Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/06/2010

La Soufrière de Saint-Vincent

La Soufrière de Saint-Vincent et l'éruption de 1979

Lire la suite

Soufrière à Sainte-Lucie

Manifestations volcaniques de Sainte-Lucie et de la Dominique

Lire la suite

25/06/2010

La Soufrière de Montserrat

La Soufrière de Monserrat et les éruptions successives de 1995 à 2010

Lire la suite

24/06/2010

Islande : geysers et autres manifestations volcaniques

pseudocratère1.jpgGeysers, fumerolles, solfatares, hordinos et mares de boue d'Islande

 

par André Guyard

(dernière mise à jour : 20 novembre 2015)

 

En juillet 2008, un groupe de randonneurs appartenant à l'USN Sports Loisirs a parcouru les paysages désolés de l'Islande à la découverte de phénomènes volcaniques actifs.

 

Le groupe va découvrir un univers de glace, d'eau et de feu.

 

Glacier_6803.jpg
Islande : un pays de glace
Landmannalaugar_6735.jpg
Islande : un pays de volcans et de laves
(Ici le Landmannalaugar)

 

Solfatare_7119.jpg
Solfatares : des bouches à soufre et à cinabre
Basalte_6996.jpg
Le basalte en se refroidissant se débite en colonnes hexagonales
 

geyser,islande,volcanisme,solfatares,hordinos,orgues basaltiques

Orgues basaltiques

Cliché Orsolya & Erlend Haarberg

 

Mais comment se forment les orgues basaltiques ?

 

Il s'agit, bien sûr, d'une conséquence du refroidissement d'anciennes coulées de lave. En 2015, Martin Hofmann, de l'université technique de Dresde, en Allemagne, et ses collègues ont modélisé la formation de tels motifs hexagonaux qu'on appelle orgues basaltiques.

Lorsque de la lave se refroidit ou lorsque de la boue sèche, la partie supérieure se contracte et se fissure, ce qui libère de l'énergie liée à la tension mécanique. Ces failles sont disposées, a priori, de façon aléatoire. Cependant, comme elles libèrent surtout la tension perpendiculaire à leur direction, elles se connectent en général à angle droit : on parle de jonction T.

Dans des milieux qui sont asséchés ou gelés périodiquement, on observe que les jonctions T se déforment et se déplacent, ce qui les transforme en jonctions Y aux angles de 120°. Les motifs hexagonaux en résultent.

Dans le basalte, des jonctions T se forment en surface, mais la transition entre jonctions T et Y se produit en profondeur, alors que les fractures se propagent dans la lave se refroidissant.

Martin Hofmann et ses collègues ont calculé l'énergie libérée lorsqu'une fracture se propage. Ils ont supposé que la forme des jonctions pouvait changer. Ils montrent ainsi que si la jonction se déforme de T vers Y, l'énergie libérée augmente de 7%. La tension dans le basalte est ainsi mieux dissipée et la configuration plus stable. Des simulations numériques ont confirmé les résultats des chercheurs.

Phys. Rev. Lett., vol. 115, 154301, 2015

 

Grotte_7004.jpg
Le refroidissement de surface ménage des tunnels sous-basaltiques
Dettifoss_6965.jpg
Chutes de Dettifoss
Sellfoss_6973.jpg
Sellfoss : une chute de plus 800 m de long

 

Magnusarfoss_6779.jpg
Chutes de Magnudarfoss dans les orgues basaltiques
 
Gullfoss_7330.jpg
Gullfoss : une chute royale

 

Parmi les différentes manifestations volcaniques rencontrées : fumerolles, solfatares, sources chaudes, hordinos, mares de boue, etc. les plus spectaculaires sont certainement le fait des geysers.

 

Qu'est-ce qu'un geyser ?

 

Un geyser est une source qui jaillit par intermittence en projetant de l'eau chaude et de la vapeur à haute température. Le terme geyser provient de Geysir, le nom du plus célèbre geyser islandais, dont l'étymologie est liée au verbe islandais gjósa (en français jaillir).

 

Or le grand geyser de Geysir ne fonctionne plus de façon naturelle. Seuls des visiteurs illustres ont droit à sa manifestation dopée par l'usage de détergents précipités dans le conduit. Mais les touristes ordinaires peuvent admirer son voisin le Strokkur qui se manifeste toutes les 8-10 min.

 

Comment ça marche ?

 

L'activité des geysers, comme celle de toutes les sources chaudes, est liée à une infiltration d'eau en profondeur.

 

Dans les régions volcaniques, l'eau est chauffée au contact des roches, elles-mêmes chauffées par le magma en fusion.

 

Dans les régions non volcaniques, l'eau est chauffée par l'action du gradient géothermique, la température et la pression augmentant avec la profondeur.

 

Par convection, l'eau chauffée et mise sous pression rejaillit alors vers la surface. Les geysers diffèrent des simples sources chaudes par la structure géologique souterraine. L'orifice de surface est généralement étroit communiquant par des conduits étroits et résistants qui mènent à d'imposants réservoirs d'eau souterrains.

 

L'eau de surface s'infiltre par gravité dans le réservoir du geyser où elle s'accumule et monte dans le conduit. La pression dépend de la longueur de la cheminée. Plus la pression est grande, plus la température d'ébullition est élevée. L'eau du conduit va faire pression sur l'eau du réservoir et augmentera la température d'ébullition. Au bout d'un certain temps, la poche magmatique sera portée à une température suffisante pour entraîner la vaporisation d'une partie de l'eau et créant ainsi une bulle de vapeur. Cette bulle emprunte la seule issue qui lui est offerte : la cheminée où elle s'engouffre, refoulant vers le haut l'eau du conduit qui n'exercera plus de pression sur l'eau du réservoir. Cette dernière va entrer en ébullition et pousser toute l'eau du geyser à l'extérieur.

 

Strokkur.jpg
La bouche du Strokkur commence à frémir
Strokkur1.jpg
La bulle pousse l'eau qui gonfle la surface en coupole

geyser,islande,volcanisme,solfatares,hordinos

La bulle est prête à éclater


Islande_Geysir-Strokkur.jpg

 

Le Strokkur en pleine action

 

En fait, il existe deux types de geysers. Le geyser dit « fontaine » est terminé par un cône étroit, avec un conduit très fin. Lorsqu'une éruption se produit et qu'une colonne d'eau jaillit, elle est en fait expulsée par la pression due à l'étroitesse du conduit. C'est le cas par exemple d'Old Faithful à Yellostone.

 

L'autre type de geyser est le geyser dit « gazeux ». Il s'agit généralement d'une source chaude qui, lorsque du gaz est expulsé, fait remonter les bulles d'eau qui explosent au contact de la surface et qui créent une large colonne d'eau, souvent de courte durée. C'est le cas du Strokkur que nous avons pu observer ici.

 

 

Fumerolles et solfatares

 

 

Les fumerolles sont des émanations de gaz, en particulier de la vapeur d'eau ou de dioxyde de carbone qui s'échappent de crevasses ou de cavités d'origine volcanique.

 

 

Les solfatares sont des fumerolles rejetant du soufre.

 

 

Mares de boues

 

 

Une mare de boue est un type de source d'eau chaude ou de fumerolle, brassant des sédiments (argile d'origine volcanique, oxyde de fer, soufre...) à sa surface, et caractérisée par de perpétuelles remontées de bulles de gaz à sa surface.

 

 

Mofettes

 

 

Les mofettes sont de petites émanations de dioxyde de carbone qui s'échappent de fissures et des trous d'origine volcaniques d'où s'échappe du gaz carbonique. Parfois, les mofettes brassent des sédiments à leur surface.

 

 

Hornitos

 

 

Les hornitos sont des cônes volcaniques de dégazage, créés lors de retombées de fragments de laves incandescents entre eux.

 

Ces différents phénomènes sont visibles sur la vidéo ci-dessous :

 

Phénomènes volcaniques

 

Les Islandais ont su profiter de toute cette chaleur interne et exploitent cette source d'énergie pour procurer aux habitants de l'eau chaude, alimenter des serres avec production de fleurs, de légumes et de fruits. Eh, oui ! il pousse des bananiers en Islande. D'une façon plus importante, la géothermie permet la génération d'électricité pour les industries métallurgiques et la consommation domestique.

 

geothermie_7335.jpg
Exploitation de la géothermie

geyser,islande,volcanisme,solfatares,hordinos

Centrale géothermique du volcan Krafla

(© Schutterstock/Darren Baker)


 
C'est à sa position géographique sur la dorsale médio-atlantique qui émerge à l'air libre en Islande que l'île doit ce tempérament de feu.

geyser,islande,volcanisme,solfatares,hordinos

 

L'Islande est située à l'extrémité nord de la dorsale médio-atlantique qui court sur 15 000 km au milieu du plancher de l'océan Atlantique et dont l'île constitue la seule partie émergée. Le long des dorsales océaniques, deux plaques tectoniques s'écartent et le manteau terrestre sous-jacent va se figer pour former une jeune croûte océanique, la lithosphère. La dorsale médio-atlantique forme ainsi une chaîne continue de volcans sous-marins émettant une lave visqueuse (plus riche en silice) de type andésite. Ainsi l'Islande est déchirée par la séparation des deux plaques : la plaque nord-américaine qui s'éloigne vers l'ouest et la plaque eurasienne qui s'éloigne vers l'est à la vitesse de 2 cm par an.

 

À ce phénomène de l'écartement des deux plaques océaniques, un point chaud s'y superpose.

 

Un point chaud est marqué par la remontée d'un panache volcanique issu de la base du manteau inférieur, c'est-à-dire à près de 2900 km. La lave des volcans de point chaud est très fluide et formée de basalte (pauvre en silice). Ces points chauds sont fixes et indépendants du mouvement des plaques. Et, au fur et à mesure de l'avancée de la plaque tectonique océanique, celle-ci est perforée par un nouveau volcan à l'aplomb du panache volcanique.

 

L'Islande résulte ainsi de la superposition de ces laves andésitiques ou basaltiques. Pas moins de 130 volcans coexistent en Islande, dont certains sont recouverrts par des glaciers (volcans sous-glaciaires).
islande.jpg
Au nord de la dorsale médio-atlantique : l'Islande
(document Google Earth)
 
Sources :
 
Photos et vidéo : André Guyard (Islande, juillet 2008).
 
Thordarson, T. and G. Larsen (2007) - Volcanism in Iceland in historical time : Volcano types, éruption styles and eruptive history, Journal of Geodynamics, janvier 2007.
Voir également : les volcans islandais (Vu du ciel France 3)
 

 

23/06/2010

Éruption du volcan islandais Eyjafjöll

Islande_6689-logo.jpgÉruption du volcan islandais Eyjafjöll

 

par André Guyard

(dernière mise à jour 23/08/2014)

 

L'Islande est située au milieu de l'Atlantique sur la dorsale médio-océanique, à la divergence des plaques tectoniques  océaniques eurasiatique et américaine. Cette situation exceptionnelle en fait l'une des régions tectoniques les plus actives du monde avec  130 volcans et 600 sources d'eaux chaudes ! L'île se situe aussi au niveau d'un point chaud qui émerge entre deux plaques tectoniques. Ainsi, elle se trouve soumise à deux influences volcaniques superposées. (voir dans ce même blog : Islande, geysers et autres manifestations volcaniques.)

 

Qu'est-ce qu'un point chaud ? Il s'agit d'une anomalie thermique située dans les profondeurs du manteau terrestre, qui fait remonter du magma en surface. C'est ce qu'on appelle le panache profond dans le cas de l'Islande de 2900 km et qui remonte en surface déchirant la croûte terrestre. L'originalité du cas islandais, c'est que cette déchirure se produit justement là où les deux plaques nord-américaine et eurasiatique s'écartent au niveau de la dorsale médio-atlantique.

 

En juillet 2008, j'ai eu l'occasion d'arpenter ce beau pays avec les randonneurs de l'US Novillars : voir Islande, geysers et autres manifestations volcaniques dans ce même blog.

 

Profitant de la présence de ce chauffage central naturel, l'Islande exploite ses ressources géothermiques pour produire son électricité et alimenter son réseau de chaleur. Mais le volcanisme a souvent un revers : une nouvelle éruption fissurale à proximité du glacier Eyjafjallajökull inquiète les volcanologues.

 

Islande_eruption.jpg
Situation du volcan Eyjafjöll

(cliché Google Earth)

 

Le volcan islandais Eyjafjöll (ou Eyafjalla) situé dans le sud de l'île, à seulement 160 km au sud-est de la capitale Reykjavik est un strato-volcan composé d'un empilement d'une alternance de couches de cendres, de lave et de roches éjectées par les éruptions antérieures. Il est entré en éruption dans la nuit du samedi 20 mars 2010. Recouvert par une calotte glaciaire : l'Eyjafjallajökull, ce volcan culmine à 1 666 mètres d'altitude.  Au cours des 1100 dernières années, le volcan ne s'est réveillé que trois fois, la dernière éruption de l'Eyjafjöll remontant à 1821. Elle avait alors duré plus d'un an.

 

Eyjafjöll_30-1.jpg
Cliché satellite. On voit l'émission du panache de fumée au sud de l'Islande

 

Précédée par toute une série de secousses sismiques sous le glacier Eyjafjallajökull, (près de 3000 entre le 3 et le 5 mars), la première phase éruptive fut effusive avec une lave de basalte à olivine d'origine profonde (25 km). Après un arrêt temporaire de la migration du magma vers 6 à 8 km de profondeur, le magma a émergé par une dizaine de fontaines de lave de style hawaïen, d'une hauteur d'une centaine de mètres, le long d'une fissure latérale au col de Fimmvördu.

 

Islande2.jpg
Connexions possibles entre Eyjafjöll et Katla
(document "Pour la Science - juin 2010)
 

Le volcan est entré le 14 avril dans une deuxième phase explosive caractérisée cette fois par un magma acide, de type trachyandésitique résultant d'un mélange de basalte à olivine et de dacites plus superficielles. Ce mélange serait ensuite remonté dans le cratère historique de l'Eyjafjöll. Le contact de la lave à plus de 1000 °C et de la glace a provoqué des explosions et l'émission jusquà 11 000 m d'altitude d'immenses volutes de vapeur d'eau et de gaz chargés de poussières magmatiques. qu'on appelle téphras. C'est la confluence de deux anticyclones, l'un positionné entre Terre Neuve et l'Islande et l'autre localisé sur l'Europe occidentale qui a entraîné lles masses d'air dans le sens des aiguilles d'une montre. Poussé par ces vents, le panache s'est dirigé vers l'Europe.

 

Le caractère explosif d'un volcan est lié au dégazage et à la viscosité du magma trachyandésitique. Quand le magma monte dans le cheminée du volcan, le mélange de gaz et de magma se dilate, ce qui accélère son ascension, accroît la pression jusqu'à faire passer l'éruption en régime explosif. Dans le cas de l'Eyjafjöll, les explosions sont dues à la fois à la nature acide du magma que la présence de silice rend visqueux et au contact magma-glace.

Géologie_Volcan sous-glaciaire-1.jpg

Schéma de l'éruption d'un volcan sous-glaciaire

 

 

Volcan Eyjafjöll-1.jpg
Image infrarouge du glacier Eyjafjallajökull qui cache le volcan
Photo © : NASA/JPL/EO-1 Mission/GSFC/Ashley Davies

Le samedi 17 avril 2010 , l'instrument ALI du satellite EO-1 a pris une image infrarouge du glacier islandais Eyjafjallajökull qui cache le volcan (image ci-dessus). Un léger nuage surmonte le glacier.

Eyjafjöll_04-1.jpg
La chaleur a permis au volcan Eyjafjöll de perforer la chappe de glace qui le recouvrait
 
Eyjafjöll_25-1.jpg
La glace surchauffée se sublime en vapeur d'eau

 

Eyjafjöll_12-1.jpg

Les cendres émises se mêlent à la vapeur d'eau

 

Eyjafjöll_09-1.jpg
Eyjafjöll_10-1.jpg
Le nuage de cendres et de vapeur d'eau s'élève à haute altitude
 
Eyjafjöll_19-1.jpg
Eyjafjöll_32-1.jpg
Le magma est arrivé en surface
 

islande,volcan,éruption volcanique,eyjafjöll

Soumise à une pluie de cendres et de bombes,

la surface du glacier a changé de couleur

Eyjafjöll_02-1.jpg
La nuit, le spectacle est de toute beauté

 

Afin de protéger les populations, 600 personnes demeurant entre la localité agricole de Hvolsvollur et le village de pêcheurs de Vik ont été évacuées hâtivement.

 

Eyjafjöll_01-1.jpg

Quelques villages sont menacés

 

Les risques encourus sont multiples :

* projections de cendres et de lave pouvant affecter notamment le transport aérien (voir plus bas),

* émanations gazeuses mortelles (notamment pour le bétail),

* inondations brutales et importantes, conséquence de la fonte du glacier qui recouvre le volcan.

Ce dernier risque, de loin le plus inquiétant, est un lahar ou jökulhlaup en islandais, ce qui signifie "course de glacier". La fonte du glacier sous l'effet de la chaleur engendre une coulée de matériaux volcaniques (débris, boue). On parle alors de lahars syno-éruptifs appelés aussi lahars primaires ou lahars chauds. On se rappelle que la formation d'un lahar suite à l'éruption du volcan Nevado del Ruiz en 1985 dans la Cordillère des Andes avait entraîné la mort de 25 000 personnes. C'est pourquoi, un état d'urgence a été déclaré dans la zone, même si aucun blessé ou dégât n'est à déplorer.

 

Eyjafjöll.jpg

Le nuage de cendres

volcan.jpg

Photos du volcan Eyjafjöll prise le samedi 17 avril 2010

En haut, une photo en infrarouge.

En bas, une photo du volcan tel qu'il est visible depuis le ciel.

(Crédit photo : © Nasa)

 

On distingue sur ces clichés le nuage de cendres, au centre, la neige des glaciers (en blanc en bas et en violet en haut) ainsi que les dépôts de cendres, visibles en gris en haut. Ces cendres sont chargées électriquement, ce qui entraînent la formation de nombreux éclairs au-dessus du volcan.

 

Mais ce qui inquiète les Européens, c'est ce nuage de cendres volcaniques, poussé par les vents d'Ouest qui se répand sur l'Europe entraînant la suspension des vols à partir et en direction de nombreux aéroports.

 

ash_cloud2.jpg
Le nuage de cendres volcaniques (en noir) dérive vers le Royaume-Uni
(Image: EUMETSAT)
 

Le réveil du volcan Katla suscite l'inquiétude

 

Pour le moment, les volcanologues sont prudents car cette petite éruption fissurale, qui ne montre aucun signe d'affaiblissement, pourrait déclencher celle du volcan voisin, le Katla. Dix fois plus important que l'Eyjafjöll, il a la réputation d'être un des volcans les plus dangereux d'Islande. Caché sous le glacier Myrdalsjökull dans le Sud de l'île, le Katla est entré pour la dernière fois en éruption en 1918. Une éruption du volcan Katla et le contact du magma avec la glace déclencherait une éruption explosive qui émettrait un énorme nuage de cendres et surtout une débâcle glaciaire, c'est-à-dire un gigantesque lahar. Ce déferlement d'eau, de glace et de boue représente un risque majeur car une population relativement dense vit à ses pieds.

 

Islande.jpg
Eyjafjöll et Katla sont situés en dehors de la divergence des plaques
(document "Pour la Science - juin 2010)

 

Comment les cendres volcaniques menacent les aéronefs

 

Parce que les nuages de cendres sont secs, ils sont invisibles sur les radars météorologiques.

 

Pour comprendre le risque, rappelons-nous de la mésaventure d'un Boeing 747 de la British Airways survenue le 24 juin 1982. Le Boeing 747 avait décollé de Londres pour Auckland (Nouvelle-Zélande). L'équipage ignorait que le volcan Mount Galunggung à l'ouest de Java (Indonésie) était entré en éruption et crachait des cendres à son altitude de vol.

 

Quelque part au sud de Java à 1 h 40, heure locale, l'équipage remarqua que le verre des fenêtres du poste de pilotage devenait brillant, phénomène aussitôt suivi par une lueur au niveau des moteurs et une odeur de gaz sulfureux envahissant la cabine. En quelques minutes, les quatre moteurs furent coupés et le jumbo-jet dut parcourir en planeur 11 kilomètres au-dessus de l'océan. À l'altitude de 4 kilomètres, cependant, certains des moteurs purent être remis en marche et l'avion atterrit en toute sécurité à Jakarta.

 

Comme nous l'avons dit plus haut, les cendres volcaniques ou téphras se composent de particules de roche pulvérisée vitreuse de diamètre inférieur à 2 millimètres et extrêmement corrosives. Quand un avion vole en altitude à sa vitesse de croisière, les fenêtres du poste de pilotage subissent un jet de téphras, obscurcissant la vue des pilotes. Les moteurs aspirent la poussière qui fond dans la chambre de combustion et ce magma se dépose sur les aubes de turbine bloquant ainsi le flux d'air du moteur, s'immisçant également dans les tubulures. Heureusement quand le magma se refroidit et se solidifie alors que l'avion plonge en planeur, il arrive qu'il se détache et permette un redémarrage du moteur.

En outre, le nuage chargé de cendres est appauvri en oxygène. Si un aéronef le traverse, la combustion du kérosène s'en trouve gênée et le rendement des réacteurs minoré pouvant aller jusqu'à l'extinction.

 

En ce qui concerne le Eyjafjöll, tant que le risque lié au nuage de cendres volcaniques a subsisté, les transports aériens de l'Europe du Nord, y compris la moitié nord de la France et la Suisse ont été suspendus.

 

Remarque (11/06/2011) : une décision justifiée par des études en laboratoire

 

En fait, la décision de bloquer au sol les avions pendant l'éruption du volcan islandais était la bonne, affirme le département de chimie de l'université de Copenhague (Danemark). Les cendres émises pouvaient bel et bien perturber les moteurs, selon les essais réalisés en laboratoire.

Une étude publiée dans les Pnas a montré que les cendres de l'Eyjafjoll étaient abrasives et le sont restées durant plusieurs semaines. D'une taille variant d'une dizaine de nanomètres au millimètre près du volcan, les particules, associées à de la vapeur d'eau, étaient composées d'andésite, de cristaux de plagioclases (silicates), de pyroxènes et d'olivine. Les risques pour les avions étaient multiples : abrasion du pare-brise, vitrification sur certaines parties des réacteurs.

Les chercheurs annoncent par ailleurs dans les Pnas avoir mis au point une méthode pour déterminer en 24 heures la dangerosité des cendres.

 

Remarque (24/05/2011) : Peut-on protéger les avions des cendres volcaniques ?

 

L'éruption de l'Eyjafjöll, en avril 2010, a projeté dans l'atmosphère une grande quantité de cendres, ce qui a paralysé le trafic aérien en Europe. Un peu plus d'un an après, un autre volcan sous-glaciaire islandais, le Grimsvötn, est entré en éruption projetant également un panache de cendres qui a atteint 20.000 mètres de hauteur le samedi 21 mai 2011, premier jour de l'éruption.

 

En quelques, jour, le panache de cendres dégagé par le Grimsvötn s'est réduit aux alentours de 2000 mètres de hauteur et l'éruption pourrait prendre fin avant la fin du mois de mai.

 

Le trafic aérien a été perturbé en Islande et dans les Îles britanniques.

Le risque couru par les aéronefs est dû au fait que les cendres sont susceptibles de fondre dans les réacteurs des avions, et dégradent les céramiques isolantes.

 

La céramique utilisée en aéronautique est composée d'un mélange d'oxydes de zirconium (ZrO2) et d'yttrium (Y2O3) ; elle isole le réacteur des pièces situées à proximité. Sa structure poreuse la rend flexible : elle peut se déformer sans se rompre lors des changements de température.

 

Nitin Padture, de l'Université de l'Ohio et ses collègues américains et russes ont étudié son comportement quand elle est chauffée à 1200 °C en présence des cendres, riches en silice, prélevées sur l'Eyjafjöll. Ils ont montré que les cendres fondent et constituent une phase vitreuse peu visqueuse qui pénètre dans les pores. En refroidissant, la silice durcit, diminuant la flexibilité de la céramique, qui risque de se détacher du réacteur. Les chercheurs ont mis au point une nouvelle céramique d'oxyde de zirconium et de gadolinium (Gd2Zr2O7), imperméable aux cendres fondues dès que son épaisseur est supérieure à dix micromètres. À haute température, cette céramique réagit partiellement avec les cendres et forme de petits cristaux qui colmatent l'entrée des pores. Ainsi, la silice vitreuse ne pénètre plus profondément dans la céramique, et le matériau conserve à peu près sa structure et ses propriétés isolantes.

 

Ces nouveaux matériaux doivent encore subir des tests pour que l'on sache s'ils conservent leurs propriétés après plusieurs cycles d'élévation de la température. Les avions devraient pouvoir alors voler à travers des nuages de cendres volcaniques.

 

Source : J. Drexler et al., Advanced Materials, en ligne, 8 avril 2011

 

Le système AVOID (6 novembre 2013)

 

Grâce à ce système mis au point par des chercheurs norvégiens, les avions ne seront plus bloqués par les volcans. Pour éviter que les avions restent cloués au sol par les panaches de cendres, des chercheurs norvégiens associés à une compagnie aérienne ont développé le système AVOID. Ce système va permettre aux avions de déceler ces infimes particules à une centaine de kilomètres de distance. Assez loin pour pouvoir adapter leur plan de vol ! Son efficacité a été testée avec succès en octobre 2013. Ce dispositif exploite la loi de Planck, qui lie la température d'un corps à son rayonnement : un nuage de cendres étant plus chaud qu'un cumulonimbus, par exemple, il n'émet pas les mêmes ondes, ce qui permet de le repérer. Captées à l'aide de deux caméras thermiques à infrarouge fixées sur l'avion, les données sont transmises en temps réel à l'ordinateur de bord ainsi qu'au centre de contrôle aérien. Des cartes de dispersion des cendres sont ainsi établies. Encore au stade de développement, le système intéresse déjà de nombreuses compagnies aériennes. Easy Jet envisage de l'intégrer dès 2015 sur une dizaine d'appareils.

 

Surveillance des panaches de cendres volcaniques (octobre 2011)

 

L'éruption de l'Eyjafjoll a entraîné une longue et très coûteuse fermeture de l'espace aérien. Pour éviter que cette situation de crise ne se reproduise, experts, chercheurs et météorologues des VAAC (Volcanic Ashes Advisory Centers) unissent désormais davantage leurs efforts et leurs moyens pour prédire l'avancée des panaches de cendres. En combinant étude directe et détection par satellites, photomètres et lidars (télédétection par laser), parfois transformés pour l'occasion, ils cumulent des informations sur la composition, l'altitude ou la densité des cendres et obtiennent en quelques heures des cartes prévisionnelles fiables du trajet de ces nuages afin de renseigner au plus vite les compagnies aériennes. Un travail qui reste cependant difficile compte tenu des incertitudes naturelles (caprices du volcan, conditions météorologiques, etc.) mais aussi en raison de l'absence d'un réseau d'observation européen spécifique.

 

1. Par une étude directe

 

Échantillonnage des cendres au sol ou dans le nuage, par avion (ATR 42 M55 Geophysica) pour connaître leurs propriétés microphysiques (granulométrie, forme...) et leur composition chimique.

 

2. Au sol

 

Surveillance de l'atmosphère via des réseaux de radars, lidars, interféromètres, photomètres... Ces derniers mesurent l'intensité de la lumière qui leur parvient du Soleil, plus basse en présence de cendres, permettant d'évaluer l'épaisseur du nuage. Ces mesures sont rendues difficiles en présence de pollution.

 

3. Par satellites

 

Utilisation de radiomètres, interféromètres, lidars, etc., embarqués dans des satellites d'observation de l'atmosphère (Parasol, Calipso, Météosat, Envisat, Metop, Terra, Aqua...) pour déterminer la surface, l'altitude, l'épaisseur du nuage et certaines de ses caractéristiques.

 

4. Par avion

 

16 avril 2010 : le CEA à Saclay détecte des cendres de l'Eyjafjoll au nord de la France puis à 6 km au-dessus de Paris. Afin de pouvoir renseigner les compagnies aériennes, il embarque un lidar dans un avion Falcon 20 de l'unité Satire (CNRS, Cnes, Météo-France). Cet appareil, aussi utilisé au sol ou par satellite, émet un faisceau laser vers l'atmosphère et analyse la lumière qui lui revient. En dépolarisant cette lumière, les cendres signent leur présence dans l'atmophère.

 

Source : Marion Sabourdy, Sciences et Avenir, n° 776, octobre 2011, p. 16-17.

 

Destin des cendres

 

 Que vont devenir ces cendres ? Soumises aux pluies et aux vents, elles ont rejoint les couches basses de la troposphère et se sont fondus dans la masse des polluants urbains et industriels.

 

À la suite de l'éruption de l'Eyjafjöll, un groupe de travail international dirigé par l'Autorité de l'Aviation Civile (CAA) du Royaume-Uni a défini trois zones pour le trafic aérien.

- Zone 1, moins de 0,2 mg de cendres par m3 d'aire : aucune restriction de vol.

- Zone 2, concentration comprise entre 0,2 et 2 mg par m3 d'air : les vols sont possibles, mais les contrôles de maintenance et d'inspection des appareils sont renforcés.

- Zone 3 : concentration supérieure à 2 m par m3 d'air : les vols sont interdits.

Selon la météo, des vols de durée limitée peuvent cependant être autorisés jusqu'à 4 mg par la CAA.

 

Comment la vie peut reprendre le dessus

 

Ce problème rejoint celui des biotopes soumis aux incendies. Après incendie ou éruption volcanique, la biodiversité se recompose grâce aux espèces opportunistes. Sur la terre carbonisée, les quelques espèces survivantes, mais surtout celles qui vivaient en lisière profitent de la situation pour recoloniser le milieu. Et cela rapidement. L'ampleur et la rapidité de la recolonisation dépendent de l'intensité de la brûlure, du lieu et du moment de la catastrophe, ainsi que des espèces présentes sur et autour du site anéanti.

 

Sur le lieu-même de la catastrophe, la nature transforme un sol devenu invivable en un support capable à nouveau d'accueillir la vie en quelques années et la recolonisation s'enclenche avec la dispersion de nouvelles espèces venues de l'extérieur. Ce processus dépend tout de même de certaines conditions. Le lieu de la zone à recoloniser et sa distance par rapport aux différentes populations sources susceptibles de le conquérir sont deux éléments primordiaux. Plus il est aisé et rapide de coloniser un territoire, plus le nombre d'espèces qui l'envahiront sera important.

 

Un bel exemple de cette recolonisation est donné par l'île Surtsey apparue au sud-ouest de l'Islande entre 1963 et 1967.

 

Sur cette île volcanique sortie stérile de l'océan, entre 1963 et 1967, seules les graines capables d'être transportées par les flots ou par les vents parvinrent à s'installer. Puis des oiseaux nichèrent sur l'île et apportèrent avec eux quantités de nouvelles espèces végétales mais aussi animales. Quarante-cinq ans plus tard, on compte 91 espèces d'oiseaux, 354 espèces d'invertébrés et 69 espèces de plantes !

 

C'est probablement au mont Saint-Helens, dans le Nord-Ouest des États-Unis, que ces processus ont été les plus étudiés. Aujourd'hui, une forêt de conifères entoure les pieds de ce jeune volcan et sur ses flancs s'étalent des prairies vertes. Pourtant, en mai 1980, l'éruption du volcan transforma plus de 500 km2 de vie exubérante en un désert de cendre et de désolation.

 

"Au mont Saint-Helens, la recolonisation de la vie a surpris tout le monde par sa vitesse et par ses mécanismes", confie Virginia Dale, qui fait partie des premiers écologues américains à s'être rendus sur place, puis à effectuer un suivi de la nature autour du volcan.

Un des résultats les plus étonnants de ce suivi a révélé l'importance des espèces survivantes. De fait, malgré les coulées de lave et les tonnes de poussières ardentes, des poches de vie ont survécu dans certains endroits, autorisant la mise en route de la première phase de la recolonisation via l'expansion d'espèces existantes. Un phénomène que l'on retrouve dans la plupart des incendies et des éruptions volcaniques, mais de façon plus ou moins marquée.

 

Chez les végétaux, les graines les plus légères et les spores de fougères ou de mousses débarquées par le vent représentaient les premiers colons, Les graines ont aussi été transportées par les animaux. C'est ainsi qu'en l'espace de neuf ans, la végétation autour de ce jeune volcan recouvrait déjà environ 10 % des territoires qu'elle occupait autrefois. Aujourd'hui, les chercheurs estiment qu'elle recouvre environ 80 % des zones, avec toutefois de grandes disparités selon les endroits.

 

Pour le mont Saint-Helens, on peut dire que la nature établie autour du volcan a eu de la chance ce 18 mai 1980 : il restait une couverture neigeuse suffisamment importante pour protéger quelques espèces des éjections incandescentes. Et ces endroits furent ensuite de véritables îlots de végétation d'où la nature puisa la force de reconquérir le terrain perdu.

 

Par ailleurs, certains animaux migrateurs n'étaient pas sur les lieux au moment de l'éruption, comme les saumons dont certains sont revenus l'été suivant. Tandis que d'autres animaux étaient encore bien enfouis dans leur terrier, notamment les rongeurs. Sur les 32 espèces de petits mammifères connus pour vivre autour du volcan, 14 ont ainsi survécu. De même que plusieurs végétaux dont la germination n'avait pas encore eu lieu, comme les lupins. Ces pionnières végétales ont joué un rôle déterminant car elles ont l'avantage de fixer et retenir l'azote, ce qui permet de fertiliser les sols. Et donc de faciliter l'installation d'autres plantes.

 

De fait, l'état du sol à la suite d'une catastrophe de ce type constitue un des freins majeurs au retour des végétaux. Après avoir grillé à plus de 300 °C, les cellules des organismes du sol et des végétaux sont détruites, les nutriments brûlés. Et la terre devient stérile. Elle ne retrouvera sa capacité d'accueil que grâce aux apports des zones voisines moins touchées. Les plantes survivantes jouent ici un rôle clé en fournissant une matière organique capable d'accueillir d'autres espèces.

 

Toutefois, les plantes survivantes ne sont pas les seules à restaurer la fertilité des terres brûlées. Les nuages de cendre alimentent aussi le sol en minéraux, ainsi que les pluies, les fientes d'oiseaux ou encore le bois mort. Enfin, les "pluies d'insectes" ont également un rôle important, dans des proportions plus ou moins grandes selon la richesse et la distance de la source d'insectes. Durant l'été, de nombreux juvéniles d'insectes et d'araignées se disséminent par la voie des airs. C'est l'essaimage aérien. Sur chaque hectare autour du volcan, environ 90 kg d'insectes sont ainsi déposés durant les quatre mois d'été, d'après les estimations des scientifiques ! Or en plus d'apporter la vie et d'amorcer une chaîne alimentaire, ces insectes dont beaucoup meurent rapidement, alimentent également le sol en matière organique (matière carbonée issue des êtres vivants et composée essentiellement de carbone et d'eau mais aussi d'oxygène, d'hydrogène, d'azote, de phosphore, etc.).

 

Quelques photos magnifiques sur l'éruption

 

Voir également : les volcans d'Islande (Vu du Ciel France 3)

 

Ajout du 23/08/2014

 

Été 2014 : le Bardarbunga, situé sous le plus grand glacier d'Islande et dont l'altitude dépasse 2 000 mètres, est entré en activité le samedi 16 août. voir l'article : un volcan islandais menaçant

 

Sources bibliographiques :

 

Observatoire de Physique du Globe de Clermont-Ferrand

Detay M. (2010) - L'Eyjafjöll, radiographie d'un volcan qui a du panache. Pour la Science, n° 392 - juin 2010, 70-76.

Incendies : la biodiversité se recompose avec opportunisme. Science & Vie, n° 1114, juillet 2010. pp 58-61.

 

22/06/2010

Le Kawa Ijen, un volcan de Java (Indonésie)

Le Kawa Ijen est un volcan dont le cratère est occupé par un lac acide. Il se caractérise par une exploitation à dos d'homme d'une solfatare qui produit du soufre.

Lire la suite

Séismes

séisme.jpgSéismes 2010

 

par André Guyard

 

Le début de l'année 2010 a été marqué par une série de tremblements de terre qui ont affecté Haïti en janvier et le Chili en février.

 

Haïti

Haiti_plaque caraibe-1.jpg
Conflit des plaques tectoniques dans la région caraïbe

 

L'île d'Hispaniola (que se partagent Haïti et la République dominicaine) se trouve dans une zone sismiquement active, entre deux plaques tectoniques : la plaque nord-américaine au nord et la plaque caraïbe au sud. Dans cette zone, les failles sont des décrochements sénestres et des failles de compression (failles inverses) ou chevauchements.

 

Au départ, on a cru que le séisme avait été provoqué par la rupture d'une faille, orientée ouest-est, sur une longueur de cinquante à cent kilomètres. Il s'agit de la faille d'Enriquillo, qui est un décrochement sénestre qui traverse l'île d'Ouest en Est et passe à 5 km au sud de la capitale Port-au-Prince et qui autorise un mouvement horizontal de 7 mm/an.

 

Selon Éric Calais, de l'université Purdue (États-Unis), le séisme a été occasionné par une faille alors inconnue. L'observation des récifs coralliens émergés près de l'épicentre ainsi que les données récoltées par satellites radar et CPS ont montré que ce séisme avait causé des déformations de la surface terrestre incompatibles avec le comportement de la faille d'Enriquillo. En utilisant un modèle informatique pour simuler ces déformations, le chercheur a montré qu'elles ne pouvaient s'expliquer que par l'existence d'une faille secondaire jusqu'alors non identifiée, et baptisée faille de Léogâne. Et le géologue de prévenir que la faille d'Enriquillo menace donc toujours Haïti puisqu'elle n'a pas libéré l'énergie accumulée.

 

Haiti_faille_décrochante-1.jpg
La faille décrochante d'Enriquillo


Ce tremblement de terre est un séisme crustal dont le foyer serait à une profondeur relativement faible de 10 km (d'où la dénomination de séisme crustal). Sa magnitude est de 7,0 à 7,3. Il est survenu le 12 janvier 2010 à 16 heures 53 minutes, heure locale. Son épicentre (18° 27′ 25″ Nord - 72° 31′ 59″ Ouest) est situé approximativement à 25 km de Port-au-Prince, la capitale d'Haïti. Une douzaine de secousses secondaires de magnitude s'étalant entre 5,0 et 5,9 ont été enregistrées dans les heures qui ont suivi dont le deuxième d'une magnitude de 6,1 est survenu le 20 janvier 2010 à 6 heures 3 minutes, heure locale avait un hypocentre situé approximativement à 59 km à l'ouest de Port-au-Prince, et à moins de 10 kilomètres sous la surface. L'Institut géologique américain a annoncé le 24 janvier avoir enregistré 52 répliques d'une magnitude supérieure ou égale à 4,5.

 

Haiti_épicentre-1.jpg
L'épicentre se situait à 25 km de Port-au-Prince

 

Selon le CNRS (19 janvier 2010), le glissement cosismique de 1 à 2 m se serait produit sur 70 km de long.

 

Le premier séisme a causé de nombreuses victimes, : 230 000 morts, 300 000 blessés et 1,2 million de sans-abris. 211 rescapés ont été extraits des décombres par les équipes de secouristes venues du monde entier.

 

Haiti_intensité_séisme-1.jpg

Carte des intensités du séisme, estimées, selon l'échelle de Mercalli


Port-au-Prince1-1.jpg
1ère image satellite après le séisme
© SERTIT - CNES - International Charter

La carte ci-dessous montre en rouge, les zones dont au moins 45 pour cent des structures ont été endommagées. En orange, celles où les dégâts sont plus sporadiques (entre 11 et 45 pour cent). En jaune, celles où peu de dommages sont visibles.

Port-au-Prince2-1.jpg
Première carte des dégâts à Port-au-Prince
© CNES, JAXA, GeoEye, SERTIT

Comment les satellites aident-ils à évaluer les dégâts causés par un séisme?

 

Deux heures à peine après le séisme survenu en Haïti le 12 janvier, la Sécurité civile française, première à réagir, a activé la charte internationale "Espace et Catastrophes majeures". Cet accord, signé il y a dix ans, prévoit que les 12 principales agences spatiales s'engagent à mettre gratuitement en commun les données acquises par leurs satellites d'observation juste après une catastrophe naturelle majeure.

 

Objectif : éditer des cartes de terrain les plus actualisées possibles afin d'aider les secours sur place. Le Gnes (Centre national d'études spatiales), à Toulouse, a dirigé les opérations financées par une initiative européenne, le GMES (Global Monitoring for Environnement and Security).

 

Un peu plus de vingt-quatre heures après le séisme, une première carte des dégâts était envoyée sur place. D'autres ont suivi. « C'est la première fois que nous parvenons à exploiter aussi efficacement les données satellitaires car les conditions météo très favorables ont permis de faire des images sans nuages », précise Catherine Proy, du Cnes.

 

La charte avait déjà été mise en œuvre lors du tremblement de terre au Sichuan (Chine) en mai 2008, mais la couverture nuageuse n'avait pas permis d'utiliser les images. Autre point fort en Haïti : des satellites chinois, sud-coréen et indien - pays récemment signataires de la charte - ont participé à l'opération, ainsi que deux satellites commerciaux (GeoEye et QuikBird).

 

C'est ainsi que dix satellites ont participé à l'opération. En orbite basse (600 à 800 km d'altitude). ils font le tour de la Terre en quelques heures. Il a fallu attendre que chacun d'entre eux survole Haïti après le séisme pour mettre en commun les données. Ci-dessous, un tableau des différents satellites qui ont participé à l'élaboration des cartes de sinistres en Haïti.

 

Satellites

résolution

champ de vue

SPOT 5 (France)

2,5 m

60 km x 60 km

WORLD VIEW (États-Unis)

50 cm

60 km x 110 km

GEOEYE (États-Unis)

40 cm à 1,3 m

15 km x 9,5 km

QUIKBIRD (États-Unis)

2,44 à 2,88 m

16,5 km x 16,5 km

CARTOSAT (Inde)

2,5 m

30 km

HJ1A (Chine)

30 m

50 km

KOMPSAT 2 (Corée du Sud)

1 m

50 km

ALOS (Japon)

2,5 m

70 km

Satellites radars : RADARSAT, TERRASAT

 

 

 

Une infographie publiée dans le numéro d'avril 2010 de Sciences et Avenir décrit la chronologie de l'élaboration de ces cartes de terrain.

 

13 janvier + 18 h 25

TOULOUSE

L'antenne, située à Toulouse, réceptionne les données des dix satellites, sous forme d'un tableau de nombres, entre 0 et 255. Chaque nombre représente la part de l'énergie réfléchie par un point de la surface du sol, très différente pour une surface lisse et un tas de gravats.

 

13 janvier + 19 h 57

STRASBOURG/MUNICH

Ces tableaux sont envoyés à deux centres de traitement : le Sertit (Service régional de traitement d'images et de télédétection) à Strasbourg et le DLR (Centre spatial allemand) à Munich. Leur tâche est de rendre exploitables ces données issues de satellites ayant des champs de vision et des résolutions différents pour en extraire des cartes. Pour ce faire, deux méthodes sont utilisées.

L'orthorectification

La première étape consiste à irriger l'effet du relief, celui de la rotondité de la Terre et d'une éventuelle prise de vue oblique du satellite afin d'élaborer une carte en 2D.

Le géoréférencement

La seconde étape, délicate, consiste à mettre toutes les cartes « orthorectifiées » à la même échelle puis à les caler sur un système de coordonnées géographiques (longitude et latitude), de manière à pouvoir superposer cette image satellitaire au modèle numérique de terrain (MNT) élaboré par l'IGN (Institut géographique national). C'est ainsi que l'on appelle une représentation numérique du relief d'une région. Cette superposition permet d'inclure le relief dans les cartes satellitaires.

 

14 janvier + 25 h 52

Les extractions thématiques

La carte obtenue après orthorectification et géoréférencement est comparée à la même image réalisée par des méthodes similaires avant le séisme et d'établir une carte des dégâts, définir les zones de rassemblement des populations sinistrées, les zones de pollution et les points d'eau de surface accessibles.

L'étape finale consiste à envoyer les cartes vers les zones sinistrées par les moyens de communication encore disponibles.

 

Sources pour Haïti :

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Tremblement_de_terre_d%27Ha%...

 

Azar Khalatbari, Chili : deux régions sous surveillance Sciences et Avenir avril 2010 n° 758 p. 18-19.

 

Le Chili

 

Un puissant séisme de magnitude 8,8 , l'un des plus violents des cent dernières années, est survenu samedi 27 février au large du Chili et plus de 20 répliques ont été enregistrées. La dernière, de magnitude 6,1, a eu lieu vers 14 h heure française. La plus puissante, de magnitude 6,9, a été enregistrée au large des côtes chiliennes à 8 h 01 GMT, soit environ une heure et demie après la première secousse. La secousse a été ressentie jusqu'à Santiago, la capitale, qui se trouve pourtant à quelque 400 km de l'épicentre, et en Argentine. Une vague de tsunami  de 2,34 mètres s'est ensuite abattue samedi matin sur la ville côtière chilienne de Talcahuano. Et des vagues de tsunami  traversaient samedi l'ensemble de l'océan Pacifique à la suite de ce séisme et le phénomène devait s'achever au Japon avec des vagues de 30 cm, selon un responsable de la Météo nationale américaine.

 

Le Chili s'organisait lundi après avoir découvert l'ampleur des dégâts provoqués sur ses côtes par ce tsunami qui a détruit des villes balnéaires entières après le séisme, dont le bilan atteignait au moins 711 morts depuis samedi.

 

Le sud du pays est le plus touché, offrant un spectacle de désolation sur le littoral, où des maisons ont été broyées, des bateaux projetés à l'intérieur des terres.

 

À l'heure où le Chili se relève de ce séisme, les experts se tournent vers deux "lacunes sismiques" menaçantes : il s'agit de segments de faille n'ayant pas rompu depuis longtemps et qui ont connu des tremblements de terre meurtriers dans le passé. D'abord, la région d'Arica (voir la carte ci-dessous), où le dernier séisme date de 1877. "Mais je suis aussi très inquiet pour celle de La Serena, déclare Raùl Madariaga, de l'Ecole normale supérieure à Paris. Cette région a bien connu des séismes, mais ils se sont produits hors de la zone de subduction et n'ont pas pu libérer les contraintes accumulées." La sismicité du Chili est due à la zone de subduction entre la plaque océanique Nazca et le continent sud-américain : la première s'enfonce d'environ 6,5 cm/an sous le second. La plaque sud-américaine doit absorber la déformation accumulée, ce qui provoque des séismes. Plus ceux-ci sont espacés, plus la probabilité d'une rupture violente est forte. Celui du 27 février, qui a déplacé la ville de Concepcion de 3 mètres, "était attendu depuis longtemps, explique Christophe Vigny, du même laboratoire, car le dernier séisme survenu dans la lacune de Concepcion, décrit par Darwin, remontait à 1835."

 

chili1-1.jpg

Conflit entre la plaque Nazca et la plaque sud-américaine

(infographie : laboratoire de géologie -ENS/CNRS à partir des données USGS)


Sources pour le Chili :

 

Azar Khalatbari, Chili : deux régions sous surveillance Sciences et Avenir avril 2010 n° 758 p. 22.

 

Peut-on prévoir les séismes ?

 

Existe-t-il des signes avant-coureurs annonçant l'imminence d'un séisme ?

 

Georges Charpak, prix Nobel de physique (1992) s'est intéressé au radon, ce gaz radioactif produit par la désintégration de l'uranium. Avec d'autres spécialistes, Charpak tente de mettre au point un détecteur de radon qui s'échappe en infime quantité des fissures du sol peu avant un séisme. D'après Charpak, il serait possible d'équiper ces micro-failles de centaines de détecteurs pour prédire l'imminence d'un séisme. Charpak a présenté un prototype de détecteur dans la revue Physicsworld qui identifie les particules alpha et les rayons gamma avec une limite de détection de 420 Bq/m3 , un becquerel (Bq) équivalant à une désintégration par seconde. L'appareil d'un faible coût, pourrait être testé par le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) dans son laboratoire souterrain du Beaufortain (Savoie) à proximité de la retenue de Roselend, dont la mise en eau saisonnière provoque des contraintes mécaniques aboutissant à des émissions de radon.

 

Récemment, Shih-Chieh Hsu de Taïwan a mis en évidence une concentration multipliée par 10 de dioxyde de soufre dans l'atmosphère quelques heures avant deux séismes. Ce SO2 serait libéré par des failles.

 

On trouvera dans la revue Pour la Science de janvier 2012, pp 62-67, l'annonce de la mise au point par les géophysiciens américains d'un système d'alerte rapide capable d'avertir plusieurs dizaines de secondes à plusieurs minutes à l'avance qu'une violente secousse va se produire.

 

Quand la terre gronde

 

Un guide pédagogique gratuit mis à disposition des enseignants du 1er degré pour sensibiliser leurs élèves aux risques naturels du monde.

 

Quand la terre gronde

 

 « Quand la terre gronde » a été développé par la Fondation La Main à la Pâte, en partenariat avec la CASDEN, le Ministère de l’Education nationale, l’Agence spatiale européenne, Universcience et l’Association Prévention 2000.

Ce projet a été réalisé avec l’appui d’enseignants et de scientifiques pour disposer d’un ouvrage simple, pratique et permettre aux enfants d’apprendre à vivre avec le risque de la façon la plus responsable possible. Conforme aux programmes scolaires, il s’inscrit pleinement dans le cadre de l’éducation au développement durable.

Cet ouvrage s’adresse aux enseignants ayant une connaissance scientifique ou non sur le sujet. Ce guide propose une progression complète, clé en main et modulable, composée de 4 séances indépendantes (les volcans, les séismes, les tsunamis et ma commune face aux risques), avec des éclairages scientifiques et pédagogiques, des fiches documentaires et des outils d’évaluation.

Pour disposer gratuitement de cet outil, les enseignants de l’école primaire sont invités à effectuer une demande sur le site* : www.quand-la-terre-gronde.fr

*Dans la limite des stocks disponibles.

 

 

Sismologie dans la région de Thise (Doubs)

Sismologie dans la région de Thise (Doubs)

 

par André Guyard

(article modifié le 2 mars 2013)

 

L'activité sismique particulièrement intense au cours des deux dernières années (2010 et 2011) nous interpelle. Quels sont les séismes qui ont secoué la région bisontine et particulièrement la commune de Thise au cours des siècles derniers ?

 

L'échelle de Richter indique la magnitude, c'est-à-dire l'intensité du séisme. La magnitude est l'énergie libérée par un séisme, indépendamment des dégâts provoqués. Elle est définie par une échelle logarithmique, où chaque unité ajoutée correspond à une multiplication par 32 de l'énergie libérée. Ainsi, un séisme de magnitude 9 libère, non pas 3 fois plus, mais 1 milliard 74 millions de fois plus d'énergie qu'un séisme de magnitude 3.

 

séisme,franche-comté,thise,besançon,bâle,fessenheim

Carte du risque sismique en Franche-Comté © Géoportail)

 (Cliquez sur la carte pour zoomer)

 

Le tableau ci-dessous répertorie l'ensemble des séismes qui ont affecté notre région au cours des derniers siècles.

Nous reprendrons plus en détail, les séismes dont l'épicentre se trouvait à proximité de notre commune.

 

Tableau des séismes ayant affecté

le Nord-Est de la France

et les régions voisines

 

Surlignés en jaune : séismes ayant affecté la Franche-Comté.

Surlignés en rouge : séismes d'intensité (= magnitude) supérieure ou égale à 7 ayant affecté les contrées voisines.

 

Date

Heu-

re

Choc

Localisation

épicentrale

Région

ou

pays de l'épicentre

Inten-

sité

épi-

centrale

12/11/

2005

19h

31

 

JURA SUISSE

(N-E. AARAU)

SUISSE

5

8/09/

2005

11h

27

 

MASSIF DU MONT-BLANC (VALLORCINE)

ALPES SAVO-

YARDES

5

12/05/

2005

1h

38

 

JURA SUISSE

(N.E SOLOTHURN)

SUISSE

4

5/12/

2004

1h

52

 

BADEN-WURTEMBERG (WALDKIRCH)

ALLEMAGNE

6

28/06/

2004

23h

42

 

JURA SUISSE

(N-E. AARAU)

SUISSE

 

21/06/

2004

23h

10

 

JURA SUISSE(BALE)

SUISSE

5

23/02/

2004

17h

31

 

JURA

(S. BAUME-LES-DAMES)

FRANCHE-

COMTE

5,5

22/02/

2003

20h

41

 

PAYS FORESTIER SOUS-VOSGIEN (RAMBERVILLERS)

VOSGES

6,5

30/04/

1989

3h

38

 

AVANT-PAYS JURASSIEN (FROIDEVAUX)

FRANCHE-

COMTE

4,5

29/12/

1984

11h

03

R

HAUTES-VOSGES (ELOYES-REMIREMONT)

VOSGES

 

29/12/

1984

11h

02

 

HAUTES-VOSGES (ELOYES-REMIREMONT)

VOSGES

6

13/10/

1984

21h

23

 

AVANT-PAYS JURASSIEN (BESANCON)

FRANCHE-

COMTE

4

5/09/

1984

5h

16

 

ZURICH

SUISSE

6

21/06/

1983

15h

03

 

JURA (ORNANS)

FRANCHE-

COMTE

4,5

5/02/

1983

16h

19

R

AVANT-PAYS JURASSIEN (RANDEVILLERS)

FRANCHE-

COMTE

 

3/02/

1983

2h

48

 

AVANT-PAYS JURASSIEN (RANDEVILLERS)

FRANCHE-

COMTE

4

18/07/

1980

23h

03

E

PLAINE DE

HAUTE-ALSACE (HABSHEIM)

ALSACE

 

16/07/

1980

15h

50

E

PLAINE DE

HAUTE-ALSACE (HABSHEIM)

ALSACE

4,5

15/07/

1980

12h

17

 

PLAINE DE

HAUTE-ALSACE (HABSHEIM)

ALSACE

6,5

3/07/

1979

21h

13

 

PLATEAU SUISSE (MORAT)

SUISSE

 

3/09/

1978

7h

08

 

JURA SOUABE (ONSMETTINGEN)

ALLEMAGNE

7,5

8/01/

1975

9h

12

 

PLATEAUX JURASSIENS (SALINS-LES-BAINS)

FRANCHE-

COMTE

 

8/03/

1968

4h

01

 

PLAINE DE HAUTE-BOURGOGNE (PONTAILLER/SAONE)

BOURGOGNE

4,5

16/07/

1967

14h

04

 

PLAINE DE HAUTE-BOURGOGNE (AUXONNE)

BOURGOGNE

5

10/07/

1966

3h

45

 

AVANT-PAYS JURASSIEN (MONTAGNEY)

FRANCHE-

COMTE

 

2/07/

1966

6h

15

 

PLATEAU DE HAUTE-SAONE (FAUCOGNEY ?)

FRANCHE-

COMTE

4

14/03/

1964

2h

37

 

UNTERWALD (SARNEN)

SUISSE

7

25/04/

1962

4h

44

 

VERCORS (CORRENCON-EN-VERCORS)

DAUPHINE

7,5

28/04/

1961

20h

48

 

FORET NOIRE (LORRACH)

ALLEMAGNE

5,5

23/03/

1960

23h

08

 

VALAIS (BRIG)

SUISSE

7

23/11/

1955

6h39

E

AVANT-PAYS JURASSIEN (MONTARLOT-LES-RIOZ)

FRANCHE-COMTE

6

21/11/

1955

17h45

 

AVANT-PAYS JURASSIEN (CUSSEY)

FRANCHE-COMTE

 

3/11/

1955

14h27

E

AVANT-PAYS JURASSIEN (MONTARLOT-LES-RIOZ)

FRANCHE-COMTE

6

28/10/

1955

7h19

E

AVANT-PAYS JURASSIEN (MONTARLOT-LES-RIOZ)

FRANCHE-COMTE

 

29/07/

1954

4 h 42

 

VALAIS (MONTANA)

SUISSE

6,5

19/05/

1954

9 h 34

 

VALAIS (N-W. SION)

SUISSE

7

30/05/ 1946

4 h 41

R

VALAIS (CHALAIS)

SUISSE

7

26/01/

1946

3 h 15

R

VALAIS (CHALAIS)

SUISSE

 

25/01/

1946

21 h 39 min

R

VALAIS (CHALAIS)

SUISSE

 

25/01/

1946

17 h 32

 

VALAIS (CHALAIS)

SUISSE

7,5

31/05/

1936

5 h 39

 

AVANT-PAYS JURASSIEN (SELONCOURT)

FRANCHE-COMTE

4

30/12/  1935

3 h 36

 

VALLEE DU RHIN (OFFENBURG)

ALLEMAGNE

7

30/12/

1935

3 h 07

P

VALLEE DU RHIN (OFFENBURG)

ALLEMAGNE

 

27/06/

1935

17 h 19

 

JURA SOUABE (KAPPEL)

ALLEMAGNE

7,5

8/02/

1933

7 h 07

 

VALLEE DU RHIN (RASTATT)

ALLEMAGNE

7

11/01/

1931

23 h 50

E

AVANT-PAYS JURASSIEN (HERIMONCOURT)

FRANCHE-COMTE

 

11/01/

1931

20 h 20

E

AVANT-PAYS JURASSIEN (HERIMONCOURT)

FRANCHE-COMTE

 

11/01/  1931

19 h

E

AVANT-PAYS JURASSIEN (HERIMONCOURT)

FRANCHE-COMTE

 

11/01/

1931

16 h 45

E

AVANT-PAYS JURASSIEN (HERIMONCOURT)

FRANCHE-COMTE

4

10/01/

1931

1 h

E

AVANT-PAYS JURASSIEN (HERIMONCOURT)

FRANCHE-COMTE

 

23/12/

1930

2 h

E

AVANT-PAYS JURASSIEN (HERIMONCOURT)

FRANCHE-COMTE

 

20/12/

1930

17 h 30

 

AVANT-PAYS JURASSIEN (HERIMONCOURT)

FRANCHE-COMTE

 

28/06/

1926

22 h

 

VALLEE DU RHIN (KAISERSTUHL)

ALLEMAGNE

7

8/01/

1925

2 h 44

 

JURA SUISSE (ORBE-LIGNEROLLE)

SUISSE

6,5

19/11/ 1924

17 h 55

 

JURA SUISSE (ORBE)

SUISSE

 

1/03/1916

20 h 53

 

AVANT-PAYS JURASSIEN (DOLE)

FRANCHE-COMTE

5

15/12/

1912

22 h 15

 

AVANT-PAYS JURASSIEN (HERIMONCOURT)

FRANCHE-COMTE

 

28/10/  1911

22 h 17

 

AVANT-PAYS JURASSIEN (ECHENOZ-LE-SEC ?)

FRANCHE-COMTE

4

16/11/

1911

21 h 26

 

JURA SOUABE (EBINGEN)

ALLEMAGNE

8,5

26/05/

1910

7 h 12

 

JURA SUISSE (LAUFEN)

SUISSE

6

 29/04/

1905

 1 h 59

 

 MASSIF DU MONT-BLANC (LAC D'EMOSSON)

 SUISSE

 7,5

 6/05/

1898

 13 h 10

 

 OBERLAND (S. THUN)

 SUISSE

 6,5

 22/02/

1898

 11 h 45 min 

 

 JURA SUISSE (GRANDSON)

 SUISSE

 6,5

 28/12/

1892

 6 h

 

 JURA (MAICHE, ST-HIPPOLYTE)

 FRANCHE-COMTE

 5

 28/12/

1892

 2 h

 P

 JURA (MAICHE, ST-HIPPOLYTE)

 FRANCHE-COMTE

 

 27/12/

1892

 21 h

 P

 JURA (MAICHE, ST-HIPPOLYTE)

 FRANCHE-COMTE

 

 27/12/

1892

 13 h

 P

 JURA (MAICHE, ST-HIPPOLYTE)

 FRANCHE-COMTE

 

 25/12/

1892

 21 h 15

 P

 JURA (MAICHE, ST-HIPPOLYTE)

 FRANCHE-COMTE

 

 10/09/

1883

 4 h

 R

 JURA (SANCEY-LE-GRAND)

 FRANCHE-COMTE

 

 7/09/

1883

 23 h 30

 

 JURA (SANCEY-LE-GRAND)

 FRANCHE-COMTE

 

 22/07/

1881

 2 h 45

 

 BELLEDONNE-PELVOUX

 ALPES SAVOYARDES

 7

 8/10/

1877

 5 h 12

 

 FAUCIGNY (LA ROCHE-SUR-FORON)

 ALPES SAVOYARDES

 7

 2/04/

1876

 

 

 JURA SUISSE (NEUCHATEL-BIENNE ?)

 SUISSE

 5,5

 10/11/

1873

 19 h 30

 

 JURA (ORNANS)

 FRANCHE-COMTE

 

 14/09/

1866

 5 h 10

 

 BRENNE (AZAY-LE-FERRON)

 BERRY

 7

 23/10/

1865

 7 h 15

 

 AVANT-PAYS JURASSIEN (BESANCON)

 FRANCHE-COMTE

 

 17/04/

1862

 8 h 10

 

 PLAINE DE HAUTE-BOURGOGNE (SELONGEY)

 BOURGOGNE

 5

 17/06/

1858

 10 h

 

 TERRITOIRE DE BELFORT (BEAUCOURT)

 FRANCHE-COMTE

 4,5

 14/02/

1857

 

 

 PAYS DE MONTBELIARD

 FRANCHE-COMTE

 5

 26/07/

1855

 14 h

 R

 VALAIS (VISP)

 SUISSE

 

 26/07/

1855

 10 h

 R

 VALAIS (VISP)

 SUISSE

 8

 25/07/

1855

 12 h 50

 

 VALAIS (VISP)

 SUISSE

 9

 11/07/

1852

  

 

 TERRITOIRE DE BELFORT (BEAUCOURT)

 FRANCHE-COMTE

 

 24/08/

1851

 2 h

 Z

 OBERLAND (S-W. THUN ?)

 SUISSE

 

 16/05/

1848

 5 h

 

 PLATEAUX JURASSIENS (NOZEROY)

 FRANCHE-COMTE

 5,5

 17/08/

1846

 7 h 40

 

 PLATEAU SUISSE (YVERDON)

 SUISSE

 6,5

 6/09/

1843

 9 h 28

 

 VALLEE DU DOUBS (SOULCE)

 FRANCHE-COMTE

 

 24/01/

1837

 2 h

 Z

 VALAIS (BRIG)

 SUISSE

 7

 27/08/

1831

 0 h 5

 Z

 AVANT-PAYS JURASSIEN (BESANCON)

 FRANCHE-COMTE

 

 30/10/

1828

 7 h 20

 

 AVANT-PAYS JURASSIEN (BESANCON)

 FRANCHE-COMTE

 7

26/10/

1828

11 h 30

P

AVANT-PAYS JURASSIEN (BESANCON)

FRANCHE-COMTE

6

16/12/

1823

 

 

AVANT-PAYS JURASSIEN (BESANCON)

FRANCHE-COMTE

 

19/02/

1822

8 h 45

Z

BUGEY (BELLEY)

BRESSE ET JURA BRESSAN

7,5

11/03/

1817

21 h 25

 

MASSIF DU MONT-BLANC (CHAMONIX)

ALPES SAVOYARDES

7

29/11/

1784

22 h 10

 

SUNDGAU (ALTKIRCH ?)

ALSACE

6

15/10/

1784

12 h 03

 

LAC DU BOURGET (AIX-LES-BAINS)

ALPES SAVOYARDES

6,5

6/07/

1783

9 h 56

 

VALLEE DE L'OUCHE (BLIGNY)

BOURGOGNE

6

10/09/

1774

16 h 30

 

LAC DES 4 CANTONS (LUCERNE)

SUISSE

8

18/01/

1757

5 h 52

 

VOSGES COMTOISES (PLANCHER-LES-MINES)

FRANCHE-COMTE

6

18/02/

1756

7 h 45

 

HAUTES-FAGNES (STOLBERG)

ALLEMAGNE

8

9/12/

1755

14 h 45

 

VALAIS (BRIG)

SUISSE

8,5

26/02/

1685

 

 

JURA SUISSE (AARAU ?)

SUISSE

 

12/05/

1682

2 h 30

 

HAUTES-VOSGES (REMIREMONT)

VOSGES

8

12/12/

1672

14 h

 

JURA SUISSE (BALE ?)

SUISSE

 

24/01/

1653

23 h

 

JURA SUISSE (BALE)

SUISSE

 

21/09/

1650

3 h

 

JURA SUISSE (BALE)

SUISSE

6,5

15/06/

1630

10 h

 

JURA (PONT-DE-ROIDE ?)

FRANCHE-COMTE

 

30/05/

1621

15 h

 

JURA SUISSE (NEUCHATEL)

SUISSE

 

5/10/

1614

1 h 45

 

FORET NOIRE (S. SCHOPFHEIM ?)

ALLEMAGNE

 

18/09/

1601

1 h 45

 

LAC DES 4 CANTONS (LUCERNE)

SUISSE

8

13/11/

1592

22 h

 

AVANT-PAYS JURASSIEN (BESANCON)

FRANCHE-COMTE

 

11/03/

1584

11 h 30

 

LAC LEMAN (MONTREUX)

SUISSE

7

18/10/

1356

22 h

 

JURA SUISSE (BALE)

SUISSE

9

18/10/

1356

17 h

P

JURA SUISSE (BALE)

SUISSE

7,5

1/02/

1267

2 h

 

AVANT-PAYS JURASSIEN (BESANCON)

FRANCHE-COMTE

 

3/01/

1117

17 h

 

LOMBARDIE (VERONE)

ITALIE

 

 

Quelques explications sur la nomenclature employée dans ce tableau :

 

Nature du choc :

 

  • C : choc principal
  • R : Réplique
  • E : Secousse individualisée d'un essaim
  • P : Précurseur
  • Z : Groupe de secousses d'un essaim

 

Degrés de l'intensité épicentrale :

 

  • 4 : secousse modérée, ressentie dans et hors les habitations, tremblement des objets,
  • 5 : secousse forte, réveil des dormeurs, chutes d'objets, parfois légères fissures dans les plâtres,
  • 6 : dommages légers, parfois fissures dans les murs, frayeur de nombreuses personnes,
  • 7 : dommages prononcés, larges lézardes dans les murs de nombreuses habitations, chutes de cheminées,
  • 8 : dégâts massifs, les habitations les plus vulnérables sont détruites, presque toutes subissent des dégâts importants,
  • 9 : destructions de nombreuses constructions, quelquefois de bonne qualité, chutes de monuments et de colonnes,
  • 10 : destruction générale des constructions, même les moins vulnérables (non parasismiques),
  • 11 : catastrophe, toutes les constructions sont détruites (ponts, barrages, canalisations enterrées...).

 

Remarques : le 18 octobre 1356, deux séismes de magnitudes estimées par le site du BRGM à 9 et 7,5 ont affecté la région bâloise à proximité de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin).

En ce qui concerne cette centrale de Fessenheim, la plus vieille du parc français, il s'agit du séisme de référence. Sa magnitude a été estimée à partir des registres notariaux et des annales religieuses. En fait, les avis divergent : EDF évalue sa magnitude à 6,1 ; l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) à 6,8 ; et une étude suisse de 2009 à 7,1, ce qui est 30 fois plus violent que l'estimation de l'exploitant !

EDF a beau ajouter une marge de sûreté d'un demi-degré de magnitude au séisme historique de référence, la centrale de Fessenheim n'a pas été construite pour lui résister...

 

Le 19 février 1822, un séisme d'intensité 7,5 a affecté le Bugey où se situe la centrale nucléaire du Bugey.

 

 Les séismes ayant affecté plus spécialement notre région

Légende_intensité du séisme-1.jpg

 

En partant du plus récent au plus ancien :

Thise-séismes-1.jpg

 

1. Vallorcine : 8 septembre 2005

 

Ce séisme a produit quelques légères secousses dans la région bisontine (voir carte ci-dessous).

Thise-séismes_08-09-2005-1.jpg

Séismes-Thise_08-09-2005_carte-1.jpg

 

2. Dammartin les Templiers (23/02/2004)

 

Séisme bien ressenti dans la région bisontine (voir carte ci-dessous).

Thise-séismes__23-02-2004-1.jpg

Thise-séismes_23-02-2004_carte-1.jpg

 

3. Séisme de Rambervillers (22/02/2003)

 

Séisme faiblement ressenti dans la région bisontine (voir carte ci-dessous).

Thise-séismes_23-02-2004-1.jpg

Thise-séismes_22-02-2003-1.jpg

 

5. Séisme de Thise (30/10/1828)

 

Ce séisme d'intensité 7 a produit des dégâts dans la région bisontine et notamment à Thise.  Une douzaine de cheminées et des pans de murs entiers se sont écroulés. La tourelle jouxtant le clocher de l'église  "s'en est séparée d'un pouce environ". L'eau de la fontaine publique s'est troublée une demi-heure après la secousse.

 

Thise-séismes_30-10-1828_localités-1.jpg

Thise-séismes_30-10-1828_carte-1.jpg

 

6. Séisme de Thise (26/10/1828)

 

Ce séisme d'intensité 6 a produit également des dégâts dans la région bisontine et notamment à Thise et à Miserey. À Thise, des cheminées s'écroulent et l'église en reconstruction est endommagée.

 

Thise-séismes_26-10-1828_localités-1.jpg

 

Thise-séismes_26-10-1828_carte-1.jpg

 

7. Séisme de Bâle (18/10/1356)

 

Le séisme de Bâle a été violemment ressenti dans la région. À Besançon,  la Tour de Vaite ne résistera pas à la réplique survenue dans la soirée.

 

 Pour en savoir plus : Site du BRGM

 

Le tsunami qui a noyé Genève en 583

 

On peut rapprocher de ces phénomènes sismiques intéressant la région le tsunami qui a noyé Genève en 563. Cette année-là, une vague gigantesque a balayé les  rives du Léman atteignant huit mètres à Genève et treize à Lausanne selon les simulations de Katrina Kremer de l'université de Genève (décembre 2012).

Si l'existence d'un raz-de-marée en l'an 563 était déjà établie par des témoignages historiques, son origine demeurait controversée. Pour y voir plus clair, l'équipe de Katrina Kremer a sondé le lac et repéré, au plus profond, une vaste couche de sédiments - 250 millions de mètres cubes - qui se seraient déposés brutalement à cette époque. Une observation qui leur permet de conforter l'un des scénarios envisagés : l'effondrement d'un pan de la montagne dans le Rhône, en amont du lac, aurait entraîné un déplacement massif de sédiments, provoquant ainsi le tsunami. Quinze minutes après l'effondrement, la vague touchait Lausanne. Cinquante-cinq minutes plus tard, c'était au tour de Genève. Une catastrophe qui pourrait bien se reproduire, menaçant le million de riverains du lac. La cause de ce tsunami n'était donc pas un séisme, mais un glissement de terrain.

 

L'Arc jurassien sous surveillance GPS

 

Le laboratoire Chrono-environnement de l'Université de Franche-Comté est à l'origine d'un projet d'installation de six stations permanentes GPS de surveillance de l'Arc du Jura. Ces six stations seront progressivement installées au cours du second semestre 2013 et au cours de l'année 2014.

 

Les vingt séismes les plus violents en métropole depuis 1900

Le magazine Sciences et Avenir publie sur son site une carte interactive concernant les séismes les plus violents concernant la métropole depuis 1900.

21/06/2010

La pomme de terre OGM "Amflora" interdite au Luxembourg

Le Luxembourg interdit la pomme de terre OGM "Amflora" !

 

par Greenpeace Luxembourg

 

Le 16 juin 2010, lors du colloque "La sécurité dans mon assiette" sur la sécurité de la chaîne alimentaire, le Ministre de la Santé luxembourgeois Mars Di Bartolomeo, en présence de Romain Schneider ministre de l’Agriculture, a interdit la culture de la pomme de terre OGM Amflora de BASF au Luxembourg.

 

greenpeace_patate-1.jpg

 

L’interdiction de la pomme de terre OGM au Luxembourg a été annoncée quelques mois à peine après son autorisation par la Commission européenne et ceci devant des hauts représentants de l’autorité en charge de la sécurité alimentaire en Europe (EFSA).

 

C’est d’ailleurs au même endroit (Centre Culturel de rencontre Abbaye de Neumünster) que le Luxembourg avait déjà interdit le maïs transgénique MON810 en 2009.

 

Le message politique est courageux et sans appel possible : Le Luxembourg clame haut et fort qu’il n’est pas prêt à se laisser dicter un menu OGM par la Commission européenne. Après l’Autriche, c’est le deuxième état membre de l’Union européenne à prendre la décision de protéger les consommateurs et l’agriculture des conséquences négatives d’Amflora.

 

Greenpeace et les organisations partenaires de l’Initiative Luxembourg sans OGM (1) félicitent le Ministre de la Santé d’avoir pris ses responsabilités dans l’intérêt du consommateur et encouragent le Gouvernement à continuer de s’opposer résolument à la politique pro-OGM de la Commission européenne.

 

Une procédure d’évaluation qui doit être profondément réformée en Europe

 

Le 2 mars 2010, la Commission européenne avait autorisé la culture, l’utilisation dans les matières fourragères et la présence jusqu’à 0,9% dans l’alimentation humaine de la pomme de terre OGM Amflora développée par le géant allemand de la chimie BASF. Cette décision avait été prise malgré les évidences scientifiques relatives au risque de résistances aux antibiotiques.

 

Greenpeace et les organisations de l’initiative Luxembourg sans OGM tiennent à rappeler que procédure d’évaluation et d’autorisation des OGM dans l’Union européenne est défaillante et doit être réformée.

 

Les effets à long terme des OGM sur l’environnement et sur la santé, ainsi que leurs coûts socio-économiques pour toute la filière agricole ne sont actuellement pas pris en compte. « Nous demandons au Gouvernement luxembourgeois de continuer son engagement en faveur réforme de la une procédure d’évaluation et d’autorisation des OGM qui protège directement au niveau européen les consommateurs, l’environnement et l’agriculture des effets négatifs des OGM », déclare Maurice Losch de Greenpeace Luxembourg.

 

(1) : Les 29 organisations de l’Initative "Luxembourg sans OGM" :

Aide à l’Enfance de l’Inde, Association Solidarité Luxembourg Nicaragua, ASTM, Attac Luxembourg, Bauerenallianz, bioLABEL Lëtzebuerg, BIONA, Caritas Luxembourg, Demeter Bond Lëtzebuerg, Église Catholique de Luxembourg, Ëmweltberodung Lëtzebuerg asbl. (EBL), FCPT – SYPROLUX, FNCTTFEL – Landesverband, Fondation Hëllef fir d’Natur, Frères des Hommes, GREENPEACE Luxembourg, Haus vun der Natur, Initiativ Liewensufank, LCGB, Lëtzebuerger Natur- a Vulleschutzliga, Lëtzebuerger Landesverband fir Beienzuucht, Life asbl., Mouvement Écologique, OGBL, Slow Food Lëtzebuerg, SOS Faim Luxembourg, Stroossekanner Sao Paulo a.s.b.l., TransFair – Minka a.s.b.l., Union Luxembourgeoise des Consommateurs (ULC).

20/06/2010

Le désastre pétrolier dans le Golfe du Mexique

Greenpeace_maree-noire-1.jpgLe désastre pétrolier dans le Golfe du Mexique

 

 

(Dernière mise à jour : 2 janvier 2016)

Les faits :

 

marée noire,dispersants,deepwater horizon,coredit 9500,golfe du mexique,bp,british petroleum,plateforme pétrolière,pétrole offshore,floride,louisiane,bayous,oiseaux marins

La plateforme Deepwater Horizon avant la catastrophe

 

20 avril 2010 : À la suite d’une explosion, un incendie ravage Deepwater Horizon, la plateforme exploitée par BP à 80 kilomètres des côtes de la Louisiane, faisant 11 morts. Deux jours plus tard, elle sombre dans l’océan.

 

marée noire,dispersants,deepwater horizon,coredit 9500,golfe du mexique,bp,british petroleum,plateforme pétrolière,pétrole offshore,floride,louisiane,bayous,oiseaux marins

Vue satellite de la fuite de pétrole

 

marée noire,dispersants,deepwater horizon,coredit 9500,golfe du mexique,bp,british petroleum,plateforme pétrolière,pétrole offshore,floride,louisiane,bayous,oiseaux marins

marée noire,dispersants,deepwater horizon,coredit 9500,golfe du mexique,bp,british petroleum,plateforme pétrolière,pétrole offshore,floride,louisiane,bayous,oiseaux marins

marée noire,dispersants,deepwater horizon,coredit 9500,golfe du mexique,bp,british petroleum,plateforme pétrolière,pétrole offshore,floride,louisiane,bayous,oiseaux marins

marée noire,dispersants,deepwater horizon,coredit 9500,golfe du mexique,bp,british petroleum,plateforme pétrolière,pétrole offshore,floride,louisiane,bayous,oiseaux marins

marée noire,dispersants,deepwater horizon,coredit 9500,golfe du mexique,bp,british petroleum,plateforme pétrolière,pétrole offshore,floride,louisiane,bayous,oiseaux marins

Désastre pétrolier golfe du Mexique_01-1.jpg
©Géo/Martin Fossati
 

marée noire,dispersants,deepwater horizon,coredit 9500,golfe du mexique,bp,british petroleum,plateforme pétrolière,pétrole offshore,floride,louisiane,bayous,oiseaux marins

Deepwater Horizon en feu - Le 21 avril 2010, l’incendie fait toujours rage sur la plateforme de BP dans le golfe du Mexique. Elle sombrera le lendemain

 

25 avril : Selon les estimations des gardes-côtes américains, la nappe d’hydrocarbures s’échappant du puits situé à 1 500 mètres de profondeur s’étend sur une surface de 32 kilomètres carrés. Au total, trois fuites sont repérées. BP envoie quatre robots sous-marins pour tenter de fermer la valve de sécurité des puits, en vain.

 

marée noire,dispersants,deepwater horizon,coredit 9500,golfe du mexique,bp,british petroleum,plateforme pétrolière,pétrole offshore,floride,louisiane,bayous,oiseaux marins

Des navires capturent "au lasso" des nappes de pétrole

 

28 avril : Les premières opérations de brûlage de la nappe de pétrole sont lancées.

 

29 avril : Le pétrole atteint les marais proches du delta du Mississippi, un écosystème particulièrement fragile.

 

marée noire,dispersants,deepwater horizon,coredit 9500,golfe du mexique,bp,british petroleum,plateforme pétrolière,pétrole offshore,floride,louisiane,bayous,oiseaux marins

Des barrages flottants ont été mis en place

près de la côte pour protéger les pêcheries

 

marée noire,dispersants,deepwater horizon,coredit 9500,golfe du mexique,bp,british petroleum,plateforme pétrolière,pétrole offshore,floride,louisiane,bayous,oiseaux marins

Barrages flottants destinés à protéger

les sites de nidification des oiseaux marins

 

marée noire,dispersants,deepwater horizon,coredit 9500,golfe du mexique,bp,british petroleum,plateforme pétrolière,pétrole offshore,floride,louisiane,bayous,oiseaux marins

Les marais côtiers de la Louisiane constituent

un sanctuaire pour la faune,

en particulier les oiseaux aquatiques

 

30 avril : Après la Louisiane, la Floride, l’Alabama et le Mississippi décrètent l’état d’urgence. Le gouvernement américain déclare cette marée noire "catastrophe nationale".

 

1er mai : La nappe d’hydrocarbures s’étend à présent sur environ 1 500 kilomètres carrés.

 

2 mai : Interdiction de la pêche dans les eaux touchées par la marée noire.

 

marée noire,dispersants,deepwater horizon,coredit 9500,golfe du mexique,bp,british petroleum,plateforme pétrolière,pétrole offshore,floride,louisiane,bayous,oiseaux marins

3 mai 2010 : la Garde nationale construit une barrière Hensco sur l'île Dauphin, Alabama

 

5 mai : Des robots sous-marins parviennent à colmater l’une des trois fuites, mais le volume de pétrole qui s’échappe du puits reste colossal (5 000 barils, soit 800 000 litres par jour, selon les estimations de BP).

 

8 mai : BP pose sur la fuite principale un couvercle de confinement, un dôme de 12 mètres de hauteur et pesant 100 tonnes. Mais des cristaux similaires à de la glace se forment et empêchent le pompage du pétrole jusqu’à la surface. Le dispositif est retiré.

 

16 mai : BP parvient pour la première fois à pomper du pétrole en introduisant un tuyau de 15 centimètres de diamètre dans le puits.

marée noire,dispersants,deepwater horizon,coredit 9500,golfe du mexique,bp,british petroleum,plateforme pétrolière,pétrole offshore,floride,louisiane,bayous,oiseaux marins

Un énorme silo blanc d'une centaine de tonnes a été

embarqué à bord d'une barge partie de Louisiane

 

26 mai : Lancement de "Top Kill", l’opération la plus ambitieuse de BP. Le géant pétrolier tente d’injecter des boues lourdes dans le puits pour stopper l’écoulement de brut. Après trois jours de travaux, BP annonce que la tentative est un échec.

 

3 juin : Un dôme en forme d’entonnoir est installé sur la fuite principale, permettant de siphonner le pétrole jusqu’à un navire stationné en surface. Le nouveau dispositif comporte des soupapes pour éviter la formation des cristaux. Près de 15 000 barils de brut sont récupérés chaque jour. Selon le directeur général de BP, Tony Hayward, ce volume représenterait la « grande majorité » du pétrole qui s’échappe du gisement. Ce que réfute le responsable des gardes-côtes américains, Thad Allen, qui pencherait plutôt pour le tiers ou la moitié de la fuite.

 

Désastre pétrolier golfe du Mexique_02-1.jpg

Premières victimes : les oiseaux (cliché Géo)

 

Le Pélican marron, qui habite dans les marécages de la Louisiane, est devenu le symbole du désastre écologique qui frappe le golfe de Mexique. Cette région de marais et de bayous abrite une grande biodiversité, protégée par des réserves naturelles. Celle de Breton National Wildlife Refuge, située sur les îles Breton et Chandeleur, au sud de la Louisiane, a été gravement touchée par la nappe de pétrole. Et ceci au plus mauvais moment : en pleine période de reproduction et de nidification des oiseaux.

 

Près de 600 oiseaux, 250 tortues de mer et 30 dauphins figurent parmi les premières victimes. Les oiseaux mazoutés sont amenés au centre vétérinaire de Fort Jackson, mais ils n’ont que 50 % à 70 % de chances de survie, estiment les vétérinaires. Le pétrole qu’ils ont ingéré leur cause des dégâts dans les poumons et le foie.

 

Le site de Greenpeace montre les images d'animaux mazoutés soigneusement camouflées par les autorités américaines.

 

Désastre pétrolier golfe du Mexique_03-1.jpg

Le delta du Mississippi asphyxié (cliché satellite Géo)

 

Cette image satellite en fausses couleurs prise le 24 mai 2010 montre de manière spectaculaire à quel point la marée noire a envahi tout le delta du Mississippi. En rouge : la végétation, et en gris... le pétrole.

 

À ce jour, environ 200 kilomètres de côtes de quatre états – Louisiane, Mississippi, Alabama et Floride – sont touchés. D’après les spécialistes, les dégâts sont si importants que, dans certaines zones, il n'y a plus aucune trace de vie. L’amiral Thad Allen, responsable des gardes-côtes américains, estime que restaurer l’écosystème dévasté prendra des années.

 

Enfin, il est probable que la marée noire aura un impact sur d’autres états, tels que le Mexique, les Bahamas, les Bermudes ou Cuba dans les mois à venir.

 

Désastre pétrolier golfe du Mexique_04-1.jpg

Un écosystème ravagé (cliché aérien Géo)

 

Le 29 avril, le pétrole a atteint les marais proches du delta du Mississippi, un écosystème foisonnant et particulièrement fragile. De nombreuses espèces de poissons et de crustacés vivent dans cette zone humide, qui constitue aussi une étape importante pour les oiseaux migrateurs, qui y nidifient. Au large des côtes, les eaux du golfe du Mexique abritent également une riche faune marine (dauphins, tortues marines, baleines, crevettes, plancton…).

 

La marée noire aura inévitablement des conséquences à long terme sur cet écosystème. L’un des risques est le phénomène de bioaccumulation des hydrocarbures dans les tissus des organismes vivants, c’est-à-dire la transmission de substances toxiques entre les maillons de la chaîne alimentaire, le prédateur ingérant les polluants présents dans sa proie.

 

Désastre pétrolier golfe du Mexique_05-1.jpg

Serpent toxique (cliché aérien Géo)

 

Comme un serpent empoisonné qui fraierait dans le golfe du Mexique, une traînée orange flotte à la surface de l’eau. La composition de cette nappe aux couleurs chatoyantes ? Du pétrole coagulé par les dispersants et du brut fraîchement échappé du puits, situé à 14 kilomètres de là.

 

 

30000-km-touches.jpg
Nettoyage manuel des côtes (cliché Coast Guards)

 

incendies-controles.jpg

Incendie provoqué d'une nappe (cliché Coast Guards)

 

Chargé des opérations de nettoyage, BP est critiqué pour l’utilisation de ces dispersants qui permettent de réduire le pétrole à de petites particules. Depuis le début de la catastrophe, plus de 4 millions de litres de produits ont ainsi été déversés dans les eaux territoriales américaines. Le Coredit 9500, l’un des dispersants utilisés, est susceptible de provoquer des problèmes de santé.

 

Greenpace-1.jpg

Le serpent pollue le delta du Mississipi (cliché aérien Greenpeace)

Voir la suite dans : "Deepwater Horizon : autopsie d'une catastrophe"

Voir également : Vidéos Greenpeace et Diaporama Greenpeace

 

Ajout du 25 août 2014

 

Un article de presse pêché dans Humanité et Biodiversité : Quand les forages pétroliers menacent les 55 derniers dauphins maui de la planète.

 

Ajout du 2 janvier 2016

 

La dispersion du pétrole de Deep Water Horizon a été néfaste (Sciences & Avenir, n° 827, janvier 2016)

 

Des bactéries gloutonnes en pétrole ont été supprimées par les produits chimiques déversés pour nettoyer la surface de l'eau en 2010.

 

Le remède aura été pire que le mal : des expériences de l'université de Géorgie (États-Unis) montrent que si les dispersants chimiques déversés par avion après la catastrophe de Deep Water Horizon (lire Sciences & Avenir n° 763, septembre 2010 et n° 778, décembre 2011) ont bien nettoyé la surface de l'eau, ils ont en revanche détruit une population de bactéries naturellement gloutonnes en pétrole. Du coup, l'huile noire et lourde tapisserait désormais une grande partie des fonds du golfe du Mexique.

 

Retour en 2010. La fuite d'un puits de forage en eau profonde de BP provoque le déversement de 172 millions de litres d'hydrocarbure dans l'océan. En réponse, près de 7 millions de litres de Corexit 9500 sont largués pour "dégrader le pétrole en surface et dans les eaux profondes". Le hic, selon la spécialiste des sciences marines Samantha Joye, qui a testé en laboratoire les différents panaches océaniques et leurs effets sur 50 000 bactéries, c'est que ce dispersant — autorisé — ne dégrade pas entièrement le pétrole. Pis, il favorise l'expansion des micro-organismes Colwellia qui "effilochent" le pétrole, tout en limitant sévèrement la prolifération des Marinobacter qui dégradent le mieux le brut lourd. Les résultats sont maintenant sur le bureau de l'Agence de protection environnementale américaine.

 

DeepWater Horizon : marée noire, autopsie d'une catastrophe

30000-km-touches.jpgMarée noire, autopsie d'une catastrophe


(Suite de désastre pétrolier dans le Golfe du Mexique)

(Dernière mise à jour : 16/12/2011)

 

Avec l'explosion du puits DeepWater Horizon, c'est un désastre à long terme qui a touché le golfe du Mexique. Enfin, dans les derniers jours de juillet, la pose d'un nouvel entonnoir a permis de stopper la quasi-totalité des écoulements. Enfin BP a annoncé être enfin parvenu à boucher le puits lors de l'opération Static kill. Il a été définitivement colmaté le 19 septembre 2010.

 

L'ampleur de la mobilisation a été sans égale pour une marée noire : 45 000 intervenants, 4000 bateaux ont été mobilisés pour combattre la catastrophe.  De leur côté, des centaines de scientifiques et d'experts se mobilisent pour en mesurer l'ampleur. Contrairement à celle de l'Exxon Valdez, qui souilla durablement les côtes de l'Alaska en 1989 et dont l'impact est encore visible à l'heure actuelle, celle-ci affecte directement le territoire des États-Unis : le golfe est une destination touristique majeure et la pêche locale fournit 20 % des produits de la mer d'origine nationale consommés sur le marché intérieur. Sans compter un patrimoine naturel unique au monde : les bayous c'est-à-dire les marais côtiers et intérieurs de Louisiane représentent 40 % des marais américains. Ils se rencontrent aussi sur les côtes d'Alabama, du Mississippi et de Floride. Rien d'étonnant à ce que les deux agences fédérales en charge de la mer et de la recherche, NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) et NSF (National Science Foundation), aient débloqué des moyens d'urgence pour permettre aux universités américaines de travailler sur ce désastre imprévu.

 

marée noire golfe du Mexique_01-1.jpg

Infographie "Sciences et Avenir", septembre 2010

 

De nombreux navires océanographiques appartenant aux universités ont été réquisitionnés pour des campagnes dans le golfe. L'objet principal de leur mission : évaluer l'étendue et la composition chimique des panaches de pétrole flottant entre deux eaux notamment la quantité de méthane dissous retenu dans l'eau ou émis dans l'atmosphère. Les spécialistes ont en effet signalé dès le début l'importante concentration en méthane de ce pétrole brut : plus de 40 % comparés aux 5 % d'un pétrole ordinaire extrait à terre. C'est la raison des flammes au-dessus de la fuite : grâce à l'entonnoir placé jusqu'à la mi-juillet sur le puits, l'énorme navire Discoverer Enterprise captait entre 20 et 40 % de la fuite (estimée mi-juillet à 60 000 barils/jour) et séparait le gaz qu'il brûlait sur place. Il était aidé dans cette tâche par un second navire géant qui, lui, brûlait le reste du méthane et un maximum du pétrole flottant, aspiré sur l'eau environnante par environ 50 "navires écrémeurs".

 

Au-delà de l'embouchure du Mississipi, les dégâts sont bien visibles sur les roselières émergeant de l'eau, noires et gluantes sur 30 centimètres de hauteur, révélant l'insidieuse pénétration de la marée noire dans les tréfonds du marais. En dépit de la pose de milliers de kilomètres de boudins absorbants destinés à protéger ce milieu fragile et de la construction pharaonique d'îles artificielles de sable face aux passes conduisant aux lacs intérieurs, l'huile pénètre partout, poussée par les vents violents. Dans le golfe, ces marais amortissent habituellement l'impact des tempêtes sur les côtes, ralentissent l'érosion, capturent et absorbent les nutriments en excès avant que ceux-ci n'atteignent les eaux vives. Tout cela est menacé. Car il ne suffira pas que le pétrole ait disparu de la surface de la mer pour que la vie reprenne. Les sédiments imprégnés vont relarguer pendant des années des "éclats" de pétrole concentrant métaux, dispersants et autres composés toxiques. En mer, toute la chaîne alimentaire sera touchée à commencer par le phytoplancton et les larves d'invertébrés et de poissons. Difficile de savoir comment résisteront les habitants des marais, notamment les plus emblématiques, tortues, serpents et alligators. Selon la quantité de pétrole, ils seront plus ou moins affectés. Les adultes survivront mieux que les jeunes.

 

Le montant total des dommages pour la compagnie BP s'élevait à 8,1 milliards d'euros au 29 septembre 2010. On ne saura jamais combien de pétrole s'est écoulé dans le golfe. Le chiffre de 780 millions de tonnes de pétrole est avancé. Si la nappe est désormais peu visible sur la côte, seulement 20 % du pétrole répandu aurait été retiré de l'océan, estime la Woods Hole Océanographie Institution (WHOI) de l'université de Géorgie dans Science. Le reste serait coincé à environ 1100 mètres de profondeur sur 35 kilomètres de large, selon des prélèvements effectués dans la colonne d'eau à proximité du lieu de la catastrophe.

 

Ce panache de faible concentration se déplace de six à sept kilomètres par jour et fluctue selon les marées. « Il fait 200 m de haut et ne varie que de quelques dizaines de mètres », précise Richard Camilli, directeur de l'équipe du WHOI. Nous voilà loin des propos optimistes tenus le 4 août par la conseillère pour l'énergie et le climat de l'administration Obama ! Carole Browner claironnait alors que les trois quarts des 780 millions de litres de pétrole déversés dans le golfe se seraient évaporés sous l'effet du rayonnement solaire, ou auraient été absorbés par la vie bactérienne ou encore brûlés à la surface. La question qui se pose est de savoir comment vont évoluer les molécules d'hydrocarbures coincées à ces profondeurs.


En fait, dans une étude plus récente (septembre 2011) comparant la composition du pétrole échappé du puits de 1500 m de fond à celle du pétrole retrouvé en surface, Christopher Reddy, de l'Institut océanographique de WoodsHole (États-Unis), a montré que seuls les composés insolubles sont remontés à la surface.  Les composés (benzène, éthylbenzène, toluène, xylènes...), hautement toxiques, demeurent à 1100 m de profondeur. L'immense nappe de pétrole répandue dans le Golfe du Mexique n'était donc que la partie émergée de l'iceberg.

 

Des bactéries pourraient-elles venir à bout de ce pétrole profond ?

 

Science a publié une étude rassurante du Berkeley National Laboratory (Californie). Cette équipe a en effet repéré dans l'eau prélevée dans le panache profond plusieurs espèces de protéobactéries gamma (l'un des cinq groupes de protéobactéries), qui seraient capables de digérer des composés du pétrole sans utiliser d'oxygène. Ces bactéries inconnues, révélées par analyse génétique, sont stimulées par les milieux froids et devraient donc dégrader les molécules à cette profondeur. En cuves de laboratoire, en tout cas, elles ont réduit de moitié en moins de six jours la concentration en pétrole. Cette performance est-elle la même à – 1000 m ? De nombreux microbiologistes sont sceptiques. Ils se demandent par ailleurs si ces micro-organismes sont capables d'absorber les composants des hydrocarbures connus pour être les plus difficilement assimilables par les êtres vivants. Le suivi du panache dans les prochains mois est donc essentiel.

 

Quoiqu'il en soit, une observation de très long terme sera nécessaire pour tirer le bilan de cette marée noire qui n'a jamais eu de précédent par son ampleur. S'il est encore trop tôt pour prédire l'impact précis de cet accident industriel sur l'écosystème, les scientifiques s'accordent sur un point : il sera majeur.

 

Deepwater Horizon mai 2011 : où est le pétrole ?

 

Début mai 2011, le site Internet du pétrolier BP dédié à la catastrophe de Deepwater Horizon répercutait que 68 très rares tortues de Kemp avaient nidifié sur des plages du Texas. Une preuve, semblait dire le pétrolier, que la nature reprend ses droits, un an après la destruction de la plate-forme Deepwater Horizon, le 21 avril 2010. Le puits a été rebouché le 19 septembre et entre temps 800 millions de litres de brut se sont répandus dans le golfe du Mexique. Les scientifiques sont bien plus prudents quant à la santé retrouvée de l'océan. Le mystère demeure sur ce qu'est devenue la masse d'hydrocarbures relâchée à 1500 m de profondeur : absorbée par les bactéries, flottant entre deux eaux, déposée sur le benthos, l'ensemble des organismes vivant dans le fond des mers ? Personne ne peut non plus prédire l'impact des sept millions de litres de dispersants chimiques injectés. Le Conseil de défense des ressources naturelles a de son côté calculé que 6000 oiseaux, 600 tortues de mer et une centaine de cétacés ont péri. De nombreux endroits de la côte de la Louisiane restent pollués même si les dernières zones de pêche fermées ont réouvert le 19 avril. BP a décidé le 22 avril d'octroyer 680 millions d'euros supplémentaires pour la restauration des milieux. La catastrophe va lui coûter au moins 28 milliards d'euros.

www.restorethegulf.gov

 

Dans un article publié dans le n° de Sciences et Avenir de décembre 2011, Hélène Crié-Wiesner fait le point sur la situation dans le Golfe du Mexique.

Comme si le golfe du Mexique, où s'est déversée cette gigantesque marée noire, n'avait pas assez souffert, il a également dû absorber au printemps 2011 la plus importante crue du Mississippi jamais enregistrée dans l'histoire américaine. Cet afflux brutal de millions de litres d'eau charriant une quantité vertigineuse de polluants venus du continent a accru la fragilité des zones côtières, qui n'avaient pas récupéré depuis la marée noire.

Travaillant sur les problèmes d'impact sur l'environnement de cette marée noire, les chercheurs indépendants décrivent une situation désastreuse : plus de 26 000 hectares de délicats marais côtiers « semblent malades » ; le système immunitaire de certains poissons « paraît compromis » ; la croissance des algues et du plancton a « ralenti » dans certains endroits ; « une couche de boue noire et gluante » recouvre les fonds aux alentours du puits accidenté ; des créatures vivant en eaux profondes - coraux, étoiles de mer, vers... - ont été photographiées gisant mortes à plus de mille mètres sous l'eau ; des millions de poissons et de crustacés, des milliers d'oiseaux et des centaines de tortues et de dauphins sont régulièrement trouvés morts, leurs tissus imprégnés de pétrole. Ces renseignements ne sont pas contestés par les rapports officiels. Mais l'enjeu est désormais de fournir des preuves pour affirmer que c'est bien le pétrole issu de la plate-forme gérée par BP qui est à l'origine de ces dégâts.

 

Qu'est-il advenu du pétrole déversé à jet continu pendant tous ces mois ? Dans son rapport, la NOAA donne des estimations : 25 % s'est évaporé ou a été absorbé par les innombrables bactéries utilisant le pétrole pour leur métabolisme; 17 % a été récupéré ; 16 % a été traité par le dispersant chimique qui a « cassé » les molécules du brut en fines gouttelettes réparties ensuite dans l'eau en panaches discrets ; 13 %, violemment projeté à la sortie du puits, s'est aussi divisé en fines gouttelettes ; 5 % a été brûlé à la surface de la mer et 3 % a été « épongé » à terre et en mer par les nettoyeurs et les boudins flottants. La NOAA évalue entre 11 et 30 % le « pétrole résiduel », dont personne ne sait exactement où il se trouve ni sous quelle forme. Le seul désormais visible est celui qui englue encore les côtes de Louisiane et que l'on ne collecte plus. En février, les gardes-côtes ont en effet demandé à ce que l'on interrompe le nettoyage systématique exigé de BP par certains politiques locaux, notamment sur les plages : ces dernières sont écologiquement handicapées par ce grattage qui empêche tout renouvellement de l'écosystème. Les opérations se poursuivent en revanche dans certains marais. Pour Nancy Rabalais, spécialiste des organismes marins au Louisiana Universities Marine Consortium, « on peut très difficilement se faire une idée de la quantité de pétrole dans les marais intérieurs et côtiers, dans les mangroves, ainsi que dans certaines "îles barrières" qui défendent l'entrée des passes. Mais certains dégâts sont invisibles : le pétrole a été recouvert par des sédiments. L'huile empêche le travail des bactéries, l'oxygène n'arrive plus aux racines et il y a forcément une perte de la masse racinaire. On a vu des marais mourir ici et là, mais repousser ailleurs directement à travers le pétrole. Il est trop tôt pour savoir comment les choses vont évoluer. »

 

 Il faut noter que l'exploitation a continué comme si de rien n'était. On comptait 10 % de plates-formes supplémentaires dans le golfe du Mexique en février 2011 par rapport à l'été 2010. En additionnant les structures en place depuis 1910 actives ou à l'abandon, le nombre total de plates-formes gazières et pétrolières se monte à plus de 3858, dont 3000 dans les seules eaux louisianaises, selon le dernier chiffre officiel communiqué en 2006 par la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration). Le gouvernement avait bien décidé d'un moratoire sur les forages en eaux profondes, mais il l'a levé en octobre 2010, exigeant en contrepartie de nouvelles règles de sécurité.

 

marée noire,dispersants,deepwater horizon,coredit 9500,golfe du mexique,bp,british petroleum,plateforme pétrolière,pétrole offshore,floride,louisiane,bayous,oiseaux marins

Plus de 4000 plates-formes dans le golfe

(document BOEMRE, Secretary of Interior)

 

L'Europe risque-t-elle d'être touchée ?

 

Gulf Stream et Europe_01-1.jpg 

Infographie "Sciences et Avenir", septembre 2010

 

Le Gulf Stream, qui naît entre la Floride et les Bahamas, pourrait emporter le pétrole, dilué, jusqu'en Europe. Une fois embarquées par le courant, les nappes vont remonter vers le Nord. En général, le Gulf Stream ne s'approchant guère des côtes américaines, les nappes devraient épargner les rivages du Sud-Est des États-Unis. Mais des vents locaux peuvent toutefois pousser des nappes diluées ici et là. Le pétrole peut effectivement arriver en Europe, mais alors il sera très dilué et détectable seulement en laboratoire. Pour autant, ce sera toujours du pétrole, avec un impact sur les écosystèmes.

 

Sources :


  • Chauveau Loïc,  Sciences & Avenir, octobre 2010, p. 32.

 

  • Crié-Wiesner Hélène, Marée noire, autopsie d'une catastrophe, Sciences et Avenir sept 2010.

 

  • Crié-Wiesner Hélène, Marée noire, un tiers du pétrole porté disparu, Sciences et Avenir déc 2011.

 

  • La tête au carré,  émission de France Inter du 14 septembre 2010.

19/06/2010

Non à la destruction du site de Malbouhans !

Non à la destruction du site de Malbouhans !

Le Tarier des prés menacé !

 

tarier des prés.jpg

 

Le projet de création d’une ZAC porté par le Syma Arémis-Lure (et soutenu par le Conseil Général de la Haute-Saône) est toujours d’actualité !

La demande de la LPO Franche-Comté adressée en septembre 2008 au préfet de la Haute-Saône afin de désigner le site dans le réseau Natura 2000 est restée pour l’heure sans réponse.

Une ZAC à cet endroit fera disparaître la population de Tariers des prés (espèce inscrite sur la Liste Rouge des oiseaux menacés de Franche – Comté dans la catégorie « Vulnérable ») ainsi que la plupart des surfaces de pelouses acidiclines du Violion caninae, habitat d’intérêt communautaire, prioritaire en matière de conservation (inscrit à l’annexe I de la directive « Habitats »).

Considérant que ce dommage n’est pas compensable du fait de la rareté de certains habitats et des menaces de disparition très fortes pesant sur le Tarier des prés, la LPO Franche-Comté demande l’abandon de ce projet sur ce site et la préservation intégrale du site de Malbouhans avec mise en place d’une gestion conservatoire par le Conseil Général de la Haute-Saône (propriétaire des terrains).

A l’heure où la préservation de la biodiversité est reconnue comme une priorité internationale (rappelons que l’année 2010 a été déclarée année internationale de la biodiversité), la LPO Franche-Comté considère que la destruction d’un tel site par une collectivité territoriale, qui plus est avec l’aide de financements publics, est aujourd’hui inacceptable et en totale contradiction avec nos engagements européens et avec ceux pris au niveau national lors du Grenelle de l’Environnement.

A l’heure actuelle, ce projet de ZAC est probablement le projet le plus « grenello-incompatible » de Franche-Comté.

Merci de soutenir l’action de la LPO Franche-Comté pour la préservation intégrale du site de Malbouhans : signez et faites signez la pétition en ligne sur le site de la LPO Franche-Comté.

Pour signer la pétition en ligne, consultez le lien suivant :


Non à la destruction du site de Malbouhans !

18/06/2010

La forêt de la Serre en danger

La forêt de la Serre en danger

 

La Serre constitue un massif de roches cristallines, une singularité dans le massif calcaire du Jura, ce qui lui vaut son classement en zone Natura 2000.

 

Une menace plane sur ce massif et fait l'objet de la cyberaction ci-dessous : un projet d’ouverture d’une carrière au cœur du massif de la Serre.

 

Les visiteurs de ce blog sont invités à participer à la pétition qui s'oppose à ce projet.

 

Cyber @ction 364

18 juin L’appel de la forêt, agir pour la biodiversité


Pour participer 1 simple CLIC ICI suffit

http://www.cyberacteurs.org/actions/presentation.php?id=118

Le 15 avril 2010, le Ministère de l’écologie rappelait dans une circulaire aux préfets les conditions d’évaluation des incidences environnementales en site NATURA 2000. Voici l’heure de passer du discours à la pratique en dénonçant le projet d’ouverture d’une carrière au cœur du massif de la Serre dans le Jura !


Biodiversité en danger : Avec France Nature Environnement et ses associations locales fédérées (La Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, des Sous-sols et des Chiroptères (CPEPESC), Franche-Comté Nature Environnement, Jura Nature Environnement et Serre Vivante) protégeons un site NATURA 2000…


Rappel : le massif de la Serre : une faune et une flore d’exception


La forêt de la Serre, au nord du Jura, est le seul grand affleurement cristallin dans une région calcaire. Elle présente une végétation acidiphile contrastant avec la végétation des lisières et des vallées calcaires voisines et abrite de nombreuses espèces et habitats d’intérêt communautaire. Cette « île » cristalline joue aussi le rôle de connectivité entre les Vosges et le massif central pour des centaines d’espèces incapables de se développer dans l’océan calcaire Franc-Comtois. Ceci a entraîné sa désignation au réseau Natura 2000 (http://natura2000.environnement.gouv.fr/sites/FR4301318.html). Exploitée par les communes riveraines, c’est aussi un site de loisirs et de détente pour les habitants de la région.


Bouygues s’entête à vouloir exploiter une carrière au cœur du Massif !


Mais ce site est menacé par l’exploitation de la roche très dure de cet affleurement. Malgré plusieurs rejets du dossier au cours des années écoulées, la « Société des Carrières de Moissey », filiale à 50% du groupe Bouygues, s’obstine à demander l’autorisation d’ouvrir pour les 15 (ou même 30 ?) années à venir une carrière en plein cœur du site Natura 2000. Et ce, alors même que le Jura n’utilise pas 20% du tonnage sollicité pour ses routes ! L’État s’est engagé lors du Grenelle de l’environnement à limiter le développement des autoroutes. Des techniques de substitution existent et peu à peu le recyclage des routes devrait s’imposer.


Agissons pour la biodiversité


2010 est proclamée par les nations unies année internationale de la biodiversité pour rappeler à tous que le temps est venu de mettre en actes les discours. L’exploitation de cette carrière n’est pas compatible avec les objectifs de conservation des sites Natura 2000 et ne justifie pas d’un intérêt public majeur qui permettrait de déroger à la protection des espèces et de leurs habitats.


Pour agir, les associations signataires vous invitent à envoyer cet « appel de la forêt » :


COMMENT AGIR ?

Sur le site
Cette cyber @ction est signable en ligne
http://www.cyberacteurs.org/actions/presentation.php?id=118

Par courrier électronique


C'EST FACILE : A VOUS DE SUIVRE LES 6 ETAPES SUIVANTES :

1- Copiez LE TEXTE À ENVOYER ci-dessous entre les ############
2- Ouvrez un nouveau message et collez le texte
3- Signez le : prénom, nom, adresse, ville
4- Rajouter l'objet de votre  choix :  appel de la forêt
5- Adressez votre message aux  adresses suivantes :


jean-francois.carenco@developpement-durable.gouv.fr

nacer.meddah@doubs.gouv.fr
prefecture@jura.gouv.fr
pierre.azzopardi@jura.pref.gouv.fr
cyberacteurs@wanadoo.fr



6- Envoyez le message

Par cette action, vous ferez connaître votre opinion au ministre de l’Écologie, au préfet de la Région Franche-Comté et à la préfète du Jura  et à Cyber@cteurs pour nous permettre d'évaluer l'impact de cette action.

############

Prénom, Nom
Profession :
Adresse :
code postal Localité :

M. Jean-Louis Borloo, ministère de l’écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer,
M. Nacer Meddah, Préfet de la Région Franche Comté,
Mme Joëlle Le Mouel, préfète du Jura
M. Pierre Azzopardi, sous préfet de Dole

Madame, Messieurs,


Le massif forestier de la Serre est un site Natura 2000 (site FR4301318) dont l’intégrité est aujourd’hui menacée par un projet de carrière de roches éruptives. Ce projet impacterait plus de 50 espèces animales ou végétales protégées, dont plusieurs d’intérêt communautaire. Leurs habitats sont pour la plupart protégés également.


En espérant que comme nous, élus locaux, responsables associatifs, Vttistes, randonneurs, mycologues, botanistes, ornithologues, chasseurs, amis de la Serre, riverains, vous saurez entendre l’urgence de cet appel de la forêt et rejeter la demande d’autorisation d’exploiter une carrière au cœur du massif de la Serre, recevez,  Madame, Messieurs, l’expression de mes sincères salutations.

############

17/06/2010

Un coton OGM favorise l'invasion de punaises

Un coton OGM favorise l'invasion de punaises

 

Dans les champs de coton transgénique chinois, les punaises ont remplacé les chenilles. Résultat : on a à nouveau recours aux pesticides.

 

La culture d'un coton transgénique en Chine, depuis 1997, était censée faire chuter l'usage d'insecticides. C'est raté ! Une étude menée entre 1992 et 2008 dans huit provinces du nord du pays par Yanhui Lu, de l'Institut pour la protection des plantes de Pékin, rapporte en effet que les populations de punaises ont considérablement augmenté avec l'expansion des surfaces de coton OGM.

 

Car, contrairement au coton conventionnel, aspergé d'un insecticide tuant à la fois des chenilles ravageuses et les larves de ces punaises, le coton génétiquement modifié pour produire la toxine Bt ne cible que les chenilles... Les punaises sont donc libres de proliférer dans les champs de coton, mais aussi dans d'autres cultures. Ainsi, 3 millions d'hectares de coton, et 26 millions d'hectares de cultures adjacentes sont concernés par ces infestations ! "Les exploitations de pommes, de jujubes ou de raisin sont aussi touchées", expliquent les chercheurs, qui estiment que l'utilisation du coton transgénique a inversé le rôle écologique de cette culture.

 

"Depuis, les champs de coton sont devenus des sources de punaises." Ce qui explique que d'autres insecticides, ciblant cette fois les punaises, soient "de plus en plus utilisés depuis 1997..." soulignant l'urgence, pour les auteurs, "d'estimer les risques d'impact des OGM sur les écosystèmes avant d'en cultiver".

 

Source : Science et Vien° 1114, juillet 2010

 

16/06/2010

Cycle et bilan de l'oxygène en milieu aquatique

lac de Chambly_logo.jpgCycle et bilan de l'oxygène

 

par Guy BARROIN

INRA, station de Thonon les Bains

 

1. L'oxygène, un précieux déchet

 

Dans un univers essentiellement composé d'hydrogène, règle à laquelle ne déroge pas le système solaire, la présence d'oxygène libre en abondance dans l'atmosphère terrestre constitue une anomalie. La plus ancienne source d'oxygène terrestre a été la photolyse de la vapeur d'eau par les radiations solaires les plus énergétiques (λ < 200 nm). Strictement abiotique, cette réaction produit également de l'hydrogène qui s'échappe vers l'espace ; actuellement elle est localisée dans la haute atmosphère et sa contribution est parfaitement négligeable. Une autre source, tout aussi négligeable, est la photolyse de l'oxyde nitreux qui provient de la dénitrification bactérienne.

 

Il reste que la quasi totalité de l'oxygène atmosphérique est une conséquence directe de l'activité photosynthétique des organismes vivants, terrestres ou aquatiques. Ceux-ci utilisent l'eau comme donneur d'électrons pour réduire le gaz carbonique en matière organique, réaction de synthèse dont l'oxygène moléculaire est le sous-produit. L'accumulation de ce déchet métabolique est d'un intérêt tout particulier pour les organismes aérobies, végétaux et animaux. Consommé en permanence par les uns comme par les autres, il n'est produit que par les végétaux sous réserve qu'il y ait assez de lumière et de sels nutritifs.

 

Abondant dans l'air, sa disparition totale n'y est qu'un phénomène local et rare. En revanche, dans l'eau, où sa concentration n'excède pas 5% de ce qu'elle est dans l'air, il en est tout autrement. S'il n'est pas renouvelé, ce qui arrive fréquemment dans les écosystèmes limniques, l'oxygène finit par être totalement consommé par les phénomènes de respiration et de décomposition.

 

Le fait que la plus totale anoxie puisse s'installer aussi aisément concerne en premier lieu tous les organismes à respiration aérobie, influençant leur distribution, leur comportement et leur croissance physiologique, quelle que soit l'étape de leur développement. Mais la concentration en oxygène affecte aussi très fortement la solubilité de nombreuses substances et par conséquent la disponibilité des nutriments et des composés toxiques, ce qui n'est pas sans conséquence sur la biocénose.

 

Il n'est donc pas étonnant que l'oxygène soit, après l'eau, bien entendu, le constituant le plus fondamental et le paramètre le plus étudié des écosystèmes limniques.

 

2. Les termes du bilan

 

2.1 Un bilan en perpétuel déséquilibre

 

Fondamentalement, la présence de l'oxygène dans l'eau, régie par la solubilité de l'oxygène atmosphérique, tend à un certain équilibre. Elle détermine, entre autres, les états et les processus d'oxydo-réduction auxquels participent finalement peu d'éléments : C, N, O, S, Fe, Mn. Dans une eau en équilibre avec l'oxygène atmosphérique, tous ces éléments devraient théoriquement exister sous leur état d'oxydation le plus élevé : CO2, HCO3- ou CO32- pour le carbone, NO3- pour l'azote, SO42- pour le soufre, FeOOH ou Fe2O3 pour le fer et MnO2 pour le manganèse. En fait, il n'en est rien : dans une eau qui contient de l'oxygène dissous on trouve communément du carbone à l'état de matière organique et de l'azote à l'état de gaz N2. C'est que la présence d'un élément est moins le reflet exact d'un équilibre statique que la résultante d'un ensemble de réactions d'oxydo-réduction et de processus de diffusion et de mélange aux vitesses fort différentes.

 

En ce qui concerne les réactions d'oxydo-réduction, la situation de déséquilibre est entretenue par deux types d'activité. D'une part, l'activité photosynthétique qui, piégeant l'énergie lumineuse pour la convertir en énergie chimique, produit de la matière organique, véritable accumulateur d'états réduits. D'autre part l'activité respiratoire et minéralisatrice de tous les organismes, à commencer par celle des organismes non-photosynthétiques, qui tend à rééquilibrer la situation en catalysant l'oxydation de cette matière organique et en utilisant l'énergie ainsi libérée pour maintenir en vie les cellules en place et pour en synthétiser de nouvelles.

 

Finalement, la situation d'équilibre à laquelle l'oxygène aboutirait sous la seule contrainte de lois physiques est perpétuellement remise en question par la photosynthèse, par la respiration, la décomposition ainsi que par quelques réactions chimiques.

 

2.2 La dissolution de l'oxygène atmosphérique

 

L'air est un mélange de gaz qui contient environ 20,95% d'oxygène en volume (tableau 1). Quand l'air est au contact de l'eau, celle-ci dissout une certaine quantité d'oxygène en fonction des caractéristiques intrinsèques de solubilité du gaz mais aussi en fonction des conditions de milieu qui règnent dans l'atmosphère (pression atmosphérique, humidité) et dans l'eau (température, pression hydrostatique, salinité).

 

Effet de la pression atmosphérique

 

D'après la loi de Henry, à l'équilibre et à une température donnée, la concentration en oxygène dissous de l'eau est proportionnelle à sa pression partielle dans la phase gazeuse.

 

À 10°C et sous 1 atm. (760 mm de Hg), 1 litre d'eau pure en contact avec de l'oxygène pur en dissout 38,46 ml (54,94 mg).

 

Mis en contact avec de l'air sec, il n'en dissout plus que 38,46 x 0,2095 soit 8,06 ml (11,51 mg), 0,2095 atm. représentant la pression partielle d'oxygène dans l'air (20,95% d'oxygène) sous 1 atm. (tableau I).

 

TABLEAU-I-450.jpg

 

Comme la pression atmosphérique diminue avec l'altitude et varie avec les conditions météorologiques, il en est de même de la pression partielle, donc de la solubilité de l'oxygène. À 2000 m d'altitude, l'eau pure contient 22% d'oxygène en moins qu'au niveau de la mer à température égale (tableau II). Une chute de la pression atmosphérique de 30 mm de Hg entraîne une diminution de solubilité d'environ 4%.

TABLEAU-II-450.jpg


Effet de la température

 

La solubilité des gaz diminue avec la température, mais la détermination précise de la solubilité de l'oxygène dans l'eau n'a pas été une opération facile. Depuis la fin du XIXe siècle, de nombreux chercheurs s'y sont employés, obtenant des résultats dont les discordances résultèrent autant du manque de fiabilité des méthodes de dosage que de la diversité des conditions expérimentales, notamment de l'humidité de l'air. En effet, si l'air est humide, c'est-à-dire comme dilué par de la vapeur d'eau, la pression partielle de l'oxygène doit être calculée par rapport à la pression barométrique diminuée de la pression partielle de vapeur d'eau, cette dernière augmentant avec la température d'environ 1 mm de Hg/°C (tableau 3). Les standard methods (1971) donnent la formule :

OD =(P-u). 0,678 / (35 + t)

OD = oxygène dissous (mg.l-1)

P = pression barométrique (mm Hg)

u = pression de vapeur d'eau saturante (mm Hg)

t = température (°C) valable pour 0°C < t < 30°C.

 

Une autre formule, plus simple, valable pour 4°C < t < 33°C, au niveau de la mer, à ± 0,04 mg.l-1 est proposée par Montgomery et al (1964) :

OD = 468 / (31,6 + t)

 

Hitchman (1978) finit par dresser un tableau à partir de la moyenne des résultats obtenus par 11 auteurs différents (tableau III).

TABLEAU-III-450.jpg

Compte tenu de ces difficultés, Monod et al. (1984) estiment plus prudent de ne pas garantir la seconde décimale.

 

Effet de la pression hydrostatique


Tout dépend si l'oxygène est évalué en termes de pression partielle ou en termes de solubilité. La pression partielle augmente avec 1a profondeur : par 10 000 m de fond, elle est 3,55 fois celle de la surface, à température égale. Par contre la solubilité est indépendante de la pression hydrostatique dans l'eau pure et diminue légèrement dans l'eau salée : par 10 000 m de fond dans une eau salée de densité 1,023, elle est inférieure de 3% à celle de la surface à température égale. Pratiquement, si l'on évalue la concentration en oxygène par voie titrimétrique, il n'y a pas lieu de tenir compte de la pression hydrostatique. Par contre, si l'on utilise une sonde à oxygène, qui mesure la pression partielle, il faut effectuer une correction qui atteint -5% pour 400 m de profondeur (Hitchman 1978).

 

Effet de la salinité

 

Les sels minéraux dissous dans l'eau ont pour effet de diminuer légèrement la pression de vapeur d'eau saturante et par conséquent la solubilité de l'oxygène (tableau IV). La diminution de cette dernière est exponentielle et atteint presque 20% pour une eau de mer de densité 1,035. On peut négliger le phénomène en eau douce, mais il peut avoir son intérêt en eau salée ou même saumâtre.

Tableau IV-450.jpg

 

L'échantillonnage

L'ÉCHANTILLONNAGE

 

Dans un espace donné, il est rarement possible de dénombrer tous les individus composant une population biologique. D'où la né­cessité d'effectuer un échantillonnage au sein de cet espace.

 

I. L'ÉLÉMENT D'ÉCHANTILLONNAGE

 

L'élément ou unité d'échantillonnage est une entité sur laquelle on observe la variable étudiée. L'élément est souvent lié à l'instrument de récolte ou d'observation.

 

Ex : pour dénombrer les populations de Melanoides tuberculata, mollusque compétiteur dans les cressonnières de Martinique de Biom­phalaria glabrata, vecteur de la Bilharziose, on procède par carottage à l'aide de boîtes à base carrée (pots-pièges). L'élément correspond à la surface de la boîte et la variable au nombre de mollusques yi présents dans chaque boîte.

 

Ex : dans le cas de la pêche aux filets verticaux sur les lacs du Jura, l'unité d'échantillonnage est constituée par une batterie de 6 filets verticaux. La variable est le nombre de corégones capturés dans chaque batterie.

 

L'élément d'échantillonnage est une prise d'information sur le terrain qui peut requérir plusieurs formes :

 

1. Le relevé

 

est une prise directe sans prélèvement concret d'objets sur le terrain : relevé climatologique, topographique, phytosociolo­gique sur des placettes ou quadrats, enregistrements sur analogiques…

 

2. Le prélèvement

 

retire les données du terrain (prélevat) pour l'analyse et suppose la destruction de la prise, produit du prélèvement.

 

Selon leurs caractéristiques spatiales, les prélevats peuvent être :

 

- euclidiens : cotés en unités de volume. Ils permettent des infé­rences (extrapolations ou interpolations) à un espace euclidien de di­mensions supérieures au prélevat.

 

- Souvent, la composante verticale (hauteur) du champ écologique est négligée : on parle alors de prélevats cartésiens liés exclusivement à des cotes horizontales (surface) et de durée.

 

- Parfois les prélevats sont linéaires : l'information est alors ac­quise le long d'un transect, les autres dimensions euclidiennes étant ignorées.

 

- Ils peuvent être ponctuels, et dans ce cas organisés en séries dans le champ écologique et dans le temps selon un plan d'échantillonnage défini. Ils peuvent être informes (régime alimentaire d'un prédateur, individu-compartiment) ou cotés.

 

- L'association des prélevats en série peut être synchronique avec des caractéristiques de temps simultanées ou diachronique (mêmes lieux, dates différentes).

 

3. L'interception

 

est le mode d'obtention des données-cinèses par opposition aux données d'état. Une interception-relevé permet d'obtenir directement une donnée ou un analogique cinétique (anémomètre, rhéomètre, comp­tage d'oiseaux passant un col, lecture radar de papillons ou de poissons). Il y a traduction en débit effectif/temps (ex : nombre d'oiseaux par heure) parfois exprimé en tant que vitesse en considérant la section du passage : il s'agit alors de flux (vitesse/surface).

 

4. La prise

 

est un objet concret qui n'est plus dans le champ écologique mais qui fournira après analyse des données sur ce champ : prises de prélè­vement, analogiques de relevés (photos), d'interception-relevé (bande d'un thermo-hygrographe) et les produits de l'interception-prélèvement (pot-piège).

 

II. ÉCHANTILLONS ET PLAN D'ÉCHANTILLONNAGE

 

L'ensemble des unités d'échantillonnage possibles dans le champ écologique étudié constitue la population statistique sur laquelle s'appliqueront les calculs relatifs au traitement des données.

 

On appelle échantillon, un groupe d'unités d'échantillonnage de même dimension tiré d'une population statistique préalablement défi­nie, conformément à un plan de sondage et sur lesquelles porteront les observations prévues par l'enquête. Dans le cas d'un échantillonnage pour dénombrement, l'information de base est obtenue par dénombre­ment des individus de tous les éléments de l'échantillon. Le nombre d'individus par élément est la variable yi à étudier.

 

À la notion d'échantillon est étroitement associée la notion de plan d'échantillonnage. La planification de l'échantillonnage est une pratique courante dans les enquêtes sociologiques, économiques ou d'opinion. Les sondages effectués avant les élections s'appuient sur une planification très rigoureuse des protocoles d'enquête dont dépendra la présentation et le traitement des données.

 

La planification de l'échantillonnage apporte divers bénéfices :

 

- elle permet notamment de minimiser le coût de la collecte des données, ou, à coût fixe, d'optimiser la précision des résultats ;

 

- elle constitue un préalable indispensable au traitement statis­tique des données ;

 

- elle oblige à un effort de réflexion qui facilite l'organisation du travail sur le terrain.

 

Sous le terme de plan d'échantillonnage, on entend les divers protocoles mis en œuvre lors de la collecte des données sur le terrain en vue d'assurer l'objectivité des observations et l'économie des moyens.

 

La population statistique est une collection d'éléments :

 

- possédant au moins une caractéristique commune permettant de la définir ;

- de laquelle on extrait un échantillon représentatif ;

- sur laquelle porteront les calculs statistiques.

 

Dans le premier exemple, la population statistique N est la somme des surfaces de base du pot-piège contenue sur l'ensemble de la cres­sonnière (c'est-à-dire la surface de la plate-bande). L'échantillon n est le nombre de pots-pièges retenus (10 par plates-bandes de 50 m2). La variable yi est le nombre de mollusques par pot.

 

Dans le second exemple, la population statistique est le volume du lac.

 

La population-cible est la population à laquelle on pourra appli­quer les conclusions de l'enquête.

 

Dans le premier exemple, la population-cible est la population de M. tuberculata présente dans la cressonnière au moment de l'intervention.

 

Dans le second cas, la population-cible sera la population de coré­gones présents dans le lac à la date d'intervention et accessible à la capture.

 

Dans le cas du saturnisme des canards par suite d'ingestion de grains de plomb,

 

- la population statistique est l'ensemble des canards colverts ayant avalé des plombs ;

- la population-cible est l'ensemble des colverts ;

- la population biologique est l'ensemble des colverts ou des ana­tidés fréquentant les lacs ou étangs étudiés.

 

En médecine, dans le cas du SIDA,

 

- la population statistique est l'ensemble des porteurs du virus HIV accessible au chercheur ;

- la population-cible est l'ensemble des personnes séro-positives.

 

En élevage, la population statistique se confond avec la popula­tion-cible et la population biologique (ex : rats, souris, lapins).

 

Le statisticien applique ses conclusions à la population statis­tique. La généralisation des résultats à la population-cible se fait aux risques et périls du biologiste.

 

III. QUELQUES TYPES DE PLANS D'ÉCHANTILLONNAGE

 

De nombreux types de plans d'échantillonnage ont été mis au point par de nombreux auteurs. On trouvera ci-dessous quelques plans d'échantillonnage universellement reconnus.

 

1. Échantillonnage aléatoire simple (EAS)

 

1.1. Définition

 

C'est une méthode qui consiste à prélever au hasard et de façon indépendante n unités d'échantillonnage d'une population statistique comportant N unités. Ainsi, chaque élément de la population statistique présente la même probabilité de faire partie d'un échantillon de n unités et chacun des échantillons possibles de taille n présente la même probabilité d'être constitué.

 

1.2. Protocole de sélection des unités d'échantillonnage

 

Pour que nulle erreur systématique ne s'introduise dans la constitution de l'échantillon, il faut dresser la liste complète et sans répétition des éléments de la population statistique, les numéroter de 1 à N puis procéder au tirage au sort de n unités différentes à l'aide d'un dispositif de génération de nombres aléatoires.

 

Ces opérations de prélèvements se révèlent assez faciles si la population statistique n'est pas trop grande et si les éléments sont facilement identifiables ou repérables. Elles sont assez commodes s'il s'agit de positionner dans l'espace ou dans le temps une station de prélèvement, un itinéraire-échantillon (transect) ou un quadrat puisque l'énumération des coordonnées géographiques ou temporelles ne nécessite pas un inventaire fastidieux des éléments. Toutefois, il est difficile de réaliser en écologie un échantillonnage aléatoire simple qui se conforme scrupuleusement à la définition.

 

1.3. Avantages du plan

 

•  Le plan EAS est universellement reconnu et accepté.

•  Aucune préinformation n'est requise pour sa mise en application, contrairement à la majorité des autres plans. La préparation du protocole n'exige en effet aucune pré-enquête et les différentes estimations sont calculées à partir des données recueillies sur l'échantillon sans faire appel à d'autres renseignements.

•  Les estimateurs ne sont pas biaisés, leur calcul est facile, la majorité des programmes informatiques se prêtent à ce plan et les techniques statistiques multidimensionnelles sont applicables.

 

1.4. Inconvénients du plan

 

•  L'inventaire des éléments de la population statistique est souvent une opération difficile et parfois impossible surtout si la population statistique correspond à une population biologique. Par exemple, l'échantillonnage des animaux et des plantes sauvages se heurte à l'abondance, la mobilité, la dispersion, le cryptisme des éléments qui ne peuvent être énumérés.

 

Ex : Ingestion de plombs de chasse ingérés par les Anatidés.

 

Les canards ingèrent des plombs de chasse avec les graviers qu'ils utilisent dans leur gésier et sont atteints de saturnisme.

 

Population statistique : nombre de colverts abattus.

Variable : nombre de plombs ingérés par canard.

Population-cible : population de colverts sur l'étang/ou de canards/ou de sauvagine.

Population biologique : anatidés/ou canards.

 

•  Quand les unités d'échantillonnage sont constituées par des animaux, la sélectivité des moyens de capture ne permet pas un prélèvement au hasard et introduit un biais dans l'échantillonnage dont il faut apprécier l'importance et le sens (sur- ou sous-estimation). Par exemple, si des engins de capture sont répartis aléatoirement dans un espace donné, les spécimens récoltés ne sont pas pour autant prélevés selon les principes de l'EAS car la majorité des pièges s'avèrent sélectifs. Le plan peut éventuellement prétendre être correct pour la sélection des unités de la population statistique (ici les unités territoriales) mais pas pour la population animale-cible.

 

•  L'efficacité du plan EAS est souvent médiocre car toute expérience antérieure ou concomittante est ignorée. On ne collecte pas préférentiellement des éléments privilégiés dont l'accès ou l'examen est plus commode ou plus économique. On ne module pas la probabilité de sélection des éléments en fonction de leur poids ou de leur importance relative. Ainsi le coût de l'échantillonnage n'est pas optimisé relativement à la précision des résultats.

 

2. Échantillonnage systématique (SYS)

 

1.1. Définition

 

Fig 1-1.jpg

C'est une technique qui consiste à tirer au hasard un i-ième élément situé entre le premier et le p-ième de la population statistique, puis à prélever systématiquement le (i + p)-ième, le (i + 2p)-ième, le (i + 3p)-ième… élément de la population (fig. 1 et 2). On obtient finalement n unités collectées selon un classement fondé sur une progression arithmétique dont la base est un nombre aléatoire i et la raison un nombre p calculé de telle sorte que l'échantillon se répartisse uniformément sur toute la population statistique. Contrairement à l'EAS, les unités ne sont pas prélevées indépendamment les unes des autres puisque le choix de i et de p détermine la composition de tout l'échantillon.

 

1.2. Protocole de sélection des unités d'échantillonnage

 

Il est simple quand les éléments de la population statistique sont accessibles et en nombre connu. On choisit n en fonction de l'effort d'échantillonnage consenti ; on calcule la raison p = N/n et on tire au hasard l'élément i compris entre 1 et p ; on effectue ensuite un prélèvement toutes les p unités.

 

Lorsque N est inconnu et qu'il est difficile d'en estimer l'ordre de grandeur, p est fixé arbitrairement. Il n'est donc plus possible de choisir l'effectif n. C'est au cours du déroulement des opérations qu'on jugera si la raison p est trop grande ou trop petite.

Fig 2-1.jpg

1.3. Avantages du plan


•  Il est plus commode à mettre en œuvre que l'EAS. Ainsi, la répartition d'un ensemble de relevés dans un intervalle de temps ou au sein d'une population statistique linéaire (lit d'une rivière, lisière d'une forêt, route d'un navire) est facile à réaliser avec SYS.

 

•  Si l'on est assuré que tous les éléments de la population statistique se présentent dans un ordre aléatoire, alors ce plan est équivalent à l'EAS dont il cumule les avantages avec les siens propres.

 

•  Si la population biologique présente des phénomènes d'autocorrélation positive, c'est-à-dire si les descriptions yi et yj sont d'autant plus semblables que les éléments i et j sont proches, SYS est plus efficace que EAS. En effet, par le fait du hasard, l'EAS comporte des relevés rapprochés qui apportent une information redondante et d'autres éloignés entre lesquels la variable étudiée est mal représentée. Les phénomènes d'autocorrélation ne sont pas rares en écologie. Par exemple, les variations dans l'espace et dans le temps des conditions météorologiques sont corrélées positivement. Mattern (1960) a montré que les stations d'échantillonnage corrélées positivement devaient être disposées spatialement en quinconce, disposition qui maximise la distance entre relevés.

 

•  Si les éléments de la population statistique présentent une tendance linéaire au niveau de la variable étudiée, SYS est alors plus efficace que EAS. Un tel type de variations est fréquent en écologie : gradient d'altitude, de profondeur d'eau, de salinité, d'émersion, de hauteur de végétation, évolution temporelle d'un phénomène naturel : recrutement d'une population…

 

1.4. Contraintes et inconvénients du plan

 

•  Si la population présente une structure périodique et que la période p de prélèvement est proche de la longueur d'onde des variations du phénomène à étudier ou d'un multiple entier de celle-ci (harmonique), alors une importante erreur systématique est créée.

 

•  Or en écologie, les phénomènes cycliques sont fréquents : rythmes saisonniers, lunaires, circadiens ; fluctuations d'abondance de certaines populations animales ou végétales (fig. 3). Par exemple, ce n'est pas avec des prises espacées de 24 heures qu'on mettra en évidence les migrations à rythme nycthéméral du plancton ou les émergences des furcocercaires des Schistosomes.

Fig 3-1.jpg

 

Dans le cas de plantations régulières ou dans le cas de rookeries (colonies d'individus regroupés), SYS peut générer un biais difficile à détecter lorsque les éléments de la périphérie diffèrent de ceux du centre.

 

•  Comme l'EAS, SYS n'utilise pas des relevés antérieurs ou concomittants. Il ne permet pas de collecter préférentiellement des éléments privilégiés dont l'accès ou l'examen serait plus commodes. Enfin, il n'ajuste pas la probabilité de sélection des éléments en fonction de leur poids ou de leur importance relative.

 

3. Échantillonnage stratifié (STR)

 

1.1. Définition

 

L'échantillonnage stratifié (STR) est une technique qui consiste à subdiviser une population statistique hétérogène en sous-populations ou strates plus homogènes, mutuellement exclusives et collectivement exhaustives. La population statistique hétérogène d'effectif N est ainsi découpée en k strates plus homogènes d'effectif Nk tels que N = N1 + N2 + N3 + … + Nk. Un échantillon indépendant est ensuite prélevé au niveau de chaque strate en appliquant un plan d'échantillonnage au choix de l'opérateur.

 

1.2. Protocole de sélection des unités d'échantillonnage

 

L'application de ce plan soulève deux questions principales :

 

- comment construire les strates ?

- quels efforts et plans d'échantillonnage adopter dans chaque strate pour obtenir le plein bénéfice de la stratification ?

 

•  Critères de stratification

 

Le choix du meilleur critère semblerait être la variable étudiée puisque le découpage de sa distribution de fréquence en différentes classes ou strates réduit automatiquement la variance intra-strates et augmente par le fait même, l'homogénéité au sein des strates. Ce critère n'est pas réaliste car il suppose la connaissance a priori du phénomène à étudier.

 

En pratique, on utilise une autre variable x, appelée stratificateur. Le stratificateur doit être corrélé le mieux possible avec la variable étudiée car plus la corrélation est étroite, plus le gain de précision apporté par la stratification est élevé.

 

Cependant le critère de stratification peut être qualitatif, ouvrant alors la porte à de multiples possibilités. Par exemple, dans un lac, on étudiera la répartition de telle espèce benthique en fonction de la profondeur ou de la nature du substrat : vase, sable, graviers, galets, blocs, litières, hydrophytes, bryophytes, algues, etc…, chaque substrat ou chaque profondeur constituant autant de strates plus homogènes que ne l'est l'ensemble du lac.

 

Le critère de stratification n'est pas forcément unique. Il peut y en avoir deux ou trois. On parle alors de double ou de triple stratification. Ex : profondeur et substrat, vitesse du courant et substrat…

 

•  Nombre de strates

 

L'augmentation du nombre de strates améliore la précision mais accroît la lourdeur du protocole. Au delà de 5 à 6 strates, l'expérience montre que le gain de précision est généralement faible par rapport au surcroît de travail. Souvent le choix du nombre de strates est guidé par la nature de l'échantillonnage, notamment lorsque le critère est qualitatif : limites géographiques ou administratives, typologie de la végétation, nature des fonds d'un lac ou d'une rivière, etc… Même lorsque le critère est quantitatif, on peut préfixer le nombre de strates : 8 cases S-V dans l'IBGN ; structure d'âge d'une population déjà distribuée en classes de taille qui constituent autant de strates.

 

•  Limites des strates

 

Si le critère de stratification est qualitatif, il faut et il suffit de définir clairement les frontières entre chaque strate de façon à éviter les ambiguïtés. Par exemple, vases, sables, graviers, galets, blocs seront définis par une échelle granulométrique.

 

Si le critère de stratification est quantitatif, les limites des strates peuvent être définies par des contraintes préalables (cf plus haut : classes d'âge et classes de taille).

 

Si le critère de stratification est quantitatif, sans contraintes préalables, on doit fixer des limites minimisant la variance des estimateurs.

 

•  Effort d'échantillonnage dans chacune des strates

 

Il s'agit de déterminer l'effectif des échantillons dans chaque strate. Trois stratégies d'allocation peuvent être développées à cet égard.

 

- L'allocation proportionnelle consiste à prélever un échantillon dont l'effectif nh est directement proportionnel à l'effectif Nh de la strate h. Ce type d'allocation a l'avantage de conduire à un protocole d'échantillonnage simple à mettre en œuvre.

 

- L'allocation optimale consiste à moduler l'effort d'échantillonnage afin de minimiser le coût total de l'opération pour une précision données ou de maximiser la précision pour un coût total fixé. L'effectif nh de l'échantillon doit être d'autant plus élevé que la variance de la strate est grande, que son effectif Nh est élevé, que le coût unitaire d'échantillonnage ch est faible.

 

- L'allocation de compromis consiste à fixer un nombre minimal d'éléments dans chaque strate (règle du butoir), puis à effectuer intuitivement l'effort résiduel dans chaque strate en fonction des mêmes règles que précédemment, à savoir que nh sera d'autant plus élevé que Sh (richesse spécifique dans la strate h) et Nh seront grands et ch petit.

 

L'allocation optimale et, en principe, l'allocation de compromis supposent des informations prérequises sur chaque strate. Il est rare que l'on dispose a priori de telles informations. La règle est donc de procéder à une enquête préalable souvent sous la forme d'un double échantillonnage, ce qui malheureusement alourdit le protocole. Mais quand on s'adresse à une macrofaune ou à une macroflore, l'homogénéité d'une strate est souvent appréciée par l'observation directe, même si elle ne peut pas être rigoureusement planifiée. Dans ce cas, l'allocation proportionnelle, voire une allocation largement intuitive sont recevables.

 

•  Choix du plan d'échantillonnage dans chaque strate

 

Dans la mesure où l'échantillonnage d'une strate est totalement indépendant de celui d'une autre, il n'est pas nécessaire de choisir le même plan d'échantillonnage dans chaque strate. N'importe quel plan est donc recevable sous réserve d'en tenir compte pour les traitements statistiques ultérieurs. Dans la majorité des cas, le choix d'un EAS qui consiste à prélever un échantillon aléatoire dans chacune des strates est le plus judicieux.

 

Mais on peut procéder à une stratification de 2e ordre dans tout ou partie des strates de 1er ordre. Par exemple, si dans une population de poissons, on étudie la relation taille-poids et que les caractères sexuels sont visibles sur les 2+ (animaux dans leur 3e année), il est recommandé de faire deux sous-strates, l'une des mâles, l'autre des femelles dans chacune des strates de 1er ordre où le sexe est reconnaissable.

 

1.3. Avantages du plan

 

•  Même très rudimentaire, la stratification apporte des gains de précision appréciables. C'est la méthode adoptée dans l'IBGN, les pêches en lac, l'étude des sédiments lacustres.

 

•  Ce plan permet de profiter de situations particulières, chaque situation s'identifiant à une strate. C'est le cas quand des divisions naturelles facilitent le découpage du domaine à échantillonner, lorsque plusieurs équipes se partagent le travail…

 

•  Ce plan constitue une solution avantageuse au problème de l'optimisation de l'effort d'échantillonnage.

 

1.4. Inconvénients du plan

 

•  STR nécessite une planification rigoureuse des protocoles et entraîne des calculs laborieux.

•  Une erreur d'appréciation des strates (rapport Nh/N) entraîne un biais considérable.

•  Un critère de stratification qualitatif doit être judicieusement choisi.

•  Un critère quantitatif sans contraintes préalables nécessite souvent un double échantillonnage et, par conséquent, un grand nombre de prélèvements. Il faut donc choisir un critère de stratification simple.

•  Ce plan restreint le champ d'application des techniques habituelles de statistiques multidimensionnelles.

 

4. Échantillonnage avec régression (REG)

 

1.1. Définition

 

C'est une méthode qui consiste à corriger l'estimation Ŷ de la moyenne d'un échantillon aléatoire en fonction des résultats obtenus sur une variable auxiliaire x. Cet ajustement, qui repose sur la corrélation existant entre les variables y et x et sur la connaissance ou l'obtention de la moyenne  X de la population, s'exprime dans le second terme du modèle de régression linéaire suivant :

fig1.jpg
2772828515.jpg
représente l'estimation de la moyenne de la population et b la pente de la droite reliant x et y (fig. 4).
Fig 4-1.jpg

1.2. Exemples

 

•  Étude portant sur les réserves lipidiques des oiseaux migrateurs

 

La capacité migratoire d'un oiseau est fonction des réserves lipidiques qu'il accumule. La détermination de la quantité totale de graisse d'un oiseau entraîne le sacrifice de l'animal et un ensemble d'opérations réclamant plusieurs heures par animal.

 

Une autre méthode plus approximative consiste à apprécier visuellement la quantité de graisse sous-cutanée déposée dans la fosse claviculaire. L'indice d'adiposité qui en résulte s'évalue en quelques secondes et l'oiseau examiné peut poursuivre sa migration. Le double échantillonnage en vue de l'estimation par régression est particulièrement bien indiqué dans ce cas, car l'indice d'adiposité, facilement mesurable sur un grand nombre n' d'oiseaux peut alors servir de variable auxiliaire x et la quantité yi de graisse, difficile à mesurer, peut être déterminée sur quelques-uns (n) des n' oiseaux capturés. Scherrer (1972) trouve une corrélation élevée (0,9) entre les deux variables sur une population de mésanges. Il montre que, dans ce cas et compte tenu du coût estimé des différentes opérations (durée et frais de déplacement), le gain de précision maximal est obtenu pour un rapport de n = 94 oiseaux sacrifiés pour n' = 1492 oiseaux examinés puis relâchés.

 

•  Étude des sédiments lacustres du Jura

 

Il existe une corrélation de 0,95 entre la réflectance (ou albedo) du sédiment et sa teneur en carbonate de calcium et de -0,95 entre la réflectance et la teneur en matière organique. Bien que la régression ne soit pas linéaire, l'utilisation d'une abaque permet de remplacer de longues et coûteuses analyses chimiques par la simple mesure d'un paramètre physique qui sert de variable auxiliaire.

 

1.3. Avantages du plan

 

•  REG s'impose quand la variable étudiée impose le sacrifice d'éléments qui doivent être préservées pour des raisons éthiques en raison de la rareté de l'espèce ou du rôle des individus dans la poursuite de l'expérience. Cette situation est courante en biométrie.

 

1.4. Inconvénients du plan

 

•       REG ne s'emploie qu'avec des variables qualitatives simples. Il est inutilisable avec les pourcentages ou les variables quotients.

 

•       La relation entre x (transformé ou non) et y doit être linéaire. Sinon, il faut stratifier et la contrainte relative à l'effectif devient importante (chaque nh ≥ 50).

 

•       La majorité des programmes informatiques ne sont pas conçus pour ce plan.

 

5. Échantillonnage par degrés (DEG)

 

1.1. Définition

 

Cette méthode regroupe toute une batterie de plans d'échantillonnage caractérisés par un système ramifié et hiérarchisé d'unités (fig. 6-9).

Chacune des N unités de la population statistique appelées unités primaires ou grappes, se compose de Mi sous-unités plus petites appelées unités secondaires qui elles-mêmes peuvent comporter Kij unités tertiaires… À chaque niveau, un EAS peut être effectué. Si l'on en fait qu'un, on parle d'échantillonnage du 1er degré ; si l'on en fait deux, d'échantillonnage du 2e degré, si l'on en fait trois, d'échantillonnage du 3e degré…

 

Fig 6-1.jpg

L'échantillonnage du 1er degré (échantillonnage par grappes) consiste à prélever aléatoirement n unités primaires ou grappes parmi les N unités primaires de la population et à mesurer les Mi sous-unités c'est-à-dire toutes les unités secondaires des n grappes sélectionnées.

 

Fig 7-1.jpg
Fig 8-1.jpg
L'échantillonnage du 2e degré (sous-échantillonnage) consiste à réaliser deux échantillons aléatoires. Le premier d'effectif n se rapporte aux unités primaires. Le second d'effectif
fig8-1.jpg
comporte mi des Mi unités secondaires de chacune des n unités primaires sélectionnées. Il s'agit donc d'un échantillonnage du 1er degré mais dans lequel toutes les Mi sous-unités de la grappe ne sont pas mesurées.

L'échantillonnage du 3e voire du 4e degré constitue une extension de ce principe de sous-échantillonnage.

Fig 9-1.jpg

 

Les unités primaires, secondaires, etc… ne sont pas obligatoirement de la même taille. Si elles le sont, on pratique EAS et SYST.

 

1.2. Exemple

 

Pour étudier les caractéristiques des populations de poissons récoltés par des pêcheurs sportifs dans les parcs naturels du Québec, les biologistes du service de la faune utilisent l'échantillonnage du 3e degré. C'est de cette façon que la structure d'âge de la population de brochets est étudiée.

 

n lacs (unités primaires) sont choisis aléatoirement parmi les N lacs du parc ;

mi barques (unités secondaires) sont choisies parmi les Mi barques du i-ième lac échantillonné ;

kij brochets (unités tertiaires) des Kij brochets de la j-ième barque du i-ième lac sont prélevés aléatoirement en vue de l'extraction d'une écaille qui permettra la détermination de l'âge par scalimétrie.

 

1.3. Protocole de sélection des unités d'échantillonnage

 

•  Définition des unités

 

Il s'agit de préciser quels sont les éléments, les grappes qui décomposent la population. En pratique,

- les grappes correspondent souvent aux structures de la population : pontes, nids, colonies, troupeaux ou bancs de poissons…

- les grappes peuvent être liées à la technique de récolte : prise d'un bateau, d'un filet, à plancton, d'une benne, d'un carottier…

- les grappes peuvent se rapporter à des entités naturelles composées d'éléments de dimensions arbitraires : bassin-versant ou lac.

 

Après avoir précisé la nature des différentes unités à tous les degrés de l'échantillonnage, il faut s'assurer que les grappes sont mutuellement exclusives et collectivement exhaustives. Ce qui revient à vérifier que le système d'unités qui se ramifie inclut toutes les unités élémentaires de la population et que chacune de ces dernières n'apparaît qu'une fois au sein des unités du niveau supérieur. L'exhaustivité est souvent difficile à apprécier en raison de la sélectivité des engins de capture. Ainsi, les filets à poissons ou à oiseaux, les pièges à insectes… constituent les grappes de la population capturée et non de l'ensemble de la population biologique puisque l'ensemble des pièges installés ne capture par la totalité de la population.

 

•  Choix de la taille des éléments

 

Quand les éléments de la population sont naturels, la question ne se pose pas.

 

Il peut s'agir de quadrats, de périodes d'observation… dont on ne peut modifier la surface, le volume, la durée, c'est-à-dire la taille. Cette taille peut être déterminée par des méthodes normalisées.

En général, les plus petites unités sont les meilleures car elles autorisent la constitution de grands échantillons qui ont pour effet de diminuer le biais de certains estimateurs et d'accroître la robustesse de la majorité des tests. Ainsi, il sera préférable que le rapport de la surface ou du volume de l'entité examinée à la surface ou au volume de l'unité élémentaire d'échantillonnage soit inférieur ou égal à 0,05 (Green, 1979).

 

•  Choix de la taille des grappes

 

Lorsque les grappes correspondent à des regroupements naturels, évidents ou obligatoires (lacs, barques), le problème du choix ne se pose pas.

 

Les grappes qui correspondent à des regroupements artificiels d'éléments sont construites soit intuitivement, soit à l'aide de méthodes d'optimisation. On tient compte des considérations suivantes :

 

- construire des grappes de même taille ;

- tenir compte des coûts engendrés par le passage d'une grappe à l'autre ou de l'exploration de grappes trop grandes ;

- choisir une unité fonctionnelle qui facilite le travail.

 

•  Répartition de l'effort d'échantillonnage

 

Cette répartition se fait en tenant compte

 

- des coûts unitaires d'échantillonnage ;

- de la variabilité des données aux différents niveaux d'unités.

 

1.4. Avantages du plan

 

•  DEG est peu contraignant car il ne requiert pas la liste complète ou un agencement particulier des éléments de la population statistique.

•  Sur le terrain, DEG se révèle économique, facilement adaptable aux conditions particulières de chaque étude et peu perturbant sur l'ensemble étudié.

•  DEG se combine facilement avec STR avec lequel il présente des convergences méthodologiques.

 

1.5. Inconvénients du plan

 

•  DEG est moins efficace que EAS et SYS lorsque le coefficient de corrélation intra-grappe se révèle très élevé, c'est-à-dire quand les grappes se composent d'éléments qui se ressemblent beaucoup.

•  Le calcul des estimateurs, l'application de certains tests d'hypothèses et de différentes techniques d'analyse multidimensionnelle est difficile.

•  DEG nécessite une planification très élaborée. L'harmonisation de l'ensemble des opérations pour arriver à un protocole d'échantillonnage commode est complexe et longue.

 

V. CONCLUSION

 

Les quelques plans d'échantillonnage exposés ici ne sont pas exhaustifs. Il est possible de concevoir d'autres plans ou d'autres combinaisons de plans d'échantillonnage[1]. L'échantillonnage est une opération décisive et délicate qui demande certaines précautions.

Le traitement statistique des données (calcul des estimateurs, analyse des données) devra être effectué sur des exemples.

La réflexion sur l'échantillonnage doit toujours précéder la récolte des données. Planifier un échantillonnage, c'est répondre à trois questions :

- la manière d'observer est-elle pertinente pour ce que je veux observer ;

- les coûts consentis pour l'échantillonnage sont-ils répartis de manière à optimiser les observations ?

- les données recueillies sont-elles susceptibles d'être traitées par telle analyse statistique qui en facilitera l'interprétation ?

C'est en fonction des réponses à ces trois questions que chaque opérateur élaborera pour chaque étude son plan d'échantillonnage.


Source : Cours d'écologie de André Guyard

[1] Voir Scherrer B. dans Frontier S. (1983). - Stratégies d'échantillonnage en écologie. Masson Ed.

La pêche en Franche-Comté aux XIIIe-XVe siècles

La pêche-logo.jpgLa pêche en Franche-Comté aux XIIIe-XVe siècles

De l'eau à la bouche

 

un ouvrage de Pierre Gresser

 

À la fin du Moyen Âge, les poissons d'eau douce jouaient, dans l'alimentation des Comtois, un rôle beaucoup plus important qu'en ce début du XXIe siècle. Provenant des eaux vives, des lacs, des étangs et des viviers, ils étaient pêchés dans des conditions juridiques, économiques et techniques relativement bien connues, certains instruments et procédés préfigurant ceux de l'époque contemporaine.

 

Si la majorité des pêcheurs s'adonnaient à leur activité légalement, d'autres fraudaient en braconnant. Par ailleurs, la documentation médiévale, ayant conservé les noms des espèces vendues et mangées, rend possible la comparaison avec la faune halieutique actuelle, pour constater permanences et changements.

 

Alors que les propriétaires, dont les princes, s'approvisionnaient directement dans les eaux qu'ils possédaient, les poissons faisaient aussi l'objet d'un commerce, surtout perceptible dans les villes, qui alimentait toutes les couches de la société. Les temps forts de la consommation correspondaient aux jours où la viande était proscrite par les prescriptions alimentaires de l'Église, le carême étant la période la plus célèbre.

 

Au total, une étude qui nous introduit dans un aspect méconnu de l'économie rurale et de l'alimentation en Franche-Comté, aux trois derniers siècles du Moyen Âge.

 

Né à Lons-le-Saunier, agrégé d'histoire, docteur en histoire du Moyen Âge, Pierre Gresser est actuellement professeur émérite à l'université de Franche-Comté. Toute sa recherche porte sur les propriétés des comtes de Bourgogne aux XIVe et XVe siècles et, en particulier, l'administration et la gestion des eaux et forêts. Auteur de plusieurs ouvrages individuels et collectifs, ainsi que de nombreux articles personnels, Pierre Gresser a reçu, en 2005, le grade de docteur ès lettres honoris causa de l'université de Neuchâtel.

 

La pêche-1.jpg

Illustration de couverture : Le brochet, la perche et l'anguille : trois carnassiers appréciés au Moyen Âge. LA CÉPÈDE (comte de), Histoire naturelle des poissons, Plassans, 1793-1803 (11 volumes). Planche répertoriée au Musée Denon (réserves) de Châlon-sur-Saône sous la cote 2001-8-1.

 

La pêche en Franche-Comté aux XIIIe-XVe siècles, paru en avril 2010, est édité chez Cêtre.

 

Contact :

Pierre Gresser - Université de Franche-Comté

Tél. (0033/0) 3 81 56 82 91

p.gresser@wanadoo.fr

La pêche électrique

Description du dispositif de pêche. Principe de fonctionnement. Précautions d'utilisation. Applications à la pêche scientifique.

 

Lire la suite

Échantillonnage des poissons lacustres

filets-verticaux_01-1.jpgÉchantillonnage des poissons lacustres :

les filets verticaux à enroulement

 

par André Guyard

 

 

Un système de filets verticaux à enroulement permet une meilleure prospection de tout le volume d'eau avec l'exploration différentielle des habitats-poissons. La confrontation des résultats obtenus dans des conditions similaires montre l'efficacité de la méthode par rapport aux systèmes classiques. Déterminée avec ce protocole, la distribution d'abondance des quinze espèces de poissons capturés montre que l'ichtyofaune de la retenue de Vouglans est dominée par les espèces les plus euryèces : Gardon, Brèmes, Ablette et Perche.

 

L'échantillonnage de l'ichtyofaune s'effectue traditionnellement à l'aide de filets professionnels usuels : filets emmêlants de type tramail ou filets maillants (araignées, pics ou filets de surface).

 

Du point de vue méthodologique, les auteurs (C.E.M.A.G.R.E.F, 1986, E.P.R. Franche-Comté, 1986 et VERNEAUX, 1986) soulignent l'insuffisance de ce mode d'échantillonnage pour plusieurs raisons :

 

—   l'emploi de filets de type traditionnel de hauteur limitée interdit l'exploration simultanée de toute la tranche d'eau, notamment en zone centrale ;

 

—   les dimensions et le mode de relevage des filets pélagiques ne permettent pas un repérage précis des prises dans l'espace aquatique ;

 

—   pour des raisons pratiques, il est difficile de disposer dans le même biotope une batterie de filets comportant une gamme suffisante de maillages, ce qui accroît la sélectivité du système ;

 

—   enfin, les classes de tailles les plus faibles sont très peu capturées.

 

filets-verticaux_04-1.jpg
Batterie de filets en place en zone pélagique dans le lac Saint-Point
(Cliché P. Vaudaux)

 

Le dispositif des filets verticaux à enroulement pallie le mieux possible ces différents inconvénients et permet d'associer protocole de capture et cartographie habitationnelle.

 

Inspirée de la méthode de BARTOO et al. (1973), est utilisée comme unité d'effort de pêche une batterie de six filets verticaux, d'une largeur de 2 m, et d'une gamme de mailles s'échelonnant de 10 mm à 60 mm. Ce dispositif expérimenté pour la première fois au lac de Saint-Point, est décrit par CUINET & VAUDAUX (1986) puis par PÉNIL, HEIDMANN et RAYMOND (1987).

 

filets-verticaux_10-1.jpg
Potences du bateau destinées à supporter les filets enroulés
(Cliché P. Vaudaux)

 

Chaque filet est enroulé sur un tube en PVC étanche servant de flotteur. L'enrouleur étant posé sur deux potences solidaires de l'embarcation, un système de manivelle permet à l'exécutant de dérouler le filet lors de la tendue sur toute la hauteur de la tranche d'eau.

01_Vouglans_filet-1.jpg
Un filet vertical à enroulement

 

Le filet est constitué d'une nappe monofilament de couleur vert pâle invisible dans l'eau. Afin d'éviter le vrillage provoqué par le vent, les courants ou les captures les plus importantes, des raidisseurs en polyéthylène translucide de densité voisine de 1, jalonnent le filet tous les dix mètres. La ralingue de fond, lestée de plomb, est également munie d'un raidisseur.

 

filets-verticaux_07-1.jpg
Capture d'ablettes en maille de 10 mm
(Cliché P. Vaudaux)

filets-verticaux_08-1.jpg
Capture d'un gardon
(Cliché P. Vaudaux)

filets-verticaux_05-1.jpg
Capture d'une Truite arc-en-ciel
(Cliché P. Vaudaux)

filets-verticaux_06-1.jpg
Capture d'un corégone
(Cliché P. Vaudaux)

filets-verticaux_09-1.jpg
Capture d'un brochet en maille de 100 mm
(Cliché P. Vaudaux)

Les ralingues de bordure sont munies d'une graduation métrique dont la lecture indique, lors du relevage du filet par enroulement sur le flotteur-enrouleur, la distance au fond de chaque capture.

 

Pour des raisons de commodité lors de l'échantillonnage des profondeurs inférieures à 2 m, ce dispositif est remplacé par une petite araignée d'une largeur constante de 2 m et utilisée sur toute la tranche d'eau comme un filet vertical dont le flotteur-enrouleur serait remplacé par une ralingue de flotteurs en balsa gainé.

 

Pour en savoir plus :

 

BARTOO, N.W., HANSEN, R.G. et WYDOVSKI, R.S. (1973) — A portable vertical gillnet System. Progr. Fish-Cutt. 35 ; 231-233.

 

C.E.M.A.G.R.E.F., (1986) — Étude des populations ichtyologiques des grands plans d'au : La retenue de Vouglans (Jura). Rapport dactylogr. : 21 p. + 2 annexes.

 

CUINET, A. et VAUDAUX, P. (1986) — Contribution à la mise au point d'un nouveau protocole d'échantillonnage de la faune ichtyologique des lacs. Mém. D.E.S.S. Hydrobiol. Univ. Fr.-Comté : 138 p. + annexes.

 

GRANDMOTTET, J.-P. (1983) — Principales exigences de 30 Téléostéens dulcicoles vis-à-vis de l'habitat. Ann. Sc. Univ. Fr.-Comté. Biol. anim. 4(4) : 3-32.

 

GUYARD A., GRANDMOTTET J.-P. & VERNEAUX J. (1989) — Utilisation de batteries de filets verticaux à enroulement : nouvelle technique d'échantillonnage de la faune ichtyologique lacustre. Application à l'étude du peuplement pisciaire de la retenue du barrage de Vouglans (Jura). Ann. Sc. Univ. Fr.-Comté. Biol. anim. 5(1) : 59-70.

 

Qu'est-ce qu'un lac ?

Un lac est une étendue d'eau libre stagnante remplissant une dépression naturelle des continents, sans contact direct avec les océans. On le caractérise par différents paramètres morphologiques. Il occupe une dépression due à différents agents tectoniques, géologiques ou géographiques. La morphologie du lac dépend de son origine, de son mode d'alimentation et de son âge.

Lire la suite

Les lacs : généralités

Notions de limnologie. Différents types de lacs. Zonation limnétique

Lire la suite

14/06/2010

Classification trophique des lacs

Classification trophique des lacs. Le réseau alimentaire. Eutrophisation et pollution

Lire la suite

11/06/2010

Principaux lacs du Jura

Caractéristiques des principaux lacs du Massif du Jura

Lire la suite

08/06/2010

Poissons des lacs du Jura

Les poissons des lacs du Jura. Échantillonnage et courbes de croissance

Lire la suite

07/06/2010

Proliférations algales dans la haute vallée du Doubs

Les récentes constatations de la pollution de la Loue par une efflorescence de Cyanobactéries (ou Algues Bleues) a semé l'émoi dans la population, les pêcheurs et les touristes. Pourtant les épisodes estivaux de prolifération algale ne sont pas rares dans la région.

Lire la suite

Proliférations de Cyanobactéries dans la Loue

Une pollution de la Loue a entraîné une prolifération de Cyanobactéries toxiques. Ces organismes émettent des toxines mettant en danger la vie aquatique et notamment les populations de truites

Lire la suite