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10/07/2014

Le MuCEM

Mucem_01-esplanade-logo.jpgLe MuCEM

Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée

 

par André Guyard

 

Cet article est le premier article d'une série de quatre. Il fait suite à une visite du MuCEM faite le 30 mai 2014. Ce premier article présente le site et l'architecture du bâtiment. Il est suivi :

 

— d'une visite de la Galerie de la Méditerranée, exposition permanente,

— d'une visite de l'exposition consacrée aux carnavals européens, méditerranéens et autres : le Monde à l'Envers,

— d'une visite de l'exposition consacrée à la période de l'occupation romaine de l'Afrique du Nord : Splendeurs de Volubilis.

 

Ouvert entre ciel et eau, dans le cadre de Marseille, capitale européenne de la Culture 2013, le MuCEM a été inauguré, par le Président de la République, le mardi 4 juin 2013 et a ouvert ses portes au public le vendredi suivant.

 

À la fois culturel et scientifique, il a hérité des collections du musée parisien des Arts et Traditions populaires qui était installé au Bois de Boulogne et fut fermé en 2005. Il a pour vocation d’attirer l’attention "sur la pluralité des civilisations qui ont constitué le monde méditerranéen de la préhistoire à nos jours".

 

C’est le premier transfert d’un musée national en région, selon la politique de décentralisation culturelle décidée sous le gouvernement Jospin, en l’an 2000.

 

Entre l'entrée du vieux port et du port commercial on découvre l'édifice à l'extrémité d'une immense esplanade.

 

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L'esplanade accède au bâtiment central recouvert de sa résille de béton

 

Le MuCEM se présente comme un bâtiment cubique, le J4, bâtiment central qui s’étend sur 15 000 m2 entouré d’une résille de dentelle d'un béton particulier qui se veut un rappel de l’aspect minéral de la région et des pierres ancestrales qui jouxtent le site. Il s'agit d'un béton fibré, de haute performance qui offre une étanchéité parfaite à l’air et à l’eau, ce qui est indispensable à cause de la proximité de la mer. L'édifice conçu par Rudy Ricciotti, architecte formé à l’école de Marseille abrite 3 600  m2 d’exposition.

 

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Une résille de dentelle de béton

 

Aux alentours du MuCEM, on découvre la cathédrale de la Major, le Pharo, le port de plaisance…

 

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La Major, de l'autre côté de l'esplanade

 

La Major fut érigée, de style néo-byzantin, entre 1852 et 1893, sur les ruines d’une cathédrale du XIIIe siècle.

 

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La Major, vue de face

Le Pharo fut construit par Napoléon III pour l’impératrice Eugénie, au XIXe siècle. Appartenant à la ville de Marseille, c’est un lieu d’accueil pour les congrès.

 

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Le Pharo

 

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 Tour du Fanal et port de plaisance

 

De longues galeries qui font le tour du bâtiment et s’élèvent progressivement jusqu’à la partie supérieure et à la passerelle qui conduit au Fort St-Jean.

 

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Jeux de lumière à travers la résille de béton

 

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Le Pharo vu de la galerie du MuCEM

 

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La Tour du Fanal vue de la galerie du MuCEM

 

 La terrasse est couronnée par un ourlet de dentelle de béton. Par une passerelle de 135 m, elle donne accès au Fort St-Jean.

 

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La terrasse est couronnée par un ourlet de dentelle de béton

 

En empruntant cette passerelle qui rallie le fort St-Jean, on peut admirer des panoramas longtemps cachés au public par la fermeture de ce fort. Les cours, arcades et salles voûtées du XIIe siècle sont maintenant accessibles avec les collections d’art populaire qu’elles hébergent. Mais auparavant, on peut se reposer et se rafraîchir dans le petit café entouré d’une résille, lui aussi.

 

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Depuis la passerelle, le casernement du Fort St-Jean, la Tour du Fanal

 

Cette passerelle constitue une prouesse, sans arcs ni haubans. Surplombant la darse, elle se veut le symbole du passage entre la modernité et le passé et entre les deux rives de la Méditerranée. Cette passerelle nous amène directement à la Place d’Armes. Le casernement à droite date du XXe siècle.

 

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Au bout de la passerelle, un quadruple visage accueille le visiteur

 

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Un petit café pour se rafraîchir avant la visite du Fort St-Jean

 

Le Fort Saint-Jean s'entoure de jardins. Il comporte des espaces d’expositions temporaires du MuCEM et un centre de formation aux métiers du patrimoine.

 

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Plan du Fort Saint-Jean

 

En empruntant la passerelle qui surplombe une grande voie de grande circulation on accède au quartier du Panier, à l’église Saint-Laurent et à la Chapelle Sainte-Catherine.

 

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La passerelle conduisant au quartier du Panier

 

Sur la placette accueillant cette passerelle, on domine le port de Plaisance et on jouit d'une belle vue sur Notre-Dame de la Garde.

 

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Le porte de plaisance de Marseille

 

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Notre-Dame de la Garde

 

L’église Saint-Laurent, construite au XIVe siècle est celle des pêcheurs et des gens de mer. La chapelle Sainte-Catherine, qui lui est accolée, fut construite par les Pénitents Blancs, au début du XVIIe siècle.

 

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L’église Saint-Laurent et la chapelle Sainte-Catherine

 

En mai 2014, date de la visite, le MuCEM présentait une exposition permanente consacrée aux cultures méditerranéennes et deux expositions temporaires. La première, le Monde à l'envers évoque les carnavals et mascarades d'Europe et de Méditerranée. La seconde, les Splendeurs de Volubilis présentent des bronzes antiques du Maroc et de Méditerranée.

 

Pourtant, si l'on en croît un article de Télérama, tout n'est pas si rose que ça au MuCEM.

Le MuCEM : galerie de la Méditerranée

Mucem-galerie-de-la-Méditerranée-logo-200.jpgLe MuCEM : galerie de la Méditerranée

 

par André Guyard

 

Cet article est le deuxième article d'une série de quatre. Il fait suite à une visite du MuCEM faite le 30 mai 2014. Le présent article est consacré à l'exposition permanente : la Galerie de la Méditerranée.

 

La galerie de la Méditerranée s’étend sur 1 500 m2. Elle abrite une exposition permanente qui consacrée civilisation méditerranéennes (archéologie, ethnologie, réalisations artistiques, etc.) Elle présente différentes civilisations dans leur vie quotidienne, leur histoire, leur culture.

 

 

L'exposition s’articule autour de quatre grands thèmes :

 

 

  • Invention des agricultures, naissance des dieux,
  • Jérusalem, ville trois fois sainte,
  • Citoyenneté et droits de l’homme,
  • Au-delà du monde connu.

 

1. Invention des agricultures, naissance des dieux
 

Durant la préhistoire, 30 000 ans avant Jésus-Christ, l'Homme est chasseur-cueilleur. Le climat de la région méditerranéenne est froid. L'Homme y vit en nomade, se déplaçant au gré de l'alimentation disponible qu'il prélève dans son environnement. Prédateur, il pratique la cueillette, la chasse et la pêche et dépend par conséquent des ressources naturelles présentes dans les territoires qu'il parcourt. Il se considère comme faisant partie de la nature et ses croyances expriment sa dépendance vis-à-vis de la nature à laquelle il est intimement lié. Il se manifeste dans des peintures pariétales comme celle de ce pingouin, un détail de paroi, de la grotte Cosquer Marseille (19 000 ans avant J.-C.) qui représentait un Grand Pingouin : Pinguinus (Alca) impennis 2012 (montré à gauche) par une reconstitution moderne de cette espèce disparue.

 

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Grand Pingouin et sa représentation dans la grotte Cosquer

 

On passe sur quelque vingt millénaires pour retrouver l'Égypte des pharaons avec ces statuettes d'Osiris et et d'Horus l'Enfant. Parce qu'il est mort puis ramené à la vie par son épouse Isis, le dieu Osiris préside à la renaissance perpétuelle de la végétation. Il renaît en la personne de son fils Horus l'Enfant qui représente la jeunesse pleine d'espoir, notamment celles des nouvelles pousses et du grain.

 

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Osiris et et d'Horus l'Enfant

Égypte 664-331 avant J.-C Métal cuivreux

 

Arrêtons-nous à l'Antiquité grecque et romaine avec cette statue de Cérès Borghèse.

 

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Statue de Cérès Borghèse

Ier siècle avant J.-C., IVe siècle, Marbre

 

Le culte de Grecs à Déméter (Cérès pour les Romains), déesse de l'Agriculture, était important. Athènes célébrait la déesse lors de deux fêtes; Eleusinia et Thesmophories, durant lesquelles on offrait du vin doux et des sacrifices d'animaux à la divinité.

 

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1.Vase-silo

Hortus, Hérault 9000-3300 avant J.-C. Terre cuite

2. Vase-silo à céréales

Hérault 2800-2000 avant J.-C. Terre cuite

3. Pithos, vase à céréales

Avli Crète Grèce 1700-1450 avant J.-C. Céramique

 

La triade méditerranéenne : le blé, l'olivier. La vigne

 

La culture du blé, de l'olivier et de la vigne caractérise la région méditerranéenne.

Depuis l'Anatolie (Turquie), le blé (7000 av. J.-C.) a progressé vers l'Ouest de part et d'autre de la Méditerranée. L'aire de l'olivier, sous sa forme sauvage (37 000 av. J.-C, Santorin, Grèce), ou cultivée 7000 av. J.-C, Syrie), correspond exactement à celle du climat méditerranéen.

Cultivée dès le Néolithique en Géorgie (8000 av. J.-C), la vigne a aussi été répandue tout autour du bassin méditerranéen.

 

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Dolium

Valensole, Alpes-de-Haute-Provence, IIe-IIIe siècle Céramique

 

Le dolium était un récipient destiné à stocker les denrées de base (céréales, huile d'olive, vin), dans les dépôts municipaux ou dans les réserves des grands domaines, mais également sur les navires de transport alimentaire.

 

Sautons quelques siècles et arrivons au XXe siècle.

 

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Petite barque pour la pêche et la riziculture,

Lagune de l'Albufera, Valence Espagne 1900-1950, bois

 

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 Im'sra, presse à olives,

Azalagh, Jbala, Maroc XXe siècle, bois de chêne

 

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Sakieh, machine hydraulique

Zaouite-el-Karadissa, Fayoum, Égypte XXe siècle. Bois, métal

 

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1. Gargoulette, récipient pour le vin,

Géorgie 1970-1980, Terre cuite

2. Carafe pour le vin ou pour l'eau

Çannakale, Turquie XIXe siècle Terre cuite

3. Mastrapas, carafe pour le vin invitant à la modération

Pesaro, Italie XVIIIe siècle Faïence

4. Cruche à vin ou à tsipouro (alcool grec)

Antartiko, Florina Grèce XIXe siècle Terre cuite

 

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1. Gargoulette Syrie Années 1920

2. Gargoulette

Égypte Années 1930, Terre cuite, pigments

3. Gargoulette

Liban Années 1960-1970 Terre cuite

4. Gargoulette

Estrermoz , Portugal Années 1970 Terre cuite

5. Ibrik, aiguière et legen, cuvette

Macédoine 1900-1950 Cuivre

6. Gourde

Calabre, Italie Années 1950 Terre cuite

7. Tsotra, gourde Macédoine ou Grèce Années 1930 Bois, cuir, métal

8. Barbak, cruche Serbie Années 1950 Terre cuite

 

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Tròlec, outil pour enfouir le fumier ou l'engrais

Callosa d'En Sarrià, Alicante, Espagne 1900-1950 Bois, fer

 

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Araire Algérie vers 1980

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1. Araire et joug Hautes-Alpes 1948 et 1983

Bois de mélèze, aluminium, fer, cuir, fibre végétale

2. Araire chambige à palonnier

Eygalières, Bouches-du-Rhône vers 1950 bois d'ormeau, fer forgé

3. Araire Algérie vers 1980

 

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Charrue brabant double Aude 1900-1950

 

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1. Enclume et marteau de faucheur

Carpentras, Vaucluse Vers 1950 fer

2. Outillage de moissonneur

Orpierre, Hautes-Alpes Vers 1930 Bois, fer

3. Doigtiers de moissonneur

Avila, Castille, Espagne Vers 1970 Cuir, métal

4. Doigtiers de moissonneur

Rio-de-Moinhos, Portugal Vers 1960. Canne à sucre

5. Doigtier de moissonneur

Kozani, Macédoine, Grèce Vers 1960 Bois

6. Gantelet de moissonneur

Cerdagne et Osseja, Pyrénées-Orientales Vers 1940 Bois, cuir, métal

7. Étui et pierre à faux

Hautes-Alpes et Vaucluse 1905 et 1950 Bois et pierre

 8. Faux

Eygalières, Bouches-du-Rhône vers 1950 Bois, fer

 

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1. Carretó de batre. Outil pour le dépiquage

Catralà, Alicante Espagne 1900-1950 Bois, fer

 

Dans sa position normale d'utilisation, les lames sont placées sur le sol et broient les épis de céréales.

 

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Panetière. Provence 1850-1900 Bois, fer

 

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Charrette Palerme, Sicile, Italie XIXe siècle Bois, fer, peinture

 

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Mobile. Œuvre moderne avec fers à cheval

 

2. Jérusalem, ville trois fois sainte

 

Les trois grands monothéisrnes, le judaïsme, le christianisme et l'islarn, sont apparus au sein de l'espace méditerranéen. Ces trois religions dites « du Livre » cohabitent, se rapprochent et s'opposent. notamment au sein de la ville de Jérusalem. Souvent appelée la « ville trois fois sainte », elle revêt, pour les croyants des trois religions, une importance toute particulière. Conservant la trace du passage des prophètes fondateurs, elle est le lieu d'expression des croyances et des pratiques propres à chaque religion.

 

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Maquettes du Saint-Sépulcre et autres lieux de pèlerinage

(Jérusalem ou Bethléem) XVIIe siècle Bois. ivoire et nacre.

 

Ces maquettes démontables reproduisent l'église fondée par l'empereur Constantin en 325, la grotte de la Nativité à Bethléem et le tombeau de la Vierge. Ce type de maquettes était produit dans les couvents franciscains pour les pélerins chrétiens.

 

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Carreau aux trois saints hiérarches

Kutahya, Turquie 1718-1719 Faïence

 

Ce carreau représente saint Grégoire l'Illuminateur, évangélisateur de l'Arménie entre saint Basile de Césarée et saint Jean Chrysostome. Il appartient à une série de près de 50 carreaux commandés par l'Église arménienne pour décorer l'église du Saint-Sépulcre.

 

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1. Étui à mezouzah Afrique du Nord XIXe-XXe siècle Bois, argent

2. Lampe de Hanoukah Afrique du Nord XVIIIe-XXe siècle Calcaire

 

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 Carreaux à l'ange Iran, Vers 1700 Céramique

 

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Entrée triomphante de Jésus à Jérusalem

Album d'estampes France XIXe siècle Papier

 

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Al-Buraq devant la mosquée Al-Aqsa

Nasser Ellefi Tunisie Vers 2000 Peinture sous verre

 

Après avoir été transporté de La Mecque à Jérusalem sur le dos d'Al-Burag, un être fantastique, le Prophète Muhammad s'éleva dans les cieux accompagné par l'ange Gabriel pour rencontrer tour à tour Adam, Jésus, Moïse et Abraham et recevoir d'Allah la recommandation des cinq prières quotidiennes.

 

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Pèlerinage à La Mecque

Abou Subi al-Tinawi Damas, Syrie 1950-2000 Peinture sous verre

 

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 1. Custode-reliquaire au portrait de saint Pierre (boîte à hosties)

Rome, Italie Vers 1850 Argent, velours, verre

 2. Saint Pierre et saint Georges

Serbie Milieu du XXe siècle Peinture sous verre

 

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Icône de pèlerin, vue de Jérusalem,

Jérusalem Fin du XVIIIe-début du XIXe siècle. Toile peinte

 

Ces icônes, peintes en série dans des ateliers de Jérusalem représentent majoritairement des vues de Jérusalem et des événements qui s'y sont déroulés. Elles étaient vendues aux pèlerins chrétiens, qui les rapportaient comme souvenirs de leur périple en Terre sainte.

 

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 Relique et reliquaire au clou de la Passion,

Bruxelles Belgique 1877. Bois, verre, métal

 

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Bouddha Laos, XIXe siècle. Bronze

 

3. Citoyenneté et droits de l’homme

 

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Maquette d'Athènes au IIe siècle

d'après un modèle du Musée de l'Acropole Athènes Grèce 2013.

 

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1 Masque comique Égypte 360 av.J.-C. Terre cuite.

2 Masque théâtral IVe-IIIsiècle av. J.-C. Terre cuite. Athènes.

3. Acteurs portant des masques, parodie d'Éros et Psyché

Égypte IIIe siècle av. J.-C., Terre cuite, Athènes.

 

Au Ve siècle avant J.-C, le théâtre participe à la vie de la cité. Les représentations théâtrales mettent en scène enjeux et figures politiques, en écho aux débats qui se tiennent sur l'Agora.

 

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1. Amphore à figures noires.

Grèce Fin du VIe siècle av. J.-C. Terre cuite

2. Amphore

Peintre de l'Acropole Athènes, Grèce de 606 à 550 av. J.-C. Terre cuite

 

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1. Skyphos, coupe à figures noires et rehauts rouges

Peintre de Haimon, Grèce vers 480 av. J.-C.

2. Péliké, vase à figures rouges

attribuée au Peintre de Pasithéa Grèce IVe siècle av. J.-C. Terre cuite

3. et 4. Amphores à col

attribuées au Peintre de Bucci Vers 520 av. J.-C. Terre cuite

 

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 Le pape Alexandre III remettant l'épée de commandement

à Sébastien Ziani, doge de Venise

Venise, Italie XIXe siècle. Ivoire

 

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1. La République

Joseph Chinard Lyon, France / Rome, Italie, 1794. Terre cuite

2. La République

Jean-Barnabé Amy Tarascon, France 1850-1900. Terre cuite, biscuit

 

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1. Buste de Marianne

G. Verne, Montceau-les-Mines, France. Début du XXe siècle. Plâtre peint

2. Buste de Pascal Paoli

Bastia, Corse, France XIXe siècle. Plâtre, patine bronze.

 

 Marianne est la forme populaire contractée du prénom Marie-Anne. Depuis son apparition dans une chanson sans-culotte en 1792, ce prénom est le symbole de la République française et de ses valeurs.

 

Élu général en chef de la nation  corse, Pascal Paoli, inspiré par l'esprit des Lumières, propose en 1755, près de trente ans avant la Révolution française, une Constitution qui établit la souveraineté du peuple et la séparation des pouvoirs. Il accorde le droit de vote aux chefs de famille, dont les femmes. Son action sera saluée par Jean-Jacques Rousseau (1712-1778).

 

4. Au-delà du monde connu

 

La circulation des hommes entre les continents se généralise. « Et jamais peut-être un pays, sinon la Méditerranée, ne m’a porté à la fois si loin et si près de moi-même » (Albert Camus).

 

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Globe terrestre

Vincenzo Coronelli, auteur. Gattelier, fabricant. Paris France

1688-1695. Acajou, papier mâché, métal

 

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Maquette du Saõ Gabriel, navire de Vasco de Gama Vladimir Evine

 

Du bateau de pêche appelé caravelle, les Portugais firent un navire adapté aux voyages au long cours sur la route maritime des Indes. Avec ses voiles triangulaires latines, ses hauts bords, sa coque large ou son gouvernail d'étambot, il peut affronter le gros temps avec des courants contraires.

 

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1 Globe terrestre dit Globe de Rouen France XVIe siècle. Cuivre gravé

2 Astrolabe syro-égyptien.

Ibn al-Shatir Damas, Syrie 1326. Laiton

3 Sextant

appareil de géodésie, utilisé par Savorgnan de Brazza

(officier de marine et explorateur du XIXe siècle) Europe. Laiton, argent

4 Astrolabe Fez, Maroc Fin du XVIIIe siècle. Laiton

 

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Vue de la Place  Saint-Marc,

École de Canaletto, Venise, Italie XVIIIe siècle. Huile sur toile

 

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Vue du palais Cornaro

École de Canaletto, Venise, Italie, XVIIIe siècle. Huile sur toile

 

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Venise, Grand Canal avec Bucentaure.

Félix Ziem France/Venise, Italie XIXe siècle. Huile sur bois

 

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 Cabinet des convoitises

 

À la Renaissance, les explorateurs cherchent de nouvelles routes pour le commerce des épices comme le poivre la noix de muscade et le clou de girofle.

De ces voyages, ils ramènent des matières exotiques qui rencontrent en Europe un grand succès. Ce sont des curiosités de la nature comme le corail, le lapis-lazuli, ou des productions comme la soie et la porcelaine, dont les secrets de fabrication sont jalousement gardés.

 

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Le Jardin d’addiction évoque l’attrait et les craintes face à toute exploration vers l’inconnu. Cette section donne un éclairage sur les raisons qui ont poussé les hommes à prendre la mer…

À droite de cette station, on découvre le parfum de trois épices : le clou de girofle, la noix de muscade et le poivre.

 

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Sirène Extrême-Orient XIXe siècle

Buste en bois et poils, laines, queue, nageoire et dents de poisson, pattes de varan.

 

La sirène n'est devenue une créature charmante qu'avec les contes d'Andersen. Elle est avant tout l'incarnation des peurs de la mer et de ses abysses insondables où errent les âmes des noyés privés de sépulture, comme nous le rappelle cet être difforme et effrayant.

05/01/2014

Zone atelier de l'Arc jurassien

Zone atelier de l'Arc jurassien : le sens de l'observation

par Patrick Giraudoux

professeur à l'Université de Franche-Comté


« Terre de terroirs », l'Arc jurassien se prête à de nombreuses recherches sur les interactions entre environnement, écosystèmes et société. Sous la forme d'une zone atelier labellisée par le CNRS. Ces travaux interdisciplinaires pourront s'inscrire dans le long terme, et faire l'objet d'une véritable gestion des données recueillies sur le terrain.

 

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Terre à la fois agricole et industrielle, l'Arc jurassien est marqué par des relations de longue date entre l'homme et son environnement. Dans son acception française, il évoque pêle-mêle le Comté, le Morbier, le Bleu de Gex, le vin jaune et les automobiles Peugeot. Très vite associé dans les esprits à son versant suisse, il suggère alors la mobilité transfrontalière et le développement des lotissements résidentiels.

 

On ne s'étonnera donc pas que la toute jeune zone atelier Arc jurassien (ZAAJ) pur produit des instances de recherche française, lorgne du côté de la Suisse pour un ralliement qui lui donnerait sa pleine envergure. Le territoire de la ZAAJ, tel qu'il est défini aujourd'hui, s'étend le long des contreforts du Jura, de Belfort à Chambéry. Labellisée par le CNRS en 2013, la zone atelier est née d'un projet porté par le laboratoire Chronoenvironnement de l'université de Franche-Comté, rejoint dans cette aventure par ses voisins immédiats ThéMA pour la géographie et LMB pour les mathématiques, par l'URTAL de Poligny, spécialisé en technologie et analyse laitière, et par le laboratoire EDYTEM de l'université de Savoie, comme lui pluridisciplinaire. Elle bénéficie par ailleurs du soutien d'autres grandes structures fédératives (cf. encart). Son objectif ? Assurer à long terme la collecte, le traitement, la sauvegarde et l'analyse des données de terrain, toutes dédiées à l'étude du lien entre environnement, écosystèmes et société. Des informations utiles à la fois à la recherche et à la gestion du territoire.

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Informations régionales

 

Quatre grands thèmes de recherche définissent l'action de la ZAAJ : écosystèmes et environnement ; contaminants et santé ; usages d'un espace en mutation ; observatoires et modélisation. Différents dispositifs d'observation apportent à chacun leurs enseignements dans une optique pluridisciplinaire. « Jurassic karst » vise à caractériser l'évolution des hydrosystèmes karstiques du massif du Jura ; « Tourbières » observe le fonctionnement de ces zones protégées soumises aux perturbations climatiques et anthropiques ; un concept décliné avec « Lacs jurassiens » et « Biodiversité des prairies », chacun pour la partie qui le concerne sur le territoire ; « Santé humaine » considère différentes pathologies humaines liées à l'environnement ; « Rongeurs - prédateurs » s'intéresse à certaines populations de campagnols et à leurs prédateurs ; « Faune sauvage et contaminants » mesure les effets des polluants sur les populations animales ; « Forêt de Chaux » est dédié aux sols hydromorphes. c'est-à-dire dont le fonctionnement est influencé par une nappe d'eau de la célèbre forêt comtoise ; enfin, « Les Échelles » fédère de nombreuses problématiques sur un même site, de la géologie au tourisme patrimonial. Les interactions entre le milieu et les sociétés se mesurent donc ici à l'échelle régionale, et investissent des travaux scientifiques interdisciplinaires. dont les résultats seront valorisés sur le long terme. « La gestion des données est un paramètre d'une importance capitale » rappelle Patrick Giraudoux, responsable de la ZAAJ. Le stockage et l'analyse bénéficieront à la fois de la grande expérience de l'OSU THETA, dont l'Observatoire de Besançon engrange des informations célestes depuis plus d'un siècle, et des compétences du Laboratoire de mathématiques de Besançon (LMB).

 

Outre leur intérêt scientifique permettant la compréhension de phénomènes interdépendants pour expliquer le fonctionnement et l'évolution d'un territoire, ces informations seront utiles aux gestionnaires de terrain et élus locaux pour la prise de décision en matière environnementale.

 

Contact : Patrick Giraudoux - Laboratoire Chrono-environnement - Université de Franche-Comté / CNRS Tél. (0033/0)3 8l 66 57 45 - patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr

 

Adresses des sites :

 

Grosse UMR CNRS en place centrée sur le thème : (http://chrono-environnement.univ-fcomte.fr)

Zone atelier Arc jurassien en place : http://zaaj.univ-fcomte.fr

Projection internationale labellisée avec le GDRI : http://gdri-ehede.univ-fcomte.fr

Master recherche en écologie établi depuis 2000 : http://scienvir.univ-fcomte.fr

 

Source : En direct, le journal de la recherche et du transfert de l'Arc jurassien, n° 251 – janvier-février 2014.

05/09/2013

Journées archéologiques frontalières de l'Arc Jurassien

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23/01/2013

Villages lacustres à Chalain

lac de chalain,lac de clairvaux,pierre pétrequin,village lacustreIl était une fois plusieurs villages au bord du lac de Chalain...


par

Pierre Pétrequin, directeur de recherche émérite au CNRS

 

C'était entre 3200 et 3000 avant J.-C.

Les milieux amphibies littoraux et fluviatiles, où les conditions de sédimentation sont souvent favorables à la préservation des vestiges organiques (bois, graines, pollens...), constituent une des bases essentielles des recherches sur le néolithique[1]. Sans les vestiges domestiques retrouvés sur les rives des lacs situés le long de l'Arc alpin, nous ne connaîtrions à peu près rien de l'habitat, de la vie quotidienne et des évolutions culturelles de la période entre les 38e et 25e siècles avant J.-C. Mais le nombre de ruines de villages diminue rapidement par suite de drainages artificiels, d'assèchements ou de remblaiements divers.

Dans ce contexte, le site de Chalain, découvert accidentellement en 1901 à l'occasion d'un abaissement artificiel du niveau du lac, présente un intérêt archéologique exceptionnel avec un ensemble de 29 villages actuellement reconnus.

 

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Cliquez sur l'image pour l'agrandir

 

Devenu pratiquement la seule référence pour l'étude du néolithique final dans l'est de la France (les sondages archéologiques réalisés ces dernières années dans les lacs du Jura méridional n'ont débouché sur aucune découverte nouvelle), ce gisement fait partie de la douzaine de sites classés aujourd'hui d'intérêt national ; il est protégé au titre des monuments historiques. Dans ce cadre, il a fait l'objet de travaux de protection et de consolidation des rives afin de limiter l'érosion et de freiner la vidange estivale de la nappe phréatique.

Dans le même temps, une convention signée avec EDF limite au maximum les fluctuations artificielles du plan d'eau.

 

29 villages néolithiques, contemporains ou successifs qui n'ont pas dit leur dernier mot

 

En 1955, les fouilles, qui étaient alors essentiellement guidées par un souci de collection, furent arrêtées. Douze villages avaient été mis au jour. Le site archéologique de Chalain était considéré, à tort, comme épuisé. À partir de 1986, Pierre Pétrequin, qui dirige aujourd'hui le laboratoire de Chrono-écologie (CNRS et université de Franche-Comté), reprend les recherches en associant toutes les formes d'approche scientifique autour d'un thème de recherche bien défini : suivre révolution de la densité de population de ces villages lacustres pendant trois siècles, du 32e au 30e siècle avant J.-C. Au-delà des évolutions climatiques démontrées et des variations naturelles de l'environnement, la croissance non linéaire de la population et la plus ou moins grande stabilité territoriale des communautés agricoles accompagnent, en effet, des modifications des choix techniques et des formes de mise en valeur de la forêt, des friches et des terroirs cultivés. Ces recherches placent donc les variations démographiques au sein des problématiques archéologiques. C'est leur reconnaître un rôle majeur de marqueur de l'évolution sociale et technique des groupes agricoles avec des conséquences sur les transferts, les résistances ou les innovations culturelles. Aujourd'hui, les lacs de Chalain et de Clairvaux comptent 29 sites d'habitat découverts jusqu'à 15 mètres de profondeur (plongées ou sondages), souvent composés de villages successifs superposés. Les investigations, chaque année recommencées, montrent que de nouveaux sites seront forcément découverts sur ce territoire néolithique unique qui représentait un épicentre original du peuplement néolithique régional et qui attira des agriculteurs pendant plus de deux millénaires.

 

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 Légende de la figure 2 : vue plongeante des décapages. Niveau IIcIII avec quelques bois d'architecture flottés et un panneau de clayonnage.


Quels niveaux de corrélations peuvent être mis en évidence entre la densité de population, d'une part, les cultures matérielles et les réponses de l'environnement d'autre part ? Ces corrélations sont-elles réelles ou simplement la conséquence de phénomènes spécifiques aux milieux lacustres (variations de plans d'eau, rythmes climatiques) ? Si ces variations de la densité de population sont démontrées ici, peuvent-elles l'être ailleurs et comment ?

 

Une trentaine de scientifiques de tous bords (préhistoriens, ethnologues, environnementalistes...] armés des techniques d'analyse et d'interprétation les plus avancées

 

C'est sur ces questions que travaille, notamment, la trentaine de scientifiques de disciplines différentes, réunis par Pierre Pétrequin dont la démarche est d'abattre les cloisonnements entre les spécialités et de favoriser toute approche, partant du principe qu'il n'existe aucune hiérarchie démontrable entre les différentes méthodes de recherche. Ce qui lui fait dire que ce programme de recherche n'est pas tant interdisciplinaire qu'indisciplinaire, les résultats novateurs apparaissant toujours à la frange des spécialités aujourd'hui reconnues. Ce pool est constitué de l'équipe franc-comtoise, à laquelle s'ajoutent des scientifiques de Paris (muséum d'Histoire naturelle), Genève, Neuchâtel, Bruxelles, Lyon, Marseille... Sont ainsi présentes sur le terrain toutes les spécialités et les techniques de prospection, d'observation, d'analyse et d'interprétation qui font l'archéologie nouvelle, dont celles qui constituent la spécificité du laboratoire de chrono-écologie :

 

La dendroécologie

 

L'étude de la forêt et de sa gestion, qui elle-même intègre la dendrochronologie, la méthode  de datation qui, à partir de l'observation des cernes annuels de croissance des arbres, détermine, à l'année près, l'âge de l'arbre au moment de l'abattage.

 

La palynologie

 

L'étude des pollens et des spores fossiles permet de reconstituer l'histoire de la végétation et de retrouver l'impact de l'homme sur celle-ci.

 

L'archéozoologie

 

L'étude des ossements animaux qui montre dans le cas présent que la finalité première des troupeaux (bœuf, mouton, porc...) n'était pas seulement la production de la viande, mais bel et bien la compétition sociale pour s'afficher avec des trophées de bêtes de grande taille.

 

La carpologie

 

L'étude des graines et fruits, apporte un éclairage nouveau sur l'alimentation et certaines pratiques agricoles.

 

La paléoclimatologie

 

dont l'objet est de comprendre les mécanismes qui sont à l'origine des variations climatiques du passé pour dresser des projections sur le futur en rapport avec l'effet de serre additionnel. Pour ce faire, sont mises en œuvre, notamment, la sédimentologie, l'étude des sédiments lacustres, et la malacologie, l'étude des mollusques, qui permettent de reconstituer les fluctuations du niveau des plans d'eau.

 

L'ethnoarchéologie

 

qui s'attache à rechercher des hypothèses interprétatives pour le passé (le néolithique européen en l'occurrence) en étudiant des communautés actuelles qui utilisent encore les outillages en pierre, en bois et en os, comme en Nouvelle Guinée.

 

Un pieu, une dent de porc. un fragment d'os. un grain de pollen fossilisé, un bol en bois. un morceau de céramique... 5000 ans après, ils racontent la vie d'un village

 

À partir des bois d'œuvre - poteaux, chevrons, fascines, brindilles - très bien conservés dans le milieu humide de Chalain, les préhistoriens sont en mesure de reconstituer non seulement l'architecture de la maison néolithique, mais aussi le plan du village, l'état de la forêt, les techniques d'abattage à la hache de pierre, la préparation des bois d'œuvre au merlin en bois de cerf... et, au-delà encore, les variations de la  densité de population à travers la progression ou la régression des fronts de défrichements. Les constructions, en bois, sont toujours de plan rectangulaire d'une largeur assez constante (de 3,5 à 4 m) et d'une longueur variable (de 8 à14 m). La toiture, très pentue, est vraisemblablement recouverte de grandes plaques d'écorce dont le mode de fixation reste à expliquer. Les maisons d'un village, principalement orientées nord-sud, sont disposées en lignes, serrées les unes contre les autres. Un village compte en moyenne une douzaine de maisons et autant de greniers à céréales. Une augmentation de la population (une croissance de 1 à 7 est démontrée entre 3080 et 2970 av. J.-C.) n'accroît pas le nombre de maisonnées d'un village, mais réduit la distance entre les villages riverains. L'étude des bois d'œuvre et de leur origine permet aussi de rendre compte de la gestion de la forêt et des terroirs : l'arbre originaire d'une forêt primaire indique que les fronts de défrichements ont progressé, poussés par le développement des terroirs emblavés dû à un accroissement de la population , à l'inverse, l'arbre provenant d'une forêt secondaire traduit une situation et une gestion stationnaires ou en régression des terroirs cultivés.

 

Parmi les divers objets en bois retrouvés - outils agricoles, armes, récipients, masses, maillets, casse-tête...- un grand bol, pièce exceptionnelle, fait l'objet d'une étude détaillée. Ce bol, à fond rond de 25 cm de diamètre environ, façonné dans une loupe de frêne, est décoré de trois filets parallèles et horizontaux en relief et, surtout, est muni d'une poignée latérale coudée qui représente une tête d'animal qui pourrait être celle d'un cheval, à moins que cela ne soit celle d'un bœuf avec ses cornes...

 

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Légende de la figure 3 : les bois horizontaux et le plan des maisons/ couche llc///+++ en pointillés : les bois antérieurs en noir : les chapes d'argile

 

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Légende de la figure 4 : bol en loupe de frêne à poignée zoomorphe. Datation dendro-chronologique : 2190-2170 av. J.-C.

 

Le silex, l'os (5 000 fragments d'os ont été mis au jour en une seule année de fouilles), les bois de cerf et les dents constituent, avec le bois, les matériaux principaux de l'outillage néolithique. Les dents, notamment, représentent une bonne part de ces outils. Elles sont utilisées à l'état brut (incisives de castors, canines de suidés) ou enchâssées dans de petits manches à main (incisives de porc). La défense des sangliers semble avoir été aussi utilisée comme outil à gratter et racler. Cette hypothèse est corrélée par les courbes d'abattage du sanglier qui indiquent une préférence pour les mâles âgés dotés de défenses de grande dimension. L'étude des excréments humains permet de retrouver une partie des restes alimentaires - graines, akènes, fibres végétales, débris d'os - et de reconstituer les habitudes culinaires. Cette étude, complétée par l'approche parasitologique qui peut définir certaines maladies dont souffrait l'homme préhistorique, fait partie des méthodes originales développées à Châtain. Il est ainsi prouvé que l'homme néolithique de Chalain consommait des viandes variées (dont le cheval, le cerf... mais en revanche pas d'oiseaux), de la grenouille rousse et du poisson fumé, souvent mal cuits, grillés sur la braise ou bouillis, ainsi que des végétaux en abondance : mûres, framboises, baies de coqueret, feuilles d'ail des ours... Les graines de pavot faisaient aussi partie de l'alimentation. Mauvaise herbe, condiment, médicament ou drogue ? On ne le sait pas encore... Les céramiques, leur style, leur forme (fond rond, aplati ou plat, à pied ou sans pied, épaisseur de la panse...), leur décor (incisions, modelage, appliques...) sont d'autres témoins archéologiques caractéristiques pour suivre l'histoire des communautés néolithiques. Elles soulignent les concurrences culturelles et le transfert des styles que connut Chalain entre la Suisse occidentale (Horgen, Cordée) et le couloir rhodanien (Ferrières en Ardèche), avec deux phases bien identifiées : une période ancienne (3200-3100) où les transferts se font à courte ou moyenne distance (80 km à vol d'oiseau entre la Combe d'Ain et le lac de Neuchâtel) et une phase récente (après 3080) où les déplacements et les échanges portent sur des distances considérables (près de 300 km à vol d'ojseau entre la Combe d'Ain et l'Ardèche).

 

Contact : Pierre Pétrequin Laboratoire de Chrono-écologie Université de Franche-Comté Tél. 03 81 66 62 55 Fax 03 81 66 65 68.

 

Le site de Chalain peut être visité jusqu'à la fin septembre. S'adresser au musée d'Archéologie de Lons-le-Saunier qui organise des visites guidées.

 

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Légende de la figure 5 : vue aérienne de la zone archéologique expérimentale, au nordouest du lac de Chalain. Reconstitution de deux maisons de la fin du néolithique moyen II.


Les sites littoraux néolithiques de Clairvaux-les-Lacs et de Chalain [Jura][2]


 Publiée sous la direction de Pierre Pétrequin, cette monographie rend compte des recherches conduites et des données recueillies dans le cadre du programme de recherche au cours des sept dernières années. Illustrées de dessins, photographies et documents graphiques divers, près de soixante études détaillées montrent les approches et les méthodes utilisées pour interpréter les témoins archéologiques : les argiles cuites et les foyers, la grande faune de Chalain, l'outillage en os et en bois de cerf, le fonctionnement de la cellule domestique, les pierres à briquet, la reconstitution d'un pignon de maison, l'industrie lithique taillée, le cheval néolithique, les bouchardes, percuteurs et blocs-enclumes...

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Légende de la figure 6 : Expérimentation : raclage d'un métapode de chevreuil et d'un biseau sur os de bovidé.

Légende de la figure 7 : Expérimentation : percussion oblique frottée dans une cuvette.

Légende de la figure 8 : Expérimentation : polissage d'une ébauche taillée en roche verte, fixée dans une pince de bois.

Légende de la figure 9 : Expérimentation : briser un os de bœuf avec un percuteur à arête, sur un bloc-enclume.



[1] La période néolithique, qui se situe entre 6000 et 2100 avant J-C, est la phase de vestiges domestiques retrouvés sur les rives des lacs situés le long de l'Arc alpin, par exemple, nous ne connaîtrions à peu développement technique des sociétés préhistoriques - pierre polie, céramique - correspondant à leur accession à une économie productive autour de l'agriculture et de l'élevage.

[2] Tome III, Chalain 3, 3200-2900 avant J-C. Une monographie en 2 volumes (765 pages) parue en juin 1997 aux Éditions de la Maison des sciences de l'homme, Paris. Diffusion : CID, 131, bd Saint-Michel 75005 Paris.

 

Source : Revue "En direct", organe de vulgarisation de l'Université de Franche-Comté, n° 112 septembre 1997.

 

Publié avec l'aimable autorisation des rédactrices de "En Direct".

L’Homme au bord de l’eau

 L’Homme au bord de l’eau

par


Matthieu Honegger et Claude Mordant

 

C’est en 1854, dans la région de Zürich, que sont découverts les premiers vestiges de villages lacustres, témoins de l’activité et de l’organisation des hommes de la Préhistoire dans des lieux offrant nourriture, possibilités de transport et protection. Cent cinquante ans de recherches passionnantes menées dans les eaux des lacs et des marais alimentent depuis la connaissance, partant d’un monde invisible et parfaitement conservé par-delà les millénaires, à l’abri des outrages du temps et de l’intervention de l’homme

 

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Trois maisons du village lacustre de Hauterive/Champréveyres (3800 av. J.-C.),

reconstituées à l’emplacement du site néolithique fouillé devant le Laténium

 Cliché J. Roethlisberger / © Laténium, Neuchâtel

 

La reconstitution des villages montés sur pilotis et de l’activité qui les animait prend aujourd’hui une dimension supplémentaire. Tourné vers la rive et non plus seulement sur le lac, un nouveau regard englobe les lieux de vie ancrés sur la terre ferme, du bord des fleuves et des lacs jusqu’aux plaines alluviales, aux reliefs et aux plateaux de l’arrière-pays. Il permet de replacer les installations humaines dans leur contexte, de les inscrire véritablement dans un territoire et de découvrir les relations potentielles entre les différents sites.

 

L’homme au bord de l’eau est le nom donné aux Actes du 135e congrès national des sociétés historiques et scientifiques tenu à Neuchâtel en 2010. D’une envergure scientifique sans précédent, l’ouvrage répond favorablement à la demande de l’Unesco, qui a inscrit en 2011 les sites lacustres alpins au Patrimoine culturel de l’humanité et souhaite la parution de travaux sur la question.


Honegger M., Mordant C. (éditeurs), L’homme au bord de l’eau. Archéologie des zones littorales du Néolithique à la Protohistoire, Coédition CAR et CTHS, 201.

 

université de franche-comté,en direct,université de neuchâtel


Source :

Honegger M., Mordant C (2013). - L'homme au bord de l'eau - En Direct n° 246, janvier - février 2013.


 

Publié avec l'aimable autorisation des rédactrices de "En Direct".


 

13/12/2009

Pétroglyphes Fremont de l'Utah

logo.jpgPétroglyphes Fremont de l'Utah

 

par André Guyard

 

Dans l'Utah, non loin de "Capitol Reef National Park", le long de la Fremont River, on trouve d'étranges dessins tracés sur la paroi rocheuse. Ce sont des pétroglyphes attribués à la civilisation Fremont, épisode historique précolombien que l'on situe dans les années 700 à 1100.

 

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Des ribambelles de personnages hélas criblés de balles

 

Une grande partie de l'art rupestre du sud-ouest des États-Unis est attribuée aux Indiens Fremont et aux Indiens Anasazi. En fait, l'art rupestre le plus primitif que l'on rencontre sur le plateau du Colorado n'a pas été laissé par les Anasazi ou par les Fremont, mais par les Indiens de l'époque archaïque. Ces Paléo-Indiens étaient des chasseurs-cueilleurs nomades. Ils vivaient dans des grottes et dans des abris sous roche. Les pétroglyphes des pays du sud-ouest du canyon d'art les plus spectaculaires sont attribués aux Indiens archaïques. La période archaïque se termine avec l'introduction du maïs dans le sud-ouest.

 

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Mouflons
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Chien (ou chacal) et mouflon


On peut distinguer deux catégories dans l'art rupestre Fremont : les pétroglyphes et les pictogrammes.

 

Un pétroglyphe est une image gravée dans la roche sans l'utilisation de pigments ou de colorants. Dans la région des canyons, des parois de grès vernissé constituent le support le plus couramment utilisé. Dans les zones désertiques, un vernis brun ou noir s'accumule sur les rochers après une exposition prolongée aux intempéries. L'outil habituellement utilisé pour graver les pétroglyphes était fabriqué à partir de l'agate, le silex, ou le jaspe.

 

Les pictogrammes étaient peints sur des surfaces de grès de couleur orange. Un mélange de sumac, d'ocre jaune, et de gomme pinyon servait à fabriquer une poudre noire. Le rouge était obtenu avec de l'ocre rouge et les racines de l'acajou des montagnes. La technique de peinture des artistes Fremont faisait appel à leurs doigts, à des poils de chien, des fibres de yucca et des os d'oiseaux creux, remplis de pigment utilisés comme une sorte de pistolet servant à pulvériser un nuage de pigment. On retrouve également ce procédé dans la Vallée des Merveilles, en France dans le Mercantour ainsi que dans de nombreuses grottes ornées, donnant une image négative de mains posées sur le rocher.

 

Pictogrammes Anasazi du Barrier Canyon et pétroglyphes Fremont se côtoient parfois sur la même paroi ornée. L'art rupestre Fremont représente la plupart du temps du gibier : mouflons, bouquetins, cerfs et des armes de chasse et des représentations humaines.

 

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Cerfs
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Bouquetin et figure humaine

Des fonctions religieuses ont été attribuées à certaines de ces figures peintes et sculptées, mais personne ne connaît vraiment leur signification. Ces figures d'art rupestre sont généralement interprétées comme décrivant les concepts de ressources de la nature, la fertilité, et la magie de chasse.

 

Les figures rupestres de l'Utah constituent une manifestation culturelle bien visible, mais fragile ont été l'objet de vandalisme et de destruction. Des abrutis ont apposé leurs initiales sur les panneaux rocheux ou utilisé les figures comme des cibles.

 

En plus de l'art rupestre, les Indiens Fremont fabriquaient des figurines d'argile. La signification de ces figurines est inconnue, mais le soin apporté à leur confection indique une signification religieuse.

 

Les Indiens Fremont constituaient un peuple de chasseurs-cueilleurs-agriculteurs. Ils ont construit des habitations et cultivaient la terre comme le prouvent ces représentations de divers outils aratoires ou domestiques.

 

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Outils Fremont : pelle, faucille en corne de bouquetin,
pilon et mortier, bâton de creusement

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Femme Fremont

Source : documentation locale

 

 


 

08/12/2009

L'archéologie spatiale à l'honneur

L'archéologie spatiale à l'honneur

Une nouvelle médaille de bronze au CNRS

 

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Laure Nuninger

Laure Nuninger, chargée de recherche 1ère classe,au sein du laboratoire Chrono-environnement, unité mixte de recherche [UMR6249 CNRS/UFC] dirigée par Hervé Richard, vient de recevoir la médaille de bronze du CNRS. Une jolie récompense pour cette jeune archéologue du laboratoire Chrono-environnement de l'université de Franche-Comté qui cherche à comprendre les dynamiques territoriales des peuples anciens en mêlant les approches géographique, géodésique, historique et archéologique à l'aide de systèmes d'information géographique.

 

Laure Nuninger suit la trace d'une longue série de médailles au laboratoire, avec notamment Michel Magny, paléoclimatologue, et Pierre Pétrequin, ethnoarchéologue, qui se sont vu décerner la médaille d'argent, respectivement en 2006 et 1993.

 

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10/10/2009

La Roche de Solutré et son musée préhistorique

 

roche de Solutré-logo.jpgLa Roche de Solutré et son musée préhistorique

 

par André Guyard

 

 

La Roche de Solutré est un site rendu célèbre par l'ascension annuelle qu'entreprenaient chaque lundi de Pentecôte, François Mitterrand et ses fidèles.

 

Le site de Solutré est sans conteste un des hauts lieux de la Bourgogne méridionale. Il est remarquable par sa composition paysagère insolite en Bourgogne. Cet éperon rocheux dominant le village de Solutré-Pouilly et le vignoble environnant a fait l'objet depuis plus d'un siècle de mesures de protection. Ensemble patrimonial prestigieux, il est exceptionnel à plus d'un titre.

 

 

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Le site, vu par satellite

 

Géologie et paysage

 

Le Grand Site de Solutré-Pouilly-Vergisson, qui constitue aujourd'hui une entité paysagère et humaine à part entière, doit son caractère spectaculaire à son histoire géologique.

 

Ce paysage original est remarquable, en particulier, par le rocher dressé au-dessus du vignoble du Maconnais. L'explication est à la fois géologique et tectonique : nous sommes, en effet, sur la bordure sud-orientale du Bassin parisien bouscule et fracture lors du plissement alpin. Les couches calcaires déposées dans les mers chaudes de l'ère secondaire ont été soulevées et fracturées ; l'érosion a, par la suite, mis à profit cette vulnérabilité pour dégager les matériaux les plus tendres et laisser en évidence des abrupts de calcaires coralliens. Ce phénomène est particulièrement mis en évidence ici où la dissymétrie du relief est évidente : la masse calcaire formée de plusieurs bancs superposés présente un front abrupt tourné vers le sud-ouest alors que son revers s'incline doucement vers le nord-est.

 

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Le paysage et sa géologie

 

Ce lambeau de plateau, situé à environ 450 m d'altitude porte les traces d'une ancienne exploitation agricole ou pastorale sous la forme d'alignements d'épierrement soulignés par des haies : ces terres plutôt ingrates sont aujourd'hui abandonnées à de maigres boisements ou aux pelouses calcicoles ; la grande parcelle rectangulaire sur la droite du rocher offre une surface appréciable de ce milieu particulier.

Outre le vignoble qui entoure la roche de toute part, on distingue sur ce modeste territoire, d'autres unités caractéristiques : les roches, les pelouses sèches, la forêt et le bocage. Le contraste entre les falaises abruptes et cette diversité dans la lecture des panoramas est tout à fait singulier en Bourgogne méridionale.

 

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La Roche de Solutré vue de la Roche de Vergisson
 

Un site préhistorique

 

Depuis le XIXe siècle, Solutré occupe une place éminente dans la Préhistoire française. En 1866, un site archéologique majeur a été découvert au pied de la Roche de Solutré. Ont été mis au jour d'impressionnants gisements d'ossements animaux et des outils du Paléolithique supérieur. Les nombreuses fouilles qui s'ensuivront, facteur essentiel des premières mesures de protection, et les découvertes qui en seront tirées feront de Solutré un site archéologique de premier plan en Europe. Solutré, par la richesse des découvertes, devint même le site éponyme d'une culture du Paléolithique supérieur : le Solutréen (de 20 000 à 16 000 ans avant J.C.) caractérisée par ses "feuilles de laurier", chef d'œuvre de la taille du silex.

 

 

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Coupe est-ouest du site de Solutré

 

Parmi les trouvailles, de nombreux objets ont été regroupés dans un remarquable musée souterrain situé au pied de l'abrupt de l'éperon rocheux.

 

Ce qui fait surtout l'originalité de ce musée, c'est la reconstitution de l'élaboration de ces silex taillés en feuille de laurier. Un travail méticuleux qui demandait une haute technicité à l'artisan paléolithique.

 

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Feuille de laurier
 
Il fallait tout d'abord dénicher des silex parfaits se prêtant à la taille. L'opération débutait par la frappe du nucléus originel à l'aide d'un percuteur. C'est la percussion directe.
 
 
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Percussion directe
 
L'outil prenait forme par une technique de percussion indirecte par l'intermédiaire d'un percuteur.
 
 
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Percussion indirecte
 
Le finissage s'opérait par retouches successives de la lame en ôtant de petits éclats par pression ou par percussion.
 
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Retouche de la feuille de laurier
 
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Lames brutes de débitage
 
 
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Feuille de laurier : résultat du débitage
 
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Différents types de feuilles de laurier
 
Parmi la faune associée aux outils, on a trouvé, à Solutré de nombreux vestiges de squelettes de chevaux. L'hypothèse de la chasse qui consistait à effrayer le troupeau jusqu'à le précipiter depuis le sommet de l'éperon rocheux est fortement controversée.
 
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Ossements de chevaux fossilisés
 
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Squelettes de chevaux reconstitués
 
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Séries dentaires de cheval
 
 
Mais les Solutréens travaillaient non seulement le silex, mais également les os des mammifères qu'ils côtoyaient, notamment les rennes.
 
 
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Bois de rennes travaillés
 
 
Les peaux des mammifères étaient travaillées comme le montrent les nombreux vestiges de grattoirs destinés à préparer les peaux.
 
 
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Grattoirs épais
 
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Grattoirs
 
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Autres grattoirs

 

Une biodiversité remarquable à préserver

 

 

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Le village de Solutré-Pouilly
vu du sommet de la Roche de Solutré

 

Ce site est par ailleurs remarquable par le biotope que constituent les pelouses calcaires présentes au sommet des roches. Grâce à des conditions particulières de sols et d'exposition, les pelouses abritent des plantes "méditerranéo-montagnardes" éloignées de leur station d'origine, telles l'Inule des montagnes, le Coronille arbrisseau, le Micrope droit... On note également une grande richesse en orchidées dont certaines très rares.

 

La faune comporte notamment des espèces d'oiseaux inféodées aux pelouses sèches (Bruant ortolan et Hibou Petit Duc) et une population de rapaces spécialistes des éboulis et des falaises.

 

En reconnaissance de l'intérêt européen de son patrimoine naturel, ce site a été intégré au réseau européen Natura 2000.

 

Un site menacé

 

Bien que bénéficiant d'un classement au titre des monuments naturels (loi de 1930), d'un arrêté de protection de biotope depuis 1991 et officiellement devenu Grand Site en décembre 2000, ce site est pourtant en danger : en l'absence de gestion coordonnée et durable, la banalisation du paysage et ['importance de sa fréquentation mettent en péril son caractère remarquable. Par exemple sur les pelouses, l'abandon des pratiques de pâturage laisse la voie à une fermeture du milieu, sans intervention l'embuissonnement menace et la qualité des paysages risque par   processus spontané de végétalisation de se voir banalisé.

 

Des actions en faveur de la préservation de ces milieux naturels

 

Dans le cadre d'une convention de gestion avec le Syndicat mixte de Valorisation du Grand Site de Solutré-Pouilly-Vergisson, le Conservatoire des Sites Naturels Bourguignons intervient depuis de nombreuses années sur ce site : en 2002 un troupeau de Konik Polski est installé pour la mise en œuvre d'un pâturage écologique. Depuis l'équipe du Conservatoire intervient régulièrement pour assurer un suivi du cheptel, pour la pose de clôture, pour effectuer des suivis scientifiques. En 2007 le plan de pâturage a été réactualisé, les pelouses du mont de Pouilly ayant été intégrées à la gestion tournante des pelouses, le calendrier de pâturage a été redéfini et un suivi scientifique de l'impact du pâturage a également été conduit. Depuis 2009, des panonceaux d'information sur les koniks Polskis sensibilisent les visiteurs.

 

 

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Les koniks Polskis ont remplacés les chevaux
de l'époque solutréenne
(document Bourgogne Nature)

 

Les roches de Solutré et Vergisson sont devenues au fil des ans le symbole emblématique de la région Bourgogne et plus particulièrement de la Bourgogne du sud à la fois par la beauté de leurs paysages et par la richesse patrimoniale et culturelle qui y sont rattachées. Le Syndicat mixte du Grand Site s'attache à développer, dans le cadre de l'Opération Grand Site, des actions pour sa gestion durable tout en continuant à accueillir des visiteurs de plus en plus nombreux.

 

Sources :

 

- Solutré-Pouilly-Vergisson, Bourgogne Nature n° 8, 2008.

- Documents photographiques : André Guyard

06/10/2009

De Toumaï à Sapiens

Evol_homme2.jpgDe Toumaï à Sapiens

 

La ruée vers l’Homme

 

par André Guyard

 

 

En cette année Darwin, "Quoi de neuf chez nos ancêtres ?"

C’est la question que posent simultanément la Cité des Sciences de Paris ainsi que 14 autres lieux en France dans le cadre d’une même exposition.

Cette expo-dossier – en partenariat avec le Muséum national d’histoire naturelle et le réseau des muséums en région – part à la recherche des origines de l’Homme.

Ces dernières années, de nombreux fossiles d’hominidés ont été mis au jour, qui complètent voire redessinent le scénario de nos origines. Dans le milieu des paléoanthropologues, les polémiques sont parfois vives, le titre de plus vieil ancêtre étant très convoité !

Du 12 février au 7 juin 2009 dans des muséums de province dont celui de Besançon et le musée Cuvier de Montbéliard.

Renseignements : cite-sciences.fr/science-actualites (info : Sciences et Avenir, mars 2009).

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: Reconstitution : Atelier Daynès, Paris © 2003 Ph. Plailly / Eurelios

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Quel était, au Néolithique, le rôle des haches en jades alpins ?

vignette.jpgQuel était, au Néolithique, le rôle des haches en jades alpins ?

 

Colloque du 24 au 26 septembre 2009 à Besançon

 

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Affiche du colloque

 
Du Golfe du Morbihan à la Slovénie, de Malte au Danemark, partout en Europe occidentale, on retrouve des haches de pierre polie, faites en jades alpins et datant du Néolithique, période des Ve et IVe millénaires avant J.-C. Et plus précisément en roche des Alpes. D’ailleurs, en 2003 et 2008, plusieurs importantes carrières ont été découvertes dans les Alpes italiennes. Ces haches auraient donc diffusé depuis les Alpes jusqu’aux confins de l’Europe, sur plus de 3 000 km à vol d’oiseau, phénomène insoupçonné il y a douze ans et cas extrêmement rare au Néolithique.
 
 
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A.-M. Pétrequin sur une aire de
mise en forme de haches
néolithiques à 2200 m d’altitude ;
l’abri A du Cercle des Blocs à Oncino (Cuneo).
Des centaines de milliers d’éclats de taille
jonchent le sol. [juin 2006]
Photo P. Pétrequin
 
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P. Pétrequin lors d’un sondage dans les carrières du Bulè,
où les nappes de déchets de tailles sont parfaitement
conservées sous les blocs erratiques.
[septembre 2007]
Photo A.-M. Pétrequin
 
 
Quels sont la signification et le rôle social de ces haches ? Des réponses ont été apportées lors du colloque international "Inégalités sociales et espace européen au Néolithique : la circulation des grandes haches en jades alpins", qui clôture le programme ANR JADE dirigé par Pierre Pétrequin. Mais très certainement ces objets remplissaient-ils davantage un rôle dans le domaine des rituels, des croyances ou des inégalités sociales que dans celui de l’abattage de forêts.

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Haches de jades alpins trouvées dans le bassin mosellan
Différents modules de lames de haches en "jade" alpin
rencontrés dans le bassin de la moyenne Moselle.
En bas, deux exemplaires de grandes haches
provenant de Junglsiter-"Beleblerg"
(Grand-Duché de Luxembourg).
Dessin : F. Le Brun-Ricalens

 
Accueillis par la Maison des Sciences de l’Homme Claude Nicolas Ledoux, les spécialistes internationaux de la question ont confronté leurs connaissances pour tenter de trouver une explication.
 
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Tailleur itinérant d’obsidienne au néolithique
Aquarelle de Benoît Clarys (Pour la Science, septembre 2009)

 
Contact : Isabelle Mouret MSHE Claude Nicolas Ledoux Université de Franche-Comté / CNRS
jade.colloque@mshe.univ-fcomte.fr

Pour en savoir plus :

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