Selon le rapport, ces deux faits sont révélateurs d’un «état général relativement dégradé de la Loue qui date d’au moins trente ans» et dont les causes sont multiples. La Loue est une rivière vulnérable aux pollutions en raison de ses caractéristiques géologiques. Les aménagements faits d’année en année ont également un impact sur la qualité physico-chimique et biologique de la rivière.
Les experts, placé sour la responsabilité de l'ONEMA (Office national de l'eau et des millieux aquatiques), ont adressé des recommandations au comité des Sages constitué en décembre 2011 par le Préfet :
- Maîtriser les flux de nutriments dans la rivière (phosphore et azote) pour limiter, par exemple, la prolifération de cyanobactéries,
- Redonner de la liberté à la rivière retirant certains barrages qui ralentissent l’écoulement du cours d’eau,
- Encadrer et contrôler la politique de repeuplement de la Loue,
- Minimiser le risque environnemental lié à toutes les activité humaines polluantes (agricole, sylvicole, urbaine ou industrielle.
L’objectif pour le comité des Sages et les services de l’État est d’aboutir désormais à un plan d’actions partagé.
Si la situation de la Loue est préoccupante, les experts relativisent : les eaux de la Loue restent de bonne qualité comparativement à d’autres cours d’eau français.
Résumé du rapport des experts :
ÉTONNANT : la pratique du "no kill" est mise en cause dans ce rapport !
Ajout du 17 janvier 2013 : les recommandations du Conseil scientifique de Comité de Bassin Rhône-Méditerranée
Alarmé par la piètre qualité des eaux de la Loue, le conseil scientifique du comité de bassin Rhône-Méditerranée, présidé par Daniel Gerdeaux, hydrobiologiste (INRA Thonon les Bains) appelle à relancer une opération de lutte contre l'eutrophisation.
Pour le conseil scientifique, cette eutrophisation persistante doit trouver un remède. Il s'agit d'un impératif tant écologique qu'économique. Le colmatage du fond du cours d'eau par les algues entraîne une surconsommation nocturne de l'oxygène aux dépens de la faune aquatique benthique et vagile. On sait que ce développement algal est nourri par les excès de phosphore et d'azote venus des élevages et des eaux usées domestiques. En outre, les interruptions dans le couvert de la forêt rivulaires, les barrages ralentissant l'eau et le changement climatique aggravent considérablement les conséquences de l'eutrophisation en réchauffant et éclairant les eaux. Ce constat alarmant a amené le comité de bassin à relancer une campagne de reconquête de la qualité de l'eau de la Loue.
Pour le conseil scientifique, il s'agit prioritairement :
- de lutter contre l'eutrophisation en ciblant l'assainissement des eaux usées et les épandages agricoles pour faire baisser les apports de phosphore et de nitrates à la rivière.
- de réinstaller un couvert forestier dense sur les berges de la Loue et de supprimer des seuils en travers du cours d'eau pour réduire sa sensibilité aux effets du changement climatique.
- de faire un nouveau bilan, plus exhaustif, des apports en polluants par catégorie d'activité, pour apprécier la nécessité d'éventuelles mesures complémentaires.
La commission locale de l'eau Haut-Doubs et Haute-Loue, qui est déjà à l'origine d'un schéma d'aménagement et de gestion des eaux usées, est appelée à prendre en main cette opération.
Qu’attendre de la Conférence départementale Loue et rivières comtoises? (juillet 2013)
C’était une promesse des Assises de la Loue. En octobre dernier, préfecture et conseil général du Doubs organisaient une journée d’informations et d’échanges autour des problèmes de la Loue.« Le temps presse, on change de rythme et de méthode » affirmait Claude Jeannerot, le président du conseil général du Doubs. « Nous devons faire plus, nous devons faire mieux » renchérissait le préfet Christian Decharrière. Pour y parvenir, le principe d’une Conférence départementale était créée avec comme objectif la tenue de deux réunions par an et la participation d’un conseil scientifique.
Cette première conférence est prévue ce vendredi 5 juillet à Quingey. Contrairement aux Assises, elle se tiendra à huis clos et ne durera que deux heures et demie. Les suivis de qualité de l’eau, le point sur les mesures du SDAGE, les actions menées sur la Haute-Loue et Haut-Doubs, l’évolution de la gouvernance sont au programme de cet après-midi.
Une certitude, c’est Jean-François Humbert, président du Groupe national d’experts qui s’était penché sur les problèmes de la Loue qui sera à la tête du Comité scientifique Loue et rivières comtoises. Ce chercheur à l’Ecole normale supérieure avait présidé le « Rapport d’expertise sur les mortalités de poissons et les efflorescences de cyanobactéries de la Loue ».
Des scientifiques du laboratoire de Chrono-Environnement de l’université de Franche-Comté font également partie de ce Comité scientifique. Ce Comité s’est déjà réuni pour hiérarchiser tous les éléments en leur possession et « prendre le problème par le bon bout ».
La fédération de pêche du Doubs aurait aimé faire partie de ce comité scientifique car elle a cofinancé et réalisé des études pour analyser les maladies de la Loue. Elle craint que le comité scientifique prennent en compte les protocoles admis par la Directive cadre eau alors qu’ils ne sont pas forcément adaptés à la situation de la Loue.
Et sur le terrain, où en est-on ?
Des mortalités de poissons sont encore parfois constatées, la santé de la Loue ne s’améliore pas. Depuis un an maintenant, une chargée d’étude de l’université de Franche-Comté travaille à plein temps sur la Loue. Elle réalise régulièrement des mesures de la source à la moyenne Loue. Et, une pêche électrique doit de nouveau avoir lieu sur la Loue entre le 22 et le 26 juillet.
Le syndicat mixte de la Loue, lui, contrôle chaque semaine la température de l’eau dans la Loue et le Lison. 17 sondes sont installées dans les rivières.
Voilà pour l’observation. Côté action, des études de faisabilité ont commencé pour écrêter deux barrages sur la Loue (à Rennes sur Loue et Ornans) et améliorer ainsi la continuité écologique des cours d’eau. Une préconisation qui avait été faite lors des Assises de la Loue.
Autre réalisation, la création du syndicat mixte des milieux aquatiques du Haut-Doubs, première étape de la création d’un syndicat qui engloberait l’ensemble du bassin versant. L’implication du Jura dans ces structures semble plus délicate.
Suivre les efforts de réhabilitation de la Loue sur le site du contrat de rivière Loue.
Ajout du 30 octobre 2013 : les nitrates contaminent les sols pendant 80 ans !
Une équipe franco-canadienne a montré que l'azote des engrais artificiels persiste beaucoup plus longtemps qu'on ne le pensait dans le sol. Non seulement, les nitrates qui dérivent de ces fertilisants contaminent les eaux, mais ils dégradent l'environnement et la santé. Dans quelle proportion sont-ils réellement absorbés par les cultures ? Quelle quantité reste dans les sols ou passe dans les eaux ? Et en combien de temps ?
Dans un article paru dans les Comptes rendus de l’Académie américaine des Sciences (PNAS) datés du 21 au 25 octobre 2013, Mathieu Sebilo (université Pierre-et-Marie-Curie, Paris VI) rend compte d'une étude menée sur plusieurs décennies sur le parcours d'un engrais marqué à l'azote 15, plus lourd que l'azote habituel, dispersé en 1982 à travers deux lysimètres dans la région de Châlons-en-Champagne. Ces parcelles de terre équipées de systèmes de prélèvements permettent en effet un suivi précis des cultures.
Résultat : en trente ans, les plantes ont absorbé de 61 à 65 % de l'azote de l'engrais. Mais entre 12 et 15 % demeurent encore piégés dans la matière organique du sol. Chaque année, une petite partie, transformée en nitrates, passe dans l'eau. Ainsi, en trois décennies, de 8 à 12 % de l'engrais marqué utilisé en 1982 se sont retrouvés dans l'eau. Et cela va continuer pendant au moins cinquante ans ! Il est démontré que l’azote provenant des engrais excède les besoins naturels liés à la croissance démographique et à l’agriculture et que pour espérer limiter la pollution par les nitrates, il faut donc tenir compte non seulement des pratiques actuelles, mais aussi de celles du passé. Les problèmes de pollution des rivières comtoises par les intrants agricoles ne seront donc pas réglés en trois coups de cuillère à pot !
4e Conférence de la Loue et des rivières comtoises : vers la création d’un label d’excellence environnementale
Étiquettes : gestion de l'eau, La Loue
Ajout du 15 juillet 2016 Extrait de la lettre du député du Doubs Éric Alauzet
Éric Alauzet était présent mardi 28 juin pour la 4e Conférence de la Loue et des rivières comtoises. Ces conférences regroupent des élus, des techniciens de l’État et du département, des représentants des associations de défenses des rivières, des représentants de toutes les activités humaines sur le territoire : l’agriculture, l’industrie, la filière bois…
L’objectif est de partager les informations, les résultats scientifiques, les mesures envisagées ou prises. Ces informations sont techniques mais également politiques. Aussi, Éric Vindimian, expert mandaté par le ministère de l’environnement, a rédigé un diagnostic des causes des perturbations de la Loue et des rivières comtoises. Lors de cette Conférence, il a présenté et rendu son rapport qui comporte 22 recommandations détaillées pour faire de la Franche-Comté et ses rivières karstiques (plateau calcaire) un « territoire d’excellence ». Ce rapport sera soumis aux acteurs du territoire et sa version définitive reprendra leurs observations.
Le rapport Vindimian est soumis à la consultation des membres de la conférence départementale de l’eau jusqu’au 15 septembre 2016. Toutes les remarques et contributions doivent parvenir directement à Eric Vindimian par mail (eric.vindimian@developpement-durable.gouv.fr) avant cette date.
L’attribution du Label d’excellence environnemental serait un aboutissement et une concrétisation de ces 22 actions et pourrait inciter le grand public à agir pour la qualité des eaux des rivières de leur région.
Les services de l’État ont également défini de nouvelles normes pour les rejets de l’assainissement collectif. Trois zones ont été créées avec une réglementation adaptée en fonction de la situation des stations d’épuration. Reprenant le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE), il s’agit de limiter l’usage des pesticides, de restaurer la continuité écologique afin de respecter la norme européenne de bon état des cours d’eau.
Vous retrouverez ci-dessous trois articles reprenant l’ensemble des informations fournies lors de cette Conférence ainsi qu’un récapitulatif de ce qui s’est passé depuis la 1re Conférence qui a eu lieu en juillet 2013 :
Préfecture du Doubs avec l’ensemble des documents :
http://www.doubs.gouv.fr/Politiques-publiques/Environnement/Eau/Conference-Loue-et-rivieres-comtoises/Conference-Loue-et-rivieres-comtoises-du-28-juin-2016
France 3 Franche-Comté :
Dernière mise à jour du 17 janvier 2017
Rapport pour la création du « territoire d’excellence de la Loue et des rivières comtoises »
Commentaires
Bonjour
Je suis Suisse, originaire de Genève et pêche la Loue (uniquement en mouche sèche) depuis les années 1960. A cette époque, malgré les rejets directs de déchets ménagés et organiques dans la rivière, la population de truites et d'ombres était importante. Après la fraie des ombres, il y a toujours eu une certaine mortalité (variable suivant les années), mais rien de comparable avec les années 2009 et 2010. Par contre, il était rare de voir des truites malades ou mortes.
Déjà à l'époque, Il fallait utiliser une à deux queues de rat par saison pour pêcher en mouche sèche (problèmes de flottaison). Ce phénomène démontre que la détérioration des lignes flottantes, était déjà due à des problèmes de qualité de l’eau.
Aujourd’hui, la pollution a empiré du fait de l’augmentation continuelle de la population et de l’utilisation intensive des engrais et des pesticides dans l’agriculture. Les prélèvements d’eau dans les nappes phréatiques ont pris des proportions inquiétantes, ce qui influe le débit de la rivière. Les stations d’épurations ne retiennent que certains résidus polluants, et rejettent à la rivière une eau non oxygénée, sans sels minéraux, à une température anormalement élevée, qui a pour conséquence de modifier le biotope de l’eau. Ces modifications, sans parler des différents produits pernicieux qui passent directement au travers les stations d’épuration ou qui se déversent directement dans l’eau (médicaments, antibiotiques, pesticides, etc…) provoquent des troubles irréversibles, qui font lentement disparaître les résidants de la rivière, en commençant par les invertébrés qui constituent la nourriture de base des poissons, qui disparaissent à leur tour vaincus par la maladie.
Ces cinq dernières années, j’ai vu une diminution spectaculaire des plécoptères (grande perle). Sa larve, qui vit en moyenne 3 ans dans l’eau avant de devenir un insecte parfait, est un des invertébrés les plus sensibles à la pollution. Si des décisions ne sont pas prises rapidement pour améliorer la qualité de l’eau, cet insecte disparaîtra définitivement de la rivière et par la suite d’autres insectes, et finalement les poissons.
En Suisse, nous avons également vu la disparition de plus de 50 pour cent des salmonidés de nos rivières ces 20 dernières années. Dans la région genevoise par exemple, les plécoptères et les mouches de mai ont disparus depuis une trentaine d’années.
En conclusion, l’augmentation continue de la démographique et de la productivité matérielle qui en découle, n’améliorera certainement pas dans l’avenir la qualité des eaux de nos cours d’eau.
J.B.Schopfer
Écrit par : J.B.Schopfer | 28/04/2011
je confirme la quasi disparition des plécoptères, sur le Doubs franco-suisse, je n'en ai plus vus à Goumois depuis 2010. Il reste encore des mouches de mai mais l'époque où fin juin vers 19h j'en trouvais 50 au m2 sur certains postes où les plus grosses truites de la rivière venaient les chercher est bien révolue. Faut-il incriminer la pollution diffuse ou les marnages incessants dus à l'exploitation hydroélectrique? On se perd en conjectures; 50 ans d'hydroélectricité n'ont pas tué en masse les" grande-perle" ou" Ephemera Danica", la catastrophe me semble d'abord la survenue d'une agriculture inadaptée aux sols karstiques et au faible pouvoir épurateur des sols. Je mets en cause la récente surproduction de lait, entre des eaux saines et du comté pas cher il faudra choisir. L'important est de mettre en place des mesures correctives sans plus attendre, mettre aux normes les assainissements et obliger les gens à se raccorder aux installations financées pour l'essentiel par l'argent public serait une mesure de bon sens. Il y a quelques années j'étais intervenu pour que Goumois ait une STEP, elle est construite mais pourquoi aujourd'hui des tuyaux crachent-ils toujours une eau souillée sous le Pont de Goumois côté France ? Les services sanitaires ou l'administration en charge de la police de l'eau pourraient quand même vérifier la conformité des raccordements à la nouvelle STEP sans attendre 2021 ou d'autres calendes grecques. En tout cas je confirme la baisse dramatique des populations d'invertébrés , le déclin piscicole et la chute de l'intérêt économique du tourisme pêche. Produire du Comté ou voir des truites dans le Doubs, il faut choisir. Cordialement Jean Wencker Président de la Commission des Milieux Naturels Aquatiques du bassin Rhin-Meuse et de longue date pêcheur du Doubs.
Écrit par : wencker jean | 01/12/2013
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