Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/12/2013

Food and Chemical Toxicology (FCT) retire l'article de Séralini sur les rats nourris au maïs OGM NK603

Food and Chemical Toxicology (FCT) retire l'article de Séralini sur les rats nourris au maïs OGM NK603

 

(Dernière mise à jour : 31 juillet 2014)

 

On se rappelle de la polémique engendrée par la publication des travaux de Gilles-Éric Séralini portant sur portent sur les effets du maïs transgénique NK603, voir l'article dans ce propre blog.

 

La revue Food and Chemical Toxicology (FCT) a retiré l'article de Gilles-Éric Séralini de l'université de Caen, sur les rats nourris durant toute leur vie au maïs OGM NK603 tolérant à l'herbicide Roundup, publié en septembre 2012. Cette étude suggérait que les rongeurs développaient plus de pathologies et de tumeurs. Après examen des données brutes, la revue souligne qu'elle n'a relevé ni fraude ni manipulation, mais que « les résultats présentes sont peu concluants » et qu' « il y a une raison légitime d'inquiétude concernant à la fois le nombre d'animaux testés dans chaque groupe et la souche particulière [de rats] ».

 

Gilles-Eric Séralini, dont l'étude ne cesse de faire polémique. conteste cette décision, persuadé que la revue est sous pression depuis l'embauche, début 2013, d'un nouvel éditeur venu de la société Monsanto, spécialisée dans les biotechnologies. Il argue que la souche de rats (les Sprague-Dawley) qu'il a utilisée l'est aussi en routine aux États-Unis. Il rappelle qu'il a mené une étude inédite sur des rats nourris leur vie entière avec ce maïs OGM et qu'il a multiplié les mesures sur les animaux. Il pointe un article publié par Monsanto en 2004 dans FCT et jamais rétracté, concluant à l'innocuité du maïs NK 603 après avoir mesuré ses effets sur dix rats de la même souche seulement pendant trois mois. Et accuse : « seules les études pointant un effet adverse des OGM sont passées au crible d'une évaluation rigoureuse ». Il pourrait saisir maintenant les tribunaux.

 

Pour en savoir davantage :

http://sciav.fr/18mdr4u

 Le 14 novembre 2012, dans une lettre ouverte intitulée «Science et conscience» publiée sur le Monde.fr, 140 scientifiques s'étaient insurgés contre les critiques de l'étude et défendaient le professeur Séralini. Une info reprise récemment par la Tribune de Genève.

 

Affaire Séralini : publier n'est pas prouver

 

par Elsa Abdoun (Sciences & Vie, n° 1156, février 2014, p. 16).

 

II y a un an, le biologiste français Gilles-Eric Séralini faisait la une de tous les journaux après avoir publié dans la revue scientifique Food and Chemical Toxicology un article censé démontrer, images chocs de souris déformées par d'énormes tumeurs à l'appui, la cancérogénicité d'un maïs OGM. À l'époque, nous avions émis de sérieuses réserves sur cette étude (voir Sciences & Vie n°1142, p. 68). Un an plus tard, la revue a finalement fait machine arrière : toujours consultable, elle est désormais accompagnée de la mention "retiré", et ne peut plus être citée dans d'autres articles de chercheurs.

 

Cette décision, qui entérine le fait que cette étude débouchait sur des conclusions erronées, a valeur d'exemple. Elle pointe la dérive par laquelle le processus de publication scientifique est de plus en plus abusivement utilisé, par des chercheurs, associations ou industriels, pour conférer à leurs opinions un caractère indubitable.

 

De son côté, Gilles-Eric Séralini explique le retrait de son étude par le fait que la revue s'est dotée, début 2013, d'un éditeur associé, anciennement employé par l'entreprise Monsanto. Laquelle entreprise commercialise le maïs OGM qu'il met en cause... En clair, il serait l'objet d'une censure.

 

De telles situations de conflits d'intérêts nuisent effectivement à la crédibilité de la science, et jettent une suspicion légitime sur ses délibérations ; mais dans le cas de l'étude Séralini, une chose est sûre : ses conclusions erronées correspondent parfaitement aux critères de retrait établis par le Comité pour l'éthique des publications, qui sert de guide pour les revues scientifiques dans leur gestion des articles qu'elles publient.

 

Il ressort ainsi que cette étude - incorrecte - n'aurait jamais dû paraître. Il faut donc se rendre à l'évidence: la publication dans une revue scientifique n'est pas une garantie absolue de véracité. Une information cruciale, pour qui ne veut pas se voir berné par de tels artifices. Comme ceux employés par Gilles-Eric Séralini.

 

En effet, le principal argument de ce chercheur face à la remise en question de son étude est d'avoir été publié par une revue à "comité de lecture". En d'autres termes, l'étude, préalablement relue et "validée par des pairs", était au-dessus de tout soupçon. Un argument non valable, qui semble ignorer que l'analyse d'un article est un exercice faillible, sujet aux erreurs humaines. Pour preuve : de nombreuses autres études sont, chaque année, publiées à tort. Plus de la moitié des articles seraient concernés, selon plusieurs chercheurs qui se sont penchés sur la question. Pis, la plupart ne sont même pas retirés une fois l'erreur confirmée, car "cela reviendrait, pour les journaux, à admettre que leur système de relecture est défectueux ", explique Ivan Oransky, auteur du blog Retraction Watch qui recense depuis 2010 tous les retraits de publications scientifiques.

 

Pour les éditeurs de l'étude Séralini, la question de reconnaître ou non leur erreur ne s'est pas posée : les agences de sécurité alimentaire européenne (Efsa), française (Anses) et même allemande (BfR), le Haut Conseil des biotechnologies, six académies nationales ainsi que de très nombreux spécialistes de toxicologie, cancérologie et statistiques l'ont fait pour eux. Il faut dire que l'étude, ultra-médiatisée, a été lue par un très grand nombre de chercheurs, s'exposant dès lors aux critiques.

 

Au final, s'il ne nous a rien appris sur les OGM, le professeur Séralini aura au moins démontré cela : les revues sont truffées de conclusions fausses. De quoi inciter à la prudence...

 

Février 2014 : Séralini insiste et signe : les pesticides seraient mille fois plus toxiques que ce qu'on croyait.

Voir l'article de Metronews

 

Ajout de juillet 2014 : Gilles-Éric Séralini republie son étude sur les OGM

 

Gilles-Éric Séralini, professeur de biologie à l'université de Caen republie son étude sur les OGM Le chercheur avait créé la polémique avec un article sur des rats nourris au maïs transgénique. Il le complète avec les données brutes.

 

Huit mois après le retrait forcé de son article sur le maïs NK603, le professeur Gilles-Éric Séralini, de l'université de Caen, a republié son article dans une autre revue, Environnemental Sciences Europe (Springer). L'étude controversée suggère que des rats nourris pendant deux ans avec du maïs NK603 — tolérant à l'herbicide Roundup développé par Monsanto — connaissent une mortalité et une incidence de tumeurs plus précoces et plus nombreuses que les rats nourris avec un maïs traditionnel. À la suite des critiques, l'équipe du Pr Séralini la republie avec, cette fois, les données brutes, et rappelle que « le protocole choisi était celui d'une étude de toxicologie sur deux ans et non celui d'une étude de cancérogénèse » et que « d'innombrables études toxicologiques utilisent la souche de rats Sprague Dawley, tandis que les études de Monsanto réalisées à trois mois sur ses OGM utilisent les mêmes effectifs et... la même souche ».

 

Les détracteurs de Gilles-Éric Séralini pointent que le scientifique ne publie toujours pas de photos des « rats contrôle ». Ces animaux nourris sans OGM pourraient en effet avoir développé eux aussi des grosseurs spectaculaires, comme les rats nourris aux OGM et pesticides. La publication des images de rongeurs aux corps déformés avait largement participé au retentissement médiatique de l'article.

 

Source : Sciences et Avenir n° 810 Août 2014 p. 21.

04/11/2012

Les OGM sont-ils des poisons ?

OGM-DANGER.jpgLes OGM sont-ils des poisons ?

 

(dernière mise à jour : 29/01/2013)

Des chercheurs français ont étudié secrètement, pendant deux ans, 200 rats nourris au maïs transgénique. Tumeurs, pathologies lourdes… une hécatombe. Et une bombe pour l'industrie OGM.

(Cet article signé Guillaume Malaurie est paru dans le "Nouvel Observateur" daté du 20 septembre 2012).
 

C’est une véritable bombe que lance, ce 19 septembre 2012 à 15 heures, la très sérieuse revue américaine "Food and Chemical Toxicology" - une référence en matière de toxicologie alimentaire - en publiant les résultats de l’expérimentation menée par l’équipe du français Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen. Une bombe à fragmentation : scientifique, sanitaire, politique et industrielle. Elle pulvérise en effet une vérité officielle : l’innocuité du maïs génétiquement modifié.


Lourdement toxique et souvent mortel

Même à faible dose, l’OGM étudié se révèle lourdement toxique et souvent mortel pour des rats. À tel point que, s’il s’agissait d’un médicament, il devrait être suspendu séance tenante dans l’attente de nouvelles investigations. Car c’est ce même OGM que l’on retrouve dans nos assiettes, à travers la viande, les œufs ou le lait.

En 2006, c’est comme un véritable thriller que commence cette recherche, dont le maître d’œuvre, Gilles-Eric Séralini, divulgue lui-même les conclusions dans un ouvrage à paraître la semaine prochaine ("Tous cobayes !", Flammarion, en librairie le 26 septembre 2012).


Nom de code In Vivo

Jusqu’en 2011, les chercheurs ont travaillé dans des conditions de quasi-clandestinité. Ils ont crypté leurs courriels comme au Pentagone, se sont interdit toute discussion téléphonique et ont même lancé une étude leurre tant ils craignaient un coup de Jarnac des multinationales de la semence.

Le récit de l’opération – nom de code In Vivo - évoque la très difficile récupération de semences de maïs OGM NK 603, propriété brevetée de Monsanto, par le truchement d’un lycée agricole canadien. Puis la récolte et le rapatriement des "gros sacs de jute" sur le port du Havre fin 2007, avant la fabrication de croquettes dans le secret le plus total et la sélection de deux cents rats de laboratoires dits Sprague Dawley. Bilan ? Glaçant : "Après moins d’un an de menus différenciés au maïs OGM, confie le professeur Séralini, c’était une hécatombe parmi nos rats, dont je n’avais pas imaginé l’ampleur".


Pathologies lourdes, tumeurs mammaires

Tous les groupes de rats, qu’ils soient nourris avec le maïs OGM traité ou non au Roundup, l'herbicide de Monsanto, ou encore alimentés avec une eau contenant de faibles doses d’herbicide présent dans les champs OGM, sont frappés par une multitude de pathologies lourdes au 13e mois de l’expérience. Chez les femelles, cela se manifeste par des explosions en chaine de tumeurs mammaires qui atteignent parfois jusqu’à 25% de leur poids. Chez les mâles, ce sont les organes dépurateurs, le foie et les reins, qui sont atteints d’anomalies marquées ou sévères. Avec une fréquence deux à cinq fois plus importante que pour les rongeurs nourris au maïs sans OGM.

ogm,séralini,cancer

Les rats nourris pendant deux avec du maïs OGM

ont développé de spectaculaires tumeurs

© J+B SÉQUENCES



Comparaison implacable : les rats OGM déclenchent donc de deux à trois fois plus de tumeurs que les rats non OGM quel que soit leur sexe. Au début du 24° mois, c’est-à-dire à la fin de leur vie, de 50% à 80% des femelles OGM sont touchées contre seulement 30% chez les non-OGM.

Surtout, les tumeurs surviennent nettement plus vite chez les rats OGM : vingt mois plus tôt chez les mâles, trois mois plus tôt chez les femelles. Pour un animal qui bénéficie de deux ans d’espérance de vie, l’écart est considérable. A titre de comparaison, un an pour un rongeur, c’est à peu près l’équivalent d’une quarantaine d’années pour un homme…

 

OGM-Seralini.jpg


Exiger des comptes


C’est forte de ces conclusions que Corinne Lepage, dans un livre qui paraît vendredi 21 septembre ("La vérité sur les OGM, c’est notre affaire", Editions Charles Léopold Mayer), entend bien exiger des comptes auprès des politiques et des experts, français et européens, des agences sanitaires et de la Commission de Bruxelles, qui se sont si longtemps opposés et par tous les moyens au principe d’une étude de longue durée sur l'impact physiologique des OGM.

Cette bataille, l’ex-ministre de l’Écologie et première vice-présidente de la commission Environnement, Santé publique et Sécurité alimentaire à Strasbourg, la mène depuis quinze ans au sein du Criigen (Comité de Recherche et d’Information indépendantes sur le Génie génétique) avec Joël Spiroux et Gilles-Éric Séralini. Une simple association 1901 qui a pourtant été capable de réunir de bout en bout les fonds de cette recherche (3,2 millions d’euros) que ni l’Inra, ni le CNRS, ni aucun organisme public n’avaient jugé judicieux d’entreprendre.


Une étude financée par Auchan et Carrefour



Comment ? Autre surprise : en sollicitant la Fondation suisse Charles Léopold Mayer. Mais aussi les patrons de la grande distribution (Carrefour, Auchan..), qui se sont réunis pour l'occasion en association. Depuis la vache folle, ces derniers veulent en effet se prémunir de tout nouveau scandale alimentaire. À tel point que c’est Gérard Mulliez, fondateur du groupe Auchan, qui a débloqué les premiers financements.

L’étude du professeur Séralini laisse donc présager une nouvelle guerre meurtrière entre pro et anti-OGM. Les agences sanitaires exigeront-elles de toute urgence des études analogues pour vérifier les conclusions des scientifiques français ? Ce serait bien le moins. Monsanto, la plus grande firme mondiale de semences transgéniques, laissera-t-elle faire ? Peu probable : sa survie serait en jeu. Pour une seule plante OGM, il y a une centaine de variétés. Ce qui impliquerait au moins une dizaine d'études de 100 à 150 millions d’euros chacune !


Le temps de la vérité

Sauf que, dans cette nouvelle confrontation, le débat ne pourra plus s’enliser comme par le passé. Dés le 26 septembre, chacun pourra voir au cinéma le film choc de Jean-Paul Jaud, "Tous Cobayes ?", adapté du livre de Gilles-Éric Séralini, et les terribles images des rats étouffant dans leurs tumeurs. Des images qui vont faire le tour de la planète et d’internet, puisqu'elles ont été diffusées sur Canal+ (au "Grand Journal" du 19 septembre 2012) et le seront encore sur France 5 (le 16 octobre 2012 dans un documentaire). Pour les OGM, l’ère du doute s’achève. Le temps de la vérité commence.



À lire : l'interview de Gilles-Éric Séralini, ainsi que des extraits de son livre "Tous cobayes !" (Flammarion), dans "Le Nouvel Observateur" du 20 septembre 2012.


--
Roxanne MITRALIAS


Pôle Agriculture et environnement :
OGM, sanitaire, semences, biodiversité
Confédération Paysanne
104 rue Robespierre - 93170 Bagnolet
01.43.62.18.73
http://www.confederationpaysanne.fr

 

La démarche expérimentale de Gilles-Éric Séralini a été vertement critiquée. Voir également l'article résumant les remarques de différents organismes sur la méthode.

 

Un article signé Hervé Ratel dans Sciences et Avenir de novembre 2012, p. 40 expose les arguments de l'autorité Européenne de Sécurité des Aliments (Efsa) :

 

OGM : les points clés de l'étude controversée


Après la publication de l'étude du Pr Séralini sur les effets toxiques des OGM, analyse des éléments fondamentaux pour comprendre les questions en jeu.


Des tumeurs grosses comme des balles de ping-pong, des atteintes hépatiques et rénales graves, des longévités amputées... Photos chocs à l'appui, les révélations clé l'étude de toxicologie sur des rats nourris avec un maïs OGM, publiées dans le Nouvel Observateur du 19 septembre 2012, ont fait l'effet d'une bombe, et la une des journaux. Publié dans la revue Food and Chemical Toxicology, le travail dirigé par Gilles-Eric Séralini (université de Caen) est le premier à montrer les effets toxiques d'une nourriture à base d'un aliment génétiquement modifié, en l'occurrence le maïs NK603 de la firme américaine Monsanto, en association ou non avec du Roundup, l'herbicide auquel il est tolérant. La  conclusion des auteurs de  l'étude est nette et effrayante :  oui, les OGM sont dangereux, et leur consommation peut avoir des conséquences graves pour la santé. Mais est-ce aussi simple et limpide ? Très vite, des critiques ont surgi dans les rangs des scientifiques pour mettre en doute l'étude et ses conclusions.


L'autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a conclu le 4 octobre 2012 en première analyse que l'étude « présente des lacunes qui ne permettent pas de considérer les conclusions des auteurs comme étant scientifiquement valables ». À l'heure où nous écrivons ces lignes, nous n'avons pas connaissance des conclusions de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de  l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), attendues le 20 octobre, mais il est peu probable qu'elles soient clémentes envers les auteurs. Plusieurs points litigieux sont à avoir en tête pour comprendre les débats à venir.


La souche de rats utilisée pour l'expérience, dite Sprague-Dawley, est fragile. Ces rongeurs ont une propension à développer spontanément des tumeurs au cours de leur vie, estimée à deux ans. Une étude de 1973 évalue ainsi l'incidence des tumeurs spontanées à 45 %. De plus, les mâles sont facilement sujets à des atteintes rénales dans des conditions normales.


La composition de l'alimentation des animaux n'est pas détaillée dans l'étude. Or, la  nourriture a pu être contaminée par des mycotoxines à l'effet cancérogène et hépatotoxique. De plus les rats Sprague-Dawley développent d'autant plus de tumeurs spontanées que leur nourriture est énergétique et riche en protéines, ce qui est le cas du maïs.


Le faible nombre de rats, dix par groupe, témoins compris, affaiblit la portée statistique de ce travail étant donné qu'il y a très peu de différence, au niveau du nombre et de l'ampleur des pathologies observées entre les rats témoins et ceux nourris aux OGM. Et une étude menée en 2007 au Japon sur du soja tolérant au Roundup avec des effectifs plus importants (50 rats par groupe) n'a rien mis en évidence.

 

LA RÉPONSE DE GILLES-ÉRIC SÉRALINI


Le chercheur critique les processus d'évaluation des OGM, confiés aux seuls industriels, avec des études courtes (trois mois) et confidentielles. Il dit avoir pris « la même lignée de rats que celle utilisée par Monsanto » et n'empêcher « personne de refaire l'expérience avec 50 rats par groupe ». Il appelle de ses vœux une agence d'évaluation indépendante, financée par l'industrie agroalimentaire.

 

Vendredi 26 octobre 2012, les Académies nationales d’Agriculture, de Médecine, de Pharmacie, des Sciences, des Technologies, et Vétérinaire ont publié un communiqué au sujet de l'étude de Gilles-Eric Séralini sur l'OGM NK 603 de Monsanto. Leur verdict ? Elle contient "de nombreuses insuffisances de méthodologie et d’interprétation". Paul Deheuvels, lui-même membre de l'Académie des sciences, s'indigne.


Je viens d'apprendre qu'un tout petit nombre de représentants des six Académies (Sciences, Médecine, Technologies,...) se sont réunis pour publier un communiqué commun concernant l'étude du professeur Séralini (éditée récemment dans la revue "Food and Chemical Toxicology").

 

Les Académies ne sont pas engagées dans leur ensemble


Sans même avoir lu leur déclaration, je me dois d'attirer l'attention du public sur le fait que le dit communiqué ne peut engager l'une ou l'autre de ces académies dans leur ensemble. En effet, un groupe d'experts a été convoqué en urgence, on ne sait par qui, on ne sait comment, dans une absence totale de transparence concernant le choix de ses membres, et sur la base de 2 représentants par académie. Ces personnes ont cru bon de rédiger dans un espace de temps très bref un avis très critique sur cette étude. Elles ne peuvent prétendre à elles seules incarner l'avis de l'ensemble du monde scientifique français, et ce serait une forfaiture que de le laisser croire.

Étant le seul membre de l'Académie des sciences représentant la discipline des statistiques en tant que telle, il aurait été normal que je sois consulté, et tel n'a pas été véritablement le cas.

Il ressort des conversations que j'ai eues a postériori sur ce communiqué que les représentants des cinq académies mentionnés plus haut y aient critiqué la partie descriptive de l'étude du professeur Séralini, concernant les tumeurs, en lui reprochant de ne pas être significative sur le plan statistique. Ils auraient, par contre, ignoré la partie toxicologique de l'article, traitée avec sophistication par des méthodes modernes (dites de PLS). Notons que l'article de Gilles-Eric Séralini est, justement, publié dans une revue de toxicologie.

 

Un mauvais procès fait à l'étude de Séralini

 

Dans tout texte du genre, la partie descriptive se contente de décrire, sans pour autant en tirer de conclusion démontrée. C'est bien ce qui se passe ici, et je ne trouve rien à redire sur le plan professionnel à cette composante, quoi que puisse en dire le petit groupe de signataires de la motion.

A l'inverse, la composante de toxicologie de l'article a l'immense mérite d'étudier la cohorte de données complète des analyses réalisée sur une durée d'environ 16 mois. Cette partie de l'article aboutit, quant à elle, à la mise en évidence de différences significatives sur le plan statistique, sous réserve, bien entendu, que leur traitement ait été correctement réalisé, et je ne vois aucune raison de penser que ce n'ait pas été le cas.

On pourra m'objecter que ce sont précisément ces parties descriptives de l'article de Séralini qui ont attiré l'attention des médias, puisqu'elles parlent des tumeurs dont les animaux d'expérience ont été victimes. Ce n'est pas la question. Je pense qu'on fait à cette étude un mauvais procès, par de mauvais arguments, et avec un acharnement parfaitement suspect compte tenu des immenses intérêts financiers qui sont en jeu. Il ne s'agit pas de savoir ce qu'en pensent les médias, mais plutôt de juger la qualité technique de ce travail.

Je tiens à dire, avec force, que l'article du professeur Séralini se situe à un niveau élevé de qualité parmi les articles de même catégorie. On ne peut lui reprocher sa valeur scientifique qui est indéniable. On ne peut l'attaquer sur sa partie descriptive qui ne cherche pas à établir des preuves, au sens statistique du terme, mais à donner une présentation lisible, purement factuelle, des résultats obtenus. Il est d'autant plus anormal que le communiqué des cinq académies ne s'intéresse guère (si mes renseignements sont corrects) à la composante toxicologique de l'analyse, qui, elle, fait usage de niveaux de confiance établis selon les règles habituelles de la statistique.

 

Pour une saine confrontation des idées

 

Je récuse donc par avance tout texte qui serait présenté au nom de cinq académies sur ce sujet, partant du fait évident que le comité qui l'a signé ne représente que lui-même, indépendamment de l'éminence de ses membres.

C'est d'ailleurs un procédé à la limite du scandale de vouloir parler au nom de tous lorsqu'on est peu nombreux. Quelle que soit la qualité des signataires, ils expriment un avis qui ne peut prétendre constituer une vérité universelle, tant que le problème n'aura pas été véritablement discuté ouvertement, et sur le fond.

L'article du professeur Séralini a l'immense mérite de mettre en évidence qu'il n'y a pas suffisamment d'études portant sur les effets à long terme des alimentations à base d'OGM. Au lieu de critiquer dans cette étude ce qui ne peut pas l'être, tout en omettant de l'apprécier pour sa composante authentiquement innovatrice, les organismes établis comme l'INRA ou l'ANSES, devraient entreprendre des études approfondies sur des échantillons plus nombreux. Celles-ci permettraient de sortir par le haut d'une querelle aux paramètres évidemment biaisés. Il faut que le débat d'idées ait lieu, dans le calme, et sans avoir à subir les pressions des lobbys qui s'expriment pour ou contre des opinions, sans même prendre le temps de les discuter.

J'exprime un avis personnel, basée sur mon expérience professionnelle, et je n'insulte pas ceux qui ont une opinion contraire. L'intérêt de la science se situe, avant tout, dans une saine confrontation des idées et des arguments, qui soit, si possible, sans parti pris. On est, semble-t-il, très loin d'une telle situation, je le crains.

 

OGM : Il a montré leur toxicité, il doit être exécuté


Une réaction indignée de Christian Vélot, 19 octobre 2012

L’étude de Gilles-Eric Séralini et de son équipe de l’Université de Caen sur le maïs génétiquement modifié NK603 et l’herbicide Roundup, publiée le 19 septembre 2012 dans l’excellente revue internationale Food & Chemical Toxicology[1], a provoqué un tollé mondial. Il s’agit de l’étude toxicologique la plus longue et la plus complète jamais réalisée au monde sur un organisme génétiquement modifié (OGM) et un herbicide sous sa formulation commerciale : elle a été effectuée sur 200 rats (100 mâles et 100 femelles) pendant deux ans (c’est-à-dire tout au long de leur vie) avec plus de 100 paramètres analysés sur chacun d’eux.

Pour bien comprendre ce qui a conduit G.E. Séralini (GES) et son équipe, soutenus par le CRIIGEN[2] (Comité de recherche et d’information indépendante sur le génie génétique) — dont GES est l’un des fondateurs et le président de son conseil scientifique — à entreprendre une telle étude, et l’acharnement qu’elle suscite, il est nécessaire de faire un bref historique et quelques rappels afin de replacer un certain nombre d’éléments dans leur contexte.

La quasi totalité (99,99%) des OGM agricoles cultivés à la surface de la planète sont des plantes-pesticides. Je rappelle au passage que “pesticide” est le terme générique qui englobe les insecticides (qui tuent les insectes), les fongicides (qui tuent les champignons), les herbicides (qui tuent les herbes, les plantes), etc. Et une plantepesticide est une plante qui accumule dans ses cellules un ou plusieurs pesticides, indépendamment de leur nature. Comment ?

Il s’agit de plantes qui ont été génétiquement modifiées soit pour produire elles-mêmes un insecticide afin de lutter contre un insecte dont elles sont la cible, soit pour ne plus mourir quand on les arrose avec un herbicide qui aurait dû les tuer. Les premières accumulent donc un insecticide parce qu’elles le produisent en permanence, les secondes accumulent un herbicide car elles peuvent l’absorber sans mourir. Alors que la première catégorie correspond donc plus précisément à des plantes-insecticides, la seconde concerne essentiellement des plantes (maïs, soja, colza) qui tolèrent l’herbicide Roundup commercialisé par la société philanthrope Monsanto : c’est le cas du maïs NK603 qui fait donc l’objet de l’étude de GES et de son équipe. Si un agriculteur pulvérise du Roundup sur ses cultures conventionnelles, il va tuer non seulement lesdites “mauvaises herbes”, mais également les cultures elles-mêmes, étant donné que cet herbicide est un herbicide non sélectif qui tuent toutes les plantes (et peut-être pas que les plantes d’ailleurs…). Avec les plantes tolérantes au Roundup, l’agriculteur peut pulvériser l’herbicide en question sans prendre la moindre précaution puisque sa culture tolère l’herbicide : il tuera lesdites “mauvaises herbes” sans détruire la plante cultivée.

Les plantes-insecticides d’une part, et les plantes tolérant le Roundup d’autre part, correspondent aux OGM agricoles dits “de première génération”. Elles représentent, respectivement, environ 20% et 60% de ces OGM, soit 80% au total des plantespesticides. Les 20% manquants (pour atteindre 99,99%) sont les OGM dits de “seconde, troisième et quatrième générations“, c’est-à-dire des plantes génétiquement modifiées qui cumulent plusieurs “caractères pesticides” : la production d’un ou plusieurs insecticide(s) et la tolérance d’un ou plusieurs herbicide(s). On n’arrête pas le progrès…

 

Les animaux qui vont manger ces plantes vont donc être exposés aux pesticides en question. Les humains qui vont manger les produits animaliers issus des animaux ayant consommé ces plantes vont — éventuellement — êtres confrontés à ces pesticides selon le devenir de ces molécules dans la chaîne alimentaire. La moindre des choses serait donc que ces plantes soient évaluées non seulement comme des plantes, mais également comme des pesticides, ce qui n’est malheureusement pas le cas.

 

L’évaluation des pesticides utilisés dans l’agroalimentaire est encadrée par la directive européenne 91/414 qui précise qu’ils doivent être soumis à des tests toxicologiques pendant trois mois sur trois espèces animales différentes (dont le rat et la souris, le troisième n’étant pas un rongeur), auxquels s’ajoutent des études à deux ans sur le rat. Pourquoi deux ans? Parce qu’il s’agit justement de la durée de vie d’un rat. Ces études permettent donc d’observer les effets tout au long de la vie, c’est-à-dire les effets chroniques. Alors qu’à trois mois, on ne voit essentiellement que les effets aigus. Cependant, que l’on soit bien clair : loin de moi l’idée selon laquelle ces tests seraient suffisants alors que les pesticides sont connus, dans leur grande majorité, pour se comporter comme des perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire pour avoir des effets sur les voies hormonales sexuelles. Il faudrait donc — si l’on s’inscrit dans la démarche de tests sur des animaux — qu’ils fassent également l’objet d’études sur des femelles en gestation, que les descendants soient étudiés sur plusieurs générations, etc. Par ailleurs, les pesticides sont très souvent évalués uniquement sur le principe actif et non sur les formules commerciales qui contiennent un certain nombre de molécules supplémentaires (les adjuvants). Ces mélanges sont pourtant, en général, beaucoup plus dangereux, comme cela a pu notamment être montré à maintes reprises avec l’herbicide Roundup dont les effets toxiques sont bien supérieurs à ceux de son principe actif chez les plantes, le glyphosate. Toutefois, en dépit de toutes ces carences, la législation européenne a au moins le mérite, pour les pesticides, de définir précisément un cadre minimum d’évaluation.

 

Qu’en est-il des OGM agricoles, c’est-à-dire des plantes-pesticides ? Il s’agit là non plus de la directive 91/414 mais de la directive 2001/18 (qui a été transcrite en droit français début 2008). Et que dit cette directive en matière d’évaluation ? Elle ne dit pas que ces OGM ne doivent pas être évalués, mais elle ne dit pas en quoi doit consister cette évaluation. C’est à l’appréciation des comités d’évaluation, tels que l’ANSES (l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail) ou le HCB (Haut Conseil des biotechnologies) pour la France, et l’AESA[3] (Agence européenne de sécurité des aliments) pour l’Europe. Dans les faits, les OGM agricoles n’ont jamais été évalués sur le plan toxicologique à plus de trois mois sur une seule espèce animale : le rat (ou la souris). On passe donc systématiquement à côté des éventuels effets chroniques.

Cerise sur le gâteau : les tests sont faits par des laboratoires choisis par les firmes semencières, et pour des raisons de protection industrielle, les données brutes des études en question sont maintenues confidentielles (au sein des agences d’évaluation), excluant ainsi la possibilité de toutes contre-expertises et analyses contradictoires.

 

Le CRIIGEN n’a eu de cesse de condamner cette carence et cette opacité de l’évaluation des OGM en exigeant d’une part la transparence des données brutes des études à trois mois, et d’autre part des études complémentaires sur deux ans réalisées par des laboratoires indépendants des firmes semencières. G.-E. Séralini a notamment réitéré ces demandes à maintes reprises et en vain au sein de la CGB (Commission du génie biomoléculaire, ancêtre du HCB avant le Grenelle de l’environnement) dans laquelle il a siégé pendant huit années sous la présidence de Marc Fellous, l’un de ses plus fervents détracteurs (qui a d’ailleurs été condamné pour avoir diffamé GES, et qui fait aujourd’hui l’objet d’un second procès de la part de GES et du CRIIGEN pour faux et usage de faux).

 

Ce n’est qu’au prix de procédures administratives ou judiciaires lourdes que le CRIIGEN a pu – directement ou par l’intermédiaire d’autres organisations — accéder aux données brutes des études à trois mois ayant conduit à l’autorisation de certains OGM de la firme Monsanto : le “fameux” maïs NK 603 et les maïs-insecticide MON 810 (autorisé à la culture commerciale en Europe) et MON 863. GES et le CRIIGEN ont alors réalisé, sur la base de ces données, des contre-expertises publiées en 2007[4] et 2009[5] dans des journaux scientifiques internationaux à comité de lecture[6]. Ces contre-études faisaient apparaître notamment des perturbations du foie et des reins différentes selon les sexes laissant craindre des toxicités hépatorénales chroniques.

Les laboratoires de Monsanto avaient bien observé les perturbations des paramètres hépatiques et rénaux en question, mais avaient conclu qu’elles n’avaient pas de signification biologique, au prétexte qu’elles n’étaient pas identiques dans les deux sexes et qu’elles n’étaient pas non plus proportionnelles à la dose d’OGM contenue dans l’alimentation des différents lots de rats.

On croit rêver ! Les différences selon les sexes laissent évidemment supposer un effet sur les voies hormonales sexuelles. Or ces plantes sont justement des éponges à pesticides qui se comportent très souvent comme des perturbateurs endocriniens. Malgré cela, aucun dosage hormonal n’a été exigé par les agences d’évaluation. Quant à la nonproportionnalité entre les effets et la dose, c’est un phénomène extrêmement courant lorsque les perturbations sont justement d’ordre hormonal. Par exemple, une petite dose de polluants aux propriétés féminisantes peut provoquer l’ovulation, alors qu’une concentration plus importante de ce même polluant peut agir comme une pilule contraceptive, c’est-à-dire de façon totalement opposée.

Peu importe : l’Agence européenne de sécurité des aliments (AESA) a repris à son propre compte les conclusions des laboratoires de Monsanto ("effets biologiquement non significatifs"), et a donné — comme toujours — un avis favorable à la commercialisation et/ou à l’importation pour l’alimentation de ces OGM.

Et les contre-expertises de GES et du CRIIGEN n’y ont rien changé : elles ont été balayées d’un revers de main par l’AESA et les agences nationales (CGB pour l’étude de 2007 ou HCB pour l’étude de 2009) qui ont conclu, en utilisant les mêmes arguments, que ces études n’étaient pas de nature à remettre en question l’innocuité des OGM en question. Circulez, il n’y a rien à voir !

 

Mais c’était sans compter sur la ténacité de GES. Soutenu par le CRIIGEN, il a alors entrepris de collecter les fonds (3 millions d’euros) dans le but de réaliser lui-même avec son équipe, et en s’entourant des collaborateurs apportant les différentes compétences nécessaires, l’étude à deux ans sur l’un de ces maïs : le NK 603.

Dans cette étude, GES ne s’est pas contenté d’étudier les effets de l’OGM (à trois doses au lieu de 2 dans toutes les autres études), mais également du Roundup (à trois doses également) auquel ce maïs a été rendu tolérant, ainsi que de la combinaison des deux (OGM + Roundup). Le but étant de savoir si les éventuels effets de cet OGM étaient dus à l’OGM lui-même ou aux résidus de Roundup qu’il accumule (ou aux deux). Dans chaque sexe, les 100 rats ont donc été divisés en 10 lots de 10 : un lot contrôle (qui ne mange pas d’OGM et ne boit pas de Roundup), 3 lots nourris avec OGM (à trois doses différentes), trois lots traités au Roundup (à trois doses différentes) et trois lots traités à la fois à l’OGM et au Roundup.

Les résultats révèlent non seulement, comme on pouvait s’y attendre au regard des contre-expertises précédentes, des effets hormonaux non linéaires et reliés au sexe, mais également des mortalités plus rapides et plus fortes au cours de la consommation de chacun des deux produits. Les femelles développent des tumeurs mammaires importantes et en grand nombre, ainsi que des perturbations hypophysaires et rénales, et les mâles présentent des atteintes hépatorénales chroniques sévères.

 

Évidemment, les réactions n’ont pas tardé. Dès le premier jour après sa publication, l’étude a fait l’objet d’attaques violentes, émanant essentiellement, comme par hasard, de ceux qui sont à l’origine de l’autorisation de ce maïs, tels Marc Fellous et Gérard Pascal, et ce avant même qu’ils aient pu la lire en détail et s’en imprégner. On comprend qu’ils soient piqués au vif, cette nouvelle étude remettant directement en cause la validité de leur propre évaluation. Et ceux là-mêmes qui se sont toujours opposés aux contre-expertises, demandées entre autres par GES et le CRIIGEN, deviennent tout d’un coup les fervents défenseur des contre-analyses et de l’expertise contradictoire : "cette étude doit être validée par des experts", des vrais, qui représentent LA communauté scientifique. Ben voyons. Je rappelle quand même que l’étude de GES n’a pas été publiée dans Pif le chien mais dans un journal à comité de lecture (qui plus est, très coté dans le monde de la toxicologie), ce qui signifie qu’elle a déjà été expertisée par les pairs (par des experts internationaux choisis anonymement par le bureau éditorial du journal).

Bien sûr, ceci n’exclut pas la critique. Il n’existe pas d’étude scientifique, et quelle que soit la notoriété du journal dans lequel elle est publiée, qui soit irréprochable et qui ne puisse faire l’objet de critiques. La contradiction, c’est ce qui fait respirer la démocratie. On en a besoin en sciences comme ailleurs. C’est sain. Mais ces critiques doivent être faites de façon constructive, selon certaines règles de déontologie, dans le but d’identifier les éventuels points faibles et proposer en fonction les modifications de protocole nécessaires à la répétition de l’étude tout en s’affranchissant d’éventuels obstacles ou certaines difficultés. Le mot clé en sciences est “reproductibilité”. Cette étude étant une première, elle doit de toute façon être refaite. Avec comme seule préoccupation la sécurité sanitaire et non pas le flinguage d’un collègue trop gênant. Voilà ce qu’on est en droit d’attendre de scientifiques dignes de ce nom.

 

Au lieu de cela, on assiste à un lynchage en règle de Séralini et ses co-auteurs. Leur étude ne vaut pas un pet de lapin. Tout est à jeter. Certes, ces attaques viennent essentiellement d’un petit groupe de scientifiques constitué des militants pro-OGM habituels — les Felllous, Pascal, Dattée et autres Joudrier de l’AFBV[7] (Association française des biotechnologies végétales) —, mais qui a le culot de prétendre représenter LA communauté scientifique dans une tribune largement relayée par le journal Marianne et son journaliste expert en OGM, Jean-Claude Jaillette. Et toujours avec les mêmes arguments stupides utilisés qui tournent en boucle depuis le premier jour.

 

1) Les rats utilisés ne sont pas les bons car ils sont réputés très sensibles aux cancers. Ah bon ? Mais ce sont pourtant ceux utilisés dans toutes les études de Monsanto qui ont conduit, entre autres, à l’autorisation de ce maïs. Et ce sont aussi ceux qui sont utilisés dans toutes les études de toxicologie, qu’il s’agisse de médicaments ou de pesticides.

En fait, quand on ne voit rien, ces rats sont parfaits, quand on voit des effets, c’est que les rats choisis ne sont pas les bons. Chat perché ! Sans doute Séralini et ses collaborateurs auraient-ils dû choisir des rats résistants aux cancers pour ne pas offusquer tous ces scientifiques bien pensants et, pour certains, contredire leur propre expertise. Vous voulez étudier le cancer de la prostate ? Faites-le sur des femmes, c’est plus sûr.

2) Les effectifs de rats traités et contrôles (lots de 10 rats) sont insuffisants. Ah bon ? Alors, pourquoi n’a t-on pas entendu ces scientifiques exemplaires protester contre toutes les études ayant conduit aux autorisations des OGM et pour lesquelles les groupes de rats n’ont jamais excédé 10 ? Pour la pomme de terre transgénique Amflora, il s’agissait même de groupes de 5 rats, et pour le maïs MIR 162 qui est sur le point d’être autorisé, des groupes de 6 rats.

En fait, quand on ne voit rien, 5 rats ça suffit, quand on voit des effets, 10 rats, c’est insuffisant et donc l’étude ne vaut rien. Chat perché ! Vous me suivez ? Oui, je sais, c’est compliqué la science !

 

3) Cette étude n’est pas la première étude de long terme effectuée pour des OGM. Il y en a eu beaucoup d’autres faites sur d’autres animaux, notamment sur des porcs pendant trois ans. Et aucun effet n’a jamais été observé ? Alors là, nos scientifiques de référence deviendraient-ils de mauvaise foi ou feraient-ils preuve d’une certaine incompétence ? Rappelons d’abord que deux ans pour des rats, c’est la vie entière. Ce qui n’est pas le cas de trois années pour le porc qui vit au moins quinze ans. Par ailleurs, les études auxquelles il est fait référence ne sont en rien des études toxicologiques, mais des études nutritionnelles qui consistent simplement à nourrir l’animal et à observer quelques paramètres macroscopiques (poids, volume de lait produit,…) sans faire la moindre analyse de sang, la moindre analyse d’urine, la moindre biopsie ou prélèvement d’organe, le moindre dosage hormonal, la moindre palpation pour détecter d’éventuelles grosseurs ou tumeurs, etc.

 

4) Des millions d’animaux et d’américains mangent des OGM tous les jours depuis des années et on n’a jamais rien observé de la sorte. Cet “argument” n’est pas nouveau. C’est notamment celui qu’avait utilisé Axel Kahn lors d’une émission « La tête au carré » sur France Inter. A la question d’un auditeur relayée par l’animateur Mathieu Vidard, demandant à l’invité s’il trouve normal que les OGM agricoles ne soient pas testés plus de 90 jours sur quelques dizaines de rats, et s’il pense vraiment que des tests aussi réduits peuvent assurer une innocuité raisonnable de ces produits, A. Kahn répond que "nous disposons d’un test en grandeur nature, à savoir qu’il y a 200 millions d’Américains qui mangent des OGMs depuis 10 à 20 ans et qu’aucun problème de santé n’a été recensé".

Si de tels propos avaient été tenus par Claude Allègre, nous aurions compris. Mais enfin, Axel Kahn, le généticien référent du journal de 20H ! Comment est-ce possible ? Sur quelles études sanitaires à grande échelle se base-t-il pour tenir de telles affirmations ? Sachant que depuis que les OGM existent sur le continent américain, il n’y a jamais eu aucun suivi systématique des animaux et des humains qui en ont mangé. Et comment de telles études pourraient-elles d’ailleurs exister dans la mesure où ce continent ne sépare pas les filières agricoles? Il est donc impossible de savoir qui consomme des OGM, à quelle dose et à quelle fréquence, et qui n’en consomme pas. Comment pourrait-on alors établir une corrélation de cause à effet entre l’apparition d’un quelconque problème sanitaire et la consommation d’OGM ? D’autant plus que les effets montrés par GES et son équipe sont justement des effets chroniques, qui peuvent donc, au sein d’une population, être masqués par d’autres effets chroniques aux origines multiples M. Kahn ignore t-il lui aussi ce qu’est une étude toxicologique ? Décidément, la science n’est plus ce qu’elle fut.

 

Cet argumentaire de haute volée a été repris dans un article paru sur Médiapart le 22 septembre dernier. Son auteur, Michel de Pracontal, semble s’y connaître autant en OGM que Nadine Morano en communication, au point qu’il n’a toujours pas compris le lien entre le maïs NK603 et le Roundup., et que son texte est cousu d’inepties à faire rougir Claude Allègre.

 

Nos scientifiques exemplaires s’offusquent également du "coup médiatique" qui a accompagné la sortie de cette étude: "Une telle démarche n’est pas une démarche scientifique éthiquement correcte". Bien sûr, ils auraient tellement préféré que cette étude reste dans le cercle fermé des scientifiques savants qui savent et que surtout les bouseux incultes, les sans grade et les gueux incapables de comprendre n’y aient pas accès. C’est une affaire de scientifiques enfin ! Ne mélangeons pas tout ! Et bien non, désolés de vous décevoir messieurs les référents en matière d’éthique, c’est avant tout une affaire qui concerne l’ensemble de la société. Chacun a le droit de savoir avec quelle transparence et quelle rigueur sont évalués les produits qui se retrouvent dans son assiette. Messieurs les scientifiques éthiquement responsables considèrent-ils que l’embargo sur les données brutes des études ayant conduit aux autorisations des OGM et des pesticides, et le fait qu’elles soient réalisées par leurs promoteurs, soient une démarche éthiquement correcte ? Ils sont soucieux de l’éthique depuis quand, ces messieurs de LA communauté scientifique : depuis le 19 septembre 2012 ? Si les méthodes de communication utilisées par GES et le CRIIGEN ont permis un déclic éthique chez certains de nos collègues, c’est déjà ça de gagné. On avance.

 

C’est ensuite au tour de l’agence européenne de sécurité alimentaire (AESA) – dont on connaît l’impartialité puisqu’elle a elle-même autorisé les produits évalués par GES et son équipe en émettant, comme toujours, un avis favorable auprès de la Commission européenne — et de l’Agence allemande de sécurité sanitaire BfR de donner leur avis sur l’étude. Et les conclusions des deux agences sont quasiment les mêmes au mot près : étude pas suffisamment robuste pour être validée. Et encore une fois sur la base des mêmes “arguments” foireux que ceux exposés ci-dessus et exploités par nos experts de l’éthique.

Ces deux agences ont réussi l’exploit d’évaluer en moins de deux semaines l’étude qui a nécessité 4 mois d’expertise de la part des experts internationaux de la revue Food & Chemical Toxicology. Et pour justifier un tel exploit, M. Jaillette, qui s’empresse de rapporter dans Marianne les conclusions de l’Agence BfR, précise qu’[elle] a mis les bouchées doubles (sic). Elle a tellement mis les bouchées doubles qu’elle n’a visiblement pas bien digéré l’étude et qu’elle n’y a, en tout cas, pas compris grand chose. L’agence BfR précise notamment que [cette étude] n’apporte aucune raison valable pour rééxaminer le glyphosate. Alors qu’elle concerne non pas le glyphosate mais le Roundup dans sa formule commerciale qui, lui, n’a jamais été évalué en tant que tel. GES n’a jamais demandé une réévaluation du glyphosate mais une évaluation du Roundup. Et Jaillette, en plein orgasme, qui s’empresse de conclure sur la base de ces analyses oh combien pertinentes : "Voici donc l’étude Séralini taillée en pièce…". Jaillette en a rêvé, l’Agence BfR l’a fait.

 

Et la furie continue : c’est tout récemment les académies scientifiques qui s’en mêlent en rendant publique une analyse très sévère de l’étude de GES. Alors là, évidemment, même si les académies le disent… Doit-on rappeler l’avis de l’académie de médecine sur l’amiante qui en minimisait les risques et confortait les thèses du lobby de ce poison[8] ? Doit-on rappeler l’avis de l’académie des sciences sur les dioxines qui en minimisait la toxicité et concluait que ces dernières ne constituaient pas un risque majeur pour la santé publique[9] ? On peut donc leur faire confiance…

Et non contentes de vilipender l’étude de GES, les académies, dans leur avis, vont jusqu’à recommander la création d’un "Haut comité de la science et de la technologie" dont la mission serait d’attirer l’attention du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) sur la médiatisation de travaux scientifiques remettant en cause des savoirs partagés par la très grande majorité de la communauté scientifique internationale. Magnifique ! Vive le retour au régime de Vichy ! Un comité de censure pour étouffer toutes les études scientifiques qui remettent en cause les dogmes et la pensée dominante de LA communauté scientifique ! On n’y avait pas pensé ! Mais qui a dit que les académies scientifiques ne servaient à rien ?

 

Face à un tel acharnement, et malgré le fait qu’il soit soutenu par de nombreux scientifiques en France et à travers le Monde, Gilles-Eric Séralini se retrouve dans la très inconfortable position du lanceur d’alerte, en proie aux représailles d’industriels menacés ou d’experts autoproclamés.

L’absence actuelle, en France notamment, de dispositif juridique permettant une protection du lanceur d’alerte et un encadrement du traitement de l’alerte est d’autant plus tragique que la recherche et son développement sont pilotés de plus en plus largement par des intérêts industriels à court terme nécessitant des retours sur investissements rapides. Cette politique — qui est le résultat de la déresponsabilisation progressive, depuis plusieurs décennies, des gouvernements successifs en matière de financement de la recherche publique — conduit inévitablement à de graves dérives, et notamment, comme c’est typiquement le cas avec les OGM, à une carence et une opacité des évaluations sanitaire et environnementale, le temps que demandent ces évaluations n’étant pas compatible avec l’urgence des brevets et des profits d’une part, et la protection industrielle justifiant l’absence de communication des données brutes issues des analyses des risques d’autre part. Dans un tel contexte, l’alerte et l’expertise prennent donc une place tout à fait primordiale. Il est donc urgent que la France se dote, dans son arsenal juridique, d’un dispositif de protection du lanceur d’alerte environnementale et sanitaire, à l’instar de pays comme les États-Unis et leur "Whistleblower Protection Act", ou comme la Grande-Bretagne ("Public Interest Disclosure Act"). Mais pour être réellement efficace, un tel dispositif juridique doit se replacer dans un contexte de loi réformant le système de l’expertise et reposant sur le principe de précaution.

Le 15 octobre 2012, le groupe écologiste du Sénat a présenté en première lecture une proposition de loi sur la protection des lanceurs d’alerte et la déontologie de l’expertise scientifique dans le domaine de la santé et de l’environnement, prévoyant notamment la création d’une Haute Autorité de l’expertise scientifique et de l’alerte qui serait chargée d’énoncer les principes directeurs de l’expertise scientifique et technique en matière de santé publique et d’environnement, d’en vérifier l’application et de garantir la mise en oeuvre des procédures d’alerte. Cette proposition, portée par la sénatrice du Nord, Marie-Christine Blandin, a été largement inspirée par les travaux de la Fondation Sciences Citoyennes[10] qui réclame depuis plusieurs années une telle avancée législative, ainsi que par le rapport d’étapes des travaux de la Commission Lepage sur la gouvernance suite au Grenelle de l’environnement. Les débats sur la mise en place d’une telle loi devraient reprendre au Sénat le 21 novembre 2012.

Le retentissement médiatique de certaines affaires, comme celles du Médiator avec Irène Frachon ou des OGM avec Gilles-Eric Séralini nous montre à quel point il est urgent de réformer totalement les systèmes d’expertise actuels, trop souvent gangrenés par l’opacité et les conflits d’intérêt, afin que les problématiques de santé et d’environnement ne soient plus à la merci des intérêts mercantiles, et que les quelques scientifiques qui ont le courage d’alerter en dénonçant et démontrant les carences d’une évaluation ne soient pas envoyés à l’échafaud.

Christian Vélot, Généticien moléculaire à l’Université Paris-Sud 11

Courriel : christian.velot@u-psud.fr

Membre du Conseil scientifique du CRIIGEN

Administrateur de la Fondation Sciences Citoyennes

Auteur de « OGM, tout s’explique » (Eds Goutte de Sable, 2009) et « OGM, un choix de société » (Eds de l’Aube, 2011)



[1] G.E. Séralini, E. Clair, R. Mesnage, S. Gress, N. Defarge, M. Malatesta, D. Hennequin, J. Spiroux de Venômois. Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize. 2012. Food and Chemical Toxicology 50 : 4221-4231

[2] Cofondé par Corinne Lepage, Gilles-Eric Séralini et Jean-Marie Pelt. http://www.criigen.org/

[3] Elle est parfois plus connue sous l’acronyme anglais : EFSA (European Food Safety Authorithy)

[4] G.E. Séralini, D. Cellier, J. Spiroux de Vendômois. New Analysis of a Rat Feeding Study with a Genetically Modified Maize Reveals Signs of Hepatorenal Toxicity. 2007. Archives of Environmental Contamination and Toxicology 52 : 596-602

[5] J. Spiroux de Vendômois, F. Roullier, D. Cellier, G.E. Séralini. A comparison of the effects of three GM corn varieties on mammalian health. 2009. International Journal of Biological Sciences 10 : 706-726

[6] Un journal à comité de lecture est un journal où toute publication scientifique nécessite une expertise préalable du contenu de l’étude par des experts internationaux choisis anonymement par le bureau éditorial

[7] Association de scientifiques agissant comme groupe de pression en faveur des OGM agricoles en se masquant derrière une prétendue neutralité scientifique

[8] http://www.liberation.fr/sciences/0101227124-amiante-le-rapport-qui-fache-la-publication-desconclusions-de-l-inserm-s-est-heurtee-a-une-serie-de-blocages

[10] La Fondation Sciences Citoyennes a pour objectif de favoriser et prolonger le mouvement actuel de réappropriation citoyenne et démocratique de la science, afin de la mettre au service du bien commun. http://sciencescitoyennes.org/.

 

Concernant toujours la publication de G.-E. Séralini, le magazine "Pour la Science" de novembre 2012, page 6-7 propose un article de Loïc Mangin : OGM : une étude qui en appelle d'autres.


Le même magazine "Pour la Science" de janvier 2013 (n° 423),  annonce que l'étude Séralini est rejetée par les instances officielles :

 

"Publiée le 19 septembre 2013, dernier dans une revue internationale, l'étude de Gilles-Éric Séralini, de l'Université de Caen et membre du CRIIGEN (un comité de recherche indépendant), a déchaîné les passions en France. Réalisée sur des rats, elle affirmait démontrer la toxicité du maïs transgénique NK603 vendu par Monsanto et de l'herbicide Roundup auquel cet OGM est résistant. Les passions et l'enjeu étaient tels, que plusieurs instances officielles ont dû se pencher sur ces travaux et se prononcer sur leur validité. Avec un verdict négatif : l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), le HCB (Haut Conseil des biotechnologies), l'EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) ont tous trois disqualifié l'étude Séralini (échantillon statistiquement trop petit, souche de rats inadaptée à des études sur deux ans...). Mais l'affaire aura au moins permis de souligner la nécessité, dans ce domaine sensible, de travaux indépendants, transparents et rigoureux - y compris du côté des industriels!"

http://www.criigen.org, http://www.anses.fr, http://www.hautconseildesbiotechnologies.fr, http://www.efsa.europa.eu/fr/


Quoiqu'on en pense, les travaux de G.-E. Séralini auront réveillé les consciences et la Commission européenne. Voir l'article du magazine "Sciences et Avenir".


OGM : les institutions contre l'étude Séralini

 

Rachel Mulot (Science et Avenir n° 790, décembre 2012. p. 40)

Bien qu'"ambitieuse et originale", l'étude sur la toxicité des OGM par le professeur Gilles-Eric Séralini[1] échoue à apporter la preuve d'un lien entre la consommation de maïs NK603 et l'apparition de pathologies chez les rats nourris pendant deux ans avec cet OGM, traité ou non avec l'herbicide Roundup (voir S. et A. n° 789, novembre 2012, et le site Internet de Sciences et Avenir).


ogm,séralini,cancer

Tel est l'avis de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), qui, saisie par le gouvernement, a détaillé les faiblesses méthodologiques et statistiques de l'étude[2]. Le Haut Conseil des biotechnologies (HCB) a repoussé les conclusions de l'article de la même façon[3]. Toutefois, les deux organismes publics recommandent que soient désormais menées, de façon indépendante, des recherches sur les effets à long terme des OGM associés aux pesticides. Seules trois études portant sur le rat, dont celle du Pr Séralini, ont été a ce jour été consacrées à ces effets à long terme. Et elles ne permettent pas de conclure sur le sujet.

Dans la foulée de ces avis, le gouvernement a plaidé pour une " remise à plat du dispositif européen d'évaluation, d'autorisation et de contrôle des OGM et des pesticides ». En outre, quatre ex-ministres de l'Environnement ont demandé que soient revues, de façon indépendante, et avec la même sévérité critique, les études qui ont permis l'autorisation du maïs NK603 et du Roundup[4].

Autant de révisions que l'Efsa, l'organisme européen en charge des OGM, avait estimé inutiles...

En attendant, Gilles-Éric Séralini s'apprêterait à publier, toujours dans la revue Food and Chemical Toxicology des articles complémentaires afin de répondre aux questions et aux critiques. R. M.


"Ce qu'on sait vraiment des OGM"

C'est le titre du dossier ouvert par Rachel Mulot et Hervé Ratel dans le magazine Sciences et Avenir n° 791 de janvier 2013 qui fait le bilan pages 8 à 13 des études effectuées sur l'innocuité des OGM en exposant les arguments des pro-OGM, des anti-OGM et des agences comme l'ANses ou le HCB qui se situent entre deux-feux. Ce dossier conclut sur la nécessité de financer des études à long terme menées par des organismes réellement indépendants. Voir également l'article publié sur le site de Sciences et Avenir.