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19/05/2014

Le Grimpereau des jardins

À l'abri de l'écorce

 

par Dominique Delfino

Photographe animalier et naturaliste

 

La période de reproduction bat son plein chez les oiseaux en ce printemps qui, dès le début de la saison, s'est accompagné de semaines ensoleillées exceptionnelles.

 

Dans un verger du plateau de Brognard, mon attention est attirée par un roncier propice à constituer un refuge pour la reproduction de certaines espèces de volatiles.

 

Très vite, je remarque le va-et-vient d'un petit oiseau sur le tronc d'un cerisier proche de moi. J'identifie aussitôt le Grimpereau des jardins dont le nid installé derrière l'écorce fendue du fruitier, souligne l'importance des vieux arbres pour la faune avicole. Trop souvent considérés comme morts et inutiles, ils sont indispensables au maintien de nombreuses espèces d'oiseaux, et ne doivent pas être abattus systématiquement.

 

Telle une petite souris qui court sur le tronc, le couple de grimpereaux assure un nourrissage permanent. Les petits cris émis par les poussins bien cachés derrière l'écorce me laisse supposer que ceux-ci ne sont pas loin de l'envol.

 

Si vous observez donc un oiseau donnant l'impression d'être plaqué contre le tronc tout en le remontant en spirale, ne vous y trompez pas : il s'agit bien du grimpereau.

 

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01/05/2014

L'arc-en-ciel

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par André Guyard

(dernière mise à jour le 08/05/2014)

 

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Arc-en-ciel sur l'aérodrome de Thise (Doubs)

© André Guyard

 

L'arc-en-ciel est un phénomène qui a toujours fasciné l'espèce humaine. Dès l'an 1000, le savant irakien Ibn al-Haytham tente d'expliquer sa formation. Il faudra attendre 1657 pour que René Descartes en donne le premier modèle prédictif. Au début du XXe siècle, le modèle du Danois Ludvig Lorenz et de l'Allemand Gustav Mie inclut le caractère ondulatoire de la lumière. Et c'est tout récemment, début 2012, que Iman Sadeghi et son équipe mettent au point le premier modèle complet d'arc-en-ciel.

 

En fait, un arc-en-ciel est un phénomène optique produit par la réfraction, la réflexion et la dispersion des radiations colorées composant la lumière blanche du Soleil par les gouttelettes d'humidité présentes dans l'atmosphère. Il contient un dégradé de couleurs recouvrant toutes les teintes, sauf le magenta.

 

L'arc-en-ciel contient une infinité de couleurs puisque le spectre lumineux, dont la décomposition est entraînée par la réfraction, est un continuum de couleurs parmi celles visibles par l'œil humain. En fait, l'arc-en-ciel ne possède qu'une partie de toutes les couleurs existantes : les couleurs saturées monochromatiques. C'est ainsi que le magenta qui devrait se trouver entre le rouge et le violet, sur la ligne des pourpres n'est pas une couleur de l'arc-en-ciel. Le spectre s'étend du violet au rouge. Si le magenta est absent de l'arc-en-ciel, c'est donc parce qu'il ne correspond à aucune radiation pure.

 

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Les couleurs conventionnelles de l'arc-en-ciel

© André Guyard

 

 

Arbitrairement, le nombre de couleurs retenu pour l'arc-en-ciel est de sept, un choix dicté par Isaac Newton : rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo et violet. Ce nombre de sept a été choisi par analogie entre la lumière et le son, la gamme musicale comprenant sept notes par octave. Il correspond aussi approximativement au nombre de couleurs qu'un individu moyen peut discriminer dans le spectre lumineux.

 

On peut observer l'effet d'un arc-en-ciel toutes les fois où il y a de l'eau en suspension dans l'air et qu'une source lumineuse (en général le soleil) brille derrière l'observateur. Les arcs-en-ciel les plus spectaculaires se manifestent lorsque la moitié du ciel opposée au soleil est obscurcie par les nuages alors que l'observateur se situe à un endroit où le ciel est clair. Un autre endroit commun où l'on peut voir cet effet est à proximité de chutes d'eau.

 

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Arc-en-ciel dans une chute d'eau

 

L'arc-en-ciel est provoqué par la dispersion de la lumière du soleil par des gouttes de pluie approximativement sphériques. La lumière est d'abord réfractée en pénétrant la surface de la goutte, subit ensuite une réflexion partielle à l'arrière de cette goutte et est réfractée à nouveau en sortant. L'effet global est que la lumière incidente est majoritairement réfractée vers l'arrière sous un angle d'environ 40-42°, indépendamment de la taille de la goutte. La valeur précise de l'angle de réfraction dépend de la longueur d'onde (la couleur) des composantes de la lumière. Dans le cas de l'entrée dans un milieu plus réfringent, l'angle de réfraction de la lumière bleue est inférieur à celui de la lumière rouge. Ainsi, après réflexion à l'interface eau-air d'une goutte, la longueur d'onde de la lumière bleue est modifiée et ressort en dessous en lumière rouge. L'observateur étant fixe, il voit la lumière issue de différentes gouttes d'eau avec des angles différents par rapport à la lumière du soleil. Le rouge apparaît donc plus haut dans le ciel que le bleu.

 

Un arc-en-ciel n'a donc pas réellement d'existence physique, mais est une illusion d'optique dont la position apparente dépend de la position de l'observateur et de celle du soleil, le centre de l'arc-en-ciel étant la direction exactement opposée à celle du soleil par rapport à l'observateur. Toutes les gouttes de pluie réfractent et reflètent la lumière du soleil de la même manière, mais seulement la lumière d'une petite partie des gouttes de pluie atteint l'œil de l'observateur.

 

Un arc-en-ciel se situe toujours à l'opposé du soleil : le soleil, l'observateur et le centre du cercle dont fait partie l'arc-en-ciel sont sur la même ligne.

 

Un arc-en-ciel appartient toujours à un cercle de même diamètre : un cercle apparaissant sous un angle approximatif de 40-42° autour de cette ligne soleil-observateur-centre de l'arc.

 

Mais compte tenu du fait que l'horizon cache habituellement la majeure partie d'un arc-en-ciel, c'est la taille de l'arc visible qui varie : plus le soleil est proche de l'horizon, plus l'arc sera grand. Un observateur en haute altitude verra un plus grand arc-en-ciel qu'un observateur au niveau de la mer.

 

Un second arc

 

Parfois, un second arc-en-ciel moins lumineux est aperçu au-dessus de l'arc primaire. Il est provoqué par une double réflexion de la lumière du soleil à l'intérieur des gouttes de pluie et apparaît sous un angle de 50-53° dans la direction opposée au soleil. En raison de la réflexion supplémentaire, les couleurs de ce second arc sont inversées par rapport à l'arc primaire, avec le bleu à l'extérieur et le rouge à l'intérieur, et l'arc est moins lumineux. C'est la raison pour laquelle il est plus difficile à observer.

 

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Arc-en-ciel sur Thise (07/05/2014)

© André Guyard

 

Un troisième arc-en-ciel peut être présent au voisinage du second, et inversé par rapport à celui-ci (donc identique au premier). Il est cependant nettement moins lumineux et observable uniquement dans des conditions exceptionnelles. En pratique, il n'est pas très facile à distinguer des arcs surnuméraires associés à l'arc secondaire. Il correspond aux rayons lumineux ayant subi cinq réflexions dans les gouttes d'eau. Deux arcs inversés l'un par rapport à l'autre peuvent également être observés dans la direction opposée, à environ 45 degrés du Soleil (donc dans la direction de celui-ci), mais ceci est particulièrement difficile du fait de la proximité du Soleil. Les rares observations de ces deux arcs font mentions de morceaux d'arcs visibles par intermittence. Ces deux arcs correspondent aux rayons lumineux ayant subi trois et quatre réflexions dans les gouttes d'eau. Comme ils sont situés à l'opposé du soleil, ce ne sont pas les mêmes gouttes d'eau qui y contribuent. En pratique, les configurations favorables à leur observation sont nettement moins nombreuses que celles favorables à l'observation de l'arc secondaire, en particulier en raison de leur proximité du soleil.

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1. Arcs surnuméraires. 2. Arcs jumelés

(Documents Science & Vie 2012)

 

Un autre effet moins difficile à observer est celui des arcs dits surnuméraires, qui se traduisent par le fait que le premier arc apparaît en fait comme une série d'arcs de rayon, d'épaisseur et d'intensité décroissants accolés les uns aux autres (fig. 1 ci-dessus).

Ce phénomène résulte d'interférences subies par la lumière lors de ses réflexions successives dans les gouttes d'eau. Ils ne peuvent être expliqués par la seule optique géométrique, d'où leur nom. Contrairement aux autres arcs, ces arcs surnuméraires dépendent d'autres facteurs, comme la dispersion du diamètre des gouttes d'eau.

On sait comment se forme l'arc-en-ciel classique depuis longtemps... et ses arcs surnuméraires ont été expliqués par le modèle de Lorenz-Mie.

La bande sombre d'Alexandre

Entre le premier et le deuxième arc-en-ciel, une bande plus sombre apparaît. Cela correspond à la zone de la goutte d'eau comprise entre l'angle de 42° caractérisant la fin du premier et l'angle de 50° caractérisant le début du second. Cette bande intermédiaire où il y a déficit de lumière a été appelée la "bande sombre d'Alexandre".

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© André Guyard

 

Les arcs jumelés

 

Début 2012, Iman Sadeghi a proposé un algorithme qui a permis d'élucider le mystère des arcs jumelés, mettant un point final à une quête de plus de mille ans ! L'ultime secret des arcs-en-ciel était en fait caché dans la forme de leurs gouttes d'eau.

 

Un phénomène en particulier demeurait un mystère, celui des arcs-en-ciel "jumelés" dont l'arc se sépare en deux. (fig. 2 ci-dessus) Une équipe d'informaticiens de l'université de San Diego, aux États-Unis, vient enfin de concevoir le premier modèle complet d'arc-en-ciel. "Le modèle de Lorenz-Mie, utilisé jusqu'ici, ne fonctionne que pour des gouttes d'eau parfaitement sphériques, précise Iman Sadeghi. Or, dans la nature, les gouttes de pluie s'aplatissent sous la pression atmosphérique, et cela d'autant plus qu'elles sont grosses."

 

D'après Adolfo Munoz, informaticien à l'université de Saragosse : "Du temps de Lorenz, considérer les gouttes de pluie comme des sphères était une approximation acceptable. Mais elle n'a plus lieu d'être aujourd'hui car nous disposons d'outils informatiques assez puissants pour simuler des averses aux gouttes de tailles et de formes variables..." Partant de cette idée toute simple, les chercheurs ont donc mis au point un nouveau modèle d'arc-en-ciel doté d'un algorithme qui permet de faire varier la forme des gouttes en fonction de la pression atmosphérique et de la pression hydrostatique.

 

Des gouttes ellipsoïdales

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Dès les premiers tests, les informaticiens sont parvenus à modéliser avec plus de finesse tous les arcs-en-ciel décrits par le modèle de Lorenz-Mie, leurs gouttes de forme ellipsoïdale reproduisant avec une meilleure précision la courbure de l'arc. Surtout, ils ont enfin résolu le mystère des arcs-en-ciel jumelés : "Ils sont tout simplement dus à des pluies non uniformes !, explique Iman Sadeghi. Lorsque la lumière du soleil traverse une pluie composée de gouttes de 0,4 mm et 0,45 mm, le faisceau de l'arc-en-ciel se dédouble."

Cet algorithme pourrait également servir à simuler la formation des halos, ces arcs lumineux qui apparaissent lorsque la lumière est déviée par des particules de glace en suspension. Il permettrait également de mesurer la taille des gouttes d'eau et ainsi d'améliorer les modèles météorologiques.

 

Sources :

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Arc-en-ciel

Sciences & Vie mars 2012, pp. 22-23.

 

14/04/2014

Entre chien et loup

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Entre chien et loup

 

 La domestication du Loup

(dernière mise à jour : 10 août 2017)

 

 

D'un côté, un loup gris massif, capable de briser net le fémur d'une proie trois fois plus grosse que lui. De l'autre, un minuscule chihuahua, niché sur un canapé. Entre les deux ? L'Homme : c'est lui qui, il y a des milliers d'années, à partir d'un être sauvage, le Loup, se composa un compagnon docile et fidèle, le chien.

 

Ou plutôt, les chiens. On en compte aujourd'hui plus de 400 races, depuis le chihuahua jusqu'au berger anatolien. Une extraordinaire diversité née des efforts de nos ancêtres, qui réussissent à transformer une bête sauvage en alliés à quatre pattes. La domestication était née. Une première dans l'histoire du vivant... Une première aussi pour l'homme : les scientifiques ont établi que la domestication du chien précéda - et de beaucoup ! - celle du cheval, du cochon, du chat... Ils savent aussi que toutes les races de chien descendent du loup.

 

Mais quant à savoir quand le Loup devint chien pour la première fois, et quels furent les hommes qui façonnèrent à leurs besoins ce grand prédateur... Là, le mystère persiste.

 

Le chien, un loup rempli d'humanité. Cette formule de Jean de La Fontaine (1621-1695) est prémonitoire.

 

Pour être vraie, cette frappante formule de Jean de La Fontaine sous-entend que le chien descend du loup. Est-il possible que les formes colorées si diverses de cet animal domestique soient issues du seul Canis lupus ? Ou bien, comme le crurent Charles Darwin (1809-1882) et le cofondateur de l'éthologie Konrad Lorenz (1903-1989), descendait-il aussi du chacal, lui aussi du genre Canis, voire de toute une variété de canidés sauvages : renards, dingos, lycaons… ? Jusqu'à ces dernières années, il était tout simplement impossible de déterminer l'origine du chien. Puis la biologie moléculaire a tranché : le chien est le descendant du loup et de lui seul, et la jolie formule de La Fontaine s'est révélée prémonitoire ! Le chien est bien une création de l'homme préhistorique par sélection artificielle. C'est ce que démontre Pierre Jouventin dans un article publié dans la revue "Pour la Science"

 

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Des chasseurs gravettiens, antérieurs à la dernière glaciation, capturent les louveteaux non sevrés d'une meute de loups. Ils les apporteront ensuite à leurs femmes qui les nourriront au sein afin de les intégrer à la horde humaine. Ils en feront ainsi des chiens, précieux auxiliaires de chasse.

 

D'après Pierre Jouventin, "le chien et le loup sont interféconds ainsi que leurs descendants. Les espèces du genre Canis séparées dans la nature, tels le loup, le chacal et le coyote, possèdent toutes 39 chromosomes et se croisent sans difficulté, avec une descendance fertile. D'un autre côté, bien des races de chiens, de tailles trop différentes, ne peuvent se croiser…

 

La définition biologique de l'espèce implique que des populations interfécondes soient isolées, par le comportement ou la génétique, des autres taxons (l'ensemble des organismes vivants partageant certains caractères) présents dans ce même lieu, tous constituant ainsi des espèces à part entière. Sa différenciation ne s'étant pas faite dans la nature, mais par l'action de l'homme et sans créer de barrière de reproduction avec son ancêtre le loup, le chien a donc le statut qu'on veut bien lui donner. Bref, le meilleur ami de l'homme ne constitue peut-être pas une espèce au sens strict, comme tout animal domestique dont le statut n'est qu'affaire de convention.

 

Le chien est néanmoins très différent du loup, en ceci qu'il cohabite avec l'homme sans conflit. La domestication du loup n'a pas été seulement une sélection artificielle, mais aussi une éducation pour lui apprendre à vivre avec nous. Sans l'avoir recherché, Pierre Jouventin a été amené à élever un loup dans un appartement, ce qui est considéré comme impossible par les spécialistes. cela a permis à la famille Jouventin de dominer psychologiquement son loup sans entrer en conflit ouvert avec lui. Les gènes de cet animal, né en zoo et qui devait être euthanasié, étaient pourtant les mêmes que ceux d'un loup sauvage de Pologne.

 

La France compte 7 millions de chiens. Certains animaux d'attaque et de défense peuvent échapper à leurs maîtres : on dénombre ainsi des centaines d'attaques de troupeaux d'ovins par an (voir à ce propos : Le mur facebook de la Buvette des Alpages). L'instinct de chasseur hérité du loup demeure.

 

Le patrimoine génétique du loup devenu chien a donc été modifié de génération en génération. Même si ce changement ne touche qu'une toute petite partie de l'ensemble des gènes, il nous paraît très grand, car les caractères qui nous importent le plus ont été supprimés ou amplifiés. Par exemple, l'homme a développé chez le chien adulte le comportement soumis que l'on observe chez le loup juvénile. D'ailleurs, à le comparer à son ancêtre, on peut décrire le chien comme un éternel adolescent, ce qui permet à son maître de s'imposer comme le substitut incontesté du chef de meute. Ce trait majeur d'éternel adolescent pour la domestication est cependant très variable d'une race de chien à l'autre.

 

Toutefois, le loup est bien plus proche de nous que bien d'autres mammifères du fait de son immaturité de plusieurs années. Cette dernière permet en effet une éducation aux méthodes complexes de chasse, lesquelles varient d'une meute à l'autre en fonction du gibier présent sur le territoire. Cet enseignement peut se transmettre en un même lieu pendant plusieurs dizaines d'années, donc sans que les loups de la première génération soient présents auprès de ceux de la dernière : il s'agit donc véritablement d'une sorte d'héritage culturel. Cela illustre la grande idée de Darwin selon laquelle il n'y a pas une différence de nature, mais de degré, entre l'homme et les autres espèces.

 

Si la domestication du loup ne peut qu'avoir résulté d'un processus de sélection, on ignore comment elle a débuté et s'est déroulée. Deux hypothèses sont envisagées.

 

1. Des individus affaiblis cherchant à survivre ou tout simplement curieux ont-ils appris à fréquenter des campements d'hommes préhistoriques pour profiter de leurs restes ? C'est l'hypothèse de la commensalité, qui trouve des arguments dans les pays où des chiens errants vivent de rapines et côtoient les humains sans vivre pour cela dans les maisons. En Italie, les loups sauvages fréquentent les décharges et le portrait de l'un d'entre eux, la gueule dégoulinante de spaghettis, a circulé sur Internet !


Les hommes du Paléolithique ont-ils alors pris le risque de capturer quelques adultes parmi ces fauves, des loups affamés, ou plus simplement curieux, qui auraient fréquenté les campements humains pour profiter des restes alimentaires ? Auraient-ils misé sur les animaux les plus dociles, notamment pour les aider à la chasse, exploitant leur flair et leur rapidité de course ? L'avantage est manifeste : les déchets auraient été éliminés et la présence des loups aurait pu dissuader les autres prédateurs d'attaquer le campement. La science ne permet pas de confirmer un tel scénario. Certes, l'alliance du loup et de l'homme possède des atouts naturels. Le rapprochement aurait en effet amélioré le résultat de la chasse chez les deux espèces.

 

2. L'autre théorie est celle de l'adoption.

Le premier pas pourrait aussi bien s'être fait via une véritable adoption : des hommes auraient installé des louveteaux au sein de leur tribu, que les loups auraient fini par considérer comme leur propre meute. "Cette hypothèse présente l'avantage d'une intimité beaucoup plus grande entre les deux espèces, et donc d'une influence plus significative et plus rapide de l'homme sur révolution du loup", appuie Pierre Jouventin, qui, au début de sa carrière d'éthologue a élevé un loup en ville, confié par le zoo de Montpellier. Quatre jours après la naissance, le louveteau, les yeux encore clos, a débarqué dans le petit appartement familial pour cinq années de cohabitation. " Lorsqu'un loup est intégré très tôt dans une famille, il la considère comme sa meute et finit par la protéger. Pour notre louve, j'étais le dominant, mais il fallait régulièrement trouver des astuces pour maintenir ce statut, comme monter sur un tabouret ou l'entourer à plusieurs et la houspiller, raconte le scientifique. Dans ces conditions, l'adoption est si facile qu'elle a probablement été réalisée à plusieurs reprises dans l'histoire de l'humanité. "

 

Les hommes du Paléolithique ont-ils vu d'emblée dans les loups des alliés potentiels ? Ont-ils alors pris le risque de capturer quelques adultes parmi ces fauves, des loups affamés, ou plus simplement curieux, qui auraient fréquenté les campements humains pour profiter des restes alimentaires ? Auraient-ils misé sur les animaux les plus dociles, notamment pour les aider à la chasse, exploitant leur flair et leur rapidité de course ? L'avantage est manifeste : les déchets auraient été éliminés et la présence des loups aurait pu dissuader les autres prédateurs d'attaquer le campement.

 

La science ne permet pas de confirmer un tel scénario. Certes, l'alliance du loup et de l'homme possède des atouts naturels. Le rapprochement aurait en effet amélioré le résultat de la chasse chez les deux espèces. Mais le premier pas pourrait aussi bien s'être fait via une véritable adoption : des hommes auraient installé des louveteaux au sein de leur tribu, que les loups auraient fini par considérer comme leur propre meute.

 

"Cette hypothèse présente l'avantage d'une intimité beaucoup plus grande entre les deux espèces, et donc d'une influence plus significative et plus rapide de l'homme sur l'évolution du loup", appuie Pierre Jouventin, qui, au début de sa carrière d'éthologue a élevé un loup en ville, confié par le zoo de Montpellier. Quatre jours après la naissance, le louveteau, les yeux encore clos, a débarqué dans le petit appartement familial pour cinq années de cohabitation. "Lorsqu'un loup est intégré très tôt dans une famille, il la considère comme sa meute et finit par la protéger. Pour notre louve, j'étais le dominant, mais il fallait régulièrement trouver des astuces pour maintenir ce statut, comme monter sur un tabouret ou l'entourer à plusieurs et la houspiller, raconte le scientifique. Dans ces conditions, l'adoption est si facile qu'elle a probablement été réalisée à plusieurs reprises dans l'histoire de l'humanité." L'aventure de la famille Jouventin d'élever un loup dans un appartement ne fut pas seulement une expérience extrême. Le fait d'être parvenus à cohabiter et même à vivre en famille avec un fauve dangereux démontre la facilité avec laquelle nos ancêtres ont pu domestiquer le loup, puisqu'en plein air, ils disposaient de conditions plus favorables que dans un appartement moderne au deuxième étage… Cette expérience nous a montré qu'un loup intégré à une famille humaine la considère comme sa meute et en protège les membres. Elle suggère que la capture de louveteaux a dû être réalisée plusieurs fois au cours de l'histoire de l'humanité, car leur intégration au sein de la horde humaine ne présente aucune difficulté : le loup ne connaissant pas son espèce, il s'assimile à ses compagnons de vie.

 

Ces deux théories sont souvent opposées. Cependant, elles ne sont pas contradictoires et les deux scénarios de domestication ont pu se produire simultanément ou se succéder. Ces hypothèses, si elles ne sont pas exclusives paraissent cependant hiérarchisées : la théorie de l'adoption permet une bien plus grande intimité que celle de la commensalité. Or la domestication du chien n'a pas conduit à un compagnonnage, mais bien à une véritable vie commune, d'abord pour chasser ensemble (les chiens servant de pisteurs et de rabatteurs) et pour protéger le campement, puis, bien plus tard, pour garder les troupeaux.

 

L'association entre hommes et loups apprivoisés a ainsi pu constituer un avantage adaptatif majeur pour les premiers. Ce point est à prendre en compte dans le débat récurrent sur les raisons de la disparition des Néandertaliens après l'arrivée en Eurasie des hommes anatomiquement modernes, il y a 35 000 à 30 000 ans, c'est-à-dire à l'époque des premiers indices connus de l'existence de chiens…

 

Ainsi, nous savons depuis peu que le loup, transformé en chien, est présent à nos côtés depuis quelques dizaines de milliers d'années d'évolution, époque-charnière de la mise en place de la civilisation. La prédation accrue rendue possible par cet animal a sans doute favorisé la démographie humaine ; mais avec la forte augmentation des prélèvements dans la nature, elle a aussi probablement poussé certains de nos ancêtres à se sédentariser en domestiquant non seulement des plantes qu'ils cueillaient, mais aussi des proies (vache, mouton, chèvre, cochon…).

 

La longue coévolution de l'homme et du loup avait auparavant modifié le plus vieil ami de l'homme dans le sens de lui faire accepter les ordres et les gestes de son maître (substitut du loup dominant), et par là d'augmenter sa capacité à communiquer avec nous. Au cours de ce processus, le plus vieil ami de l'homme a reçu une nouvelle mission, qu'il assure toujours aujourd'hui : surveiller les troupeaux et les rassembler pour les protéger des loups."

 

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Groupes principaux de races de chiens et leurs ancêtres possibles

© Clutton Brock J., Jewel P.

 

Apports de la génétique moderne

 

Les efforts pour remonter aux origines du chien se sont intensifiés car les techniques pour faire parler aussi bien les cellules des canidés contemporains que celles de leurs ancêtres fossilisés s'affinent sans cesse. Et ces derniers mois, les résultats sont tombés en pluie.

 

Plusieurs équipes de recherche, de tous les pays, ont fait assaut de découvertes et de nouvelles hypothèses, qui précisent la part du Loup dans les différentes races de chien, remontent toujours plus haut dans l'arbre généalogique des canidés. Mais leur berceau ultime reste incertain (Eurasie ?), comme le moment exact où le Loup devint chien.

 

1. Les chiens les plus proches du loup ne lui ressemblent pas

 

Contrairement à ce que pensait Darwin, du sang de loup coule dans les veines de chacune des 400 races de chiens modernes, sans distinction. Et du sang de loup uniquement ! "Lors du séquençage intégral du génome canin en 2004-2005, nous avions montré une différence d'à peine 0,2 % entre chien et loup", précise Christophe Hitte, de l'Institut de génétique et développement de Rennes.

 

Toutefois, les bergers allemands ou les huskies aux flagrantes allures de loup ne posséderaient-ils pas plus de loup en eux que les caniches? Sont-ils les descendants des premiers canidés domestiqués ? Tout faux. Les apparences trompent. Le chow-chow, un chien asiatique d'environ 50 cm de hauteur à l'épaisse fourrure et à l'allure de peluche, comme le shar-peï, ce petit molosse chinois tout plissé, sont génétiquement plus proches du loup que le doberman !

 

L'héritage du loup se révèle donc différent pour chaque chien... et la plus grande part du loup ne se trouve finalement pas dans les gènes de ceux qui semblent le plus s'apparenter au fauve. Plus précisément, 64 % des races de chiens modernes (groupe A) possèdent un ancêtre commun qui remonte à 18 000 ans environ. Et ce parent commun à tous ces chiens partage quant à lui un ancêtre avec les loups âgé d'environ 32 000 ans. Les autres races de chiens modernes (groupes B, C, D) ont des ancêtres communs aux loups plus récents (voir arbre généalogique ci-dessous, d'après Science, 2013).

 

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Origine des différentes races de chiens © Science & Vie

 

 2. L'Homo sapiens a domestiqué le loup avant de cultiver la terre

 

Le cheval a beau avoir la réputation d'être la plus noble conquête de l'Homme, elle est loin d'être la première. Il fut domestiqué, au plus tôt, il y a 8500 ans. Le cochon, le bœuf et le mouton furent conquis avant lui. Le chat également. Mais ni les premiers, malgré leurs évidents mérites nutritifs, ni le second, malgré l'aide précieuse qu'il pouvait apporter pour préserver les récoltes des rongeurs, ne firent alliance avec l'Homme avant le Loup. Ils furent conquis pendant le Mésolithique, période courant de -12 000 à -6500 ans. La domestication du Loup les précède de plusieurs milliers d'années. Les dernières estimations des paléontologues et des généticiens, appuyées par la comparaison des séquences d'ADN et des fossiles de loups et de chiens anciens et contemporains, la font remonter au Paléolithique. Au plus tôt, il y a environ 30 000 ans. Au plus tard, il y a environ 18 000 ans.

 

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Domestication du Loup ©Science & Vie

 

Même si la fourchette est large, il n'y a plus de doute : les premiers chiens sont apparus avant que la civilisation humaine ne se fonde sur l'agriculture et la sédentarité. Ce sont ainsi des chasseurs-cueilleurs qui, les premiers, osèrent approcher le superprédateur.

 

3. Une association de superprédateurs

 

La suite de l'histoire, c'est une explosion démographique de nos aïeux, qui finirent par se sédentariser, pratiquer l'agriculture et domestiquer d'autres espèces. C'est ce qu'on a baptisé la "révolution néolithique" qui eut lieu il y a 10 000 ans. Et si la domestication du Loup avait joué un rôle décisif dans cette période critique ? Et si cette association du Loup et de l'Homme, deux superprédateurs, avait alors offert aux deux espèces des avantages supplémentaires tels qu'ils ont fini par s'imposer comme véritables maîtres de la nature ?

 

"Les loups devaient représenter un énorme avantage, explique Pierre Jouventin. Les chasseurs-cueilleurs d'Afrique ramènent par exemple trois fois plus de gibier s'ils sont accompagnés de leur chien. Il n'est pas impossible d'ailleurs que cette alliance nous ait permis de prendre le dessus par rapport aux hommes de Neandertal qui n'ont, semble-t-il, jamais domestiqué de loup." Voilà de quoi redorer l'image du chihuahua. Lui aussi porte du Loup dans ses gènes. Nous avons fait de lui un chien. Mais lui, d'une certaine manière, a fait de nous des hommes.

 

4. Le chien n'a pas pu naître en un seul endroit, mais il provient d'Eurasie

 

Pour peu qu'on le cherche, le chien le plus ancien, celui qui le premier se serait différencié du Loup sous l'effet de la domestication est partout... Si nombre de spécimens de 12 000 à 15 000 ans ont été découverts en Europe, dont un de 31 700 ans en Belgique, ce sont les Russes qui détiennent le plus vieux : un fossile d'environ 33 000 ans. Ce qui n'empêche pas des chercheurs chinois de voir dans leurs chiens les plus anciens canidés domestiqués sur la foi d'une comparaison minutieuse de génomes entiers de loups issus de Mongolie, d'Europe et de Russie. Comment s'y retrouver ? "On peut envisager que plusieurs populations de loups, l'une en Europe, l'autre en Asie du Nord, une autre en Israël par exemple, aient contribué à donner naissance aux chiens, explique Greger Larson, généticien à l'université de Durham. Les croisements et les déplacements ultérieurs font que ces origines différentes sont désormais illisibles dans l'ADN moderne."

 

 

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5. Le Loup a pu devenir chien en quelques générations

 

Au fil des quatre derniers siècles, les éleveurs ont conduit une sélection minutieuse, renforçant certains traits - docilité, taille... - par croisements successifs. Résultat : il existe aujourd'hui environ 400 races aux différences souvent plus évidentes que celles qui distinguent les chiens des loups. Celles-ci sont subtiles (voir ci-contre), chiens et loups, toujours interféconds, n'étant pas séparés par une frontière définitive. Ces différences n'en sont pas moins caractéristiques de la domestication. Les loups se retrouvent en effet alors proches d'un prédateur (l'Homme), avec une mobilité réduite et une promiscuité inédite. Ce nouvel environnement social modifie la production d'hormones influençant le développement et maintient les animaux dans un état de dominé permanent.

 

Le processus de domestication a pu aller très vite, comme le montre une expérience menée depuis 1959 en Sibérie sur le renard argenté, un animal sauvage apparenté au loup. En sélectionnant les renards les plus dociles, puis en les croisant entre eux, le généticien Dmitry Belyaev a obtenu en six générations des animaux qui recherchaient le contact avec les expérimentateurs. À partir de la huitième génération, le pelage de certains est devenu tacheté, vers la douzième génération, certaines oreilles sont restées pendantes et la queue enroulée, et à la vingtième génération, des individus présentaient des pattes plus courtes. À la dixième génération, 18 % des renards étaient devenus sociables. Ils sont plus de 80 % aujourd'hui, après quelque 35 générations...

 

6. Le chien provient d'Eurasie (Ajout du 2 juillet 2015)

 

L'ADN d'un loup vieux de 35 000 ans retrouvé en Russie atteste de sa proche parenté avec notre compagnon.

 

Le chien ne descend pas directement du Loup gris car celui-ci est apparu trop récemment. Une nouvelle analyse génétique révèle qu'il descendrait plutôt d'une ou de plusieurs espèces de canidés voisines plus anciennes aujourd'hui disparues. C'est la découverte d'une côte vieille de 35 000 ans d'une espèce éteinte, le Loup de la péninsule de Taimyr (Russie) qui apporte cet éclairage nouveau sur les origines du chien.

 

Des chercheurs du Muséum suédois d'histoire naturelle et de l'université de Stockholm (Suède), après étude de son ADN, révèlent dans la revue Current Biology[1] qu'il s'agit d'un proche parent à la fois du loup et du chien. Ce dernier proviendrait donc bien du continent eurasiatique comme le suggérait déjà son absence sur le continent américain avant l'arrivée de l'Homme, il y a plus de 12 000 ans. Mieux, les chercheurs ont retrouvé des traces génétiques du Loup de Taimyr chez certains chiens actuels comme le husky sibérien et dans une moindre mesure chez le spitz et le shar-pei.



[1]  Skoglund P. Ersmark E. Palkopoulou E & Dalén L. (2015). - Ancient Wolf Genome Reveals an Early Divergence of Domestic Dog Ancestors and Admixture into High-Latitude Breeds, Current Biology 25 (11) 1515-1519.

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D'après Skoglung & al (2015)

 

 

6. Des variations sur deux gènes expliqueraient la domestication des chiens (ajout du 10 août 2017)

 

Des chercheurs américains de l'Oregon State University (OSU) ont identifié une variation de deux gènes chez les chiens et les loups domestiqués qui pourrait expliquer la grande sociabilité des chiens.

Cette découverte, publiée le 19 juillet 2017 dans le revue Science Advances, fournirait une nouvelle compréhension de la divergence comportementale entre les chiens et les loups, commencée il y a des milliers d'années. C'est la première étude à intégrer des données comportementales et génétiques pour comprendre les fondements moléculaires des changements survenus sur le comportement social des chiens lors de la domestication, explique Monique Udell, coauteur de l'étude. (voir la suite).

 

Entre chien et loup : 4 différences subtiles

 

Chez le chien :

  • une taille inférieure (en moyenne, les chiens sont plus petits).

 

  • une physionomie plus juvénile. Comme chez la plupart des espèces domestiquées, les chiens conservent également certains traits juvéniles comme les oreilles pendantes, une queue enroulée, un pelage tacheté, des dents moins longues, un museau raccourci et un cerveau moins grand.

 

  • Une reproduction plus fréquente. Les chiens atteignent leur maturité sexuelle plus tôt et connaissent deux périodes de chaleur au lieu d'une.

 

  • Un comportement plus docile. Les chiens sont globalement bien plus dociles que leur ancêtre sauvage. Logique : les chasseurs du Paléolithique avaient tout intérêt à sélectionner les animaux les plus soumis.

 

Ajout de juillet 2016 (Sciences et Avenir n° 833, juillet 2016 p. 20) : Les chiens ont une double origine

par Jean-Denis Vigne, archéozoologue au CNRS et au Muséum national d'histoire naturelle

 

L'origine du chien est difficile à déterminer. Si toutes les races de chiens descendent du Loup, elles ont été tellement croisées et modifiées, entre le XVIIIe et le XXe siècle, que les traces des premières domestications sont difficiles à interpréter. Selon les analyses génétiques menées depuis dix ans, il y aurait une « Ève canine », issue soit de Chine, soit d'Europe. Mais les archéozoologues privilégiaient l'hypothèse d'une domestication multiple.

 

Une étude pluridisciplinaire conduite par 29 chercheurs internationaux en apporte la preuve. C'est un fonds exceptionnel qui comprend 59 séquences d'ADN mitochondrial de chiens européens âgés de 3000 à 14 000 ans ainsi que le génome d'un chien vieux de 4800 ans découvert en Irlande. Ces données ont été comparées au génome de 2500 chiens modernes. Les résultats montrent l'existence d'au moins deux origines indépendantes : l'une en Europe de l'Ouest, l'autre en Asie orientale, respectivement vers -15 000 et -12 500 ans.

 

De sorte que les hypothèses concurrentes se voient ainsi conciliées. La domestication multiple confirme que des interactions fortes ont existé entre les chasseurs-cueilleurs du paléolithique et les loups, produisant des résultats comparables dans des régions éloignées. Elle permet aussi de mieux expliquer la diversité génétique des chiens actuels.

 

Sources :

 

- Barnéoud L. (2014). - Origine, domestication, diversité… Les nouveaux mystères du chien. Science & Vie, Avril 2014, n° 1160, pp. 78-83.

 

- Clutton Brock J., Jewel P. (1993). - Origin and domestication of the dog. In Miller’s anatomy of the dog 3ème ed. W B Saunders in H. E Ewans, 1993, 21-31.

 

- Germonpré M. et al. (2009). - Fossil dogs and wolves from Palaeolithic sites in Belgium, the Ukraine and Russia : osteometry, ancient DNA and stable isotopes, Journal of Archaeological Science, vol. 36, pp. 473-490, 2009.

 

- Jouventin P. (2012). - Kamala, une louve dans ma famille, Flammarion, 2012. et http://kamala-louve.fr/

 

- Jouventin P. (2013). - La domestication du Loup, Pour la Science n° 423 janvier 2013, 42-49.

 

- de Landry J.-M. (2006). - Le loup, Delachaux & Niestlé.

 

- Néault L. S. P. (2003) . - Entre chien et loup : étude biologique et comportementale. Thèse vétérinaire. Université Paul Sabatier, Toulouse.

 

- Papet R. & Duchamp Chr. (2005) - Rapport Réseau Grands Carnivores.

 

- Schilling D., Singer D. & Diller H. (1986) - Guide des Mammifères d'Europe 284 p. Delachaux & Niestlé Éd.

 

- Teroni E. et J. Cattet J. (2004). - Le chien, un loup civilisé, Les Éditions de l'Homme.

 

- Vadrot C.-M. (2009). - Le roman du loup, Les Éditions du Rocher.

 

08/03/2014

Usage massif des OGM aux États-Unis : pas de réduction des herbicides

Usage massif des OGM aux États-Unis : pas de réduction des herbicides

(Sciences et Avenir n° 806 Avril 2014, p.18)

 

Le Département américain de l'agriculture vient de publier le bilan de plus de quinze ans de culture d'organismes génétiquement modifiés, les premières semences ayant été commercialisées en 1996. Ce document montre que, si au cours de ces quinze ans, les cultures OGM ont progressé aux États-Unis, seule l'utilisation des insecticides a baissé. En revanche l'usage massif des OGM n'a pas limité les herbicides. En somme, les agriculteurs américains ont adopté ces cultures pour augmenter la production et non pas pour réduire les pesticides.

 

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Certes, le succès des plants génétiquement modifiés auprès des agriculteurs américains est incontestable, mais le bilan est mitigé. Si le coton, le soja et le maïs OGM sont utilisés massivement, c'est en raison de leur rendement supérieur et non pour diminuer le recours aux pesticides.

 

Si, par ailleurs, la réduction des insecticides est réelle, elle est due principalement à une baisse très importante des populations de pyrales, des papillons ravageurs du maïs et d'autres plantes cultivées, laquelle profite aussi aux cultures non OGM. De plus, la création de zones non OGM a permis de limiter l'émergence de résistances aux pesticides chez les insectes.

 

En revanche, des résistances aux herbicides sont apparues pour 14 "mauvaises herbes", ce qui a contraint les agriculteurs à maintenir les épandages chimiques.

07/03/2014

Braconnage du lynx dans le Jura : Athénas et Férus envoient une lettre ouverte au préfet

lynx,braconnage,athénas,férusBraconnage du Lynx dans le Jura : Athénas et Férus envoient

une lettre ouverte au préfet

 

Mise à jour du 25 avril 2014

 

Suite à la découverte d'un cadavre d'un lynx le 27 janvier 2014 dans le belvédère de Granges de Ladoye, les associations Athénas[1], et Férus[2] demandent à l'État de se positionner de façon ferme et publique contre le braconnage du Lynx. Ce jour-là, un adhérent du centre Athénas découvrait un cadavre de lynx dans le belvédère de Granges de Ladoye. Alors qu'il était dissimulé par les branchages, une équipe de l'association récupère l'animal mort, et le signale immédiatement à l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS).

 

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Rappelons que le lynx est un animal protégé en France depuis 1976. "Il n'y a pas de doute, le tir est celui d'un chasseur. Les auteurs se sont débarrassés du cadavre, mais il a été retenu par des branches" explique Gilles Moyne, directeur du centre Athénas. "Un examen superficiel, puis une radio et l’autopsie réalisée au Laboratoire Départemental d’Analyses confirment que l’animal a été exécuté dans les règles de l’art, par une balle qui a traver l'épaule et le thorax. L'autopsie a estimé une date de tir remontant au 10 janvier 2014. C'est un tir très académique et intentionnel. D’après nos sources, il s’agit de façon certaine de la femelle de MIREBEL, rendue célèbre par le laisser-faire de l’administration de 2010 à 2012 et par un éleveur qui a touché des indemnisations durant plusieurs années sans s’acquitter de la contrepartie pour laquelle il était subventionné, à savoir la nécessaire protection de son exploitation. Résultat de cet acte illégal et imbécile, deux jeunes non émancipés qui, livrés à eux mêmes risquent… de rechercher des proies domestiques, plus faciles à capturer, ce que semble déjà avoir fait l’un d’entre eux à Vatagna (commune de MONTAIGU-39)".

 

Le braconnage de cet animal dans le Jura serait d'après lui un problème récurrent. Selon les données du centre Athénas et celles de l'ONCFS, une cinquantaine d'individus auraient été tués en 20 ans. L'association a porté plainte et l'enquête de l'ONCFS suit son cours. "Avec Férus, nous avons souhaité interpeller le préfet du Jura sur la problématique du braconnage. Elle est sous-estimée, la situation est préoccupante. Dans les Vosges, on sait que l'espèce a disparu à cause au braconnage. On note des signes inquiétants chez nous, à l'instar de la recrudescence de jeunes lynx orphelins, non émancipés, dont la mère a disparu brutalement".

 

La population dans le Jura serait estimée à une quarantaine d'individus adultes, concentrés uniquement sur le massif du Jura, autre signe alarmant. "Nous avons une responsabilité dans la conservation de l'espèce. Nous demandons au préfet et à l'État une condamnation ferme et publique, avec la mise en œuvre de moyens dédiés à la lutte contre le braconnage, et aussi que tous les moyens soient mis en place pour retrouver les auteurs".

 

À notre connaissance, cette missive postée le 5 mars 2014, est toujours sans réponse.

 
 

Ajout du 25 avril 2014

 

À cette lettre ouverte, M. Christian Lagalice, président de la Fédération Départementale des Chasseurs du Jura apporte un droit de réponse :

 

Dans ce texte, il est écrit "il n'y a pas de doute, le tir est celui d'un chasseur". Je m'insurge contre de tels propos que rien ne permet, aujourd'hui, d'étayer. De plus, les conditions opaques dans lesquels l'information a été portée à la connaissance du public - le Président de la Fédération Départementale des Chasseurs en a été informé près d'un mois après les faits - laissent plausibles toutes les hypothèses - L'enquête doit se dérouler dans la sérénité : s'il s'agit du tir d'un chasseur, la Fédération, comme elle l'a déjà fait, condamnera cet acte et se portera partie civile. S'il s'agit du tir d'une autre origine, nous porterons plainte auprès de l'auteur de ces propos pour diffamation. Dans tous les cas, au-delà du simple mot "braconnage" qui sous-entendrait une certaine complaisance que nous ne tolérons pas. Il s'agit d'un délit qui doit être sévèrement réprimé.

 

La Fédération Départementale des Chasseurs du Jura, association agréée au titre de l'environnement ne laissera pas salir le monde de la chasse par des groupements dont le but réel est de réduire l'activité cynégétique, même à travers la diffusion d'informations erronées sur la situation du lynx.

 

En effet, le "Bulletin lynx du réseau" de 2013, réalisé par l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, écrit à ce sujet très clairement que "le cœur historique jurassien de présence de l'espèce est de plus en plus consolidé. Les mesures récentes de la densité du lynx confortent cette évaluation positive du statut local de l'espèce." On voit donc bien l'intérêt partisan d'une telle prise de position de ces deux associations allant à l'encontre des évaluations officielles.



[1] Centre de soins aux animaux sauvages localià L'Étoile dans le Jura

[2] Association nationale de protection et de conservation de l'ours, du lynx et du loup en France

Hommage à Jean-Claude Robert

Hommage à Jean-Claude Robert

 

par Jean-Yves Cretin

 

[Cet hommage a été lu par Jean-Yves Cretin lors des obsèques de Jean-Claude Robert

le 17 février 2014]

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La dernière fois que j’ai eu à faire le panégyrique de Jean-Claude, c’était lors de son intronisation chez les « Compârs de la St Vincent » à Champlitte, et je peux vous jurer qu’alors ça avait été plus facile qu’aujourd’hui.

 

Je l’ai rencontré pour la première fois en septembre 1965, lors de la première séance de TP de BA, qui portait sur les os des vertébrés. J’étais doué en dessin et bon observateur, c’était facile, et à mon avis je valais 19 ! Je n’ai eu que 12. J’avais sans doute mélangé les apophyses et fait quelques arrondis… Vexé tout de même, j’ai pourtant vu que Jean-Claude écrivait en annotation : « Vous pouvez faire de très bons TP » !

Déjà visionnaire…

 

Jean-Claude était alors assistant au laboratoire de Biologie et Écologie Animale, dans l’équipe du professeur Pierre Réal, et cette discipline était un enseignement tout nouveau à l’Université.

 

Il aurait pourtant dû être horloger, comme son père ou son grand-père, venu de Suisse à une époque où les échanges de compétences étaient inversés par rapport à aujourd’hui. Comme son frère Jacques – qui deviendra patron d’une entreprise horlogère – il suit ses études à l’École d’Horlo, et passe un Bac technique. Très bon dans cette discipline, ses talents de bricoleur et surtout d’inventeur vont lui servir dans sa carrière future, car il construira divers pièges plus ou moins sophistiqués qui permettront plus tard l’étude de la faune des insectes en particulier.

 

Mais la Nature le tenait déjà par la main : avec Gérard, ils capturaient des coléoptères et parcouraient les haies à la recherche de nids d’oiseaux dont ils collectionnaient les œufs ; avec Jacques c’est un pêcheur acharné (en barque !) et également un chasseur, mais cette dernière activité est vite abandonnée. Quelle n’est pas sa surprise quand il découvre bien longtemps après, au détour d’une conversation entre son père Marcel et Claude Caussanel qui dirigeait alors le Muséum d’histoire naturelle de Paris, lors de l’inauguration de l’Insectarium de la Citadelle, que celui-ci gamin a aussi été collectionneur de coléos ! Inutile de se demander pourquoi son fils Jean-Yves en a ensuite fait autant…

 

Il se retrouve donc en Fac de Sciences, et c’est sur les bancs de la Place Leclerc – ce sont actuellement toujours les mêmes bancs, d’ailleurs – qu’il rencontre Monique. C’est une matheuse, qui elle aurait dû être en Taupe ! Le Hasard qui guide la vie a de drôles de manières pour rassembler les êtres…

 

Il est avec d’autres enseignants et étudiants, membre de ce qui n’est alors qu’un groupuscule animé par Jean Guichon, le Groupe des Jeunes Naturalistes de Rougemont (GJN), une association d’amoureux de la Nature et particulièrement des oiseaux, mais une pépinière de naturalistes à laquelle nous sommes nombreux à être redevables d’une bonne partie de ce que nous sommes. Il y a là des gens qui ont marqué leur époque et dont les compétences sont venues se compléter harmonieusement dans des activités où la nature et l’intérêt général étaient toujours placés en premier. Je n’ose pas donner de noms, de peur d’en oublier, mais je vois ici les visages familiers de bien de ces anciens jeunes naturalistes, toujours fidèles. Le GJN devient une seconde famille. Les amitiés qui se nouent alors sont solides et durables, toujours empreintes de cette ambiance de camaraderie familiale par-dessus tout humaniste et naturaliste. Avec cette équipe ouverte à tous, et tout en prospectant la Franche-Comté dans ce qu’elle a de milieux exceptionnels, nous découvrons tous les ans une nouvelle région de France et apprenons pour beaucoup notre futur métier. Jean-Claude comme Monique partagent leur savoir, leurs temps libres et leurs vacances aussi bien avec les amis qu’avec des jeunes en rupture, à qui ils vont donner ou redonner goût aux études, et Rémy, par exemple, deviendra un sculpteur et créateur renommé.

 

Jean-Claude un maître ? Il n’aimait pas ce mot-là ! Un père ? Non. Un frère ? Pas mieux ! Un ami ? Trop insuffisant. Un double ? Non plus. Un complément ? Ça se rapproche… comme dans une enzyme, lui la protéine et moi le substrat… Symétrique ? En quelque sorte. Michel propose « complice » ? Ce n’est pas loin. Il nous arrivait de penser la même chose au même moment. Déjà quand Jean-Yves a disparu, nous avons pu évoquer en quoi nos relations de père à fils étaient complexes et pleines d’une pudeur qui tente de masquer la profondeur des sentiments.

 

Profondément humain, simple, modeste, sérieux, ayant le sens de l’humour, bon public même quand je racontais des âneries, d’honnêteté scrupuleuse, charitable, jovial, amical, serviable, précis et à l’esprit synthétique et fédérateur, pédagogue curieux, homme de convictions, engagé, c’était aussi un artiste et un esthète, aussi bon peintre que fin sculpteur. Il eût été sans défaut si son bureau, chez lui comme à la fac, n’avait ressemblé un véritable capharnaüm ! Mais à la surprise générale il retrouvait en un instant ce qu’il cherchait… toutefois ça ne marchait pas à tous les coups. Méticuleux, il se faisait une check-list comme dans les avions avant le décollage, pour ne rien oublier. Mais que de choses a-t-il pu perdre… ses lunettes, qu’il cherchait alors qu’il les avait sur le front, son appareil photo, ses clés, son sac ! Lors de notre périple à Madagascar, il avait laissé son bagage à l’abandon dans l’aérogare, et en guise de vérification expérimentale, nous avons, rigolards, attendu le dernier moment pour le lui rappeler : sinon il serait parti sans ! Mais il retrouvait : ayant égaré une année son couteau en allant aux champignons, il l’avait récupéré l’année suivante car il se souvenait dans quelles conditions il supposait l’avoir perdu.

Ça ne s’était toutefois pas arrangé avec l’âge, et il suffit de regarder l’écran de son ordinateur pour s’en persuader !

 

C’était pourtant un remarquable observateur, ayant le flair ou l’instinct pour repérer ce que l’on avait pas encore vu ou pressentant qu’il devait y avoir « dans un coin comme ça » telle plante ou tel insecte.

 

Secret et sensible en même temps, il n’évoquait sa vie intérieure et sa spiritualité que lors de coups durs ou lors de circonstances particulières libérant la pudeur de ses sentiments.

 

Excellent ornithologue – il était un des 4 ou 5 bagueurs d’oiseaux en Franche-Comté travaillant avec le CRBPO – botaniste, géologue, entomologiste généraliste mais spécialiste des papillons de jour comme des papillons de nuit, il était surtout captivé par le fait d’en comprendre le fonctionnement : le profil parfait d’un écologiste.

 

L’esprit fertile, il fournira des thèmes et/ou participera aux travaux de recherche d’une bonne vingtaine d’étudiants et de collègues, et sera tout au long de sa carrière l’animateur d’un groupe de chercheurs. Toujours en avance d’une idée ou d’une proposition, pour faire avancer, pas pour la gloire.

 

L’Écologie est à la mode dans les années 70-80, et tenter de comprendre le fonctionnement des écosystèmes, c’est chercher aussi à les conserver en bon état de marche, puisque nous y sommes insérés. C’est donc mieux les connaître : en plus des approches théoriques, Jean-Claude prône l’appui de la pratique. Sont alors proposés des stages, y compris avec les étudiants de première année, stages qui sont inimaginables maintenant, en ces temps de vache maigre de l’écologie dont tout le monde parle mais dont bien peu se soucient d’en mettre en pratique les enseignements ! Ces stages de terrain se déroulent dans le Midi de la France (Luberon, Alpilles, Sète…) ou les Alpes ou le Massif Central ou à Luc/Mer… et c’est là que se parfont les connaissances.

 

Le grand moment est la création de LA Station biologique de Bonnevaux, à l’initiative de Pierre Réal et avec l’appui de l’Université. Dans cet ancien moulin aménagé pour la circonstance, des générations d’étudiants, d’enseignants et de chercheurs vont se succéder pour découvrir le Bassin du Drugeon et le Haut-Doubs, ses tourbières et zones humides, ses lacs, ses forêts, ses pâturages et ses pelouses sub-alpines au Mont d’Or… Jean-Claude y assure un service à mi-temps, et se dévoue sans compter. La renommée de LA Station dépasse les frontières et nous recevons des étudiants et collègues de toute la France et de la Suisse si proche, n’est-ce pas Marcel ? Tous les ans, Jean-Claude pilote les stages d’Orsay, de Strasbourg ou d’ailleurs.

 

Parmi les multiples anecdotes que rapporte le fameux Livre d’or, un livre pour nous à l’image d’une Bible, qui contient une partie de l’existence de Jean-Claude et de la nôtre, celle qui l’avait mis hors de lui à l’origine mais l’amusait par la suite était cette fameuse rumeur du lâcher de vipères… Les travaux de Guy Naulleau et d’autres chercheurs les conduisaient à récolter dans la nature pour analyse puis relâcher après marquage les vipères péliades si typiques du secteur pour en connaître l’écologie. Mal interprétés par certains observateurs locaux, ces comportements étaient devenus « un bruit » qui avait fini par se répandre, et un instituteur de Bouverans s’en était ému en écrivant et reprochant vertement à Jean-Claude de « relâcher des vipères dans les framboisiers » et évoquant les risques afférents. Le phénomène, malgré quelques mises au point, devait gagner en amplitude pour culminer fin des années 90 avec des lâchers par hélicoptère de milliers (‘25 000 à Pontarlier’) de reptiles obtenus par élevage. Son hilarité était au maximum quand on se remémorait qu’un collègue chimiste – qui n’avait sans doute pas inventé la molécule d’eau tiède – nous le reprochait encore des années après, même pas étonné quand je lui affirmais que le plus dur n’était pas d’élever des vipères, mais de monter et démonter sans être vus l’hélicoptère dans la cour de LA Station…

 

Si à la recherche universitaire – les publications du CUER par exemple en font preuve – s’associait étroitement l’enseignement, Jean-Claude pressent qu’il est nécessaire de prolonger vers le grand public les connaissances scientifiques, de les mettre à disposition de tous. Pour répondre à cette préoccupation, il participe avec Francine en 1981 à la création du Centre d’Initiative en Environnement, dont Claude Ledentu devient le premier président. Ce CIE, étant donné les compétence locales, devient dès 1982 le CPIE, encore actif dans le Haut-Doubs et installé actuellement à la Rivière-Drugeon, et dont Jean-Claude est membre fondateur d’honneur. À son origine, les animateurs permanents sont d’excellents étudiants naturalistes bisontins, renforcés par Patrick Giraudoux et Max André, alors tout jeunes professeurs de Sciences Nat et qui sont détachés par l’Éducation Nationale grâce à l’amical concours de Mlle Cadet, notre estimée « Miss ».

Ce flux de naturalistes en formation fait qu’encore à l’heure actuelle, il est difficile de se rendre à une réunion ou un colloque national sans rencontrer quelqu’un qui, à l’évocation de LA Station, ne dise pas « J’y étais » !

Il souffrira terriblement de l’abandon en rase campagne par l’Université et la Fac de LA Station, fusillée par les contraintes budgétaires des années 2000 et la pression du « niveau » des publications. Mais – avec d’autres, bien sûr – il avait tracé un sillon, qui va conduire à fédérer les naturalistes de tous poils vers une excellente connaissance du Haut-Doubs, aboutissant à l’établissement de zones de protection des milieux tourbeux et marais, de Réserves naturelles, ayant conduit très logiquement vers la dé-rectification du Drugeon, ce qui fait qu’à l’heure actuelle c’est la région du Doubs la mieux connue d’un point de vue scientifique. S’il y existe des sites Ramsar, des ZICO, des ZNIEFF et autres Natura 2000, il en est un des auteurs principaux, ce que beaucoup oublient – involontairement –, tant il a su être discret et anonyme en « jouant collectif ». Par une ironie du sort qui m’a toujours réjoui le cœur et dont il était finalement heureux, même désabusé, ces milieux tourbeux abandonnés par l’Université sont devenus le théâtre de projets de recherche internationaux, le Projet PEATWARM, qui plus est co-animé par l’ami Daniel, le jeune chercheur qui lui a succédé à son poste à l’Université. L’étude porte sur l’évolution des tourbières en tant que « puits » ou « sources » de carbone, un des paramètres concernant la lutte contre les perturbations climatiques qui engagent l’avenir des jeunes générations ! Quel plus bel hommage à l’ensemble de son action pouvait lui être rendu par le Hasard dont j’évoquais la main dans les premières lignes…

Entomologiste-bricoleur ! Il conçoit et trace les plans de nombreux et divers matériels, réalise des dispositifs ingénieux pour récupérer faune du sol, récolter les insectes émergeants ou attirer ceux qui sont sensibles à l’infrarouge pour Odile, invente le filet articulé pour Claudine, conçoit et fait construire un piège lumineux automatique attirant les papillons de nuit, le travail essentiel de sa thèse. Cherchant à caractériser les peuplements d’insectes, il invente des pièges directionnels à UV cette fois légers et démontables (l’ancien nécessitait tout le volume de la petite « 4L bleue » du Labo plus une remorque !), mais son grand œuvre, comme on le dit de la réalisation maîtresse des « compagnons », c’est le PEC, pour « Piège Entomologique Composite », qu’il adapte à toutes les situations, au sol, à mi-hauteur ou dans les arbres, et qui fournira matière à deux thèses, celle de Jean-Yves qui testera la méthode et de Fred qui l’appliquera en Forêt de Chaux. Ce dispositif sera utilisé aussi bien dans les forêts primaires à Madagascar ou en Amérique du Sud, ou encore sur certains îlots battus des vents de l’Océan Pacifique. En Franche-Comté aussi, la mise en action de ses inventions permet de faire ressortir l’intérêt des milieux originaux, dans les parcs naturels, les réserves, les ZNIEFF et autres sites remarquables : toujours ce souci de connaître pour mieux respecter et si possible « gérer » ensuite pour conserver en bon état de fonctionnement. Dans les carrières et sablières, « les milieux bouleversés » qu’il s’est attaché à étudier finement, ces matériels sont utilisés pour décrire et mettre en évidence leur intérêt pour une faune remarquable, pionnière pour partie, mais aussi d’une certaine façon « relictuelle », en préconisant ensuite des façons de ré-aménager après exploitation. Toujours simple et précis dans ses exposés, il arrive à convaincre dans les administrations, les collectivités territoriales ou auprès des professionnels de l’intérêt de connaître mieux les milieux.

 

Il fonde l’OPIE de Franche-Comté dont il a été le président fidèle, une association qui va servir de référence en entomologie, avant que quelques ombres ne surviennent dernièrement. Son entregent a créé des liens et des relations fortes, son érudition et ses compétences attirent bien des chercheurs de haute volée comme des amateurs éclairés ou des élus. La moisson constante de données se prêtant à une exploitation informatique, il suggère la mise en forme de ces connaissances par des Atlas destinés aux spécialistes et aux curieux. Il est en particulier parfaitement à l’origine d’un projet d’Atlas des papillons comtois, qui s’étendra ensuite à la Bourgogne sous le nom d’Atlas des papillons diurnes de Bourgogne et Franche-Comté qui va sortir cette année.

 

Il participe aux activités scientifiques de la plupart des mouvements associatifs naturalistes, SHND, LPO, SBFC, à des sorties botanico-entomologiques – à moins que ce ne soit l’inverse – entre « anciens » (Joël, Jean, François, et Serge Nicole, un excellent dessinateur naturaliste), ou organisées par Serge Rousset en immersion dans des sites remarquables des Alpes ou des montagnes du Midi. C’est d’ailleurs peu après notre retour du Luberon en juin dernier que les symptômes de sa maladie se déclareront.

 

Après l’arrivée de Roland Albignac à la tête du Labo, il découvre Madagascar : durant deux mois il y étudie les insectes forestiers sur la côte Est, en recréant ex abrupto le matériel qu’il avait emporté mais qui lui avait été volé à l’arrivée, et ce grâce à son habileté et à l’aide de bambous et de bouts de ficelle ! Il y crée de nombreux liens scientifiques comme personnels, et y retournera plusieurs fois avec Jean-Yves, avec nous lors d’une virée en 2009, la dernière fois lors d’une bien trop rude épreuve pour y déposer les cendres de Jean-Yves.

 

C’est aussi un amoureux des grands espaces de l’Afrique que lui fait découvrir Manou et qu’il parcourt avec Stéphanie, et d’où il revient toujours enchanté mais tourmenté par ce qu’il s’y passe.

 

On serait incomplet si on oubliait sa passion pour les fruits, étonné à l’origine par la richesse et la diversité du verger de Jean Ducret à la Piroulette, alors que Jean-Louis Choiseul, le créateur de l’Association des Croqueurs de pommes de Belfort ou Philippe Girardin en Alsace viennent d’attirer l’attention sur leur disparition. Une poignée de pomologues à Besançon et ses environs est en train de se structurer et c’est tout naturellement qu’il en devient un des animateurs. C’est sa dernière passion. C’est aussi grâce à elle que nous avons pu encore communier lors des derniers mois avec sa manière d’appréhender la nature.

 

Durant ces 40 ans de présence naturaliste, Jean-Claude a, à l’évidence, joué un rôle dans la prise en compte de l’environnement comtois. Il laisse de multiples traces de son passage dans les cœurs et sur le terrain de la connaissance. Ses successeurs tâcheront de poursuivre dans cette voie, qui s’il faut en croire la tournure des événements, s’avère de jour en jour plus malaisée… C’était aussi l'un de ses soucis.

 

Jean-Yves Cretin

14/02/2014

Programme 1, 2, 3… Nature 2014

Le programme "1,2,3...Nature" 2014 vient de paraître !
Le service environnement est heureux de vous le présenter.
Vous pouvez le télécharger sur ce lien ou sur le site de PMA rubrique « environnement ».
 
Le programme papier est disponible à l'Office de Tourisme de Montbéliard, dans vos mairies, à la Damassine ainsi qu'à l'accueil de PMA. Je me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions.

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Fuite à la centrale nucléaire de Chooz

Une fuite à la centrale nucléaire de Chooz ? Rien de grave Monsieur le juge, juste quelques milliers de litres d'acide sulfurique !

 

Le 29 décembre 2011, la centrale nucléaire de Chooz a constaté une importante fuite d'acide sulfurique vers le réseau d'eaux pluviales du circuit de traitement antitartre des tours de refroidissement. En cause : des négligences dans l'exploitation et la maintenance des équipements. Cette pollution des eaux inacceptable ne doit pas rester impunie ! Le Réseau "Sortir du nucléaire", FNE et Nature et avenir se sont constituées parties civiles le 26 mars 2014 devant le Tribunal de police de Charleville-Mézières.

La centrale nucléaire de Chooz B, qui comprend deux réacteurs parmi les plus récemment construits en France, est implantée au bord de la Meuse, dans la pointe nord du département des Ardennes, à 10 km de la Belgique. Cette proximité avec la frontière explique-t-elle le peu d'efforts mis en œuvre par EDF pour maîtriser les fuites ?  En effet, le 29 décembre 2011, au point de rejet en Meuse des eaux pluviales collectées sur le site, EDF a détecté un pH anormalement acide, de l'ordre de 1,5. Selon les prescriptions en vigueur, celui-ci aurait dû être compris entre 6 et 9. En cause : une fuite provenant du circuit de traitement antitartre à l’acide sulfurique des tours de refroidissement. Le rejet avait vraisemblablement débuté le 6 décembre 2011 lors du redémarrage du réacteur n° 1 et des installations de traitement des tours de refroidissement. Selon les estimations d’EDF, jusqu’à la détection, entre 250 et 600 litres d’acide sulfurique ont été rejetés par jour dans la Meuse !

Des négligences et pollutions à répétition qui ne doivent pas rester impunies
Le 9 janvier 2012, lors d’une inspection destinée à examiner les circonstances et les conséquences de cette importante fuite, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a constaté de nombreuses négligences dans l’exploitation et la maintenance des équipements : pièces non conformes, tuyauteries rouillées... Par ailleurs, selon une autre inspection de l’ASN, l’acide ayant transité par une butte de terre, une pollution de la nappe phréatique n’est pas exclue. EDF ne peut affirmer que ces rejets n’ont " aucun impact sur l’environnement ", l’acide sulfurique étant connu pour ses propriétés corrosives. Cette pollution est d’autant plus révoltante que la centrale de Chooz est coutumière du fait. Déjà, en 2005, une députée belge avait dénoncé une hausse soudaine de la radioactivité des eaux captées en aval dans la Meuse. Et il semble qu’aucune précaution particulière n’ait été mise en œuvre pour éviter ces rejets :
en avril 2013, une nappe d’hydrocarbure de 50 m2 a été rejetée dans la Meuse, suivie en  juillet 2013 d’un deuxième rejet d’acide sulfurique (1) !

Cette impunité est inacceptable
Le Réseau "Sortir du nucléaire" a porté plainte pour pollution des eaux. Cette plainte ayant été classée sans suite, il a fait citer directement EDF devant les juridictions de jugement. France Nature Environnement et Nature et Avenir se sont constituées parties civiles. L’affaire sera examinée par le Tribunal de police de Charleville-Mézières, le 26 mars 2014, à 9 h.
 
(1) Le Réseau “Sortir du nucléaire“ a également porté plainte pour ces deux dernières affaires :
http://www.sortirdunucleaire.org/Chooz-fuite-hydrocarbure
 http://www.sortirdunucleaire.org/Chooz-fuite-acide-2

11/02/2014

Désherbage chimique

Pas de place pour les herbes folles

 

par Dominique Delfino

 Photographe naturaliste et animalier

 

C'est en animant dernièrement un stage photo nature à Montbéliard que j'ai saisi cette image surprenante. Avec le groupe que je conduisais le long du canal du Rhône au Rhin à la recherche de sujets photographiques, la vision de ce qui me semblait être un astronaute sur la lune m'a stupéfié.

 

Et pour cause : le travail que cet employé est en train de réaliser impose une tenue de grande rigueur, le traitement chimique réalisé dans l'aménagement de l’extension d'un grand parc urbain à vocation.

 

À quand des aménagements, où l'on puisse observer et évoluer au cours du temps la dynamique végétale naturelle où s'impose une biodiversité riche d'une flore et d'une faune unique au sein d'espaces non aseptisés !

 

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08/02/2014

Massacre de haies dans le pays de Montbéliard

Pas de sentiments pour les haies

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

C'est un véritable massacre végétal que l'on peut constater dans la pâture qui borde l'A36 avant la Savoureuse sur la commune de Vieux-Charmont.

 

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À mon retour de voyage, je constate que l'ensemble des haies et massifs buissonnants qui caractérisaient le biotope de cette pâture, avaient été coupés. En me rendant sur place, le spectacle de désolation est à son comble. Ce sont près d'une centaine de massifs qui ont été arrachés, déracinés, broyés, laissant place nette, seuls les pylônes électriques sont encore debout, mais il s'en fallait de peu !

 

Le service environnement de PMA me confirme qu'il avait également constaté cet état de faits mais que les terrains sont totalement privés sans contrôle de leur services.

 

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Alors qu'aujourd'hui, l'intérêt majeur que représente les haies n'est plus à démontrer, ce type de gestion radicale d'un milieu naturel est grave de conséquences pour la faune locale surtout dans un secteur au contact de l'agglomération montbéliardaise.

 

 La Pie Grièche-écorcheur, espèce protégée dont les effectifs se font de plus en plus rares, trouvait là le biotope idéal. Il est dorénavant sûr de ne plus la revoir comme d'ailleurs d'autres espèces dépendantes de ces milieux ouverts clairsemés d'espaces buissonnants devenus rares sur le Pays de Montbéliard.

 

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Un très bon ami naturaliste me confiait, il y a quelques années que les hivers doux étaient souvent fatals pour la nature, car certains agriculteurs passaient leur temps à couper les vieux arbres et les haies à tort et à travers... La preuve en est.

07/02/2014

État sanitaire de la faune halieutique du Dessoubre, de la Loue et du Lison

État sanitaire de la faune halieutique du Dessoubre,

de la Loue et du Lison

 

(dernière mise à jour : 18/05/2014)

 

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Fonds colmatés du Haut Dessoubre

(clichés collectif LRC pris le 13 novembre 2011)

 

Les clichés ont été réalisés dans la Loue au Miroir d'Ornans et à l'embouchure de la Bonneille

le 14 novembre 2011 par le Collectif LRC.

 

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Truites victimes d'un Oomycète : Saprolegnia parasitica

(Clichés collectif LRC)


 

La série de clichés ci-dessous a été réalisée le 22 novembre dans le Lison, à Nans sous Sainte-Anne, à quelques hectomètres de la source. Les fonds à galets sont colmatés par une couche brunâtre peu ragoûtante.

 

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Lison, Nans sous Sainte Anne

(Cliché collectif LRC)

 

De plus près, cette couche se révèle être une sorte de "végétation" qui ondule au gré de l'onde :

 

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Lison, Nans sous Sainte Anne

(Cliché collectif LRC)

 

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Lison, Nans sous Sainte Anne

(Cliché collectif LRC)

 

Une végétation qui ressemble à des queues de moutons !

 

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Lison, Nans sous Sainte Anne

(Cliché collectif LRC)

 

Eh bien, il s'agit de bactéries filamenteuses (Sphaerotilus sp.) qui abondent dans les milieux aquatiques fortement contaminés par des matières organiques : égouts, fosses d'aisance…

 

Comme la plupart des rivières jurassiennes qui naissent en milieu karstique, le Lison est une résurgence. La contamination provient d'en amont, c'est-à-dire par des rejets dans les nappes et rivières souterraines.

 

Pas étonnant que le Chevesne (Leuciscus cephalus) abonde à Échay, à 18 km en aval !

 

Quant à la Truite (voir cliché ci-dessous), elle est plus difficile à observer dans ce magma de Sphaerotilus où sa livrée se dissimule !

 

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(Cliché collectif LRC)

 

Comme le témoignent ces clichés, l'état sanitaire de nos belles rivières franc-comtoises ne s'améliore pas depuis un an.

 

En fin d'année 2011, afin de pallier cette situation sanitaire catastrophique, le préfet a décidé  de créer un comité des sages.

 

Le comité des sages sera présidé par Jean-François Robert, ancien président de l'Université de Franche-Comté et actuel président du CESER (Conseil économique, environnemental et social de région). Cette enceinte d'échanges et de réflexion aura deux mois « pour comprendre les mécanismes conduisant à ces phénomènes et proposer les pistes d’action les plus adaptées ». Il devra rendre compte en février 2012.

 

Le comité des sages comprendra, outre des scientifiques locaux et nationaux, des représentants des élus, du monde associatif, des industriels et des agriculteurs, choisis « pour leur connaissance du terrain et leur ouverture à la réflexion et au dialogue ». Il bénéficiera du concours de l’Agence de l’eau et des services de l’État.

 

Janvier 2014 : mortalité inexpliquée de truites dans le Dessoubre

 

Une dizaine de truites mortes, de nombreux poissons atteints de taches blanches assez semblables à celles dont avaient été victimes les truites de la Loue en 2010 ont été repérées par un riverain du Dessoubre au lieu-dit Moulin Girardot. Il s'agit sans nul doute de bactéries filamenteuses (Sphaerotilus sp.) qui abondent dans les milieux aquatiques fortement contaminés par des matières organiques. Et les épandages de lisiers dans le secteur sont évoqués par les riverains pour expliquer cette pollution.

 

Des poissons malades en période de fraie, ce n'est pas étonnant. Les truites sont fatiguées par cette période de reproduction, elles se frottent contre les pierres au fond de la rivière, d'où parfois l'apparition de maladies sur leurs écailles. Mais là, selon Stéphane Regazzoni, observateur régulier du Dessoubre, ce n'est pas normal. Dimanche, il a récupéré une truite morte mais aujourd'hui elles étaient une quinzaine. D'autres poissons sont malades à cet endroit situé à quelques kilomètres de la source entre Laval-le-prieuré et Plaimbois du Miroir. Dans ce secteur, le Dessoubre, à la station de Saint-Hippolyte 1, est en bon état écologique selon les données de l'Agence de l'eau collectées en 2011. Selon la présence de la faune et de la flore benthique, la qualité des habitats classe le secteur dans une bonne catégorie. Effectivement, le Dessoubre est une rivière encore appréciée par les pêcheurs à la mouche.


Jusqu'à présent le Dessoubre a été épargné par ce type de mortalité. Seule la Loue puis le Doubs franco-Suisse et la Bienne ont été touchés. Des événements relatés par le Blog de la Loue et des rivières comtoises. Ces mortalités ont été le départ d'une prise de conscience. Le Collectif Loue et rivières comtoises s'est créé, les élus du département et les services de l'état, poussés par les défenseurs de l'environnement ont mis en place des mesures pour améliorer la qualité de l'eau.

 

Source : Isabelle Brunnarius : Article de France 3 Franche-Comté (avec photos et vidéos)

 

La réaction de SOS Loue et rivières comtoises

 

Face à cette mortalité de plus en plus fréquente des poissons du Dessoubre, pour SOS Loue et rivières comtoises, la préfecture du Doubs "montre, une fois de plus, l’absence de prise en compte de la gravité de la situation". Pour l'association, l'Etat essaie de "gagner du temps dans l'espoir d'une amélioration". Elle répond à la préfecture du Doubs ce vendredi 17 janvier 2014.


"Le communiqué de presse de la préfecture du Doubs du 15 janvier 2014 montre, une fois de plus, l’absence de prise en compte de la gravité de la situation, alors que près de 400 km de rivières à salmonidés franc-comtoises sont touchées tour à tour par des mortalités massives. Gagner du temps dans l’espoir d’une amélioration semble être la principale méthode de l’administration préfectorale concernant le problème de la pollution gravissime de nos principales rivières à salmonidés, 4 ans après les premières mortalités.

 

En effet les trois propositions de la préfecture ne nous paraissent pas à la hauteur de la gravité de la situation :

 

  • « poursuivre et approfondir les études, mieux comprendre comment les pratiques agricoles impactent les transferts locaux d’azote et de phosphore ».

Pour le seul Dessoubre nous disposons de 23 études depuis 1990, soit environ 1/an qui abordent la plupart des aspects de la pollution de cette rivière. En dehors d’une amélioration (importante mais insuffisante) de l’assainissement à mettre au crédit des élus, la plupart des préconisations n’ont soit pas été mise en œuvre, soit ne sont pas respectées.

 

  • « définition d’un protocole de suivi en continu ou semi-continu sur la Loue pour mieux comprendre les flux et dynamiques de transfert de l’azote et du phosphore »

Voilà une mesure que nous réclamons depuis 4 ans dans toutes les instances ou nous sommes représentés et les réunions auxquelles nous sommes conviés. Cela nous a toujours été refusé, car prétendument inutile. Elle permettrait évidemment de lier les pics de pollution azote-phosphore aux épandages agricoles et aux défauts d’assainissements.

 

  • « approches sociétales pour mieux cerner les jeux d’acteurs et retrouver les conditions de dialogues entre eux »

Magnifique phrase aussi creuse qu’inutile, le dialogue entre les partenaires n’étant ni rompu, ni insuffisant au vu des multiples réunions qui ont eu lieu, et qui auront encore lieu, et les très nombreuses instances officielles ou l’on parle de la pollution. Le problème étant qu’on ne fait qu’en parler.

Quand au SAGE Haut-Doubs Haute-Loue, il existait avant les pollutions, il n’a pas pu les éviter, ni même les empêcher d’augmenter. Nous connaissons le contenu de la version suivante, elle ne s’attaque pas aux racines du problème.

 

Nous demandons solennellement que cesse le verbiage pour passer aux actes concrets et si l’approfondissement des connaissances scientifiques ne doit pas être remis en cause, elle ne doit pas être une excuse pour l’inaction, comme c’est le cas actuellement."

 

Ajout du 7 février 2014 : déversement illégal de lisier près de la source du Dessoubre

 

Pas étonnant que les truites crèvent et que le Dessoubre soit pollué. Un article de l'Est Républicain en date du 7 février 2014 nous fournit une explication.

 

Voir également à ce sujet le reportage de France 3 Franche-Comté  et le blog d'Isabelle Brunnarius !

 

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24000 litres de lisier répandus (Photo DR / Est Républicain)

 

Pollution - L’agriculteur en cause plaide « l’accident ». Le Département du Doubs porte plainte 24.000 litres de lisier déversés près de la source du Dessoubre.

 

Besançon. À ce niveau, on ne peut plus vraiment parler d’épandage… Mais de déversement totalement illégal de près de 25.000 l de lisier. Notre photo, prise par un garde de l’association de pêche de Saint-Hippolyte, à Cour-Saint-Maurice, mercredi 5 février à 17h15, témoigne de pratiques qui ont malheureusement la vie dure.

Au moment où les esprits sont exacerbés par la découverte de centaine de poissons touchés par la saprolégniose dans le Dessoubre (on est là directement au-dessus de la source), ce type de comportement est carrément suicidaire pour l’image même de la profession agricole, plus souvent qu’à son tour montrée du doigt lorsqu’il s’agit de désigner les responsables du niveau de pollution inquiétant atteint par les rivières de Franche-Comté.

 L’éleveur « très coopératif »

 Gérard Mougin, président de l’AAPPMA « Les deux vallées », qui nous a transmis ce document, le dit lui-même : « Les agriculteurs qui ne partagent pas la vue d’une telle conn…. doivent protester fermement, car elle salit leur réputation pour longtemps. Il faut qu’ils arrêtent de se dire tous vertueux et qu’ils prennent le problème à bras-le-corps eux aussi. »

 Injoignables mercredi soir, au moment où le garde à surpris le pollueur, les services de la police de l’eau se seraient depuis rendus sur place pour enquêter., après que Gérard Mougin ait adressé une missive bien sentie au préfet du Doubs.

 Dans ce courrier, M. Mougin rappelle l’action « SOS Dessoubre », menée en 1989 et qui avait recueilli plus de 13.000 signatures, le poids économique de la pêche dans le Doubs et prévient de « l’immense gâchis qui pourra être constaté avec tous les fleurons de la pêche de notre département au tapis ». Dénonçant la « politique de l’autruche » menée pendant des années, il demande qu’aujourd’hui soit refusée « toute autorisation pour la création ou l’extension de nouvelles porcheries », que l’on mandate du personnel pour qu’il « surveille, recense et verbalise réellement les actes délictueux en matière d’environnement », que l’on fasse respecter les plans d’épandage, que l’on prenne des mesures « concernant l’usage des herbicides et des pesticides », enfin, que l’État soit plus directif et au côté des communes en ce qui concerne l’assainissement.

 Hier après-midi, Claude Jeannerot a annoncé qu’il déposait plainte et que si l’auteur de ce déversement, « d’une particulière gravité », était identifié, il se « constituerait partie civile au nom des habitants du Doubs. En ma qualité de président du Département, je ne saurais tolérer ce type d’agissements qui jette un discrédit sur l’ensemble de la profession agricole et remet en cause l’action de la collectivité départementale en faveur de la qualité des eaux sur notre territoire. »

 On peut dire que les services de l’État ont réagi de manière très rapide sur ce dossier. Hier, l’éleveur de bovins a été identifié et il a reçu la visite de la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCSPP) de la gendarmerie et de l’Onema (la police de l’eau) pour un contrôle. « Il a été très coopératif » note Pierre Aubert, directeur adjoint de la DDCSPP.

 « Dans l’urgence »

 L’agriculteur aurait expliqué qu’il s’agissait d’un « accident ». Après avoir lavé la cour de sa ferme à grande eau, il a remarqué qu’une de ses cuves à lisier allait déborder et l’a vidangée. « Il a agi dans l’urgence. Alors qu’il disposait d’un plan d’épandage validé pour ce terrain. Le problème, c’est qu’il a plus déversé qu’épandu. En tout, trois fois huit mètres cubes (soit 24.000 l). Nous sommes en cours de rédaction du procès-verbal qui sera transmis au procureur de la République et on doit encore évaluer les conséquences environnementales. »

 Au-delà des faits, Pierre Aubert tient à préciser que cet acte malvenu « ne doit pas mettre en cause les actions engagées par la chambre d’agriculture du Doubs pour tirer les éleveurs vers le haut de pratiques responsables. Ce sont des faits rares qui ne reflètent pas l’ensemble des agriculteurs du département. »

 Fred JIMENEZ

 

 

28/02/2014 : un article d'Isabelle Brunnarius sur le blog de la Loue.

 

Tribune d’Éric Alauzet – Sur la pollution constatée dans le Dessoubre par Isabelle Brunnarius

 

 

Les multiples témoignages de pêcheurs ou d’autres personnes sur l’état de dégradation de nos rivières ne font qu’ajouter à la préoccupation ancienne et croissante des écologistes concernant nos rivières, le milieu naturel, la biodiversité, et plus généralement notre environnement.

 C’est aujourd’hui le Dessoubre qui fait tristement parler de lui après la Loue ou le Doubs franco-suisse. Mais il n’y avait objectivement aucune raison pour que l’ensemble de nos rivières ne soit pas touché. Le même constat sur d’autres rivières confirme bien qu’il s’agit d’un problème global. Les rejets agricoles pouvant constituer la goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà bien rempli.

 En cause, cela ne fait plus aucun doute, la multitude des rejets dans l’environnement, dont une partie liée à l’usage d’une quantité infinie de produits chimiques où la dose n’est pas le seul problème. L’effet « cocktail » par exemple, peut être largement en cause. Les produits sont tellement nombreux que personnes ne peut en évaluer les combinaisons possibles et les effets induits.  D’ailleurs, tous les produits chimiques ne sont pas tous identifiés ou tous mesurés. Les médicaments utilisés chez l’homme ou chez les animaux n’en sont qu’un exemple. Les effets sont potentiellement multiples, ne serait-ce que le développement des résistances aux antibiotiques dont on retrouve les métabolites dans le milieu naturel.

 Chacun doit se sentir interpellé dans sa vie personnelle, professionnelle ou autre. Il suffit de regarder sous les éviers, dans les maisons ou les appartements, pour comprendre. Et de recenser les différentes activités professionnelles, qu’elles soient agricole et agroalimentaire, sylvicole ou encore industrielle.

 L’interdiction qui a été faite pour les collectivités et les particuliers d’utiliser des produits phytosanitaires constitue un progrès. On peut toutefois regretter qu’elle n’entre en vigueur qu’en 2020 pour les premières et en 2022 pour les seconds. C’est le compromis sur lequel les parlementaires écologistes ont dû céder pour faire adopter cette loi *.

 Le réchauffement climatique constitue un facteur aggravant, et avec lui, la baisse des débits des cours d’eau liés aux perturbations climatiques ; le tout contribuant à un réchauffement de l’eau et à une moindre oxygénation du milieu. Des éléments qui peuvent expliquer l’intérêt de la suppression des barrages qui, en retenant l’eau, contribuent un peu plus à son réchauffement.

 Il ne faut pas non plus oublier que la pollution de l’eau peut également trouver son origine dans la pollution de l’air, qui véhicule des molécules qui vont se dissoudre dans l’eau [retombées sur les sols de polluants atmosphériques entraînés par la pluie par exemple (www.cnrs.fr)].

 L’artificialisation et l’érosion des sols du fait de l’urbanisation parfois anarchique, et l’absence de couverture végétale des terres agricoles pendant une grande partie de l’année contribuent à la concentration des pollutions ainsi qu’à l’accentuation des variations du débit des rivières, dont on a déjà signalé les effets négatifs précédemment. Tout se tient et se surajoute.

 Nous sommes bien dans la complexité et il faut l’accepter telle qu’elle est, même si cela ne facilite pas l’action publique.

 Les installations d’épuration de l’eau sont nécessaires, à condition d’être maintenues en bon état de marche, comme sont indispensables les bonnes pratiques de stockage et d’épandage des effluents agricoles. Mais nous n’échapperons pas à une remise en cause en profondeur et au nécessaire changement de notre modèle de développement. Cela concerne en particulier la fabrication et l’usage des pesticides, médicaments et autres produits phytosanitaires ; tout comme les standards de production du lait, des céréales ou du bétail. Il est également impératif de prendre en compte la nature du sol pour ne pas lui demander de donner plus qu’il ne peut donner, ou de recevoir plus qu’il ne peut encaisser, en particulier lorsqu’il présente une structure karstique sous-jacente.

 Nous sommes confrontés à une question écologique, et donc économique. Il serait temps d’arrêter d’opposer l’un à l’autre pour ne pas scier la branche sur laquelle est assise notre économie et reposent nos emplois. C’est un pacte que la société doit passer avec elle-même, un pacte solidaire, qui associe tous les acteurs. Un pacte où personne n’est montré du doigt. Soyons lucides et regardons les problèmes en face. Et si, ici ou là, une activité devait être ralentie ou fragilisée, c’est ensemble que nous devons nous engager à soutenir son adaptation, son évolution vers le modèle de production de demain, un modèle qui devra replacer la nature au centre, et l’homme à son écoute, d’une manière ou d’une autre. Laissons le progrès nous guider.

 

Éric Alauzet.

* http://ericalauzet.eelv.fr/niche-ecolo-lusage-des-produit...

 

Ajout du 8 avril 2014 :

Pollution par le lisier d'un ruisseau haut-saônois. Voir un premier article de France 3 Franche-Comté et un autre article sur le même sujet.

 

Voir également dans ce même blog :

 

- La santé du Doubs mise à prix

- La Loue en avril 2011

- Mortalité des poissons dans le Doubs

- l'alerte lancée par Pascal P.

- Menaces sur le Doubs franco-suisse

- Proliférations algales dans la Haute vallée du Doubs

- Prolifération de Cyanobactéries dans la Loue

- Pathologie des poissons d'eau douce

 

Ajout du 17 mai 2014

Manifestation organisée à Saint-Hippolyte pour dénoncer la pollution des trois rivières de la région : le Doubs, la Loue et le Dessoubre

 

Le samedi 17 mai 2014, la bourgade de Saint-Hippolyte, lieu du confluent Dessoubre-Doubs a été le cadre d'une manifestation à l'initiative du collectif Doubs Dessoubre et de SOS Loue et rivières comtoises.

Plus de 1500 personnes ont protesté contre la pollution de nos rivières comtoises.

Voir à ce propos le reportage de France 3 Franche-Comté.

 

Compte rendu de cette même manifestation par l'Est Républicain.

 

Trois rivières comtoises en danger (Est Républicain édition du Doubs 18/05/2014)

Deux mille personnes ont pris part, hier, à la manifestation organisée à Saint-Hippolyte pour dénoncer la pollution des trois rivières joyaux de la région : le Doubs, la Loue et le Dessoubre.

Journée de réflexion et de protestation, hier, à Saint-Hippolyte, petite cité de caractère située au confluent du Doubs et du Dessoubre. Deux rivières qui, avec la Loue, constituent le joyau de la Franche-Comté, et au-delà, tous s'accordant avec le sénateur-maire d'Audincourt, Martial Bourquin, pour les classer « parmi les plus belles d'Europe ! »

 L'élu, ceint de son écharpe tricolore, a fait mouche dans le public lorsqu'il a énoncé sa proposition : « Faire une grande expérimentation nationale dans les trois bassins versants du Doubs, de la Loue et du Dessoubre pour qu'enfin, on sauve nos rivières ! » Et il a été salué pas une salve d'applaudissements quand il a lancé : « Il faut interdire le Roundup ! Il doit être interdit car ce désherbant est un poison ! »

 Claude Jeannerot, hué

 La journée, avec des conférences le matin, un pique-nique champêtre à midi entre militants franco-suisses, une manifestation suivie par quelque 2.000 défenseurs de la nature et des rivières qui se sont regroupés au Clos Pascal pour entendre les orateurs, avait un caractère familial et bon enfant. Au micro, tour à tour, Serge Cagnon, maire de Saint-Hippolyte, Anne-Pantel, représentante des commerçants qui s'associent aux revendications des deux collectifs Doubs-Dessoubre et SOS Loue et rivières comtoises, organisateurs de ce rassemblement, Lucienne Merguin-Rossé, de l'ONG suisse Pro Natura et Marc Goux, de Saône-Doubs vivant, ont déploré l'état des trois rivières. Tous ont réclamé des mesures urgentes. « Pas des mesurettes », prises par « des politiques magiciens qui nous font croire que tout va bien ! »

 Christian Triboulet, animateur de Doubs-Dessoubre, a lu un message des paysans exprimant leur « volonté de travailler ensemble et de dégager des mesures pour l'environnement ». Avec un accueil positif à la clé. Sandrine Bélier, députée européenne surnommée, a-t-on appris, « Miss Biodiversité » à Strasbourg, a pris l'engagement d'inciter le Parlement européen à « s'interroger sur les sols karstiques en Franche-Comté et en Europe ».

 Seul le sénateur Claude Jeannerot, président du conseil général du Doubs, a été chahuté et hué par une poignée de participants apparemment mécontents du peu de résultats obtenus par la collectivité. « En trois ans, le conseil général a beaucoup fait et beaucoup dépensé... », a martelé l'élu. « Ouuuuhhh », l'a coupé un manifestant, tandis que dans le public certains lançaient . « Si t'avais tant fait, on n'en serait pas là ! ». Le président du département a dû hausser le ton et même se mettre en colère pour ramener le calme. Il a alors dit « assumer avec modestie et détermination » ces faibles résultats imputables, selon lui, aux « cinquante années passées à détruire ». « Alors, il faudra beaucoup de temps pour reconstruire », a  ajouté le sénateur Jeannerot, avant de conclure sur une note optimiste : « Rétablir la vie dans nos rivières, c'est possible ! ».

Un pôle-karst en Franche-Comté

 La présidente de la Région Franche-Comté, Marie-Guite Dufay intervenant en dernier, a volé au secours de Claude Jeannerot :  « Soyons unis. Ne nous laissons pas aller à l'intolérance », a exhorté la présidente, avant d'insister sur « le travail considérable fait par le conseil général, qui peut servir de base à l'organisation d'un débat sur l'eau », dans le cadre du « pôle-karst ». Réflexion que la Région souhaite initier rapidement.

 José GONZALVEZ

 

Vous pouvez également visionner des vidéos très fouillées au sujet des problèmes du Doubs à l'adresse ci-dessous :
Le lien: http://www.pronatura-ju.ch  et choisir le fichier Doubs.

 

Les pollutions agricoles et domestiques sont mises en cause pour expliquer l'état lamentable de nos rivières. Or un petit tour de passe-passe a été commis pendant les vacances de Noël 2011 par le Ministère de l'Agriculture !


À peine croyable : c'est en pleine période de fêtes de Noël et du Nouvel An que le ministre de l'agriculture a choisi de "consulter le public" sur un projet de modification de la réglementation relative aux zones d'excédent structurel de lisier ! Chacun le sait, en cette période de fêtes, les citoyens surveillent assidument les projets de textes mis en ligne sur le site internet du ministère de l'agriculture...

 

Une pétition à signer :

http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/elevages-deregle...

09/01/2014

Loi d’avenir agricole

 Loi d’avenir agricole

Principales mesures du texte

 

-          Titre préliminaire réécrivant les grandes orientations de la politique agricole : nationale, européenne, et territoriale (ECOLO), souveraineté alimentaire, sécurité sanitaire, respect de l’environnement, de l’emploi, des normes sociales (ECOLO) en luttant contre le CC, caractère familial et recherche d’autonomie des exploitations, information des consommateurs, diversité des produits, circuits courts, conversion à l’agriculture biologique (ECOLO), économies d’énergie, aide alimentaire, solidarité internationale (ECOLO), démarches collectives, protection des terres agricoles, tient compte des spécificités des zones de montagne, des outre-mer, …

 

-          Définition de l’agro-écologie (AE) (sur incitation des ECOLOS):« Les systèmes de production agro-écologiques privilégient l’autonomie des exploitations agricoles et l’amélioration de leur compétitivité en diminuant la consommation d’énergie, d’eau, d’engrais, de produits phytopharmaceutiques et de médicaments vétérinaires, en particulier les antibiotiques. Ils sont fondés sur les interactions biologiques et l’utilisation des potentiels offerts par les agro-écosytèmes. Ils utilisent les ressources naturelles, en particulier les ressources en eau, la biodiversité, la photosynthèse, les sols et l’air, en les préservant du point de vue qualitatif et quantitatif. Ils contribuent à la lutte contre le changement climatique et à l’adaptation à ses effets. »

 

-          Création des Groupements d’Intérêt Economique et Environnemental (GIEE), bénéficiaires des aides du 2e pilier de la PAC et bras opérationnels de l’AE

 

-          Elargissement du bail environnemental à tout le territoire

 

-          Réforme des GAEC et de la gouvernance des coopératives

 

-          Protection des terres agricoles (dont extension des missions des CDCEA, EPCI compétents pour les PAEN réclamés par les ECOLOS dans ALUR)

 

-          Réforme des SAFER et extension de leur droit de préemption aux parts sociales,  aux démembrements de sociétés + clarification de la notion de « terrain nu »

 

-          Installation : Elargissement de la définition de « jeune agriculteur » et des critères d’assujettissement au régime des non-salariés agricoles, dispositifs d’encouragement à l’installation progressive, contrat de couverture sociale,…

 

-          Limitation de l’utilisation d’antibiotiques en médecine vétérinaire

 

-          Suivi post AMM des phytos et interdiction de la publicité pour le grand public

 

-          Transfert de la délivrance des autorisations de produits phyto à l’ANSES

 

-           Nouvelles missions pour l’enseignement supérieur et la recherche pour promouvoir l’agro-écologie (dont propositions ECOLO)

 

-          Création d’un fonds stratégique bois – forêt

 

-          Création des GIEEF

 

-          Intégration dans le code forestier de mesures pour éviter la mise sur le marché de bois et de produits issus d’une récolte illégale

 

Principaux amendements écologistes adoptés (118 déposés en séance, 12 adoptés)

 

-          Création du contrat alimentaire territorial : « projets alimentaires territoriaux visant à rapprocher les producteurs, les transformateurs, les distributeurs, les collectivités territoriales et les consommateurs dans une relation partenariale ou contractuelle, conciliant des objectifs de développement de l’agriculture sur les territoires et de qualité de l’alimentation répondant aux attentes des consommateurs. »

 

-          Priorité à la conversion à l’agriculture biologique

 

-          Exclusion des semences de ferme de la législation sur la propriété intellectuelle sur le vivant

 

-          Reconnaissance de la dimension territoriale des politiques agricoles

 

-          Valorisation des aménités environnementales et des spécificités régionales

 

-          Promotion de l’AE et de l’AB dans l’enseignement et la formation

 

De plus, sur incitation des écologistes des amendements gouvernementaux sur la définition de l’AE et le conditionnement de l’accord du bailleur à la mise à disposition d’un bail rural par le preneur pour les associations à vocation rurale.

 

Amendements écologistes prioritaires et non satisfaits

 

Encadrement du plan de méthanisation :

-          fléchage des aides aux méthaniseurs sur les projets collectifs (GIEE)

-          interdire l’introduction des produits comestibles dans les digestats et/ ou interdire les cultures dédiées

 

Azote :

-          instauration d’un plafond d’azote organique et minéral

-          obligation de déclaration de l’azote commercialisé dans les zones vulnérables

 

Politique de l’installation :

 

-          mettre en place une surface maximale d’agrandissement

 

Gouvernance :

-          la plupart des amendements relatifs à l’extension du droit de pré-emption des SAFER ont été classés irrecevables au titre de l’art. 40. Les autres rejetés.

 

Santé environnementale :

-          co-responsabilité de l’ANSES, et des Ministères en charge de l’environnement, de l’agriculture et de la santé pour les AMM de produits phytosanitaires

-          Interdiction d’avantages et remises commerciales sur les antibiotiques

-          sont reconnues comme contribuant à la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires, à la préservation de la biodiversité naturelle et cultivée et à la lutte contre le changement climatique (redéposer sous forme d’un rapport)

 

Enseignement supérieur et recherche

-          soutien à la recherche participative

-          soutien à l’immersion à la ferme

 

Source : L'actualité d'Éric Alauzet - député du Doubs

 

Mais pas un mot sur les OGM !

08/01/2014

L’énergie verte, voilà l’ennemi

L’énergie verte, voilà l’ennemi

par Philippe Bovet*

(Le Monde diplomatique, janvier 2014 p. 28)

 

Dans son étude sur « deux siècles de rhétorique réactionnaire », l’économiste américain Albert Hirschman note que, au cours des débats sur la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’interdiction du travail des enfants, la journée de huit heures ou encore la sécurité sociale, les forces conservatrices usèrent à chaque fois de trois types d’arguments : l’inanité (le changement proposé ne résoudra pas le problème), la mise en péril (il anéantira les bénéfices liés aux précédents systèmes) et l’effet pervers (« l’action envisagée aura des conséquences désastreuses[1] »).

 

Parce qu’elle retourne l’intention progressiste en son contraire, cette dernière figure s’avère particulièrement ravageuse et démobilisatrice : si agir conduit à régresser, autant ne rien faire.

 

La thèse de l’effet pervers réapparaît aujourd’hui sur le sujet des économies d’énergie et des énergies renouvelables. Les panneaux solaires photovoltaïques ne rembourseraient pas l’énergie nécessaire à leur fabrication et ne seraient pas recyclables ; les batteries susceptibles de stocker leurs watts « verts » seraient plus nocives que tout ; la généralisation des ampoules fluocompactes (LFC), à basse consommation, annoncerait un désastre écologique. En somme, l’écologie pollue. « Quand on se réfère à ces effets pervers, souligne Hirschman, c’est souvent pour des raisons qui n’ont pas grand-chose à voir avec la réalité des faits. »


Mais la rumeur s’accroche bien souvent à une vérité pour lui faire enfanter un mensonge. Sur son blog, Jacques Boulesteix, astrophysicien et élu local, publie un article intitulé « Ampoules fluocompactes : entre racket, danger et aberration technologique[2] ». Ces ampoules basse consommation contiennent en effet de un à deux milligrammes de mercure sous forme gazeuse, au même titre d’ailleurs que les bons vieux tubes néon. Nul ne conteste la haute toxicité de ce métal. Mais « une LFC consomme quatre à cinq fois moins d’électricité qu’une ampoule incandescente, explique M. Édouard Toulouse, consultant indépendant. Cela se traduit par une diminution des émissions néfastes du secteur de l’électricité, que ce soit des déchets nucléaires, des gaz à effet de serre ou d’autres types de pollution atmosphérique comme celle des cheminées des centrales thermiques, notamment alimentées au charbon. Ce dernier contient en effet une petite quantité de matières toxiques, et notamment du mercure ».


Aux États-Unis, un calcul a montré que le bilan mercure d’une LFC était positif : l’économie d’électricité générée entraîne une réduction d’émissions atmosphériques de mercure plus importante que la quantité de cet élément contenue dans l’ampoule[3].

 

En Suisse, une étude réalisée par le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche ajoute que « l’écobilan des LFC devient meilleur que celui des ampoules à incandescence après seulement cent quatre-vingts heures d’utilisation. Sachant que sa durée de vie moyenne est de dix mille heures, l’achat d’une ampoule fluocompacte est rapidement amorti sur le plan écologique[4] ».


L’électricité d’origine photovoltaïque essuie bien des critiques : on murmure qu’un panneau engloutit pour sa fabrication plus d’énergie qu’il n’en produira jamais. En avril 2011, dans « Complément d’enquête », sur France 2, Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, alors ministre de l’écologie, reprend cet argument erroné. Pourtant, une étude de 2006 de l’Agence internationale de l’énergie montre que « le temps de retour énergétique des systèmes photovoltaïques est très bon, puisqu’il varie entre 1,36 et 4,7 années selon le pays où est située l’installation et le type d’intégration utilisé (en toiture-terrasse ou en façade)[5] ». On entend par temps de retour énergétique le « temps mis par un module photovoltaïque pour générer autant d’énergie qu’il en a fallu pour le produire ». Sachant que les panneaux sont garantis au moins vingt ou vingt-cinq ans par leurs fabricants et ont une durée de vie bien supérieure, l’étude conclut que « le temps de retour énergétique moyen pour la France est de trois ans : le système va donc rembourser dix fois sa dette énergétique pour une durée de vie de trente ans »[6].

 

Autre tare des panneaux solaires : ils ne seraient pas recyclables. Cette fois, l’argument est déplacé. Un produit devient recyclable quand on investit dans une filière de recyclage. Compte tenu des durées d’utilisation mentionnées ci-dessus, la question se pose surtout pour les panneaux cassés. En France, la toute première installation photovoltaïque a été raccordée au réseau en juin 1992. D’ici à 2015, date à laquelle devraient intervenir les premiers remplacements massifs de panneaux, le programme européen de collecte baptisé PV Cycle[7], mis en place en 2007, aura parachevé l’édification d’une filière de recyclage efficace et automatisée.

 

On aurait pu en revanche discuter des panneaux dits « couche mince », fabriqués à partir du tellure de cadmium (CdTe), un sous-produit toxique de l’industrie du zinc dont il existe des stocks importants et dont nul ne sait que faire. L’entreprise américaine First Solar l’utilise pour fabriquer des modules, y voyant un procédé juteux pour stocker ce déchet. Le tellure de cadmium se trouve alors piégé dans le panneau. En 2011, les panneaux de ce type représentaient 5,3 % de la production mondiale[8].

 

Disperser un déchet dangereux par son utilisation et sa vente au lieu de le stocker ou de le neutraliser: est-ce acceptable ? La critique, qui aurait trouvé ici du grain à moudre, ignore ce problème. Elle se repaît en revanche de l’usage croissant des batteries comme moyen de stockage d’énergie solaire pour, par exemple, s’éclairer la nuit : ces accumulateurs ne seraient pas recyclables.

 

Le site pronucléaire Sauvons le climat mentionne une étude où il est précisé, sans grande explication : « Les batteries et les piles (particulièrement) posent un problème de recyclage en fin de vie[9]. » M. Marc Jedliczka, directeur de l’association Hespul, spécialisée dans les énergies renouvelables, relève malicieusement : « Cette question n’est jamais posée pour les batteries utilisées depuis des décennies dans les voitures. Dans de bonnes conditions industrielles de fabrication et de collecte, le recyclage des batteries n’est pas un problème. »


Au demeurant, la question de l’accumulation de courant « vert » ne se pose que pour les usagers non reliés au réseau ; le courant photovoltaïque pourrait facilement se développer en milieu urbain sans batterie. On peut alors mutualiser les productions à travers le réseau et les partager plutôt que les stocker individuellement.

 

Une lapalissade vient s’ajouter à un dossier décidément instruit à charge : le photovoltaïque ne produit que de jour et la production éolienne n’est possible que lorsque le vent souffle. En d’autres termes, les exigences de notre modernité seraient incompatibles avec ces énergies intermittentes. Or les renouvelables sont certes variables, mais jamais imprévisibles[10]. La prévision de leur production fait d’ailleurs partie du quotidien des marchés à court terme de l’énergie, dont le marché Powernext, basé à Paris, ou l’European Energy Exchange (EEX) de Leipzig. On connaît plusieurs jours à l’avance, puis de façon toujours plus affinée, les mégawatts engendrés par les sources propres[11]. Cette planification optimise leur utilisation en les combinant avec des énergies souples comme l’hydraulique, le gaz ou le biogaz.

 

Le 3 octobre 2013, le photovoltaïque et l’éolien ont fourni ensemble, avant midi, 59,1 % de la production électrique allemande, et 36,4 % sur vingt-quatre heures[12]. Des chiffres similaires avaient été obtenus en juin. Les rumeurs ne s’attardent pas sur ces performances de plus en plus fréquentes. « Plus décrié que les autres renouvelables, le photovoltaïque suscite une résistance du système, car cette technologie est celle qui remet le plus en cause les schémas monopolistiques classiques : elle est décentralisée et appropriable par tous, analyse M. Jedliczka. À l’origine de ces rumeurs, on retrouve bien souvent des personnes liées aux électriciens historiques, eux-mêmes liés aux énergies fossiles et nucléaire. »


Contre cette énergie issue à la fois du soleil et de la haute technologie, qui produit de l’électricité sans mettre aucune pièce en mouvement, les forces conservatrices ne pouvaient que retrouver leur vieux réflexe : gare à l’effet pervers ! Pour que rien ne change, ne changeons rien...



* Journaliste

[1] Albert O. Hirschman, Deux Siècles de rhétorique réactionnaire, Fayard, Paris, 1991.

[2] Jacques Boulesteix, « Ampoules fluocompactes : entre racket, danger et aberration technologique », Marseille, science, innovation et société, 2 juillet 2009, http://boulesteix.blog.lemonde.fr

[3] « The facts about light bulbs and mercury », Natural Resources Defense Council, New York, www.nrdc.org

[4] Energeia, n° 5, Berne, septembre 2013.

[5] « Temps de retour énergétique », août 2012, www.photovoltaique. info

[6] Bruno Gaiddon et Cécile Miquel, « Systèmes photovoltaïques : fabrication et impact environnemental », Hespul, Villeurbanne, juillet 2009.

[7] « Recycling von Photovoltaik-Modulen », février 2010, www.bine.info

[8] Source : Photon International.

[9] « 10 questions à Jean Dhers sur le stockage de l’énergie électrique », 7 décembre 2006, www.sauvonsleclimat.fr

[10] Lire Aurélien Bernier, « L’acheminement de l’électricité verte, alibi de la privatisation », Le Monde diplomatique, mai 2013.

[11] Neue Energie, Berlin, septembre 2013.

[12] « German solar PV, wind peak at 59,1 % of electricity production on October 3rd, 2013 », 7 octobre 2013, www.solarserver.

com

05/01/2014

Zone atelier de l'Arc jurassien

Zone atelier de l'Arc jurassien : le sens de l'observation

par Patrick Giraudoux

professeur à l'Université de Franche-Comté


« Terre de terroirs », l'Arc jurassien se prête à de nombreuses recherches sur les interactions entre environnement, écosystèmes et société. Sous la forme d'une zone atelier labellisée par le CNRS. Ces travaux interdisciplinaires pourront s'inscrire dans le long terme, et faire l'objet d'une véritable gestion des données recueillies sur le terrain.

 

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Terre à la fois agricole et industrielle, l'Arc jurassien est marqué par des relations de longue date entre l'homme et son environnement. Dans son acception française, il évoque pêle-mêle le Comté, le Morbier, le Bleu de Gex, le vin jaune et les automobiles Peugeot. Très vite associé dans les esprits à son versant suisse, il suggère alors la mobilité transfrontalière et le développement des lotissements résidentiels.

 

On ne s'étonnera donc pas que la toute jeune zone atelier Arc jurassien (ZAAJ) pur produit des instances de recherche française, lorgne du côté de la Suisse pour un ralliement qui lui donnerait sa pleine envergure. Le territoire de la ZAAJ, tel qu'il est défini aujourd'hui, s'étend le long des contreforts du Jura, de Belfort à Chambéry. Labellisée par le CNRS en 2013, la zone atelier est née d'un projet porté par le laboratoire Chronoenvironnement de l'université de Franche-Comté, rejoint dans cette aventure par ses voisins immédiats ThéMA pour la géographie et LMB pour les mathématiques, par l'URTAL de Poligny, spécialisé en technologie et analyse laitière, et par le laboratoire EDYTEM de l'université de Savoie, comme lui pluridisciplinaire. Elle bénéficie par ailleurs du soutien d'autres grandes structures fédératives (cf. encart). Son objectif ? Assurer à long terme la collecte, le traitement, la sauvegarde et l'analyse des données de terrain, toutes dédiées à l'étude du lien entre environnement, écosystèmes et société. Des informations utiles à la fois à la recherche et à la gestion du territoire.

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Informations régionales

 

Quatre grands thèmes de recherche définissent l'action de la ZAAJ : écosystèmes et environnement ; contaminants et santé ; usages d'un espace en mutation ; observatoires et modélisation. Différents dispositifs d'observation apportent à chacun leurs enseignements dans une optique pluridisciplinaire. « Jurassic karst » vise à caractériser l'évolution des hydrosystèmes karstiques du massif du Jura ; « Tourbières » observe le fonctionnement de ces zones protégées soumises aux perturbations climatiques et anthropiques ; un concept décliné avec « Lacs jurassiens » et « Biodiversité des prairies », chacun pour la partie qui le concerne sur le territoire ; « Santé humaine » considère différentes pathologies humaines liées à l'environnement ; « Rongeurs - prédateurs » s'intéresse à certaines populations de campagnols et à leurs prédateurs ; « Faune sauvage et contaminants » mesure les effets des polluants sur les populations animales ; « Forêt de Chaux » est dédié aux sols hydromorphes. c'est-à-dire dont le fonctionnement est influencé par une nappe d'eau de la célèbre forêt comtoise ; enfin, « Les Échelles » fédère de nombreuses problématiques sur un même site, de la géologie au tourisme patrimonial. Les interactions entre le milieu et les sociétés se mesurent donc ici à l'échelle régionale, et investissent des travaux scientifiques interdisciplinaires. dont les résultats seront valorisés sur le long terme. « La gestion des données est un paramètre d'une importance capitale » rappelle Patrick Giraudoux, responsable de la ZAAJ. Le stockage et l'analyse bénéficieront à la fois de la grande expérience de l'OSU THETA, dont l'Observatoire de Besançon engrange des informations célestes depuis plus d'un siècle, et des compétences du Laboratoire de mathématiques de Besançon (LMB).

 

Outre leur intérêt scientifique permettant la compréhension de phénomènes interdépendants pour expliquer le fonctionnement et l'évolution d'un territoire, ces informations seront utiles aux gestionnaires de terrain et élus locaux pour la prise de décision en matière environnementale.

 

Contact : Patrick Giraudoux - Laboratoire Chrono-environnement - Université de Franche-Comté / CNRS Tél. (0033/0)3 8l 66 57 45 - patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr

 

Adresses des sites :

 

Grosse UMR CNRS en place centrée sur le thème : (http://chrono-environnement.univ-fcomte.fr)

Zone atelier Arc jurassien en place : http://zaaj.univ-fcomte.fr

Projection internationale labellisée avec le GDRI : http://gdri-ehede.univ-fcomte.fr

Master recherche en écologie établi depuis 2000 : http://scienvir.univ-fcomte.fr

 

Source : En direct, le journal de la recherche et du transfert de l'Arc jurassien, n° 251 – janvier-février 2014.

29/12/2013

Décès de Robert Barbault le 12 décembre 2013

Décès de Robert Barbault le 12 décembre 2013

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Sauf dans les milieux scientifiques, on n'a pas beaucoup parlé de la mort de Robert Barbault survenue le 12 décembre 2013 après un cancer du colon. J'ai largement puisé dans ses ouvrages d'écologie générale et d'écologie des populations et des peuplements pour apprécier sa pédagogie.

 

Je laisse le soin à Gilles Bœuf et à Denis Couvet, respectivement  président et professeur au Muséum national d'histoire naturelle de retracer les grandes étapes de sa carrière scientifique.

 

Robert Barbault est né le 24 janvier 1943. Étudiant en 1964 au laboratoire de zoologie du professeur Lamotte à l’École Normale Supérieure de Paris, alors située rue Lhomond, il fut attiré au début par l’éthologie. Il passait rapidement à l’écologie sous la direction des professeurs Lamotte et Bourlière et partait pour une mission de longue durée « sur le terrain » à la station d’écologie tropicale dans la savane de Lamto en Côte d’Ivoire. Il va y travailler sur les réseaux trophiques et les stratégies biodémographiques des populations de reptiles et amphibiens. De façon permanente et durant toute sa vie, son humanisme et ses préoccupations constantes l’ont toujours amené à relier l’humain à cette nature qui nous entoure et à laquelle il appartient pleinement, ainsi qu’il l’avait fait au tout début en s’interrogeant au regard que portaient les populations locales, les Baoulés, sur les activités de cette station de recherche en Afrique. Il s’intéressait aussi à d’autres formes de pensées et d’inscription de l’humain dans le vivant et dans l’univers. Il avait lu et médité les grands penseurs indiens et était allé en Inde. Il défendra son doctorat d’État en 1973.

 

Robert aura ensuite des responsabilités scientifiques croissantes et majeures pour la communauté des écologues. Il a construit des équipes de recherche, des laboratoires, des programmes nationaux et internationaux, dans le domaine de la biologie des populations et des peuplements dans un premier temps, puis dans le domaine plus vaste de l’écologie et de la biodiversité. Il a assumé de très nombreuses et lourdes responsabilités scientifiques, au CNRS, -animateur du secteur écologie-évolution-environnement, directeur-scientifique, président de la section d’écologie, à l’Université Pierre & Marie Curie où il organisait le laboratoire d’écologie puis au Muséum national d’Histoire naturelle où il fondait et assurait durant 10 ans la direction du département « Écologie et Gestion de la Biodiversité ».

 

Il jouera un rôle considérable dans l’émergence d’une écologie scientifique française qui se situe maintenant au meilleur niveau, œuvrant notamment au lancement de la revue ‘Ecology letters’, l’un des fleurons, toutes disciplines confondues, de la littérature scientifique.

 

Parallèlement, puis de plus en plus en synergie avec ses activités scientifiques, ses interrogations humanistes ont porté sur le développement durable, la préservation de la biodiversité, les relations science-société. Avec des études menées dans les réserves de biosphère du Mexique dans les années 70, puis en s’investissant dans le programme Diversitas aux côtés de Francesco Di Castri dans les années 90. Très impliqué dans la recherche et les politiques de protection de la nature, il était depuis 2002 président du comité français du programme de l’Unesco sur l’Homme et la biosphère (MAB). Grâce à la dynamique et à l’importance des travaux du comité sous son impulsion, la France a pu retrouver une place au sein du Conseil international de coordination du programme MAB.

 

Il était également vice-président du Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité depuis 2005 auprès du ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. Il a pris une part très active dans la rédaction des trois tomes « Des exemples pour la biodiversité » publiés par le CSPNB entre 2007 et 2012. Il présidait le Conseil Scientifique de Parcs Nationaux de France depuis 2007 ainsi que le Conseil d’orientation de l’Agence technique des espaces naturels (ATEN) depuis 2002.

 

Il a très largement contribué à l’émergence de la biodiversité dans le champ scientifique, de ses développements à partir d’une écologie qui se situe à l’interface entre les sciences de la Nature et les sciences de l’Homme et de la Société.

 

Pour l’ensemble de sa carrière scientifique, il avait reçu récemment le grand prix de la Société Française d’Ecologie. Il était membre de l’Academia Europaea depuis 1996. Mais par-delà sa carrière scientifique, Robert travaillait aussi à développer une conscience écologique auprès du grand public. Ce qui l’a amené à publier de nombreux ouvrages à destination du plus grand nombre, comme « Un éléphant dans un jeu de quilles » (2006), ou encore plus récemment « La vie, quelle entreprise ! » (2011) avec Jacques Weber, son complice de toujours, anthropologue et économiste. Il écrivait en 2012 « … pour peu que l’on accepte de penser autrement, c’est-à-dire avec une vision écologique du monde, la perspective d’une réconciliation des humains avec la nature pourrait cesser d’être une utopie. Ne voit-on pas se dessiner, sur la base d’une éthique de la biosphère, cet esprit de solidarité écologique dont l’humanité et la Terre ont tant besoin ? » dans sa préface de la ré-édition de « Avant que nature meure – Pour que nature vive ! ».

 

Robert fut pour nous l’un des plus grands penseurs de ces interactions « homme-nature » dans toute leur finesse et nuances variées. Il était exceptionnel pour raconter à ses étudiants, aux scientifiques, au public, aux milieux politiques, l’indispensabilité de travailler en totale transversalité, très interdisciplinaire, de tout prendre en compte pour aborder ce « tissu vivant aux mailles si complexes et que l’on était en train de détricoter ». Il a été l’un des « grands » au CNRS, à l’UPMC et au Muséum. Sa disparition nous laisse orphelins et malheureux. Elle donne aussi à chacun d’entre nous la responsabilité de poursuivre ses pensées et actions, de nous battre inlassablement, sur de solides bases scientifiques, non pas pour « sauver la planète » mais pour faire en sorte que l’humain ne s’y trouve pas rapidement en trop grand « mal-être » !

 

Gilles Boeuf et Denis Couvet, 15 décembre 2013

 

Lire également le communiqué de presse émanant du Muséum national d'histoire naturelle

 

21/12/2013

Food and Chemical Toxicology (FCT) retire l'article de Séralini sur les rats nourris au maïs OGM NK603

Food and Chemical Toxicology (FCT) retire l'article de Séralini sur les rats nourris au maïs OGM NK603

 

(Dernière mise à jour : 31 juillet 2014)

 

On se rappelle de la polémique engendrée par la publication des travaux de Gilles-Éric Séralini portant sur portent sur les effets du maïs transgénique NK603, voir l'article dans ce propre blog.

 

La revue Food and Chemical Toxicology (FCT) a retiré l'article de Gilles-Éric Séralini de l'université de Caen, sur les rats nourris durant toute leur vie au maïs OGM NK603 tolérant à l'herbicide Roundup, publié en septembre 2012. Cette étude suggérait que les rongeurs développaient plus de pathologies et de tumeurs. Après examen des données brutes, la revue souligne qu'elle n'a relevé ni fraude ni manipulation, mais que « les résultats présentes sont peu concluants » et qu' « il y a une raison légitime d'inquiétude concernant à la fois le nombre d'animaux testés dans chaque groupe et la souche particulière [de rats] ».

 

Gilles-Eric Séralini, dont l'étude ne cesse de faire polémique. conteste cette décision, persuadé que la revue est sous pression depuis l'embauche, début 2013, d'un nouvel éditeur venu de la société Monsanto, spécialisée dans les biotechnologies. Il argue que la souche de rats (les Sprague-Dawley) qu'il a utilisée l'est aussi en routine aux États-Unis. Il rappelle qu'il a mené une étude inédite sur des rats nourris leur vie entière avec ce maïs OGM et qu'il a multiplié les mesures sur les animaux. Il pointe un article publié par Monsanto en 2004 dans FCT et jamais rétracté, concluant à l'innocuité du maïs NK 603 après avoir mesuré ses effets sur dix rats de la même souche seulement pendant trois mois. Et accuse : « seules les études pointant un effet adverse des OGM sont passées au crible d'une évaluation rigoureuse ». Il pourrait saisir maintenant les tribunaux.

 

Pour en savoir davantage :

http://sciav.fr/18mdr4u

 Le 14 novembre 2012, dans une lettre ouverte intitulée «Science et conscience» publiée sur le Monde.fr, 140 scientifiques s'étaient insurgés contre les critiques de l'étude et défendaient le professeur Séralini. Une info reprise récemment par la Tribune de Genève.

 

Affaire Séralini : publier n'est pas prouver

 

par Elsa Abdoun (Sciences & Vie, n° 1156, février 2014, p. 16).

 

II y a un an, le biologiste français Gilles-Eric Séralini faisait la une de tous les journaux après avoir publié dans la revue scientifique Food and Chemical Toxicology un article censé démontrer, images chocs de souris déformées par d'énormes tumeurs à l'appui, la cancérogénicité d'un maïs OGM. À l'époque, nous avions émis de sérieuses réserves sur cette étude (voir Sciences & Vie n°1142, p. 68). Un an plus tard, la revue a finalement fait machine arrière : toujours consultable, elle est désormais accompagnée de la mention "retiré", et ne peut plus être citée dans d'autres articles de chercheurs.

 

Cette décision, qui entérine le fait que cette étude débouchait sur des conclusions erronées, a valeur d'exemple. Elle pointe la dérive par laquelle le processus de publication scientifique est de plus en plus abusivement utilisé, par des chercheurs, associations ou industriels, pour conférer à leurs opinions un caractère indubitable.

 

De son côté, Gilles-Eric Séralini explique le retrait de son étude par le fait que la revue s'est dotée, début 2013, d'un éditeur associé, anciennement employé par l'entreprise Monsanto. Laquelle entreprise commercialise le maïs OGM qu'il met en cause... En clair, il serait l'objet d'une censure.

 

De telles situations de conflits d'intérêts nuisent effectivement à la crédibilité de la science, et jettent une suspicion légitime sur ses délibérations ; mais dans le cas de l'étude Séralini, une chose est sûre : ses conclusions erronées correspondent parfaitement aux critères de retrait établis par le Comité pour l'éthique des publications, qui sert de guide pour les revues scientifiques dans leur gestion des articles qu'elles publient.

 

Il ressort ainsi que cette étude - incorrecte - n'aurait jamais dû paraître. Il faut donc se rendre à l'évidence: la publication dans une revue scientifique n'est pas une garantie absolue de véracité. Une information cruciale, pour qui ne veut pas se voir berné par de tels artifices. Comme ceux employés par Gilles-Eric Séralini.

 

En effet, le principal argument de ce chercheur face à la remise en question de son étude est d'avoir été publié par une revue à "comité de lecture". En d'autres termes, l'étude, préalablement relue et "validée par des pairs", était au-dessus de tout soupçon. Un argument non valable, qui semble ignorer que l'analyse d'un article est un exercice faillible, sujet aux erreurs humaines. Pour preuve : de nombreuses autres études sont, chaque année, publiées à tort. Plus de la moitié des articles seraient concernés, selon plusieurs chercheurs qui se sont penchés sur la question. Pis, la plupart ne sont même pas retirés une fois l'erreur confirmée, car "cela reviendrait, pour les journaux, à admettre que leur système de relecture est défectueux ", explique Ivan Oransky, auteur du blog Retraction Watch qui recense depuis 2010 tous les retraits de publications scientifiques.

 

Pour les éditeurs de l'étude Séralini, la question de reconnaître ou non leur erreur ne s'est pas posée : les agences de sécurité alimentaire européenne (Efsa), française (Anses) et même allemande (BfR), le Haut Conseil des biotechnologies, six académies nationales ainsi que de très nombreux spécialistes de toxicologie, cancérologie et statistiques l'ont fait pour eux. Il faut dire que l'étude, ultra-médiatisée, a été lue par un très grand nombre de chercheurs, s'exposant dès lors aux critiques.

 

Au final, s'il ne nous a rien appris sur les OGM, le professeur Séralini aura au moins démontré cela : les revues sont truffées de conclusions fausses. De quoi inciter à la prudence...

 

Février 2014 : Séralini insiste et signe : les pesticides seraient mille fois plus toxiques que ce qu'on croyait.

Voir l'article de Metronews

 

Ajout de juillet 2014 : Gilles-Éric Séralini republie son étude sur les OGM

 

Gilles-Éric Séralini, professeur de biologie à l'université de Caen republie son étude sur les OGM Le chercheur avait créé la polémique avec un article sur des rats nourris au maïs transgénique. Il le complète avec les données brutes.

 

Huit mois après le retrait forcé de son article sur le maïs NK603, le professeur Gilles-Éric Séralini, de l'université de Caen, a republié son article dans une autre revue, Environnemental Sciences Europe (Springer). L'étude controversée suggère que des rats nourris pendant deux ans avec du maïs NK603 — tolérant à l'herbicide Roundup développé par Monsanto — connaissent une mortalité et une incidence de tumeurs plus précoces et plus nombreuses que les rats nourris avec un maïs traditionnel. À la suite des critiques, l'équipe du Pr Séralini la republie avec, cette fois, les données brutes, et rappelle que « le protocole choisi était celui d'une étude de toxicologie sur deux ans et non celui d'une étude de cancérogénèse » et que « d'innombrables études toxicologiques utilisent la souche de rats Sprague Dawley, tandis que les études de Monsanto réalisées à trois mois sur ses OGM utilisent les mêmes effectifs et... la même souche ».

 

Les détracteurs de Gilles-Éric Séralini pointent que le scientifique ne publie toujours pas de photos des « rats contrôle ». Ces animaux nourris sans OGM pourraient en effet avoir développé eux aussi des grosseurs spectaculaires, comme les rats nourris aux OGM et pesticides. La publication des images de rongeurs aux corps déformés avait largement participé au retentissement médiatique de l'article.

 

Source : Sciences et Avenir n° 810 Août 2014 p. 21.

12/12/2013

Chalutage en eaux profondes

Chalutage en eaux profondes

 

Le 10 décembre, le Parlement européen devait décider s'il interdit le chalutage en eaux profondes, qui provoque des dégâts écologiques majeurs dans les abysses.

Lire l'article du "Canard Enchaîné" à ce propos en pièce jointe (où l'on apprend que les grandes surface et particulièrement la marque INTERMARCHÉ) possèdent une flotte de 6 chalutiers de ce type.

Bravo_LesMousquetaires-Canard-enchaîné-450.jpg



Et aussi cette courte vidéo du "Monde" sur dailymotion.

04/12/2013

Le palmarès 2013 de l'écologie en France

Le palmarès 2013 de l'écologie en France


Voilà déjà 7 ans que l’hebdomadaire La Vie publie chaque année son palmarès de l’écologie. Objectif : passer au crible les politiques environnementales de chaque département, comparer ces critères identiques aux autres, et établir un classement. Avant de passer à celui-ci, attardons-nous sur la méthode employée et les 8 critères de sélection.

 

  • Il y a d’abord la « consommation durable » qui consiste à rapporter le nombres de magasins durables (bio, équitable, AMAP) au nombre d’habitants de chenue zone étudiée.
  • Il y a ensuite la protection de la biodiversité : quelle est la superficie d’espaces protégés dans les départements ? Les oiseaux et les papillons sont-ils en nombre satisfaisant ?
  • Vient alors le critère de la place accordée à l’agriculture bio : nombre de cultivateurs, part du bio, etc.
  • La gestion des déchets est bien entendu un critère primordial pour établir un tel classement : volume collecté, nombres de sites pollués…
  • La Vie prend aussi en compte, pour chaque division du territoire, la part d’habitants concernés par la mise en place d’un Agenda 21.
  • La part d’énergies renouvelables (solaire, éolien ou biogaz) dans le mix énergétique des départements est également prise en compte.
  • Enfin, qualité de l’air et qualité de l’eau sont les dernières variables qui entrent en considération.

 

Pour chacun de ces critères, l’hebdomadaire s’appuie sur des rapports provenant des ministères, des départements, des agences nationales ou d’associations spécialisées.

 

Sur la carte interactive du projet, on constate ainsi que si le Nord-Est semble être la zone du pays qui se conforme le moins au développement durable (et on inclue là toute la région parisienne), le Sud-Ouest (avec la Haute-Garonne, les Pyrénées-Orientales et la Gironde, qui occupent respectivement les 3 premières places) et la Bretagne (dont les 4 départements font partie des 12 mieux classés) apparaissent comme les meilleurs élèves.

 

Même s’il éclaire sur le chemin qu’il reste encore à parcourir pour devenir un pays exemplaire en matière d’environnement, il convient parfois de mesurer son enthousiasme : le Finistère, 4ème du classement, est pourtant 86ème (sur 96) sur le critère de la qualité de l’eau. Les Pyrénées-Orientales, brillant 2ème, sont pourtant 91èmes lorsqu’il s’agit de protéger la biodiversité.

 

Cette mesure est également valable pour les mal classés. Le Territoire de Belfort, 86ème au général, est pourtant 2ème quant à la gestion de ses déchets, et 7ème pour la qualité de son eau. La Seine-Saint-Denis, classée 89ème, est pourtant le 4ème meilleur élève du pays pour la mise en place de l’Agenda 21.

Découvrez le palmarès département par département en cliquant sur la carte interactive ci-dessous et en navigant département par département.

Ecologie-en-France-2013-450.jpg

En complément à cette étude comparative, on pourra consulter le plan national de prévention des déchets 2014-2020.

 

29/11/2013

Nos jardins à la loupe

Un vrai travail scientifique : devenez observateurs et participez à préserver l'environnement

 

Le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement  (CPIE) du Haut-Jura propose de passer nos jardins à la loupe en participant au comptage des oiseaux cet hiver. Tous à vos jumelles !

 

Mésange-bleue.jpg

Mésange bleue



Moineaux, merles, rouges-gorges, mais aussi chardonnerets élégants, sittelles et autres gros becs, vous deviendrez bientôt incollables sur les oiseaux qui peuplent notre région. C'est en tout cas ce qu'espère le CPIE qui cherche à constituer un réseau d’observateurs volontaires en Franche-Comté pour rassembler des données sur les oiseaux des jardins.

On dénombrerait 16 espèces localement. Le principe et simple : que vous soyez petits ou grands, expérimentés ou débutants, installés en ville ou à la campagne : il suffit d'installer une mangeoire chez soi, puis de nourrir, observer et recenser nos amis à plumes. Le résultat des observations doit ensuite être reporté sur le site de Nos jardins à la loupe.

L'opération a lieu jusqu'en mars. À noter qu'un autre observatoire des papillons ouvrira ses portes au printemps 2014.

 

Bain hygiénique des chardonnerets élégants

28/11/2013

Suspension de l’écotaxe : les collectivités locales devront payer

Suspension de l’écotaxe : les collectivités locales devront payer

 

Le ministre de l’écologie Philippe Martin a déclaré ce matin que l’écotaxe, dont les ressources doivent être en partie reversées aux finances publiques locales, serait vraisemblablement suspendue tant que la fiscalité globale n’aura pas été remise à plat. Alors que le Premier ministre se rend aujourd’hui au salon des maires, cette annonce repousse la mise en place du dispositif à une date lointaine et incertaine privant de fait les collectivités locales de précieuses ressources. Explications de France Nature Environnement.


L’écotaxe sur la voie de garage

Le 29 octobre dernier le Premier ministre annonçait la suspension sine die de l’écotaxe dont le lancement était prévu le 1er janvier 2013. Alors que le dispositif était initialement programmé en 2011, ce nouveau report, faisait suite au mouvement de contestation en Bretagne. L’écotaxe ne semblait pas enterrée pour autant puisque dans le même temps le gouvernement proposait l’organisation d’une concertation avec les différentes parties prenantes pour redéfinir ses modalités d’application. Cette nouvelle annonce remet donc en cause un peu plus l’avenir de l’écotaxe puisqu’elle adosse sa mise en place à une réforme dont on ne connaît ni l’échéance ni l’issue.

Des ressources supprimées pour des collectivités locales déjà exsangues

L’écotaxe doit faire payer les camions pour l’utilisation d’infrastructures routières dont ils disposent aujourd’hui gratuitement sur le réseau national et local et qu’ils dégradent fortement. Cette application du principe d’utilisateur-payeur doit fournir plusieurs centaines de millions d’euros par an, aux collectivités pour l’entretien de ces routes.

Pour Michel Dubromel, responsable Transports et Mobilités Durables à France Nature Environnement « Alors que les finances publiques locales sont dans le rouge, se priver de tels moyens est une aberration totale. Ne soyons pas dupes, si ce ne sont pas ceux qui dégradent et qui polluent qui paient, l’addition reviendra aux collectivités c'est à dire aux contribuables ! Supprimer l’écotaxe signifie une hausse des impôts locaux, ni plus ni moins. A quelques mois des élections municipales, cette décision semble un bien mauvais calcul politique. »

France Nature Environnement demande au gouvernement d’engager au plus vite la concertation prévue sur l’écotaxe avec toutes les parties prenantes, transporteurs, chargeurs, syndicats, collectivités et la société civile, et de maintenir sa mise en œuvre au 1er janvier 2014.

23/11/2013

Pesticides : Les dérogations ne sont pas des passe-droits

Pesticides : Les dérogations ne sont pas des passe-droits

par Boris Bellanger

(Science & Vie n° 1155 décembre 2013 p. 42)


Chassez les pesticides par la porte, ils reviennent par la fenêtre ! De fait, ils ont beau ne plus être autorisés en Europe, de nombreux produits phytosanitaires sont encore utilisés... en toute légalité. Comment ? Grâce aux dérogations permises par la réglementation européenne, qui prévoit qu'un état peut autoriser, pour une période n'excédant pas cent vingt jours, la mise sur le marché de produits phytosanitaires interdits "lorsqu'une telle mesure apparaît nécessaire à cause d'un danger [insectes, parasites...] qui ne peut être contenu par aucun autre moyen raisonnable".


Or, ces dernières années, le nombre de dérogations a explosé en Europe : d'une cinquantaine en 2007, il est passé à 261 en 2012, après un pic à 320 en 2010. Au point qu'un guide de bonnes pratiques a été rédigé par la Commission européenne en février 2013 afin de rappeler que ce recours "devrait être exceptionnel [...] et ne doit pas compromettre l'application de la réglementation ", dont le but est " d'assurer un haut niveau de protection pour la santé des hommes, des animaux, et pour l'environnement".


La France est particulièrement visée : en 2010 et 2011, c'est elle qui a délivré le plus de laissez-passer. Si, dans la majorité des cas, ces autorisations portent sur des pesticides autorisés dans un pays mais pas dans un autre, elles concernent aussi des produits bannis du fait de leur dangerosité. Ainsi, en 2012, la France a accordé par trois fois une dérogation pour la mise sur le marché du 1,3-dichloropropène, un fumigène interdit car hautement toxique, et probablement cancérigène.

 

Problème : s'il est possible de savoir quels principes actifs ont fait l'objet d'une autorisation exceptionnelle — en épluchant les comptes-rendus de séances de la Commission européenne —, aucune information n'est en revanche donnée sur les quantités employées, ni les cultures concernées. Difficile, dans ces conditions, d'estimer le niveau d'exposition des agriculteurs ou de la population à ces pesticides non autorisés.

 

La France affectionne aussi les dérogations lorsqu'il s'agit d'employer des techniques proscrites. Interdits depuis 2009, les épandages aériens n'ont ainsi pas disparu du paysage. Certes, d'après le ministère de l'Agriculture, les surfaces ainsi traitées ont chuté de 70 % entre 2008 et 2012. Mais elles représentaient encore près de 55 000 ha l'an dernier (maïs, riz, vignes, et surtout bananes). Aux Antilles, déjà touchées par le scandale sanitaire du chlordécone, ce fongicide utilisé dans les bananeraies jusqu'à son interdiction en 1993 et incriminé dans la flambée, outre-mer, de certains cancers (prostate, sang), 80 % des surfaces plantées en bananes sont traitées par épandage aérien. Les procès s'y multiplient pour annuler les dérogations accordées par les préfets.

 

Un rapport du Sénat publié fin 2012, qui qualifiait la dérogation pour les épandages aériens d'"exception insuffisamment exceptionnelle", préconisait de "mettre fin aux dérogations au principe général d'interdiction "et, en attendant, de "doubler les distances de sécurité [entre le bord du champ traité et les premières habitations] en les portant de cinquante mètres, distance quasi symbolique, à cent mètres ".


Ces propositions n'ont pas été retenues dans le nouveau projet d'arrêté sur les épandages aériens, qui prévoit toujours la possibilité de dérogations et une distance de sécurité de 50 mètres... Au vu du rapport publié par l'Inserm en juin 2013, qui associe l'exposition professionnelle aux pesticides à la maladie de Parkinson ou à certains cancers, il serait peut-être temps d'arrêter de considérer qu'il est interdit d'interdire, et de mettre un terme aux dérogations.

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06/11/2013

La biodiversité éclairant le monde

 La biodiversité éclairant le monde

par Jean-Louis Romand


Le lierre, une plante de grande valeur biodiversitaire :Le gite et le couvert pour toute une microfaune.
Plantez donc un lierre dans votre beau jardin et observez-le de très près !

 

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Jungle d'eau douce, la vie secrète des gravières

 Jungle d'eau douce, la vie secrète des gravières

un film de Serge Dumont 

Armé de sa caméra, Serge Dumont, plongeur et biologiste, enseignant à l'Université de Strasbourg, filme les milieux aquatiques de la plaine du Rhin.
Son film "Jungle d'eau douce", plusieurs fois primé en France et en Allemagne, diffusé par Arte, nous invite à plonger dans le monde à la fois méconnu, fascinant et magnifique d’une gravière en Alsace.
 
À l’abri des regards, cette gravière s’est transformée en un refuge pour de nombreuses espèces dont certaines rarissimes.
 
Des images à couper le souffle et des prises de vues subaquatiques comparables par leur richesse et leur qualité à celles des zones aquatiques tropicales et qui montrent au spectateur à quel point la richesse de la nature sous nos latitudes mérite d’être redécouverte et protégée.
 
et pour vous mettre l'eau à la bouche :


 
 
http://www.universcience.tv/video-les-amphibiens-5353.html

 

http://www.universcience.tv/video-les-bryozoaires-5351.html

 

http://www.universcience.tv/video-le-brochet-5340.html

 

http://www.universcience.tv/video-le-bestiaire-des-zones-...

 

http://www.universcience.tv/video-le-grebe-amoureux-5338....

 

http://www.universcience.tv/video-que-font-les-poissons-e...

 

http://www.universcience.tv/article-jungle-d-eau-douce-le...

 

http://www.universcience.tv/video-l-anguille-au-long-cour...

 

http://www.universcience.tv/video-la-crevette-rouge-sang-...

 

http://www.universcience.tv/video-mangeons-les-carpes-534...

 

http://www.universcience.tv/video-qu-est-ce-qu-une-gravie...

 

http://www.universcience.tv/categorie-jungle-d-eau-douce-...

Vidéo : le Blaireau, petit ours de nos campagnes

Le Blaireau, petit ours de nos campagnes

Voir la vidéo

 

Autre vidéo : MNHN et Tour de France de la diversité

04/11/2013

Stage de permaculture à Froidevaux

Stage de permaculture à Froidevaux

 

Ce stage de permaculture est co-organisé par une nouvelle association créée pour l'occasion (en fait le potager d'une curieuse avec quelques amis) et Bernard Alonso, permaculteur canadien qui est déjà venu à Besançon en 2012.

 

La permaculture est un ensemble de pratiques et de modes de pensée visant à créer une production agricole soutenable, très économe en énergie (travail manuel et mécanique, carburant...) et respectueuse des êtres vivants et de leurs relations réciproques. Elle vise à créer un écosystème productif en nourriture ainsi qu'en d'autres ressources utiles, tout en laissant à la nature "sauvage" le plus de place possible.

 

Elle utilise des notions d'écologie, de paysagisme, d'agriculture biologique, de biomimétisme, d'éthique, de philosophie et de pédologie. La permaculture invite à mettre ces aspects théoriques en relation avec les observations réalisées sur le terrain.

 

La base de la permaculture n'est pas uniquement d'analyser les éléments constitutifs d'un système individuellement, mais aussi de prendre en compte leurs interactions, dans le but de produire une compréhension de l'écosystème dans l'optique d'une utilisation par l'Homme.

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03/11/2013

Vidéo : l'ourse Hvala et ses deux oursons

Une vidéo exceptionnelle de l'ourse Hvala et ses deux oursons de l'année
 

C'est probablement la plus belle vidéo depuis les derniers lâchers d'ours en 2006 dans les Pyrénées : l'ourse Hvala et ses deux oursons nés en 2013 filmés en plein jour près d'un arbre équipé d'une caméra automatique du réseau Ours brun.

Des images exceptionnelles qui répondent d'elles-mêmes aux démagogues qui présentent le retour de l'ours comme un échec ...

 

Voir la vidéo

07/10/2013

Municipales : ours, loups, lynx, rapaces et phoques victimes de la démagogie électorale

loup,jura,prédateursMunicipales : ours, loups, lynx, rapaces et phoques victimes de la démagogie électorale

Les loups, les ours, les lynx ou les vautours n’ont décidément pas de chance car dans leurs existences difficiles il y a toujours une ou deux élections à l’horizon.

par Claude-Marie Vadrot

Et les municipales sont traditionnellement les plus mortifères pour la faune sauvage, même si les législatives, les cantonales ou la présidentielle déclenchent également des actions, prises de positions et déclarations démagogiques sur les espèces sauvages coupables de faire concurrence à la prédation et à la présence humaine.

Logiquement donc, les chasses au loup, l’organisation de battues administratives ou illégales et les empoisonnements ont entrainé la disparition d’au moins une dizaine de ces animaux depuis le début de l’année, dont une femelle dont les louveteaux ne survivront pas. Le pouvoir veut prouver qu’il agit avec la même fermeté et la même absence de remord contre les Roms et les loups que beaucoup d’élus rangent sans la moindre honte dans la catégorie des prédateurs « impossibles à assimiler ».


Alors les démagogues et les chasseurs crient au loup en maquillant les chiffres à la tribune de l’Assemblée nationale et du Sénat, dans les journaux régionaux ou dans Le Figaro qui accueillent leurs diatribes et statistiques mensongères. Des fantasmes qui, comme pour les Roms, n’ont rien à voir avec la réalité. Car s’il est incontestable que les 250 à 300 loups désormais présents sur le territoire mangent aussi des brebis, les dégâts n’ont rien à voir avec les statistiques brandies par ceux qui crient au loup. Les 4.524 brebis tuées ou blessées en 2012 par Canis lupus représentent 0,06 % du cheptel français de 7 millions d’ovins. Victimes toutes remboursées en 2012 aux éleveurs pour une somme de 1,5 million d’euros, loin des bilans financiers faramineux assénés par les élus de tous bords.

Cette réalité n’implique pas que le métier d’éleveur ou de berger soit facile, qu’il ne comporte pas de nombreuses difficultés qui devraient le faire accéder au rang de métier pénible pour le calcul de la retraite. Passer plusieurs mois seul dans la montagne et courir de temps à autre après son troupeau pour un salaire souvent ridicule, cela n’a rien de drôle. Mais les éleveurs, les bergers et tous les syndicats agricoles confondus se trompent en liant l’existence du loup et d’autres espèces sauvages à la crise de la filière ovine. Ils feraient mieux de tourner leur courroux vers la filière de la viande, vers les importations, vers les politiques de prix des grandes surfaces ou vers le traité qui contraint encore la France à importer de l’agneau congelé de Nouvelle-Zélande.

Ils pourraient, comme certains le font heureusement comme je viens de le constater dans la Drôme, se poser des questions sur leur instrumentation par les chasseurs qui se moquent des moutons mais craignent la concurrence pour leur gibier. Il ne faut pas oublier que ce sont les chasseurs qui pourchassent les loups et réclament un droit de tir à vue. Ce sont aussi eux qui ont abattu les derniers ours Pyrénéens, contraignant les pouvoirs publics à leur chercher des remplaçants en Slovénie.

Les mêmes problématiques entraînent le harcèlement, voir l’assassinat des ours alors qu’ils ne "consomment", en général en automne, que 0,9% des brebis qui vivent dans la montagne pyrénéenne. Des chiffres qui n’ont aucune commune mesure avec les dizaines de milliers de moutons tués chaque année par les chiens errants ou fugueurs, bien souvent ceux des chasseurs. La même remarque vaut pour les Alpes et le Massif central, puisque selon une estimation de la FNSEA, ce sont au minimum 150.000 ovins qui sont tués ou estropiés chaque année par des chiens.

La situation pré-électorale n’est pas meilleure dans les Vosges et le Jura, où, depuis 1983, les lynx tentent de se multiplier en dépit des tirs clandestins ou des campagnes d’empoisonnement menées discrètement par les chasseurs. Au point que l’espèce est en danger, alors qu’en Espagne, le sauvetage d’une espèce voisine, le Lynx pardel est désormais réussie. Mais une part de la France rance, à commencer par celle des élus locaux, ne supporte pas le sauvage, ne supporte pas que le milieu naturel ne ressemble pas à un parc urbain, que les animaux sauvages n’obéissent pas aux syndicats d’initiative, que les routes circulent encore entre des arbres. Lesquels, c’est bien connu, ont la fâcheuse habitude de se jeter sur les routes au devant des automobilistes. Rien à voir avec les loups, les lynx ou les ours ? Mais si, car les chantres et représentants d’une ruralité qui n’existe plus que dans leurs imaginations et leur nostalgie d’un autre âge, se battent depuis des années contre ce qui ne ressemble pas à un jardin à la Le Nôtre. Alors qu’en Espagne et en Italie, les loups et les ours sont efficacement protégés.

La rage envers le sauvage a entraîné au cours des derniers mois, des élus à faire détruire des nids d’hirondelles parce que ces oiseaux salissaient les rues et des inconnus à empoisonner des vautours, des gypaètes, des milans royaux, des buses ou des hérons dans de nombreux départements. Sans que la justice se saisisse des ces délits alors que comme le loup, le lynx et l’ours, il s’agit d’espèces protégées.

La vindicte contre les animaux sauvages a même atteint depuis quelques mois les phoques veau-marins qui vivent autour de la Baie de Somme. Une espèce sauvée de justesse par les naturalistes et désormais accusée (ils sont 460 !) de dévaster les bancs de poissons par des pêcheurs (et des élus) qui devraient plutôt se poser des questions sur les méfaits de la surpêche dans les mêmes secteurs.

Le "sauvage" n’intéresse ni la droite, ni l’extrême droite, ni les socialistes, ni le Front de gauche, ni le Parti communiste. Ni d’ailleurs, dans le fond, les Verts qui ont d’autres chats à fouetter puisque les animaux ne votent pas. Seules les associations de protection de la nature râlent. Mais qui les entend, qui les écoute ?

Réalité encourageante : il est à peu près certain que le loup a désormais réussi sa reconquête du territoire français et qu’il peuplera de plus en plus de départements.

Claude-Marie Vadrot
Source : Politis

06/10/2013

Loups et élevages : une coexistence « compromettante »

loup,jura,prédateursLoups et élevages : une coexistence « compromettante »


par Antoine Doré[1]

Article paru dans le Courrier de l'environnement de l'INRA n°63, août 2013 pp. 123-124.


L'année 2012 marque les vingt ans du retour officiel des loups en France. Et pourtant, aucune mesure n'est à ce jour parvenue à créer les conditions d'une coexistence parfaitement pacifique entre les loups, les moutons, et les humains. L'existence des uns semble toujours, par endroits et par moments, compromise par la présence des autres. Les situations de calme relatif rendues possibles par l'appareillage compliqué de multiples dispositifs techniques, scientifiques, juridiques, administratifs, etc.[2], restent souvent précaires.

Non, les éleveurs et leurs animaux ne seront sans doute jamais totalement tranquilles en présence des loups. Il est fort à parier également que les loups ne vivront jamais complètement en paix tant que les éleveurs et les bergers auront des troupeaux à défendre. En effet, si des mesures de protection permettent d'assurer une relative sécurité du bétail, les loups parviennent de temps à autre à les contourner et à en trouver les points faibles. Et l'immunité théorique que la Convention de Berne[3] et la Directive Habitats[4] confèrent aux loups est régulièrement écornée dans la pratique par quelques destructions illégales de ces prédateurs.

Sauf à envisager l'hégémonie destructrice d'un camp sur un autre, la situation actuelle nous oblige à faire le constat que la suppression de tout conflit relatif à la présence des loups est illusoire. L'entière réconciliation du loup et de l'agneau n'est pas pour aujourd'hui. De sorte qu'il apparaît important de concentrer les efforts sur un accompagnement du conflit qui soit l'occasion d'apprentissages collectifs et d'ajustements réciproques.

Comme l'avait bien vu le sociologue et philosophe allemand Georg Simmel, le conflit est un facteur important de cohésion sociale[5]. C'est en particulier au gré de nos querelles, discordes, désaccords, etc., que nous apprenons collectivement à vivre ensemble et que nous faisons société entre humains. C'est par le conflit que nous devons également apprendre à composer les agencements « anthropo-zoo-techniques » qui conviennent et explorer ensemble les voies possibles d'une cohabitation plus vivable pour tous : loups, moutons, éleveurs, naturalistes, chiens de protection de troupeaux, promeneurs, chasseurs, chamois, chevreuils, etc.

Dans cette optique, l'aménagement des relations tumultueuses qui s'engagent entre des humains à propos des loups est certes important. Mais l'invention des conditions d'un co-apprentissage de la conflictualité entre les loups et les éleveurs l'est sans doute plus encore. Il est temps de considérer et de traiter les loups comme de véritables parties prenantes des conflits plutôt que comme de simples révélateurs d'enjeux politiques qui ne concerneraient que l'entente entre humains. Or, cela n'est envisageable qu'en dérogeant, de manière partielle et mesurée, à la stricte protection des loups. Les éleveurs et bergers doivent pouvoir réagir face aux prédateurs récalcitrants qui parviennent à outrepasser les dispositifs de protection des troupeaux pour s'attaquer à leur gagne-pain. Et les loups doivent pouvoir sentir, sur le vif, la résistance active de ces derniers pour apprendre ou réapprendre à se tenir à distance du bétail.

Pour ne pas être fatals aux uns ou aux autres, les conflits entre humains et animaux, tout comme les conflits entre humains, doivent cependant être accompagnés, être encadrés démocratiquement. Il s'agit alors d'inventer une pratique politique du conflit qui prenne définitivement acte du caractère compromettant du vivre ensemble, qui assume pleinement le constat selon lequel toute entreprise de coexistence pose des questions importantes d'identités, c'est-à-dire, par exemple, de reconfiguration des manières d'être éleveur, mais également des manières d'être loup. Dès lors. une question primordiale s'impose : jusqu'où sommes-nous prêts à compromettre nos façons de faire, nos façons d'être, pour cohabiter avec l'autre ? Comment et jusqu'où peut-on intervenir sur les loups sans remettre en cause leur caractère sauvage défendu par les uns ? Comment et jusqu'où peut-on transformer les pratiques d'élevage sans dénaturer certaines pratiques spécifiques de conduite des troupeaux auxquelles tiennent tant les autres ? Tout l'enjeu consiste alors à inventer les dispositifs de négociation prenant à bras-le-corps de telles questions pour rendre possible l'instauration collective de « compromis du supportable ».

 

antoine doré,inra

 

Le dispositif interministériel de prélèvement fixant les conditions d'autorisations ponctuelles de destruction de loups[6] est sans doute très imparfait et insatisfaisant. Il peut cependant être considéré comme la préfiguration d'un instrument d'accompagnement du conflit potentiellement efficace et démocratique, en créant les conditions de possibilité d'une négociation collective de « compromis du supportable », au sein des comités pluripartites dédiés aux grands prédateurs.

En vertu des mesures dérogatoires à la stricte protection des loups prévues par la Directive Habitats, des destructions de loups sont possibles aux conditions que des dégâts importants soient constatés, qu'il n'existe aucune autre solution satisfaisante et que cela n'affecte pas l'état favorable de conservation des populations. La traduction pratique et détaillée de ces conditions abstraites en un protocole technique fixant les conditions et modalités d'application des opérations de tir est l'occasion d'une négociation progressive de ce que les différents protagonistes peuvent supporter : d'une part, il s'agit de définir le seuil de pression de prédation supposé être supportable pour l'éleveur (nombre d'attaques constatées par l'administration pendant une durée donnée) ; d'autre part, il s'agit de définir un seuil de pression de prélèvement de loups supposé être supportable par la population (nombre maximum de loups dont la destruction peut être autorisée sans que cela n'affecte l'état favorable de conservation des populations).

Les débats qui accompagnent chaque année la publication des arrêtés préfectoraux ordonnant la réalisation de tirs de prélèvement de loups ne doivent pas être considérés comme le signe d'une défaillance du dispositif. Ils témoignent de l'invention en cours d'une coexistence qui ne peut pas être décrétée de manière autoritaire ou irénique[7], mais qui doit être pensée et construite comme un compromis réciproque des protagonistes. Tout l'enjeu des politiques publiques est alors de créer les conditions nécessaires à son élaboration.



[1] Sociologue à l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (IRSTEA) Chercheur associé au CSO (CNRS/Sciences-Po) et au laboratoire PACTE (CNRS/IEP/UPMF/UJF) dore.antoine@yahoo.fr

[2] Pour ne citer que quelques exemples : les mesures de protection des troupeaux (parcs de regroupement mobiles, chiens patous, etc.) ; le Réseau loup/lynx de suivi des populations ; l'arrêté fixant la liste des mammifères terrestres protégés sur l'ensemble du territoire français ; la circulaire relative à l'indemnisation des dommages causés par le loup aux troupeaux domestiques, etc.

[3] Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe, Berne, 19 septembre 1979.

[4]Directive 92/43/CEE du Conseil, 21 mai 1992, concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages.

[5]Simmel G., 1 W. Le conflit. Circé, Paris, 166 p

[6]Arrêté du 4 niiii 2011 fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus). Journal officiel de la République française, n°0111 du 13 mai 2011 ; page 8289.

[7]Qui cherche à éviter les excès d'une attitude purement polémique. Relatif à l'irénisme (Larousse).

05/10/2013

Contrat de rivière Vallée du Doubs

contrat de rivièreContrat de rivière Vallée du Doubs : « restaurer la continuité écologique et restaurer les fonctionnalités biologiques »

 

La détermination paye. Le Doubs va enfin bénéficier d’un contrat de rivière en 2014.

 

Le comité de rivière « Vallée du Doubs » s’est réuni pour la première fois ce mercredi. Il regroupe des élus, des services de l’État et des collectivités et des usagers, et signera en juin prochain le contrat avec ses partenaires financeurs (Collectivités, Agence de l’eau). Éric Durand, conseiller régional EELV, préside ce comité.

 

Pour Éric Durand : « Ce contrat de rivière permet enfin de se pencher sur notre belle rivière emblématique de notre territoire. Il va engager une série d’actions permettant de restaurer la continuité écologique de la rivière et restaurer ses fonctionnalités biologiques. Afin de mettre en œuvre ces actions, il faudra convaincre les acteurs locaux de façon à ce que chaque action soit admise et partagée par le plus grand nombre. C’est sur cette concertation et mobilisation que repose le succès de ce programme. »

 

Le contrat de rivière est un projet commun pour réhabiliter et valoriser le patrimoine aquatique, qui se traduit dans un programme d’aménagement et de gestion du cours d’eau.

 

C’est l’Établissement Public Territorial du Bassin Saône et Doubs (EPTB) qui suivra ce contrat. Il intervient sur plus de 2000 communes sur les thématiques des inondations, de l’amélioration de la qualité et de la ressource en eau, des zones humides et de la biodiversité. L’EPTB agit pour une gestion durable de l’eau, des rivières et des milieux aquatiques.

 

Pour le futur contrat de de rivière « Vallée du Doubs », le diagnostic réalisé par l’EPTB et le comité de suivi ont retenu trois axes :

 

* la restauration physique des cours d’eau et de leur continuité écologique,

* la maîtrise des pollutions d’origine agricole et industrielle,

* la sensibilisation des acteurs et du grand public en vue de leur implication.

 

Pour suivre ce contrat : site de l’EPTB :

http://www.eptb-saone-doubs.fr/Doubs-Vallee-du-Doubs-et

 

Article de France 3 :

http://blog.france3.fr/vallee-de-la-loue/2013/10/02/un-co...

 

27/09/2013

Gaz de schiste en Franche-Comté

Gaz de schiste en Franche-Comté :

des contrats d'exploration signés dans le plus grand secret

(Dernière mise à jour : 12/02/2013)

 

Tout a été fait pour que nous restions dans l’ignorance. Il ne faut pas que les citoyens soient au courant. Les maires des communes n’ont pas été prévenus.

Pourtant en 2010, Jean-Louis Borloo, alors Ministre de l’Écologie a accordé des contrats d’exploration à des compagnie pétrolières sur un dixième de la surface du pays. Il a modifié le code minier pour assouplir la législation sur la protection de l’environnement et pour maintenir au secret les résultats de ces explorations. Écouter à ce sujet les propos de Corinne Lepage qui s'exprime sur le gaz de schiste :

 

http://www.youtube.com/watch?v=5k9jc95IECQ&feature=pl...

 

Nicole Bricq, ministre de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie a décidé de procéder à la mise en ligne, sur le site du ministère, de l'intégralité des permis de recherches sur le sol national d'hydrocarbures -pétrole et gaz- y compris d'hydrocarbures non conventionnels comme le gaz de schiste, accordés ou en cours d'instruction.

En ce qui concerne la Franche-Comté, voici les permis concernés :

 

schistes gazifères,jura;doubs,franche-comté

 

 Qu’est-ce que ce « gaz de schiste » ? C’est un gaz naturel emprisonné dans la roche profonde. Jusque récemment, nous n’étions capable que d’extraire du gaz de poches naturelles mais désormais les compagnies pétrolières sont capables d’aller le récupérer dans la roche. Pour cela, il faut « fracturer » ces couches rocheuses, injecter dans des puits de forage des millions de litres d’eau accompagnés d’un intense cocktail de produits chimiques. Cette technique, très chère, est particulièrement polluante. Elle est utilisée depuis plus de deux ans maintenant aux États-Unis et au Canada et c’est déjà une catastrophe écologique : les nappes sont polluées, l’eau du robinet est chargée en gaz et produits chimiques …

 Ce sont donc les écologistes d’outre-Atlantique qui, les premiers ont dénoncé ce scandale écologique. Ce sont les écologistes en Europe qui montent au créneau et notamment José Bové.

 En France, c’est Jean-Louis Borloo qui a accordé des contrats juteux en toute opacité.

En ce qui concerne la Franche-Comté, un périmètre de prospection de 1470 km2 a été accordé à l'entreprise Celtique Energie Petroleum dans la région de Pontarlier, et un autre de 3269 km2 dans la région des Moussières. Voir à ce propos l'article : "Devine qui vient forer chez moi ?"

De sorte que, à tout moment, l’entreprise « Celtique Energie Petroleum » peut venir forer à 2000 mètres sous le Laveron pour venir y faire des tests ? Les maires des communes eux-mêmes ne sont pas au courant ! Pourtant, c’est bien le cas ! Regardez par vous-même le site internet de cette compagnie :

 

http://www.celtiqueenergie.com/operations/france/jura/map...

 

pontarlier_2010.jpg

Périmètre de prospection dans le Haut-Doubs

concédé à Celtique Energie Petroleum

 

pontarlier_toarcian_620.jpg

Aire potentielle de gaz de schiste

dans le permis de Pontarlier

 

Celtique Energie_Pontarlier.jpg

Carte Google de la zone de prospection autour de Pontarlier

(Document Celtique Energie Petroleum)

 

lesmoussières_2010.jpg

Périmètre de prospection dans le Jura

concédé à Celtique Energie Petroleum

 

 Cette affaire de gaz de schiste est scandaleuse à plusieurs titres :

 

  • C’est tout d’abord un déni de démocratie. Le gouvernement et les compagnies pétrolières veulent passer coûte que coûte et le moyen le plus efficace, c’est la discrétion. Pour cela, c’est raté grâce à la vigilance des écologistes. Malheureusement, le gouvernement s’est déjà engagé, en notre nom !

 

  • C’est ensuite un danger insupportable. L’exploitation de ce gaz souterrain est particulièrement dangereuse et polluante. Comme si la ressource en eau dans notre pays karstique n’était pas déjà en piteuse état.

 

Après les plans d’épandage pas respectés, les communes ne respectant pas la loi sur l’assainissement, les canons à neige, voici que débarquent les gaz de schiste, avec ses forages, ses explosions souterraines, ses cortèges de camion, ses millions de litres d’eau injectés à très haute pression mélangé à des produits chimiques hautement toxiques.

 

 Enfin, le principe même de cette exploitation va à l’encontre du bon sens. Quel est l’avenir ? À quoi devrait-on mettre notre énergie ? A trouver des énergies renouvelables et à se passer des hydrocarbures qui provoquent de l’effet de serre et les changements climatiques ! Au lieu de cela, on continue à volontairement ignorer le danger et on va sortir de la terrer de nouvelles causes d’émissions de gaz à effet de serre. Au lieu de trouver comment stocker le CO2, on le déterre !

 

À qui profite le crime ? Comme toujours, à quelques profiteurs, aux actionnaires des grandes compagnies pétrolières et à ceux qui leur obéissent.

 

Source : Europe Ecologie Les Verts


Article paru dans l'Est Républicain du 10 février 2013


Les permis d’exploration attribués dans le massif du Jura, aux Moussières, à Pontarlier et en Suisse, font à nouveau parler d’eux. Des permis qui autorisent la société britannique Celtique Energie Petroleum à explorer le sous-sol du massif à la recherche d’hydrocarbures conventionnels. Avec des demandes de permis de forage qui pourraient ne pas tarder.


En effet, à Noiraigue, à 30 km de Pontarlier, en Suisse, les choses pourraient aller très vite. Selon le journal helvète « Le Temps », « la firme britannique est disposée à investir 15 millions de francs pour réaliser un forage exploratoire durant deux mois, jusque 2 300 mètres entre Noiraigue et Travers. Elle estime pouvoir trouver 20 milliards de mètres cubes de gaz naturel, une quantité qui permettrait de couvrir l’actuelle consommation en Suisse durant sept ans ».

 

La compagnie pourrait faire sa demande de forage, comparable à une demande de permis de construire, courant 2013. Une étape supplémentaire, après des années de recherche, qui conduirait à implanter des derricks, pour explorer le sous-sol.

 

« Des trois permis du massif, c’est celui du Val de Travers qui est le plus avancé. Pour Celtique Energie Petroleum, il est logique que la prochaine étape soit le forage de reconnaissance. Mais ces forages de reconnaissance pétroliers coûtent cher. Ils sont ensuite souvent transformés en forages d’exploitation », souligne Vincent Bichet, géologue et professeur à l’université de Besançon.

 

Si les choses vont plus vite en Suisse qu’en France, c’est que le permis de Celtique Energie Petroleum, dans le Val de Travers, a été accordé plus tôt. Mais aussi parce que les recherches ont été simplifiées par des années d’études antérieures et des certitudes plus implantées. « Pour la compagnie, il a fallu redigérer des données géologiques qui avaient déjà été analysées depuis trente ans, vérifier des hypothèses. Et dans le Val de Travers, des prélèvements d’asphalte ont déjà existé auparavant. »

 

« Stratégie en cascade »

 

Pour Celtique Energie Petroleum, la deuxième étape, en Suisse, sera l’obtention du droit d’apporter des machines sur le terrain, en accord avec les autorités locales. Une autorisation soumise à une étude d’impact, principalement due à la présence du château d’eau du canton de Neuchâtel.

 

La compagnie serait donc « à deux doigts » du forage en Suisse. Avec, ensuite, une potentielle stratégie développée en cascade. « La société pourrait envisager de travailler dans l’ordre : elle pourrait commencer par Noiraigue, puis explorer ensuite le permis des Moussières, puis celui de Pontarlier, en transférant le matériel de reconnaissance de site en site. »

 

Le Jura français aurait-il donc un petit sursis ? « Géologiquement, on sait qu’il y a des hydrocarbures dans le Jura. Cela fait des années que les recherches l’ont prouvé. Il y a même déjà eu une trentaine de forages, notamment à Sainte-Colombe, Chapelle-des-Bois ou Mignovillard. La vraie question serait maintenant d’ouvrir un débat éthique. Les forages seront toujours plus encadrés en France ou en Suisse qu’au Mexique ou en Sibérie. Le risque est à peu près maîtrisable, même si le risque zéro n’existe pas. Mais il faudrait surtout se poser la question : veut-on de cette énergie ? Sur nos parcs naturels, avec l’image négative que peuvent véhiculer des derricks sur l’écotourisme… N’y a-t-il pas une autre alternative à trouver ? », s’interroge Vincent Bichet.

 

Le débat mériterait au moins d’être lancé.

 

Lisa LAGRANGE

 

Dans le Jura français, les choses bougent également.

 

Le renouvellement du permis dits des Moussières (situé sur les départements du Jura, des Savoies et de l’Ain) est en cours d’instruction. Un examen effectué par la préfecture de l’Ain qui prend du temps : quinze mois. Mais, durant ce délai, la compagnie Celtique Energie Petroleum peut continuer à explorer le périmètre que l’Etat lui a accordé en 2008. Un jeu de patience avant « de s’attaquer sans scrupule au sous-sol », affirme le collectif « Non aux forages d’hydrocarbures ».



La demande de renouvellement de permis d’exploration (d’une durée de cinq ans, renouvelable deux fois) a été jugée recevable par le ministère de l’Environnement, le 3 décembre 2012.



La loi prévoit que le renouvellement d’un permis concerne une zone deux fois plus petite que celle du permis initial. « Nous soupçonnons même les [Celtique Energie Petroleum, N.D.L.R.] d’avoir tout calculé depuis le début. Y compris la réduction du périmètre de leur permis […] Le premier périmètre allait de Belley, dans l’Ain, jusqu’à Pontarlier. Aujourd’hui, il est recentré autour de Lantenay (Ain), mais concerne toujours Saint-Claude et le Haut-Jura », indique Guy Faure, hydrogéologue et membre du collectif.



La petite histoire veut d’ailleurs que Les Moussières soit exclues de ce nouveau permis. Mais peu importe, la zone réduite de moitié (de 3 269 km² au départ à 1 635 km² aujourd’hui), la Celtique Energie Petroleum sait déjà que son principal gisement est sous les pieds des habitants de Nantua et de ses environs.