

552 p. • 45 € TTC • octobre 2011

Publications scientifiques du Muséum

Commandes et renseignements :

Muséum national d'Histoire naturelle

Publications Scientifiques

CP 41 • 57 rue Cuvier • 75231 Paris cedex 05

Tél. : 01 40 79 48 05 • Fax : 01 40 79 38 40

Diff. pub@mnhn.frhttp://www.mnhn.fr/pubsci

 

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Répartition de la période de reproduction

des poissons d'eau douce

24/11/2011

Le Marais de Saône et les circulations souterraines

 

MaraisSaône_logo .jpgLe Marais de Saône et les circulations souterraines

 

par André Guyard et Michel Cottet

 

Sortant de Besançon, lorsque l'on emprunte la RN 57 en direction de Pontarlier et de la Suisse, la route gravit un relief accusé surplombant la vallée du Doubs à l'est de la ville. C'est le Faisceau bisontin. Après son franchissement on débouche sur un plateau, le plateau de Montrond.

 

En contrebas de la surface peu ondulée et boisée du plateau de ce plateau est dégagée une dépression plane et humide : il s'agit du Marais de Saône. Cette zone humide représente une réserve d'eau alimentant différentes sources situées dans la vallée du Doubs (et naguère, peut-être la vallée de la Loue, voir plus loin).

 

C'est le professeur Eugène Fournier, géologue et hydrologue qui s'est intéressé aux circulations karstiques particulièrement intenses dans la région en particulier à la circulation des eaux autour du Marais de Saône. Après avoir fait l'inventaire et la description des cavités, sources et pertes de la région de Saône, il s'est intéressé à la circulation des eaux souterraines issues du marais et démontré la complexité du réseau souterrain d'écoulement des eaux du marais. Ses travaux effectués au début du XXe siècle  ont été corroborés et complétés depuis par les hydrogéologues de l'Université de Franche-Comté sous la direction du professeur Pierre Chauve.

 

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Vue satellite du Marais de Saône
(Document Google Earth)
 
 
Le Marais de Saône a une importance stratégique pour la ville de Besançon : il constitue une part importante de ses ressources en eau potable à travers ses pertes qui vont alimenter les sources d'Arcier exploitées par la Ville (Voir les deux articles concernant la Source d'Arcier). Le schéma ci-dessous retrace les trois périmètres de protection de la zone.

 

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Périmètre de protection des eaux du Marais de Saône
et principales pertes alimentant le réseau aquifère
(Document Ville de Besançon vue grossie : Marais_Saône.pdf)

 

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Légendes de la figure précédente

 

À la suite d'Eugène Fournier, différentes cavités ont été signalées. Elles ont été répertoriées par Pierre Chauve. L'ensemble de ces cavités débouche sur un réseau d'aquifères qui parcourt le karst sous-jacent. Sur la carte ci-dessous, on voit que le sous-sol est constitué majoritairement par les calcaires faillés du jurassique moyen appartenant au Faisceau bisontin. L'examen des couches sédimentaires montre que l'installation du Marais de Saône s'est faite, en partie au moins, postérieurement aux cailloutis périglaciaires qui le bordent.

 

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Carte géologique du Marais de Saône
 
 
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Légendes de la carte géologique du Marais de Saône
 
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Vue aérienne du Marais de Saône

On aperçoit la "voie romaine"

et les étangs communaux et des chasseurs

(Cliché Michel Cottet, 29 avril 2008)

 

Sur le cliché ci-dessous, on aperçoit à l'arrière-plan le village de la Vèze. À gauche, la piste de l'aérodrome de la Vèze. Au premier plan, la voie ferrée et la RN 57 entaillent le Marais de Saône.

 

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Vue aérienne du Marais de Saône

(Cliché Michel Cottet, 29 avril 2008)

 

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Marais de Saône en hautes eaux estivales
(Cliché Michel Cottet, 10 août 1987)

 

Alimentation du Marais de Saône

 

Le marais est alimenté par différentes sources (Buvette, Neuf Puits, le Fou…) et de ruisseaux : ruisseau du Bief d'Aglans, ruisseau des Grands Terreaux, ruisseau des Alaines, ruisseau du Pontot et… de l'effluent de la station d'épuration.

 

Les Fosses de Saône

 

Il s'agit de plusieurs vastes dolines de forme elliptique cernées de falaises abruptes. Bordées de diaclases, dont la plus spectaculaire, longue d'une cinquantaine de mètres, a été élargie par l'érosion. La grande fosse absorbe plusieurs ruisselets temporaires.

 

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La diaclase voisine des Grandes Fosses en moyennes eaux

(Cliché Michel Cottet, 10 août 1987)

 

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Diaclase latérale des Grandes Fosses à sec

(Cliché Michel Cottet, 31 mai 2006)

 
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La Grande Fosse en début de décrue
Le niveau maximal de la crue est marqué par l'argile
recouvrant la végétation

(Cliché Michel Cottet, 31 mai 2006)

 

Le Creux sous Roche

 

Situé à une altitude de 367 m, le Creux sous Roche constitue l'exutoire commun du Marais de Saône et peut absorber jusqu'à 10 m3/s. Il s'agit d'un poljé, c'est-à-dire une vaste dépression karstique de forme complexe alimentée par plusieurs ruisseaux. Il se présente comme un entonnoir à fond aplati, des pentes moyennes à douces vers le Nord, l'Ouest et le Sud-Ouest et fermée par des parois rocheuses verticales à l'Est et au Sud-Est. Le Creux sous Roche comporte plusieurs pertes. Il récupère les eaux du ruisseau souterrain issu de l'exurgence de l'Œil de Bœuf, de la Fontaine du Grand Saône, du ruisseau de la Vèze, du ruisseau de la Scierie et du ruisseau des Grands Terreaux.

 

Le cliché ci-dessous montrent les deux ruisseaux du Creux sous Roche en moyennes eaux. Le flux arrivant sur la gauche rassemble le ruisseau des Grands Terreaux et celui de la Vèze qui confluent quelques dizaines de mètres en amont dans la pente ouest de la dépression. Le ruisseau arrivant en face provient quant à lui des sous-écoulements du village de Saône, du sous-écoulement de l'exurgence de l'Œil de Bœuf, de la Fontaine du Grand Saône, avec un regard pénétrable sur le cours souterrain, juste en amont, en paroi est du poljé.

 

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Les deux ruisseaux du Creux sous Roche en moyennes eaux

(Cliché Michel Cottet, 31 mai 2006)

 

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Creux sous Roche en période d'étiage
On distingue au fond la perte des deux ruisseaux
(Cliché André Guyard)
 
 
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Poljé et perte principale du Creux sous Roche
en basses eaux
(Cliché aérien Michel Cottet, 29 avril 2008)

 

Absorbant les eaux de ces ruisseaux en période normale, le poljé sature en période de grandes eaux car les pertes n'ont pas un débit suffisant pour absorber le débit.  Le goulot de la faille de Mamirolle alimente l'ensemble du système, remplit les fosses de Saône et le Creux sous Roche et submerge le Marais qui se transforme alors en un vaste lac qui atteint une profondeur maximale de 17 m durant plusieurs semaines.

 

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Marais de Saône en hautes eaux estivales

(Cliché Michel Cottet, 10 août 2007)

 

Protégés par une grille, deux petits puits artificiels permettent de pénétrer d'une dizaine de mètres dans la diaclase en direction sud. En profondeur, l'accès est limité à 15 mètres par un colmatage de la diaclase.

 

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Creux sous Roche en période d'étiage
On aperçoit sous la falaise les deux puits artificiels
(Cliché André Guyard)

 

Le parcours souterrain des eaux du Creux sous Roche reste inconnu. Sans doute, les eaux empruntent-elles la faille de Mamirolle pour franchir la couche imperméable de l'Oxfordien.  Elles se perdent pour ressortir à Arcier au Nord dans la vallée du Doubs .

 

D'après E. Fournier elles ressortaient également à la fin du XIXe siècle près de Cléron au sud dans la vallée de la Loue (voir plus bas). Comme dans d'autres réseaux de la région, les circulations souterraines se sont probablement modifiées. En effet, de récents traçages pratiqus dans les années quatre-vingt montrent uniquement un transit vers les sources d'Arcier.

 

Diaclase du creux sous Roche

 

Ce petit puits de 5 m de profondeur est sujet à un phénomène curieux. Lorsque les fosses se vident, le  niveau des eaux baisse plus rapidement dans les fosses que dans cet entonnoir et dans cet entonnoir plus rapidement que dans celui du Creux sous Roche.

 

Le cheminement des eaux souterraines du Creux sous Roche

 

À l'aide de colorations à la fluorescéine (1899) à partir du Creux sous Roche, E. Fournier a pu vérifier que la coloration se retrouve à la fois aux sources d'Arcier et le long de la Loue, aux sources du Maine à Scey en Varais, de l'Écoutot et du Moulin des Îles à Cademène en aval de Cléron. D'après Fournier, cette coloration se retrouve presque exclusivement à la Loue en période de basses eaux, alors qu'elle y est imperceptible en hautes eaux, les sources d'Arcier la recevant (presque) totalement, observations corroborées par Jeantot (1901-1902).

 

D'après Fournier, la circulation vers Arcier, emprunte la faille de Mamirolle vers le Nord, passe en dessous de la circulation des eaux souterraines (du moins une partie) qui vont de Mamirolle à Saône. Le collecteur souterrain est alimenté ensuite par les eaux collectées du côté de Gennes, de belles dolines en marquant le parcours, puis par les eaux de Naisey et (partiellement) de Bouclans, après leur brève réapparition entre Nancray et les pertes du bois de Faule.

 

En ce qui concerne la vallée de la Loue, les sources du Moulin des Îles à Cademène, de l'Écoutot et du Maine à Scey-en-Varais reçoivent l'essentiel de leur alimentation des pertes du plateau de Montrond le Château. Suivant la faille de Mamirolle vers le sud, une partie du cours d'eau souterrain issu du Creux sous Roche rejoindrait le collecteur du plateau de Montrond, alimenté avec certitude dès les pertes de la Baraque aux Violons et celles des Cloutiers.

 

Les travaux ultérieurs à Fournier montrent que ces sources sont aussi alimentées par les pertes des plateaux de Valdahon, de Passonfontaine, de Chaux-les-Passavant, voire par celles de la Brême elle-même. Pierre Chauve retient cette hypothèse sans aucune réticence en 1975 dans le Guide géologique du Jura.

 

L'inventaire des circulations souterraines de 1979, qui présente la garantie du Laboratoire de géologie structurale et appliquée de l'Université de Franche-Comté cautionne approximativement les propositions de Fournier. Le Creux sous Roche est alimenté via la fontaine du Grand Saône (les marais mis à part) depuis Mamirolle et Naisey ; il alimente à son tour d'une part les sources d'Arcier, d'autre part les sources du Moulin des Iles, de l'Écoutot et du Maine.

 

En revanche, l'actualisation de cet Inventaire des circulations souterraines en 1987 indique que deux colorations successives faites en 1984 au Creux sous Roche ont abouti aux sources d'Arcier. De manière plus surprenante, il ne signale plus qu'Arcier comme aboutissement des colorations de 1901-1902 par Jeantot, seules celles de Fournier en 1899 confirmant donc la liaison avec la Loue. En conséquence, la carte des écoulements n'indique plus cette liaison qu'en pointillés. Notons en passant que cette carte ignore les liaisons de Mamirolle et de Naisey à la Fontaine du Grand Saône.

 

Enfin, l'Inventaire Spéléologique du Doubs 2 affirme que ces résultats de coloration des sources de la Loue ne doivent pas être retenues, n'ayant jamais été confirmées ultérieurement : le Creux sous Roche alimente exclusivement les sources d'Arcier.

 

Bibliographie consultée

 

Fournier E. : Gouffres, grottes, cours d'eaux souterrains, résurgences etc. du département du Doubs (Besançon, 1919).

 

Fournier E. : Explorations souterraines en Franche-Comté en quatre volumes : les Gouffres (Besançon, 1923), Grottes et rivières souterraines (Besançon, 1923), Les eaux souterraines, sources, résurgences, exsurgences et nappes aquifères (Besançon, 1926).

 

Fournier E. : Phénomènes d'érosion et de corrosion spéciaux aux terrains calcaires et applications scientifiques et pratiques de la spéléologie et de l'hydrologie souterraine (Besançon, 1928).

 

Chauve P. : Jura, Guides géologiques régionaux (Masson, 1975).

 

Chauve P., Peguenet J., Tissot G., Tresse P. : Inventaire des circulations souterraines reconnues par traçage en Franche-Comté (Université de Besançon, Besançon, 1979).

 

Chauve P., Dubreucq F., Frachon J.C, Gauthier A., Mettetal J.P., Peguenet J. : Inventaire des circulations souterraines reconnues par traçage en Franche-Comté, mémoire 2 (Annales scientifiques de l'Université de Besançon, Besançon, 1987).

 

Comité départemental de Spéléologie du Doubs : Inventaire spéléologique du Doubs tome 2, Partie Nord-Ouest (Besançon, 1991) ; tome 3, partie centre (Besançon, 1996).

 

B. Hufschmitt. Partiellement édité dans « Saône votre commune », numéros 36, 37, 38.

 

Remerciements au Professeur Pierre Chauve dont les écrits ont fourni une grande partie du texte de cet article.

Remerciements à Michel Cottet, écoguide qui m'a communiqué les documents photographiques et contribué largement à la correction du manuscrit.

19/11/2011

Il était des villages

Dans la rubrique : les collègues ont du talent, voilà un poème aux accents pergaudiens traité en fable de La Fontaine et dû au talent de Charles Pellegrinelli.


Il était des villages

 

Il était des villages, éloignés des circuits

Où un même patronyme, parfois inscrit sur l’huis,

Était peu signifiant pour qui cherchait client,

Et seuls les sobriquets étaient vraiment parlants.

 

Le village de Blussans abritait les Ravey

Étrappe pour les Godard, Crosey  les Cœurdevey.

Les lieux d’habitation précisaient les familles

Le Raymond « des Essarts », du Moulin, dit la Guille.

 

Un surnom se gardait plusieurs générations

Mais celui de la Guille mérite explication.

Sa famille de meuniers vivait dans un écart

Qu’avait choisi l’aïeul, un sacré débrouillard.

 

Arsule, on l’appelait, qu’était un chaud lapin.

L’avait une chiée de gnos, au tof, dès le matin.

Son épouse, la Gretchen, enlevée en Bavière

Belle armoire de chêne, fonctionnait à la bière.

 

De retour du moulin, l’Eugène du puits Fenot

Confia à sa moitié, qu’il avait vu tantôt

Gretchen un peu plus ronde. Il s’était fait traité

De polisson vicieux, de vieux cochon bâté.

 

On remarqua bientôt, les allées et venues

De Marie, la sage-femme, surnommée guette-au-c…

Excusez le langage, sans fioriture aucune

Si ce n’est du plus cru, dans toute la commune.

 

C’était là contenu, d’échanges du lavoir,

Où les femmes pouvaient sans risquer l’engueuloir,

Apporter complément aux dires de la voisine

Avec  appréciations parfois des plus coquines.

 

 

Mais les jours défilaient et le bruit du ruisseau

N’était pas perturbé par les cris d’un puceau.

L’ouverture de la chasse devint sujetpressant

Écartant, pour un temps, des mégères, les cancans.

 

Au retour d’une battue, nos chasseurs dépités

Juraient les Nom-de-Dieu, mille fois répétés

Car la chienne du Léon se trouvait en chaleur

Et les chiens du canton, à chasser, n’avaient cœur.

 

Réunis chez l’Adèle, comme le voulait l’usage

Aux murs du vieux café montraient nemrods en rage.

Quand Miraut de ces lieux, trop vieux pour la battue,

Sur le sol usagé, en vain, se frottait l’ cul.

 

Un restant de crotte, une guille, c’est le nom,

Était resté collé et le rendait grognon,

Mais amusait beaucoup l’bambin de la famille

Qui s’écria bientôt : « elle est tombée la guille »

 

Juste à ce moment-là, la porte du bistrot

S’ouvrit avec ce cri : « Il est pondu le chiot »

Comment voulez-vous donc ignorer ces deux cris ?

La Guille fut  baptisé. Personne n’en fut surpris.

 

Charles Pellegrinelli, novembre 2011

 

18/11/2011

À l'image du Doubs

À l'image du Doubs

 

'' A l'image du Doubs-1.jpg

Cliquer sur l'image pour l'agrandir


Pour information, le livre "À l'image du Doubs" vient de sortir depuis quelques jours de l'imprimerie IME de Baume-les-Dames.
Le prix est de 40 euros (+ 13 euros de frais d'emballage et d'envoi).

Pour tout renseignement, s'adresser à Michel Cottet.

 

 

15/11/2011

La Coccinelle asiatique envahit la Franche-Comté

Harmonia_axyridis_logo.jpgLa Coccinelle asiatique Harmonia axyridis (HA) envahit la Franche-Comté



Chez cette espèce de Coccinellidés (Coléoptères), le mâle est plus petit que la femelle, avec des tailles variant de 5 à 8 mm de long et de 4,0 à 6,6 mm de large.

La Coccinelle asiatique présente une large gamme de coloris, allant du rouge à points noirs au noir à points rouges, en passant par de nombreuses nuances de jaune. Les élytres sont ornés de zéro à 19 points.

 

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Coccinelle asiatique

 

La Coccinelle asiatique se nourrit de pucerons, de psylles et de cochenilles, avec une voracité plus importante que celle les espèces autochtones utilisées jusqu'alors, surtout aux stades larvaires 3 et 4.

 

Cette voracité a été jugée intéressante pour la lutte biologique anti-pucerons pour susciter une importation dans les pays occidentaux. Or, il s'est avéré que l'espèce s'attaquait également aux autres coccinelles locales et à d'autres insectes.

 

Prolifiques, les femelles de cette espèce peuvent pondre jusqu'à 2 500 œufs durant leur vie avec un taux de 20 à 30 œufs/jour.

 

De sorte que l'espèce se reproduit activement et poursuit sa progression géographique, colonisant désormais la Franche-Comté. Phénomène particulièrment visible en automne, puisque, à l'approche de la mauvaise saison, les individus se regroupent dans des cavités, sous les écorces, mais ils n'hésitent pas à profiter de l'abri des bâtiments pour s'installer en vue d'hiberner.

 

Au départ, la Coccinelle asiatique Harmonia axyridis (HA) a été volontairement importée en Belgique et par l'INRA en France (1982). Profitant d'un climat qu'elle connaissait dans sa région d'origine la population a proliféré et s'est répandue dans l'Union Européenne. En fait, l'invasion de l'Europe ne s'est pas bornée à cette seule introduction volontaire et certaines populations  de (HA) semblaient être d'origine américaine.

 

Les routes d’invasion de la coccinelle asiatique Harmonia axyridis

 

Effectivement, des études récentes sur les voies invasives d'organismes exotiques suggèrent que de nombreuses invasions généralisées ne provenaient pas de l'aire de répartition naturelle, mais d'une population particulièrement envahissante qui colonise de nouveaux territoires.

 

En ce qui concerne la Coccinelle asiatique Harmonia axyridis, des chercheurs de l’INRA de Sophia-Antipolis et de Montpellier (1) ont retracé à l’aide de marqueurs génétiques et de traitements statistiques novateurs les routes d’invasion de cette espèce. Leurs résultats montrent que les invasions en Europe de l’Ouest, et en particulier en France, mais aussi en Amérique du Sud et en Afrique du Sud ont très vraisemblablement pour origine des coccinelles provenant d’Amérique du Nord-Est.

 

De sorte que, en Europe de l’Ouest, les populations envahissantes se sont mélangées génétiquement avec des individus issus d’opérations de lutte biologique contre les pucerons. Cette étude illustre la notion de "tête de pont invasive" : une population envahissante particulière va devenir la source de plusieurs autres populations envahissantes dans de nouvelles zones, éloignées de la précédente.

 

L’aire native de la Coccinelle Harmonia axyridis se situe en Asie. L’espèce a longtemps été utilisée en lutte biologique contre les pucerons, mais sans installation et multiplication notables dans les zones où elle a été utilisée, en Amérique du Nord (depuis 1916), en Europe (depuis 1990) et en Amérique du Sud dans les années 1990. Ce n’est que récemment qu’un premier foyer invasif a été détecté en Amérique du Nord-Est en 1988, puis un second en Amérique du Nord-Ouest en 1991. En 2001, deux populations invasives ont été observées en Amérique du Sud et en Europe tandis qu’un foyer était observé en Afrique du Sud en 2004.

 

D’espèce bénéfique, la Coccinelle asiatique est ainsi passée au statut d’insecte nuisible de par ses impacts écologiques (impact sur la biodiversité par la compétition ou la prédation d’espèces non-cibles du type coccinelles indigènes, lépidoptères, etc.), économiques (détérioration de la qualité des productions viticoles) et sociaux (agrégation en grand nombre à l’automne et en hiver dans les habitations, entraînant diverses perturbations et quelques cas d’allergies). Se posent alors naturellement des questions relatives aux relations de parenté entre ces différentes populations envahissantes (qui est la source de qui ?) et au rôle relatif dans l’émergence de ces populations envahissantes des introductions accidentelles et des introductions intentionnelles pour la lutte biologique.

 

Les analyses de génétique des populations réalisées par les chercheurs de l’INRA ont permis de reconstituer avec un niveau de précision et de confiance élevé les routes et les modalités d’introduction des populations envahissantes d’H. axyridis, sur l’ensemble des aires envahies (Amérique du Nord, Amérique du Sud, Afrique du Sud et Europe). Des échantillons de populations récoltés dans la nature (aire native et aires envahies) et d’autres, représentatifs de la souche originaire d’Asie utilisée pour la lutte biologique, importée par l’INRA en 1982 et utilisée par la suite par plusieurs biofabriques européennes, ont été caractérisés avec des marqueurs génétiques. Grâce à ces marqueurs, un grand nombre de scénarios d’introduction ont été comparés et la probabilité relative de chacun de ces scénarios a été estimée par des méthodes d'analyse statistique.

 

Une tête de pont invasive dans le Nord-Est de l’Amérique

 

Les routes d’invasion sont résumées dans la Figure 1. L’aire native asiatique est à l’origine de deux foyers principaux en Amérique du Nord-Est et du Nord-Ouest. Ces deux introductions sont donc indépendantes, mais il est impossible de savoir si elles sont accidentelles ou proviennent de populations utilisées en lutte biologique. Les foyers invasifs d’Amérique du Sud et d’Afrique du Sud proviennent de la zone envahie en Amérique du Nord-Est. Enfin les populations invasives en Europe de l’Ouest sont issues d’un mélange entre des individus provenant d’Amérique du Nord-Est et des individus utilisés en Europe pour la lutte biologique, avec une contribution génétique de l’ordre de 40 % pour ces derniers.

coccinelle asiatique-carte-1.jpg

Figure 1 : Origine des populations envahissantes d’Harmonia axyridis. Les aires natives et envahies sont respectivement en vert et rouge. La probabilité estimée pour chaque scénario d’introduction est en noir (P). Les dates de première observation des invasions sont en bleu. ENA = Est Nord Amérique, ONA = Ouest Nord Amérique, AS = Amérique du Sud, AFS = Afrique du Sud, EU = Europe de l’Ouest (Belgique). Dans le cas de la population Ouest Européenne (EU), les contributions génétiques relatives des sources Est Nord Amérique (ENA ; flèche rouge) et de la population de lutte biologique européenne (LBE ; flèche bleue) sont respectivement égales à 59% et 41%.


En Europe de l’Ouest, la question de l’effet sur la capacité d’invasion d’un mélange génétique entre les individus provenant d’Amérique du Nord-Est et ceux issus de la souche de lutte biologique précédemment citée est en cours d’étude. Les chercheurs impliqués dans cette étude n’ont pas détecté jusqu’à présent de foyers envahissants dont l’origine serait exclusivement liée à la souche de lutte biologique européenne.

 

Ces analyses ont ainsi démontré la contribution majeure de la population américaine du Nord-Est dans l’historique de l’invasion. Ce résultat illustre la notion de "tête de pont invasive" (ou invasive bridgehead effect) qui repose sur la mise en évidence d’une population envahissante particulière se comportant comme la source de nombreuses autres invasions dans des zones éloignées. La mise en évidence de populations invasives "têtes de pont" a des implications fortes en gestion des populations en incitant à une vigilance accrue envers ces populations.

 

Évaluer la probabilité d'un tel scénario est heuristiquement difficile. Les équipes de l'INRA ont résolu ce problème en utilisant des méthodes de calcul approximative bayésienne pour comparer quantitativement les scénarios d'invasion complexe basée sur l'analyse génétique des populations (variation des microsatellites) et historique (date de la première observation) des données.

 

D’autre part, le scénario d’invasion déduit de cette analyse suggère la possibilité d’un changement évolutif dans la population "tête de pont", localisée en Amérique du Nord-Est pour la Coccinelle asiatique. Cette hypothèse fait l’objet de recherches avec des approches de génétique quantitative menées par les mêmes équipes.

 

Cette démonstration d'un mécanisme d'invasion passant par une tête de pont comporte des implications importantes d'une part, dans la théorie de l'invasion (c'est-à-dire, un seul quart de l'évolution de la population par rapport aux multiples changements de tête de pont dans le cas de populations introduites devenues envahissantes de façon indépendante) et d'autre part, dans la gestion des invasions par des organismes étrangers entraînant une vigilance accrue contre les têtes de pont invasives.

 

Les chercheurs de l'INRA ont montré que l'éclatement de la récente invasion dans le monde entier de HA suivie d'un scénario de pont impliquant une population envahissante installée dans l'Est de l'Amérique du Nord constitue la source des individus colonisateurs qui ont envahi les continents européen, sud-américain et africain, avec quelques mélanges avec une souche de lutte biologique en Europe.

 

Sources :


http://fr.wikipedia.org/wiki/Coccinelle_asiatique

 

Cornuet J-M, Santos F, Robert PC, Marin J-M, Balding DJ, Guillemaud T, Estoup A (2008) Inferring population history with DIYABC: a user-friendly approach to Approximate Bayesian Computation. Bioinformatics, 24, 2713-2719.

 

(1) Équipe “Biologie des Populations en Interaction”, INRA UMR 1301 IBSV (INRA/CNRS/Université de Nice-Sophia Antipolis), Sophia-Antipolis, France, 2 INRA UMR Centre de Biologie et de Gestion des Populations (INRA/IRD/Cirad/Montpellier SupAgro), Montferrier-sur-Lez, France.

08/11/2011

La santé du Doubs mise à prix

doubs,doubs-franco-suisse,neuchâtel,sandra gogniatUniversité de Neuchâtel :

la santé du Doubs mise à prix !

 

par Sébastien Lamy (15 septembre 2011)

Le Doubs est aujourd’hui dans un sale état. Dans son mémoire de Master en sciences économiques, une étudiante de l’Université de Neuchâtel tente de mettre des chiffres sur le problème environnemental qui affecte cette grande rivière. Originaire de Saignelégier, Sandra Gogniat a enquêté auprès des pêcheurs du Doubs. Partant de l’hypothèse que cette rivière retrouverait sa forme d’il y a quarante ans, la jeune femme estime à 48 millions de francs suisses par année le bénéfice correspondant à l’augmentation de bien-être ressenti par les pêcheurs.

Difficile d’estimer la valeur économique d’un bien intangible comme le bonheur des habitants d’un pays ou la valeur d’une vie. Néanmoins, les économistes s’essaient de plus en plus souvent à ce genre de calcul. À l’Université de Neuchâtel, Sandra Gogniat a cherché à connaître la valeur d’un patrimoine naturel. Cette jeune économiste s’est penchée sur le bien-être que ressentiraient les pêcheurs du Doubs si cette rivière retrouvait son allure des années septante. Son constat : les quelque 30 400 pêcheurs qui vont et viennent le long des rives suisses et françaises du Doubs réaliseraient une satisfaction équivalente à une compensation monétaire de CHF 1 450 à CHF 1 700 par personne et par année. Soit un total de 48 millions de francs suisses par année. « Cela signifie que la dégradation de la rivière impose à la société un coût économique très important », affirme Sandra Gogniat.

Native de Saignelégier, la jeune femme a pu observer de tout près la dégradation de la rivière. Par son travail, elle entend motiver les autorités à prendre des mesures. « Dès qu’on envisage de restaurer le Doubs, les coûts nécessaires à l’entreprise viennent tout de suite sur le tapis, s’insurge Sandra Gogniat. Mes résultats visent à contrebalancer la discussion en chiffrant le bénéfice qui découlerait de l’opération. »

Sandra Gogniat a tiré ses conclusions d’un questionnaire largement diffusé auprès des pêcheurs. Deux cent vingt-cinq d’entre eux lui ont rendu réponse. Son enquête se limite à l’impact d’une hypothétique amélioration de la qualité de l’eau et de l’écoulement des flots sur les activités de pêche récréative. Il est bien clair que la détérioration actuelle du Doubs comporte bien d’autres aspects qui n’ont pas été compris dans les 48 millions avancés par cette étude.

Afin d’estimer la valeur économique de la pêche récréative dans le Doubs, Sandra Gogniat a utilisé la méthode des coûts du trajet hypothétique. Elle a ensuite comparé les résultats obtenus dans la situation actuelle (2010) et dans la situation d’une hypothétique amélioration de la qualité de l’eau et de l’écoulement des flots. « Cette approche s’appuie sur le coût des trajets effectués par les pêcheurs pour se rendre sur leur lieu de loisir », explique-t-elle. Dans son questionnaire, Sandra Gogniat a également glissé quelques questions sur les habitudes des pêcheurs. Mais elle leur a surtout demandé d’imaginer les changements de comportement qu’ils adopteraient face à un Doubs regorgeant de poissons et libre de toutes interdictions, tel qu’il était quarante ans auparavant.

Aujourd’hui, Sandra Gogniat entame une thèse de doctorat à l’Université de Neuchâtel. Avant de se plonger dans ce nouveau défi, elle espère bien faire inciter les autorités à prendre connaissance de son travail de mémoire.

 

Vous pouvez également visionner des vidéos très fouillées au sujet des problèmes du Doubs à l'adresse ci-dessous :
Le lien: http://www.pronatura-ju.ch  et choisir le fichier Doubs.

 

Les pollutions agricoles et domestiques sont mises en cause pour expliquer l'état lamentable de nos rivières. Or un petit tour de passe-passe a été commis pendant les vacances de Noël 2011 par le Ministère de l'Agriculture !


À peine croyable : c'est en pleine période de fêtes de Noël et du Nouvel An que le ministre de l'agriculture a choisi de "consulter le public" sur un projet de modification de la réglementation relative aux zones d'excédent structurel de lisier ! Chacun le sait, en cette période de fêtes, les citoyens surveillent assidument les projets de textes mis en ligne sur le site internet du ministère de l'agriculture...

 

Une pétition à signer :

http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/elevages-deregle...

22/10/2011

Projet de liaison Rhin-Rhône par la Saône et la Moselle

Ecluse_Malate.jpgProjet de liaison Rhin-Rhône par la Saône et la Moselle
 
par André Guyard
 
(Dernière mise à jour : 23/10/2011)

 

Le projet


Le projet de liaison Rhin-Rhône a pour but de créer une liaison fluviale à grand gabarit entre les vallées de la Saône et de la Moselle. Il devrait permettre le passage de péniches de 4 400 tonnes pour relier le Rhône au Rhin.

 

navigation sur le Doubs2.jpg
navigation sur le Doubs.jpg
Navigation sur le Doubs


Ce projet date déjà de plusieurs décennies : deux variantes avaient été proposées dans les années 1960 :

 

  • l’une passant par le Doubs retenue et abandonnée en 1997, du fait de nombreuses oppositions,
  • l’autre passant par la Saône et la Moselle, abandonnée alors du fait des insuffisances de la ressource en eau pour l’alimenter.

C’est cette dernière qui ressurgit cette fois-ci avec la réalisation d’études prospectives. Quatre couloirs de passage sont actuellement à l’étude (carte ci-dessous).

 

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Carte des couloirs de passage potentiel

Dans le contexte actuel, où les économies d’énergies fossiles deviennent un objectif majeur, alors que les transports de marchandises sont effectués principalement par la route, ce mode de transport et ce projet peuvent sembler des réponses adaptées et sont, pour cette raison, soutenues par les développements du Grenelle de l’environnement dans la loi Grenelle 1. En fait, il est aisé de démontrer que ce projet constitue une mauvaise réponse pour des raisons économiques (en termes de logique de transports) et pour des raisons écologiques (ressource en eau toujours insuffisante). Quelle que soit son implantation, non encore finalisée, le canal passerait par des vallées d’altitude, en n’utilisant qu’en partie seulement les cours d’eau ou canaux actuels : ce serait donc un projet créé de novo, soustrayant de grandes quantités d’eau aux écosystèmes et donc lourd de conséquences.

Aspects socio-économiques

Si le projet de liaison à grand gabarit Rhin-Rhône par le Doubs a été abandonné, ce n’est que pour des raisons économiques. Il ne faut pas se laisser abuser par l’illusion cartographique : la voie d’eau n’a jamais été et ne sera jamais la solution pour franchir les montagnes !

Entre Méditerranée et Mer du Nord, il n’y a plus d’industries lourdes intracontinentales, les pondéreux se font rares, les produits doivent circuler rapidement, au coût minimal (les stocks sont sur les camions) et sans rupture de charge (changement de mode de transport). Les inconvénients liés à la nature même de ce mode de transport (sa lenteur, sa fragilité face aux contraintes climatiques, la lourdeur de sa gestion, etc.) expliquent le manque d’entrain de ses utilisateurs potentiels.

Remarques

1) Le grand gabarit de la liaison n’existe pas de facto entre Marseille (13) et St-Jean-de-Losne (21) pour différentes raisons :

  • le port de Marseille n’est pas relié au Rhône (tunnel du Rove effondré),
  • seuils divers sur le Rhône (Arles) réduisant sa profondeur et sa navigabilité,
  • tirant d’air sous les ponts de Lyon insuffisant, imposant un nombre réduit de couches de conteneurs sur les navires (2 au lieu de 3).

2) La démonstration de l’inutilité de ce type de projet a déjà été faite en réel : il s’agit de la liaison inter-bassins entre le Rhin et le Danube. Les trafics y sont faibles et stables, le train opérant beaucoup plus efficacement sur le même axe.


Aspects hydrologiques

S’agissant d’une voie d’eau, il est tout naturel de s’inquiéter de sa faisabilité même, et donc des possibilités de l’alimenter en eau.

➢ Le projet de canal Rhin-Rhône par la Saône et la Moselle avait été abandonné dans les années 60, du fait de la carence en eau. En effet, les périodes d’étiage annuelles s’étendent jusqu’à 96 jours pour la Moselle et 78 pour la Saône. Autant de jours où la navigation ne peut se faire. La rareté globale de l’eau, logique en tête de bassin, et l’importance des étiages obligent ainsi les concepteurs du projet à envisager des réservoirs volumineux (plusieurs dizaines de millions de m3) en amont des bassins versants et des pompages de bief en bief, consommateurs d’énergie.

➢ Le gel de la voie d’eau, encore possible dans les régions en altitude (90 jours de gel dans les Vosges), constituerait une autre raison de sa fermeture à la circulation.

➢ Avec le réchauffement climatique en cours, l’accentuation des phénomènes climatiques extrêmes doit être prise en compte très sérieusement concernant un ouvrage dont le fonctionnement dépend de son alimentation en eau : étiages sévères et crues subites et importantes. Le réchauffement climatique ne devrait qu’accentuer le manque d’eau sur les bassins versants avec comme effets la diminution de la fonctionnalité de la voie d’eau et la fragilisation de ses intérêts économiques.

Aspects environnementaux

  • Impacts paysagers

Proportionnels à l’ampleur des travaux de génie civil, ces impacts seront importants sur les hautes vallées, plus resserrées, plus sinueuses. Les cicatrices de ces travaux marqueront à jamais les paysages des hautes vallées de la Saône ou de la Moselle, quels que soient les traitements paysagers ultérieurs. L’impact sur le patrimoine construit serait classé comme « globalement fort » : une vingtaine de zones ou sites classés sont répertoriés. Ce projet constituerait donc une perte importante de patrimoine paysager rural et urbain.
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Navigation sur le Danube

  • Impacts physico-chimiques

➢ Concernant les parties de cours d’eau et canaux actuels empruntés par le projet, les travaux et le fonctionnement de la voie d’eau, par l’érosion qui en est issue, remettraient en suspension des sédiments riches en toxiques, métaux lourds particulièrement.

➢ Des contaminations de la ressource en eau potable et des chaînes alimentaires sont donc vraisemblablement à attendre.

  • Impacts hydrobiologiques

➢ Un cours d’eau n’est pas seulement constitué de sa partie visible : il est alimenté par tout un bassin versant et est accompagné dans son lit majeur par sa nappe alluviale, ressource majeure en eau potable pour les populations riveraines. Les transferts d’eau entre ces différentes parties, l’intensité des fonctionnements des écosystèmes associés garantissent la pérennité et la qualité des eaux superficielles et profondes.

➢ Dans tous les cas, ce projet aurait des conséquences majeures sur la ressource en eau, qu’il emprunte le cours de la rivière ou soit créé dans son lit majeur* : le canal déroberait plus de 12 m3/s au milieu naturel avec ou sans le développement de réservoirs d’eau en amont.

➢ L’impact serait d’autant plus important qu’il se situe en amont des bassins versants, vers le seuil de partage des eaux. Ces notions écologiques sont largement comprises par les acteurs de l’eau (particulièrement par les Agences de bassin) : elles constituent le fondement de la politique de l’eau et doivent s’imposer dans l’étude de tout projet où l’eau est présente.

➢ Enfin, le réchauffement climatique en cours devrait nous imposer encore plus de prudence dans la réalisation de tels aménagements et dans la prise en compte de leurs effets sur la ressource en eau et les nappes alluviales.

  • Impacts directs et indirects sur la biodiversité et les écosystèmes naturels

➢ Qu’elle emprunte le cours d’eau ou son lit majeur, l’infrastructure aurait des effets importants, chimiques ou mécaniques, sur la biodiversité, particulièrement des zones humides. Elle en réduirait de plus les fonctionnalités écologiques et par suite la qualité des aquifères. Ceci constituerait un gaspillage inadmissible de patrimoine naturel. Directs ou indirects, ces effets seraient vraisemblablement renforcés par la récession de la vie sur Terre comme par le réchauffement climatique.

➢ La richesse et l’importance du patrimoine naturel rencontré par le projet sont notables. Val de Saône, Bassigny ou vallée de la Moselle constituent des zones à patrimoine vivant riche et que de nombreuses conventions ou régimes protègent. Les inventaires réalisés présentent :

  1. 2 à 4 zones Natura 2000 suivant le tracé (dont le Val de Saône),
  2. 344 zones naturelles d’intérêt faunistiques et floristiques (ZNIEFF) de type I, essentiellement sur la vallée de la Saône et en Haute-Marne (couloir Ouest),
  3. 39 ZNIEFF de type II, plus précieuses, sur les vallées de la Saône et la Moselle,
  4. 6 zones d’intérêt communautaire (ZICO),
  5. 7 zones de protection spéciale (ZPS), dont la vallée de la Saône, le Bassigny, la vallée de la Lanterne ou la basse vallée du Doubs,
  6. des dizaines de sites sensibles, soumis à des politiques de protection variées par les Conservatoires naturels, entre autres,
  7. forêts alluviales en Val de Saône, vallées de la Moselle et de la Lanterne, abritant des espèces d’importance patrimoniale, vertébrés (oiseaux ou batraciens) ou invertébrés liées à l’eau représentent des enjeux forts sur lesquels la France s’est engagée devant la communauté internationale. Elles constituent des milliers d’hectares qui seraient fragilisés, voire détruits irrémédiablement, malgré l’application de mesures dites compensatoires et souvent inefficaces.

  • Autres effets directs et indirects

➢ On ne s’appesantira pas sur les impacts du chantier, même s’ils déborderont largement la zone d’emprise et resteront pour certains, définitifs.

➢ On peut noter également la réduction de l’attrait des zones traversées en matière touristique.

➢ Enfin, il est vraisemblable que la récession qui s’annonce remette profondément en cause notre rapport au monde et nous oblige à reconsidérer de façon drastique nos besoins et les moyens d’y répondre. Dans ce nouveau contexte, il y a fort à penser que ce projet trouve enfin son issue définitive, c’est-à-dire son abandon pur et simple ! De sorte que les centaines de milliers d’euros déjà dépensés par les collectivités régionales et l’État auront été gaspillés.

Alternatives possibles et nécessaires aux trafics actuels Nord-Sud

Il existe pourtant des alternatives pour améliorer les trafics nord-sud. Dans un premier temps, c’est sur la réduction des trafics que doivent peser les efforts d’aménagement afin de rationaliser les usages de l’énergie comme des ressources naturelles. Néanmoins, pour réaliser les économies d’énergies fossiles (et la réduction des gaz à effet de serre) et pour préserver le patrimoine naturel commun (l’eau entre autres), les réorientations du fret devront se tourner vers le transport ferroviaire. Sous conditions d’en améliorer les performances, technologiques et humaines, le rail constitue un mode de transport fiable en toute saison, rapide, proche des usagers et économe en énergie fossile. De fait, les 4 à 15 millions de tonnes prévues par an par les scénarios de l’étude socio-économique en 2025 pourraient facilement être absorbées par quelques dizaines de trains par jour sur le même axe.

Sources

  • Plaquette éditée par un collectif d’associations : Franche-Comté Nature Environnement, Collectif Saône et Doubs vivants / Sundgau vivant, Commission de protection des eaux UFC Que Choisir 21, Mirabel Lorraine Nature Environnement, CAPEN 71, Association Plaine de la Saône avec le soutien des Verts Lorraine. [http://www.cpepesc.org/IMG/pdf/PL_saone_20moselle.pdf]

  • Liaison Saône-Moselle. Les premiers résultats de l’étude technique et environnementale. Comité de pilotage du 19 décembre 2007.

  • Étude préliminaire socio-économique multimodale sur l’axe Marseille-ports de la mer du Nord et de l’Europe du nord. VNF Direction interrégionale de Nancy, Octobre 2005.

Nous laisserons la conclusion à E. O. Wilson, biologiste ayant popularisé le terme de biodiversité : "Les impacts de l’humanité se définissent plus par ce qu’elle choisit de ne pas détruire que par ce qu’elle décide de créer."

La voie d’eau n’a jamais été et ne sera jamais la solution pour franchir les montagnes !
Consulter la plaquette sur le site de la CPEPESC


Samedi 23 octobre 2011

Au cours du débat sur les orientations budgétaires 2012 du Conseil régional, ce projet de Grand canal entre Saône et Moselle a ressurgi.Il a refait surface à la faveur d’une demande de VNF (Voies Navigables de France) à la Région de participer au financement d’une étude préliminaire d’un montant de 12 millions d’euros concernant la liaison fluviale Saône-Moselle. La Région participerait à ces études à hauteur de 100 000 euros.
 
Les écologistes, unanimes, ont arboré des badges aux couleurs du fameux poisson rouge, symbole de la lutte contre le projet démentde Grand Canal par la vallée du Doubs.
 

La Présidente du Conseil Régional, Marie-Guite Dufay, qui n’accepte que de payer le minimum du minimum (100 000 € environ) pour avoir un accès au dossier Grand Canal Saône-Moselle, est persuadée que l’abandon de l’itinéraire par la vallée du Doubs est définitif. Les Verts qui n’ignorent pas les efforts pour revenir sur cet engagement déployés par certains parlementaires, tels Francis Grignon au Sénat et Françoise Branget à l’Assemblée Nationale, restent méfiants.

 

Source : macommune.info


17/10/2011

Le Loup

Le Loup, Caniloup_02-logo.jpgs lupus Linné 1758

 

par André Guyard

 

(Dernière mise à jour : 15/04/2016)

 

Il y a plus de 30 000 ans, des groupes de chasseurs préhistoriques auraient intégré en leur sein des louveteaux. Ainsi se serait enclenché le processus qui, à partir de ce fauve foncièrement social qu'est le Loup, a engendré le Chien. Si les scientifiques ont mis tant de temps à s'intéresser au chien, c'est parce que cet animal commun est bien plus difficile à étudier qu'un animal sauvage : le mode de vie de ce dernier dans la nature explique ses particularités, qui sont le plus souvent des adaptations au milieu. Le Loup, Canis lupus aurait évolué, pour créer de nouvelles races de chiens, avec l'intervention de l'Homme, races des chiens nordiques : Huskies, Malamutes, Groenlandais, Spitz-loup, etc. peuplant l'hémisphère nord, alors que les autres chiens, originaires de l'hémisphère sud, seraient issus du Coyotte doré d'Afrique. L'appellation commune de "chiens-loups" n'est qu'une aberration. La race lupine est invariablement pure et dominante, en raison d'une auto-protection évitant consanguinité dans le cadre de la meute, et le mélange avec d'autres races parallèles.

 

Le Loup, ce bel animal fut l'une des créatures sauvages les plus calomniées. À l'époque romaine, il était vénéré, telle cette louve romaine dont la légende fit allaiter les jumeaux Romulus et Remus. Mais le plus souvent, il fut l'objet de haine et de crainte, comme la "bête du Gévaudan" qui, selon les dires, tua à elle seule 123 personnes dans le sud de la France. Ses ravages parmi peuples et bêtes furent si conséquents qu'au milieu du dix-huitième siècle, le Roi Louis XV envoya une armée entière pour la détruire. 43 000 hommes et 2 800 chiens ne mirent pas moins de deux mois pour réussir à la tuer. À l'heure actuelle, l'histoire est encore controversée : S'agissait-il d'un loup ou de plusieurs animaux sauvages, sans compter les vagabonds profitant de la confusion ?

 

La dangerosité du Loup par rapport à l'espèce humaine n'est pas démontrée. Durant l'Ancien Régime et jusqu'à l'époque napoléonienne, la prolifération des loups a été provoquée par la profusion de cadavres lors des grandes épidémies et sur les champs de bataille. Le Loup est un prédateur opportuniste qui ne résiste pas à rechercher des proies faciles. Aujourd'hui, il est reconnu que la plupart des agressions contre des humains furent l'œuvre de loups enragés. Ces derniers pouvaient se montrer responsables d'attaques isolées, mais jamais d'attaques répétées, puisque, généralement, la rage tue sa victime sur le vif.

 

Le Loup (Canis lupus) appartient à la famille des Canidés qui regroupe 38 genres. Il représente une seule espèce présentant 6 sous-espèces. En Europe, on rencontre 3 sous-espèces isolées géographiquement et génétiquement, soit environ 30 à 40 000 individus.

 

Les loups apparurent dans le Nouveau Monde il y a cinq millions d'années, au milieu de l'époque pliocène. L'espèce s'est déjà diversifiée et développée vers le milieu de l'époque pléistocène, il y a un million et demi d'années. Le "Loup de Dire" fut le plus grand qui ait jamais existé ; une espèce, de taille plus petite, arriva de l'Alaska en Sibérie, où elle s'agrandit pour devenir le Loup d'Europe Canis lupus. Le Loup d'Europe émigra à nouveau en Amérique du Nord, où il peupla toute la région du Canada et des États-Unis, excepté la zone Sud-Est, qui fut peuplée par un loup plus petit, "Canis rufus". Aujourd'hui, le gouvernement américain tente de repeupler le Sud-Est de loups rouges. Le Loup d'Europe était déjà bien établi en Amérique du Nord, lorsque les premiers Indiens et les Esquimaux traversèrent le Détroit de Bering, il y a dix-huit mille ans.

 

En Eurasie, on le rencontre jusqu'à la Palestine, l'Inde, le sud de la Chine. Il existe au Groenland et sur beaucoup d'autres îles arctiques. Le Loup a pratiquement été exterminé partout sauf dans les régions les plus éloignées. Quelques-uns survivent en Scandinavie, en provenance de Russie. De petites populations isolées subsistent dans les montagnes de la Péninsule ibérique (Asturies, Galice) et des Abruzzes (Italie). Elles sont un peu plus importantes dans les Balkans, le Nord et l'Est du continent.

 

En France, le Loup était encore répandu dans toute la France au milieu du XIXe siècle et il a subsisté dans les Pyrénées jusque vers 1930. Mais les persécutions dont il fut l'objet aboutirent rapidement à sa disparition de nombreuses régions. Ainsi, dès 1898, il ne reste plus que deux populations régulières dans le Centre-Ouest et le Nord-Est du pays. Celles-ci se réduiront encore pour atteindre le seuil d'extinction vers 1923. Le dernier pôle régulier connu en France se situe dans le Berry et le Limousin, où l'espèce subsista jusqu'en 1929 au moins. Le Loup est considéré comme disparu en tant qu'espèce reproductrice en France entre 1930 et 1939. Quelques observations ponctuelles seront encore faites après 1945 et concernent le plus souvent des chiens errants ayant plus ou moins l'aspect du Loup, parfois des animaux échappés de captivité ou originaires d'Espagne (Landes, 1968).

 

Le Loup (Canis lupus) est l'ancêtre du chien domestique (Canis lupus familiaris), comme l'a démontré la biologie moléculaire (voir au bas de cet article : la domestication du Loup). Le chien est une création de l'homme préhistorique par sélection artificielle.

 

La distance génétique entre le chien et le loup est de seulement 0,2 pour cent, alors qu'entre ce dernier et le plus proche canidé (le Coyote), elle est de quatre pour cent. Presque 400 races de chiens ont été sélectionnées par l'homme, la plupart depuis seulement deux siècles, et les distances génétiques entre chiens peuvent être plus grandes qu'entre loup et chien en moyenne. D'ailleurs, certaines races, tels les chiens de traîneaux et le chien africain basenji, présentent des caractères intermédiaires entre loups et chiens de races modernes : par exemple, ils n'aboient pas, mais hurlent. Les apparences sont trompeuses et le pékinois (un tout petit chien de compagnie originaire de Chine) est plus proche de son ancêtre que le berger allemand ou chien-loup !

 

D'ailleurs le Loup d'Europe a l'allure d'un chien berger allemand, mais plus puissant et à la tête plus large. Dans le Sud-Est de l'Europe, on peut le confondre avec le Chacal commun d'allure très semblable mais bien plus petit. Le cou du Loup est bref et épais. La queue est touffue, pendante, assez longue 30-40 cm. Elle est très mobile et elle manifeste les changements d'attitude de l'animal dans ses rapports avec ses congénères : queue dressée en signe "d'imperium" entre les pattes en signe de soumission, fouettant l'air en signe de jeu ou de satisfaction. Les oreilles sont pointues et dressées. La coloration est relativement unie, allant du gris brun au gris jaunâtre foncé, souvent marbré de noirâtre ou de gris foncé. Les sujets du Grand Nord ont généralement un pelage plus long, ils sont plus gros, leurs oreilles sont plus petites que celles des sujets méridionaux. La coloration varie fortement, ainsi en Amérique du Nord, les Loups de forêt sont souvent noirs, ceux des régions sub-arctiques parfois entièrement blancs, ceux du Proche-Orient étant fauve clair.

 

Le Loup atteint une longueur totale de 150 cm (queue comprise) et fait une hauteur de 70-80 cm à l'épaule pour un poids allant jusqu'à 72 kg mais d'habitude moins de 50 kg.

 

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Cliché Emmanuel Cretin

 

Individuellement, le Loup présente des spécificités considérables lui permettant de s'adapter à différents milieux, généralement hostiles.

 

Le pelage, dru l'hiver, léger l'été suite à la perte de sa sous-couche, varie suivant les espèces et se calque sur le milieu : du blanc pur pour le Loup arctique, exceptionnellement noir, en passant par le "gris loup" du Loup canadien. Il présente une qualité unique, celle d'être autonettoyant, et de procurer une protection thermique du fait de doubles poils : fond touffu ou " bourre ", et poils plus longs donnant la couleur de surface. Cette caractéristique se retrouve chez les chiens nordiques.

 

La démarche est originale : des cinq doigts de la patte antérieure, le Loup ne se sert que de quatre, le cinquième ayant régressé sous forme d'ergot. Les pattes postérieures ne comportent que quatre doigts. Chaque pied comporte un coussin très charnu, entouré de poils raides, permettant l'isolation, et évitant la création de boules de neige gelée (snow ball). Les longues pattes permettent une foulée longue évitant l'enfoncement dans la neige. Différentes allures sont notables : le trot, la suspension ou " trot volant " (fling trot des anglo-saxons), le "canter", allure plus lente et le galop. Dans ces allures, les deux membres diagonalement opposés touchent le sol ensemble, de sorte qu'ils ne créent qu'une trace unique. Les loups se déplacent généralement l'un derrière l'autre, lors du transit de la meute, d'où l'expression populaire : "aller à la queue leu leu".

 

Les sens sont particulièrement développés en particulier l'odorat, mais surtout la vision : le fond de l'œil est très riche en cellules photo-réceptrices (le tapetum), ce qui lui procure une vision nocturne extraordinaire. C'est pourquoi les yeux du Loup brillent dans la nuit.

 

La dentition du loup comporte une paire de molaires de plus que le chien domestique. La force considérable de la mâchoire lui permet de briser d'un coup le tibia d'un élan ou d'un renne.

 

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Loup ibérique

(dessin de Bruce Pearson)

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Louve ibérique et ses petits

(dessin de Bruce Pearson)

 

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Loup scandinave

(dessin de Bruce Pearson)

 

Du point de vue habitat, le Loup s'adapte à toutes sortes de milieux : paysages ouverts tels les semi déserts et les toundras, ou relativement fermés (forêts plus ou moins claires), en plaine et en montagne et jusque sur les côtes.

 

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Le Loup est un animal diurne, crépusculaire et nocturne. Selon la saison, l'abondance de la nourriture et d'autres facteurs, il vit seul, par couple, en famille ou en meutes.

 

Le Loup crée un tissu social extrêmement élaboré. La meute ne dépasse guère une douzaine d'individus. Le loup solitaire existe, et c'est malheur pour lui : il s'agit d'un animal âgé, dont les dents usées ne lui permettent plus de chasser, et qui est rejeté de la meute, pour finir sa vie seul. Cet animal farouche et à juste titre craintif est en réalité au faîte de la socialité. Sa niche écologique consiste en une adaptation comportementale à la chasse coordonnée en groupes, qui lui permet de se nourrir de proies jusqu'à dix fois plus grosses que lui. En hiver, dans les déserts arctiques, c'est la solution de survie quand les baies et les petites proies ont disparu.

 

La meute est constituée d'une dizaine d'individus strictement hiérarchisés, chaque sexe étant inféodé au membre de même sexe du couple reproducteur. Il n'y a qu'un couple reproducteur par meute – fidèle d'une année à l'autre – et tous nourrissent ses jeunes. Marquages olfactifs et hurlements se combinent pour exploiter de façon optimale l'espace et ses ressources naturelles, dont l'abondance régule les populations de proies et de prédateurs, comme il est de règle dans la nature. Dans la meute, règne une stricte hiérarchie : elle est dirigée par un couple de leaders, mâle et femelle appelés "couple alpha". C'est le plus fort des mâles qui s'impose, après des luttes qui ne sont pas mortelles, les mâles dominés se soumettant. Le prétendant qui se soumet se couche sur le dos, et présente sa gorge au dominant.

 

Le Loup est monogame. Il choisit sa compagne, et lui reste attaché jusqu'à la mort. Seul le couple alpha a le droit de procréer. Si une autre lice a mis bas, sa progéniture est immédiatement tuée par la Louve dominante. Les petits de cette dernière sont protégés, nourris et éduqués par les autres femelles. Si un autre couple se constitue, il quitte spontanément la meute pour en créer une nouvelle. Le coupe alpha venant à être déchu rentre dans le rang. À l'issue d'une chasse, le couple dominant et ses petits mangent les premiers, sous la surveillance des autres adultes qui écartent les autres prédateurs du festin, renards et rapaces. Cette organisation évite toute consanguinité et le maintien de la force individuelle et collective.

 

Les loups chassent de préférence au crépuscule et la nuit, dormant le jour ou pratiquant des jeux collectifs, et entraînant les jeunes à la chasse. La meute se crée un territoire qu'elle marque par l'urine, et déplace celui-ci de plusieurs centaines de kilomètres, en fonction de la nature et de la quantité des proies.

 

Le Loup n'est pas sanguinaire. Il chasse et tue par nécessité. Il choisit les proies les plus faibles, les traînards ou les malades, dans les troupeaux. En carence de gros gibier, il se contente de lièvres ou de rongeurs. Sa prédilection pour les moutons est certaine, lorsque l'occasion se présente, et il en est de même pour les chiens nordiques.

 

Ajout du 15 avril 2016 : Que se passe-t-il quand un Loup rencontre un Lynx ?

 

L'utilité écologique du Loup est démontrée : il rétablit l'équilibre naturel en faisant disparaître les sujets vieillis, faibles ou malades. Ces dernières années, il a été montré que la présence de ce superprédateur, loin de nuire aux échelons inférieurs de la pyramide alimentaire et donc à la biodiversité, les favorise… Au Canada, l'Isle royale était peuplée de cervidés se nourrissant de lichens. Une surpopulation entraîna la dégénérescence. Le Gouvernement canadien implanta des meutes de loups capturés, qui rétablirent naturellement l'écosystème. L'exemple emblématique de cette réalité est celui du parc de Yellowstone, aux États-Unis, où l'éradication du loup a entraîné des famines et des épidémies chez les ongulés, dont il éliminait les individus malades. Il a fallu réintroduire le loup pour éviter le surpâturage et maintenir ses proies en bonne santé !

 

Les variations d’effectifs au sein des meutes peuvent être des réponses aux variations de la qualité de l’environnement ou suite à des réductions drastiques des effectif. En Europe, les meutes de loups se composent d'une louve et de sa portée de 3-4 louveteaux, et occasionnellement ceux de l'année précédente. Il existe une hiérarchie dans la meute dominée par un couple alpha. Un mâle et une femelle peuvent rester ensemble plusieurs années de suite. Le couple est sédentaire et défend un territoire surtout à l'époque de la reproduction. Le mâle participe à l'élevage des jeunes et, durant leurs premiers jours, apporte de la nourriture à la femelle. Quand les louveteaux sont grands, la famille peut étendre son territoire ou même le quitter temporairement. En hiver, plusieurs familles généralement apparentées se rassemblent pour former une grande meute, ce qui accroît les chances de succès à la chasse. Les hurlements que l'on entend surtout en hiver permettent aux membres d'une meute de se retrouver. La famille et la meute se disloquent au printemps, pendant et après le rut, les couples ayant un comportement territorial. Certains mâles peuvent être rejetés de la meute et adoptent un comportement erratique.

 

Le cri du Loup est un hurlement.  C'est en fait un chant qui correspond à des signes de reconnaissance ou d'amour. Ce chant  est d'abord isolé, puis repris par la meute entière. Il débute par un son grave, suivi d'une ligne d'harmoniques allant jusqu'aux aiguës. C'est aussi pour la meute l'affirmation de sa présence ou l'expression du bonheur ou de la souffrance de la faim. Le chant du Loup se retrouve uniquement chez les chiens nordiques, ce qui prouve leur ascendance.

 

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Meute de loups

© Nicolas Vanier

 

Excellent coureur, résistant, le Loup a un grand rayon d'action. Les 25 km de déplacement journalier reconnus au Loup ne sont qu'une moyenne. Couvrir 96 km en une seule nuit n'a rien d'exceptionnel. En marchant, il atteint un rythme de 6,5 km/h. Mais c'est au trot qu'il effectue ses longs déplacements à une vitesse variant entre 12,5 km/h et 16 km/h. Au galop, il peut atteindre 64 km/h.

 

Ajout du 15/05/2014 Source : Francetv info

 

Recordman des déplacements ? Aux États-Unis, un loup a parcouru des milliers de kilomètres à la recherche d'une femelle. L'animal et sa compagne ont été repérés dans la forêt nationale de Rogue River-Siskiyou.

 

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Le loup OR-7 photographié le 3 mai 2014

 

L'animal voyage depuis septembre 2011 et c'est la fin d'une longue quête. Le loup OR-7, célèbre pour ses déambulations dans l'Oregon (États-Unis), a peut-être trouvé une compagne, a annoncé lundi 12 mai le U.S Fish and Wildlife Service cité par l'agence Associated Press. Si cette union se confirme, le couple serait le premier des Cascade Mountains depuis le début du XXe siècle.

 

Une femelle a été filmée par les caméras de surveillance dans la forêt nationale de Rogue River-Siskiyou, là où vit désormais OR-7, selon le traqueur GPS qu'il porte au cou. Selon le biologiste John Stephenson, il est probable que les deux animaux soient en ce moment en train d'élever des louveteaux.

 

"C'est incroyable qu'il ait apparemment trouvé une compagne, a commenté le biologiste. Je ne pensais pas que cela arriverait. Je suis encore plus impressionné par la capacité des loups à survivre et à se trouver les uns les autres."

 

Les jeunes loups quittent généralement la meute pour trouver un nouveau territoire et une louve afin de former leur propre meute. OR-7 a quitté la meute d'Imnaha, dans le nord-est de l'Oregon, en septembre 2011. Il a franchi des autoroutes et des déserts jusqu'en Californie pour finalement gagner les Cascade Mountains.

 

Progression du Loup en Europe de l'Ouest

 

En Europe, on assiste actuellement à un retour du Loup à partir de l'Italie. Il s'est établi dans le parc du Mercantour, d'où il a gagné les Alpes et sporadiquement, on peut apercevoir des individus erratiques en Suisse, en Allemagne, dans le Jura et même dans les Vosges (voir Progression du Loup en France et Le Loup de retour dans le Massif jurassien).

 

Ci-dessous, une carte montrant les déplacements mensuels d'un loup depuis Parme jusqu'à la France (source Ciucci & Boitani 2004).

 

Récupéré et soigné ce jeune loup mâle percuté par un véhicule, le 28 février 2004 a été équipé d’un collier GPS/GSM permettant de connaître sa position par contact téléphonique et satellitaire. Les enregistrements de position relevés tous les 3 jours montrent la capacité de mobilité des jeunes loups en phase de dispersion. L’animal a régulièrement progressé depuis la région de Parme vers l’Ouest via la chaîne des Appennins. Peu à peu il a concrétisé l’espoir de mettre en évidence les voies et distances de colonisation par des données directes. Ce qui était déjà appréhendé par les méthodes indirectes telles que le suivi génétique. Ce loup a franchi à plusieurs reprises des routes et autoroutes, les domaines vitaux d’autres meutes de loups. Il s’est rapproché de la côte (près de Rapallo) mais également des plaines et collines de la région de Mondovi. Il s’est ensuite dirigé directement vers la France par le Pesio, et jusqu’au col de Turini. Il est alors revenu sur ses pas en Italie et s’est visiblement stabilisé, bien que parcourant entre 20 et 40 km par jour. Le trajet représente environ 450 km de déplacement. Cet animal est à la recherche d’un territoire, soit libre, soit déjà occupé par une meute dans laquelle il chercherait à s’intégrer. Ce déplacement n’est pas exceptionnel, il est même conforme aux données citées dans la bibliographie.

 

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Déplacements mensuels

d'un loup équipé GPS/GSM

(document réseau Grands-Carnivores)

 

Depuis 2003, des opérations de suivi estivales de la reproduction des loups en France sont menées de manières systématiques au sein des zones de présence permanentes identifiées par le réseau Grands-Carnivores (GC) au fil des années. Ces opérations visent à renseigner la qualité de la reproduction, paramètre primaire de la dynamique d’une espèce avec la survie, l’émigration et l’immigration. En effet, la qualité de la reproduction engendre un potentiel de dispersion de jeunes animaux dans leurs premières années de vies et donc traduit une dynamique de l’espèce à l’échelle de la population.

 

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Déplacement des loups

dans le parc du Mercantour

(document réseau Grands-Carnivores)

 

Le Loup reste très prudent et farouche si on le compare à d'autres mammifères sauvages. Acculé, il peut être dangereux pour l'Homme. Il montre une perception des mouvements, un odorat et une ouïe très développés.

 

Les loups comptent mieux que les chiens. (Sciences et Avenir, n° 816, février 2015 p. 23). Quand on est sauvage, savoir compter est un avantage, mais cette aptitude sert moins quand on est domestiqué. C'est l'hypothèse émise par les chercheurs de l'École vétérinaire de Vienne (Autriche) après comparaison des performances de loups et de chiens. Dans une première étude en 2012, onze Canis lupus avaient à choisir en appuyant sur un buzzer entre deux tubes opaques dans lesquels ils voyaient tomber des morceaux de fromage. Et les loups, qui devaient choisir le tube le plus rempli, ont très bien fait la différence entre 2 et 3 morceaux et entre 3 et 4. Deux ans plus tard, la même équipe a proposé cet exercice à 13 chiens. Qui ont échoué au test.

 

Les chercheurs pensent que cette perte de capacité pourrait être due à la domestication. Dans la nature, compter permet par exemple d'éviter d'affronter un groupe plus nombreux que le sien ou de faire les bons choix de chasse. « Comparés aux loups, les chiens domestiques n'ont plus besoin de chercher leur nourriture, ils ont un endroit sûr pour dormir et même la reproduction est contrôlée par l'homme. Aussi sont-ils exclus de la sélection naturelle », conclut Friederike Range, auteur principal de l'étude.

 

L'émission vocale la plus connue du Loup est le hurlement que les membres d'une meute utilisent en hiver. Le Loup hurle surtout pendant le rut en hiver et au printemps. Sinon il aboie et gronde.

 

La nourriture des loups est essentiellement animale. Ils se nourrissent d'une grande variété d'animaux allant de la taille des souris jusqu'à celle du Cerf ou de l'Élan, d'animaux domestiques jusqu'à la taille de la Vache et également de cadavres. Ils ne dédaignent pas oiseaux, reptiles, insectes, amphibiens et baies.
 

La reproduction a lieu entre décembre et mars. Elle est plus tardive dans le Nord que dans le Sud. Les accouplements sont notés en moyenne entre fin février et début mars. Même si les cas d’incestes existent, ils restent rares. Seule la femelle alpha se reproduit en inhibant les chaleurs des autres femelles du groupe par des mimiques comportementales et des diffusions hormonales. Les femelles sont matures dès l’âge de 22 mois. Toutefois, la majorité des femelles se reproduisent à partir de 3 ans. D’après examens sur animaux morts, les femelles âgées de 2 ans ont moins de fœtus (5,3 en moyenne) que les plus âgées (6,5 en moyenne), et elles ont tendance à se reproduire plus tard en saison.

 

La gestation dure environ 9 semaines. Les mises bas ont lieu dans une tanière, creusée par l’animal lui-même ou par l’agrandissement d’antres creusés par une autre espèce, renard, blaireau. La plupart sont situées en zones pentues ou sous couvert forestier. La tanière peut être aménagée sous un arbre creux, sous une cavité rocheuse. Elle est généralement située au centre du territoire, tout en précisant que plus le territoire est grand et plus la tanière se trouve au centre du territoire. Les tanières sont abandonnées de fin juin à début juillet. Les cinq ou six louveteaux sont élevés par les deux parents.

 

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Louveteau émergeant de sa tanière

© Nicolas Vanier

 

Les louveteaux naissent aveugles : ils ouvrent les yeux à 10 jours environ. Allaités durant deux mois, ils commencent à manger des aliments solides à partir de la 4e semaine et sont emmenés à la chasse pour la première fois à l'âge de 2 ou 3 mois. En général, ils restent dans le groupe familial jusqu'au printemps suivant. La maturité sexuelle est atteinte au cours de la deuxième année et la longévité atteint 16 ans.

 

 Ajout du 22 février 2016

Les loups adultes sont extrêmement attentifs à leurs jeunes. Ils les surveillent et les protègent. Notamment le mâle est un excellent père comme le prouve ce reportage sur le Loup, un documentaire diffusé par France 2 le dimanche 21 février  sous le titre suivant : "Les superpapas de la nature".

 

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Courbe de croissance de jeunes loups sur 4 mois

 

La grande majorité des meutes se reproduisent chaque année. Smith et al. (1995-2005) relèvent que 83% des groupes se sont reproduits au Yellowstone sur 70 meutes étudiées pendant la phase de colonisation. En Europe, Ciucci et Boitani (1999) ont constaté dans la région de Toscane en Italie, qu’une meute s’est reproduite 9 années consécutives. Toutefois, le nombre de meutes reproductrices peut varier au cours du temps, par exemple au Yukon après une campagne de réduction des effectifs de loups, le nombre de meutes reproductrices est passé de 35% à 90% en l’espace de trois ans (Hayes et Harestad, 2000). Une relation est donc à faire entre la phase de croissance (colonisation ou stabilisation) et la quantité de jeunes produits dans la population. La proportion de femelles reproductrices est donc amenée à être supérieure dans une population en phase d’expansion comme en France, avec, notamment, un grand nombre de disperseurs qui peuvent avoir accès au statut de reproducteur en fondant un nouveau territoire.

 

Lorsque les louveteaux quittent les tanières, ils ne sont pas encore en mesure de suivre les adultes lors des expéditions de chasse, ils attendent alors les parents jour et nuit sur une zone appelée "site de rendez-vous".

 

Au cours de l’été, une meute utilise de 1 à 3 sites de rendez-vous. Le site de rendez-vous peut se situer de quelques centaines de mètres à 14 km de la tanière. Les déplacements sont fonction de l’âge et du développement des jeunes. En mai-juin, les distances moyennes par jour parcourues par les jeunes sont de 1,6 km contre 3,7 km en août-septembre.

 

Les distances entre les sites de rendez-vous peuvent atteindre 7,3 km avec une moyenne de 3 km.

Les dates d’arrivées sur le premier site de rendez-vous se situent de fin juin à début juillet.

Les déplacements vers le deuxième site s’étalent du mois d’août au mois de septembre avec une durée de présence de 8 à 71 jours.

L’abandon définitif du site de rendez-vous s’étale du 10 août au 10 octobre. L’abandon du site serait brutal pour les louveteaux et graduel pour les adultes et les loups âgés de 2 ans (Yearlings).

 

Le rôle du loup dans les écosystèmes : l'effet de cascade

 

Une vidéo explique comment la réintroduction du loup dans le parc de Yellowstone aux États-Unis a favorisé un rééquilibre des écosystèmes, du point de vue floristique et faunistique, y compris un impact sur le cours des rivières.

 

Un site précieux pour tout ce qui concerne le Loup : http://www.loup.developpement-durable.gouv.fr/

 

Un site intéressant : Peuple Loup https://www.tipeee.com/peupleloup

 

Réintroduction du Loup dans l'Ouest américain : https://www.youtube.com/watch?v=5jZcqeJrPgc&feature=player_embedded

 

Plus de renseignements sur le Loup en France :

http://loup.org/spip/IMG/pdf/ddploupsfepm_dec2012.pdf

Quel est l'animal le plus dangereux pour l'Homme ?

Jacques Perrin : son plaidoyer pour le Loup.

Le Loup en France

loup,mercantour,alpes,vercors,jura,vosges,savoie,baugesExtension du Loup en Europe

et en France

(En fin d'article : dernière mise à jour du 07/06/2019)

 

Au milieu du XIXe siècle, le loup a disparu de la plus grande partie de l'Europe de l'Ouest. En France, par exemple, la politique nationale d'éradication de la rage et les primes à l'abattage qui l'accompagnaient ont eu des effets redoutables pour Canis lupus. Dans les campagnes françaises, on pensait se débarrasser simplement d'un « nuisible », de sorte qu'avec la généralisation des armes à feu et du poison, la chute des effectifs était inéluctable.

 

Ainsi, un facteur politique — l'existence d'un pouvoir centralisé efficace sur tout le territoire français — et des facteurs techniques — la démocratisation des armes à feu et du poison — ont joué un rôle majeur dans l'extermination du loup.

 

À ces facteurs directs se sont ajoutés des facteurs indirects : le déboisement des milieux refuges et la disparition des grands ongulés sauvages ont incité le grand prédateur à se rabattre sur les proies domestiques, ce qui a motivé davantage encore sa destruction. La mise en place d'infrastructures de communication et de transport modernes désenclavait de plus en plus de territoires, ce qui a exposé davantage la faune, dont le loup. La pénétration des milieux et des écosystèmes, leur détérioration se sont intensifiées. En cette première ère industrielle, un réseau de chemin de fer, de routes et de chemins a recouvert progressivement l'Europe occidentale, ce qui a fragmenté et réduit drastiquement les dernières populations lupines (figure 1).

 

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Fig. 1 - © Pour la Science n° 435 janvier 2014

 

Quelques dates caractérisent cette disparition progressive du principal grand prédateur européen. Le Loup a d'abord disparu des îles britanniques : en Angleterre au début du XVIe siècle, en Écosse en 1684 et en Irlande en 1710, ce qui a contribué à doter ces territoires d'un avantage compétitif dans l'élevage ovin. De fait, dès cette époque, ils sont réputés pour la qualité de leur laine. En Suisse, le dernier loup aurait été tiré en 1872. L'espèce lupine a disparu à la fin du XIXe siècle en Belgique et en Allemagne après s'être réfugiée dans les forêts des Ardennes et des régions rhénanes. En France, le Loup, confronté à une traque sans merci, a disparu entre 1923 et les années 1990.

 

Le grand prédateur s'est toutefois maintenu dans les contrées au développement industriel nul, faible ou tardif de l'Europe centrale et orientale. Dans ces régions où subsistaient les structures féodales, la vague d'extermination ne s'est propagée qu'à partir du début du XXe siècle, mais sans menacer les populations lupines.

 

En Europe du Nord non plus, l'élimination n'a jamais été complète. Même s'il est arrivé que les populations baissent beaucoup, les loups circulent dans tout l'espace scandinave, et leurs effectifs sont alimentés par l'important réservoir russe.

 

Dans le Sud de l'Europe, dans les péninsules ibérique et italienne surtout, les populations ont beaucoup régressé dans les années 1970, mais la destruction n'a jamais atteint l'intensité qu'elle a eue en France. Dans ce pays, le dernier loup aurait été abattu aux confins du Limousin et du Poitou en 1937. Mais entre cette date et le retour officiel du loup en France en 1992, des individus étaient régulièrement tués ou retrouvés morts. Il s'agissait probablement de restes de la population autochtone, des loups captifs libérés ou encore des pionniers de la recolonisation.

 

En effet, le loup a longtemps survécu dans toutes les marges et les périphéries de l'Europe. En France, il s'agit de l'Est ou de marges intérieures (zones reculées du Massif central et du centre-Ouest). Constatant la survie des loups au début du XIXe siècle dans les zones frontalières des départements français, l'historien Alain Molinier pointa en 1993 la corrélation entre la présence du Loup et un pouvoir politique faible ou un développement moindre dans les confins et les périphéries.

 

Pour la même raison, le loup a été refoulé aux marges de l'Europe de l'Ouest, et il n'est pas étonnant de constater qu'après les années 1950, les dernières populations viables se situaient à l'Est du Rideau de fer.

 

Avant l'avènement du communisme, de grands propriétaires dominaient les structures agraires dans ces contrées, où la paysannerie, durablement marquée par le féodalisme et le contrôle du droit de chasse, était maintenue dans un statut subalterne. Cela avait préservé une faune que la noblesse se réservait pour la chasse dans de grands domaines forestiers, tel Bielowieza, en Pologne.

 

La mise en place des démocraties populaires et de la collectivisation ont ensuite maintenu des équilibres dynamiques entre un monde agricole aux techniques plutôt traditionnelles et les grands prédateurs, tel le loup. Contrairement à ce qui s'est produit en Europe de l'Ouest, les grands prédateurs ont continué à disposer de zones refuges où la chasse, souvent réservée aux apparatchiks ou à des fonctionnaires spécialisés, ne nuisait pas aux effectifs.

 

En 1989, le Rideau de fer tombe, alors que les facteurs qui avaient produit la disparition du Loup en Europe de l'Ouest ont largement disparu… Dès lors, les marges orientales et méridionales de l'Europe se sont mises à fournir continûment des pionniers, qui ont amorcé la recolonisation de l'Europe de l'Ouest par le Loup à la fin du XXe siècle.

 

Plusieurs phénomènes complémentaires d'ordres écologiques, sociaux, politiques et territoriaux contribuent à ce retour du loup dans des pays tels que la France, la Suisse, l'Allemagne et dans des régions d'Espagne et surtout d'Italie où il avait été éradiqué. Tout d'abord, la vision du loup a changé : dans la plupart des pays d'Europe occidentale, il est passé, dans les années 1970, du statut d'un nuisible à éradiquer à celle d'une espèce à protéger. En Europe, deux textes majeurs garantissent la protection de cet animal : depuis 1979, la convention de Berne, puis, depuis 1992 dans l'Union européenne, la directive Habitats faune flore (directive 92/43/CEE).

 

En France, le retour du Loup est détecté pour la première fois en 1992 dans le Parc du Mercantour (Alpes Maritimes). Dans les Alpes, sa population est évaluée à 80 loups (comprenant à la fois les meutes réparties des Alpes Maritimes à la Savoie, et les individus en dispersion). Ainsi, la renaissance de la population française de loups résulte de l'expansion de la population lupine italienne dite des Abruzzes. À partir du refuge situé dans cette région d'Italie centrale, Canis lupus italicus a d'abord recolonisé les Apennins en direction du Nord, puis a atteint l'arc alpin, ce qui l'a conduit en France, dans le parc du Mercantour.

 

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Fig. 2 - Les zones de présence du Loup en Europe de l'Ouest sont des régions peu habitées par l'homme. C'est particulièrement vrai en Italie, en Espagne, en France et dans toute l'Europe du Sud, où les loups occupent des massifs montagneux. Cela l'est aussi en Suède, en Finlande et en Allemagne, où le prédateur s'est surtout installé dans des régions forestières faiblement peuplées. Pour autant, cet infatigable explorateur a déjà été aperçu au Danemark, en Hollande, en Champagne.

© Pour la Science n° 435 janvier 2014

 

En novembre 1992, lors d'un comptage de chamois, deux canidés ressemblant à des loups y ont été aperçus. Après vérifications et tergiversations, la présence de Canis lupus en France fut officiellement reconnue. Mis dans la confidence par les agents du parc, le magazine Terre Sauvage publia l'information. Les pouvoirs publics ont dû réagir, alors qu'ils misaient sur la discrétion, au regard de la réputation de l'animal et des mauvaises relations de l'administration du parc avec les élus locaux, les chasseurs et les agriculteurs. Pourtant, dès le début des années 1990, des spécialistes italiens avaient, sans retenir l'attention des autorités, annoncé l'arrivée imminente du loup en France.

 

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Fig. 3 - Loups du Mercantour

 

Depuis 1992, du Mercantour (Alpes maritimes), le Loup a progressivement gagné les Alpes de Haute-Provence, les Hautes-Alpes, le Vercors et la Savoie. En 2004, on signale sa présence dans l'Ain, marquant ainsi sa progression vers le Massif jurassien et les Vosges. Désormais, en 2011-2013, il est signalé dans le Jura, le Doubs et les Vosges et même la Haute-Marne. (Voir l'article : le retour du Loup dans le massif jurassien).

 

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Fig. 4 - Répartition du Loup dans les Alpes

Année 2001 (Carte Réseau loup)

 

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Fig. 5 - En 2004, la progression du Loup vers le nord des Alpes

apparaît sur cette carte Réseau-loup

 

En 2004 selon le réseau-loup, les populations lupines sont en développement partout actuellement en Europe, mais leur distribution est fragmentaire sans connexion démographique entre l’Italie, la Péninsule Ibérique, les Balkans et l’Europe centrale ; effectifs très variables, compris selon les pays entre quelques individus et 2 500 loups.

 

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Fig. 6 - L'expansion du Loup en France est soutenue, car le pays contient de nombreux habitats vacants convenant à cet animal. La première meute s'est créée en 1992 dans le parc du Mercantour Depuis, l'aire de répartition de l'espèce a augmenté de 20 à 25 pour cent par an, surtout dans des régions montagneuses où les meutes peuvent vivre en relative tranquillité.

(© Pour la Science n° 435 janvier 2014)

 

Le dynamisme avec lequel la colonisation s'est ensuite poursuivie est surprenant (figures 4-6). Dès 1997, les loups fréquentent le plateau de Canjuers, dans le Var, le massif du Queyras et les Hautes-Alpes. En 1998, leur présence est attestée dans les Monges (Alpes-de-Haute-Provence). En 1999, ils sont identifiés dans les massifs du Vercors (Drôme, Isère) et de Belledonne (Isère, Savoie). De 2000 à 2003, le loup laisse des traces dans les Préalpes de Grasse, proches de Nice, en Maurienne (Savoie) et dans le Bugey (Ain). Et on le repère dans les Pyrénées-Orientales dès la fin des années 1990 ! À partir de 2006, on le rencontre dans plusieurs départements du Massif central – la Lozère, l'Aveyron, le Cantal, l'Ardèche – et à partir de 2011 dans le Jura et dans les Vosges. Aux dernières nouvelles, il est aussi arrivé en Haute-Marne et dans l'Aube. Dans l'ensemble, l'aire de répartition du loup s'est étendue 15 ans durant d'environ 25 pour cent par an en France, et cela malgré les décès accidentels ou les abattages.

 

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Fig. 7 - Les populations de cerfs élaphes se développent en France en raison de l'expansion des forêts et des friches agricoles, et en raison de la gestion cynégétique. Ce phénomène favorise aussi le retour du loup, le principal prédateur du cerf. Si la présence de meutes de loups dans les forêts de plaine se confirme, elle constituera un régulateur naturel du Cerf et pourrait avoir des effets positifs sur la végétation forestière et agricole.

©Michel Cottet

 

En Allemagne, la tendance est la même. Au tournant des années 2000, des loups arrivent outre-Rhin de Pologne. Leur présence est d'abord attestée dans le Lausitz, région forestière riche en cervidés, à cheval entre la Pologne et les länderde Saxe et de Brandenbourg. Si 13 des 19 meutes allemandes vivent encore dans cette région, l'espèce a essaimé dans tout le pays. En équipant de jeunes loups de colliers gps, (Des loups suivis par GPS (Pour la Science janvier 2012 n°411 p. 8.), les biologistes allemands ont mis en évidence que ni les routes ni les cours d'eau ne constituent des obstacles pour ces canidés, qui peuvent par ailleurs franchir des distances énormes. En deux mois, un jeune loup allemand a ainsi traversé la Vistule et l'Oder et parcouru 1 550 kilomètres avant de rencontrer une jeune femelle biélorusse. Dans l'Ouest de l'Allemagne, le loup a fréquenté la Rhénanie du Nord-Westphalie dès 2008 et l'analyse génétique d'un spécimen abattu en Rhénanie-Palatinat, un peu plus au Sud, a révélé qu'il s'agissait d'un loup italo-alpin !

 

Se profile ainsi une probable jonction entre les loups de souches orientale et nordique et les loups méditerranéens, jonction qui amorcera un précieux brassage génétique. De même, dans le Nord de l'Italie, en Autriche, voire en Suisse, les loups slovènes, eux aussi en expansion, pourraient rencontrer des loups italo-alpins.

 

La Suisse, pays de la Convention de Berne devrait être une terre de recolonisation favorable au loup, qui y est arrivé dès 1995. Or il n'en est rien. En 2012, pas plus de 17 individus ont pu être recensés, dont une minorité de femelles. Plus que la rudesse du milieu montagnard, ce sont des facteurs politiques qui expliquent encore une fois les difficultés du loup en Suisse.

 

Dans ce pays fédéral décentralisé, le pouvoir important des élus des cantons a pour effet de multiplier les abattages officiels instamment demandés par de puissants groupes de pression agricoles et cynégétiques. À cela s'ajoutent de nombreux tirs illégaux, souvent couverts par les autorités. Même l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) demande régulièrement au comité permanent de la Convention de Berne d'assouplir le statut de protection de l'espèce. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) obtient souvent des condamnations des tirs par les tribunaux suisses, mais la plupart du temps après que le mal est fait… Canis lupus progresse donc difficilement en Suisse : il n'est arrivé que dans les cantons des Grisons, du Tessin, de Vaud, du Valais et, plus récemment, dans la région située entre Berne et Fribourg.


Il existe aujourd'hui en 2013 21 meutes de loups en France et 12 en Allemagne. Depuis une dizaine d'années, le loup fait son retour dans l'Est de l'Allemagne.

 

Depuis 2009, l'Agence fédérale allemande pour la conservation de la nature suit par satellite six jeunes loups de la frontière germano-polonaise. Elle a fait d'intéressantes découvertes :

(http://www.bfn.de/0401_pressearchiv_2011.html).

 

Ces travaux montrent qu'en Europe de l'Ouest, la dynamique de recolonisation par le loup est forte. La situation française l'illustre, puisque dans l'Hexagone, les accroissements des territoires et des effectifs restent actuellement de l'ordre de 20 pour cent par an en moyenne, et ce malgré l'existence d'un braconnage avéré et cryptique (caché), comme l'a étudié le biologiste Guillaume Chapron. Étant donné les espaces rendus disponibles par la déprise agricole, les loups français ne peuvent qu'avoir une grande capacité de dispersion.

 

C'est bien ce que montre le suivi français : des spécimens identifiés en Lozère ou dans les Pyrénées-Orientales l'avaient été plusieurs mois auparavant dans les Alpes. Des loups de souche italo-alpine franchissent même la frontière franco-espagnole pour coloniser la Sierra del Cadi, en Catalogne. La jonction avec les loups espagnols ne semble pas s'être faite, parce que leurs populations se trouvent à l'Ouest et au Sud de la péninsule Ibérique (voir figure 2) , et sans doute aussi parce qu'un braconnage efficace en Aragon et en Navarre isole encore les deux populations.

 

Il est ainsi apparu que le comportement des jeunes loups varie énormément : tandis qu'une jeune femelle n'a quitté sa famille qu'au bout de deux ans, un mâle de 12 mois a parcouru 1500 kilomètres pour aller à la rencontre d'une louve biélorusse... Les chercheurs ont été encore plus étonnés de voir les jeunes loups se risquer facilement sur des terrains découverts, telles les landes, et de constater qu'ils ne répugnent pas à séjourner longtemps près d'une route bruyante, une jeune louve allant jusqu'à creuser sa tanière à 500 mètres d'une grande artère.

 

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Fig. 8 - Le Loup en Allemagne © Stefan Seidel

 

« Les loups sont capables de se multiplier très vite dans les milieux structurés par l'homme », souligne Béate Jessel, directrice de l'Agence fédérale pour la conservation de la nature. En Allemagne aussi, il va falloir se préparer à gérer la cohabitation entre Canis lupus et Homo sapiens.

En Allemagne, le Loup ne s'attaque pas aux troupeaux de moutons, assurent les écologues, répondant aux craintes des éleveurs. La preuve est apportée avec l'étude des restes de 3000 repas de Canis lupus. Leur menu est composé principalement de chevreuils (55,3 %), de cerfs rouges (20,8 %), de sangliers (17,7 %) et de lièvres (3 %), révèlent les chercheurs. Seulement 1 % de leur repas provient des élevages (Science Daily).

 

 

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Fig. 9 - (Carte Réseau Loup)

 

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Fig. 10 - (Carte Réseau Loup)

 

 

Actuellement (juillet 2011), il y aurait 19 meutes avec plus de 170 loups aujourd'hui en France selon la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) Rhône-Alpes. La population des loups a été estimée entre 170 et 200 individus l'hiver dernier, contre 140 à 170 un an auparavant.

 

Selon le ministère, au 25 juillet 2011, 583 attaques ont été recensées depuis le début de l'année dans dix départements pour 2.115 ovins tués. À la même date en 2010, 470 attaques avaient été recensées pour 1 786 animaux tués. En 2011, l'État a dépensé 1,5 million d'euros pour indemniser les dégats dus au loup sur un budget loup total de 8 millions d'euros.

 

En 2013, on estime qu'il existe 21 meutes et 250 loups en France, chaque meute comptant 2 à 5 individus. Les signalements nouveaux concernent la plupart du temps des loups solitaires erratiques, jeunes mâles chassés des meutes constituées.

 

AJOUT DU 29/06/2014 : article de l'Est Républicain

 

Feu vert à l'abattage de loups

 

Des éleveurs et chasseurs ont manifesté hier dans les Pyrénées.

 

Alors que la profession agricole mobilisait dans l'Ariège contre « la gestion calamiteuse » des grands prédateurs, le gouvernement a annoncé hier qu'il allait faciliter les tirs contre les loups.

 

Gare au loup ! Le gouvernement a changé de fusil d'épaule alors que monte la colère des éleveurs. Ils étaient près de 3000, hier à Foix, pour protester contre « le fléau » des grands prédateurs (ours, loups, vautours), épaulés par les chasseurs, les forestiers et des représentants du monde rural. « Arrêtons le carnage, soutenons l'élevage », était venue clamer la profession agricole à l'appel des Jeunes agriculteurs et de la Fédération des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA).

 

S'agissant du loup, leur cri aura porté. La ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, a annoncé hier le relèvement du plafond national de 24 loups maximum pouvant être abattus sous certaines conditions. Il est porté à 36 « si le seuil de 24 est atteint en cours d'année ».

 

Dans certains départements alpins et de l'est, les préfets vont pouvoir autoriser « des opérations de prélèvement de loups », autrement dit de tirs contre le canidé sauvage, animal protégé aux niveaux national, international et européen, mais qui ne cesse d'étendre son territoire en France. La population est désormais d'environ 300 individus, avec des effectifs en hausse de près de 20 % par an.

 

« Mieux protéger les éleveurs »

 

La ministre de l'Écologie ne va pas en rester là et promet une autre mesure, d'ici au 15 juillet, pour déléguer aux préfets « l'expérimentation de mesures plus souples » pour combattre le loup dans les régions où sont recensées le plus d'attaques. Des « battues au grand gibier » pourront être organisées.

 

L'annonce de ces mesures était attendue, au lendemain de la réunion convoquée par Ségolène Royal avec les préfets des départements concernés. Depuis 2009, les préfets ont compétence en matière de dérogation à la protection stricte du loup : ils peuvent prendre des mesures lorsqu'il y a « intérêt à agir », notamment pour prévenir des dommages importants aux élevages.

 

Les éleveurs sont « à bout de nerfs », a alerté le député UMP des Alpes-Maritimes, Charles-Ange Ginésy, mercredi à l'Assemblée nationale lors de la séance des questions au gouvernement. « Le loup gagne un département par an », a dénoncé l'élu, demandant « un signe fort et des actes ».

 

« La protection du loup est victime de son succès », a admis devant les députés Ségolène Royal, qui a dit hier vouloir « mieux protéger les éleveurs » contre la prédation de l'animal. La ministre de l'Écologie le reconnaît : « Les dommages aux troupeaux restent trop importants. Plus de 6 000 animaux d'élevage ont été victimes du loup en 2013. La détresse des éleveurs et de leurs familles doit être prise en considération. » Quant à l'ours, dont il reste une vingtaine d'individus après les réintroductions des années 1996-2005, l'idée est de procéder à des lâchers... en Espagne.

 

Nathalie CHIFFLET (avec AFP)

 

Sources :

  • Réseau Loup

Un site précieux pour tout ce qui concerne le Loup : http://www.loup.developpement-durable.gouv.fr/

  •  Voir également la revue "Terre sauvage" de Novembre-décembre 2012.

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http://loup.org/spip/IMG/pdf/ddploupsfepm_dec2012.pdf

  • Farid Benhammou[1]  Le retour du loup en Europe occidentale Pour la Science n° 435 janvier 2014 pp. 64-70.


    [1] Farid BENHAMOU, est géographe et chercheur associé au Laboratoire de géographie physique (UMR CNRS 8591).

 

À propos d’un article paru le 13 octobre 2014 sur pastoralisme et biodiversité

Un article paru le 13 octobre 2014 dans le journal Libération  Plaidoyer pour des écosystèmes non désertés par les bergers  est très engagé contre la restauration d’une fraction de la faune autochtone.
C’est un choix politique légitime. Ici, où l’on se doit de rester factuel et rationnel, ce n’est le lieu ni d’approuver ni de contester cette option.



Ce qui n’est pas légitime ce sont les multiples contre-vérité factuelles (voir détail plus bas) dont les auteurs prétendent étayer ce qui, de ce fait, objectivement, n’est pas une analyse mais de la propagande. Les mettre en évidence, ainsi que comme présenter les analyses ci-dessous, est tout à fait à sa place ici.



La solide analyse du géographe Farid Benhammou avait répondu à l’avance depuis plus de onze années, dans un article  Benhammou Grands prédateurs biodiversité paru dans le Courrier de l’Environnement, revue de l’Institut National de la Recherche Agronomique et non pas presse d’opinion.



On trouvera ci-dessous un autre article de Benhammou, beaucoup plus bref et ciblé : Pourquoi la Confédération paysanne est-elle anti-loup ? paru le 27 novembre 2014 dans la revue Politis (http://fr.wikipedia.org/wiki/Politis). Il explique une position qui peut en surprendre beaucoup.


Contre-vérités factuelles in « Plaidoyer pour des écosystèmes non désertés par les bergers »


Lagopède Lagopus mutus et Bouquetins Capra sp. : prétendre que l’action de l’élevage pastoral leur soit profitable c’est ignorer totalement comment et où vivent ces animaux1 ;


Gypaète Gypaetus barbatus : Hirzel et al. (2004) ont montré que dans, les Alpes l’espèce la plus favorable à son installation est  Capra ibex suivi par le Chamois R. rupicapra, les ovins ne viennent qu’au troisième rang ; réalité passée, mythe actuel : le rôle du pastoralisme pour la biodiversité tel qu’il est décrit est largement disparu. Depuis des décennies se juxtaposent beaucoup plus ici abandon2,  là intensification3, voire surpâturage4 (cf. Benhammou Grds prédateurs biodiversité). Il ne s’agit nullement ici de critiquer cette évolution mais simplement d’appeler un chat un chat.

 


Faut-il s’en étonner ? Tous les nombreux signataires travaillent soit en sciences humaines, soit au sein d’organismes  dont le champs d’activité est l’élevage, l’agronomie, etc. mais pas un seul sur la biodiversité, sa conservation ou/et sa restauration. Il est remarquable que la partialité de plusieurs d’entre eux ait déjà été analysé onze ans plus tôt dans l’article de Benhammou dans le Courrier de l’Environnement Benhammou Grds prédateurs biodiversité.



Au contraire, des éleveurs et/ou bergers par ailleurs naturalistes conviendront des critiques ci-dessus.



1 Alors que, au contraire, sont solidement documentés des cas d’effets négatifs de l’élevage sur des populations de bouquetin : disette hivernage par excès de pâturage, pathologies transmises.


2 Parcours difficile ou autre conditions rendant difficile ou impossible l’intensification.


3 La multiplication des impluviums dans des alpages qui s’en sont passé durant des siècles correspond à une intensification.


4 Certains sites célèbres par la diversité de leur flore ont été ainsi ruinés du fait de concentrations temporaires mais extrêmes.

 

Ajout du 30 août 2016 (d'après un article ce Science et Avenir n°835, p 56-57).

 

LE LOUP : UN DÉLICAT ÉQUILIBRE À RESPECTER

Population estimée : 300 individus

Répartition : Vosges, Massif central, Pyrénées

Statut : espèce strictement protégée

« Compter les loups, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin tant ils évoluent sur de grands territoires, explique Christophe Duchamp, du service Études et recherche de l'ONCFS. Aussi, nous mutualisons les énergies avec un réseau de 3100 observateurs formés qui s'étend au fur et à mesure de l'expansion du prédateur.»

 

Absent du territoire national en 1992, le Loup est désormais revenu en provenance d'Italie. Les spécialistes récupèrent les crottes et les poils laissés par les carnivores pour établir leur carte d'identité génétique, étudient les moutons et animaux sauvages attaqués (8935 ovins tués en 2015) et expertisent les photos prises par des particuliers. Les pouvoirs publics se doivent de préserver la sérénité des éleveurs tout en assurant la sauvegarde d'une espèce protégée au niveau européen. « Nous évaluons les risques qu'a la population de loups de croître ou décroître selon le niveau de prélèvement [abattage] appliqué », résume Christophe Duchamp. Pour ce faire, les chercheurs utilisent un modèle démographique qui croise la dynamique de reproduction avec son expansion géographique. Ainsi, en 2015, 45 zones de présence permanente ont été identifiées pour 33 meutes. Le modèle permet aux pouvoirs publics de déterminer le plafond des abattages selon les régions. Entre juin 2015 et juin 2016,18 des 36 abattages se sont produits dans les Alpes-Maritimes. Sans que l'on connaisse bien, pour le moment, l'impact sur les meutes qui y vivent.

 

Le Loup signalé dans la Nièvre (La feuille de Neomys n° 13, décembre 2016)

 

 Disparu de la Nièvre au siècle dernier, le Loup a fait sa réapparition dans le département le 30 décembre 2016. Il a été filmé à l'aide d'une caméra automatique sur la commune de Chougny (58). Un agriculteur avait placé ce dispositif après que son troupeau ait subi une première attaque. Au total, sept brebis ont été tuées lors de deux attaques consécutives.

 

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"Les conclusions sont très claires", a indiqué, vendredi 13 janvier au matin, le préfet, Joël Mathurin. Le réseau Grands Prédateurs Loup Lynx de l'Office national de la Chasse et de la Faune sauvage (ONCFS) de Dijon (Côte-d'Or) l'a déterminé après analyse des images fournies par la caméra de surveillance posée dans son champ par l'un des éleveurs victimes. Les lisérés noirs sur les pattes avant de l'animal, ses oreilles courtes et arrondies, sa tache blanche sur une joue, la couleur de son pelage... ne supportent aucune ambiguïté. Il s'agirait d'un jeune loup d'environ dix-huit mois chassé d'une meute.

La préfecture a mis en place une cellule de veille qui s'est réunie le 13 janvier 2017.

 

Les loups sont de retour au Danemark, 200 ans après avoir disparu (ajout du 6 mai 2017)

  • Les scientifiques ont établi le profil génétique de cinq individus, quatre mâles et une femelle, mais il y en a peut-être plus.
    Les scientifiques ont établi le profil génétique de cinq individus, quatre mâles et une femelle, mais il y en a peut-être plus. | Photo d'illustration : archives AF

 

Des loups, dont une femelle, ont fait leur retour au Danemark pour la première fois depuis deux siècles, a affirmé jeudi un zoologiste qui en a obtenu la preuve par l'ADN.

 

« Nous savions depuis 2012 que des loups étaient entrés au Danemark. Maintenant, nous avons la preuve qu'il y a une femelle », laissant la possibilité de naissances lors de ce printemps, a déclaré à l'AFP ce scientifique de l'université d'Aarhus, Peter Sunde. Ces animaux sont arrivés d'Allemagne pour s'installer dans l'Ouest du Danemark, région agricole, la moins densément peuplée du pays scandinave.

 

« Ils ont fait beaucoup de chemin, plus de 500 km. Nous pensons que ce sont des jeunes rejetés par leur famille qui recherchent de nouveaux terrains de chasse », a affirmé le chercheur.

 

Localisation maintenue secrète

 

La preuve a été établie, outre l'ADN, par le relevé d'empreintes et par la vidéosurveillance d'endroits où la présence des canidés était soupçonnée. Les scientifiques ont établi le profil génétique de cinq individus, quatre mâles et une femelle, mais il y en a peut-être plus.

La localisation est maintenue secrète, pour ne pas attirer d'éventuels chasseurs. « Nous suivons ça. Le loup est un animal qu'il n'est pas autorisé de chasser donc nous devons le protéger », a indiqué à l'AFP le directeur de l'Agence de l'environnement, Henrik Hagen Olesen. Le loup avait entièrement disparu du royaume au début du XIXe siècle, exterminé par les chasseurs.

Vives polémiques

Dans les autres pays nordiques où l'espèce est beaucoup mieux représentée, l'abattage des loups, espèce protégée par la Convention de Berne, est l'objet de vives polémiques entre habitants, éleveurs, chasseurs, gouvernement, Union européenne et défenseurs des animaux sauvages.

 

Article ajouté le 8 août 2018 par Sciences et Avenir

 

La présence du Loup signalée entre le Tarn et l'Hérault

Par Sciences et Avenir

L'attaque sur plusieurs brebis survenue dans le Tarn en juin 2018 pourrait bien avoir été commise par des loups : la présence de l'animal sauvage a été confirmée dans le Tarn et l'Hérault.

La présence du Loup, en expansion rapide en France (430 individus selon les dernières estimations de l'Office nationale de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS)), a été signalée à la limite entre le Tarn et l'Hérault, a indiqué le mardi 7 août 2018 la préfecture du Tarn, annonçant un renforcement du dispositif de surveillance pour protéger les troupeaux. Le Loup était en effet soupçonné dans l'attaque fin juin 2018 de plusieurs brebis d'un éleveur de Murat-sur-Vèbre (Tarn). L'Office National de Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) a conclu, après expertises, que "le Loup figure parmi les prédateurs ayant pu commettre ces attaques", selon un communiqué de la préfecture.

 

Une photographie automatique a confirmé qu'il s'agissait d'un Loup

Un expert de l'ONCFS a confirmé qu'un grand canidé pris en photo par des appareils automatiques vers 2h du matin le 5 juillet 2018 sur la commune de Cambon-et-Salvergues (Hérault), en limite du département du Tarn, était "bien un Loup".

Avec environ 430 individus estimés, le Loup, tant redouté par certains éleveurs, continue son "expansion rapide" en France. Jadis présent partout dans le pays avant d'être éradiqué, le loup, revenu naturellement au début des années 1990 par l'Italie, poursuit sa recolonisation, par "taches" successives.

Un retour favorisé par la reforestation et l'exode rural

À l'origine de ce retour, la reforestation, l'exode rural, l'augmentation des proies, l'adaptabilité d'un animal capable de parcourir de grandes distances, et de strictes mesures de protection (Convention de Berne, directive de l'UE). Face à cette expansion, la FNSEA, les Chambres d'agriculture et les associations d'éleveurs ont demandé fin juillet 2018 à l'État un renforcement des mesures contre les attaques de loups.

 

Article ajouté le 7 juin 2019

 

Le seuil de 500 loups atteint en France

Par Anne-Sophie Tassart 07/06/2019

 

En France, le seuil de 500 loups a été franchi, selon l'Office national de la chasse et de la faune sauvage qui assure le suivi de l'espèce.

 

Les spécialistes en étaient déjà plus ou moins sûrs : le seuil des 500 loups a été atteint en France, selon le bilan hivernal de l'Office de la chasse et de la faune sauvage rendu public le 7 juin 2019. De nouvelles mesures de gestion devraient donc être prises à l'encontre de cette espèce protégée.

 

Canis lupus colonise de nouveaux territoires

 

"La population a atteint le seuil de viabilité démographique fixé à 500 loups dans le cadre du Plan national d'action sur le loup et les activités d'élevage, reprenant une notion découlant de l'expertise scientifique collective ONCFS-MNHN 2017. Plus précisément, l'effectif en sortie d'hiver est estimé à environ 530", note l'agence. Elle précise que l'espèce Canis lupuscolonise aussi de nouveaux territoires depuis son retour en 1992 via les Alpes depuis l'Italie. "Des loups ont ainsi été détectés dans de nouvelles zones en 2018, notamment dans les Pyrénées-Atlantiques, dans la zone Aube-Yonne, et dans certaines nouvelles zones du massif central", souligne l'ONCFS.

 

Le nombre de Zone de Présence Permanente (ZPP) augmente également, passant de 74 à 92 en 1 an. 68 d'entre elles sont constituées en meute (au moins 3 loups ou une reproduction) contre 57 l'hiver précédent. "Toutefois, 5 zones de présence permanente perdent le statut de meute dans les départements 73 et 04. L’hypothèse d’un effet des tirs sur les meutes jusqu’alors présentes dans ces zones reste à confirmer", précise l'agence.

 

Une hausse des "prélèvements" prévue

 

"La question de l’effet des tirs sur la dynamique de constitution ou de scindement des groupes de loup – et donc la reproduction- doit être étudiée précisément", ajoute l'ONCFS. Les associations de protection des animaux ont déjà largement critiqué les tirs qu'elles jugent inefficaces. "Ces tirs sont inutiles (pas de baisse de la prédation des troupeaux domestiques), voire contre-productifs (l'éclatement des meutes de loups peut augmenter les attaques sur les troupeaux)", notait Férus en octobre 2018 dans un communiqué.

 

La présence de désormais 530 loups adultes va néanmoins entraîner une hausse du nombre d'animaux pouvant être abattus. Le préfet du Rhône, préfet coordonnateur du loup, a immédiatement annoncé que le plafond de prélèvement pour 2019 passerait à 53 loups (38 ont déjà été tués depuis le début de l'année). "Nous considérons que le loup n'est plus une espèce en voie de disparition, ce qui est une bonne chose pour la biodiversité", a déclaré le 5 juin 2019 le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume. "Nous en sommes par contre, pour la prédation, à un niveau hors du commun (...) Nous avons besoin d'apporter un soutien fort et plein aux éleveurs. Leur bien-être est notre priorité", ajoutait-il.

AST avec AFP

 

Quel est l'animal le plus dangereux pour l'Homme ?

Le Loup de retour dans le massif jurassien ?

Le Loup est de retour dans le massif du Jura français. On le signale également dans le Jura genevois, le Jura bernois ainsi que dans les Vosges y compris la région des Mille Étangs en Haute Saône. État des lieux remis constamment à jour  (04/06/2013).

 

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Stratégie de prédation chez le Loup

loup012-logo.jpgStratégie de prédation chez le Loup

 

par André Guyard

(dernière mise à jour : 20/10/2014)

 

Comme tous les vertébrés carnivores, les loups se nourrissent de la chair d'autres animaux. Ils procèderont à la recherche de proies potentielles. Dans cette quête de nourriture, il y a optimisation de la prédation par mise en place d'une stratégie de capture des proies.

 

Chaque espèce de prédateur utilise des stratégies de prédation peu à peu optimisées par la sélection naturelle si bien que chaque prédateur chasse de la manière la plus efficace possible et l'on peut établir des règles de stratégie optimale de prédation.

 

1. Les prédateurs choisissent les proies les plus profitables qui pré­sentent le meilleur rapport énergie récoltée/énergie de capture et d'ingestion. Les individus les plus vulnérables : jeunes, malades, dépourvus de refuge ou de protection seront les plus recherchés. C'est le rapport qualité-prix qui compte. Il est évident que lorsqu'on offre un troupeau de moutons prisonniers d'un enclos sans abri, ni protection, les loups auront une préférence pour ce genre de proies particulièrement vulnérables plutôt que de s'échiner à poursuivre leurs proies naturelles comme les chevreuils.

 

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© Nicolas Vanier

 

2. Les prédateurs tendent à concentrer leur effort de chasse là où les proies sont les plus abondantes (réponse d'agrégation du prédateur). Mais la qualité de la prospection varie suivant la quantité du butin. S'il est rare ou au contraire très abondant, les prédateurs n'optimisent pas, c'est-à-dire qu'ils ne distinguent pas dans leur comportement les zones riches en proies et les zones pauvres. L'optimisation paraît ne se manifester que dans les zones intermédiaires à densité moyenne.

 

Dans la nature, pour une certaine gamme de densité des proies, le taux de prédation tend à augmenter avec la densité des proies. Ce qui aboutit à une régulation des popula­tions de proies (régulation densité-dépendante), ce mode de ré­gulation n'étant qu'une composante des mécanismes qui stabilisent et régu­lent les populations sauvages.

 

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© Nicolas Vanier

 

3. Les prédateurs accumulent de l'information au cours de l'échantillonnage : situation géographique, facilité d'accès et conformation du terrain, abondance et nature de la proie… Ainsi, les prédateurs "s'attendent" à trouver de la nourriture là où ils en ont déjà trouvé. Ils se représentent peut-être une "image de la proie" (searching image). Le Loup, comme tous les prédateurs au cours de leurs expériences successives, ira directement là où il a déjà trouvé des proies (expectation). Quant à l'image de la proie, si le Loup peut s'en former une, peut-être se ramène-t-elle à un certain niveau d'expectation ?

 

4. Dans le choix des proies, il faut tenir compte des goûts individuels du prédateur et on aurait tort de croire que la proie la plus grosse et la plus riche en calories potentielles va forcément être préférée. Surtout si les proies sont assez abondantes, l'animal va en rechercher de préférence certaines qui peuvent être de valeur nutritive moindre ; et on a d'assez bons arguments pour penser qu'elles en préfèrent tout simplement le goût !

 

5. La chasse en coopération a été bien mise en évidence chez les loups et les lions. Chez les loups, qui chassent très souvent en groupe, une stratégie tout à fait différente est observée suivant qu'il s'agit d'une proie très volumineuse comme un élan ou d'une proie moins grosse mais très rapide comme les caribous. Dans ce dernier cas, les loups semblent bien organiser des relais : un premier groupe pousse le caribou vers l'embuscade tendue quelques kilomètres plus loin, et quand les prédateurs sont presque épuisés une troupe fraîche prend la suite. Sans cela, les loups n'auraient aucune chance d'attraper les caribous, qui les dépassent nettement à la course. On pense également maintenant que les hurlements gradués et modulés émis par les loups en chasse sont interprétés par les congénères à grande distance. Les lions ou plus précisément les lionnes, dont la stratégie paraît plus développée, poursuivent le gibier à deux ou trois et sont capables de le rabattre vers un vallon sans issue.

 

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© Nicolas Vanier

 

En ce qui concerne le comportement des proies, on peut remarquer que, chez les animaux supérieurs, la défense contre les prédateurs est dans presque tous les cas passive : il est rare que les animaux attaquent le prédateur. Ou bien, comme chez les bisons, les grands mâles forment un cercle qui fait face aux loups pendant que les femelles et les petits sont bien protégés au milieu du cercle ; ou bien tout le monde a recours à la fuite. Avec le retour du Loup en Franche-Comté, peut-être que les Montbéliardes vont recouvrer leurs cornes ?

 

En définitive, la prédation, surtout lorsqu'elle implique coopération, présente à l'observateur des phénomènes extrêmement compliqués et variés, certains mettant en cause les niveaux les plus élevés du psychisme. Dans certains cas, les techniques paraissent optimisées.

 

Pour explorer davantage le mécanisme de la prédation, on peut visiter l'article qui se rapporte aux mécanismes du phénomène dans l'ensemble du règne animal.

 

Prédation respective des chiens divagants et des loups

 

Une étude scientifique récente (2009), publiée par la "Zoological Society of London", réalisée dans le pays basque espagnol apporte un regard nouveau sur la prédation respective des chiens divagants et des loups. Elle est due à J. Echegaray et C. Vila et se fonde sur l'analyse génétique des fecès des loups et des chiens divagants en Espagne. Elle démontre que le prélèvement sur la faune sauvage dû aux chiens errants est considérable par rapport à celui des loups.

 Les résultats de cette étude (rédigée en anglais) sont consignés ci-dessous :

 

Fèces de loups

 

 Parmi les 30 fèces de loups étudiées, 73% des restes appartiennent à des animaux sauvages, seulement 3% appartiennent à des ovins :

* une seule contenait des restes non identifiés,

* 22 contenaient des restes de chevreuils (Capreolus capreolus),

* 3 des restes de sanglier (Sus scrofa),

* 1 des restes de blaireau (Meles meles)

* 1 des restes de lièvre (Lepus europaeus)

* 8 contenaient des restes d’animaux domestiques (équins : 4, bovins : 3, ovins : 1)

 

 Fèces de chiens

 

 Parmi les fèces de chiens étudiées : 39 restes ont été identifiés et 14 n’ont pu l’être. 54% des crottes contenaient des restes d’animaux d’élevage :

* 14 fèces (36%) contenaient des restes d’ovins

* 7 (18%) contenaient des restes de chevaux ou de bovidés.

 

Ci-dessous des statistiques relatives aux attaques des grands canidés au sein des troupeaux domestiques.

 

Quelques chiffres relatifs à l'année 2009

 

Le tableau ci-dessous fait le bilan des attaques et des victimes au sein des troupeaux domestiques par de grands canidés.

 

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Bilan des attaques et victimes de grands canidés

sur les troupeaux domestiques en 2009

(© plan d'action national sur le Loup)

 

Le nombre de victimes des grands canidés (c'est-à-dire du Loup) peut paraître important. En fait, il faut relativiser ce nombre de 3263 victimes par rapport aux 400 000 ovins victimes chaque année de chiens errants.  Voir à ce propos l'article de France Nature Environnement (FCE).

 

Dans sa livraison de décembre 2011, le mensuel Science & Vie essaie de répondre à la question : pourquoi le Loup est si mal toléré en France ? (Science & Vie décembre 2011, n° 1131 p.138-139).

 

"En effet, si le Loup est mieux toléré dans certaines régions italiennes et espagnoles, c'est qu'il n'en a jamais disparu ! Tandis qu'en France, cela fait presque un siècle que l'élevage se développe à l'abri de tout prédateur, le dernier loup français ayant disparu dans les années 1930. En Italie et en Espagne, l'espèce a survécu aux attaques répétées des hommes avant de se voir attribuer le statut d'espèce protégée en 1979. Dès lors, la reconquête de Canis lupus, tout aussi honni dans ces pays-là, a pu reprendre... Jusqu'à traverser la frontière italienne au début des années 1990 et s'installer dans les Alpes du Sud... où les éleveurs ont donc perdu depuis plus de deux générations l'habitude de se battre contre de tels prédateurs. Bilan : des centaines, et bientôt des milliers de moutons tués (4189 indemnisations au titre de victimes du loup en 2010). Sans parler du stress engendré sur le troupeau, qui grossit moins ou donne moins de lait. D'où la colère des éleveurs, déjà fragilisés par la crise du secteur.

 

BRACONNAGE LÉGAL ?

 

Toutefois, nos bergers français sont loin d'être isolés. Partout où le Loup a recolonisé des territoires désertés (le nord de l'Italie, la France, la Suisse, la Norvège), la cohabitation est difficile et le rejet unanime. Dans les régions où le Loup a toujours été présent (sud de l'Italie et Espagne), les pertes sont moins lourdes, les éleveurs plus conciliants. Et pour cause : la trilogie "berger-chien de protection-enclos pour la nuit" existe toujours. On trouve ainsi de nombreux enclos en pierre qui protègent les troupeaux la nuit, et la main-d'œuvre moins chère favorise la présence d'un aide-berger à proximité permanente du troupeau. Autre différence : dans les Abruzzes, l'élevage ovin est principalement destiné à la production de lait. Ces petits troupeaux sont regroupés chaque soir pour la traite dans un endroit protégé. Enfin, en Italie et en Espagne, le loup ne jouit pas d'une protection totale. "Les autorités tolèrent, voire autorisent les éleveurs à braconner l'animal, précise Laurent Garde, chercheur au Centre d'études et de réalisations pastorales Alpes Méditerranée. Faisons pareil en France et les éleveurs supporteront mieux la situation." Ce qui peut aussi dissuader les loups de s'approcher. Une demande partagée par nombre de bergers français."

 

Pour ce qui concerne la prédation en général, voir l'article : la prédation : relations mangeur-mangé.

Un site précieux pour tout ce qui concerne le Loup : http://www.loup.developpement-durable.gouv.fr/

 

Quel est l'animal le plus dangereux pour l'Homme ?

 

Comment la réintroduction de loups dans le parc de Yellostone aux ÉTATS-UNIS a profondément modifié l'écosystème de la région : une vidéo qui souligne un rôle inattendu du Loup dans la chaîne alimentaire.

 

Loup y es-tu ?

loup,traces,empreintesLoup y es-tu ?

 

par André Guyard

 

 

 

 

Différentes méthodes permettent d'identifier un prédateur. Il y a, bien sûr la photographie fournie par un particulier ou par un appareil à déclenchement automatique. Mais on peut repérer l'animal à ses traces en examinant les empreintes laissées par ses pattes sur un sol boueux ou dans la neige. Et puis, il y a les méthodes plus scientifiques : examen des poils, analyses génétiques par ADN qui permettent d'identifier, non seulement l'espèce de prédateurs, mais également son origine génétique par comparaison avec d'autres empreintes génétiques déjà répertoriées.

 

Les empreintes de pas

 

Parmi les traces de Canidés relevées sur le sol, on rencontrera celles du Renard, du Chien et, éventuellement celles du Loup.

 

Empreintes du Renardroux Vulpes vulpes

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Le Renard roux

 

Le Renard est un digitigrade. Il a cinq doigts aux pattes antérieures et quatre seulement aux postérieures, mais le doigt interne antérieur se trouve si haut qu'il ne laisse aucune marque sur l'empreinte. Quatre pelotes digitales et un grand coussinet plantaire sont visibles. Les griffes sont longues, fines et pointues. L'empreinte, sur laquelle pelotes et griffes sont bien marquées, est si régulière qu'il est généralement impossible de dire (quand on n'en voit qu'une seule) si elle a été laissée par une patte droite ou une patte gauche. L'empreinte de la patte antérieure est un peu plus grande que celle de la patte postérieure, mais lui ressemble étroitement pour le reste. Mensurations : longueur, environ 5 cm ; largeur, 4 à 4,5 cm.

 

L'empreinte du Renard peut être facilement confondue avec une empreinte de Chien ayant des dimensions voisines. Toutefois, les pelotes plantaires du Renard, plus petites, ne sont pas aussi serrées que celles du Chien. En outre, chez le Renard, les deux pelotes digitales les plus centrales se trouvent un peu plus en avant, de sorte qu'il existe un intervalle plus grand entre le bord antérieur du coussinet principal (talon). Si l'on trace une ligne droite au bord antérieur des pelotes digitales des doigts externes, elle touchera le bord postérieur des deux pelotes digitales médianes ou sera située en arrière. Comparée à une empreinte de Chien, celle du Renard paraît plus allongée et plus fine. De plus, les marques des griffes sont plus étroites et plus pointues.

 

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Comparaison des empreintes de Renard et de Chien

 

En hiver et surtout dans les pays nordiques, la pilosité qui entoure les pelotes plantaires peut être si dense et si longue qu'elle les recouvre. Dans ce cas, l'empreinte est plus grande, plus arrondie et ses contours sont beaucoup moins nets.

Voie : Le Renard utilise toutes les allures, mais le plus souvent il se déplace au trot.

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Voie de Renard dans la neige

 

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Voies de Renard à différentes allures

 

En terrain ferme, la piste du Renard diffère de la piste normale du Chien et du Loup car elle apparaît comme une série de couples d'empreintes disposés obliquement par rapport au sens du déplacement. Chacun correspond à l'empreinte d'une patte antérieure précédée de celle d'une patte postérieure, qui se trouve en oblique et sur le côté. Les empreintes laissées par les pattes postérieures sont situées du même côté. Cette disposition si particulière vient du fait qu'en trottant, le Renard tient son corps obliquement. De temps à autre on peut constater que l'animal a changé de côté et a déplacé son arrière-train dans l'autre sens. Au trot, la voie n'est donc pas rectiligne. Dans la neige ou sur un sol très mou, le Renard tient toujours le corps dans le sens de la direction suivie et place la patte postérieure dans l'empreinte de l'antérieure, si bien que les voies forment une piste régulière. Au trot, la longueur du pas est voisine de 70 à 80 cm. Quand le Renard marche sur un sol dur, la patte postérieure est généralement posée en avant de l'empreinte de la patte antérieure et la longueur du pas est alors égale à 25-35 cm. Si l'animal est effrayé ou poursuivi il bondit ou galope et la longueur de ses pas varie beaucoup.

 

Empreintes du Chien domestique Canis familiaris

 

Empreintes et voie ressemblent à celles du Renard roux. L'empreinte du Chien paraît cependant plus compacte car les pelotes plantaires sont plus grandes et plus rapprochées. Le coussinet plantaire atteint les pelotes des doigts médians. Si l'on trace une ligne touchant le bord antérieur de la pelote du doigt externe, elle coupe les pelotes des doigts médians. Les empreintes des griffes sont fortes et larges. L'empreinte de la patte antérieure est nettement plus grande que celle de la patte postérieure et le bord postérieur du talon est concave alors que sur l'empreinte de lapatte postérieure il est convexe.

 

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Empreintes du Loup Canis lupus

 

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Un Loup (cliché Nicolas Vanier)

 

L'empreinte et la voie ressemblent à celles d'un grand Chien et peuvent être très facilement confondues. Il est pratiquement impossible de distinguer les empreintes d'un chien-loup de celles du loup, car les races de chiens-loups ont été obtenues en croisant des chiens d'allure lupine avec des loups.

 

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Comparaison des empreintes de Chien et de Loup

 

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Traces de loup dans la boue

(photo L. Boyer)

 

Cependant, les pelotes digitales du Loup sont plus allongées et ne sont pas aussi rapprochées. Il en résulte que l'intervalle existant entre les deux doigts médians est un peu plus grand que chez le Chien. En outre, les marques laissées par les griffes sont plus fortes, plus longues et plus pointues que chez le Chien. L'empreinte de la patte antérieure d'un Loup adulte mesure environ 11 cm de long et 10 cm de large ; l'empreinte de la patte postérieure a 8 cm de long et 10 cm de large.

 

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Au pas, allure que le Loup utilise assez rarement, la longueur du pas est voisine de 80-90 cm. Au trot, qui est l'allure de loin la plus employée, le pas mesure environ un mètre ; enfin, quand le Loup court ou galope, il franchit 1,50 m ou plus d'un seul pas.

 

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Voie de Loup dans la neige

© Y. Léonard

 

L'examen des poils (Yannick Léonard)

 

Un pré-examen de la structure des poils précède toujours les analyses génétiques.

Avant les analyses génétiques auxquelles un poil peut être soumis, une pré-analyse par microscopie peut s’avérer intéressante pour isoler une espèce ou au moins un groupe d’espèces. Cette technique est utilisée pour l’analyse du régime alimentaire des restes de proies trouvés dans les excréments.

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Structure d'un poil de Loup à la binoculaire

 

Une fourrure est composée de plusieurs variétés de poils. Dans le cas d’une détermination d’espèce c’est le poil de jarre (poil long généralement pigmenté de la partie visible de la fourrure) qui permet d’obtenir des résultats. L’examen est réalisé avec un microscope binoculaire à grossissement variable et se fait sur 4 critères : l’examen de la forme générale, de l’organisation des cellules de la médulla (partie interne du poil), de la forme des écailles recouvrant celui-ci et de l’organisation cellulaire interne par la coupe transversale. Les échantillons sont ensuite comparés à des collections de référence et atlas[1].

 

Ainsi par exemple, un poil ondulé, indique un poil d’artiodactyle permettant d’écarter les carnivores. Le cas le plus simple reste le sanglier où l’aspect général du poil, épais et fourchu, peut suffire à la détermination.

 

La structure de la médulla est un des critères majeurs dans l’identification. À titre d’exemple (voir photo ci-dessus), la médulla dans un poil de loup est fragmentée et réticulée à proximité du bulbe puis noire et opaque ensuite. L’examen de l’empreinte des écailles du poil sur un vernis permet en général de compléter la première identification. Enfin, la coupe transversale s’avère bien souvent nécessaire pour distinguer les poils de différentes espèces d’ongulés.

 

Dans le cadre des poils récoltés directement sur site, l’objectif est, dans un premier temps, de faire un tri avant l'analyse génétique pour exclure tous les poils autres que ceux de carnivores. Dès lors qu’il s’agit d’un poil de carnivore, ou qu’un doute subsiste, l’échantillon, s’il est entier avec le bulbe, fera l’objet d’une analyse génétique.

 

Collecte des excréments (Yannick Léonard)

L’objectif de la collecte d’excréments sur le terrain vise en premier lieu à réaliser les analyses génétiques et à étudier le régime alimentaire. Cette collecte est donc soumise à certaines conditions pour optimiser la recherche en laboratoire.

 

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Collecte d'excréments

(cliché Y. Léonard)

 

Afin de prévenir tout risque de contamination entre échantillons (phénomène de pollution génétique), l'échantillon est recueili dans un sac de congélation type ZIPLOC.

 

Par ailleurs, d’un point de vue sanitaire et pour prévenir tous risques de zoonoses, toute manipulation doit se faire avec des gants à usage unique ou par retournement du sac en mettant la main à l’intérieur pour saisir l’excrément.

 

Le sac est référencé avec les indications suivantes :

 

  • La date de collecte,
  • Le nom du correspondant et (le cas échéant) de l’observateur,
  • Le nom de la commune et le n° du département,
  • Le n° du prélèvement (si plusieurs échantillons collectés au même endroit).

 

Ces mêmes éléments sont reportés sur la fiche indice correspondante. L’absence d’une de ces indications rend l’échantillon inexploitable.

 

L’intégralité de l’excrément doit être récolté pour faire l’objet d’une analyse du régime alimentaire.

 

Les analyses génétiques

 

Les analyses génétiques concernant Loup et Ours sont effectuées par le laboratoire de génétique de Grenoble qui examine environ 300 échantillons loups par an. Les échantillons sont préparés à l’ONCFS et remis au laboratoire avec une périodicité de 2 mois, les résultats étant restitués (détermination de l’espèce, lignée et individus) selon cette même périodicité (Christophe Duchamp).

 

Pour en savoir plus sur les empreintes des animaux sauvages :

 

Bang P. & Dahlstöm P. (1977). - Guide des traces d'animaux. 240 p. Éd. Delachaux & Niestlé.

 

Voir aussi l'article sur la stratégie de prédation du Loup.

 

Un site précieux pour tout ce qui concerne le Loup : http://www.loup.developpement-durable.gouv.fr/

Plus de renseignements sur le Loup en France :

http://loup.org/spip/IMG/pdf/ddploupsfepm_dec2012.pdf

[1]DEBROT S. FIVAZ G., MERMOD C. & WEBER J.M. (1982) – Atlas des poils de mammifères d’Europe, Institut de zoologie, Université de Neuchâtel.

 

Quel est l'animal le plus dangereux pour l'Homme ?

La prédation - Relations mangeur-mangé

Prédation-logo.jpgLa prédation - Relations mangeur-mangé

 

par André Guyard

 

(mise à jour du 24/05/2012)

 

On réserve le terme de prédateurs aux seuls mangeurs d'animaux vi­vants. Cependant, il existe une dynamique commune au phénomène mangeur-mangé qui justifie une approche du phénomène prédation au sens large. En ce sens, sont consi­dérés comme prédateurs la totalité des animaux non détri­tivores : her­bivores, carnivores et parasites et les conclusions qui suivent peuvent leur être appliquées.

 

I. Modèles mathématiques de la relation proie-prédateur

 

Les premières tentatives de modélisation mathématique de la dyna­mique du système proie-prédateur sont dues aux biomathématiciens Lotka (1925) et Volterra (1926). Ils supposent au départ une croissance exponen­tielle des popula­tions naturelles. Soit N l'effectif de la population de proies et soit P l'effectif de la population de prédateurs.

 

1. Population de proies

 

En l'absence de prédateurs, on a : 

Prédation-équation-1.jpg

 

En présence de prédateurs, on aura :

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k1 : coefficient qui mesure l'habileté du prédateur à capturer sa proie.

 

2. Population de prédateurs

 

En l'absence de proies, la population de prédateurs décroît de façon géomé­trique :

Prédation-équation-3.jpg

En présence de proies, on aura :

Prédation-équation-4.jpg

k2 : coefficient qui mesure l'efficacité de la prédation sur les effec­tifs de la proie.

 

Le système est en équilibre quand

Prédation-équation-5.jpg

soit quand (r1 - k1 P)  = 0 et (-r2 + k2 N)  = 0

ou P = r1 / k1       et N = r2 / k2

 

Des équations (1) et (2), on déduit :

prédation-équation-6.jpg

soit, en effectuant le produit des extrêmes par les moyens et en divisant par NP

prédation-équation-7.jpg

En intégrant l'expression (4) on trouve 

prédation-équation-8.jpg

où C est une constante d'intégration.

 

La représentation graphique de l'expression (5) est une famille de courbes fermées et "concentriques", une courbe particulière correspondant à chaque valeur de la constante (fig. 1).

 

prédation-loup-fig1-1.jpg

 À chaque courbe correspond un "centre" ou point d'équilibre dont les coordon­nées sont :

prédation-équation-9.jpg

 

Si l'on se rapporte aux courbes représentatives de (5), on constate que les va­leurs N et P vont augmenter puis diminuer de façon cyclique. La figure 2 permet de distinguer plusieurs domaines dans le diagramme qui figure les fluctuations de l'effectif des prédateurs en fonction de ceux de la proie. On dis­tingue 4 régions dans ce diagramme délimité par deux droites, l'une ver­ticale (isocline du préda­teur) l'autre horizontale (isocline de la proie [1]). Au-dessous de l'isocline de la proie, la population de celle-ci augmente à cause du nombre limité de prédateurs ; au-dessus elle décroît à cause de la forte pression de prédation. La population de prédateurs augmente à droite de l'isocline du prédateur à cause de la forte po­pula­tion de proies, mais dé­croît à gauche de cette ligne à cause de la raréfaction de celles-ci. Le dé­place­ment de l'équilibre s'effectue dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Le modèle permet de prévoir que les deux popula­tions du système vont fluctuer de fa­çon cyclique entre un minimum et un maximum, les oscillations pré­sentant un dé­phasage puisque le début des périodes de croissance et de décrois­sance des ef­fectifs du préda­teur s'effectue en retard sur les périodes cor­respondantes pour la proie.

 

prédation-loup-fig2-1.jpg

Il est d'ailleurs possible à partir des expressions (1) et (2) de calculer les fluctuations des effectifs de la proie et du prédateur en fonction du temps. On ob­tient par intégration :

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où C1 et C2 sont des constantes d'intégration.

 

La figure 3 donne l'exemple d'une représentation graphique des cycles des po­pulations d'une proie et d'un prédateur hypothétiques, construits à partir des équations précédentes.

prédation-loup-fig3-1.jpg

 

 On peut déduire des équations de Lotka et Volterra un ensemble de lois.

 

II. Lois de la prédation

 

1. Loi du cycle périodique

 

Les fluctuations des deux espèces dans le temps sont périodiques et de pé­riode

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Cette période ne dépend donc que des taux intrinsèques d'accroissement des populations considérées. Les oscillations des popula­tions du prédateur et de la proie sont décalées d'un quart de cycle (figure 3).

 

2. Loi de la conservation des moyennes

 

La moyenne du nombre d'individus de chaque espèce ne change pas, quelle que soit la valeur initiale des effectifs, tant que les coefficients r1, r2, k1 et k2 res­tent constants.

 

3. Loi de la perturbation des moyennes

 

Si l'on élimine une égale proportion des deux espèces, on atteint un nouvel état d'équilibre avec augmentation de la moyenne du nombre d'individus de la popu­lation de la proie et une diminution de celle des pré­dateurs [2].

 

III. Critique et extension du modèle

 

Le modèle de Lotka et Volterra est fondé sur un certain nombre d'hypothèses simplificatrices très éloignées de la réalité. En effet :

 

- il n'intègre pas la capacité limite du milieu pour la proie dont la croissance n'est pas supposée dépendre de la quantité de nourriture dispo­nible ;

 

- il suppose aussi que le prédateur est strictement monophage et ne dispose pas de proies de substi­tution, ce qui est rarement le cas dans les communautés naturelles ;

 

- il admet que le taux de prédation est constant, indépendant de la densité et néglige la structure d'âge de la population ;

 

- il ignore l'existence de temps de latence qui tendent à rendre in­stables les interactions proie-prédateur. En effet, ces temps de latence peuvent amplifier les oscillations et même conduire à l'extinction d'une des deux populations.

 

La capacité limite peut être prise en compte dans les équations de Lotka et Volterra.

 

Soit K1 celle de la proie et K2 = bN, où b est une constante, celle du prédateur, on pourra écrire :

prédation-équation-12.jpg

On démontre également que ce système d'équations décrit une interac­tion stable. Il est également nécessaire de tenir compte du fait que les pré­dateurs ne vont pas consommer leurs proies proportionnel­lement à leur abondance. Il faut donc intégrer l'ensemble réponse fonctionnelle-réponse numérique dans le modèle (voir plus loin). Il sera alors nécessaire d'introduire un facteur de saturation C auquel Holling attribue la valeur sui­vante :

prédation-équation-13-1.jpg

où D est une constante.

 

Dans ces conditions, les équations deviennent :

 

prédation-équation-13.jpg

 On démontre que de telles expressions permettent d'atteindre des points d'équilibre (attracteurs étranges de Mandelbrot) mais aussi peuvent présenter des fluctuations cycliques. Les cycles obtenus ont des limites stables, c'est-à-dire qu'ils présentent une amplitude et une valeur moyenne des effectifs dans un envi­ronnement constant et peuvent retourner à cet état initial après une perturbation.

 

Enfin, un équilibre stable peut être obtenu en tenant compte de la pos­sibilité que peut avoir une proie d'échapper au prédateur en se dissimulant dans un refuge. D'autres modèles mathématiques que nous ne développerons pas ici intègrent éga­lement cette donnée ainsi que l'existence de temps de latence. La figure 4 repré­sente un diagramme figurant un tel modèle. On constate que l'élévation de l'isocline de la proie aux faibles densités peut stabiliser une amplification de la trajectoire en spirale de la population provoquée par un temps de latence dans la réponse du prédateur.

prédation-loup-fig4-1.jpg

IV. Réponse des prédateurs aux variations de densité de la proie

 

Holling (1959, 1965) distingue une réponse fonctionnelle et une ré­ponse nu­mérique.

 

1. Réponse fonctionnelle (DN : variation du nombre des proies consom­mées)

 

La réponse fonctionnelle d'un prédateur aux variations de densité de la proie se mesure par les variations du nombre moyen de proies DN consommées par indi­vidu et par jour. Holling distingue trois types de ré­ponses fonctionnelles (fig. 5a, 5b et 6a):

 

  • La réponse de type 1 est une fonction linéaire de la densité des proies jus­qu'à une valeur limite au-delà de laquelle le nombre de proies consommées par in­dividu reste constant quelle que soit la densité (Crustacés) ;

 

  • La réponse de type 2 est caractérisée par un taux de consommation décrois­sant de façon régulière en fonction de la densité des proies (Arthropodes) ;

 

  • La réponse de type 3 est caractérisée par une courbe en S en fonction de la densité des proies (Vertébrés, Insectes parasites).

 

prédation-loup-fig5a-1.jpg

 

La réponse fonctionnelle d'un prédateur à la densité de sa proie princi­pale dé­pend aussi de l'abondance des proies secondaires. Il y a toujours ten­dance pour le prédateur à diversifier son régime alimentaire. On peut noter parfois une variation du taux de préférence (effet de bascule ou switching) vis-à-vis de deux sortes de proies.

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2. La réponse numérique (DP : variation du nombre de prédateurs)

 

se mesure par la densité de la population du prédateur et exprime les varia­tions de celle-ci en fonction de la densité des proies (fig. 6b).

 

Le prédateur ne peut répondre à une augmentation de la densité de sa proie qu'en augmentant son propre taux de croissance et/ou par l'immigration. De sorte que la réponse numérique est la résultante de plu­sieurs phénomènes différents:

 

  • variations du taux individuel de croissance ou de la durée de dévelop­pement ;

 

  • variations du taux de fécondité (taille des pontes ou fréquence de re­produc­tion) ;

 

  • variations du taux de mortalité ;

 

  • déplacement de populations provoqués par l'abondance ou la pénurie de proies.

 

Parmi les phénomènes de déplacements, on distinguera :

 

  • les migrations sensu stricto à déterminisme saisonnier ;

 

  • les émigrations notamment de jeunes consécutives à une pénurie trophique effective (dispersions de saturation) ;

 

  • les nomadismes adaptatifs qui précèdent la pénurie (dispersions de pré saturation). Ex : mi­grations exploratoires de rapaces précédant la raré­faction des rongeurs (fluctuations synchrones de la densité des proies et des prédateurs). On rejoint ici la réponse agrégative (Hassell, 1986) à la répartition par taches de proies, composante de la réponse fonctionnelle qui a des effets sur la réponse nu­mérique.

 

prédation-loup-fig6-1.jpg

 

3. La réponse totale

 

correspond à la combinaison des réponses numé­rique et fonctionnelle (fig. 7). Il est évident que le taux de prédation dépend de la quantité de proies ingérées par individu et du nombre de prédateurs.

 

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Il est possible d'établir un modèle général qui figure les fluctuations de la po­pulation de la proie en fonction de la réponse totale (fig. 8).

 

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V. Conclusion

 

L'existence de fluctuations cycliques des effectifs des populations de préda­teurs et de leurs proies suggèrent que prédateurs ou parasites exer­cent une action déterminante sur les populations des espèces dont ils dé­pendent.

 

Expérimentalement, Gause (1934) a étudié la prédation de Paramecium cauda­tum en culture par un autre protozoaire cilié, Didinium nasutum (fig. 9).

 

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Dans une première expérience, l'introduction de Didinium dans une culture de Paramecium âgée de 3 jours se traduit par la consommation de toutes les proies, de sorte qu'après l'éradication des Paramecium, la popu­lation de Didinium périt d'inanition.

 

Dans une deuxième expérience, les Paramécies et les Didinium sont introduits simultanément dans la culture, des sédiments ayant été placés dans le fond des récipients, offrant un abri aux proies. Après une phase ini­tiale de croissance, la population de Didinium ayant consommé toutes les paramécies accessibles, péri­clite et périt d'inanition. Les paramécies sur­vivantes vont pouvoir alors proliférer.

 

Dans une troisième expérience, Gause simule les fluctuations d'abondance proie-prédateur observées dans les populations naturelles par l'introduction simul­tanée dans la culture de la proie et de son prédateur tous les trois jours, Il obtient alors des oscillations périodiques entrete­nues des effectifs des populations des deux espèces.

 

D'autres expériences montrent que, dans un environnement constitué par une mosaïque complexe d'habitats, la relation prédateur-proie s'accompagne d'une certaine stabilité des populations.

 

Dans la nature, Errington (1963) soutient que les prédateurs ne font que préle­ver le surplus de la population de toute façon condamné : individus privés d'abris, de territoires, jeunes, déficients ou malades.

 

D'après Slobodkin (1968), la stratégie optimale des prédateurs serait de consommer ce surplus plus accessible (intérêt), épargnant ainsi le ca­pital popula­tion.

 

Krebs (1978) expose cette stratégie optimale qu'on peut résumer ainsi :

 

- les prédateurs choisissent les proies les plus profitables qui pré­sentent le meilleur rapport énergie récoltée/énergie de capture et d'ingestion ;

- les prédateurs tendent à concentrer leur effort de chasse là où les proies sont les plus abondantes (réponse d'agrégation du prédateur).

 

Pour une certaine gamme de densité des proies, le taux de prédation tend à augmenter avec la densité des proies. Ce qui aboutit à une régulation des popula­tions de proies (régulation densité-dépendante), ce mode de ré­gulation n'étant qu'une composante des mécanismes qui stabilisent et régu­lent les populations.

 

C'est ainsi, qu'actuellement aux États-Unis, les scientifiques considèrent que les Cervidés manquent de prédateurs. William Ripple et Robert Beschta (université de l'Oregon, États-Unis) ont réalisé en 2012 une compilation d'une quarantaine d'études réalisées au  cours des 50 dernières années. Cette étude montre que, faute de grands prédateurs comme le Loup ou l'Ours, les populations de cerfs et de rennes ont atteint des niveaux record et menacent les écosystèmes dans les forêts boréales et tempérées de l'hémisphère Nord. Ainsi, dans les régions où le Loup est absent, les cervidés sont jusqu'à six fois plus nombreux. Les chercheurs notent qu'en contribuant à la déforestation, les cervidés ont un impact sur la capacité de la forêt de séquestrer du carbone et donc sur le changement climatique. Les scientifiques plaident donc pour la préservation ou la réintroduction des grands prédateurs, qui permettrait selon eux une régulation des populations d'herbivores et contribuerait ainsi au maintien de la biodiversité.

 



[1] L'isocline correspond aux différentes valeurs des effectifs de la proie et du prédateur pour lesquelles leurs populations respectives sont stables (dN / dt = 0).

[2] Cette loi donne une explication théorique des pullulations de ravageurs observées dans les cultures après réalisa­tion de traitements pesticides. L'effet du toxique est indépendant de la densité et provoquera - toutes choses égales par ailleurs - une proportion égale de morts dans la population d'insectes ou autres arthropodes nuisibles et dans celles de leurs ennemis naturels : prédateurs et parasites. Il résultera de tout cela un nouvel état d'équilibre où le ravageur (proie) sera plus abondant et les auxiliaires moins nombreux, d'où la nécessité d'un nouveau traitement et ainsi de suite.

 

Sources :

 

- Barbault R. (1981) - Écologie des populations et des peuplements, 200 p. Masson Éd.

 

- Guyard A. (1997). - Cours de maîtrise. Option Peuplements et populations. Univ. Franche-Comté.

 

- Ramade F. (1987) - Éléments d'écologie. Écologie fondamentale, 403 p. McGraw-Hill Éd.

 

Plus de renseignements sur le Loup en France :

http://loup.org/spip/IMG/pdf/ddploupsfepm_dec2012.pdf
 
 

Année 2013 : nouveau retour du Loup en Franche-Comté ?

loup,jura,prédateursAnnée 2013 : nouveau retour du Loup en Franche-Comté ?

 

par André Guyard

(dernière mise à jour : 04/06/2015)

 

Depuis l'automne 2011, les attaques du Loup avaient cessé dans le Doubs et les recherches d'indices étaient restées infructueuses (voir article précédent).

Le regroupement avec l'animal du Massif vosgien reste possible, mais ne sera sans doute jamais élucidé car aucun typage génétique fiable n'a été possible sur l'animal présent dans le Doubs. Enfin, un piège-photo posé dans le cadre de l'étude de densité du lynx a permis de déceler la présence du loup, au moins de passage, dans la haute chaîne du Jura le 26/03/2012, mais sans récurrence documentée depuis.

 

Réapparition du loup en Suisse proche (04/06/2013)

 

Selon une information de l’Agence Télégraphique Suisse, la première agence de presse de la Confédération, un loup aurait tué seize moutons et en aurait blessé cinq autres dans la nuit du 30 au 31 mai 2013 dans la commune de Münster-Geschinen, dans le canton du Valais. Le loup aurait été vu par des témoins et les traces du prédateur auraient été identifiées par le garde-chasse.

 

L’attaque aurait eu lieu dans le Haut-Valais, dans la vallée de Conches. Un territoire au sein duquel la présence « permanente » du loup avait été confirmée récemment par le service valaisan de la chasse, de la pêche et la faune, après plusieurs observations et découvertes de nombreuses prédations. Selon nos confrères de l’ATS, « l’animal est souvent proche des lieux habités car la couche de neige encore importante sur les coteaux et dans les vallées latérales maintient le gibier sur les bas-coteaux».

 

Cette attaque est la première enregistrée dans ce canton sur des animaux d’élevage. Alors qu’il a été observé à 22 reprises, le loup s’est à chaque fois éloigné tranquillement sans agressivité. Les autorités suisses conseillent d’ailleurs à la population, en cas de rencontre imprévue, de ne pas s’en approcher volontairement afin qu’il ne s’habitue pas à la présence humaine. Pour l’heure, aucune autorisation de tir n’aurait été décidée.

La présence du loup dans le canton du Valais est avérée depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois puisqu’un spécimen a été identifié en décembre et deux loups ont tué une dizaine d’animaux en juin 2012.

 

Présence authentifiée à 20 km de Morteau le 3 juin 2013

 

En revanche, dans le canton de Neuchâtel, il a fait son grand retour. En effet, le service neuchâtelois de la chasse, de la pêche et de la faune a officialisé lundi 3 juin la présence d’un loup dans la vallée de Joux. Le loup avait disparu du canton de Neuchâtel depuis 1845. Même si la Suisse estime qu’une vingtaine de loups seraient actuellement sur son territoire.

 

Début mai 2013, un chevreuil et un daim d’élevage ont été attaqués sur les hauteurs du Val-de-Travers, entre Couvet et La Brévine, soit à quelques kilomètres de la frontière française.

Les prélèvements de salive ont permis d’identifier un loup de la lignée italienne pour la première fois, dans la partie suisse de l’Arc Jurassien.

 

Pour anticiper le retour du loup, un Groupe de travail Contact Loup Neuchâtel a été créé, avec des représentants des diverses parties concernées (éleveurs, chasseurs, association de protection de l’environnement…) et s’intéresse principalement à la problématique de la prévention des dégâts. En Franche-Comté, Europe Écologie Les Verts a également composé un groupe de travail regroupant tous les acteurs civils concernés.

 

Cette présence du loup, de plus en plus proche de la frontière, ne sous-entend pas forcément qu’il va la franchir dans l’immédiat. Mais un loup est capable de parcourir 60 km en une nuit. Et tous les spécialistes s’accordent sur le fait que son retour, à moyen ou long terme, est inévitable en Franche-Comté.

 

Mercredi 17 juillet 2013 : Le Loup de retour en Franche-Comté ?

 

Après un long silence, le Loup se serait à nouveau manifesté dans le Jura.

 

Au début du mois, une attaque s'est produite à Chatelblanc. Puis, un troupeau de brebis a été attaqué le 17 juillet 2013 à Foncine le Haut près des Planches en Montagne dans le Haut-Jura. Dans ce dernier cas, trois brebis ont été tuées, et deux autres blessées. Les faits se sont déroulés dans une pâture située assez loin des habitations.

 

Le communiqué préfectoral affirme que : "Les conclusions techniques de l’expertise réalisée par les services de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) indiquent qu’il n’est pas à exclure que cette attaque ait été commise par un loup. Un cliché pris dès le lendemain à partir d’un piège photographique installé à proximité du lieu de l’attaque a en effet permis d’identifier un animal en présentant toutes les caractéristiques."

 

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Voir également le reportage de France 3 Franche-Comté du 24/07/2013

Voir également le reportage de France 3 Franche-Comté du 25/07/2013

 

Haut-Jura : Le loup est-il dans le massif du Risoux ? (05/09/2013)

 

Un troupeau de moutons a subi plusieurs attaques début septembre 2013 dans le secteur des Rousses. Un éleveur, Xavier Broquet, a perdu 15 brebis sur un cheptel de 400 bêtes. La semaine dernière, son troupeau a été attaqué au lieu-dit Plan Pichon. Le prédateur est revenu au même endroit dans la nuit de lundi à mardi. Selon l'agriculteur, la piste du lynx serait écartée. Les morsures ne correspondent pas. Les services de l'Office National de la Chasse et de la Faune sauvage ont posé des pièges photographiques sans résultat ces derniers jours.

 

Cette attaque a surpris l'exploitant. Il explique avoir mis en place des enclos électriques de nuit. Malgré la présence d'un chien patou, le troupeau effarouché a forcé les clôtures. Plusieurs bêtes se sont égarées en forêt. D'autres sont rentrées d'elles-mêmes à la bergerie située à plusieurs kilomètres à Trélarce. Xavier Broquet a rapatrié l'ensemble du troupeau sur la station des Rousses. "J'attends la visite des services de l'état cet après-midi, pour voir quelles mesures seront prises" explique t-il.

 

Les moutons devaient rester tout le mois de septembre en forêt. Ce sera dans deux à trois semaines la période des naissances. "Moi je ne suis pas contre le loup... je sais qu'il est présent, et qu'il sera présent sur le massif" tempère l'éleveur jurassien. Il se demande comment il va pouvoir protéger plus son troupeau.

Ce sont les bénévoles du pôle Grands prédateurs qui se sont mobilisés pour venir en aide à Xavier Broquet,  "En cas de besoin, une soixantaine de personnes sont prêtes à venir patrouiller la nuit en binôme pour éviter qu'un loup n'approche les troupeaux" a déclaré Patrice Raydelet, responsable du pôle Grands prédateurs.

 

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Voir également le reportage de France 3 Franche-Comté du 05/09/2013

 

Des patous contre le lynx et le loup (Est Républicain du 3 octobre 2013)

 

Le point chaud de l'été, en termes d'attaques de lynx sur les troupeaux de moutons, a été le Revermont. L'animal aurait été aperçu à Mantry et à Gevingey. Mais c'est à Saint-Laurent-la-Roche que sa présence ne fait plus l'ombre d'un doute. Trois attaques ont été recensées en août à quelques jours d'intervalle.

 

"Nous allons analyser toutes les données que l'on nous a transmises, indique Patrice Raydelet. Nous demandons le maximum de renseignements. Jusqu'à présent, on nous faisait remonter des informations sur une possible présence, mais, en fait, il s'agissait d'observation de blaireaux, de chats sauvages. Aujourd'hui, cela arrive bien moins souvent."

 

Pour faire face à ces attaques, un éleveur de Saint-Laurent-la-Roche, Laurent Bozon, s'est vu adjoindre Domino, un chien patou multi-troupeau utilisé en cas d'urgence. Il restera jusqu'à la fin de l'année, peut-être même davantage. L'éleveur doit récupérer deux patous de surveillance au départ de Domino. Au total, soixante chiens sont déployés dans le massif du Jura pour protéger les troupeaux. Ils étaient 10, il y a quatre ans.

 

"Depuis la mise en place de Domino à Saint-Laurent la-Roche, plus aucune attaque n'a été recensée", assure Patrice Raydelet. "Et partout où il y a des chiens, les attaques ont cessé. Cesystème a fait ses preuves. Quand l'éleveur est impliqué, ça se passe bien. Mais on pourrait équiper bien plus de monde. Au moins dix éleveurs par an. Mais la demande n'est pas assez forte et il n'existe pas vraiment de communication autour de ces patous. Mieux vaut anticiper que réagir après une attaque."

 

Décembre 2013 : après une attaque sur un élevage ovin, la préfecture suspecte la présence d'un loup dans la région de Clerval

 

La préfecture et l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) suspectent “fortement” la présence d’un loup après un épisode de prédation dans la nuit du 11 au 12 décembre 2013, sur un petit élevage ovin à Saint Georges-Armont, une commune du canton de Clerval dans le département du Doubs.Cette nuit-là, les deux brebis de Christian Drouvot ont été attaquées par un grand canidé. Cet habitant de Saint-Georges-Armont, dans le canton de Clerval, a retrouvé le lendemain matin l’une de ses bêtes morte et à moitié dévorée. L’autre boîtait et avait du sang sur son pelage.

« Je n’ai rien entendu », confie-t-il au téléphone. « Les brebis fuient le danger sans bêler. Ça a été un choc pour moi. » D’après lui, des gens du village auraient vu le prédateur, à plusieurs reprises, errer de nuit parmi les habitations. D’autres l’auraient repéré sur la route de Rang.

Emmanuel Renaud, de l’ONCFS, confirme ces témoignages mais ne peut pour l’instant pas garantir qu’il s’agit bien d’un loup. Dans ce cas, il pourrait s'agir d'un animal jeune adulte en quête de territoires, « le loup étant capable en une nuit, de parcourir plusieurs dizaines de kilomètres. Nous avons analysé la brebis morte, précise-t-il. Les plaies et les parties qui ont été mangées sont plutôt caractéristiques du mode opératoire du loup. Nous préférons parler de grand canidé jusqu’à ce que les pièges photographiques disposés sur le terrain prennent l’animal en flagrant délit, s’il repasse. »

Les éleveurs ovins et caprins qui pourraient être impactés par la présence du loup dans le canton de Clerval ont été invités, dans la mesure du possible,  à regrouper notamment la nuit leur troupeau en bergerie. Dans l’attente de recueil d’indices de la présence du loup, la préfecture a demandé au réseau de correspondants formés au recueil d'indices de présence du loup de renforcer le dispositif qui permet de suivre l’évolution de cette présence potentielle et, le cas échéant, de prendre les mesures adaptées dans le cadre du plan Loup.

Au début de l'année 2014, le préfet réunira le comité départemental de suivi et de gestion des grands prédateurs pour faire le point et engager les mesures adaptées.

Voir également l'article de FranceBleu Besançon.

 

9 décembre 2013 : "Le loup de Damprichard" (Le Matin, édition du 31/12/2013)

 

Même si l’hypothèse d’un chien-loup errant subsiste, tout porte à croire que le loup rôde à la frontière franco-suisse dans le secteur de Damprichard - Morteau - Belfays.

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"Tous les critères phénotypiques relevés sur la photo sont caractéristiques de l’espèce Canis lupus", écrit Alain Laurent dans son rapport. L’expert français ne détient aucune preuve quant à la présence du loup dans le Jura, mais sa conviction se base sur une photo prise le 9 décembre en bordure de route, à Damprichard : des oreilles à la queue, tout dans la silhouette et le pelage plaide en faveur du prédateur : sa silhouette avec une ligne de dos horizontale, sa tête au masque labial blanc et oreilles peu pointues, son pelage contrasté, avec la partie dorsale gris foncé, flancs plus clairs, dégradé régulier des couleurs et sa queue courte à l'extrémité est noire, portée tombante et en parallèle des membres postérieurs.

 

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Le Loup de Damprichard (Photo DR)

 

 

L’animal aurait ensuite été aperçu à Morteau puis, trois jours après la première observation, à Belfays : "Je rentrais chez moi en voiture quand je l’ai aperçu à 21 h 30 au bord de la route. Quelle émotion !" rapporte cette villageoise. Elle rentre chez elle, puis revient sur les lieux avec son ami et un appareil photo. Le loup ne s’était presque pas déplacé. Le cliché – unique – est pris à 22 h 06, juste avant que l’animal ne file à travers champs. "Il ne semblait pas apeuré, mais les traces dans la neige suggère que l’animal était blessé à une patte", précise l’automobiliste. On attribue à ce loup une brebis dévorée. On montre ses traces dans la neige. Mais la preuve irréfutable manque encore. Le dernier loup tué sur le plateau de Maîche l’a été en 1868, au Faux Verger, d’où le scepticisme régnant du côté de Damprichard : "Nous n’avons pas peur du loup", indique l’épouse du maire.

 

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Empreintes du canidé dans la neige. L'animal serait blessé.

(photo DR)

 

Verdict des poils

 

Prélevée sur un barbelé et envoyée à un laboratoire de Grenoble, une touffe de poils rendra prochainement son verdict. En attendant, les sceptiques penchent pour un chien-loup de Saarloos ou un chien-loup tchèque, dont il existe des élevages dans la région. Ces races sont plus aptes que les loups à s’aventurer sans crainte dans un village, ou à longer une route, même si trois attaques successives de moutons à Savièse dans le Valais suisse se sont produites parfois à quelques mètres des habitations.

 

"Sans validation scientifique, une confusion avec un autre canidé est toujours possible", indique le spécialiste suisse Jean-Marc Landry. Mais la présence du loup dans l’arc jurassien lui paraît plausible : "Les voisins de mes parents en auraient aperçu un à La Heutte, au-dessus de Bienne."

 

Sa progression n’est pas frontale, comme celle du lynx. Mais la présence même rare du Loup en Franche-Comté a convaincu l’inspecteur environnemental Patrick Rebillard. "Les observations et les attaques se multiplient", dit-il.

 

Janvier 2014 : le Loup entre Dole et Besançon ? (Est Républicain du 18/01/2014)

 

L'animal solitaire a été surpris dans un champ à Étrepigney, dans le Jura. Cet agriculteur d'Étrepigney village situé entre Dole et Besançon dans le Jura, a cru avoir la berlue, samedi matin en allant labourer. « J'ai vu cette bête qui était couchée dans la paille de maïs, à 20 m de moi. J'ai tout de suite pensé à un loup. Un loup dans la plaine, ça m'a vraiment choqué », raconte-t-il. Alors que l'animal se déplace tranquillement dans le champ, l'agriculteur contacte aussitôt le président des chasseurs de la commune.

 

« Aux alentours de midi, je croise un forestier. Je l'arrête pour qu'il confirme mon intuition. Accompagnés d'un jeune chasseur, nous repartons sur le tracteur. Sauf qu'en l'espace de 10 minutes, le loup a disparu. Avant de ressurgir au loin, au beau milieu de la plaine. Nous nous approchons à une quarantaine de mètres pour prendre une photo », explique l'agriculteur. Le cliché dans la boîte, le chasseur n'en revient pas : « Je ne m'attendais pas à ça ici ».

 

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L'agriculteur s'est approché à une quarantaine de mètres

pour immortaliser l'animal à l'aide de son smartphone

 

 Le lendemain, un jeune conducteur voit l'animal traverser la route : « Il venait de la côte de Cinq-Sens. Je me suis arrêté, éberlué pour le photographier. Il avait vraiment la démarche d'un félin[1] ». Un autre Jurassien, ayant lui aussi croisé le spécimen, n'en démord pas : « J'ai montré la photo à plusieurs chasseurs, ils me disent tous que c'est un loup ».

 

À quelques km de là, à Louvatange, une vache a vêlé dans un pré, une quinzaine de jours plus tôt. Son petit a été retrouvé mort. Mais la prudence est de mise : « On va tout mettre sur le dos de ce pauvre loup, mais ça peut être aussi l'œuvre d'un renard. Pour aller à Louvetange, il faudrait que le loup franchisse le Doubs et la Nationale. Même si ce n'est pas impossible, il faut quand même faire attention à ne pas verser dans la psychose », commentent des riverains.

 

« Si l'animal aperçu est un loup, il a pu quitter ou être contraint de quitter sa meute », explique ce spécialiste de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, qui ne peut en dire plus sans l'autorisation des services de l'État. Ces derniers n'ont pas souhaité s'exprimer dans l'immédiat. Les loups solitaires sont parfois vraiment isolés mais le plus souvent, ils suivent une meute en quête d'une partenaire pour fonder un nouveau clan. Même s'il choisit l'isolement ou s'y voit contraint, le loup reste en contact avec ses semblables. Il arrive aussi que le prédateur, rendu inconsolable par la mort de sa compagne, s'isole volontairement du clan.

 

 Voir également le reportage de France3 Franche-Comté du 20 janvier 2014.

 

Janvier 2014 : chasseur « nez à nez avec le loup »  (Est Républicain 21-01-2014, Édition du Doubs).

 

Quelques jours après la photo prise entre Dole et Besançon, nouveau témoignage d'un Jurassien qui affirme avoir vu l'animal de très près.

 

À 70 ans et au moins quarante ans de pratique, Edmond Bulabois est ce que l'on peut considérer comme un chasseur expérimenté. Pourtant, sa rencontre avec le loup qui semble rôder actuellement dans la forêt domaniale de Chaux ne l'a pas laissé indifférent (notre édition du 18 janvier). « Voir un loup, ce n'est pas commun nous a-t-il confié. J'en ai même rêvé la nuit dernière, je me suis réveillé trois ou quatre fois ! »

 

Edmond Bulabois faisait partie dimanche matin d'un groupe d'une quinzaine de chasseurs qui ont démarré à 8 h 30 du parking de la salle des fêtes d'Éclans. Cinq chasseurs étaient à la traque avec une dizaine de chiens, dix autres étaient postés comme lui. Alors que vers Étrepigney, l'animal a été vu en plaine, c'est dans la forêt qu'il est cette fois apparu. Notre témoin raconte : « Il marchait dans la forêt à 20 mètres de moi, il rentrait sur le lot numéro 3 de la forêt domaniale. Il s'est figé quand il m'a vu. J'ai bougé les épaules pour voir sa réaction, il a fait un quart de tour et il est parti. J'ai vu un de nos chiens qui était sur ses traces, mais il ne donnait pas (N.D.L.R. : il ne jappait pas) ».

 

« Pas l'impression d'une bête agressive »

 

Muni d'une carabine Bauer « point rouge lunette », « Je ne l'ai pas mis au bout (N.D.L.R. : en joue) sinon il n'allait pas loin », dit le chasseur pour signifier que le loup était vraiment tout près. « Je l'ai vu trottiner, je n'ai pas eu l'impression de voir une bête agressive. » On ne tire pas le loup qui est une espèce protégée, le chasseur prône une attitude responsable. « On voit des chevreuils tous les dimanches, on ne tire pas plus, c'est fini, c'est comme ça. » Mais quand le chasseur est rentré retrouver ses collègues, il surveillait quand même ses arrières. « Qui ne parle pas du loup avec une certaine appréhension ? » reconnaît-il. Mais il en est certain, c'est un loup, pas un berger allemand. « J'en ai eu pendant 25 ans, je sais faire la différence ».

 

Edmond Bulabois aurait cependant bien aimé ne pas être le seul à avoir vu le loup dimanche matin, pour encore plus de crédibilité. « J'ai appelé le technicien de la fédération de chasse. Il m'a dit : tu ne me surprends pas : je l'ai vu mardi à La Bretennière. »

 

La communication est laissée aux soins de la préfecture, nous a fait savoir le technicien en question. Thierry Humbert, directeur de cabinet, informe que la préfecture « poursuit la recherche d'éléments qui permettront de dire qu'on est bien en présence d'un loup. »

 

Des pièges photographiques

 

L'Office national de la chasse et de la faune sauvage va poser des pièges photographiques. « On peut imaginer que l'on a à faire à un animal en transit. Au niveau national, le "plan loup" prévoit la protection de l'espèce en France, mais aussi un suivi scientifique, l'indemnisation d'éventuels dommages, l'accompagnement des éleveurs et des mesures de gestion différenciées. Si nécessaire, des mesures d'effarouchement, puis de tir de défense peuvent être envisagées. « Déroger à l'interdiction de destruction doit rester une exception », rappelle Thierry Humbert.

Serge SPADILIERO



[1] Confondre un canidé avec un félin : on peut mettre en doute les connaissances faunistiques de l'observateur !

 

10 Février 2014 : un drôle de chien aperçu le  long de l'autoroute en Suisse

 

En prenant au vol un cliché par la fenêtre de la voiture, un automobiliste a eu une surprise en regardant la photo sur son ordinateur : en bas, à gauche, une silhouette d'un canidé qui tentait de franchir la barrière. Était-ce un chien ou un loup ?

 

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Détail de l'animal

 

 Quel est l'animal le plus dangereux pour l'Homme ?

 

Article de l'Est Républicain du dimanche 7 décembre 2014 :

Loup : « la politique du chiffre » par Lisa LAGRANGE

 

À la suite des manifestations d'éleveurs demandant une hausse du nombre de tirs de défense, le collectif de défense Cap Loup plaide pour une mise en place sereine et responsable de moyens de sécurisation des troupeaux

 

Pontarlier. Pour eux, c'est une aberration. En réponse aux récentes manifestations d'éleveurs ovins, notamment dans la semaine dernière, qui demandent une hausse du nombre de prélèvements, Cap Loup, collectif d'associations pour la défense du prédateur, monte au créneau. Il rappelle “les enjeux économiques et patrimoniaux du dossier”, qu'il ne considère pas comme “un fléau” nécessitant “l'exclusion des loups en zones d'élevage”.

 

Le collectif l'assure : « Oui, le retour du loup est souvent une contrainte nouvelle pour des éleveurs qui doivent réapprendre à travailler en présence de prédateurs naturels Mais les éleveurs peuvent et doivent s'adapter aux enjeux du XXIe siècle de protection du patrimoine naturel de tous les Français ».

 

Côté Franche-Comté, Thierry Billey, référant du réseau Férus, association nationale de protection et de conservation de l'ours du loup et lynx en France, souligne également les objectifs. « Les éleveurs francs-comtois ne sont pas encore trop touchés. Mais il y a eu des attaques en 2011 à Chapelle-d'Huin, dans le massif du Jura en 2013 et plus récemment à Lons-le-Saunier, ce qui montre que le loup est passé. Et qu'il a une forte probabilité pour que cela recommence, d'où l'intérêt de mettre en place des moyens de protection. » Car les défenseurs du loup sont clairs, les prélèvements, aussi nombreux soient-ils, ne règlent pas le problème. « Le loup se réinstalle. Il est faux de parler de prolifération, mais l'espèce s'étend et reconquiert les territoires où il était historiquement implanté. » Le loup est une espèce protégée, qui compte approximativement quelque 300 spécimens sur le territoire national.

 

L'exemple suisse

 

D'ailleurs, la période hivernale devrait faciliter l'affinage du décompte, puisque les traces de sa présence sont plus facilement détectables dans la neige. « Et ce, même si l'hiver, les attaques sont moins fréquentes puisque les moutons ne sont pas en alpage. Cela démontre aussi que le loup se nourrit d'ongulés l'hiver. L'été, c'est plus aisé puisqu'il a des garde-manger faciles d'accès. Pourquoi se donnerait-il la peine de chasser, alors même qu'il en est plus que capable. Encore une fois, il suffirait, pour s'en protéger, de mettre en place des moyens de protection. »

 

Parmi ceux-ci, le spécialiste préconise des chiens Patou. Mettant en avant l'exemple allemand, qui démontre que, si l'animal est bien élevé, notamment à l'égard des randonneurs qui eux-mêmes doivent éviter des gestes dangereux, les attaques diminuent. « Placer également des ânes ou des lamas avec les moutons, est une bonne solution car ils les détendent. Cela peut sembler étonnant, mais cela fonctionne. Et ne coûte pas très cher. »

 

En revanche, Thierry Billey dénonce fermement les tirs de prélèvements et les battues, dont le nombre est monté pour 2014 à 36 tirs. « C'est la politique du chiffre. Et après, on fait quoi ? Toujours plus ? Je ne vois pas en quoi effectuer ces tirs au hasard, principalement en Provence Alpes-Côte-d'Azur, peut aider les éleveurs de la Meuse. On fait croire que cela peut régler le problème, mais c'est un non-sens. »

 

Autre exemple évoqué : celui de la Suisse qui, dans les cantons de Vaud et Fribourg, a obtenu de très bons résultats avec la mise en place de sécurisation de troupeaux. Alors qu'en 2008, 34 moutons ou chèvres ont été victimes du loup, en 2011, seul un mouton a été tué par un lynx dans le Jura vaudois. Dans le canton, 90 % des troupeaux estivaux sont équipés de moyens de protection.

 

Émission de FR3 Franche-Comté du 4 juin 2015 : La présence confirmée du loup dans le Jura

 

Le 29 avril 2015, dans les environs de 18h, une femme avait filmé ce qui ressemblait à un loup, dans la périphérie de Saint-Amour. Les autorités compétentes ont confirmé qu'il s'agissait bien d'un loup. Mais depuis plus aucune trace.

 

L'office national de la faune sauvage a confirmé que l'animal filmé le 29 avril par une automobiliste, présentait toutes les caractéristiques d'un loup. À cette période l'animal se trouvait en périphérie de la commune de Saint-Amour, dans le Jura. 

Le loup avait été localisé à proximité de la commune de Saint-Amour

 


Néanmoins, selon le secrétaire général de la préfecture du département, il n'y a pas eu d'autres signalements du loup et donc il n'y a pas lieu de prendre des mesures.


Concernant le veau attaqué en début de semaine, à Saint-Germain-lès-Arlay, situé à 60 km de Saint-Amour, des analyses sont en cours mais selon les premiers éléments ce ne serait pas l'œuvre d'un loup. 

En janvier 2014 un loup était resté un mois dans la forêt de Chaux. Un troupeau avait été attaqué à l'époque.

Les loups suédois en extinction

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Selon les estimations, la population de loups suédois compte actuellement quelque 250 spécimens.

 

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Loup suédois

crédit photo : Jon Arnemo - Grimso Wildlife Research Center

 

D'après les chercheurs de la Grimso Wildlife Research Station basée en Suède, les loups du pays sont victimes d'un braconnage massif largement sous-estimé. En évaluant la population de loups suédois et en comparant les chiffres à d'autres estimations ces dix dernières années, cette persécution serait ainsi responsable de plus de la moitié de la mortalité lupine alors que de nombreux animaux sont déjà tués sur les routes ou atteints par des maladies. D'après les calculs, les loups devraient être quatre fois plus nombreux aujourd'hui sans cette persécution.

 

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Grimso Wildlife Research Station

crédit photo : Jon Arnemo - Grimso Wildlife Research Center

 

Chaque année, des loups sont retrouvés morts sur la route, heurtés par des véhicules.

 

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Cadavre de loup heurté par un véhicule

crédit photo : Jon Arnemo - Grimso Wildlife Research Center

 

Certains chasseurs n'hésitent pas à abattre les loups, victimes de leur mauvaise réputation. En effet, ceux-ci sont connus pour s'attaquer aux chiens de chasse qu'ils voient comme des rivaux. Ce braconnage illégal met en danger la population de loups suédois qui souffrent de déformations du squelette et qui rencontrent déjà des difficultés à se reproduire.

 

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Loup tué par les chasseurs

crédit photo : Jon Arnemo - Grimso Wildlife Research Center

 

 

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Cadavre de loup porteur d'un collier émetteur

tué par les chasseurs

crédit photo : Jon Arnemo - Grimso Wildlife Research Center

 

 

Dans les années 1970, l'espèce s'est déjà quasiment éteinte en Suède. Mais le vide écologique ainsi créé, a entraîné une colonisation du territoire par des loups finlandais à l'image de ce qui se passe dans les Alpes françaises à partir des loups italiens provenant des Abruzzes. (Voir à ce propos l'article : le Loup en France).

 

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crédit photo : Jon Arnemo - Grimso Wildlife Research Center

 

Évaluation de la population lupine

 

Pour évaluer l'effectif de la population lupine, les chercheurs de la Grimso Wildlife Research Station procèdent à la capture d'individus qu'ils vont munir d'un collier émetteur permettant de suivre les différentes meutes.

 

 Une équipe au sol recherche les traces de loup dans la neige. Elle signale à une seconde équipe en hélicoptère les coordonnées géographiques des empreintes. L'hélicoptère va suivre les traces pour découvrir les animaux.

 

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Recherche et identification des traces de loups

crédit photo : Jon Arnemo - Grimso Wildlife Research Center

 

 Depuis l'hélicoptère,  le loup est endormi par une fléchette.

 

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crédit photo : Jon Arnemo - Grimso Wildlife Research Center

 

Atteint par la fléchette, le loup s'endort rapidement puis il est transporté vers un  laboratoire de campagne où des vétérinaires vont l'examiner.

 

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Transport à dos d'homme

crédit photo : Jon Arnemo - Grimso Wildlife Research Center

 

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Examen de l'animal

crédit photo : Jon Arnemo - Grimso Wildlife Research Center

 

L'équipe vétérinaire examine l'aspect général de l'animal, effectue une auscultation, procède à des mensurations et à des prélèvements sanguins pour analyse et équipe le loup d'un collier muni d'une balise Argos/GPS et d'une balise VHF afin de pouvoir suivre et d'évaluer l'effectif de la population.

 

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Après examen, les scientifiques laissent le loup se remettre de l'anesthésie

crédit photo : Jon Arnemo - Grimso Wildlife Research Center


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 L'animal encore ensuqué est ramené

sur son lieu de capture

crédit photo : Jon Arnemo - Grimso Wildlife Research Center

 

 Source : Maxisciences

Retour du Loup : le point de vue de l'historien

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d'un roi maudit ?

 

par Jean-Marc Moriceau

 

Jean-Marc Moriceau, historien, est spécialiste de l'histoire des campagnes. Professeur à l'université de Caen et président de l'Association d'histoire des sociétés rurales, il conduit actuellement une enquête européenne sur les relations entre l'Homme et le Loup.

 

Le texte ci-dessous cumule des entretiens avec Jean-Marc Moriceau (Sciences et Avenir n° 774 août 2011 p. 94, propos recueillis par Rachel Mulot et François Folliet et Sciences et Avenir hors série n° 170 avril/mai 2012, pp.60-63, propos recueillis par Andreina de Bei).

 

Dans ses ouvrages, appuyés sur des sources abondantes et détaillées, Jean-Marc Moriceau a répertorié jusqu'à 4702 attaques de loups sur l'homme en France entre le XVe et le XXe siècle. Cet éclairage comportemental précisément contextualisé a provoqué de vives réactions dans les milieux sensibles au sort du Loup. En effet, Canis lupus, disparu de France autour de 1930, n'a jamais cessé, depuis son retour naturel d'Italie en 1992, d'exciter les passions de ses partisans et détracteurs. Animal protégé internationalement par la Convention de Berne (1979) et en France par un arrêt de 1996, le Loup a progressé dans notre territoire, du Massif Central jusqu'aux Vosges, où la présence d'un deuxième individu a été confirmée cet hiver par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage. On en compterait en tout aujourd'hui à peu près deux cents.

Depuis l'Antiquité, et jusqu'à sa protection en France en 1992, l'animal a été perçu comme l'ennemi public n°l. Objet de haine et de fascination, le Loup a subi la fureur des hommes, jusqu'à l'éradication. Le Loup est un révélateur des sociétés.

 

Le Loup a été construit comme un ennemi public

 

Le Loup est un animal politique. Il a servi d'épouvantail et d'adversaire aux sociétés humaines depuis le VIe  siècle avant notre ère. Nous lui avons mené une véritable guerre, deux mille ans durant. Mais la France est le seul pays où la lutte a pris un tour institutionnel avec la mise en place de la Louveterie, un corps d'agents publics consacré à sa destruction, formellement établi au XIVe siècle. La France étant un État centralisé, ce carnassier servait d'ennemi intérieur en temps de paix : on comptait jusqu'à 20 000 loups à la fin du XVIIIe siècle, s'immisçant jusque dans les villes.

 

La peur viscérale de cet animal est justifiée

 

J'ai documenté plus de 3000 attaques sur l'Homme en France entre le XVe et le XXe siècle. Un chiffre non exhaustif... Des réalités effectives ont nourri l'imaginaire du Loup. Jusqu'en 1880 en Dordogne, les attaques ont créé des psychoses collectives, L'animal a disparu dans les années 1930, mais jusqu'en 1940-1950, on savait qu'était le Loup. Cependant, la mémoire s'est effilochée. Une autre image, positive celle-là, est alors venue du Grand Nord canadien, où l'animal n'est pas en concurrence avec l'Homme. Pourtant, des attaques ont encore lieu. Ainsi, en Espagne, quatre enfants ont été tués entre 1962 et 1971. En France, le risque est infinitésimal, mais il n'est pas nul. Certes, les victimes sont peu nombreuses, mais il y a une transgression anthropologique terrible : l'Homme est dévoré vivant.

 

Que dit l'image du loup de notre société ?

 

Le Loup est un révélateur du fonctionnement des sociétés et de leur rapport à l'espace. Cet animal intelligent et opportuniste met en lumière les faiblesses de notre organisation. Il est aussi un ferment de division : c'est le seul animal qui ait autant excité les passions économiques, culturelles et politiques. Il éclaire aussi la fragilité de notre occupation de l'espace. Aujourd'hui, nous sommes divisés pour savoir s'il faut le protéger ou le réguler. Depuis son retour naturel en France en 1992, les attaques sur le bétail ont été multipliées par quatre ou cinq. Il est désormais présent dans une douzaine de départements. Notre culture d'élevage extensif et à l'air libre, souvent pour la viande, offre des secteurs très exposés.

J'ai étudié les luttes menées par l'Homme contre le Loup : il s'agissait de tenter de répondre à une question de société actuelle : quelle est la place de l'animal sauvage ? Car elle fait aujourd'hui débat au sein de l'opinion publique, eu raison de l'intérêt suscité par la préservation de la biodiversité et des contradictions qu'elle soulève en termes de développement durable. Les historiens étaient plutôt absents de la discussion.

 

Que représentait pour l'homme cet animal que l'on a voulu « éradiquer » ?

 

Au départ, il n'était pas question d'éradiquer le Loup, mais simplement de le repousser hors de la zone d'emprise de l'humain afin de prémunir celui-ci d'un danger. Car, pendant des siècles, l'Homme a été conscient de son impuissance à venir à bout de cet animal. La question de "l'extermination" ne s'est posée qu'au XIXe siècle, quand les moyens techniques et le contexte politique se sont prêtés à une entreprise de cette nature. Le Loup représentait alors essentiellement un concurrent de l'Homme pour l'alimentation, puisqu'il restai! le seul grand prédateur camivore en Europe et ponctionnait régulièrement le bétail en tout genre. Occasionnellement s'ajoutait à cette menace un comportement véritablement dangereux pour les humains, de la part soit de loups enragés s'attaquant à tous les êtres vivants rencontrés sur leur passage, soit de loups prédateurs à comportement anthropophage. Agresseurs de l'Homme, ils transgressaient clairement l'ordre naturel des choses.

 

Le loup porte une charge symbolique

 

Une charge récupérée par l'Église. Il faut s'imaginer qu'en France, il y a eu jusqu'à 20 000 loups, largement répandus dans tout le pays. Lorsque se produisaient des attaques sur l'homme - agressions traumatisantes et répétées -, il était très difficile d'identifier les coupables. Dans un pareil contexte, le lien avec les bêtes apocalyptiques décrites par les Écritures, mis en évidence par les sermons des clercs, devenait incontestable : aux yeux de l'Église, ces drames que l'on n'arrivait pas à éviter étaient souvent considérés comme des signes de la colère divine.

Jusqu'à la fin du XIXe siècle, le Loup a été l'emblème majeur du "sauvage" s'opposant à la civilisation. Le représentant d'un ordre différent de celui des humains. C'est un animal extrêmement intelligent, résistant, qui s'adapte à tous les environnements, et qui non seulement défiait l'Homme mais parvenait à lui résister, y compris lors de battues organisées. Il a fallu attendre sa quasi-disparition en France pour que, par exemple, une démarche de type naturaliste gagne du terrain, auprès des louvetiers), afin de tenter de juguler l'extinction totale de l'espèce. Ce mouvement a en quelque sorte anticipé le retournement dont fait l'objet de nos jours l'image du loup.

Le Loup a changé d'image en plusieurs étapes. La première, fondamentale, c'est sa disparition physique - définitive après la guerre de 1914 -, qui a entraîné la fin de l'insécurité. Les attaques sur les troupeaux ont cessé, permettant à l'élevage de se reconfigurer géographiquement. Les agressions sur l'Homme, de la part de loups prédateurs jusque vers 1820-1830 et de loups enragés jusque vers 1880, se sont également arrêtées. Dans ces conditions, l'imaginaire négatif traditionnel attaché à l'animal qui n'avait jamais été dompté a commencé à s'effilocher. Par la suite nous sont parvenues d'Amérique du Nord des images de loups habitant d'immenses espaces sauvages, où les rapports avec l'Homme n'avaient pas lieu d'être conflictuels. Ces icônes séduisantes allaient préparer le terrain à une véritable entreprise de "réhabilitation" de l'animal.

Un premier décalage existe entre une opinion publique qui se convertit de plus en plus à l'idée de défendre la biodiversité et des milieux économiques, certes très limités, mais directement concernés par la présence d'un animal qui peut se révéler perturbateur. Cette tension est rendue plus complexe encore par le statut du loup, protégé par des conventions internationales et par la législation européenne, mais dont la présence fait néanmoins l'objet d'aménagements tenant compte indirectement et a posteriori des dégâts qu'il provoque. Le Loup ne peut pas faire bon ménage avec l'élevage. Il ne peut être strictement protégé : dans certaines régions de France, les "dommages collatéraux" que provoque son développement sont modestes, dans d'autres, ils sont beaucoup plus importants. De mon point de vue, il semble intelligent de garder en tête cette différence d'échelle afin d'éviter d'avancer des discours absolutisants.

 

Relations avec le milieu scientifique, plus précisément avec les biologistes ou les zoologues

 

Mes rapports avec les biologistes sont bons, après avoir été conflictuels. Le Loup semblait leur appartenir au premier chef ! Il existe une sorte de guerre des territoires qui fait qu'un historien, dès qu'il s'approche du loup, suscite au mieux par son prétendu manque de connaissances le sourire amusé des biologistes. Aujourd'hui, la situation a évolué, même si l'attitude de certains de ces spécialistes me laisse perplexe, notamment lorsqu'ils relativisent la dangerosité du Loup pour l'Homme de peur de compromettre l'opinion favorable du public à son égard. Malgré ces positions à mon sens trop prudentes, des collaborations sérieuses avec des biologistes m'ont permis d'avancer.

 

Comment peut-on, in fine, cohabiter ?

 

Selon moi, la cohabitation avec le Loup, extrêmement complexe, est quasiment impossible. Le Loup est un animal sauvage, et son retour naturel en France depuis vingt ans pose de réelles difficultés d'aménagement et de gestion des milieux agropastoraux. À la différence des décideurs et de l'opinion publique, ces derniers subissent au jour le jour les conséquences de sa présence. Je le répète, il nous incombe de faire des choix et d'avoir une vision claire de la question ; une vision qui tienne compte des contraintes posées par une politique de gestion efficace. Je plaide pour l'organisation d'"états généraux du Loup" rassemblant non seulement des scientifiques français et étrangers de différentes disciplines, mais aussi tous les acteurs touchés par la question.

 

Cohabite-t-on mieux avec lui en Espagne et en Italie ?

 

Une sensibilité écologiste fait du Loup "un mal français". Cela est faux. En Espagne, il y a du braconnage et des plans d'abattage draconiens. Le pays a obtenu un statut dérogatoire à la convention de Berne qui autorise sa mise à mort au nord du fleuve Duero s'il se révèle gênant.

 

Notre relation avec les animaux, sauvages et libres par excellence, passe encore par la domination

 

Il ne faut pas oublier que la planète, depuis quelques millions d'années, et surtout quelques dizaines de milliers, est sous la maîtrise d'une espèce particulière, l'espèce humaine, dont la survie et le développement sont considérés, à tort ou à raison, comme primordiaux. Simplement, depuis plusieurs décennies, nous avons pris conscience de l'existence des autres espèces et de l'obligation de les préserver. L'équilibre est donc perçu différemment.

 

Que peut apporter l'historien à cette question ?

 

L'expérience de deux millénaires de lutte : il a été démontré à toutes les périodes de l'histoire que les mesures de compensation et de protection pouvaient réduire les préjudices mais pas éliminer les risques et dommages collatéraux. La chaîne liée à la présence du Loup est bien plus compliquée que "brebis tuée, indemnité et point barre". Il y a le stress des éleveurs et celui des bêtes, qui altère leur production. De même, la concentration et la protection des troupeaux compromettent aussi l'entretien des alpages Si l'on veut favoriser le retour du loup, il faut donc aller bien au-delà du régime indemnitaire.

 

Que préconisez-vous ?

 

Que voulons-nous ? Un retour du Loup sur tout le territoire ? Seulement dans certains espaces ? Chaque année, scientifiques, écologistes, chasseurs et bergers devraient se réunir pour assurer une gestion zonale, considérer les risques sans abdiquer le souci de la préservation. Pour cela il faut quitter la vulgate biologique "le Loup n'attaque pas l'Homme". À mon sens, l'animal devrait être protégé non pas sur tout le territoire mais dans certains espaces aménagés. Car nous marchons actuellement sur la tête : un éleveur doit attendre de voir ses bêtes éventrées pour demander l'autorisation de tirer sur tel ou tel animal dérangeant.

 

Pour en savoir plus :

 

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Histoire du méchant loup. 3000 attaques sur l'homme en France XVe - XXe siècle, Fayard, 2007.

L'Homme contre le loup. Une guerre de deux mille ans, Fayard, 2011 479 p. 26 €.

 

Critique de l'ouvrage de Jean-Marc Moriceau par Roger Mathieu, médecin et naturaliste, "ouvrage qui semble plus relever de la compilation laborieuse que d'une véritable enquête. Le texte intégral de Roger Mathieu est visible sur le forum de discussion de loup.org.

 

Mise au point sur ce livre par Pierre Jouventin (Ajout janvier 2013)

 

dans un article publié dans "Pour la Science" de janvier 2013, pp. 42-49 intitulé : La domestication du loup

 

Moins dangereux que le chien

 

Le loup a toujours occupé la première place dans notre imaginaire animalier. Pour autant, les connaissances précises sur ses mœurs dans la nature, pour la plupart acquises par les biologistes nord-américains, datent de moins d'un demi-siècle. Aussi n'est-il pas étonnant que sur un sujet aussi crucial que le danger que cet animal représente pour nous, les avis s'opposent d'une discipline et d'un continent à l'autre. Jean-Marc Moriceau, historien membre de l'Institut universitaire de France, a sous-titré 3 000 attaques sur l'homme en France xve-xxe siècles son livre récent Histoire du méchant loup. Mais en Amérique du Nord, la prime qui avait été promise à celui qui prouverait une attaque sur un humain n'a jamais pu être attribuée… Il est en fait très difficile de distinguer les véritables attaques de celles de loups enragés et de chiens errants, autrement plus communes. Depuis 20 ans que le loup est de retour en France, aucune morsure de loup sur l'homme n'a été signalée, alors que des milliers de personnes mordues par des chiens se présentent chaque année aux services d'urgences ; 33 d'entre elles sont mortes en 20 ans… Comme le requin, le loup a très mauvaise réputation, sans doute parce que les cadavres dévorés à la suite de suicides ou pendant les guerres ont été interprétés comme des victimes d'attaques. En tout cas, aujourd'hui en France, le loup représente un risque statistiquement nul, alors que les morsures de chien constituent un problème de santé publique…

 

 [Pierre Jouventin, écoéthologue et directeur de recherche émérite du cnrs, a dirigé pendant près de 15 ans le Laboratoire cnrs d'écologie de Chizé, dans le département des Deux-Sèvres.]

 

Plus de renseignements sur le Loup en France :

http://loup.org/spip/IMG/pdf/ddploupsfepm_dec2012.pdf

 

Quel est l'animal le plus dangereux pour l'Homme ?