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13/09/2019

Balades naturalistes : fréquentation

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Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
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If, Rudyard Kipling, 1896.

 

 

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"BALADES NATURALISTES"

 

Blog distingué par Golden Blogs Awards 2014

et classé troisième dans la catégorie "Biodiversité"

 

 

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05/09/2019

Un crâne de Australopithecus anamensis découvert

Un crâne de Australopithecus anamensis découvert

 

Publié le 28 août 2019 par Michael Greshko (National Geographic 28 août 2019).

 

Un crâne sans précédent révèle le visage d'un ancêtre humain.
L'incroyable fossile offre un instantané de l'aube de l'évolution humaine. « C'est le crâne que nous attendions », a déclaré le paléoanthropologue Yohannes Hailé-Sélassié.

 

Désigné officiellement MRD-VP-1/1, ce nouveau crâne appartient à un ancêtre humain primitif appelé Australopithecus anamensis.

 

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Photographie de Dale Omori, don gracieux du Cleveland Museum of Natural History

 

Une rencontre fortuite dans un enclos éthiopien a donné un fossile unique en son genre : le crâne presque complet d'un ancêtre humain mort il y a 3,8 millions d'années.

 

Le nouveau spécimen — décrit dans la revue Nature — est le plus vieux crâne jamais découvert d'un australopithèque, un groupe pivot d'anciens ancêtres humains ayant vécu entre 1,5 et 4 millions d'années. C'est aussi le tout premier crâne d'Australopithecus anamensis, l'un des premiers membres de ce genre, jamais découvert.

 

« Cela vous prend environ 3,8 millions d’années pour penser à ce que nos ancêtres ressemblaient à cette époque. C’est vraiment un moment excitant.  », explique l’auteur principal de l’étude, Yohannes Hailé-Sélassié, paléoanthropologue au Cleveland Museum of Natural History.

 

Le paléoartiste John Gurche a reconstitué le visage d'A. Anamensis à partir des scans du crâne retrouvé.

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Reconstitution de la tête de Australopithecus anamensis par John Gurche

 

La découverte pourrait combler plusieurs lacunes importantes dans l’étude de l’évolution humaine. Les fossiles des homininés, ou ancêtres humains, de cet âge sont extrêmement rares et souvent de simples fragments d'os. En revanche, le nouveau crâne est presque complet, ce qui devrait révéler de nombreux détails sur la vie et l’évolution de nos ancêtres les plus anciens.


« C’est le crâne que nous attendions », déclare Carol Ward, une paléoanthropologue de l’Université du Missouri qui n’a pas participé à l’étude. « Les crânes d'Homininés sont ces trésors exceptionnellement rares, et en trouver un aussi ancien et aussi complet est presque sans précédent. »

 

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Arbre généalogique humain

Cliquez sur l'image pour l'agrandir

 

Les racines de l’arbre généalogique humain enchevêtré remontent à l'Afrique, il y a plus de quatre millions d'années, dans une collection d'anciens primates tels que Ardipithecus et Sahelanthropus. Il a fallu jusqu'à trois millions d'années pour que notre genre Homo arrive, une saga de l'évolution dans laquelle des ancêtres tels que l'Australopithecus afarensis ont joué un rôle de premier plan. Ce premier homininé appelé "Lucy" et ses derniers parents avaient un cerveau plus grand que les primates précédents, la capacité de marcher sur deux pieds et une forte mâchoire qui leur permettait de manger une grande variété d'aliments. Cette flexibilité aurait été utile : à l'apogée de A. afarensis il y a 3,5 millions d'années, des changements naturels du climat rendaient l'Afrique de l'Est plus fraiche et plus sèche, réduisant ainsi les forêts que nos ancêtres appelaient chez nous. Au fil du temps, l'évolution a amené A. afarensis et ses successeurs à tirer parti d'environnements plus ouverts et variés.

 

A. afarensis n'était pas la première créature avec ces caractéristiques. En 1995, des scientifiques ont décrit A. anamensis, un australopithèque encore plus ancien et l’ancêtre probable de A. afarensis. L'espèce a séduit les scientifiques, car elle partageait les caractéristiques principales avec Lucy et les australopithèques ultérieurs. A. anamensis est resté longtemps inconnu. Son seul vestige connu consistait uniquement en des fragments de dents et de mâchoire. « Malgré les nombreux crânes d’A. Afarensis, nous ne savions pas quel était le visage des tout premiers membres du genre », explique Zeray Alemseged, paléoanthropologue de l’Université de Chicago, qui n’a pas participé à l’étude.

 

Cette lacune sera comblée le 10 février 2016, grâce à l'incroyable chance d'un éleveur nommé Ali Bereino.

 

À cette époque, une expédition co-dirigée par Hailé-Sélassié était en train de fouiller à Woransomille, un terrain situé dans la région d’Afar, en Éthiopie, à moins de cinq kilomètres de Miro Dora, où habitait Bereino. Selon Hailé-Sélassié, Bereino avait essayé pendant des années de se faire embaucher dans l’équipe de Hailé-Sélassié. Il avait prétendu que des fossiles avaient émergé d'un rocher érodé, découverte qui avait échappée précédemment à Hailé-Sélassié.

 

Ce jour-là, Bereino était en train de construire un ajout à un enclos temporaire pour chèvres lorsqu'il remarqua un os exposé à la surface du grès. Bereino avait contacté un responsable du gouvernement local, qui a convenu que cela pourrait être quelque chose d'intéressant pour Hailé-Sélassié. Lorsque qu’il a appelé Hailé-Sélassié, ce dernier est resté sceptique, en répliquant que Bereino devait indiquer l’endroit où il avait trouvé le fossile et le conduire dans son enclos.

 

Quand Bereino et le fonctionnaire sont arrivés, Hailé-Sélassié a vite compris l'ampleur de la découverte : Bereino avait trouvé un maxillaire, ou maxillaire supérieur, appartenant à un ancien homininé. Hailé-Sélassié a immédiatement arrêté ce qu’il était en train de faire et a parcouru les quatre kilomètres jusqu’à l’enclos de Bereino. À quelques pas de l'endroit où Bereino avait trouvé le maxillaire Hailé-Sélassié découvrit rapidement ce qui se révélait être la majeure partie du crâne restant. « Je ne l’ai même pas ramassé et j’ai commencé à sauter de joie », savoura Hailé-Sélassié.

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Localisation du site de découverte du crâne

 

 

17/06/2019

Sibérie : une tête de loup vieille de 32 000 ans

Sibérie : une tête de loup vieille de 32.000 ans livre ses secrets

 

Par Sciences et Avenir avec AFP le 14.06.2019

 

Une gigantesque tête de loup vieille de 32.000 ans, avec un cerveau et les dents intacts, a été découverte en Sibérie, a annoncé l'Académie des sciences locale dans un communiqué. La tête recouverte de fourrure ressemblant à celle d'un mammouth a été découverte durant l'été 2018 dans les glaces éternelles, au bord d'une rivière en Iakoutie (Sibérie orientale) par un habitant, selon le communiqué publié dans la nuit du 13 au 14 juin 2019.

 

Une tête de loup de plus de 40 centimètres

 

Remise à l'Académie des sciences de Iakoutie, la découverte a été étudiée par des paléontologues russes et japonais qui ont établi qu'il s'agissait d'une tête de loup du Pléistocène (Canis dirus) âgée de 32.000 ans. Au moment de sa mort, l'animal avait entre 2 et 4 ans. La taille de sa tête, longue de 41,5 centimètres, correspond à la moitié du corps d'un loup contemporain dont la longueur se situe entre 66 et 86 centimètres, précise le communiqué. "Cela a permis de conclure que le loup du Pléistocène était gigantesque", ajoute-t-il. Cette tête contient "un cerveau intact, et toutes ses dents sont préservées", souligne le communiqué, se félicitant d'une découverte "sensationnelle". Les tissus et la fourrure sont également intacts, selon la même source."C'est la première fois qu'on découvre les restes d'un loup du Pléistocène avec des tissus préservés", assure Albert Protopopov de l'Académie des sciences de Iakoutie, cité dans le communiqué. "Nous allons le comparer avec les loups contemporains pour comprendre comment il a évolué et reconstruire son apparence", ajoute-t-il.

 

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© HO / YAKUTIA ACADEMY OF SCIENCES / AFP

 

Obtenir de l'ADN de bonne qualité pour séquencer le génome

 

L'examen de l'ADN du canidé sera effectué en coopération avec des chercheurs du Muséum d'Histoire naturelle de Suède, selon la même source. Contacté par Sciences et Avenir, le Professeur Love Dalén confirme : "J'étais sur le terrain en Sibérie lorsque nos collègues russes l'ont découvert et nous avons recueilli des échantillons sur le terrain. Ce spécimen fait en réalité partie d'une étude plus vaste". "Nous voulons comprendre la relation évolutive entre la lignée éteinte du loup du Pléistocène et les loups modernes. Car le crâne du loup appartient probablement à la lignée des loups des steppes du Pléistocène, et nous espérons maintenant obtenir de l'ADN de suffisamment bonne qualité pour séquencer son génome", poursuit le chercheur. "Nous souhaitons vraiment savoir quand et pourquoi ces animaux ont disparu et d'où viennent les loups modernes qui les ont remplacé il y a entre 20.000 et 30.000 ans", conclut Dave Stanton, autre chercheur du Muséum suédois d'Histoire naturelle, contacté par Sciences et Avenir.

29/08/2018

Ancêtres des lémuriens de Madagascar

Les ancêtres des lémuriens auraient atteint Madagascar bien plus tard que ce que l'on pensait

 

Par Anne-Sophie Tassart (Sciences et Avenir - 26/08/2018 )

 

Des chercheurs ont remis en question l'histoire évolutive des strepsirrhiniens, un sous-ordre qui comprend notamment les lémuriens, des animaux désormais endémiques de l'île de Madagascar.

 

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Lémurs catta © Slavek Ruta/Shutterstoc/SIPA

 

Quelle est l'histoire évolutive des lémuriens — ces primates endémiques de Madagascar aujourd'hui grandement menacés — et des animaux qui leur sont apparentés ? En 1967, le paléontologue américain George Gaylord Simpson décrit 3 fragments de mâchoire datant du Miocène et découverts au Kenya. Le fossile, nommé Propotto et vieux de 20 millions d'années, est le vestige d'un primate et plus particulièrement d'un strepsirrhinien (sous-ordre qui regroupe les lorisiformes, les lémuriformes et les chiromyiformes), suppose alors Simpson. Des chercheurs s'opposent à cette identification : selon eux, Propotto était une... chauve-souris. "Cette seconde interprétation n'aura pas été remise en cause pendant presque un demi-siècle", notent une équipe internationale de chercheurs dans une étude parue le 21 août 2018 dans la revue Nature Communications.

 

Propotto serait un ancêtre du aye-aye un primate aux yeux globuleux

 

Ces scientifiques donnent finalement raison à Simspon : Propotto était effectivement un ancêtre des strepsirrhiniens actuels. Pour en arriver à cette conclusion, ils ont procédé à des comparaisons entre les caractéristiques anatomiques du fossile et celles de 125 espèces de mammifères éteintes ou parcourant encore la Terre. Ils ont également effectué des analyses génétiques. En outre, les dents encore présentes sur les fragments de mâchoires ont été comparées aux molaires de 42 espèces de mammifères (encore une fois, éteintes ou non) dont des chauves-souris ou des primates.

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 Fragment de mâchoire de Propotto © Duke SMIF

 

À la lumière de ces nouveaux éléments, il est apparu que Propotto partageait de nombreuses caractéristiques avec Plesiopithecus, un animal qui aurait vécu il y a 34 millions d'années dans l'actuelle Egypte. Les deux seraient finalement des ancêtres des aye-aye, des primates endémiques de Madagascar seuls représentants des chiromyiformes.

 

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Un aye-aye © CATERS/SIPA

 

Une colonisation par les strepsirrhiniens bien plus récentes que prévu

 

Les chercheurs remettent en cause l'histoire même de la colonisation animale de l'île. Jusque-là, les paléontologues pensaient que les strepsirrhiniens avaient pour ancêtre des animaux qui s'étaient échoués sur Madagascar, il y a 60 millions d'années en une seule vague migratoire. Finalement, ce sont deux lignées différentes qui pourraient avoir atteint l'île indépendamment l'une de l'autre (mais à peu près en même temps) et plus tard que prévu. Elles se seraient différenciées en Afrique, donnant d'un côté les chiromyiformes et de l'autre, le reste des strepsirrhiniens dont les lémuriens. Plus précisément, les ancêtres des aye-aye se seraient "séparés" du reste du groupe il y a 40 millions d'années alors qu'ils n'avaient pas encore quitté le continent Africain rendant l'hypothèse d'une colonisation de l'île il y a 60 millions d'années caduque. Il est possible que la colonisation de l'île ait eu lieu, il y a environ 20 millions d'années, après un ouragan. Les troncs d'arbres et les branchages cassés auraient servi de radeaux aux primates, permettant ainsi à certains d'arriver vivants à Madagascar.

 

Source : Fossil lemurs from Egypt and Kenya suggest an African origin for Madagascar’s aye-aye

https://www.nature.com/articles/s41467-018-05648-w.

12/02/2016

Les forts de Besançon

Les Forts de Besançon

 

Après la défaite de 1870, le général Séré de Rivières va consteller les collines autour de Besançon de forts capables de la protéger des tirs d’artillerie moderne.

 

Ces vigiles de pierre, presque tous intacts aujourd’hui, ont perdu leur garnison de militaires. Mais de nombreux passionnés, artistes, sportifs, historiens ou promeneurs du dimanche assurent la relève et se mobilisent pour faire revivre ce patrimoine insolite !

 

En savoir plus ICI

 

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15/07/2015

La chapelle médiévale Saint-Gengoul dans la forêt de Chailluz

 Une chapelle et un village médiéval dans la forêt de Chailluz


 
par André Guyard
 
Texte et figures d’après Fruchart Catherine, « Analyse spatiale et temporelle des paysages de la forêt de Chailluz (Besançon, Doubs) de l’Antiquité à nos jours ». Thèse de Doctorat en Archéologie, Université de Franche-Comté, 2014

 

À l'époque médiévale, on défrichait beaucoup. Dans la forêt de Chailluz, des zones qui étaient peuplées sont aujourd'hui couvertes par les bois. En reprenant ses droits, la forêt a recouvert les constructions, les réduisant le plus souvent à l'état de ruines et rendant ces sites difficiles à localiser.

 

De sorte que les données archéologiques enregistrées jusqu'en 2009 pour le massif de Chailluz, sont rares : on compte une trentaine de points, dont deux seulement sont situés dans la forêt même.

Forêt-de-Chailluz-fig038_Archéologie-450.jpg

 

Ces points représentent les entités ou sites archéologiques suivants : 10 bornes de délimitation territoriale (points verts : 5 bornes attribuées au XVIIIe siècle, 5 non datées), 11 objets isolés (points jaunes : 5 objets antiques, 2 médiévaux et 4 modernes), 7 fours à chaux (points gris foncé : estimés médiévaux ou modernes), 1 carrière d'argile non datée (point gris clair), 4 occupations hypothétiques (points rouges : 2 antiques, 1 médiévale, 1 de période indéterminée) et deux occupations certaines (points rouges cerclés de noir). Ces dernières sont situées dans la forêt de Chailluz même.

 

À l'exception de la Chapelle Saint-Gengoul documentée historiquement et sommairement fouillée au début des années 1960, tous les points enregistrés et listés ci-dessus résultent d'observations faites au cours de prospections pédestres.

 

La chapelle médiévale Saint-Gengoul est mentionnée dès 1049, et c’est le seul édifice médiéval attesté en forêt de Chailluz. Bien que située sur le territoire de Besançon, elle dessert la paroisse de Tallenay jusqu’au XVIIe siècle.

En plus des prospections archéologiques au sol et géophysiques, des relevés floristiques, des analyses physicochimiques du sol, des études anthracologiques de charbonnières et des recherches historiques, pour compléter les connaissances sur cette chapelle, des fouilles archéologiques ont été réalisées au printemps 2015 dans le cadre du programme ODIT et avec le soutien du Service municipal d’Archéologie préventive (SMAP, Besançon).


Les recherches historiques et archéologiques (fouilles, prospections) indiquent que ce site a certainement été occupé pendant plus de six siècles. L’analyse des données LiDAR a révélé des aménagements sur environ un hectare autour de la chapelle formant un arc de cercle adossé à la crête et composé d’une succession de terrasses à l’intérieur desquelles des cloisonnements sont matérialisés par des talus en pierres sèches ou des épaulements, suivant la configuration du relief naturel. Les fouilles menées en avril 2015 ont notamment permis de découvrir la dernière entrée de la chapelle sur son côté nord, implantée face au village de Tallenay. Cette entrée, qui était inconnue jusqu’à présent, figure bien sur un plan du début du XVIIIe siècle conservé aux Archives municipales de Besançon et représentant une vue (non géométrique) en élévation du paysage et de l’occupation du sol au nord du massif de Chailluz.


Un texte indique la destruction partielle de la chapelle en 1722, mais les murs ont été conservés en élévation sur plusieurs assises de pierres.

 

Mais qu'est-ce que le Lidar ? Il s'agit d'une nouvelle technique qui va révolutionner les recherches archéologiques notamment en milieu forestier. Les photos aériennes ou satellitaires ne donnent aucune information sur le relief du sous-bois. En revanche, la télédétection par laser aéroporté (light detection and ranging ou LiDAR) permet une cartographie détaillée et fait ressortir toutes les zones potentiellement intéressantes. C'est cette technique qui a été choisie par les archéologues francs-comtois.

 

En quelques mots, pour obtenir une scène LiDAR, un avion survole la zone à étudier en balayant le sol avec des faisceaux laser. Ceux-ci sont absorbés ou partiellement renvoyés par les différentes surfaces qu'ils rencontrent : feuilles, branches, pierres, sol, etc. Chaque point d'impact des faisceaux laser est localisé. On utilise ensuite des algorithmes mathématiques pour associer les points ainsi obtenus et reconstituer une image très précise du relief du sol que l'on appelle un modèle numérique de terrain. “Ces images ne signifient rien si on n'y associe pas des prospections systématiques de terrain” souligne Laure Nuninger, coresponsable du projet LiDAR pour l'étude des paysages passés et contemporains (LIEPPEC) de la MSHE. Elle explique : ”Le LiDAR ne distingue pas les anomalies d'ordre naturel, comme les terriers ou les tas de sable, des aménagements liés à l'homme, pas plus qu'il ne différencie une installation récente d'un site archéologique”.

 

Cette prospection dans les archives locales, sur le terrain et par LiDAR a fait l'objet de la thèse de Catherine Fruchart, une thèse de doctorat en archéologie, soutenue en novembre 2014 à l'université de Franche-Comté[1].

 

Situation topographique de la Chapelle Saint-Gengoul

 

Du point de vue topographique, la chapelle Saint-Gengoul est implantée en surplomb de Tallenay dans une position centrale dans la partie basse d'une sorte d'anse naturelle dont les contours sont dessinés par la crête de Chailluz.

Chapelle-St-Gengoul-implantation-Fruchart-450.jpg

 

Crête-de-Chailluz-chapelle-Saint-Gengoul-450.jpg

Implanté à environ 487 m d'altitude, l'édifice est légèrement en contrebas du point le plus haut de l'anse (489 m d'altitude), à quelques dizaines de mètres plus au sud-ouest. Cette zone d'altitude maximale est marquée par un très gros pierrier, aménagé juste au bord de la crête. Ce dernier, recoupé par le chemin de crête actuel, marque presque la limite ouest de la zone hémi-circulaire de terrasses : il est situé à quelques mètres à peine à l'intérieur de ce périmètre.

 

Chapelle-St-Gengoul-environnement-Fruchart-450.jpg

Images LiDAR (SIG et DAO C. Fruchart 2014 — MSE C.-N. Ledoux)

 

On connaissait déjà par des textes datant du XIIe siècle l'existence de cette chapelle. C'est la seule construction attestée pour la période médiévale sur l'ensemble du massif. Sa première mention date de 1049 (Courtieu, 1987, p. 3108) ;  la chapelle est alors une dépendance du chapitre métropolitain de Besançon. La découverte de sépultures attribuées à la période burgonde[2] dans ses alentours à l'occasion de travaux de voirie vers 1875 (Boiteux, 1930) peut être l'indice d'une occupation antérieure au second Moyen Âge. Une archive de 1547 (Archives municipales de Besançon, cote DD 93, p. 82-83) permet d'établir que la chapelle est encore utilisée par les habitants de Tallenay au début du XVIe siècle. L'extrait suivant en témoigne : « II y a un petit essart ancien autour de l'église pour le cimetière. Il y a vingt ans[3] [...] il rencontra une femme et des enfants montant à l'église. [..] Ils feraient mieux d'en construire une en bas. »

 

En 1722, les habitants de Tallenay présentent une requête à « Messieurs du Chapitre Métropolitain pour obtenir la permission de démolir leur ancienne église dédiée à St-Gengouph. » Elle leur est accordée, « à condition que lesdits habitants laissent subsister la muraille de ladite église dans tout leur pourtour à la hauteur de 3 pieds. » Ceci afin que la présence de ces murs en bordure de la forêt prouve la limite incontestable de la forêt de Chailluz pour l'avenir[4].

 

De sorte que l'emplacement de la chapelle est peu apparent. En suivant les indications topographiques ci-dessus, le promeneur le repérera grâce à un crucifix qu'un quidam a fixé sur le tronc du hêtre ayant poussé dans l'enceinte de l'édifice.

 

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Le crucifix sur le hêtre (cliché M. Hoeuillard)

 

Le patronage de Saint-Gengoul[7] , généralement associé à de petits établissements religieux médiévaux, n'est pas une rareté dans le nord-est de la France ; on le rencontre surtout en Lorraine, mais aussi en Alsace, en Bourgogne, en Champagne et en Franche-Comté. Les quelques monographies consacrées à ce saint (la plus ancienne date de la fin du Xe siècle, cf. Goullet, 2002) évoquent un aristocrate burgonde du VIIIe siècle qui aurait combattu aux côtés de Pépin le Bref et qui serait mort assassiné par l'amant de sa femme. Cet événement est certainement à l'origine du culte qui lui a été associé : il est le patron des maris trompés. On lui attribue aussi le don de faire surgir une source à l'endroit où il plante en terre son bâton de pèlerin, qui l'accompagne partout dans ses déplacements ; lorsque le saint quitte un lieu en emportant avec lui son bâton miraculeux, la source se tarit.

 

Apport des fouilles des années 1970

 

Du point de vue archéologique, l'on sait peu de choses sur la chapelle Saint-Gengoul. L'intérieur de l'édifice a été partiellement fouillé au début des années 1970 (zone en orange sur la figure a ci-dessous) ; il s'agit de la partie est du bâtiment Cette fouille n'a cependant fait l'objet à l'époque d'aucun rapport écrit, et seuls quelques plans et dessins de mobilier ont été transmis pour témoigner de cette opération ; ils sont actuellement conservés au SRA. Quelques informations nouvelles relatives à cette fouille ont néanmoins pu être collectées, grâce au cahier de notes original constitué au cours de la fouille, que le responsable de l'opération (Ch. Cousin) a conservé jusqu'à aujourd'hui et nous a communiqué pour la présente étude[8].

 

L'excavation a couvert une surface d'environ 15 m , une tranchée ouverte de mur à mur, à l'intérieur de la chapelle sur une largeur de 2 m. Le plan d'ensemble montre une construction subrectangulaire aux murs épais d'environ 80 cm ; la restitution de la presque totalité du mur nord, ainsi que celle d'une partie du mur ouest, sont hypothétiques : ces murs n'ont pas été observés en fouille (parties en gris sur la figure a ci-dessous). Les dimensions extérieures totales estimées du bâtiment sont : 13 m pour le mur nord, 9 m pour le mur est, 14 m pour le mur sud et 8,50 m pour le mur ouest. Le plan mentionne également remplacement de deux petites fouilles anciennes[9]; l'une est située dans la partie sud-ouest de l'édifice, large d'environ 1,50 m et longue de 7,50 m le long du mur sud et 3 m le long du mur ouest (zone en jaune sur la figure ci-dessous). L'autre, au sud-est de la chapelle, est une petite excavation large d'un mètre et longue de 3 m contre le mur est (zone en rouge sur la figure a ci-dessous).

 

chapelle saint-gengoul,forêt de chailluz,catherine fruchart

 

La fouille des années 1970 a permis de découvrir un autel[10]  en pierre accolé au mur est, au centre, et, à environ 50 cm au nord de cet autel, un petit bassin appelé "piscine eucharistique[11]" sur les plans originaux et dans le cahier de fouilles. Aucune description n'en est donnée- Cette entité a dû être déplacée au cours de la fouille ; la mention d'une monnaie trouvée sous le bassin en témoigne[12].

 

Une stratigraphie sommaire est esquissée dans le cahier de fouilles. Elle est reproduite, après mise au propre et mise en forme, sur la figure ci-dessus. Elle apporte les renseignements suivants :

 

L'unité stratigraphique supérieure (US 1) est une couche de remblai qui correspond sans doute à la phase d'abandon puis de démolition de l'édifïce. Cette couche épaisse d'un bon mètre contenait des fragments de matériaux architecturaux ("laves", fragments de tuiles plates et canal[13], fragments d'enduit peint avec des décors de couleur rouge et jaune sur fond blanc), du charbon de bois et du mobilier[14] (tessons, verre, vitrail, monnaies, cléments, clous). Le long des murs nord et est, une concentration particulièrement importante de fragments d'enduit peint (US 1b sur la figure b) traduit vraisemblablement l'effondrement in situ du décor appliqué sur la paroi intérieure du mur nord[15].

 

Sous la couche de remblai US 1, une couche de terre épaisse d'une dizaine de centimètres (US 2) recouvre le sol « en béton » de la chapelle, épais d'une dizaine de centimètres également (US 3). Ce sol est en connexion directe avec les murs de l'édifice[16].

 

Sous l'US 3, dans la partie sud de la fouille, sur toute la surface comprise entre le mur sud, le mur est et l'autel une couche de bois brûlé contient des morceaux de tuiles et quelques tessons (US 4). Cette fine couche, épaisse de 2 à 5 cm, qui signale probablement un incendie, est recoupée par l'autel, qui lui est donc postérieur et qui est aménagé directement sur le substrat rocheux en place (lapiaz). Dans la partie nord du sondage, entre le mur nord, le mur est et l'autel, l'US 3 repose directement sur la roche en place (lapiaz). Sous l'US 4, une fosse (US 5) mesurant, semble-t-il, 2 m sur 1,60 m et profonde d'au moins 30 cm occupe le coin sud-est de la chapelle. Cette fosse s'appuie sur les vestiges d'un ancien mur en "grosses pierres" situé sous le mur est de la chapelle encore en élévation. Elle contenait des ossements et quelques tessons ; il pourrait s'agir d'une fosse d'inhumation. La mention d'un "ancien mur" ainsi que la présence, sans doute, d'une couche d'incendie indiquent que cet édifice a subi au moins un remaniement substantiel au cours de son existence.

 

Une destruction partielle de la chapelle a été opérée en 1722, mais les murs ont été conservés en élévation sur plusieurs assises de pierres (voir cliché ci-dessous)

 

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Le mur restitué de la chapelle (cliché P. Salembier)

 

Des travaux de stabilisation des assises de murs ont été réalisés en août 2015. Les deux premiers rangs de moellons du sommet des murs ont été retirés puis remontés avec un mortier de ciment-chaux. Les sommets des murs ont enfin été bétonnés afin de les rendre étanches.

 

Cette restauration assure la préservation et la mise en valeur de ce site, localisé sur le sentier des crêtes de la forêt de Chailluz et unique vestige construit de l’occupation médiévale de cet espace forestier.

 

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Les murs restaurés de la chapelle angle nord

(cliché A. Guyard)

 

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Les murs restaurés de la chapelle côté sud

(cliché A. Guyard)

 

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Les murs restaurés de la chapelle côté nord-ouest

(cliché A. Guyard)

 

Apport des données LiDAR et des prospections récentes : découverte du village de Saint-Gengoul

 

Le relevé LiDAR a permis de mettre en évidence autour de la chapelle une zone aménagée hémi-circulaire longue d'environ 160 m et large au plus d'une soixantaine de mètres. Cette zone est appuyée contre la crête et forme une succession de terrasses en arc de cercle, à l'intérieur desquelles on observe des cloisonnements matérialisés par des talus en pierres sèches ou des épaulements, suivant la configuration du relief naturel. La chapelle se situe sensiblement en position centrale, surplombant les deux étages de terrasses inférieurs.

 

L'abondance de mobilier médiéval[17] découvert dans cet espace hémi-circulaire (céramique, objets en fer divers, monnaies ; figure ci-dessous) indique certainement la présence passée d'habitats autour de l'établissement religieux. Sur la terrasse inférieure, une dépression circulaire profonde d'environ 2 m, se rétrécissant légèrement en entonnoir au fur et à mesure qu'elle s'enfonce dans le sol, mesure environ 4 m de diamètre en surface ; le fond est un éboulis de pierres informes, possible remblai rapporté ou bien résultat d'un remplissage naturel dû à l'érosion. Cette dépression pourrait être soit un point de soutirage naturel, soit les vestiges d'une ancienne citerne creusée à même le substrat rocheux.

 

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Mobilier médiéval découvert à proximité de la Chapelle Saint-Gengoul

Clichés et étude de mobilier D. Daval 2013

 

Ces ruines groupées autour des restes de la chapelle, des murs et des terrasses suggèrent l'existence d'un village entier formé de maisons en bois. Celui-ci aurait été occupé entre les VIIe et XIIIe siècle, comme en témoignent les céramiques retrouvées sur place. “Si ce village n'a jamais été repéré avant, c'est parce que pour le promeneur novice, rien ne distingue un mur construit il y a 1500 ans d'un simple tas de cailloux” explique Pierre Nouvel, chercheur au laboratoire Chrono-environnement et coresponsable du projet Anthropisation d’un milieu forestier : la forêt de Chailluz soutenu par la MSHE. C'est pourquoi les chercheurs travaillent en collaboration avec des archéologues bénévoles de l'ARESAC[18].

 

Les données Lidar ont permis d'expliquer la présence de nombreux tas de pierres provenant de l'épierrage de champs cultivés. La forêt ne s'est installée qu'après l'abandon du village et de ses cultures environnantes. La ressource en eau située au pied de la falaise dominant l'actuel village de Tallenay n'était pas très éloignée. On peut supposer que le village avait peut-être été protégé du côté sud par une palissade.

 

chapelle saint-gengoul,forêt de chailluz,catherine fruchart

Un des nombreux pierriers entourant le village Saint-Gengoul

(cliché A. Guyard)

 

Ce travail de longue haleine permettra d'affiner, en collaboration avec les chercheurs slovènes du laboratoire européen associé ModeLTER[19], les algorithmes qui sélectionnent les données pour produire de meilleurs modèles.

 

En Bourgogne, en Languedoc et en Slovénie, des chantiers similaires ont été ouverts par les membres de cette même équipe. ”La comparaison des résultats obtenus dans chaque région nous permettra d'affiner nos méthodes et d'observer l'évolution du peuplement et du paysage dans la très longue durée” explique Laure Nuninger.

 

Les données obtenues grâce au LiDAR intéressent d'autres chercheurs de l'Université de Franche-Comté (UFC), comme les géographes et les géologues qui sont également impliqués dans le projet LIEPPEC.

 

 À proximité de la chapelle Saint-Gengoul, le domaine royal était délimité par des bornes à fleurs de lys (Documentation : Grand Besançon n° 80 mars-avril 2017 p. 45)

 

Un texte de 1290 situe la limite topographique bien identifiable de la crête bordant le nord de la « Côte » de Chailluz[5]. Il indique que cette crête est la limite du territoire bisontin et de la forêt de Chailluz sur une longueur de 3,5 km au moins[6], jusqu'au « mostier de Talenay » qui correspond certainement à la zone de la chapelle Saint-Gengoul. C'est en 1720, sous Louis XV pour mettre fin aux querelles et procès entre Besançon et les communes riveraines de la forêt royale de Chailluz (Tallenay, Châtillon-le-Duc, École-Valentin), qu'ont été aménagés en limite parcellaire, un talus et des bornes royales. Sculptées de trois fleurs de lys en triangle, pesant 300 kg chacune, ces bornes ont été peu à peu retrouvées à la faveur de prospections archéologiques universitaires menées avec la MSHE (Maison des sciences de l'Homme et de l'Environnement). De telles bornes fleurdelysées (voir un exemplaire ci-dessous) furent posées à tous les angles de limites du domaine royal, implantées entièrement sur le terrain domanial, le parement extérieur formant limite de propriété, la fleur de lys tournée vers la propriété domaniale. Au total, sur environ 6,5 km, de Bonnay à École-Chatillon, une vingtaine de bornes a en effet été découverte, géolocalisée, mesurée et photographiée, faisant même l'objet d'un rapport scientifique déposé au service régional d'archéologie (auteurs Daniel Daval et Catherine Fruchart, 2014).

 

chapelle saint-gengoul,forêt de chailluz,catherine fruchart

Borne fleurdelysée (cliché A. Guyard)

 

C'est sur sollicitation de la Ville de Besançon et de l'ONF que les chercheurs associés Daniel Daval et Catherine Fruchart, doctorante à la MSHE, ont réalisé l'inventaire des bornes royales en forêt de Chailluz, avec le concours de l'association ARESAC (Association de recherche et d'étude des sites archéologiques comtois). Le président d'ARESAC, Daniel Saval précise « Si cette réimplantation a pu avoir lieu, c'est aussi grâce à l'enthousiasme du particulier actuel propriétaire de la parcelle. Passionné, il a suivi dès le début notre travail de recherche, l'opération "Où sont les bornes disparues?". Il a autorisé la remise en place des neuf bornes et nous a même apporté son soutien financier pour toute la partie matérielle du bornage. Merci à lui ! »

 

Désormais ces bornes figurent sur la carte archéologique nationale. «Curieusement, aucune borne ne délimitait une très grande parcelle de forêt privée située sur la commune de Tallenay. Selon les renseignements d'un ancien du village, il est apparu que des bornes fleurdelisées avaient été négligemment retirées par l'ancien propriétaire » mentionne Daniel Daval. Il faudra à l'association mener pas mal de recherches pour retrouver neuf de ces bornes disparues.

 

Bien que la forêt soit aujourd'hui divisée entre plusieurs propriétaires privés — redistribution post-révolutionnaire oblige —, l'ARESAC a été autorisée à repositionner les bornes à leur emplacement d'origine, au Bois de la Lave à Tallenay.  L'opération de remise en place des bornes s'est déroulée l'espace d'une journée de labeur, le 10 septembre 2016, avec l'aide d'un géomètre, de membres de l'association et d'une poignée de bénévoles.

 

CHAPELLE SAINT-GENGOUL — BORNAGE FLEURDELYSÉ : VERS LA CRÉATION D'UN SENTIER DE RANDO ?

 

Métrage rigoureux, transport mécanisé avec tracteur, pelleteuse, jeu d'échafaudage et de poulie, recollage de bornes cassées en deux, calage en pleine terre, et huile de coude bien sûr, ont rendu à ces vestiges de pierre, à défaut de leur pertinence administrative, leur absolue légitimité patrimoniale et paysagère. Aussi, l'ARESAC envisage-t-elle la création d'un chemin de randonnée thématique, de sorte que le grand public, amateurs de randonnées sylvestres ou simples promeneurs, puisse avoir le plaisir, au détour d'un sentier ou d'une clairière, de tomber sur ces fiers témoins du XVIIIe siècle.



[1] FRUCHART C. (2014). – Analyse spatiale et temporelle des paysages de la forêt de Chailluz (Besançon, Doubs) de l'Antiquité à nos jours. Thèse de doctorat Archéologie Université de Franche-Comté. 4 volumes. Texte : 647 p., annexes : 104 p., figures : 215 p., planches : 61 p.

[2] Une note parue dans le bulletin de 1875 des Mémoires de la société d'émulation du Doubs (p. Vin, Mémoires de la société d'émulation du Doubs, 4e série, vol. 10, 1875, paru en 1876) rapporte ceci : « De la part du colonel Balland, chef du génie de la place de Besançon, le secrétaire offre à la Société un coutelas et une boucle de ceinturon en fer, objets trouvés dans une sépulture de l'époque burgonde, située à l'intersection du chemin stratégique qui se construit à Chailluz et du vieux chemin descendant à Tallenay. Cette sépulture, encadrée par de petites dalles informes, n'était qu'à soixante centimètres au-dessous du sol. ». L'attribution à « l'époque burgonde » reste néanmoins à confirmer : aucune publication scientifique actuelle n'est venue valider (ou infirmer) la datation du mobilier qu'évoque cette note.

[3] Donc aux alentours de 1525.

[4] Ces informations sur la démolition de la chapelle Saint-Gengoul, établies à partir de recherches aux Archives municipales de Besançon, sont dues à J.-P.Josseron, agent ONF et correspondant pour l'ONF Franche-Comté sur les questions archéologiques et historiques.

[5] La limite du territoire de Besançon est formée par « totelicostedudit bois de Chaillous qui gieteea par devers Besençon ». Cette notion de limite coïncidant avec la direction dans laquelle découle l'eau se retrouve dansd'autres textes plus tardifs.

[6] Depuis le sommet de la côte dansl'alignement de Braillans jusqu'à la chapelle Saint-Gengoul.

[7] Il existe plusieurs variantes de ce patronyme d'origine germanique ; les plus fréquentes sont sans doute Gengoult,Gengoux et Gengulphe. L'orthographe de la chapelle de Tallenay a connu plusieurs variantes, essentiellement Gengoult,Gengout et Gengoul, graphie actuellement utilisée.

[8] Merci à Christophe Cousin de nous avoir communiqué ce document. Merci également à Sylvie Bépoix et Daniel Daval qui ont contacté M. Cousin et se sont chargés de la numérisation du cahier de fouilles.

[9] Fouille ancienne appelée « fouille boy scout » dans le cahier de fouilles.

[10] Aucune description spécifique n'est donnée. Si les dimensions indiquées sur le plan sont exactes, cet autel rectangulaire mesurait environ 2 m sur 1,50 m.

[11] Expression employée dans les notes de fouille et sur les croquis pour désigner ce bassin.

[12] La monnaie n'est ni datée, ni décrite ou dessinée.

[13] Les fragments de tuiles sont, semble-t-il, situés sous les laves, ce qui pourrait signaler que le toit de la chapelle était déjà effondré lors de la destruction définitive de l'édifice au début du XVIIIe siècle.

[14] Aucune description détaillée du mobilier n'est donnée dans le cahier de fouilles, et l'on ne dispose d'aucun élément de datation pour ces artefacts.

[15] La coupe stratigraphique ébauchée dans le cahier de fouilles indique ime autre sous unité stratigraphique US le au niveau du mur sud, au sujet de laquelle rien n'est dit ; cette US le correspond peut-être à la perturbation occasionnée par la fouille ancienne signalée sur le plan d'ensemble (zone en rouge sur la figure 134-a). Cette US le pourrait éventuellement aussi correspondre à une autre poche de concentration d'enduit peint le long du mur sud.

[16] Le cahier de fouille dit que « le sol en béton s'appuie sur les murs ».

[17] Le mobilier le plus abondant est datable des XIIIe et XIXe siècles.

[18] L'Association de recherche et d'étude des sites archéologiques comtois (ARESAC) est reconnue par le service régional d'archéologie.

[19] Modelling of landscapes and territories over the long term (ModeLTER) est un laboratoire européen associé franco-slovène mis en place en 2007 par le CNRS et le Centre de la recherche scientifique de l'Académie slovène des sciences et des arts (ZRC SAZU), en partenariat avec les Universités de Franche-Comté et de Bourgogne. Il est placé sous la tutelle administrative de la MSHE. Ce laboratoire regroupe des spécialistes de l'archéologie spatiale, des géodésistes et des géographes. Certains de ses membres sont spécialisés dans l'élaboration des algorithmes qui permettent de produire des modèles numériques de terrain.

23/09/2014

La forêt comtoise dans l'histoire

Forêt-de-Thise_17-parcelle-56-200-logo.jpgIl était une fois... la forêt comtoise

 

Les chercheurs francs-comtois du laboratoire Chrono-environnement de l'Université de Franche-Comté s'intéressent à l'histoire de la forêt comtoise. Ces quelques lignes reproduisent in extenso un article paru dans "En Direct" n° 254 septembre-octobre 2014.

 

Hantée par les ogres et les loups dans les légendes, la forêt était en réalité habitée de bûcherons, de charbonniers, de forgerons et de leveurs d’écorces, sans compter les chasseurs, braconniers et simples usagers. Peuplée de jour comme de nuit, théâtre d’une activité intense, la forêt était largement exploitée...

 

Si la Franche-Comté est aujourd’hui couverte à plus de 40 % de résineux et de feuillus en tout genre, on sait de manière certaine que ce taux était largement inférieur entre la fin du Moyen-Âge et le XVIIIe siècle. Ici comme ailleurs, la déforestation devient massive à partir du XVe siècle pour répondre à la fois aux besoins en énergie et en matériau de construction.

 

« Il ne faut pas oublier que la région est riche d’une tradition industrielle pluriséculaire, rappelle Paul Delsalle, historien à l’université de Franche-Comté, et que dès le Moyen-Âge, les usines comptent parfois jusqu’à deux ou trois cents ouvriers ! » Les salines disséminées sur tout le territoire en sont des exemples. Avec près de mille ouvriers au XVIIe siècle, celle de Salins-les-Bains (39) est sans conteste la plus importante. Trois mille cinq cents hommes s’emploient à la fournir en bois régulièrement ! L’exploitation de la forêt est soumise à des contraintes et des règles précises, cela des siècles avant le rattachement du Comté au royaume de France en 1678 et l’adoption des règles édictées par Colbert en matière de gestion forestière.

 

Certaines essences étaient réservées à l’industrie, et le droit des habitants se limitait en général au « mort bois » comprenant tilleul, noisetier et charme. Il était interdit de se servir en fruitiers, qui, outre les pommiers, poiriers, pruniers et cerisiers qui abondaient en forêt, comptaient aussi le chêne et le hêtre. Les dossiers de justice fourmillent de condamnations comme celle, au XVIe siècle, de ce Bisontin de retour de Chailluz, arrêté porte de Battant avec un chariot chargé de branches de cerisier. « Mais est-ce que nous ne surestimons pas la présence de ces variétés du fait qu’elles sont régulièrement citées dans les archives ? », se demande Paul Delsalle, qui voit d’un bon œil l’apport d’autres disciplines pour compléter les sources documentaires.

 

Charbonnière-en-forêt-de-Chaux-450.jpg

 

Archives et vestiges

 

Les travaux d’Aurore Dupin menés en forêt de Chailluz sont de cet acabit. Doctorante au laboratoire Chrono-environnement et rattachée à la MSHE où elle prépare une thèse en archéologie, la jeune chercheuse est spécialiste en anthracologie, l’étude des charbons de bois. Chailluz s’avère pour elle un excellent terrain d’investigation depuis que la technologie LIDAR (télédétection par laser aéroporté) a révélé les traces d’un millier de charbonnières, dédiées précisément à la fabrication du charbon, dont les résidus permettront d’identifier les essences d’origine.

 

« De nombreuses informations nous proviennent de la forêt de Chaux, où l’on perpétue encore la tradition du travail des charbonniers, explique Aurore Dupin. Pour la forêt de Chailluz, il n’existe plus de mémoire, peu de documents et pas de vestiges d’habitations qui toutes étaient construites en matériaux périssables. » Les méthodes scientifiques aident à pallier ce déficit. La susceptibilité magnétique confirme dans un premier temps les relevés du LIDAR. Elle certifie que l’argile du sol a subi des températures extrêmes. « Lorsque l’on chauffe fortement de l’argile, les minéraux qui la composent s’organisent d’une manière particulière, guidés par le champ magnétique terrestre. » La datation au carbone 14 atteste ensuite l’existence de la majeure partie des vestiges entre le XVIIe et le XIXe siècles. À partir d’infimes résidus, le microscope optique à réflexion est capable de déterminer l’essence du bois grâce à des caractéristiques anatomiques que le charbon présente sur trois faces. Paul Delsalle aura peut-être dans les mois qui viennent des réponses quant à la présence des fruitiers en forêt sur laquelle il s’interroge… Contact : Paul Delsalle - Aurore Dupin - Laboratoire Chrono-environnement - Université de Franche-Comté

 

Tél. (0033/0) 3 81 66 58 74 - paul.delsalle@univ-fcomte.fr / aurore.dupin@univ-fcomte.

 

La forêt, objet de convoitises

 

La difficulté à établir de façon précise des limites de propriété à l’intérieur des forêts n’est pas sans générer des tensions qui parfois tournent au pugilat. La forêt de Chailluz n’échappe pas à la règle et les Bisontins du XVIe siècle sont à couteaux tirés avec les habitants de Tallenay, de Chalezeule ou encore de Chatillon-le-Duc dans la défense de leurs lopins communaux. Une réalité d’autant plus criante que l’exploitation de la forêt est capitale à cette époque. Les habitants de Tallenay plantent même du Gamay sur les coteaux sylvestres en 1609. Mais la vigne s’avère difficile à entretenir, le vin de piètre qualité, et devant une production qu’il juge excessive, le Parlement de Dole ordonne l’arrachage des ceps. Le vin de Chailluz ne sera plus conservé que dans des pages d’archives...

 

Céline Bouvresse est enseignante en histoire et travaille régulièrement sur les forêts comtoises au travers de travaux de recherche universitaires. « Au XVIe siècle, les limites étaient fixées grâce à des points de repères naturels comme la crête d’une colline, ou d’autres plus discutables car potentiellement changeants : le tracé d’un chemin, la pose d’une borne en pierre ou la gravure d’un emblème sur un arbre. Les descriptions n’étaient qu’orales et on apprenait aux enfants à reconnaître les lieux. Il n’est pas rare que les dossiers de justice s’appuient sur les témoignages des anciens du village faisant appel à leurs souvenirs d’enfance pour servir de preuve. » Il faudra attendre le début du XVIIIe siècle pour que les premiers plans apparaissent et limitent les conflits en même temps que les propriétés.

 

Contact : Céline Bouvresse - Tél. (0033/0) 6 83 24 90 78 - bouvressec@yahoo.com

10/07/2014

Le MuCEM

Mucem_01-esplanade-logo.jpgLe MuCEM

Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée

 

par André Guyard

 

Cet article est le premier article d'une série de quatre. Il fait suite à une visite du MuCEM faite le 30 mai 2014. Ce premier article présente le site et l'architecture du bâtiment. Il est suivi :

 

— d'une visite de la Galerie de la Méditerranée, exposition permanente,

— d'une visite de l'exposition consacrée aux carnavals européens, méditerranéens et autres : le Monde à l'Envers,

— d'une visite de l'exposition consacrée à la période de l'occupation romaine de l'Afrique du Nord : Splendeurs de Volubilis.

 

Ouvert entre ciel et eau, dans le cadre de Marseille, capitale européenne de la Culture 2013, le MuCEM a été inauguré, par le Président de la République, le mardi 4 juin 2013 et a ouvert ses portes au public le vendredi suivant.

 

À la fois culturel et scientifique, il a hérité des collections du musée parisien des Arts et Traditions populaires qui était installé au Bois de Boulogne et fut fermé en 2005. Il a pour vocation d’attirer l’attention "sur la pluralité des civilisations qui ont constitué le monde méditerranéen de la préhistoire à nos jours".

 

C’est le premier transfert d’un musée national en région, selon la politique de décentralisation culturelle décidée sous le gouvernement Jospin, en l’an 2000.

 

Entre l'entrée du vieux port et du port commercial on découvre l'édifice à l'extrémité d'une immense esplanade.

 

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L'esplanade accède au bâtiment central recouvert de sa résille de béton

 

Le MuCEM se présente comme un bâtiment cubique, le J4, bâtiment central qui s’étend sur 15 000 m2 entouré d’une résille de dentelle d'un béton particulier qui se veut un rappel de l’aspect minéral de la région et des pierres ancestrales qui jouxtent le site. Il s'agit d'un béton fibré, de haute performance qui offre une étanchéité parfaite à l’air et à l’eau, ce qui est indispensable à cause de la proximité de la mer. L'édifice conçu par Rudy Ricciotti, architecte formé à l’école de Marseille abrite 3 600  m2 d’exposition.

 

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Une résille de dentelle de béton

 

Aux alentours du MuCEM, on découvre la cathédrale de la Major, le Pharo, le port de plaisance…

 

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La Major, de l'autre côté de l'esplanade

 

La Major fut érigée, de style néo-byzantin, entre 1852 et 1893, sur les ruines d’une cathédrale du XIIIe siècle.

 

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La Major, vue de face

Le Pharo fut construit par Napoléon III pour l’impératrice Eugénie, au XIXe siècle. Appartenant à la ville de Marseille, c’est un lieu d’accueil pour les congrès.

 

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Le Pharo

 

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 Tour du Fanal et port de plaisance

 

De longues galeries qui font le tour du bâtiment et s’élèvent progressivement jusqu’à la partie supérieure et à la passerelle qui conduit au Fort St-Jean.

 

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Jeux de lumière à travers la résille de béton

 

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Le Pharo vu de la galerie du MuCEM

 

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La Tour du Fanal vue de la galerie du MuCEM

 

 La terrasse est couronnée par un ourlet de dentelle de béton. Par une passerelle de 135 m, elle donne accès au Fort St-Jean.

 

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La terrasse est couronnée par un ourlet de dentelle de béton

 

En empruntant cette passerelle qui rallie le fort St-Jean, on peut admirer des panoramas longtemps cachés au public par la fermeture de ce fort. Les cours, arcades et salles voûtées du XIIe siècle sont maintenant accessibles avec les collections d’art populaire qu’elles hébergent. Mais auparavant, on peut se reposer et se rafraîchir dans le petit café entouré d’une résille, lui aussi.

 

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Depuis la passerelle, le casernement du Fort St-Jean, la Tour du Fanal

 

Cette passerelle constitue une prouesse, sans arcs ni haubans. Surplombant la darse, elle se veut le symbole du passage entre la modernité et le passé et entre les deux rives de la Méditerranée. Cette passerelle nous amène directement à la Place d’Armes. Le casernement à droite date du XXe siècle.

 

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Au bout de la passerelle, un quadruple visage accueille le visiteur

 

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Un petit café pour se rafraîchir avant la visite du Fort St-Jean

 

Le Fort Saint-Jean s'entoure de jardins. Il comporte des espaces d’expositions temporaires du MuCEM et un centre de formation aux métiers du patrimoine.

 

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Plan du Fort Saint-Jean

 

En empruntant la passerelle qui surplombe une grande voie de grande circulation on accède au quartier du Panier, à l’église Saint-Laurent et à la Chapelle Sainte-Catherine.

 

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La passerelle conduisant au quartier du Panier

 

Sur la placette accueillant cette passerelle, on domine le port de Plaisance et on jouit d'une belle vue sur Notre-Dame de la Garde.

 

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Le porte de plaisance de Marseille

 

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Notre-Dame de la Garde

 

L’église Saint-Laurent, construite au XIVe siècle est celle des pêcheurs et des gens de mer. La chapelle Sainte-Catherine, qui lui est accolée, fut construite par les Pénitents Blancs, au début du XVIIe siècle.

 

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L’église Saint-Laurent et la chapelle Sainte-Catherine

 

En mai 2014, date de la visite, le MuCEM présentait une exposition permanente consacrée aux cultures méditerranéennes et deux expositions temporaires. La première, le Monde à l'envers évoque les carnavals et mascarades d'Europe et de Méditerranée. La seconde, les Splendeurs de Volubilis présentent des bronzes antiques du Maroc et de Méditerranée.

 

Pourtant, si l'on en croît un article de Télérama, tout n'est pas si rose que ça au MuCEM.

07/09/2013

Les pistes de dinosaures de Loulle (Jura)

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Les pistes de dinosaures

de Loulle (Jura)

 

 

par André Guyard

 

(dernière mise à jour : 3 août 2014)

 

 

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Belle empreinte de patte de sauropode

(Cliché Pierre Hantzpergue)
 
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La carrière de Loulle
(Cliché André Guyard)

 

Dimanche 22 juin 2008 : Pierre Hantzpergue accueille des membres de la Société d'Histoire Naturelle du Doubs (SHND) dans la carrière où furent découvertes en 2006 les empreintes de dinosaures, sauropodes, par Jean-François Richard, géologue amateur ayant précédemment observé ce type de traces sur le site de Coisia. [1]


La campagne de fouilles a débuté durant l’été pluvieux de 2007. 1500 empreintes furent ainsi relevées correspondant au passage de différents individus, à plusieurs reprises, il y a 155 millions d’années lors de l’Oxfordien terminal (Jurassique supérieur).

 

Voir également le reportage de France-3 Franche-Comté consacré en partie au site de Loulle.

 

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Pierre Hantzpergue, en pleine explication
(Cliché André Guyard)
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Carte géologique de la région de Loulle
Le point rouge indique l'emplacement du site
(Document BRGM)
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Légende de la carte géologique
(Document BRGM)
 
D’autres empreintes ont été relevées dans l’arc jurassien, notamment à Courtedoux (à côté de Porrentruy, canton du Jura) dans des couches du Kimméridgien (152 millions d’années) ainsi que sur le territoire de la commune de Coisia (Jura), en 2004 dans des niveaux du Tithonien inférieur (150 millions d’années). Récemment (avril 2009, d'autres pistes de dinosaures ont été découvertes également dans le Jura à Plagne (Ain). (Voir les trois articles consacrés à ces sites dans la même rubrique : paléontologie).

Ainsi, ces trois gisements d’âge différents sont l’indice d’émersions temporaires et cycliques de l’ensemble de la région jurassienne durant le Jurassique supérieur.

Hormis ces niveaux à pistes de dinosaures, il convient de mentionner la découverte en 1923 à Damparis (Jura) d’un squelette de sauropode et de fréquents ossements isolés à différents niveaux du Jurassique supérieur.

Ces témoins attestent de la proximité de terres émergées et de l’exondation épisodique de la plateforme jurassienne.

L’examen de la falaise bordant la route de Ney à Loulle permet d’analyser l’évolution des environnements aboutissant à la préservation de pistes de dinosaures.
 
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La falaise : un ancien récif corallien
(Cliché André Guyard)
 
  • À la base, un récif avec empilement de lentilles coralliennes, correspond à une mer d’une trentaine de mètres de profondeur.
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La structure corallienne est bien visible
(Cliché André Guyard)
 
  • Le toit du récif est tronqué par une surface de démantèlement. Il y a donc diminution de la tranche d’eau avec émersion progressive. On note la présence de galets, de niveaux à plantes terrestres…
  • Puis des calcaires fins en bancs réguliers (faciès séquanien) suggèrent un milieu lagunaire en arrière du récif.
  • Au sommet, ce sont des calcaires à coprolithes de crustacés et d’éléments bioclastiques, disposés en minces bancs biseautés (chenaux de marée), correspondant à des dépôts de plage. Ce faciès évolue vers des calcaires laminés, à rides de courants, fentes de dessiccation, voile micro-bactérien et pistes de sauropodes indiquant un milieu supratidal.

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Une empreinte de taille impressionnante
(Cliché André Guyard)
 
Dans ce contexte, les empreintes de pas entourées de bourrelets d’expulsion de la boue attestent d’une plasticité du sédiment favorable à la préservation des pistes de locomotion.

L’étude de ces traces fait appel à différentes techniques :

  • éclairage rasant en période nocturne,
  • biométrie des empreintes,
  • relevé lasérométrique,
  • photographie à la verticale par un drone.

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Pistes matérialisées à la peinture
(Cliché Pierre Hantzpergue)
 
Ces données permettent d’individualiser les différentes pistes, de les caractériser et d’obtenir des informations d’ordre comportemental sur les dinosaures qui ont parcouru ce secteur.
 
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L'interprétation des pistes
(Cliché Exposition Paleomania)
 
Le site de Loulle a été fréquenté à plusieurs reprises par de gigantesques sauropodes, dinosaures herbivores dont la taille varie de 10 à 30 mètres et le poids de 5 à 30 t environ. Cette fréquentation à diverses époques suggère qu’il peut s’agir d’une zone de passage vers un biotope riche en végétaux. Un sauropode devait engloutir environ 2 tonnes de végétaux par jour, essentiellement des prêles géantes, des cycas et des conifères. Les pistes de sauropodes nous indiquent qu’ils se déplaçaient seuls ou en petit groupe. La mesure des paramètres d’une piste permet de déterminer la vitesse de déplacement. Ces animaux progressaient à une allure de 3 à 4 km/h.
 
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Formule de calcul de la vitesse de déplacement
(Cliché Exposition Paleomania)
 
Comme le confirme dans le commentaire ci-dessous J.-F. Richard, l'inventeur du site,  récemment, comme à Courtedoux, on a également découvert à Loulle des traces de théropodes (dinosaures bipèdes et carnassiers), notamment une piste qui serait celle d'un Allosaure.

En conclusion, l’étude des pistes de dinosaures apporte de nombreux renseignements sur la biologie, la locomotion et le comportement de ces animaux.

L’avenir du site
: Les recherches actuelles qui reprendront durant l’été 2008 sont financées par la Région de Franche-Comté, le Département du Jura, la Communauté de communes et la Commune de Loulle, ainsi que par différents sponsors. Il est souhaité que la valorisation de ce site exceptionnel s’intègre dans un réseau jurassien géologique et paléontologique.

Les tableaux didactiques de cet article ont été empruntés à l’exposition "Paléomania" qui parcourt l’Arc jurassien, de Courtedoux à Arinthod, en passant par Pontarlier.
 
Depuis la publication de cet article, un nouveau site de pistes de dinosaures a été découvert à Plagne (Ain).
Voir l'article correspondant dans ce blog : Nouvelles pistes de dinosaures découvertes dans l'Ain.
 
Voir également le site Dino de la Société Des Naturalistes d'Oyonnax, dont les géologues sont à l'origine de la découverte en avril 2009 de ce site exceptionnel. Rappelons que la SDNO est déjà à l'origine de  la découverte du site de Coisia).
 
Ajout d'avril 2012
 
Nous sommes au printemps 2012 et cela fait quatre hivers que le site de Loulle est dégagé et se dégrade.Chaque année, attirés par ce site exceptionnel des centaines de visiteurs notent que les empreintes sont presque complètement déstructurées et finissent par s'effacer tout comme les repères en peintures, placés au moment des premières fouilles. La fossilisation exceptionnelle de la boue originelle, rarement observée et conservée, est également ce qui pourrait être la cause de sa destruction. Car la fragilité du sol calcaire, à l'air libre après les fouilles ne résiste pas aux hivers et au gel.
 

Membres du conseil scientifique régional de protection de la nature, Michel Campy, professeur émérite à l'Université de Bourgogne et Vincent Bichet, maître de conférence en géologie à l'université de Franche-Comté sont chargés par le ministère de l'Environnement et de la Dreal de Franche-Comté de dresser l'inventaire des sites géologiques à préserver dans la région. Les deux experts se mobilisent pour éviter la disparition de ce site de dimension internationale qu'ils ont classé en dixième position et lancent un cri d'alarme (Le Progrès du 28/04/2012, article repris par l'Est Républicain  du 29/04/2012).

 

« Il faut désormais agir à très court terme, avant le prochain hiver. Sinon, ce ne sera même plus la peine de chercher à le valoriser, nous en aurons perdu la moitié ».

 

Pour éviter une catastrophe irréparable, les deux géologues préconisent deux alternatives.

 

  • La première : la fermeture du site et la mise en place d'une couverture synthétique de géotextile qui protégerait des agressions du climat ou des visiteurs.

  • La seconde : le remblayage du site. « Cela peut ressembler à une provocation que de dire qu'il faut le recouvrir. Mais cela laissera le temps de la réflexion. Ce n'est pas irréversible. Il sera inaccessible momentanément. Les Suisses l'ont fait lors de la construction de leur autoroute. »

En 2009, après la découverte du site de Plagne, dans l'Ain, les scientifiques ont quitté Loulle pour se consacrer à l'étude de ce nouveau site. De sorte que le projet de valorisation de Loulle était en cours, il souffre désormais d'une certaine concurrence. Et Loulle est, dans les faits, quasiment abandonné. »

 

Des études menées, entre autres par les services de l'État et le conseil général du Jura sont en cours pour réaliser un aménagement. Une réflexion menée depuis 2008. « Mais, concrètement, il ne se passe rien. Il y a juste un panneau pour expliquer aux gens ce qu'ils voient et leur dire de faire attention. Le site n'a ni protection physique ni juridique. Si la réflexion sur l'aménagement touristique doit prendre des années, il faut agir. Les collectivités ont engagé des fouilles, maintenant, il est de leur responsabilité de le protéger. »

 

Sources : exposé de Pierre Hantzpergue lors de la visite du site, le 22 juin 2008.

[1] Pierre Hantzpergue, Professeur à l’Université Claude Bernard (Lyon 1) est chargé, avec Jean-Michel Mazin (Directeur de recherche, UMR 5125 CNRS) de l’étude des traces de dinosaures des différents sites du Jura.
 

L'avenir incertain des empreintes de dinosaures de Loulle (ajout de septembre 2013)

 

Dix ans après leur découverte, que deviennent ces 1500 empreintes ? Le site est ouvert aux quatre vents. Les empreintes ne sont pas encore protégées. Et Jean-François Richard, le découvreur se désole. "Devant nous, des traces qui ont 155 millions d'années. Livrées à elles-mêmes et dégradées par les visiteurs et les intempéries, les empreintes s'abîment. Rien n'est fait pour les protéger." Seuls les travaux des scientifiques ont permis d'édifier des reconstitutions en 3D.

 

Des solutions existent mais elles ont un coût. Michel Campy, professeur émérite à l'université de Bourgogne suggère l'édification d'un toit de protection, un simple hangar, pour stopper l'effet de l'érosion pluviale et les phénomènes de gel-dégel et permettre alors une mise en valeur du site, une construction dont le coût est estimé à un million et demi d'euros.

 

D'après le maire de Loulle, les finances de la petite commune et de ses 170 habitants sont nettement insuffisantes pour envisager une telle proposition.

 

Le Conseil général du Jura devrait trancher d'ici l'automne. Le site serait alors recouvert de sable pour masquer les empreintes, ne laissant qu'une zone libre d'accès : une option à 150 000 euros qui ne satisfait pas le découvreur, comme si les dinosaures allaient disparaître une seconde fois.

 

Le site enfin protégé. Voir l'article de France 3 Franche-Comté.

 

Est Républicain du 4 août 2014 — Menace sur le « Jurassique Parc : le site des empreintes de dinosaures de Loulle, près de Champagnole, se dégrade dangereusement.

 

Lons-le-Saunier. Les travaux d'enfouissement d'une partie du site ouvert de Loulle, au sud-est de Champagnole,  ont été réalisés au printemps. Le but de cet investissement du conseil général du Jura est de préserver des empreintes de dinosaures découvertes il y a dix ans par Jean-François Richard. Or, depuis plusieurs jours, le découvreur a pu constater des coulées d'un jus noirâtre et particulièrement nauséabond. « II s'agit d'un jus issu de la fermentation des écorces de pin, utilisées dans le procédé de protection des traces », explique-t-il, inquiet. Trois zones d'écoulement ont été repérées. « Elles correspondent aux trois échancrures qui ont été réalisées pour évacuer l'eau, à l'époque des fouilles en 2004 », précise-t-il.

 

Un site unique

Il y a un an, la décision était prise par le conseil général de préserver une partie du site. Les échanges avaient été assez vifs entre les paléontologues et les élus. Les scientifiques se prononçaient pour un enfouissement total du site, « afin que les futures générations profitent de ce patrimoine ». Les élus, plus pragmatiques, souhaitaient que, justement, ce patrimoine soit visible par leurs contemporains. Ils argumentaient en rappelant que « bien d'autres empreintes se trouvent sur le site, encore protégées par les strates de calcaire et de roches ».

 

Une petite voix se faisait entendre proposant une alternative. « Je pensais qu'il était plus intéressant de construire un bâtiment qui aurait l'avantage de protéger les empreintes tout en permettant aux visiteurs d'en profiter », prêche Jean-François Richard. Jugé trop coûteux, surtout en termes de fonctionnement, ce projet ne devait pas voir le jour.

 

En arbitre à l'écoute des uns et des autres, sans doute aussi sans perdre de vue l'atout touristique que représente ce site unique, « le plus ancien au monde », le département engageait des travaux d'enfouissement partiel, Les espaces retenus étaient recouverts d'un textile, de 70 cm d'écorce de pin et de 30 centimètres de sable concassé. Bon an, mal an, les parties acceptaient le compromis.

 

« Jus infâme »

Seulementvoilà, deuxmois après la fin des travaux, des effets de nuisance apparaissent. « Ce jus est infâme. Outre son odeur insupportable, il produit aussi des sels lorsqu'il sèche. Ces sels attaquent la couche et donc menacent les empreintes », insiste le découvreur. Un passionné qui verrait d'un mauvais œil cette nouvelle et dramatique fin des dinosaures, du moins de leurs inestimables traces.

 

Danièle Brulebois, conseillère générale, suit le dossier depuis le début : « Concernant les piétinements, nous mettrons en place un cheminement pour éviter que les visiteurs marchent sur les empreintes. Elles seront également repeintes avec une peinture protectrice. Pour ce qui est des panneaux d'explication, ils sont  en voie de réalisation. » Quant aux jus nauséabonds, le Département se penche actuellement sur le problème.

Philippe GALLAND

13/01/2012

Charles Léopold Laurillard par Claude Cardot

 Charles Léopold Laurillard

 

par Claude Cardot

 

Un nouvel ouvrage de Claude Cardot, déjà auteur de "Georges Cuvier : la révélation des mondes perdus" qui récidive avec un livre consacré à Charles Léopold Laurillard, élève et collaborateur de Cuvier.

Souscription Laurillard-1.jpg

Souscription Laurillard-2.jpg

Pour l'agrandir, cliquer sur l'image

03/12/2011

Georges Cuvier : la révélation des mondes perdus

Georges Cuvier : la révélation des mondes perdus

 

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Le livre de Claude Cardot est actuellement en vente :

 

- Au prix de 1€ jusqu'au 15 décembre.

- Le musée de Montbéliard possède un stock historique (officiellement à 24€50) dont le tarif devrait passer à 10 € le volume mais attention après le 1er janvier 2012 pour des raisons administratives… et pour être sûr, plutôt à partir du 1er février.

 

 Renseignements et réservation :

 

À ce tarif, le port et la livraison ne sont pas prévus. Il faut donc que l'acquéreur vienne le chercher à domicile.

 

Pour les personnes de la région de Besançon, prendre contact avec Michel Cottet

Pour les personnes du pays de Montbéliard, prendre contact avec Claude Cardot ou Thierry Malvesy.

 

09/06/2011

Un milliard d'années : apparition de la vie sur les continents

fossiles-écossais_logo.jpgL'apparition de la vie sur les continents

il y a un milliard d'années

 

Il est établi que la vie est d'abord apparue il y a 3,8 milliards d'années dans les océans avec des unicellulaires dont les restes constituent les stromatolites que l'on peut rencontrer aujourd'hui. en Afrique du Sud ou en Australie. Puis sous forme d'organismes plus complexes comme les fossiles trouvés au Gabon en 2010 âgés de 2,1 milliards d'années et de la faune d'Ediacara en Australie datant de -560 millions d'années. Jusqu'à présent, on considérait que les premières plantes terrestres remontaient à -450 millions d'années.

 

Des travaux publiés dans Nature et entrepris par l'équipe de Paul Strother (Boston Collège, États-Unis) et Leila Battison (Université d'Oxford, Royaume-Uni) repoussent cette limite de 500 millions d'années plus tôt que la dernière estimation. En Écosse, des fossiles attestent de la présence de premiers végétaux terrestres, il y a plus d'un milliard d'années et montrent que très tôt les végétaux se sont emparés des continents, en eau douce.

 

Les chercheurs ont passé au peigne fin un site paléontologique du nord-ouest de l'Écosse, déjà identifié en 1907 par les membres de la Société géologique de Grande-Bretagne comme un des berceaux de la vie en eau douce. Revisité avec les moyens d'analyse actuels, le site a tenu ses promesses : les fossiles découverts - âgés d'un milliard d'années – présentent des cellules à noyau (eucaryotes) et s'apparentent déjà à une microflore bien diversifiée : kystes à paroi complexe, thalles (appareil végétatif) d'un millimètre de diamètre, voile bactérien…, bref, des structures organiques asymétriques avec, déjà, une différenciation dorso-ventrale ! Ces premiers végétaux se seraient développés dans des lacs ou rivières, loin des océans et des côtes, comme l'indiquent les figures caractéristiques d'assèchement de boue - ou encore des traces de gouttes de pluie, fossilisées elles aussi.

 

Outre cette précocité, c'est un nouvel éclairage sur le milieu favorable au développement de la vie : « Avec ce résultat, les paléontologues pensaient que les premières formes de vie avaient quitté les océans et colonisé les régions côtières. Mais il semblerait qu'une microflore diversifiée existait déjà à l'intérieur des continents », reconnaît Jean-Sébastien Steyer du CNRS et du Muséum national d'histoire naturelle.

 

La vie plus vieille-1.jpg

 

Sources :

- Azar Khalatbari : La vie sur terre deux fois plus vieille  Sciences et Avenir, n° 762 (août 2010) et  n° 772 (juin 2011).

 

 - Site : De Burgess au Gabon : les plus anciennes traces fossiles de pluricellulaires

05/02/2011

Pays de Montbéliard

Pays de Montbéliard

 

Grande terre d’industries, l’agglomération du Pays de Montbéliard s’illustre aujourd’hui par de grands noms : Peugeot, Sochaux et son club de Football, ses inventeurs, ses savants...



L’agglomération du pays de Montbéliard porte en elle la mémoire de ses origines. Les empreintes de ce qui l’a fait naître et grandir, sont inscrites dans le paysage et ne demandent qu’à livrer leur histoire. De nombreux sites et musées animent ce riche patrimoine et vous invite à la découverte d’une aventure humaine hors du commun. Une terre d’accueil généreuse et inventive qui, au sein de l’Aire Urbaine, s’inscrit au rang des principales étapes de la métropole Rhin-Rhône, ligne de convergence au cœur du réseau européen.

À voir absolument un film de Marc Perroud : MONTBELIARD, UN PAYS, UNE AME produit par Pays de Montbéliard Agglomération.

19/11/2010

Georges Cuvier et la Vénus noire

Georges_Cuvier.jpgGeorges CuvierVénus-hottentote.jpg

et la Vénus noire 


 

Suite à la sortie du film "La Vénus Noire", une polémique s'est développée sur le net quant au rôle de Georges Cuvier dans le traitement infligé à cette femme.

 

La direction de France Culture a saisi au bond cette occasion. Elle a demandé à Aurélie Luneau de consacrer son émission "la Marche des sciences" du jeudi 18 novembre 2010  à l'évocation de la personnalité de Georges Cuvier.

 

Invités à cette émission Éric Buffetaut, paléontologue, spécialiste des dinosaures et d'histoire des sciences et Thierry Malvesy, responsable du Muséum Cuvier de Montbéliard, ont commenté le film et le rôle de Cuvier dans l'affaire de la Vénus hottentote, mais également pour parler de Georges Cuvier dans l'ensemble de sa carrière.

 

Éric Buffetaut est directeur de recherche au CNRS. Il est l'auteur de l'ouvrage : Cuvier, le découvreur de mondes disparus paru en 2002 aux éditions Belin-Pour la Science, collection : Les génies de la science.

 

Buffetaut-Cuvier.jpg

 

S'il fut un mandarin, ce fut Cuvier. S'il fut un génie, ce fut aussi Cuvier. La vie de Cuvier est intéressante, son œuvre scientifique plus encore. Cuvier nous a ouvert des mondes disparus qui existaient autrefois à la surface du globe terrestre. Ii a révélé l'importance du phénomène d'extinction des espèces et donné à la paléontologie naissante les méthodes qui assurèrent son succès dès les premières décennies du XlXe siècle. Récemment les progrès de la géologie et de la paléontologie ont réhabilité un des aspects les plus critiqués de la pensée de Cuvier, le catastrophisme.

 

 

Thierry Malvesy est responsable du Muséum Cuvier de Montbéliard. Il est l'auteur d'un ouvrage récent (octobre 2010) paru aux éditions Sekoya et consacré à Charles Louis Contejean, un autre naturaliste originaire comme Cuvier du Pays de Montbéliard.

 

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Charles Louis Contejean (1824-1907) était un savant oublié. Thierry Malvesy a voulu tirer de l'ombre ce « soldat de la science ».

 

Si la science progresse grâce à des génies universels tels que Georges Cuvier, Charles Darwin ou Alfred Wegener, elle avance aussi grâce au travail plus obscur de nombreux chercheurs qui accumulent les observations et les interprétations à l'échelle locale ou régionale.

 

Même s'il revient aux génies de faire jaillir une lumière nouvelle, le mérite de ces travailleurs plus modestes n'en est pas moins grand, et leur rôle est essentiel. Charles Louis Contejean fait partie de cette catégorie de scientifiques, ces chercheurs qui ont fait avancer les sciences par un travail de terrain acharné et compétent.

 

Né en 1824 alors que Georges Cuvier s'interrogeait sur les « révolutions du globe », il mourut en 1907, quand Ernest Rutherford posait les bases des datations radiométriques qui permettront enfin de donner un âge précis aux ères géologiques.

 

Charles Louis Contejean fut parmi les derniers naturalistes universels, capables d'exceller dans de nombreuses disciplines. S'il fut professeur de géologie et de zoologie en Université, ces deux passions furent la botanique et la climatologie, et son combat fut de défendre le patois montbéliardais. Autant de domaines auxquels il a apporté de nombreuses contributions. Mais grâce à cette centaine de publications, Contejean nous montre surtout que seuls les écrits restent.

 

Thierry Malvesy fait revivre un homme à la personnalité forte mais attachante, dont la vie et l'œuvre correspondent à une période de grandes transformations dans les sciences.

 

D'autres ouvrages intéressants sur Georges Cuvier.

 

Thierry Malvesy et Jean-Claude Vadam ont également publié L'herbier de Georges Cuvier, édition Ville de Montbéliard, 2007.

 

Cuvier-Cardot.jpgClaude Cardot est l'auteur de Georges Cuvier - La révélation des mondes perdus, un ouvrage paru aux éditions Sekoya en 2009 et préfacé par Thierry Malvesy.

 

Claude Cardot est un Montbéliardais, ancien ingénieur des Automobiles Peugeot, est un passionné de l'évolution, de la paléontologie et de l'histoire des sciences.
C'est cette passion qu'il a voulu partager avec tous ceux qui veulent comprendre l'origine de la diversité du monde vivant. Pourquoi ce grand scientifique, homme sincère et de bonne volonté, savant au rayonnement universel, n'a-t-il pas accepté la transformation des espèces qui aboutira, après Lamarck et Darwin, à la théorie de l'évolution. Pour mieux connaître et comprendre ce grand naturaliste né à Montbéliard le 23 août 1769 et mort à Paris le 13 mai 1832, Claude Cardot analyse sans malveillance ni complaisance sa vie et son oeuvre.


Selon Cuvier, des catastrophes naturelles très soudaines et dévastatrices avaient fait disparaître des populations entières de la surface de la Terre, remplacées ensuite par des groupes d'animaux différents et d'organisations plus complexes. La révélation de ces mondes disparus, reconstitués seulement à l'aide de quelques vestiges sortis des profondeurs de la Terre, provoqua en son temps une excitation que le lecteur ressentira encore aujourd'hui à la découverte de ce livre.

 

Un ouvrage fondamental sur Georges Cuvier et son œuvre. Il est dû à Philippe Taquet et s'intitule : Georges Cuvier : naissance d'un génie. Éditions Odile Jacob (avril 2006). L'auteur est professeur de paléontologie au Muséum d'Histoire Naturelle, dont il a été le directeur. Philippe Taquet est membre de l'Académie des Sciences et l'un des meilleurs spécialistes mondiaux des dinosaures, sur lesquels il a publié notamment l'Empreinte des dinosaures.

 

georges_cuvier_naissance_dun_génie.jpgGeorges Cuvier (1769-1832), fondateur de l'anatomie comparée et de la paléontologie, a été l'une des grandes célébrités scientifiques du début du XIXe siècle. Son œuvre de zoologiste a bouleversé nos connaissances de la nature et des mondes disparus. Avec lui, l'homme se penche sur le passé de la Terre et sur les catastrophes qui ont marqué l'histoire de la vie.

 

Mais Cuvier, nommé tout jeune au Muséum en pleine Révolution française, fut aussi un homme de pouvoir, jalousé et admiré, qui traversa les régimes en ces temps troublés. Philippe Taquet reconstitue, pas à pas, la vie de cet illustre naturaliste à partir de nombreux documents inédits. Il éclaire d'un jour nouveau la genèse de ses idées scientifiques, retrace son ascension fulgurante et dresse un étonnant tableau des années où notre connaissance des êtres vivants s'affirme alors même que la France se déchire.

 

 

20/08/2010

La faune éthiopienne piégée dans l'ambre

Ambre_logo.jpgLa faune éthiopienne piégée dans l'ambre

 

 

Une équipe internationale de géologues, coordonnée notamment par Alexander Schmidt, de l'Université de Gottingen, en Allemagne, et Vincent Perrichot, de l'Université de Rennes, a mis au jour de magnifiques inclusions fossiles de végétaux et de petits animaux dans de l'ambre éthiopien du Crétacé. Une première dans une partie du monde très peu explorée pour son ambre.

 

Pas moins de 30 spécimens d'arthropodes, notamment des insectes (Hyménoptères et Collemboles surtout), et des arachnides, emprisonnés dans cet ambre dur et translucide, de qualité exceptionnelle, ont été trouvés lors de l'expédition en Éthiopie. Ci-dessous, quelques-unes des plus belles prises.

 

Voici un morceau d'ambre du Crétacé mesurant 25 centimètres, tel qu'on en trouve dans un gisement découvert près de la ville d'Alem Ketema, sur le plateau éthiopien. Il n'y a pour le moment aucune preuve de son origine. L'ambre peut provenir aussi bien de résine de plantes à fleurs (les angiospermes) que de résine de conifères (les gymnospermes). Des analyses chimiques complémentaires devraient permettre de trancher.

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Morceau d'ambre du Crétacé
© Matthias Svojtka/PNAS

Cette guêpe parasite du Crétacé, de la famille des Trichogrammatidae, est exceptionnellement conservée. Son corps tout entier contraste avec la transparence de l'ambre orange et translucide.
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Trichogramme
© Alexander Schmidt/PNAS

La transparence de l'échantillon d'ambre que l'on peut voir sur cette image révèle à la lumière les ailes translucides de cette minuscules guêpe parasite de la famille des Mymarommatidae.
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Hyménoptère de la famille des Mymarommatidae
© Alexander Schmidt/PNAS

Cette fourmi ouvrière, préservée dans la résine fossilisée, s'est enroulée sur elle-même lors de son piégeage. À ce jour, il s'agit de l'une des plus anciennes fourmis fossilisées dans de l'ambre.
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Fourmi
© Vincent Perrichot/PNAS

Cette petite araignée, de la famille des Linyphiidae, tisse des toiles en nappes. Il s'agit du deuxième plus vieux spécimen connu à ce jour pour cette famille, la première place étant détenue par une araignée enfermée dans un échantlllon d'ambre libanais.
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Araignée Linyphiidae
© Erin Saupe/PNAS

Un thrips, de l'ordre des Thysanoptères, est un petit insecte au corps allongé, muni d'antennes.
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Thrips
© Matthias Svojtka/PNAS

Sur cette image on peut voir de la soie végétale en forme d'étoile emprisonnée dans de l'ambre. Cette soie, située sous les feuilles de fougères arborescentes, les protège de la déshydratation.
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Soie végétale de fougère arborescente
© Alexander Schmidt/PNAS

Détail d'une pelote fécale d'insecte entièrement composée de spores de champignons. Elle révèle le régime alimentaire de l'insecte.
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Pelote fécale d'insecte
© Alexander Schmidt/PNAS

 

Grâce à une technique originale et surtout non destructrice, Éric Geirnaert, un passionné de l'ambre, a mis en évidence des mues de lézards et même des structures encore pigmentées, ce que l'on croyait impossible. Découvrez ces images uniques, expliquées par l'auteur lui-même.

Source :

Site de "Pour la Science"

 

11/05/2010

La ville souterraine de DERINKUYU (Turquie)

La ville souterraine de DERINKUYU (Turquie)

et paysages de la Cappadoce

 

En 1963 à Derinkuyu (Turquie, Cappadoce, province du Nevşehir), une vieille maison était en rénovation. Lors des travaux dans la cave, un mur a été abattu. Derrière ce mur, se cachait une chambre dont personne n'avait connaissance. Et cette chambre appartenait à une cité troglodytique tout entière !

 

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Reconstitution de la cité troglodytique

(document DR) 

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(document DR)

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Puits atteignant la nappe phréatique

(document DR)

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Archéologues au travail

 (document DR)

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Chambres de repos

 (document DR)

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Passage entre deux niveaux

(document DR)

 

 

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(document DR)

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(document DR)

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(document DR)

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Passage avec sa porte circulaire

(document DR)

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(document DR)

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(document DR)

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(document DR)

 

Depuis cette date, huit étages ont été explorés. Les niveaux supérieurs abritent principalement des salons et des chambres à coucher, mais on découvre plus en profondeur des étables, un pressoir à vin, un monastère et même une église au dernier niveau.

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Étable

(document DR)

 

Un ingénieux système d'aération permettait aux hommes et aux animaux d'y cohabiter sans riquer de mourir d'asphyxie. Toute une cité qui pouvait loger environ 20 000 personnes.

 

Les archéologues pensent qu'il devrait exister une cinquantaine de villes comme celle-ci en Cappadoce. Derinkuyu est même connectée à la ville souterraine adjacente de Kaymakli par un tunnel de huit kilomètres.

 

Pazrmi les nombreuses théories sur l'existence de Derinkuyu, est que cette ville souterraine aurait abrité les Chrétiens pendant leur persécution par l'Empire ottoman. L'existence de grandes portes circulaires en pierre situées dans les tunnels d'accès principaux qu'on pouvait rouler pour obturer les boyaux de communication, soutiennent cette hypothèse.

 

En revanche, d'autres archéologues estiment que Derinkuyu est une ville souterraine bien plus ancienne qui aurait été construite il y a 4000 ans par les Hittites.

 

Images du Net

07/10/2009

Nouvelles pistes de dinosaures découvertes dans l'Ain

Plagne_sauropode.jpgNouvelles pistes de dinosaures

découvertes dans l'Ain

 

par André Guyard

(Dernière mise à jour : 02/02/2018)

 

Plagne_carte-géologique.jpg
Carte géologique de la région de Plagne

(Document BRGM)

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Légendes de la carte géologique de la région de Plagne
(Document BRGM)

 

Après Coisia, Loulle et Courtedoux, de nouvelles pistes de dinosaures ont été découvertes dans le massif jurassien, sur le plateau de Plagne dans l'Ain, à près de 800 m d'altitude. Ce sont les plus grandes empreintes jamais mises à jour : certaines atteignent 1,50 m de diamètre. Cette trouvaille a été réalisée en avril 2009 par deux naturalistes amateurs : Marie-Hélène Marcaud et Patrice Landry qui font partie de la Société des Naturalistes d'Oyonnax. Rappelons que les géologues de la SDNO sont déjà à l'origine de la découverte du site de Coisia. Alertés, les paléontologues, Pierre Hantzpergue du laboratoire Paléoenvironnements et paléobiosphères de l'Université de Lyon-1 et Jean-Michel Mazin du CNRS ont expertisé le site.

 

À Plagne, ce sauropode de 40 t a laissé une suite de pas de 155 m. Après deux ans d'analyses, l'animal du jurassique vient de livrer son identité.

 

dinosaures,sauropodes,fossiles,pistes,jurassique,jura

La piste d'empreintes de sauropode de Plagne

© P. Dumas

 

Depuis 150 millions d'années, ces empreintes ont été conservées dans une strate calcaire, représentant un sédiment lagunaire pétrifié. Sur le cliché ci-dessous apparaît magnifiquement dessinée, l'empreinte d'un pied dans le sédiment, bordée d'un bourrelet de boue pétrifiée. Le témoin de 50 cm indique que la taille de l'empreinte mesure approximativement 150 cm.

 

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Un beau coup de patte !

(Cliché Pierre Hantzpergue)

 

Comment se forment les empreintes

 

Pour que des empreintes laissées au bord de l'eau se conservent des millions d'années, les conditions de sédimentation doivent être idéales. « Le sol doit être compose de sédiments très fins, qu'il s'agisse de vase argileuse ou de calcaire », explique Pierre Hantzpergue (CNRS-université de Lyon-1) qui a étudié différents sites du Jura comme Plagne ou encore Loulle 1500 empreintes ont aussi été retrouvées. «Il faut un compromis entre la finesse, qui permet le détail, et une consistance pas trop boueuse pour que l'animal ne dérape pas », précise Nicolas Olivier (université Clermont-Auvergne-CNRS). Cette vase à la plasticité d'une pâte à modeler, doit ensuite sécher rapidement, ce qui suppose un climat chaud. Aussi le scénario est-il souvent le suivant : à marée basse, des dinosaures se promenant sur l'étendue boueuse du rivage laissent leurs empreintes... que la mer vient recouvrir, déposant une microfiche de sédiments.

 

La sédimentation marine a ensuite accumulé des centaines de mètres de sédiments protégeant ainsi ces strates pendant des millions d'années. Le Jura ayant émergé, l'érosion s'est chargée du déblaiement des couches supérieures. C'est ainsi que les traces de ces sauropodes ont été mises à jour par le passage d'engins forestiers qui ont décapé la mince couche de terre végétale qui dissimulait la dalle.

 

Comme à Loulle ou à Coisia (voir articles correspondants à ces deux localités jurassiennes) il s'agit de sauropodes, des dinosaures herbivores au long cou. D'après Pierre Hantzpergue, on ne trouve pas de traces de pas de cette taille nulle part ailleurs. Elles correspondent à des animaux de 25 m de long pesant 30 à 40 tonnes.

 

Certes, il ne s'agit pas d'Amphicoelias fragillimus, le plus grand de tous les dinosaures trouvés jusqu'à présent qui atteint une longueur de 40 à 50 m pour un poids estimé à 120 tonnes et qui vivait en Amérique du Nord également au jurassique (du Kimméridgien au Tithonien entre 155 et 154 millions d'années), mais les empreintes laissées par ces mastodontes sont les plus grandes jamais observées en France.

 

Il y a 150 millions d'années, le Jura ressemblait davantage aux Bahamas qu'à la région montagneuse d'aujourd'hui. Grâce à ce lointain passé, Plagne, village peu connu du grand public situé au sud de la chaîne du Jura, près d'Oyonnax (Ain), abrite des témoignages parmi les plus fascinants de l'univers disparu du jurassique. Et les vestiges préservés dans le sol, miraculeusement exhumés, pourraient relancer la « dinomania » des années 1990.

 

Découverte la plus spectaculaire :

 

Cette suite de pas de 155 mètres, record du monde de la plus longue piste d'empreintes de sauropodes les plus imposants des dinosaures. Après trois campagnes de fouilles entre 2010 et 2012, le paléontologue Jean-Michel Mazin et le spécialiste de paléoenvironnement Pierre Hantzpergue, du Laboratoire de géologie de Lyon, et Nicolas Olivier du Laboratoire Magmas et Volcans de Clermont-Ferrand, ont publié leurs résultats en novembre 2017 dans Geobios. Ils dressent le portrait d'un animal pesant au moins 40 tonnes pour 35 à 40 mètres de long se promenant au milieu des fougères, des mousses et des conifères. Dans cette immense lagune — une plateforme carbonatée qui se soulèvera bien plus tard lors de la formation des Alpes —, des îles émergeaient d'une mer chaude et peu profonde. C'estque s'ébattait le reptile géant.

 

 

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Une longue piste apparaît dégagée de la terre végétale
(Cliché Pierre Hantzpergue)

 

"Une piste de 155 mètres a été dégagée" précise Pierre Hantzpergue qui a commencé les fouilles. Une perspective prometteuse qui pourrait faire de Plagne le plus grand site de pistes de dinosaures du monde. Les résultats des fouilles qui dureront au moins trois ans seront comparés avec ceux issus des sites de Coisia, Loulle et Courtedoux, ce dernier site situé dans le Jura suisse et permettront de reconstituer l'histoire de la région au jurassique, car ces pistes sont inscrites dans des terrains d'âge différant de plusieurs millions d'années, entre -155 et -150 millions d'années.

 

 

L'identité du monstre enfin révélée

 

 

Après deux ans d'analyses, l'animal vient de trouver une identité : Brontopodus plagnensis, une ichno-espèce (décrite uniquement par son empreinte) appartenant au groupe des titanosaures, les plus lourds ayant jamais existé, et ne possédant pas de correspondant connu chez les fossiles. Ses empreintes prennent la forme de dépressions rondes ou ovales, entourées d'un bourrelet de sédiments calcaires expulsés par le poids de l'animal en mouvement. « Plus une piste est longue et plus elle raconte une histoire, se réjouit Jean-Michel Mazin. Ainsi, 155 mètres c'est 3 minutes et demie dans la vie de l'animal. Nous avons dégagé 115 pas environ. On le voit ainsi changer de direction, accélérer en passant de 3,5 à 4,5 km/h. Au début de son cheminement, ses mains — comme on appelle ses petites pattes de devant — et ses pieds — ses pattes arrièresont bien séparées. Puis il allonge le pas et le pied écrase l'empreinte de la main ! » Avec des enjambées pouvant atteindre 2,80 m... Non content de battre le record de longueur de piste, auparavant détenu par le site de Galinha au Portugal (147 mètres), Brontopodus plagnensis grimpe aussi vers les sommets de l'échelle des pointures : selon la nature du sol et les bourrelets formés, ses traces mesurent de 96 à 112 cm. Ces marques de pied découvertes à Plagne (Ain) sont celles d'un « Brontopodus plagnensis » pesant au moins 40 tonnes. Elles mesurent de 96 à 103 cm. Insuffisant cependant pour battre le record détenu par un sauropode australien doté d'un pied de 170 cm.

 

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Sauropode de Plagne marchant sur ses empreintes ;

© dessin : A. Bénéteau ; photographie : Dinojura

(Cliquer sur le cliché pour l'agrandir)

 

BIOMÉCANiQUE

 

4 km/h, la vitesse moyenne des dinosaures

 

Retrouver la vitesse de déplacement d'un animal à partir de ses enjambées est possible grâce à une formule mathématique mise au point en 1975 par Robert McNeill Alexander, zoologiste britannique spécialisé dans la biomécanique et la locomotion terrestre des mammifères :

v= 0,25g-0,5S1,67H-1,17,

g étant l'accélération de la pesanteur au sol exprimée en mètres par seconde au carré (9,81 m/s2), S la longueur de l'enjambée (distance entre deux empreintes de pied du même côté) et h la hauteur à la hanche de l'animal.

 

« Cette dernière n'est pas mesurable sur une piste, mais à partir de squelettes fossiles, explique le paléontologue Jean-Michel Mazin. Nous avons établi une relation entre longueur du pied et hauteur à la hanche des différents types de dinosaures. La hauteur varie de 4,5 à 5,9 fois la longueur du pied.» Un calcul a montré que les grands sauropodes ne se déplaçaient pas à plus de 4 km/h. Le chercheur et ses collègues expérimentent régulièrement cette formule avec les enfants venus visiter Crayssac. Ils les font marcher sur un sol qui imprime leurs empreintes, prennent leur hauteur de hanche et les résultats correspondent à la formule !

 

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Autre empreinte tout aussi volumineuse
(Cliché Pierre Hantzpergue)


Le site ne recèle "pas d'ossements et on n'en trouvera pas parce que ces empreintes de pas se conservent dans des environnements qui ne permettent pas la conservation des squelettes. Pour qu'il y ait préservation d'un squelette, il faut que ce soit dans l'eau rapidement recouverte par des sédiments", précise M. Hantzpergue.


Les fouilles à venir dégageront une piste le plus loin possible, ainsi qu'un carré d'un demi-hectare à un hectare, pour déterminer la densité des traces.


Ces travaux "pourraient révéler que le site de Plagne est l'un des plus vastes connus au monde", estime le CNRS. Ainsi le département de l'Ain détient donc aujourd'hui un record du monde, celui de la piste d'empreintes la plus longue,  un chemin de dinosaures plus long que la plus grande piste connue aujour'hui qui fait 147 mètres au Portugal, près de Fatima.

 

Sources :

Merci au professeur Pierre Hantzpergue qui nous a fourni les clichés qui illustrent cet article.

Science et Vie, n° 1106, novembre 2009, p. 17.

Voir également le site de la SDNO dédié à la découverte de Plagne.

Sciences et Avenir, n° 852, février 2018, pp. 56-58.

Futura Planète : Empreintes de dinosaures : la plus longue piste de sauropode est en France !

06/10/2009

Les sauropodes : des géants agiles ?

sauropodes_shnd_logo.jpgLes sauropodes : des géants agiles ?

 

Malgré leur taille gigantesque, les plus grands de tous les animaux ayant existé sur terre étaient capables d’une grande motilité.

 


par André Guyard

(Mise à jour 05/03/2013)

 

Parmi les sites dont l’exploitation a donné lieu à l’exposition itinérante Paléomania qui a circulé en 2008 dans l’arc jurassien, nous avons visité Loulle et Coisia dans le Jura français (voir articles consacrés à chacun de ces sites). Il restait à découvrir Courtedoux. [1]

Or les inventeurs du site de Courtedoux, près de Porrentruy dans le Jura suisse, sont à l’initiative de Paléomania et ils ont publié un article dans la revue "Pour la Science" de décembre 2008 concernant les sauropodes de l’arc jurassien.

S’inspirant largement de cet article, la présente note complète les données recueillies lors des visites des sites de pistes de sauropodes de Loulle et de Coisia (Jura français) et montre que, malgré leur taille gigantesque, les sauropodes étaient capables d’une grande motilité.

 

Le cliché ci-dessous montre des traces de dinosaures imprimé sur le rivage d'une plaine côtière insulaire, il y a 152 millions d’années, à Courtedoux (Jura suisse). La plupart de ces traces rondes (pattes arrière) ou en demi-lune (pattes avant),signent le passage de sauropodes de type Diplodocus,se déplaçant à la recherche de nourriture. Ils étaient suivis de près par de petits théropodes de type Compsognathus (à gauche) et par un grand théropode type Allosaurus, à l’affût peut-être d’un bébé sauropode isolé.


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Pistes de dinosaures à Courtedoux
(Document : J.-P. Billon-Bruyat)

Alain Bénéteau, l’auteur de la vue d’artiste ci-dessous qui représente les dinosaures responsables des pistes imprimées dans la boue à Courtedoux, a ajouté dans les airs un ptérosaure du genre Rhamphorhynchus qui survole les déplacements des dinosauriens.
 
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Représentation des dinosaures ayant laissé leurs empreintes à Courtedoux
© Alain Bénéteau 2009/http://www.paleospot.com.
(Illustration aimablement communiquée par Alain Bénéteau,
paléontographiste http://www.paleospot.com)
 
 
Les sauropodes

Les sauropodes ont été les plus grands animaux terrestres de l’histoire de la vie.

Argentinosaurus, titanosaure sud-américain du Crétacé supérieur est le plus massif animal terrestre connu. Il mesurait près de 30 mètres de long et pesait près de 90 tonnes. Brachiosaurus, un dinosaure du Jurassique supérieur, qui vivait en Amérique du Nord et en Afrique, observait le monde du haut de ses 12 mètres.
 
Brachiosaurus brancai est un exemple de grand sauropode au long cou trouvé dans les roches du Jurassique supérieur de Tanzanie. Sa tête était à 12 mètres de haut, de sorte qu’il pouvait atteindre la cime des conifère inaccessibles aux autres dinosaures herbivores et arracher des branchages à l’aide de ses dents spatulées. Par ailleurs, la différence très importante de hauteur entre sa tête et son cœur (jusqu’à huit mètres) indique que la pression artérielle de Brachiosaurus était très élevée, afin d’irriguer son cerveau malgré les contraintes de la gravité.
 
 
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Crâne de Brachysaurus brancai
(Document : musée d’histoire naturelle de Berlin).
 
 
Ces deux dinosaures ont en commun d’être des Sauropodes, c’est-à-dire des représentants d’un groupe de gigantesques dinosaures quadrupèdes et herbivores.
 
 
La masse des Dinosaures revue à la baisse
 
 
En utilisant une technologie laser, l'équipe de Bill Sellers de l’Université de Manchester a étudié la quantité de peau nécessaire pour couvrir et envelopper les squelettes des mammifères comme le bison, le taureau, le chameau, l'éléphant, la girafe, le cheval, le rhinocéros ou encore l'ours polaire. Les chercheurs ont ainsi pu établir un rapport entre le volume d'enveloppement (peau et os) et la masse corporelle de l'animal, qui serait de 21%.
 

Une fois ces premières étapes complétées, ils ont appliqué leur modèle mathématique au plus grand squelette de dinosaure au monde, le Brachiosaurus brancai du Musée d'histoire naturelle de Berlin. C'est cette étude qui leur a permis de conclure à un poids bien "moindre" que ce qui avait été évalué jusqu'ici. Cette nouvelle méthode est complètement objective, a assuré à l'AFP Bill Sellers soulignant que la masse corporelle est un paramètre très important pour les biologistes. Le pois du Brachiosaurus brancai a été déterminé par les scientifiques à 23 tonnes, alors qu'il était estimé à 80 tonnes depuis les années 1960. Le détail des travaux complets a été publié dans les Biology Letters de la Royal Society.


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Brachiosaurus brancai du Musée de Berlin


« Notre méthode fournit une mesure beaucoup plus précise et montre que les dinosaures sont moins massifs qu'on ne le pensait » a déclaré Bill Sellers à The Telegraph. « L’une des choses les plus importantes pour les paléobiologistes est de connaître la masse des animaux fossilisés. C’est étonnamment difficile » ajoute-t-il.

Mais le brachiosaure n'est pas le seul dinosaure qui pourrait voir son poids diminuer avec cette nouvelle méthode "robuste". "Nos résultats suggèrent que de nombreuses estimations précédentes (pour tous les dinosaures) sont vraiment trop lourdes", a ainsi déclaré le Pr Sellers. Pour de nombreux dinosaures, l'écart ne serait pas aussi important que pour le brachiosaure, mais ce sont vraisemblablement "les estimations les plus légères" qui sont correctes, a t-il souligné.

Heinrich Mallison, paléontologue au Musée de Berlin, a salué ces travaux qui sont selon lui révolutionnaires : c'est une « excellente approche » a t-il déclaré. « Non pas l’estimation des tissus mous, mais d’avoir trouvé combien un modèle osseux peut sous-estimer la masse de l'animal tout entier ».



Comment des géants à petit crâne, au long cou, aux membres massifs et à longue queue, embarrassés par leur poids pouvaient-ils être terrestres ? On les supposait même obligés, la plupart du temps, de vivre dans l’eau pour le supporter.
 
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Europasaurus holgeri : un sauropode « nain »
Europasaurus holgeri est un sauropode « nain » de six mètres
de long découvert dans le Jurassique supérieur de Oker,
en Basse-Saxe (Allemagne). La reconstitution de son crâne
tient dans les mains, ce qui est rare chez les sauropodes.
(Document Dinopark Münchehagen).

Des géants terrestres
Parmi les vertébrés actuels, seule la Baleine peut être comparée par son poids aux plus grands Sauropodes. Toutefois, elle vit dans l’eau, et la poussée d’Archimède réduit les contraintes que supporte son squelette.

Sur terre, les plus grands mammifères sont l’éléphant (cinq à sept tonnes) et le rhinocéros blanc (2,5 tonnes). Un Argentinosaurus pesait donc une quinzaine d’éléphants et quelque 35 rhinocéros.

Les découvertes des plus anciens spécimens en Thaïlande par Eric Buffetaut du CNRS et ses collègues montrent que le gigantisme, véritable « marque de fabrique » des sauropodes, s’est mis en place très tôt dans l’histoire du groupe.

Ces colosses étaient-ils condamnés à vivre dans l’eau, incapables de se déplacer sur la terre ferme sans être écrasés sous leur poids ? Un faisceau d’indices montre au contraire qu’ils étaient bien adaptés au milieu terrestre. Il a fallu attendre les années 1970 et les travaux du paléontologue américain Robert Bakker pour que la biologie comparée révèle leurs aptitudes réelles.
Le schéma ci-dessous représente la reconstitution de Camasaurus, un sauropode typique du Jurassique supérieur des États-Unis, illustre la façon dont a évolué la perception des sauropodes. Alors qu’avant les années 1970, on représentait toujours ces animaux dans une attitude apathique, le montage de ce squelette suggère au contraire beaucoup de dynamisme : le cou redressé, les membres verticaux et la queue bien au-dessus du sol sont ceux d’un animal en mouvement. Ce squelette de Camarasaurus, de près de dix mètres de long a été découvert dans le Wyoming par l’équipe de Hans-Jakob Siber du Musée des sauriens d’Aathal, en Suisse.

 
3Camasaurus-1.jpg
Camasaurus, un sauropode typique du Jurassique supérieur des États-Unis
(Document : Sauriermuseum Aatal).

Manifestement aptes à exploiter les niches écologiques des mégaherbivores de leur temps, les sauropodes étaient construits pour s’y déplacer activement, et non pour s’y traîner péniblement. Leurs énormes pattes verticales soutenaient leur corps nettement au-dessus du sol. Robustes et larges, leurs humérus et fémurs pouvaient supporter des efforts autrement plus importants que le simple poids de leur propriétaire.

C’est donc plutôt à la locomotion efficace des éléphants qu’à celle, difficile, des crocodiles à terre qu’il faut comparer la locomotion des sauropodes. Comme ces anciens herbivores géants, les éléphants ont des membres verticaux, qui supportent un poids de plusieurs tonnes. Cela n’empêche nullement les éléphants de se déplacer assez vite (25 kilomètres par heure), même s’ils ne galopent pas, et de se dresser sur leurs pattes arrière pour atteindre un rameau tendre ou pour s’accoupler... Les sauropodes faisaient-ils de même ?

Les nombreuses pistes de sauropodes découvertes sont des indices précieux sur leur locomotion. Au sein d’un même gisement du Jurassique moyen de l’Oxfordshire, en Grande-Bretagne, on a relevé des pistes à voie étroite où les traces de « pieds » et de « mains » sont proches de l’axe du corps, et, à l’inverse, des pistes à voie large. Ces pistes révèlent une différence de posture au sein des sauropodes, entre les diplodocidés (famille du Jurassique supérieur d’Amérique du Nord et d’Afrique), par exemple, et des formes plus évoluées comme les titanosaures (un groupe cosmopolite au Crétacé) dont les pattes étaient plus écartées.

Les pistes montrent aussi que les sauropodes ne laissaient pas traîner leur longue queue (comptant parfois plus de 80 vertèbres), ce qui contredit les anciennes reconstitutions. Le célèbre squelette de Diplodocus qui trône depuis 1908 dans la galerie de paléontologie du Muséum national d’histoire naturelle à Paris a par exemple été monté avec la queue par terre...

En fait, l’articulation des vertèbres caudales indique que les sauropodes maintenaient leur queue à l’horizontale, pour contrebalancer le cou. Cette posture érigée et la queue à l’horizontale impliquent une locomotion plus consommatrice d’énergie que celle des crocodiles, lézards et autres reptiles, dont les membres restent en position latérale et qui traînent leur queue. Pourquoi l’adopter, sinon pour rendre possibles agilité, vitesse et endurance ?

Une grande taille constituait-elle une meilleure défense face aux prédateurs ?

Il existe un autre argument en faveur de l’efficacité de la locomotion des sauropodes : ces géants pouvaient progresser sur des sols mous. L’équipe de Jean-Paul Billon-Bruyat a découvert des empreintes de pieds de plus de un mètre de diamètre à Courtedoux, dans un environnement proche de celui des Bahamas, mais daté du Jurassique supérieur.
 
Le cliché ci-dessous montre une empreinte de pied de sauropode découverte par l’équipe de Jean-Paul Billon-Bruyat à Courtedoux, dans les couches géologiques du Jurassique supérieur du Jura suisse. Avec plus de six mètres de hauteur à la hanche, ces très grands sauropodes n’hésitaient pas à s’aventurer sur les « plages ». La trace du « pied » est de forme circulaire, ce qui montre que ce très grand sauropode était plantigrade pour les pattes postérieures. En revanche, la trace de la « main » (au premier plan) est en forme de demi-lune, ce qui indique que l’animal était davantage digitigrade pour les pattes antérieures. À l’avant des empreintes, des bourrelets se sont formés par expulsion de la boue carbonatée de l’époque qui s’est transformée en calcaire.
 
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Mesure d’une empreinte de pied de sauropode
de plus d’un mètre
(Document : Patrick Dumas/Look at Science)
 
Ces empreintes illustrent que des sauropodes gigantesques (avec plus de six mètres de hauteur à la hanche) s’aventuraient sur des plaines côtières. Il s’agissait donc d’animaux disposant d’une locomotion efficace, condition indispensable pour se déplacer à la recherche de nourriture, comme tant d’herbivores. Force est donc de constater que les sauropodes ont été de très grands herbivores assez mobiles et habiles pour exploiter divers biotopes terrestres.

Quels avantages sélectifs ont-ils favorisé, dans les environnements jurassiques et crétacés, les lignées de sauropodes de grande taille ? Une grande taille constituait-elle une meilleure défense face aux prédateurs, comme chez les éléphants actuels ?

On peut le penser, mais il n’existait pas a priori de prédateurs capables de s’attaquer à un sauropode adulte. En outre, les pistes de sauropodes montrent qu’ils pouvaient se déplacer en troupeaux, composés de différentes classes d’âge. Comme chez les éléphants, ce comportement grégaire devait protéger les plus jeunes contre les carnivores.

Enfin, l’extrémité de la longue queue de certains sauropodes, tel Diplodocus, servait peut-être de fouet.

Plus convaincante est l’affirmation selon laquelle un sauropode gagnait à être géant pour exploiter les ressources végétales des parties hautes des arbres, inaccessibles aux autres dinosaures herbivores (comme les stégosaures et les ornithopodes). Les sauropodes du Jurassique se nourrissaient dans des environnements dominés par des conifères et devaient avoir un régime alimentaire sélectif. Ils favorisaient la consommation de certains conifères (Araucaria), de ginkgoales (tel le Ginkgo), de certaines fougères (telle Angiopteris) et de prêles (Equisetum), dont les valeurs énergétiques étaient supérieures à celles des cycadales (de type Cycas), des fougères arborescentes et d’autres conifères.

Au Crétacé, les sauropodes ont pu encore diversifier leur nourriture avec l’apparition des plantes à fleurs, tels les magnolias, et goûter aux fruits. Si une partie considérable de la biomasse disponible pour les herbivores se trouvait en hauteur, la grande taille des sauropodes était un avantage crucial.

Comme c’est le cas à Loulle, de très nombreuses pistes de sauropodes ont été retrouvées à proximité d’anciens rivages marins. Se nourrissaient-ils de plantes situées près du rivage, voire d’algues, qui poussaient sur les parties plus élevées des terres émergées ? La question reste ouverte, mais la présence de très grands sauropodes dans ces milieux côtiers montre que les ressources végétales y étaient plus importantes que ne le suggèrent les rares fossiles de flore qui y ont été mis au jour. Pour se sustenter, un sauropode devait sélectionner, ingurgiter et broyer une quantité considérable de végétaux. Un éléphant passe l’essentiel de son temps à chercher sa nourriture ; chaque jour, il consomme environ 200 kilogrammes de végétaux, soit quatre pour cent de son poids, et boit environ 100 litres d’eau. Ces végétaux transitent le long de 40 mètres d’intestins où seulement la moitié de la nourriture est assimilée, un système bien moins efficace que celui des ruminants actuels (telle la vache).


Des pierres pour digérer
 
Que devait donc consommer un sauropode pesant dix éléphants : deux tonnes de végétaux, un mètre cube d’eau ? Nous l’ignorons, mais parmi les inconvénients apparents du gigantisme, l’augmentation des besoins en nourriture et en eau est de règle.

Les mâchoires des sauropodes leur servaient avant tout à saisir et à arracher des branchages et des feuillages. Leurs dents pouvaient être spatulées (en forme de cuiller), comme chez les camarasauridés et les brachiosauridés ou encore cylindriques, comme chez les diplodocidés et les titanosaures, mais il est évident qu’elles ne servaient pas à mâcher, contrairement aux dents des grands mammifères herbivores.

Comment digéraient-ils ? Les tissus mous n’étant pratiquement jamais fossilisés, nous ne connaissons pas le système digestif des sauropodes. Toutefois, des gastrolithes (pierres polies) trouvées au sein de la cage thoracique de certains squelettes (240 sur un Seismosaurus de la fin du Jurassique), suggèrent que les sauropodes avalaient des pierres pour faciliter leur digestion comme les pierres de gésier des oiseaux herbivores et granivores actuels.
 
Le cliché ci-dessous montre des gastrolithes découverts dans le squelette d’un Seismosaurus dans le Jurassique supérieur des États-Unis. Ces pierres étaient ingurgitées par les sauropodes afin de faciliter le broyage des végétaux dans leur estomac et par là leur digestion.
 
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Ensemble de gastrolithes ou "pierres de gésier"
(Document : Columbia University Press)

Ainsi broyés, les végétaux fermentaient à l’intérieur de très longs intestins, à l’aide d’un cocktail de bactéries et de sucs gastriques. Le bol alimentaire fermentait donc lentement dans l’abdomen des sauropodes, dégageant de la chaleur et une grande quantité de gaz intestinaux. Or la fermentation est favorisée par la chaleur, et plus la masse qui fermente est importante, plus la chaleur produite est intense...

À ce propos, le grand corps massif des sauropodes les faisait bénéficier de l’homéothermie de masse, une déperdition de chaleur moins importante due au faible rapport entre la surface du corps et son volume. Pour le diplodocidé Apatosaurus (jusqu’à 30 tonnes), on a pu montrer que la température passe de 25 °C pour un bébé de 12 kilogrammes à environ 41°C pour un adulte de 13 000 kilogrammes.

Avec leur aptitude à conserver la chaleur corporelle, les sauropodes devaient être insensibles aux variations de la température journalière, voire en surchauffe. Ainsi se dégage l’impression que, pour exploiter au mieux les ressources végétales de leur environnement, les sauropodes sont devenus de grandes « cuves à fermentation » sur pattes, alimentées en permanence par un « robot maniable » (leur long cou) portant un  "outil de découpe" (leurs mâchoires aux dents coupantes), un système qui gagnait en efficacité en grossissant.

Les tailles gigantesques des sauropodes posent des problèmes biologiques et biomécaniques ardus.

Quel était leur mode de croissance ? Comment supportaient-ils leur poids ? Il apparaît que les dinosaures et les ptérosaures (leurs cousins volants) formaient principalement de l’os de type "fibrolamellaire" le type de tissu osseux que développent les mammifères et les oiseaux, reflet d’une vitesse de croissance élevée. Comme le montre la coupe ci-dessous, le tissu osseux est très riche en canaux vasculaires et présente des cernesde croissance (flèches), indiquant une croissance rapide.
 
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Vue microscopique d’une coupe
de tibia de Europasaurus holgeri
(Document Dinopark Münchehagen)

Le sauropode Apatosaurus aurait atteint sa taille adulte en huit à dix ans, ce qui correspond à une prise de masse d’environ 5,5 tonnes par an ! Toutefois, une croissance et une prise de poids rapides posent le problème de la résistance des os, qui soutiennent le corps. Le volume et donc son poids d’un corps en croissance augmentent comme le cube de sa taille. En théorie, le poids d’un sauropode atteignant cinq mètres de haut était 1000 fois plus important que celui du même animal quand il ne mesurait que 50 centimètres. Et chaque centimètre carré de section du fémur d’un sauropode de cinq mètres de haut devait supporter dix fois plus de pression qu’un centimètre carré du même fémur quand l’animal mesurait seulement 0,5 mètre de haut.

Le squelette des sauropodes, bien ancré sur des membres massifs et des ceintures scapulaires (les épaules) et pelvienne (le bassin) robustes, présentait-il des allégements ? Un exemple est donné par leur long cou, constitué de vertèbres pourvues d’un système complexe de cavités. Dès les premières découvertes de squelettes de sauropodes, les paléontologues ont pensé qu’elles avaient évolué pour alléger la longue colonne vertébrale. Bien que les vertèbres des sauropodes soient massives, leurs structures sont comparables à celles des oiseaux en ceci qu’elles sont pleines d’air en connexion avec les sacs aériens et les poumons.
 
Le cliché ci-dessous montre deux coupes transversales d’une vertèbre cervicale (en haut) de Brachiosaurus broncai, du Jurassique supérieur de Tanzanie, ont été obtenues par tomographie informatisée. Grâce à cette technique non destructive, on parvient à quantifier les cavités de la vertèbre. Les trous et des indentations présentes dans sa structure interne l’allègent sans pour autant trop compromettre sa solidité, même si elle réduit l’os à de fines cloisons par endroits. Le « canal neural » indique le passage de la moelle épinière.

 
 
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Vertèbre cervicale de Brachiosaurus broncai montrant
les cavités aériennes dans la structure osseuse
(Cliché : D. Schwartz. Muséum d’histoire naturelle de Berlin)

Pour autant, l’allégement de la colonne vertébrale et ce système respiratoire de type avien étaient-ils propres aux sauropodes ? Non, on les rencontre aussi chez les prosauropodes (dinosaures herbivores du Trias et du Jurassique inférieur, apparentés aux sauropodes), les théropodes et les ptérosaures ; mais ils sont absents chez les autres reptiles.

Le long cou des sauropodes

Le cou des sauropodes avait donc des vertèbres allégées, mais il était aussi démesuré, si long qu’il en paraît aberrant, jusqu’à quatre fois la longueur du tronc.

Comment les sauropodes ont-ils développé de si longs cous ? Comment la circulation du sang contrait les effets de la gravité pour irriguer le cerveau ? Ce cou était-il flexible ?

Nous avons vu que ce long cou leur était nécessaire pour « ratisser » efficacement leur environnement. Étant donné la longueur, la posture et la souplesse de leurs cous, on déduit les caractéristiques principales des niches écologiques qu’occupaient les sauropodes. On a pu démontrer que le cou de Brachiosaurus aurait été quasiment à l’horizontale. La grande taille de Brachiosaurus et ses membres antérieurs, plus longs que les postérieurs, lui permettaient de saisir des branches situées à plus de six mètres de haut. L’articulation des vertèbres cervicales de Diplodocus montre que son très long cou était peu flexible vers le haut ; en revanche, il pouvait aisément le baisser pour manger à même le sol. Ainsi, Diplodocus pouvait saisir des feuillages à quatre mètres de haut, mais aussi brouter des fougères et des prêles, avec l’élégance d’un bovin.

Le cou des sauropodes s’est allongé au fil du temps en empruntant deux voies : un allongement de la longueur des vertèbres cervicales (atteignant parfois plus d’un mètre) ou une augmentation de leur nombre (jusqu’à 19) par conversion de vertèbres dorsales en cervicales, voire les deux simultanément. Le très long cou de Brachiosaurus, par exemple, résulte d’un allongement de ses cervicales (13 vertèbres dont certaines atteignent 75 centimètres).

À l’extrémité du cou des sauropodes se trouvait un crâne minuscule, en proportion avec le corps : 70 centimètres de long pour un Diplodocus de 26 mètres ! Les mâchoires des sauropodes ne servant pas à mastiquer, mais seulement à la prise de nourriture, leur crâne a pu rester petit, prérequis nécessaire au développement d’un long cou. De fait, les sauropodes avaient le plus faible quotient d’encéphalisation de tous les dinosaures, c’est-à-dire le plus faible rapport masse cérébrale/masse corporelle.

Le quotient d’encéphalisation et l’anatomie des sauropodes posent la question de l’irrigation d’un cerveau situé à l’extrémité d’un si long cou. Afin de contrer les effets de la gravité étant donné leur anatomie, les sauropodes ont dû, comme la girafe, développer une pompe cardiaque puissante et des vaisseaux sanguins renforcés et équipés de valves de sécurité. La pression artérielle de Brachiosaurus, dont la tête s’élevait jusqu’à 12 mètres au-dessus du sol et à huit mètres au-dessus de son cœur, devait ainsi être très élevée. On a estimé la différence de pression entre sa tête et son cœur à 600 millimètres de mercure !

Des quadrupèdes herbivores gigantesques plus proches des oiseaux que des reptiles

Les puissants muscles nécessaires pour animer un énorme corps suggèrent que le métabolisme des sauropodes était élevé, pareil à celui des animaux homéothermes (à température constante) et endothermes (production de chaleur interne), que l’on rencontre chez les mammifères et les oiseaux. Une étude géochimique a pu établir que les dinosaures avaient une physiologie thermique plus proche de celle des mammifères que de celle des reptiles contemporains.

Ainsi, les plus grands vertébrés terrestres ayant jamais vécu, les sauropodes, étaient des quadrupèdes herbivores dynamiques, construits pour optimiser leur quête de nourriture et leur digestion. Leur biologie, caractérisée par un métabolisme élevé, était bien plus proche de celle des oiseaux et des mammifères que de celle des autres reptiles. Ce résultat est conforté par la classification des espèces puisque, sur la branche des dinosaures, les sauropodes sont proches des théropodes, dont descendent les oiseaux.
 


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Succès évolutif des Sauropodes

(Pour la Science mars 2013)

Pour zoomer, cliquer sur le cliché

 

• BIBLIOGRAPHIE

J.-P. Billon-Bruyat, D. Marty et D. Becker, Les sauropodes, géants agiles, Pour la Science, n° 374, décembre 2008.

J. Horner, K. Padian et A. de Ricqlès, Dinosaures : les secrets de leur taille, Pour la Science, n° 334, août 2005.

J. Hummel et ., In vitro digestibility of fern and gymnosperm foliage : implications for sauropod feeding ecology and diet sélection, Proceedings of the Royal Society B, vol.275, pp. 1015-1021, 2008.

D. Marty et al., Late Jurassic dinosaur tracksites of the Transjurane highway (Canton Jura, Switzerland) : overview and measures for their protection and valorisation, Bulletin for Applied Geology, vol. 12, pp. 75-89. 2007.

D. Schwarz et G. Fritsch, Pneumatic structures in the cervical vertebrae of the Late Jurassic Tendaguru sauropods Brachiosaurus brancai and Dicraeosaurus , Ecologae Geologicae Helvetiae, vol. 99, pp.65-78, 2006.

A. Bénéteau : http://www.paleospot.com

http://www.lejurassique.com/lejurassique/fr/paleomania.html

Vifs remerciements à Jean-Paul BILLON-BRUYAT, Daniel MARTY et Damien BECKER qui m’ont autorisé à reproduire de longs passages du texte de leur article dans "Pour la Science" de décembre 2008.

Jean-Paul BILLON-BRUYAT, Daniel MARTY et Damien BECKER sont paléontologues à la Section d’archéologie et paléontologie du Canton du Jura, en Suisse.
 
[1] Après Coisia, Loulle et Courtedoux, de nouvelles pistes de dinosaures ont été découvertes en avril 2009 dans le massif jurassien, sur le plateau de Plagne dans l'Ain, à près de 800 m d'altitude. Ce sont les plus grandes empreintes jamais mises à jour : certaines atteignent 1,5 m de diamètre. (Voir l'article concernant cette nouvelle trouvaille).

Le Plésiosaure de Palente

Plesiosaure_logo.jpgLe Plésiosaure de Palente

 

par André Guyard

(Dernière mise à jour : décembre 2014)

 

En décembre 2006, à l’occasion des travaux d’aménagement de l’entrée Est de Besançon, le regard averti de Nicolas Martin, étudiant en master de géologie appliquée de l’Université de Franche-Comté a permis la découverte d’ossements de plésiosaure, grand reptile marin du Jurassique.

Avec la complicité de la Communauté d’Agglomération du Grand Besançon et des entreprises du chantier, une fouille de sauvetage a pu être organisée par le département de Géosciences de l’Université. Cette fouille dirigée par Vincent Bichet, maître de conférences en Géosciences, a permis la mise au jour d’une quarantaine de vertèbres appartenant à un plésiosaure.

 

Palente-Marnières_sat-1.jpg
Vue satellite du site
La zone prospectée se situe au niveau du cercle rouge pâle
 
Le site géographique

Le site se localise au pied du Fort Benoît dans le quartier de Palente au lieu-dit les Tuileries, au niveau du 2e giratoire. Le site doit son nom au fait que ces argiles grises datées du Callovo-Oxfordien ont été exploitées dans des carrières pour la fabrication de tuiles et de briques (voir carte géologique).
 
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Carte géologique simplifiée du quartier de Palente
Au sud de la carte se situent les marnes callovio-oxfordiennes (en bleu)
 
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Carte géologique du site
Le lieu-dit "Les Tuileries" se situe sur les marnes callovio-oxfordiennes (en bleu)
 
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Les paléontologues au travail
Les argiles marneuses du Callovien affleurent au niveau
de la sortie du tunnel de la piste cyclable (Cliché : Vincent Bichet)
 
La stratigraphie

Du point de vue stratigraphique, les calcaires du Callovien qui surplombent les calcaires du Bathonien sont peu épais (15 à 20 m). Ce sont des calcaires coquilliers et oolithiques, similaires à ceux du Bathonien, qui se débitent en dalles de 3 à 10 cm d’épaisseur et qui ont été employées dans le passé pour la couverture des maisons (et appelées laves dans la région). Ces calcaires constituent le substratum des quartiers des Quatre-vents et des Orchamps et de la place des Tilleuls à Palente.
 
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Dégagement prudent des fossiles
(Cliché : Vincent Bichet)
 
Surmontant ces calcaires du Callovien, on trouve des argiles marneuses, qui affleurent dans la région de l’échangeur de Palente et du quartier des Vernois. Ces 40 m d’argiles ont été déposés il y a entre 163 et 158 millions d’années au Callovien supérieur et à l’Oxfordien. Ce sont des argiles bleu noir, pyriteuses, riches en faune pélagique [1] (ammonites et bélemnites), très pauvres en faune benthique [2] (constituée de brachiopodes, lamellibranches et gastéropodes), et qui renferment des débris de bois flottés. Ces argiles sont d’anciennes boues argileuses et faiblement carbonatées accumulées dans une mer peu profonde (environ 50 m de fond), largement ouverte sur le grand large.

La paléogéographie

C’est donc à ce niveau qu’ont été trouvées une quarantaine de vertèbres appartenant à un plésiosaure. Ainsi les eaux marines calloviennes étaient parcourues par ces reptiles marins carnassiers qui chassaient la faune pélagique comme les ammonites et les bélemnites. Des îles émergeaient, couvertes de végétaux, dont les débris ont donné des bois flottés.
 
Plesiosaure99-1.jpg
La disposition des vertèbres est soigneusement repérée
(Cliché : Vincent Bichet)
 
Pour en revenir à notre plésiosaure, la connexion des vertèbres entre elles et l’absence d’autres restes osseux laissent supposer que ce fragment de colonne vertébrale provient de la carcasse démantelée d’un animal mort, qui aurait dérivé ou aurait été abandonnée là par un autre prédateur.
 
Les plesiosauria ou plésiosaures sont apparus au tout début de la période jurassique et ont prospéré jusqu'à l'extinction du Crétacé. Bien qu'étant de grands reptiles du Mésozoïque, ils n'étaient pas des dinosaures. Comme les ichtyosaures (voir plus loin), ce sont des reptiles devenus marins comme les cétacés actuels, des mammifères qui ont également choisi la vie marine.
 
 
Pour la petite histoire, le monstre du Loch Ness serait un plésiosaure égaré en eau douce depuis le jurassique. Il doit commencer à se faire de vieux os !
 
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Quelques échantillons de vertèbres de plésiosaure
(Cliché : Vincent Bichet)
 
Comme à Loulle, à Coisia, à Courtedoubs ou à Plagne, la région bisontine se situait donc alors en bord de mer. Mais les pistes de sauropodes relevées dans ces sites de l'arc jurassien correspondaient à des pistes d'herbivores terrestres qui cherchaient leur nourriture en milieu lagunaire.
 
[1] Faune pélagique : animaux de pleine eau.

[2] Faune benthique : animaux vivant sur le fond.

Crédits photos : Vincent Bichet, maître de conférence au département Géosciences de l’Université de Franche-Comté.

Remerciements à Patrick Rolin, maître de conférence au département Géosciences de l’Université de Franche-Comté qui nous a fourni des éléments pour construire le texte.
 
Ajout de décembre 2014 (Science & Vie janvier 2015 n° 1168, p. 16)
 
Un autre groupe, aucunement apparenté aux plesiosauria, présente une adaptation à la vie aquatique remarquable : les ichthyosauria ou ichtyosaures.
 
Comme les cétacés actuels, les ichtyosaures ont pris à revers l'évolution : d'animaux terrestres, ils sont redevenus marins. Mais on n'avait jamais retrouvé de fossile d'un stade intermédiaire entre la vie exclusivement marine et celle exclusivement terrestre qui témoignerait du retour, forcément progressif, de ces reptiles à la vie marine.

C'est désormais chose faite avec la découverte, dans l'est de la Chine (province d'Anhui), des restes fossilisés d'un ichthyosaure amphibie vieux de 248 millions d'années. “Cette nouvelle espèce, baptisée Cartorhynchus lenticarpus, a des nageoires anormalement larges et courbées par rapport aux ichtyosaures postérieurs. Elles devaient lui permettre de supporter son poids lorsqu'il se déplaçait sur la terre ferme, comme le font aujourd'hui les phoques” explique Ryosuke Motani. l'un des chercheurs de l'université de Californie à l'origine de cette découverte.

Comme les phoques, Cartorhynchus lenticarpus possédait un museau court. Avec ses 40 cm de long, c'est aussi le plus petit ichtyosaure connu, bien loin de la dizaine de mètres qu'ont atteint d'autres ichtyosaures.

 

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Cartorhynchus lenticarpus © Science & Vie

05/10/2009

Les pistes de dinosaures de Coisia (Jura)

Coisia_08_06_22_08_logo1.jpgLes pistes de dinosaures
de Coisia (Jura)
 
par André Guyard

 

Suite à l’élargissement de la départementale qui conduit au village de Coisia, une dalle au pendage prononcée est apparue en bordure de route. En 2004, un géologue amateur éclairé appartenant à la Société Des Naturalistes d'Oyonnax (SDNO) eut son attention attirée par des empreintes de pas gigantesques.

 

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La falaise s'élève au bord de la route
(Cliché André Guyard)
 
De l’avis des spécialistes, il s’agit de pistes de Sauropodes. Les Sauropodes étaient des dinosaures herbivores au long cou tout comme les Diplodocus. Ce gisement date du Jurassique supérieur, plus précisément du Tithonien, (-150 millions d’années), une période où le Jura se trouvait sous climat tropical. Rappelons que depuis 1990, le Tithonien remplace le Kimméridgien supérieur (sensu anglico) et le Portlandien. Comme dans le cas de Loulle, les traces de sauropodes ont été faites dans un substrat émergé de type lagunaire.
 
Voir également le reportage de France-3 Franche-Comté consacré en partie au site de Coisia.
 
Coisia_Carte-géol.jpg
Carte géologique de la région de Coisia
Le point rouge indique l'emplacement du site
(Document BRGM)
 
Légende1.jpg
Légende de la carte géologique
 
Coisia_08_06_22_06site1.jpg
La tectonique a complètement redressé le gisement
(Cliché André Guyard)
 
Attention, le gisement se trouve en bordure de route et présente un danger pour les piétons, étant donné l’étroitesse de la chaussée.
 
 
Coisia_08_06_22_01_site1.jpg
Autre aspect de la falaise
(Cliché André Guyard)
 
La présence de dinosaures dans le jurassique est attestée par la découverte de fossiles dans la région de Poligny (Jura) depuis 1862.
 

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Document tiré de Jura… Jurassique, Hantzpergue et al. 2010

 
En 2006, un site semblable a été découvert dans une carrière abandonnée à Loulle près de Champagnole (Jura). Beaucoup plus accessible, il fera l’objet d’aménagements destinés à la visite (voir dans la même rubrique l’article concernant ce gisement).
 
Après Coisia, Loulle et Courtedoux, de nouvelles pistes de dinosaures ont été découvertes en avril 2009 dans le massif jurassien, sur le plateau de Plagne dans l'Ain, à près de 800 m d'altitude. Ce sont les plus grandes empreintes jamais mises à jour : certaines atteignent 1,5 m de diamètre. (Voir l'article concernant cette nouvelle trouvaille).
 
Voir également le site internet de la SDNO dédié à cette trouvaille.
 
Source :
 
Informations fournies par Pierre Hantzpergue, Professeur à l’Université Claude Bernard (Lyon 1) chargé avec Jean-Michel Mazin (Directeur de recherche, UMR 5125 CNRS) de l’étude des traces de dinosaures des site  de Loulle (Jura) et de Plagne (Ain).