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14/04/2014

Entre chien et loup

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Entre chien et loup

 

 La domestication du Loup

(dernière mise à jour : 10 août 2017)

 

 

D'un côté, un loup gris massif, capable de briser net le fémur d'une proie trois fois plus grosse que lui. De l'autre, un minuscule chihuahua, niché sur un canapé. Entre les deux ? L'Homme : c'est lui qui, il y a des milliers d'années, à partir d'un être sauvage, le Loup, se composa un compagnon docile et fidèle, le chien.

 

Ou plutôt, les chiens. On en compte aujourd'hui plus de 400 races, depuis le chihuahua jusqu'au berger anatolien. Une extraordinaire diversité née des efforts de nos ancêtres, qui réussissent à transformer une bête sauvage en alliés à quatre pattes. La domestication était née. Une première dans l'histoire du vivant... Une première aussi pour l'homme : les scientifiques ont établi que la domestication du chien précéda - et de beaucoup ! - celle du cheval, du cochon, du chat... Ils savent aussi que toutes les races de chien descendent du loup.

 

Mais quant à savoir quand le Loup devint chien pour la première fois, et quels furent les hommes qui façonnèrent à leurs besoins ce grand prédateur... Là, le mystère persiste.

 

Le chien, un loup rempli d'humanité. Cette formule de Jean de La Fontaine (1621-1695) est prémonitoire.

 

Pour être vraie, cette frappante formule de Jean de La Fontaine sous-entend que le chien descend du loup. Est-il possible que les formes colorées si diverses de cet animal domestique soient issues du seul Canis lupus ? Ou bien, comme le crurent Charles Darwin (1809-1882) et le cofondateur de l'éthologie Konrad Lorenz (1903-1989), descendait-il aussi du chacal, lui aussi du genre Canis, voire de toute une variété de canidés sauvages : renards, dingos, lycaons… ? Jusqu'à ces dernières années, il était tout simplement impossible de déterminer l'origine du chien. Puis la biologie moléculaire a tranché : le chien est le descendant du loup et de lui seul, et la jolie formule de La Fontaine s'est révélée prémonitoire ! Le chien est bien une création de l'homme préhistorique par sélection artificielle. C'est ce que démontre Pierre Jouventin dans un article publié dans la revue "Pour la Science"

 

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Des chasseurs gravettiens, antérieurs à la dernière glaciation, capturent les louveteaux non sevrés d'une meute de loups. Ils les apporteront ensuite à leurs femmes qui les nourriront au sein afin de les intégrer à la horde humaine. Ils en feront ainsi des chiens, précieux auxiliaires de chasse.

 

D'après Pierre Jouventin, "le chien et le loup sont interféconds ainsi que leurs descendants. Les espèces du genre Canis séparées dans la nature, tels le loup, le chacal et le coyote, possèdent toutes 39 chromosomes et se croisent sans difficulté, avec une descendance fertile. D'un autre côté, bien des races de chiens, de tailles trop différentes, ne peuvent se croiser…

 

La définition biologique de l'espèce implique que des populations interfécondes soient isolées, par le comportement ou la génétique, des autres taxons (l'ensemble des organismes vivants partageant certains caractères) présents dans ce même lieu, tous constituant ainsi des espèces à part entière. Sa différenciation ne s'étant pas faite dans la nature, mais par l'action de l'homme et sans créer de barrière de reproduction avec son ancêtre le loup, le chien a donc le statut qu'on veut bien lui donner. Bref, le meilleur ami de l'homme ne constitue peut-être pas une espèce au sens strict, comme tout animal domestique dont le statut n'est qu'affaire de convention.

 

Le chien est néanmoins très différent du loup, en ceci qu'il cohabite avec l'homme sans conflit. La domestication du loup n'a pas été seulement une sélection artificielle, mais aussi une éducation pour lui apprendre à vivre avec nous. Sans l'avoir recherché, Pierre Jouventin a été amené à élever un loup dans un appartement, ce qui est considéré comme impossible par les spécialistes. cela a permis à la famille Jouventin de dominer psychologiquement son loup sans entrer en conflit ouvert avec lui. Les gènes de cet animal, né en zoo et qui devait être euthanasié, étaient pourtant les mêmes que ceux d'un loup sauvage de Pologne.

 

La France compte 7 millions de chiens. Certains animaux d'attaque et de défense peuvent échapper à leurs maîtres : on dénombre ainsi des centaines d'attaques de troupeaux d'ovins par an (voir à ce propos : Le mur facebook de la Buvette des Alpages). L'instinct de chasseur hérité du loup demeure.

 

Le patrimoine génétique du loup devenu chien a donc été modifié de génération en génération. Même si ce changement ne touche qu'une toute petite partie de l'ensemble des gènes, il nous paraît très grand, car les caractères qui nous importent le plus ont été supprimés ou amplifiés. Par exemple, l'homme a développé chez le chien adulte le comportement soumis que l'on observe chez le loup juvénile. D'ailleurs, à le comparer à son ancêtre, on peut décrire le chien comme un éternel adolescent, ce qui permet à son maître de s'imposer comme le substitut incontesté du chef de meute. Ce trait majeur d'éternel adolescent pour la domestication est cependant très variable d'une race de chien à l'autre.

 

Toutefois, le loup est bien plus proche de nous que bien d'autres mammifères du fait de son immaturité de plusieurs années. Cette dernière permet en effet une éducation aux méthodes complexes de chasse, lesquelles varient d'une meute à l'autre en fonction du gibier présent sur le territoire. Cet enseignement peut se transmettre en un même lieu pendant plusieurs dizaines d'années, donc sans que les loups de la première génération soient présents auprès de ceux de la dernière : il s'agit donc véritablement d'une sorte d'héritage culturel. Cela illustre la grande idée de Darwin selon laquelle il n'y a pas une différence de nature, mais de degré, entre l'homme et les autres espèces.

 

Si la domestication du loup ne peut qu'avoir résulté d'un processus de sélection, on ignore comment elle a débuté et s'est déroulée. Deux hypothèses sont envisagées.

 

1. Des individus affaiblis cherchant à survivre ou tout simplement curieux ont-ils appris à fréquenter des campements d'hommes préhistoriques pour profiter de leurs restes ? C'est l'hypothèse de la commensalité, qui trouve des arguments dans les pays où des chiens errants vivent de rapines et côtoient les humains sans vivre pour cela dans les maisons. En Italie, les loups sauvages fréquentent les décharges et le portrait de l'un d'entre eux, la gueule dégoulinante de spaghettis, a circulé sur Internet !


Les hommes du Paléolithique ont-ils alors pris le risque de capturer quelques adultes parmi ces fauves, des loups affamés, ou plus simplement curieux, qui auraient fréquenté les campements humains pour profiter des restes alimentaires ? Auraient-ils misé sur les animaux les plus dociles, notamment pour les aider à la chasse, exploitant leur flair et leur rapidité de course ? L'avantage est manifeste : les déchets auraient été éliminés et la présence des loups aurait pu dissuader les autres prédateurs d'attaquer le campement. La science ne permet pas de confirmer un tel scénario. Certes, l'alliance du loup et de l'homme possède des atouts naturels. Le rapprochement aurait en effet amélioré le résultat de la chasse chez les deux espèces.

 

2. L'autre théorie est celle de l'adoption.

Le premier pas pourrait aussi bien s'être fait via une véritable adoption : des hommes auraient installé des louveteaux au sein de leur tribu, que les loups auraient fini par considérer comme leur propre meute. "Cette hypothèse présente l'avantage d'une intimité beaucoup plus grande entre les deux espèces, et donc d'une influence plus significative et plus rapide de l'homme sur révolution du loup", appuie Pierre Jouventin, qui, au début de sa carrière d'éthologue a élevé un loup en ville, confié par le zoo de Montpellier. Quatre jours après la naissance, le louveteau, les yeux encore clos, a débarqué dans le petit appartement familial pour cinq années de cohabitation. " Lorsqu'un loup est intégré très tôt dans une famille, il la considère comme sa meute et finit par la protéger. Pour notre louve, j'étais le dominant, mais il fallait régulièrement trouver des astuces pour maintenir ce statut, comme monter sur un tabouret ou l'entourer à plusieurs et la houspiller, raconte le scientifique. Dans ces conditions, l'adoption est si facile qu'elle a probablement été réalisée à plusieurs reprises dans l'histoire de l'humanité. "

 

Les hommes du Paléolithique ont-ils vu d'emblée dans les loups des alliés potentiels ? Ont-ils alors pris le risque de capturer quelques adultes parmi ces fauves, des loups affamés, ou plus simplement curieux, qui auraient fréquenté les campements humains pour profiter des restes alimentaires ? Auraient-ils misé sur les animaux les plus dociles, notamment pour les aider à la chasse, exploitant leur flair et leur rapidité de course ? L'avantage est manifeste : les déchets auraient été éliminés et la présence des loups aurait pu dissuader les autres prédateurs d'attaquer le campement.

 

La science ne permet pas de confirmer un tel scénario. Certes, l'alliance du loup et de l'homme possède des atouts naturels. Le rapprochement aurait en effet amélioré le résultat de la chasse chez les deux espèces. Mais le premier pas pourrait aussi bien s'être fait via une véritable adoption : des hommes auraient installé des louveteaux au sein de leur tribu, que les loups auraient fini par considérer comme leur propre meute.

 

"Cette hypothèse présente l'avantage d'une intimité beaucoup plus grande entre les deux espèces, et donc d'une influence plus significative et plus rapide de l'homme sur l'évolution du loup", appuie Pierre Jouventin, qui, au début de sa carrière d'éthologue a élevé un loup en ville, confié par le zoo de Montpellier. Quatre jours après la naissance, le louveteau, les yeux encore clos, a débarqué dans le petit appartement familial pour cinq années de cohabitation. "Lorsqu'un loup est intégré très tôt dans une famille, il la considère comme sa meute et finit par la protéger. Pour notre louve, j'étais le dominant, mais il fallait régulièrement trouver des astuces pour maintenir ce statut, comme monter sur un tabouret ou l'entourer à plusieurs et la houspiller, raconte le scientifique. Dans ces conditions, l'adoption est si facile qu'elle a probablement été réalisée à plusieurs reprises dans l'histoire de l'humanité." L'aventure de la famille Jouventin d'élever un loup dans un appartement ne fut pas seulement une expérience extrême. Le fait d'être parvenus à cohabiter et même à vivre en famille avec un fauve dangereux démontre la facilité avec laquelle nos ancêtres ont pu domestiquer le loup, puisqu'en plein air, ils disposaient de conditions plus favorables que dans un appartement moderne au deuxième étage… Cette expérience nous a montré qu'un loup intégré à une famille humaine la considère comme sa meute et en protège les membres. Elle suggère que la capture de louveteaux a dû être réalisée plusieurs fois au cours de l'histoire de l'humanité, car leur intégration au sein de la horde humaine ne présente aucune difficulté : le loup ne connaissant pas son espèce, il s'assimile à ses compagnons de vie.

 

Ces deux théories sont souvent opposées. Cependant, elles ne sont pas contradictoires et les deux scénarios de domestication ont pu se produire simultanément ou se succéder. Ces hypothèses, si elles ne sont pas exclusives paraissent cependant hiérarchisées : la théorie de l'adoption permet une bien plus grande intimité que celle de la commensalité. Or la domestication du chien n'a pas conduit à un compagnonnage, mais bien à une véritable vie commune, d'abord pour chasser ensemble (les chiens servant de pisteurs et de rabatteurs) et pour protéger le campement, puis, bien plus tard, pour garder les troupeaux.

 

L'association entre hommes et loups apprivoisés a ainsi pu constituer un avantage adaptatif majeur pour les premiers. Ce point est à prendre en compte dans le débat récurrent sur les raisons de la disparition des Néandertaliens après l'arrivée en Eurasie des hommes anatomiquement modernes, il y a 35 000 à 30 000 ans, c'est-à-dire à l'époque des premiers indices connus de l'existence de chiens…

 

Ainsi, nous savons depuis peu que le loup, transformé en chien, est présent à nos côtés depuis quelques dizaines de milliers d'années d'évolution, époque-charnière de la mise en place de la civilisation. La prédation accrue rendue possible par cet animal a sans doute favorisé la démographie humaine ; mais avec la forte augmentation des prélèvements dans la nature, elle a aussi probablement poussé certains de nos ancêtres à se sédentariser en domestiquant non seulement des plantes qu'ils cueillaient, mais aussi des proies (vache, mouton, chèvre, cochon…).

 

La longue coévolution de l'homme et du loup avait auparavant modifié le plus vieil ami de l'homme dans le sens de lui faire accepter les ordres et les gestes de son maître (substitut du loup dominant), et par là d'augmenter sa capacité à communiquer avec nous. Au cours de ce processus, le plus vieil ami de l'homme a reçu une nouvelle mission, qu'il assure toujours aujourd'hui : surveiller les troupeaux et les rassembler pour les protéger des loups."

 

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Groupes principaux de races de chiens et leurs ancêtres possibles

© Clutton Brock J., Jewel P.

 

Apports de la génétique moderne

 

Les efforts pour remonter aux origines du chien se sont intensifiés car les techniques pour faire parler aussi bien les cellules des canidés contemporains que celles de leurs ancêtres fossilisés s'affinent sans cesse. Et ces derniers mois, les résultats sont tombés en pluie.

 

Plusieurs équipes de recherche, de tous les pays, ont fait assaut de découvertes et de nouvelles hypothèses, qui précisent la part du Loup dans les différentes races de chien, remontent toujours plus haut dans l'arbre généalogique des canidés. Mais leur berceau ultime reste incertain (Eurasie ?), comme le moment exact où le Loup devint chien.

 

1. Les chiens les plus proches du loup ne lui ressemblent pas

 

Contrairement à ce que pensait Darwin, du sang de loup coule dans les veines de chacune des 400 races de chiens modernes, sans distinction. Et du sang de loup uniquement ! "Lors du séquençage intégral du génome canin en 2004-2005, nous avions montré une différence d'à peine 0,2 % entre chien et loup", précise Christophe Hitte, de l'Institut de génétique et développement de Rennes.

 

Toutefois, les bergers allemands ou les huskies aux flagrantes allures de loup ne posséderaient-ils pas plus de loup en eux que les caniches? Sont-ils les descendants des premiers canidés domestiqués ? Tout faux. Les apparences trompent. Le chow-chow, un chien asiatique d'environ 50 cm de hauteur à l'épaisse fourrure et à l'allure de peluche, comme le shar-peï, ce petit molosse chinois tout plissé, sont génétiquement plus proches du loup que le doberman !

 

L'héritage du loup se révèle donc différent pour chaque chien... et la plus grande part du loup ne se trouve finalement pas dans les gènes de ceux qui semblent le plus s'apparenter au fauve. Plus précisément, 64 % des races de chiens modernes (groupe A) possèdent un ancêtre commun qui remonte à 18 000 ans environ. Et ce parent commun à tous ces chiens partage quant à lui un ancêtre avec les loups âgé d'environ 32 000 ans. Les autres races de chiens modernes (groupes B, C, D) ont des ancêtres communs aux loups plus récents (voir arbre généalogique ci-dessous, d'après Science, 2013).

 

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Origine des différentes races de chiens © Science & Vie

 

 2. L'Homo sapiens a domestiqué le loup avant de cultiver la terre

 

Le cheval a beau avoir la réputation d'être la plus noble conquête de l'Homme, elle est loin d'être la première. Il fut domestiqué, au plus tôt, il y a 8500 ans. Le cochon, le bœuf et le mouton furent conquis avant lui. Le chat également. Mais ni les premiers, malgré leurs évidents mérites nutritifs, ni le second, malgré l'aide précieuse qu'il pouvait apporter pour préserver les récoltes des rongeurs, ne firent alliance avec l'Homme avant le Loup. Ils furent conquis pendant le Mésolithique, période courant de -12 000 à -6500 ans. La domestication du Loup les précède de plusieurs milliers d'années. Les dernières estimations des paléontologues et des généticiens, appuyées par la comparaison des séquences d'ADN et des fossiles de loups et de chiens anciens et contemporains, la font remonter au Paléolithique. Au plus tôt, il y a environ 30 000 ans. Au plus tard, il y a environ 18 000 ans.

 

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Domestication du Loup ©Science & Vie

 

Même si la fourchette est large, il n'y a plus de doute : les premiers chiens sont apparus avant que la civilisation humaine ne se fonde sur l'agriculture et la sédentarité. Ce sont ainsi des chasseurs-cueilleurs qui, les premiers, osèrent approcher le superprédateur.

 

3. Une association de superprédateurs

 

La suite de l'histoire, c'est une explosion démographique de nos aïeux, qui finirent par se sédentariser, pratiquer l'agriculture et domestiquer d'autres espèces. C'est ce qu'on a baptisé la "révolution néolithique" qui eut lieu il y a 10 000 ans. Et si la domestication du Loup avait joué un rôle décisif dans cette période critique ? Et si cette association du Loup et de l'Homme, deux superprédateurs, avait alors offert aux deux espèces des avantages supplémentaires tels qu'ils ont fini par s'imposer comme véritables maîtres de la nature ?

 

"Les loups devaient représenter un énorme avantage, explique Pierre Jouventin. Les chasseurs-cueilleurs d'Afrique ramènent par exemple trois fois plus de gibier s'ils sont accompagnés de leur chien. Il n'est pas impossible d'ailleurs que cette alliance nous ait permis de prendre le dessus par rapport aux hommes de Neandertal qui n'ont, semble-t-il, jamais domestiqué de loup." Voilà de quoi redorer l'image du chihuahua. Lui aussi porte du Loup dans ses gènes. Nous avons fait de lui un chien. Mais lui, d'une certaine manière, a fait de nous des hommes.

 

4. Le chien n'a pas pu naître en un seul endroit, mais il provient d'Eurasie

 

Pour peu qu'on le cherche, le chien le plus ancien, celui qui le premier se serait différencié du Loup sous l'effet de la domestication est partout... Si nombre de spécimens de 12 000 à 15 000 ans ont été découverts en Europe, dont un de 31 700 ans en Belgique, ce sont les Russes qui détiennent le plus vieux : un fossile d'environ 33 000 ans. Ce qui n'empêche pas des chercheurs chinois de voir dans leurs chiens les plus anciens canidés domestiqués sur la foi d'une comparaison minutieuse de génomes entiers de loups issus de Mongolie, d'Europe et de Russie. Comment s'y retrouver ? "On peut envisager que plusieurs populations de loups, l'une en Europe, l'autre en Asie du Nord, une autre en Israël par exemple, aient contribué à donner naissance aux chiens, explique Greger Larson, généticien à l'université de Durham. Les croisements et les déplacements ultérieurs font que ces origines différentes sont désormais illisibles dans l'ADN moderne."

 

 

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5. Le Loup a pu devenir chien en quelques générations

 

Au fil des quatre derniers siècles, les éleveurs ont conduit une sélection minutieuse, renforçant certains traits - docilité, taille... - par croisements successifs. Résultat : il existe aujourd'hui environ 400 races aux différences souvent plus évidentes que celles qui distinguent les chiens des loups. Celles-ci sont subtiles (voir ci-contre), chiens et loups, toujours interféconds, n'étant pas séparés par une frontière définitive. Ces différences n'en sont pas moins caractéristiques de la domestication. Les loups se retrouvent en effet alors proches d'un prédateur (l'Homme), avec une mobilité réduite et une promiscuité inédite. Ce nouvel environnement social modifie la production d'hormones influençant le développement et maintient les animaux dans un état de dominé permanent.

 

Le processus de domestication a pu aller très vite, comme le montre une expérience menée depuis 1959 en Sibérie sur le renard argenté, un animal sauvage apparenté au loup. En sélectionnant les renards les plus dociles, puis en les croisant entre eux, le généticien Dmitry Belyaev a obtenu en six générations des animaux qui recherchaient le contact avec les expérimentateurs. À partir de la huitième génération, le pelage de certains est devenu tacheté, vers la douzième génération, certaines oreilles sont restées pendantes et la queue enroulée, et à la vingtième génération, des individus présentaient des pattes plus courtes. À la dixième génération, 18 % des renards étaient devenus sociables. Ils sont plus de 80 % aujourd'hui, après quelque 35 générations...

 

6. Le chien provient d'Eurasie (Ajout du 2 juillet 2015)

 

L'ADN d'un loup vieux de 35 000 ans retrouvé en Russie atteste de sa proche parenté avec notre compagnon.

 

Le chien ne descend pas directement du Loup gris car celui-ci est apparu trop récemment. Une nouvelle analyse génétique révèle qu'il descendrait plutôt d'une ou de plusieurs espèces de canidés voisines plus anciennes aujourd'hui disparues. C'est la découverte d'une côte vieille de 35 000 ans d'une espèce éteinte, le Loup de la péninsule de Taimyr (Russie) qui apporte cet éclairage nouveau sur les origines du chien.

 

Des chercheurs du Muséum suédois d'histoire naturelle et de l'université de Stockholm (Suède), après étude de son ADN, révèlent dans la revue Current Biology[1] qu'il s'agit d'un proche parent à la fois du loup et du chien. Ce dernier proviendrait donc bien du continent eurasiatique comme le suggérait déjà son absence sur le continent américain avant l'arrivée de l'Homme, il y a plus de 12 000 ans. Mieux, les chercheurs ont retrouvé des traces génétiques du Loup de Taimyr chez certains chiens actuels comme le husky sibérien et dans une moindre mesure chez le spitz et le shar-pei.



[1]  Skoglund P. Ersmark E. Palkopoulou E & Dalén L. (2015). - Ancient Wolf Genome Reveals an Early Divergence of Domestic Dog Ancestors and Admixture into High-Latitude Breeds, Current Biology 25 (11) 1515-1519.

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D'après Skoglung & al (2015)

 

 

6. Des variations sur deux gènes expliqueraient la domestication des chiens (ajout du 10 août 2017)

 

Des chercheurs américains de l'Oregon State University (OSU) ont identifié une variation de deux gènes chez les chiens et les loups domestiqués qui pourrait expliquer la grande sociabilité des chiens.

Cette découverte, publiée le 19 juillet 2017 dans le revue Science Advances, fournirait une nouvelle compréhension de la divergence comportementale entre les chiens et les loups, commencée il y a des milliers d'années. C'est la première étude à intégrer des données comportementales et génétiques pour comprendre les fondements moléculaires des changements survenus sur le comportement social des chiens lors de la domestication, explique Monique Udell, coauteur de l'étude. (voir la suite).

 

Entre chien et loup : 4 différences subtiles

 

Chez le chien :

  • une taille inférieure (en moyenne, les chiens sont plus petits).

 

  • une physionomie plus juvénile. Comme chez la plupart des espèces domestiquées, les chiens conservent également certains traits juvéniles comme les oreilles pendantes, une queue enroulée, un pelage tacheté, des dents moins longues, un museau raccourci et un cerveau moins grand.

 

  • Une reproduction plus fréquente. Les chiens atteignent leur maturité sexuelle plus tôt et connaissent deux périodes de chaleur au lieu d'une.

 

  • Un comportement plus docile. Les chiens sont globalement bien plus dociles que leur ancêtre sauvage. Logique : les chasseurs du Paléolithique avaient tout intérêt à sélectionner les animaux les plus soumis.

 

Ajout de juillet 2016 (Sciences et Avenir n° 833, juillet 2016 p. 20) : Les chiens ont une double origine

par Jean-Denis Vigne, archéozoologue au CNRS et au Muséum national d'histoire naturelle

 

L'origine du chien est difficile à déterminer. Si toutes les races de chiens descendent du Loup, elles ont été tellement croisées et modifiées, entre le XVIIIe et le XXe siècle, que les traces des premières domestications sont difficiles à interpréter. Selon les analyses génétiques menées depuis dix ans, il y aurait une « Ève canine », issue soit de Chine, soit d'Europe. Mais les archéozoologues privilégiaient l'hypothèse d'une domestication multiple.

 

Une étude pluridisciplinaire conduite par 29 chercheurs internationaux en apporte la preuve. C'est un fonds exceptionnel qui comprend 59 séquences d'ADN mitochondrial de chiens européens âgés de 3000 à 14 000 ans ainsi que le génome d'un chien vieux de 4800 ans découvert en Irlande. Ces données ont été comparées au génome de 2500 chiens modernes. Les résultats montrent l'existence d'au moins deux origines indépendantes : l'une en Europe de l'Ouest, l'autre en Asie orientale, respectivement vers -15 000 et -12 500 ans.

 

De sorte que les hypothèses concurrentes se voient ainsi conciliées. La domestication multiple confirme que des interactions fortes ont existé entre les chasseurs-cueilleurs du paléolithique et les loups, produisant des résultats comparables dans des régions éloignées. Elle permet aussi de mieux expliquer la diversité génétique des chiens actuels.

 

Sources :

 

- Barnéoud L. (2014). - Origine, domestication, diversité… Les nouveaux mystères du chien. Science & Vie, Avril 2014, n° 1160, pp. 78-83.

 

- Clutton Brock J., Jewel P. (1993). - Origin and domestication of the dog. In Miller’s anatomy of the dog 3ème ed. W B Saunders in H. E Ewans, 1993, 21-31.

 

- Germonpré M. et al. (2009). - Fossil dogs and wolves from Palaeolithic sites in Belgium, the Ukraine and Russia : osteometry, ancient DNA and stable isotopes, Journal of Archaeological Science, vol. 36, pp. 473-490, 2009.

 

- Jouventin P. (2012). - Kamala, une louve dans ma famille, Flammarion, 2012. et http://kamala-louve.fr/

 

- Jouventin P. (2013). - La domestication du Loup, Pour la Science n° 423 janvier 2013, 42-49.

 

- de Landry J.-M. (2006). - Le loup, Delachaux & Niestlé.

 

- Néault L. S. P. (2003) . - Entre chien et loup : étude biologique et comportementale. Thèse vétérinaire. Université Paul Sabatier, Toulouse.

 

- Papet R. & Duchamp Chr. (2005) - Rapport Réseau Grands Carnivores.

 

- Schilling D., Singer D. & Diller H. (1986) - Guide des Mammifères d'Europe 284 p. Delachaux & Niestlé Éd.

 

- Teroni E. et J. Cattet J. (2004). - Le chien, un loup civilisé, Les Éditions de l'Homme.

 

- Vadrot C.-M. (2009). - Le roman du loup, Les Éditions du Rocher.

 

03/10/2009

L’échinococcose alvéolaire : une maladie franc-comtoise ? Généralités

00-Microtus_arvalis1-logo.jpg1. Généralités : parasitose et agent de la parasitose

 

par André Guyard

(Voir la suite de l'article : 2. Le cycle parasitaire de l'échinoccose)

 

L’échinococcose alvéolaire constitue une parasitose relativement rare en Europe, où elle tend cependant à augmenter, elle se concentre principalement en Franche-Comté (en particulier le Haut-Doubs), en Suisse et en Allemagne.

 

L’échinococcose alvéolaire (EA) est une parasitose due à un ver plat, Echinococcus multilocularis une espèce de ténia échinocoque appartenant au phylum des Plathelminthes et à la classe des Cestodes.


Les Plathelminthes (Vers plats) sont des Métazoaires (animaux pluricellulaires) à corps aplati dans lequel les différents organes sont inclus au sein d’un tissu mésenchymateux. Leur appareil digestif est nul ou incomplet. Leur appareil excréteur est constitué de cellules à flammes vibratiles et ils sont généralement hermaphrodites.

À côté de la classe des Turbellariés (planaires) dont les espèces sont libres et aquatiques, les autres Plathelminthes sont des parasites possédant des organes de fixation (ventouses ou crochets). Ils se divisent en deux grands groupes :

 

  • les Trématodes au tube digestif incomplet et dont le corps n’est pas segmenté (ex : douves, bilharzies),
  • les Cestodes dépourvus de tube digestif et dont le corps est segmenté (ex : ténias).

 

Le développement dans l’organisme humain ou de certains animaux de la larve d’Echinococcus multilocularis provoque un ensemble de manifestations pathologiques connues comme l’échinococcose alvéolaire (EA), cette entité morbide se différenciant fondamentalement de l’échinococcose hydatique, cette dernière affection étant due à Echinococcus granulosus, un autre ténia échinocoque.

 

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Echinococcus multilocularis,
parasite du Renard ou du Chien
 
Sur le cliché ci-dessus, à l’extrémité antérieure (en haut), on distingue la tête ou scolex. Cette tête ne bourgeonne à la fois que trois anneaux. Le dernier se détachera lorsque les œufs seront mûrs.
 
Le ver adulte d’Echinococcus multilocularis mesure 1,2 à 3,5 mm de long et comporte trois anneaux. Il vit fixé par sa tête aux villosités de l’intestin grêle de certains carnivores, non seulement chez le Chien, mais surtout chez le Renard. C’est le scolex qui bourgeonne les anneaux, le plus jeune étant celui le plus proche de la tête. La longévité du parasite est assez courte puisqu’elle est de l’ordre de 3 à 4 mois.

Quand le dernier anneau du parasite est mûr, il se détache, et les œufs ou embryophores qu’il renferme se trouvent éliminés avec les excréments du Renard dans le milieu extérieur.

Les embryophores arrondis mesurent de 30 à 35 μm de diamètre ; à l’intérieur d’une coque épaisse se trouve l’embryon muni de six crochets (embryon hexacanthe).
 
Bibliographie sommaire :

- Giraudoux P. et al – Où l’échinoccose sévit-elle ? Bull. Acad. Natle Méd. 2008, 192, n° 6, 1119-1130.

- Observatoire régional de l’environnement Besançon – Du renard au pissenlit, l’échinoqui ? Du pissenlit au campagnol, l’échinoquoi ? Plaquette d’information de l’Observatoire régional de l’environnement. 2004, 12 p.

- Guyard A. - Cours de parasitologie. 1980.
 
Contacts :

•    Centre Collaborateur OMS pour la Prévention et le Traitement des Echinococcoses humaines, Centre hospitalier universitaire et Université de Franche-Comté, patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr

•    Laboratoire d’études et de recherches sur la rage et la pathologie des animaux sauvages, AFSSA, Domaine de Pixérécourt. B.P. 43. 54 220 Maizeville.

•    Observatoire régional de l’environnement, Conseil régional de Franche-Comté, 4 square Castan – 25031 Besançon cedex.

L’échinococcose alvéolaire : une maladie franc-comtoise ? Le cycle parasitaire

00-Microtus_arvalis1-logo.jpg2. Le cycle parasitaire de l'échinocoque

 

par André Guyard

(suite de l'article 1 : l'échinoccose : une maladie franc-comtoise)

 

Dans la première partie, nous avons vu que c’est le scolex du ver adulte qui bourgeonne les anneaux, le plus jeune anneau étant celui le plus proche de la tête. La longévité du parasite est assez courte puisqu’elle est de l’ordre de 3 à 4 mois.

Quand le dernier anneau du parasite est mûr, il se détache, et les œufs ou embryophores qu’il renferme se trouvent éliminés avec les excréments du Renard dans le milieu extérieur.

Les embryophores arrondis mesurent de 30 à 35 μm de diamètre ; à l’intérieur d’une coque épaisse se trouve l’embryon muni de six crochets (embryon hexacanthe).

 

Pour poursuivre son cycle biologique, l’embryophore doit être avalé par des rongeurs, essentiellement des microtidés (mulots ou campagnols).

 

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À gauche : Microtus arvalis. À droite : Arvicola terrestris
M. arvalis et A. terrestris sont les deux hôtes intermédiaires les plus fréquents de E. multilocularis
.
 

Chez ces hôtes intermédiaires, la morphogenèse larvaire est rapide. La coque de l’embryophore dissoute dans l’estomac, l’embryon hexacanthe est libéré et traverse la paroi intestinale pour gagner le foie par l’intermédiaire du système veineux porte.

La larve d’Echinococcus multilocularis occupe ainsi essentiellement une localisation hépatique, alors que pour la larve d’Echinococcus granulosus, agent de l’échinococcose hydatique, cette localisation est loin d’être exclusive. En 3 à 5 mois, selon le caractère plus ou moins favorable de l’hôte intermédiaire, la larve achève son développement.

Les lésions de l’EA sont très caractéristiques par leur caractère diffus et envahissant, l’absence de formation fibreuse adventicielle ne permettant pas une limitation de l’extension de la tumeur parasitaire comme dans le cas du kyste hydatique.

Le foie, envahi par une multitude de petites vésicules fertiles contenant des protoscolex, présente un aspect dit de "pain bis". Ce bourgeonnement de vésicules correspond à une multiplication larvaire, un véritable clonage.

 

04-Echino_campagnol_foie1.jpg
Dissection de la cavité abdominale du Campagnol
Microtus subterraneus
infesté par l’échinocoque alvéolaire
Au-dessus des reins, on observe,
encadrant la vésicule biliaire deux lobes hépatiques envahis
par le parasite (cliché Patrick Giraudoux)
 
04-Echino_campagnol_protoscolex1.jpg
Préparation microscopique entre lame et lamelle
de parenchyme hépatique d’un campagnol infesté
L’intensité de la multiplication des protoscolex est impressionnante (cliché Patrick Giraudoux)
 
04-Echino_campagnol_protoscolex21.jpg
Détail d’un protoscolex.
La "couronne d’épines" qui permettra la fixation
de chaque verdans l’intestin de l’hôte définitif est
bien visible sur ce cliché (Patrick Giraudoux).
 
 
Lorsque l’hôte intermédiaire (le Campagnol) est dévoré par l’hôte définitif, en l’occurrence le Renard, le Chien ou le Chat, chaque protoscolex des vésicules va se transformer dans l’intestin grêle du prédateur en un ver adulte.
 
05-renard3-1.jpg
Le Renard est le principal hôte définitif de l’échinocoque alvéolaire
 
06-Echinoccose_contamination-crottes-1.jpg
Renards, chiens et chats, prédateurs des campagnols
hébergent l’échinocoque
(Document : plaquette de l’Observatoire de l’environnement)

Les renards ne sont pas les uniques responsables de la transmission de l'échinococcose à l'Homme, pas plus que la prairie ou la forêt ne sont ses seuls terrains de prédilection. D'abord, les renards n'hésitent plus à sortir du bois pour trouver de la nourriture facile dans les poubelles, et amènent l'échinocoque jusque dans les villes et les villages. Ensuite, les chats et les chiens peuvent être parasités et transmettre la maladie lors de séances de léchage intempestif ou par l'intermédiaire de leurs excréments infestant la terre. La pratique du jardinage est donc susceptible de favoriser la contamination. Protéger son potager de l'intrusion d'animaux est un impératif. Fermer les bacs à sable des enfants également.

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Le Renard est un grand prédateur de campagnols

Cliché DR

 

 

Il reste que c’est tout à fait exceptionnellement que l’Homme se contamine en ingérant les embryophores d’Echinococcus multilocularis disséminés avec les excréments des renards. L’infestation se produit en consommant certaines herbes sauvages (pissenlits) ou en mangeant des fruits sauvages sur lesquels des embryophores ont pu se déposer comme, par exemple des fraises des bois. En revanche les fruits portés par des arbustes érigés et suffisamment élevés : framboises, mûres ou myrtilles échappent à la contamination par les excréments de renards ou de chiens contaminés. N'oublions pas que l'échinocoque est résistant à la congélation. Seule la cuisson peut le détruire. Aussi, les fraises des bois et autres baies sauvages ramassées à ras du sol ne se consommeront qu'en confiture.
 
06_echinococcose_cycle-1.jpg
Le cycle de l’échinococcose alvéolaire
(D’après : Parasitologie, documentation scientifique des laboratoires Roland-Marie)

 

 

Bibliographie sommaire :


- Giraudoux P. et al – Où l’échinoccose sévit-elle ? Bull. Acad. Natle Méd. 2008, 192, n° 6, 1119-1130.


- Observatoire régional de l’environnement Besançon – Du renard au pissenlit, l’échinoqui ? Du pissenlit au campagnol, l’échinoquoi ? Plaquette d’information de l’Observatoire régional de l’environnement. 2004, 12 p.

 

- Guyard A. - Cours de parasitologie. 1980.
 
Contacts :

•    Centre Collaborateur OMS pour la Prévention et le Traitement des Echinococcoses humaines, Centre hospitalier universitaire et Université de Franche-Comté, patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr.

 
•    Laboratoire d’études et de recherches sur la rage et la pathologie des animaux sauvages, AFSSA, Domaine de Pixérécourt. B.P. 43. 54 220 Maizeville.

 
•    Observatoire régional de l’environnement, Conseil régional de Franche-Comté, 4 square Castan – 25031 Besançon cedex.

L’échinococcose alvéolaire : une maladie franc-comtoise ? La répartition géographique

00-Microtus_arvalis1-logo.jpg3. La répartition géographique de l’échinococcose alvéolaire

 

par André Guyard

(dernière mise à jour : juillet 2012)

(suite de l'article 2 : le cycle parasitaire)

 

La répartition géographique d’Echinococcus multilocularis est très particulière. La parasitose ne se rencontre que dans l’hémisphère nord : Eurasie (Sibérie avant tout), Europe centrale (Bulgarie, Pologne, Yougoslavie) et surtout dans la Bavière et le Tyrol. C’est à partir de ce dernier foyer que l’affection s’est propagée vers la Suisse et la France.

 

 14-Echinoccose_homme-Europe-1.jpg

Cas humains en Europe d’échinoccose alvéolaire
Répartition des cas humains en Europe de 1982 à 2001
(Document : plaquette de l’Observatoire de l’environnement)
 

parasites

Analyses sur intestins de renards en France (SSCT)

(ERZ, janvier 2012)


 
15-Echinoccose_homme-Franchecomté-1.jpg
Cas humains en Franche-Comté d’échinoccose alvéolaire
Répartition des 117 cas humains en Franche-Comté
de 1982 à 2000
(Document : plaquette de l’Observatoire de l’environnement)
 
Selon P. Giraudoux, l’échinococcose alvéolaire est une maladie rare, puisque dans ces zones d’endémie européenne, son incidence annuelle est comprise entre 0,02 et 0,18 pour 100 000 habitants. Néanmoins, du fait du caractère agrégé de sa distribution, celle-ci peut dépasser un pour cent mille localement, et sa prévalence atteindre un pour mille comme dans certains cantons du Haut-Doubs.

Un réseau européen, constitué en 1997, a permis de répertorier 559 cas d’EA, diagnostiqués entre 1982 et 2000, dont 258 en France (principalement en Franche-Comté, Lorraine, Rhône-Alpes). Depuis 2002, ce réseau est relayé, en France, par le réseau FrancEchino : grâce à un partenariat avec l’Institut de Veille Sanitaire (InVS), tous les nouveaux cas humains d’EA sont enregistrés au CHU de Besançon.

Entre 2001 et 2005, 70 nouveaux cas ont été recensés, avec une incidence annuelle stable : en moyenne 15 nouveaux cas par an. 85 % de ces patients sont originaires des zones d’endémie classique de l’est de la France. Cependant, la localisation de nouveaux patients semble indiquer une extension des foyers de transmission vers le sud (Aveyron, Lozère), l’ouest et le nord (Côte d’Or et Ardennes). L’EA touche essentiellement les personnes ayant un mode de vie rural.

Les études pluridisciplinaires conduites en France et en Chine ont montré que la transmission du parasite et l’exposition humaine sont dues à un ensemble complexe de facteurs écologiques et comportementaux dont l’analyse doit être réalisée à plusieurs échelles spatiales et temporelles.
 
07-Giraudoux-modalite-contamination-1.jpg
Variables écologiques et comportementales
modulant l’intensité
de la transmission d’Echinococcus multilocularis
(D'après P. Giraudoux)
 
 
Le cycle épidémiologique d’Echinococcus multilocularis est essentiellement rural et lié à la prolifération des hôtes intermédiaires dans les prairies et pâturages (campagnols) et définitifs (renards, chiens, chats, mammifères prédateurs de campagnols).
 
Bibliographie sommaire :
 
- Giraudoux P. et al – Où l’échinoccose sévit-elle ? Bull. Acad. Natle Méd. 2008, 192, n° 6, 1119-1130.

- Observatoire régional de l’environnement Besançon – Du renard au pissenlit, l’échinoqui ? Du pissenlit au campagnol, l’échinoquoi ? Plaquette d’information de l’Observatoire régional de l’environnement. 2004, 12 p.
 
 
- Guyard A. - Cours de parasitologie. 1980.

Contacts :

•    Centre Collaborateur OMS pour la Prévention et le Traitement des Echinococcoses humaines, Centre hospitalier universitaire et Université de Franche-Comté, patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr

•    Laboratoire d’études et de recherches sur la rage et la pathologie des animaux sauvages, AFSSA, Domaine de Pixérécourt. B.P. 43. 54 220 Maizeville.

•    Observatoire régional de l’environnement, Conseil régional de Franche-Comté, 4 square Castan – 25031 Besançon cedex.

L’échinococcose alvéolaire : une maladie franc-comtoise ? La clinique de l'échinococcose alvéolaire

00-Microtus_arvalis1-logo.jpg5. La clinique de l'échinococcose alvéolaire

 

par André Guyard

(suite de l'article : évolution épidémiologique)

 

Chez l’Homme, la localisation de l’EA est pratiquement toujours hépatique. Les lésions faites d’une multitude de vésicules communiquant entre elles et donnant à la masse kystique son aspect classique en "pain bis", s’accompagnent chez l’Homme, hôte tout à fait inhabituel des larves, de phénomènes dégénératifs avec nécrose, qui n’empêchent pas le cheminement germinatif ni l’extension des vésicules.

 

09-Echinoccose_foie humain-1.jpg
Foie humain atteint d’échinoccose alvéolaire
À droite : aspect macroscopique du foie atteint. À gauche
coupe histologique du foie montrant l’extension de la
parasitose sous forme de cavités mal limitées
(aspect de pain bis)
 
Ainsi se trouve réalisé l’aspect alvéolaire caractéristique qui s’oppose radicalement à celui du kyste hydatique parfaitement bien limité par sa membrane adventice. Les alvéoles vésiculaires hépatiques ne contiennent habituellement que des lambeaux plus ou moins sphacélés de membrane germinative, et la présence de scolex est tout à fait exceptionnelle. En réalité, l’hôte humain constitue pour la larve d’Echinococcus multilocularis une véritable impasse parasitaire, et le manque de spécificité parasitaire explique l’inachèvement de l’évolution larvaire.

Cependant, dans les quelques rares cas où l’on a constaté de véritables métastases pulmonaires et même cérébrales d’un foyer hépatique initial, on a découvert des scolex au niveau de ces métastases.

D’une façon générale, on pense que ces lésions secondaires sont dues à la mobilisation de petits fragments de membranes issus des vésicules primitives. Entraînés dans le torrent circulatoire, ces fragments finiraient par s’immobiliser dans différents organes et ils y constitueraient le point de départ de nouveaux foyers kystiques.

La biopsie du foie utilisée pour assurer le diagnostic de l’EA, doit par conséquent être faite avec une certaine prudence.

La symptomatologie de l’EA est très discrète au début et cela explique la difficulté d’un diagnostic précoce de l’affection. Ce n’est le plus souvent qu’à un stade plus avancé et tout spécialement lorsque les voies biliaires sont atteintes (cette évolution étant d’ailleurs quasi inéluctable) que la symptomatologie devient expressive.

La parasitose se traduit alors par un ictère de type cholestatique. L’amaigrissement rapide et la constatation à la palpation d’un foie dur et irrégulier évoquent habituellement le cancer du foie métastatique, à moins que les examens biologiques spécifiques ne rétablissent le diagnostic exact.

Dans les autres éventualités cliniques, tout comme au début de l’affection, si l’attention peut être attirée vers le foie par les douleurs de l’hypocondre droit et les troubles dyspeptiques, il est exceptionnel de pouvoir établir le diagnostic d’après la seule clinique.

Il faut savoir ne pas s’arrêter au diagnostic de cancer métastatique du foie et évoquer l’EA. On doit alors s’aider des examens biologiques et d’imagerie médicale adéquats d’autant plus que, lorsque les voies biliaires n’ont pas été manifestement envahies, on peut espérer que les lésions hépatiques sont suffisamment localisées pour permettre de tenter une hépatectomie réglée, capable d’assurer une guérison totale et définitive. La notion d’endémicité dans la région habitée par le malade, celle de contact de ce dernier avec des renards revêtent une grande valeur d’orientation.
 

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Bibliographie sommaire :

- Giraudoux P. et al – Où l’échinoccose sévit-elle ? Bull. Acad. Natle Méd. 2008, 192, n° 6, 1119-1130.
 
 
- Mantion G. et al – Le traitement de l’échinococcose alvéolaire humaine : une approche multidisciplinaire. Bull. Acad. Natle Méd. 2008, 192, n° 6, 1151-1158.

- Observatoire régional de l’environnement Besançon – Du renard au pissenlit, l’échinoqui ? Du pissenlit au campagnol, l’échinoquoi ? Plaquette d’information de l’Observatoire régional de l’environnement. 2004, 12 p.

- Guyard A. - Cours de parasitologie. 1980.

Contacts :

•    Centre Collaborateur OMS pour la Prévention et le Traitement des Echinococcoses humaines, Centre hospitalier universitaire et Université de Franche-Comté, patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr

•    Laboratoire d’études et de recherches sur la rage et la pathologie des animaux sauvages, AFSSA, Domaine de Pixérécourt. B.P. 43. 54 220 Maizeville.

•    Observatoire régional de l’environnement, Conseil régional de Franche-Comté, 4 square Castan – 25031 Besançon cedex.

L’échinococcose alvéolaire : une maladie franc-comtoise ? Le diagnostic

00-Microtus_arvalis1-logo.jpg6. Le diagnostic de l'échinococcose alvéolaire

 

par André Guyard

(suite de l'article 5 : la clinique de l'échinoccose alvéolaire)

 

Le diagnostic biologique proprement dit comporte la recherche d’une éosinophilie sanguine, la pratique d’une intradermoréaction spécifique, l’examen anatomopathologique du foie et un certain nombre de réactions sérologiques.

 

L’éosinophilie sanguine lorsqu’elle existe est très évocatrice d’une étiologie parasitaire ; elle est malheureusement inconstante et non spécifique ; elle peut en outre avoir déjà disparu au moment où la symptomatologie clinique devient patente.

Le test de sensibilisation cutanée
pratiqué sous forme d’intradermoréaction à l’aide, non pas d’antigène spécifique, mais d’antigène hydatique, ne possède pas de valeur décisive car, malgré la relative parenté antigénique entre Echinococcus granulosus et Echinococcus multilocularis, la réponse à l’antigène hydatique au cours d’une EA est de faible intensité.

Le risque de déclencher, à l’occasion d’une biopsie hépatique, une échinococcose secondaire, bien que considérablement réduit par rapport à l’hydatidose, existe cependant.

Les méthodes sérologiques classiques de fixation du complément, d’agglutination en utilisant différents supports, d’immunoprécipitation, requièrent un antigène soluble difficile à préparer et à purifier. La plupart du temps, on n’utilise pas un antigène alvéolaire spécifique et on se contente des antigènes hydatiques plus aisément disponibles. On comprend que dans ces conditions, les réactions sérologiques soient entachées d’un manque de sensibilité.

Le meilleur test biologique actuel est constitué par la réaction d’immunofluorescence. Dans cette réaction, on utilise comme antigène figuré des coupes de tumeur d’origine humaine ou animale réalisées par congélation au cryostat. Après la mise en contact de ces coupes avec le sérum du malade suspecté d’EA et l’adjonction du conjugué fluorescent, on procède à une contre coloration à l’aide de bleu Evans.

Lorsque la réaction est positive, les membranes germinatives kystiques présentes sur la coupe congelée montrent une intense fluorescence. En cas de réaction négative, les mêmes membranes germinatives apparaissent en rouge. Mis en présence de coupes de scolex d’Echinococcus granulosus, le sérum de malades atteints d’EA manifeste dans les mêmes conditions expérimentales une réaction d’immunofluorescence positive, mais à un titre inférieur.

Cette différence dans le comportement du sérum vis-à-vis des deux antigènes permet d’envisager de faire le diagnostic différentiel entre les deux échinococcoses.

Les examens par échographie, scanner et IRM sont particulièrement intéressants lors de l’établissement du bilan préopératoire. Leur contribution au diagnostic étiologique n’est cependant pas négligeable.

 

De nouveaux marqueurs pour pister l'échinococcose humaine (Addition du 05/07/2011)

 

L'échinococcose soulève encore de nombreuses questions au sein de la communauté scientifique. Si l'on sait détecter la maladie, on ne connaît en revanche pas bien son aspect fonctionnel. Sur des territoires particulièrement touchés par cette parasitose en Europe, l'université de Franche-Comté et l'université de Berne font preuve de recherches très actives. Un projet franco-suisse vient d'obtenir un soutien financier dans le cadre du programme Interreg, visant à améliorer les résultats obtenus grâce à une technique d'imagerie médicale particulièrement adaptée, la tomographie par émission de positons (TEP).

 

Relativement rare en Europe, où elle tend cependant à augmenter, l'échinococcose, se concentre principalement en Franche-Comté, en Suisse et en Allemagne. Un tiers des patients atteints sont guéris par chirurgie (ablation de la partie de foie infecté), deux tiers doivent supporter un traitement à vie. Une centaine de patients venus de toute la France sont actuellement suivis au CHU de Besançon, centre collaborateur de l'OMS pour toutes les échinococcoses humaines. La tomographie par émissions de positons (TEP) est la technique d'imagerie fonctionnelle employée pour dépister la maladie, à l'aide de traceurs radioactifs introduits dans l'organisme. Le fluoro-deoxyglucose (FDG) est le plus couramment utilisé. Rendu radioactif par un marquage au fluor, ce glucose est détecté par la caméra TEP alors qu'il se concentre autour de la lésion. Car les cellules de défense de l'organisme, très actives à l'endroit précis de l'infection, "attirent" à elles le glucose, énergie qu'elles consomment en grande quantité pour être efficaces. Conclusion : là où se trouve le glucose se trouve aussi la lésion.

 

La recherche s'oriente vers la mise au point de nouveaux traceurs, des molécules susceptibles d'être consommées directement par le parasite et par lui seul. « On pourra alors directement étudier la maladie et connaître le comportement du parasite pour mieux le détruire » explique Okg Blagoskionov, médecin et enseignant-chercheur en imagerie médicale à l'Université de Franche-Comté. L'espoir de mettre au point un nouveau traitement, permettant d'éradiquer l'échinocoque, est à la clé de ces recherches. Le projet IsotopEchino participe à la réalisation de ces travaux, intègre le financement de thèses, notamment en cotutelle avec des universités en Chine, où la parasitose est très répandue. Les fonds octroyés s'élèvent à 249 905 € pour la participation FEDER et 68 343 € pour les subventions suisses, sur un coût total de 815 972 €.

 

*Contact : Oleg Blagosklonov – Service de médecine nucléaire - CHU Jean Minjoz de Besançon Tél. (0033/0) 3 8l 66 82 94 - oleg-blagoskIonov.univ-fcomte.fr.

 

 

 

Bibliographie sommaire :

- Observatoire régional de l’environnement Besançon – Du renard au pissenlit, l’échinoqui ? Du pissenlit au campagnol, l’échinoquoi ? Plaquette d’information de l’Observatoire régional de l’environnement. 2004, 12 p.

 

- Mantion G. et al – Le traitement de l’échinococcose alvéolaire humaine : une approche multidisciplinaire. Bull. Acad. Natle Méd. 2008, 192, n° 6, 1151-1158.

 

- Guyard A. - Cours de parasitologie. 1980.
 

Contacts :

•    Centre Collaborateur OMS pour la Prévention et le Traitement des Echinococcoses humaines, Centre hospitalier universitaire et Université de Franche-Comté, patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr

•    Laboratoire d’études et de recherches sur la rage et la pathologie des animaux sauvages, AFSSA, Domaine de Pixérécourt. B.P. 43. 54 220 Maizeville.

•    Observatoire régional de l’environnement, Conseil régional de Franche-Comté, 4 square Castan – 25031 Besançon cedex.

L’échinococcose alvéolaire : une maladie franc-comtoise ? Le traitement

00-Microtus_arvalis1-logo.jpg7. Le traitement de l'échinoccose alvéolaire

 

par André Guyard

(suite de l'article 6 : le diagnostic de l'échinoccose alvéolaire)

 

On ne connaît encore aucun traitement médical réellement efficace de l’échinococcose alvéolaire. Cette parasitose est caractérisée par une grande latence clinique mais en l’absence de traitement, la mortalité atteint 80 % dans les dix ans après le diagnostic. Ceci est dû à l’absence de traitement médicamenteux totalement et rapidement efficaces à l’heure actuelle.

 

Un tiers des patients atteints sont guéris par chirurgie (ablation de la partie de foie infecté), deux tiers doivent supporter un traitement à vie. Une centaine de patients venus de toute la France sont actuellement suivis au CHU de Besançon, centre collaborateur de l’OMS pour toutes les échinococcoses humaines.

 


La chirurgie d’exérèse
est actuellement la seule thérapeutique capable d’apporter la guérison, à la condition qu’elle soit appliquée le plus tôt possible, avant l’extension incontrôlable des lésions. L’hépatectomie réglée segmentaire ou à la rigueur lobaire sur des lésions encore localisées amène ainsi la guérison définitive. La chirurgie demeure le premier choix pour guérir environ 30 % des patients en retirant toute la masse parasitaire avec une marge de sécurité suffisante et dans un certain nombre de cas avec des procédés complexes de reconstruction vasculaire et biliaire.

La transplantation hépatique
peut être indiquée si une hépatectomie partielle est insuffisante pour obtenir la guérison chez des patients très sélectionnés présentant des complications sévères menaçant leur vie (environ 5 % des cas).

Les procédures d’endoscopie interventionnelle
sont utiles pour drainer les abcès intrahépatiques ou les voies biliaires quand l’exérèse chirurgicale n’est pas possible ou pour préparer celle-ci.

Dans tous les cas, le traitement parasitostatique par les dérivés benzimidazolés, principalement l’albendazole, en administration continue est recommandé pendant deux ans après résection radicale ou à vie pour les patients inopérables.

 

13-Echinoccose_albendazole-1.jpg

L’albendazole est une molécule utilisée chez tous les malades.

Ce produit stoppe l’évolution du parasite mais

malheureusement, ne le tue pas. Il doit être pris à vie.

 

11-Echinoccose_traitement-1.jpg

Traitement de l’échinoccose alvéolaire en Franche-Comté
Taux de survie à 5 ans des malades diagnostiqués et traités

(Document : plaquette de l’Observatoire régional de l’environnement).

 

La tomographie par émissions de positons (TEP) est la technique d’imagerie fonctionnelle employée pour dépister la maladie, à l’aide de traceurs radioactifs introduits dans l’organisme. Le fluoro-deoxyglucose (FDG) est le plus couramment utilisé. Rendu radioactif par un marquage au fluor, ce glucose est détecté par la caméra TEP alors qu’il se concentre autour de la lésion. Car les cellules de défense de l’organisme, très actives à l’endroit précis de l’infection, « attirent » à elles le glucose, énergie qu’elles consomment en grande quantité pour être efficaces. Conclusion : là où se trouve le glucose se trouve aussi la lésion.

 

L’antigénothérapie aurait, dans les mains de ses promoteurs, apporté des rémissions passagères, sans toutefois modifier de façon radicale le pronostic de l’échinococcose alvéolaire dont l’évolution spontanée est toujours mortelle, bien que parfois extrêmement prolongée.

 

La recherche s’oriente vers la mise au point de nouveaux traceurs, des molécules susceptibles d’être consommées directement par le parasite et par lui seul. « On pourra alors directement étudier la maladie et connaître le comportement du parasite pour mieux le détruire » explique Oleg Blagosklonov, médecin et enseignant-chercheur en imagerie médicale à l’université de Franche-Comté. L’espoir de mettre au point un nouveau traitement, permettant d'éradiquer l'échinocoque, est à la clé de ces recherches.

Le projet IsotopEchino participe à la réalisation de ces travaux, intègre le financement de thèses, notamment en cotutelle avec des universités en Chine, où la parasitose est très répandue.


Quoi qu’il en soit des chances de la chirurgie d’exérèse et peut-être demain d’une antigénothérapie rénovée, à laquelle la possibilité récemment démontrée de pouvoir cultiver les larves d’Echinococcus multilocularis contribuera sans doute, l’échinococcose alvéolaire reste une affection très grave.

 

19-Echinoccose_risque-1.jpg
L’échinoccose est une maladie grave en recrudescence.
Mais les cas humains restent peu nombreux.
Et le risque encouru est bien inférieur à d’autres risques acceptés dans la vie quotidienne.
(Document Observatoire régional de la santé - EurEchinoReg -
DRASS Franche-Comté - Institut de veille sanitaire)
 
Cela souligne l’importance de la prophylaxie. La lutte contre les renards est d’autant plus admise qu’elle se confond avec la prévention de la rage. Si le risque d’infestation est réduit, il n’en reste pas moins qu’il faut prendre des dispositions prophylactiques pour éviter la contamination.

Sur le plan individuel, il faut éviter, dans les régions endémiques, de consommer crus des fruits sauvages et d’être en contact avec les animaux susceptibles d’être porteurs du parasite adulte. Il est bon aussi de vermifuger régulièrement chats et chiens.

Bibliographie sommaire :


Mantion G. et al – Le traitement de l’échinococcose alvéolaire humaine : une approche multidisciplinaire. Bull. Acad. Natle Méd. 2008, 192, n° 6, 1151-1158.

Observatoire régional de l’environnement Besançon – Du renard au pissenlit, l’échinoqui ? Du pissenlit au campagnol, l’échinoquoi ? Plaquette d’information de l’Observatoire régional de l’environnement. 2004, 12 p.

Guyard A. - Cours de parasitologie. 1980.

Contacts :

•    Centre Collaborateur OMS pour la Prévention et le Traitement des Echinococcoses humaines, Centre hospitalier universitaire et Université de Franche-Comté, patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr

•    Laboratoire d’études et de recherches sur la rage et la pathologie des animaux sauvages, AFSSA, Domaine de Pixérécourt. B.P. 43. 54 220 Maizeville.

•    Observatoire régional de l’environnement, Conseil régional de Franche-Comté, 4 square Castan – 25031 Besançon cedex.