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15/02/2013

La Linaigrette à larges feuilles

La Linaigrette à larges feuilles

 

La Linaigrette à larges feuilles Eriophorum latifolium HOPPE  appartient à la famille des Cypéracées (laiches en Franche-Comté).


II y a peu de plantes dont la plus grande beauté réside non dans leurs fleurs fraîches mais dans leurs fleurs fanées. La Linaigrette est une de celles-là, même si, pour apprécier sa grâce, on juge selon des catégories purement anthropomorphiques, ses poils blancs ouateux ne sont absolument pas une parure. Les Linaigrettes poussent souvent en terrain découvert où souffle le vent qui emporte les touffes blanches et, en même temps, les akènes mûrs.

 

Le genre Eriophorum a une grande extension : E. angustifolium HONCK. et E. vaginatum L. poussent sur tout le pourtour de la zone tempérée de l'hémisphère nord et dans les régions arctiques ; la Linaigrette (L. latifolium) pousse dans la zone tempérée de l'Ancien Monde : c'est un élément euro-sibérien.

 

Les Linaigrettes se voient de loin près des sources, dans les marécages et les plaines marécageuses et au bord des étangs, dans ces lieux où ne souffrant que peu de la concurrence, elles peuvent former de grands peuplements d'une émouvante beauté en été. E. vaginatum est plus abondante dans les tourbières de montagne jusqu'à l'étage subalpin ; son inflorescence est particulière : la tige se termine par un seul épillet, plus tard cotonneux. Dans les Alpes centrales, elle pousse jusqu'à 2600 mètres d'altitude.

 

Ces plantes portent le nom scientifique d'Eriophorum qui vient de deux termes grecs Erion = laine et Serein = porter qu'on leur a donné à cause de leur particularité morphologique.

 

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Les Eriophorum sont des plantes vivaces, en touffes, (par exemple E. latifolium) (1) ou à rejets (E. angustifolium). Les tiges dressées sont terminées par un seul (2) E. vaginatum) ou plusieurs épillets, plus tard pendants, à long pétiole (3). Les épillets sont à plusieurs fleurs. Les fleurs ont un périanthe formé de poils lisses qui s'allongent après la floraison et forment une touffe blanchâtre ébouriffée (4).

 

Les Linaigrettes fleurissent de bonne heure (entre mars et juin suivant la situation) mais leurs fleurs ne sont pas apparentes (5). Ce n'est que quand les poils blancs du périanthe se sont allongés que, au bord des eaux et dans les prairies, les Linaigrettes connaissent leur gloire.

 

Source :

V. Vetvicka (1981). - Plantes du bord de l'eau et des prairies. Ed. Gründ.

Les Pétasites fleurissent en avril, parfois au début de mai.

 

Le Pétasite officinal

Le Pétasite officinal

 

Le Pétasite officinal [Petasites hybridus (L) G. M. SCH.L.] appelé vulgairement l'Herbe aux teigneux appartient à la famille des  Astéracées (ex-Composées). Les pétasites croissent au bord des ruisseaux et des collections d'eau. Ce sont des amphiphytes dits colonisateurs des rives.

 

La plante est exceptionnelle. Son entrée dans la classification ou ses modes de multiplication ont posé de nombreux problèmes aux spécialistes.

 

Sur les bords des cours d'eau, en particulier en montagne, les premiers Pétasites apparaissent au début du printemps. Dès les premières chaleurs s'élèvent des hampes écailleuses, terminées par des grappes de capitules assez pauvres en fleurs. Sur la plante tout entière, on trouve dans les capitules soit des fleurs centrales hermaphrodites et sur les bords quelques fleurs femelles (parfois absentes), soit seulement quelques fleurs centrales hermaphrodites et beaucoup de fleurs femelles sur le bord. Les plantes du premier type sont considérées comme mâles (elles produisent surtout du pollen), les secondes comme femelles. Dans la nature, les deux sexes ne sont pas représentés également.

 

En Grande-Bretagne, par exemple, les plantes femelles poussent surtout dans le centre de l'Angleterre alors que les plantes mâles sont représentées partout. Pourtant, il ne manque de Pétasites nulle part. Ils sont remarquables par leur exceptionnelle capacité de se multiplier rapidement par leur long rhizome. C'est aussi pourquoi on rencontre rarement une fleur isolée mais toujours un peuplement continu de Pétasites. Après la floraison, la vie du Pétasite connaît une deuxième étape : la pousse de très grandes feuilles. Eles sont parmi les plus grandes feuilles des plantes de la zone tempérée : une feuille de Pétasite peut mesurer 1,20 x 1 mètre.

 

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Les Pétasites sont, depuis des siècles, des plantes médicinales : Le rhizome contient une substance qui est un remède dans les maladies des voies respiratoires et un antitussif.

 

Le Pétasite officinal produit au printemps des hampes florifères aux écailles rouges et aux filets des fleurs courts (1). Les feuilles sont vertes sur les deux faces, régulièrement dentelées, en forme de cœur à la base. Il pousse dans toute l'Europe, en plaine comme en montagne.

 

Dans les montagnes ou à leur pied, on trouve, dans la partie subocéanique de l'Europe, le Pétasite blanc [Petasites albus (L.) GAERTN. ]. Les écailles des hampes florifères sont vert pâle comme les bractées des capitules et les filets sont longs et pointus (2). Les feuilles sont blanc duveteux sur l'envers, profondément dentées et les lobes de la base se touchent presque (3).

 

En Europe occidentale, on assiste actuellement à une multiplication végétative rapide de P. japonicus F. SCHMIDT (4) originaire de l'est de l'Asie et introduit comme plante ornementale dans les jardins.

 

Les Pétasites fleurissent en avril, parfois au début de mai.

 

Source :

V. Vetvicka (1981). - Plantes du bord de l'eau et des prairies. Ed. Gründ.

La Prêle des marais

La Prêle des marais

 

La Prêle des marais (Equisetum fluviatile L.) appartient à la famille des Équisétacées. Il s'agit d'une plante amphiphyte inféodée aux zones humides.

 

Les Prêles sont, au point de vue de révolution, des reliques. Elles sont les témoins d'anciennes périodes géologiques de l'histoire de la terre. Les ancêtres des Prêles actuelles ont leur place dans la formation des bassins houillers et elles constituent donc une des principales sources d'énergie de notre époque.

 

Parmi les Prêles actuelles, E. fluviatile L. et E palustre L. sont celles que l'on trouve le plus fréquemment sur les rives et dans les eaux peu profondes, en Europe. La première pousse souvent sur des sols acides (siliceux) ou tourbeux en particulier au pied des montagnes, formant des peuplements au bord des eaux dormantes où elle peut prédominer dans les roselières.

 

E. palustre apparaît souvent dans les prairies marécageuses et les pâturages humides sur les sols argileux, principalement à basse altitude; on ne la trouve que rarement dans les endroits élevés bien qu'on l'ait trouvée dans les Alpes à 2450 mètres d'altitude. Les deux espèces sont circumpolaires dans l'hémisphère nord.

 

Les Prêles, grâce à une multiplication végétative abondante, (les rhizomes articulés rampants s'enfoncent jusqu'à un mètre de profondeur) participent à l'envahissement des rives; elles sont coriaces et supportent des fauchaisons fréquentes. On a compté par exemple, sur un mètre carré de marécage fauché, 1300 tiges de Prêles des marais. Elle ne convient pas comme fourrage car ses membranes cellulaires contiennent trop d'acide silicique. Les Grecs les appelaient "queues de cheval" ou "crins de cheval" et ce nom, latinisé, leur est resté (equus = cheval, saeta = crins, longs poils).

 

Prêle-des-marais-450.jpg

Ce sont des plantes vivaces au rhizome souterrain formé de longs articles, aux tiges dressées, aux ramifications verticillées. Les tiges sont rayées, les articulations bien marquées ; la base de chaque article est entourée d'une gaine de feuilles écailleuses. Les plantes temporairement recouvertes d'eau forment souvent des racines dans ces "nœuds" (1).

 

Certaines Prêles forment deux sortes de tiges : printanières (fertiles) et estivales. E. fluviatile et E. palustre forment une seule tige verte terminée par un épi sporifère (2). Les épis sporifères apparaissent en été à l'extrémité des tiges. E. palustre a des tiges minces et des gaines à 6-10 dents (3); E. fluviatile a des tiges plus fortes, ovales, aux gaines à 15-30 dents (4).

 

Source :

V. Vetvicka (1981). - Plantes du bord de l'eau et des prairies. Ed. Gründ.

La Salicaire

La Salicaire

 

La Salicaire ou Lythrum salicaire (Lythrum salicaria L.) apparitent à la famille des  Lythracées. Il s'agit d'une plante amphiphytes inféodée aix zones humides.

 

Les Lythracées constituent une famille de plantes très intéressante. On en connaît des restes fossiles du début du Tertiaire trouvés en Angleterre. Elle renferme environ 25 genres et 450 espèces qui poussent souvent dans les endroits humides ou directement dans l'eau, depuis les tropiques jusqu'à la zone tempérée. Toutes les femmes connaissent le henné, produit par Lawsonia inermis L, plante iranienne qu'on trouve en Asie tropicale et en Afrique du Nord et que les Égyptiennes de l'Antiquité utilisaient déjà pour donner à leurs cheveux un beau reflet roux.

 

Le Lythrum salicaire pousse près des eaux et dans les prairies humides et tourbeuses, aussi bien aux Hébrides, en Écosse et en Scandinavie que dans la péninsule de Kola, dans les environs du lac Baïkal en Sibérie, à l'embouchure du Yang-Tsé en Chine, au Tibet, près du Jourdain, en Algérie, au Canada, au Pérou et dans le sud-est de l'Australie.

 

L'ouvrage de Charles Darwin, The different forms of flowers on plants of the same species, paru en 1877, a introduit la Salicaire dans l'histoire des sciences naturelles. Elle servit d'exemple pour expliquer l'hétérostylie dans le règne végétal et son rôle comme mécanisme s'opposant à l'autopollinisation.

 

Dans la médecine populaire, les feuilles de la Salicaire étaient utilisées comme désinfectant : les gens de la campagne mettaient sur les plaies ouvertes des compresses de feuilles fraîches de Salicaire.

 

Salicaire-450.jpg

 

La Salicaire est une plante vivace de 30 à 150 cm de haut, à robuste tige dressée, ramifiée dès la base et nettement quadrangulaire. Les feuilles sont entières, étroites, lancéolées. Les fleurs forment un faux épi à l'extrémité de la tige ou des ramifications latérales. Leur teinte rouge violacé particulière explique l'origine grecque de leur nom scientifique, lythron qui signifie ensanglanté.

 

Dans les peuplements de Salicaires on trouve des plantes à trois types de fleurs :

 

  • le premier (1) a de longs styles qui dépassent nettement six étamines courtes et six autres, un peu plus grandes, aux anthères jaunes ;

 

  • le second (2) a des styles très courts, six étamines longues à anthères bleu verdâtre et six étamines plus courtes à anthères jaunes ;

 

  • dans le troisième type (3), les styles sont de longueur intermédiaire, avec six étamines longues aux anthères bleues et six étamines plus courtes aux anthères Jaunes. La pollinisation ne se produit qu'entre stigmates et étamines de même longueur.

 

La Salicaire fleurit de juillet à septembre.

 

Source :

V. Vetvicka (1981). - Plantes du bord de l'eau et des prairies. Ed. Gründ.

 

Le Scirpe des bois

Le Scirpe des bois

 

Le Scirpe des bois Scirpus sylvaticus L. appartient à la famille des Cypéracées qu'on appelle laiches en Franche-Comté. Il se classe parmi les plantes amphiphytes caractéristiques des zones humides.

 

En latin, ce Scirpe est dit sylvaticus, pourtant on ne le trouve, dans les bois, que dans les mares, les chemins humides et les ornières. Dans les forêts naturelles, on ne le trouve en réalité que dans les aulnaies humides. Il pousse le plus souvent dans les prairies à Populage où il constitue généralement l'élément dominant ; il forme des peuplements indépendants au bord des rivières et aux environs des sources. Les peuplements de Scirpes sont accompagnés dans ces endroits de Carex, de Renoncules et de Joncs et ils sont assez dépendants du niveau de la nappe phréatique. Là où les eaux coulent rapidement, le Scirpe des bois forme des associations assez pauvres avec la Glycérie (Glyceria fluitans (L.) R.B.R.).

 

Les peuplements de Scirpes sont assez épais : ils recouvrent le sol à 90-100%. Leur valeur économique est à peu près nulle ; on a parfois utilisé les Scirpes pour la vannerie et comme litière.

 

C'est une plante qui pousse plutôt sur les hauteurs et au pied des montagnes ; dans les Alpes, elle pousse jusqu'à 1800 mètres d'altitude. Elle pousse de façon continue dans presque toute l'Europe, à l'exception des régions méditerranéenne et arctique ; elle forme des îlots en Sibérie.

 

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Le Scirpe des bois est une plante vivace, de 40 à 100 cm de haut, à rhizome formant des rejets, dont la tige dressée, triangulaire, est creuse. Les feuilles ont environ 1 cm de large et sont rugueuses sur le pourtour. Les tiges sont terminées par une très grande inflorescence, une anthèle. Celle-ci peut mesurer jusqu'à 30 cm. À l'extrémité des rameaux de l'inflorescence se trouvent des épillets à plusieurs fleurs. Ces fleurs sont hermaphrodites, ont 6 pièces florales caractéristiques, 3 étamines et un style à 3 divisions (1).

Ce Scirpe fleurit de mai à juillet.

 

Source :

V. Vetvicka (1981). - Plantes du bord de l'eau et des prairies. Ed. Gründ.

 

Le Carex vésiculeux

Le Carex vésiculeux

 

Le Carex vésiculeux Carex vesicaria L. apparitient à la famille des Cypéracées qu'on appelle laiches en Franche-Comté. Plantes des prairies humides, on le classe parmi les amphiphytes.


II n'est pas facile de choisir un représentant du genre Carex qui ait toutes les caractéristiques du genre : celui-ci est un des plus riches du monde végétal. Il rassemble environ 2000 espèces et on le rencontre dans le monde entier. Le nombre d'espèces de Carex d'Europe centrale approche la centaine. C'est un genre dont l'amplitude écologique est exceptionnellement grande. On y trouve de petits Carex des coteaux calcaires, rocheux et secs et des plantes aux touffes puissantes qui donnent, dans le monde entier, un aspect particulier aux terrains marécageux.

 

Les pêcheurs et les agriculteurs n'apprécient guère les Carex le long des eaux et dans les prairies humides. Dans les étangs peu profonds, les Carex représentent une étape vers l'envasement total ; ils constituent aussi un fourrage de qualité médiocre à cause de leur dureté et de leur acidité. Les peuplements de jeunes Carex n'étaient pâturés que par les chevaux. Les peuplements épais de C. brizoïdes L. poussant au bord des forêts et sur les rives des cours d'eau étaient fauchés, sèchés et utilisés pour rembourrer les sièges capitonnés.

 

On peut observer sur les rhizomes de certains Carex, tels que C. gracilis CURT. un géotropisme intéressant : le rhizome se développe toujours horizontalement quelle que soit l'orientation de la plante.

 

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Les Carex sont des plantes vivaces : certaines forment des touffes, d'autres telles que C. vesicaria et C. gracilis ont des rhizomes rampants à rejets. Leurs peuplements ressemblent à des prairies de Graminacées ; mais à la différence de ces dernières, beaucoup de Carex ont une tige anguleuse, le plus souvent triangulaire (1).

 

Les deux espèces citées ci-dessus ont des épillets floraux différenciés : mâles au sommet et femelles vers le bas. Le Carex vésiculeux (2) est l'un des plus répandus parmi les Carex ; il a des follicules apparents, jaune-verdâtre et gonflés (3).

 

C. gracilis est un Carex également abondant, grisâtre et formant de nombreux rejets (4); il pousse en plaine et en haute montagne. Ses follicules (5) n'ont pas de bec.

 

Les Carex fleurissent à la fin de mai, mais surtout en juin.

 

Source :

V. Vetvicka (1981). - Plantes du bord de l'eau et des prairies. Ed. Gründ.

Le Populage des marais

Le Populage des marais

 

Le Populage ou Caltha des marais Caltha palustris L. appartient à la famille des Renonculacées.

 

Le Populage (C. palustris ssp. palustris) pousse le plus souvent dans les prairies humides à eau stagnante ou sur les rives des étangs où il forme des peuplements caractéristiques. On le classe donc parmi les amphiphytes.

 

Les fleurs jaune d'or des Calthas paraissent de mars à juin. On rencontre le Populage dans l'hémisphère nord à la seule exception sans doute des régions arctiques du Canada et du Groenland. Le Caltha des marais est un complexe de petites races. Linné a été l'un des premiers à s'en apercevoir. Il a observé que, dans les populations européennes, les époques de floraison étaient différentes : en mars, en Hollande, d'avril à mai en Suède et en juin en Laponie. Cela correspond certainement aux conditions écologiques externes des régions considérées, mais il en découle aussi des conclusions taxonomiques et génétiques. Dans les caractères morphologiques également (par exemple dans le nombre des pièces du périanthe) le Caltha est assez variable et sa division en petites unités taxonomiques peut donc être justifiée. En Europe, les races (sans doute des sous-espèces) ont été constituées en groupes systématiques indépendants sur la base de la forme des fruits.

 

Populage-450.jpg

 

Le Populage est une plante vivace à tige charnue et ramifiée. La tige est dressée dans la race typique ; elle est ascendante et forme des racines aux nœuds dans les autres races. Les feuilles radicales ont un limbe arrondi en cœur (1) et un long pétiole, les feuilles caulinaires sont sessiles, réniformes (2). Les feuilles d'été se distinguent des feuilles du printemps par des dents plus marquées.

 

Les fleurs dont le périanthe est du type cinq contiennent un grand nombre d'étamines ; les fruits sont des follicules (3) qui restent longtemps sur le réceptacle.

 

Le Populage est considéré comme toxique car il renferme une certaine quantité d'alcaloïdes.

 

Source :

V. Vetvicka (1981). - Plantes du bord de l'eau et des prairies. Ed. Gründ.

 

01/02/2013

La protection de la ressource en eau par les zones humides

La protection de la ressource en eau

par les zones humides

 

Le 2 février, la journée mondiale des zones humides célèbre chaque année la signature de la convention internationale de Ramsar de 1971. Elle s’articule, cette année, autour du thème « la protection de la ressource en eau par les zones humides.» A cette occasion, jusqu'à la fin du mois de mars.

Derrière la dénomination « zones humides » se cachent de multiples milieux naturels, d’étendues et de formes diverses... Cette exposition vous permettra de comprendre la valeur des zones humides, de mieux connaître leurs différents visages et vous donnera envie d’agir !

Dates :

Vendredi 1er février 2013 - Vendredi 29 mars 2013

Lieu

MAISON DE L'ENVIRONNEMENT
7 Rue Voirin
25000 Besançon

Accès libre du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h.
En savoir plus : 03 81 50 25 69.

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29/01/2013

Les poissons et la qualité des cours d'eau

Brochet.jpgLes poissons et la qualité des cours d'eau douce

 

par André Guyard

Professeur honoraire d'Hydrobiologie et d'Hydroécologie de l'Université de Franche-Comté

 

 

INTRODUCTION


Dans les conditions naturelles, les caractéristiques écologiques et biologiques d'un écosystème co-évoluent dans l'espace et dans le temps. Tout système aquatique possède une structure dont les modifications s'inscrivent dans une évolution qui n'est guère perceptible à l'échelle d'une vie humaine. C'est ainsi que l'étude des cours d'eau a permis de mettre en évidence une structure longitudinale d'amont en aval. En ce qui concerne les systèmes d'eau courante d'Europe, les conceptions d'Huet puis d'Illies ont été affinées par la mise en évidence par Verneaux d'une succession de dix groupements socio-écologiques d'espèces ou biocénotypes dont sept comportent des Poissons, les premiers groupements en amont (zone non piscicole d'Huet) correspondant au crénon d'Illies (fig. 1).

Poissons_Amplitude_typologique-450.jpg

Chaque espèce est caractérisée par son preferendum, son degré d'euryécie et sa polluosensibilité (Tableaux 1 et 2). Ainsi, les espèces sténoèces seront caractéristiques d'un niveau typologique particulier, d'autres plus euryèces présenteront une amplitude écologique chevauchant plusieurs biocénotypes avec un preferendum pour l'un d'eux.


Tableau 1 : Répertoire des espèces et caractères écologiques généraux

Répertoire-des-espèces.jpg

 

Tableau 2 : Typologie potentielle des peuplements ichtyologiques des cours d'eau

Tableau-2-typologie-peuplements-poissons-450.jpg
(1) : les indications d'abondance sont relatives à chaque espèce ; cette abondance spécifique est fonction du coefficient intrinsèque d'accroissement des populations ou capacité d'expansion d'une espèce dans des conditions écologiques optimales (r).
(*) zones estuariennes exclues
(a) : indication socio-écologiques : espèces d'ordre, d'alliance ou de sous-alliance
(4,5) : indices de sensibilité générale à la dégradation du milieu.

 
Les Poissons sont des consommateurs primaires ou secondaires qui constituent le niveau supérieur de l'édifice trophique des eaux douces. L'étude du peuplement ichtyologique permet d'avoir une vision synthétique du réseau trophique puisque les poissons, ultime étape de la chaîne alimentaire, intègrent le bilan des relations trophiques du milieu aquatique.


I. LE PEUPLEMENT ICHTYOLOGIQUE INTÉGRATEUR DU NIVEAU TYPOLOGIQUE


Les peuplements ichtyologiques présentent une variété spécifique et une abondance qui sont fonction de la qualité des milieux aquatiques. Des systèmes oligotrophes seront pauvres en poissons. Il en est de même des systèmes dégradés ou pollués mais pour d'autres raisons : homogénéisation de l'habitat par redressement de cours d'eau, disparition de ressources par pollution, effluents néfastes ou toxiques… En revanche, un milieu dont les caractéristiques sont favorables : mosaïque d'habitats variée, apports trophiques divers, peut héberger un peuplement abondant en individus et riche en espèces.


Cependant les poissons, organismes les plus complexes du point de vue morphologique et physiologique  de la faune strictement aquatique, sont susceptibles de résister à des conditions écologiques défavorables. Certaines espèces comme le Gardon, le Chevesne ou la Truite sont capables de survie prolongée dans des eaux fortement contaminées par une charge organique si d'autres facteurs comme la température, l'écoulement de l'eau, l'oxygène dissous permettent aux individus d'exercer des réactions compensatoires au sein de leur spectres écologiques.


De sorte qu'il est nécessaire de considérer non pas le comportement de quelques individus ni même celui d'une espèce mais le peuplement ichtyologique dans son ensemble si l'on veut mettre en évidence les relations qui existent entre le type écologique du site considéré et son peuplement électif.
Ainsi, le peuplement ichtyologique représente une expression synthétique non particulièrement sensible mais évidente de l'état de santé d'un système d'eau courante. En particulier, la richesse spécifique d'un peuplement constitue une indication essentielle pour permettre d'apprécier la qualité d'un site relativement à son type écologique. Pratiquement, il convient d'établir dans quelle mesure un peuplement donné correspond ou diffère au peuplement qui devrait normalement coloniser le site considéré.


II. QUALITÉ BIOGÈNE D'UN MILIEU ET PEUPLEMENT ICHTYOLOGIQUE


Un site apte au maintien d'un peuplement doit présenter dans toutes ses composantes morphologiques (lit, berges), physico-chimiques (qualités de l'eau et du substrat) et dynamiques (courant), des caractéristiques permettant de satisfaire aux exigences de nutrition, de reproduction, d'abri et de circulation des espèces du peuplement. Ces aptitudes s'exercent à une échelle en rapport avec la taille des organismes : de quelques mm pour les petits invertébrés à plus de 1000 km pour les poissons migrateurs.


Ainsi les caractéristiques essentielles d'un site aquatique reposent sur les deux composantes majeures : le substrat et la masse d'eau, éléments susceptibles d'être fortement dégradés par les activités humaines, soit par pollution de l'eau et des sédiments, soit par modification de l'habitat (redressements, recalibrages, barrages, navigation), etc.…).


Les divers paramètres qui conditionnent le développement des organismes aquatiques peuvent être réunis dans trois groupes de composantes : thermiques, morpho-dynamiques et trophiques. Une catégorie supplémentaire est constituée par les composés toxiques ou inhibiteurs qui perturbent les processus biochimiques de transformation de la matière (rejets industriels, détergents et pesticides).


III. INFLUENCE DE LA DÉGRADATION DU SITE SUR LE PEUPLEMENT ICHTYOLOGIQUE


La dégradation du milieu se traduit au niveau des organismes consommateurs par des modifications (proportions relatives des espèces) puis des simplifications (disparitions successives d'espèces) du peuplement initial.


Cependant, les espèces réagiront différemment à la dégradation selon leur position typologique et leur gamme de tolérance.


Trois principes fondamentaux gouvernent la réaction des organismes à la dégradation du milieu :


- correspondance entre tolérance et position typologique des espèces. Une espèce est d'autant plus tolérante que son préférendum typologique est distal (proche de B9) et que son amplitude typologique est forte.

- compensations inter paramétriques. Des phénomènes de compensation s'exercent au sein de complexes de facteurs dont la dynamique conduit à définir la loi de tolérance de Shelford : lorsqu'une espèce est située dans son preferendum écologique, elle est capable de résister à des changements défavorables d'un ou de quelques paramètres. Réciproquement, lorsque la même espèce vit dans un milieu dont de nombreux paramètres sont à la limite de tolérance, elle est susceptible de disparaître à l'occasion d'une dégradation relativement faible. Ainsi une espèce se comporte comme euryèce au centre de son preferendum et sténoèce à la périphérie de son aire de répartition.


- sensibilités inégales des espèces au sein d'un même groupement écologique. Les espèces d'un même biocénotype peuvent montrer des polluosensibilités différentes dues aux modalités de la fraye, aux types de pontes, à l'habitat, aux exigences trophiques…, les plus sensibles étant celles qui disparaissent les premières en cas de dégradation du milieu.


IV. DÉTERMINATION DES NIVEAUX TYPOLOGIQUES THÉORIQUES À PARTIR DES DONNÉES MÉSOLOGIQUES


Les études de Verneaux permettent de déterminer à partir de données mésologiques le niveau typologique théorique auquel correspondent ces données. Les données les plus importantes étant la pente et la largeur du lit (règle des pentes d'Huet), le débit et la température.


Après exclusion des paramètres associés aux stations polluées et après réductions de paramètres redondants, Verneaux a conservé trois facteurs synthétiques expliquant 50 % de la variance d'un système d'eau courante.


Il s'agit :


- d'un facteur thermique : la température maximale moyenne en °C du mois le plus chaud

Facteur thermique.jpg


- d'un facteur géotrophique intégrant le phénomène général de succession :

facteur géotrophique.jpg

produit de la distance aux sources d0 en kilomètres par la dureté totale D en mg/l ;


- d'un coefficient de similitude hydraulique, résultante de trois composantes morphodynamiques, présentant une signification typologique plus nette que le débit, afin que la température se confirme comme étant le facteur essentiel de la succession typologique.

Ce coefficient est :

similitude hydraulique.jpg

rapport de la section mouillée Sm à l'étiage en m2 au produit de la pente P en ‰ par le carré de la largeur l du lit en m2.


Les variations des trois facteurs synthétiques sont exprimées par les équations suivantes qui correspondent aux régressions (une fonction linéaire et deux fonctions exponentielles) :Equations.jpg

Ces données permettent de déterminer le type écologique théorique T ou potentiel typologique :

type écologique.jpgdans lequel chaque facteur est affecté d'un coefficient d'intervention correspondant au pourcentage de sa contribution relative au plan F1F2 d'une analyse factorielle des correspondances.


V. REPÉRAGE DES APPARTENANCES TYPOLOGIQUES À PARTIR DES PEUPLEMENTS ICHTYOLOGIQUES


Réciproquement, le principe d'analogie permet de déterminer à quel niveau typologique appartient un peuplement ichtyologique.


La structure longitudinale d'un cours d'eau peut être figurée par un axe le long duquel se répartissent les groupements socio-écologiques. Un organigramme (figure 2) dû à Verneaux permet de déterminer pratiquement l'appartenance d'un peuplement ichtyologique à un niveau typologique en fonction du classement socio-écologique des espèces et de leur richesse spécifique.

Poissons_groupements_socioecologiques-450.jpg


CONCLUSION


Une discordance entre les appartenances typologiques théoriques (formule) et ichtyologique (organigramme) peut être imputable à différentes conditions perturbant les peuplements aquatiques électifs du niveau typologique considéré :


- conditions historiques : biogéographie, paléogéologiques ;
- conditions écologiques : géomorphologie, climat, température ;
- conditions mésologiques anormales : pollution, altération des habitats.


Ainsi, la confrontation des appartenances typologiques théorique (potentielle) et ichtyologique (actuelle) constitue une base utile pour la pratique d'une économie rationnelle des ressources aquatiques, en particulier pour la définition d'objectifs et de critères de qualité des eaux courantes et pour l'aménagement piscicole des cours d'eaux.

 

Sources :

Guyard A. (1997). - Cours d'hydrobiologie DESS Eaux continentales, pollution et aménagement, Université de Franche-Comté.

 

Verneaux J. et al (1973-1997). - Différentes publications du laboratoire d'Hydrobiologie et d'Hydroécologie de l'Université de Franche-Comté.

20/07/2012

L’Université de Franche-Comté et la fédération de pêche du Doubs au chevet de la Loue

L’Université de Franche-Comté

et la fédération de pêche du Doubs

au chevet de la Loue

(18/07/2012)

 

 

Classée comme l'une des plus belles rivières d'Europe pour la pêche à la mouche, la Loue se fraie dans le massif du Jura une reculée creusant d'abruptes falaises calcaires, au pied desquelles moucheurs locaux et touristes aiment venir titiller la truite et l'ombre.


"La vallée a connu un tourisme de masse lié à la pêche à la mouche, avec des personnes qui avaient les moyens et venaient de toute l'Europe. Mais depuis le début des années 2000, les pêcheurs fuient cette rivière dans un état lamentable, où ils voient les poissons mourir", constate Alexandre Cheval, garde-pêche dans la Vallée de la Loue. "Aujourd'hui, ils préfèrent aller en Slovénie ou en Roumanie sur des cours d'eau comparables à la Loue il y a 30 ans", ajoute-t-il. Le nombre des cartes de pêche enregistrées par la fédération sur le secteur de la Loue est passé de 2000 il y a dix ans à près 400 l'année dernière.

 

Mais depuis 1973 "la population piscicole a diminué de 70 à 80% sur certains secteurs de la Loue" qui s'écoule d'Ouhans dans le Doubs à Parcey dans le Jura, affirme Thomas Groubatch, chargé de mission à la Fédération de pêche du Doubs. Néanmoins, il pense qu'il "reste quelques secteurs refuges, mais ils sont rares. Il faut agir vite pendant que ces zones existent encore".


Des polluants d'origines diverses (population humaine, agriculture ou industrie), ainsi que l'aménagement des rivières (seuils et barrages) sont notamment mis en cause.

 

"Ce n'est pas une pollution ponctuelle, mais chronique. La rivière se dégrade de plus en plus et les milieux naturels ont de plus en plus de mal à supporter la pollution. La situation est plus qu'alarmante", s'inquiète Alexandre Cheval, qui redoute qu'un "point de non-retour" ait été atteint.

 

Pour lutter contre cette pollution, les services de l'État ont engagé une série d'actions comme le renforcement des règles d'épandage du lisier, l'installation de passes à poissons ou un effort de sensibilisation des industriels.


La Loue va être auscultée sous toutes les coutures. Les chercheurs du Laboratoire de Chrono-environnement viennent de commencer leurs travaux. Annoncée depuis au moins un an, cette vaste étude prévue sur cinq ans a enfin commencé dernièrement. D'après François Degiorgi, l’un des coordinateurs de cette étude, “Il s’agit d’un travail pluridisciplinaire qui porte aussi bien sur le bassin versant que sur la rivière. L’objectif est de localiser les causes du mauvais état de la Loue puis de chercher à les relier à une spacialisation des effets dans la rivière”.

 

Pendant une première phase de trois ans, une quinzaine de chercheurs va travailler sur le terrain pour cette étude. Une équipe pluridisciplinaire formée de chimistes, biologistes, géologues, pédologues. La plupart d’entre eux sont rattachés au laboratoire de chrono-environnement mais le laboratoire de géographie Théma, le Muséum d’Histoire naturelle de Besançon, l’Université de Neuchâtel, le laboratoire d’analyses de Poligny prêteront également main-forte à l’équipe.

 

Déjà des universitaires ont  prélevé des larves et des insectes adultes au bord de la Loue pour pouvoir évaluer la qualité du milieu de façon beaucoup plus précise que les indicateurs utilisés habituellement pour classer les rivières.

 

Autre partenaire de taille, la Fédération de Pêche du Doubs. Dès lundi, une soixantaine de pêcheurs est mobilisée chaque jour de la  semaine pour réaliser des pêches électriques afin d’effectuer de nouveaux inventaires piscicoles sur au moins huit stations de la Loue. Toutes les associations de pêche de la vallée, les fédérations de pêche des départements de Bourgogne et de Franche-Comté, le département de l’Ain ainsi que des bénévoles sont mobilisés la semaine prochaine.

 

Tout les amoureux de la Loue ont encore en tête les images des relevés piscicoles effectués, eux aussi à grand renfort de moyens et de médias par l’Onema en 2010. Alors, pourquoi recommencer et ne vaudrait-il pas commencer à agir concrètement pour diminuer les sources de pollution ?


« Pour que les politiques se bougent encore plus, il faut des preuves sur les origines de la pollution, explique Alexandre Cheval, garde pêche de la fédération du Doubs, cette étude va permettre d’affiner le tir, il nous faut des connaissances les plus fines possibles pour réajuster le tir. En 2010, l’Onema n’avait travaillé que sur quatre stations ».


Les politiques se sont déjà bougés en finançant cette étude qui coûte 360 000 euros pour la première phase. Environ 80% de  cette somme est prise en charge par l’Agence de l’Eau, le conseil général du Doubs et le conseil régional de Franche-Comté ; le reste étant financé par l’Université de Franche-Comté.

 

De nombreuses études ont été réalisées ces vingt dernières années, pas forcément coordonnées. Tout l’enjeu de ce travail va être de savoir capitaliser les résultats déjà publiés et surtout d’identifier beaucoup plus précisément l’impact des activités humaines sur le bassin versant de la Loue. En 2015, la directive européenne sur l’eau devra être renouvelée. Les premiers résultats  de cette étude sur la Loue pourraient bien être examinés de près.  De ses malheurs, la Loue pourrait ainsi en tirer un petit bénéfice. La rivière, connue dans toute l’Europe par les pêcheurs à la mouche, pourrait se faire aussi une réputation auprès des milieux scientifiques en étant devenue un véritable laboratoire à ciel ouvert.

 

En Franche-Comté, le Doubs franco-suisse, dont la Loue est à la fois un affluent et une résurgence, le Dessoubre et le Cusancin sont confrontés à un même problème de pollution et de mortalité piscicole.

 

Isabelle Brunarius

(France 3 Franche-Comté)

Source :

Blog.france3.fr/vallee-de-la-loue

 

Voir également dans ce même blog :

 

- Ces Saprolegnia qui parasitent les poissons

- La santé du Doubs mise à prix

- La Loue en avril 2011

- Mortalité des poissons dans le Doubs

- l'alerte lancée par Pascal P.

- Menaces sur le Doubs franco-suisse

- Proliférations algales dans la Haute vallée du Doubs

- Prolifération de Cyanobactéries dans la Loue

- Pathologie des poissons d'eau douce

 

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04/06/2012

Ces Saprolegnia qui parasitent les poissons du Jura

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Les Saprolegnia qui parasitent les poissons des rivières du Jura français et du Jura suisse sont des organismes appartenant à l'ordre des Oomycètes (Voir l'article "Une unique souche de Saprolegnia parasitica parasite les poissons du Jura" dans ce même blog). Les oomycètes (Oomycota ou Oomycetes) représentent un phylum de protistes[1] filamenteux comprenant environ 500 espèces. Ce sont des organismes aquatiques non photosynthétiques qui ressemblent aux champignons mais les analyses phylogénétiques ont montré que les oomycètes sont éloignés des champignons[2].


Les Oomycètes


Les oomycètes sont communs dans l'eau, sur les déchets organiques et les cadavres des petits animaux. Certaines espèces vivent dans le sol en saprophytes sur les débris organiques. Plusieurs espèces sont des pathogènes majeurs de plantes, certaines espèces parasitent des animaux. La plupart des espèces de Saprolegnia sont des organismes saprophytes mais certaines espèces parasitent les poissons. Le genre Pythium comprend de nombreuses espèces parasites de plantes et quelques autres parasites d'animaux. Le genre Phytophtora est également responsable de maladies chez les végétaux sauvages et cultivés. Plasmopora viticola est l'agent du mildiou de la vigne.

 

Les oomycètes étaient autrefois classés dans les Mastigomycotina (maintenant Chytridiomycota, depuis la séparation des Mastigomycota), parmi les Mycota, avec lesquels ils partagent un certain nombre de caractères (cellules filamenteuses : hyphes, absence de chlorophylle, nutrition sur de la matière organique, ...). Mais ils présentent également de profondes divergences avec les mycètes (paroi cellulosique, noyaux diploïdes). Ils sont maintenant classés parmi les Straménopiles du fait de la présence de zoospores à deux flagelles poilus et de l'utilisation de laminarine comme substance de réserve.

 

Les Straménopiles

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Les Straménopiles [3] appartiennent à un vaste clade parmi les algues actuellement inclus dans la gamme Chromalveolata. Ils sont composés d'organismes dont la taille varie entre celles des diatomées unicellulaires et les algues géantes multicellulaires.

 

La définition et l'organisation des Straménopiles sont encore litigieuses. Au cours de leur cycle biologique, ils possèdent des éléments unicellulaires munis de deux flagelles. Ces zoospores biflagellées ou conidies sont caractéristiques de la multiplication végétative (asexuée). Les deux flagelles sont de longueur différente, l'un à l'avant de la cellule, et un autre attaché plus en arrière. Le flagelle antérieur se divise en trois branches minuscules (appelées mastigonèmes) qui courent latéralement le long de la cellule. Ce flagelle crée un courant d'eau qui se déplace vers l'avant de la cellule et apporte de la nourriture à la cellule. Le second flagelle inséré plus en arrière est lisse et décrit un mouvement de fouet. (En raison de ces flagelles, le groupe a été appelé les Hétérocontes = flagelles différents).

 

La plupart des Straménopiles possèdent des chloroplastes qui sont entourés de quatre membranes. Cette situation serait le résultat d'une endosymbiose secondaire, et plus précisément d'une ingestion d'une Rhodophyte unicellulaire par un autre Eucaryote. Les chloroplastes contiennent de la chlorophylle a et de la chlorophylle c et le plus souvent un pigment accessoire : la  fucoxanthine qui leur donne une couleur brun doré ou brun-vert (d'où leur ancien nom Chrysophyta ou algues brun doré.) Cette sorte d'inclusion leur vaut un autre nom : les Chromistes. Certains Straménopiles sont incolores (groupes Opalinata à Commation). Cette particularité s'explique de la façon suivante : soit, ils sont dérivés du groupe avant l'absorption des chloroplastes, soit,  ils ont perdu leurs chloroplastes plus tardivement.

 

Tous sont munis de mitochondries et se reproduisent par mitose.

 

Les Saprolegnia

 

Le genre Saprolegnia comprend des micro-organismes communs dans l'eau, sur les déchets organiques et les cadavres de petits animaux. La plupart des espèces sont des organismes saprophytes, mais certaines espèces sont pathogènes ou parasites :

 

  • provoquant des mycoses chez l'homme
  • ou des maladies chez l'animal :
    • taches blanches sur la peau et les branchies des poissons d'eau douces,
    • pourrissement des pontes d'écrevisses.
 
Chez les Saprolegnia, l'appareil végétatif abondant et ramifié forme comme une espèce de feutrage blanc. Il est de structure cénocytique. La membrane est cellulosique.
 

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Truites parasitées par Saprolegnia parasitica

(Clichés collectif LRC)

 
 

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(clichés DR)

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(clichés DR)

 

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La multiplication végétative s'effectue au moyen de zoosporanges situés à l'extrémité d'un filament du siphon dont ils s'isolent par formation d'une cloison transversale cellulosique. Par une déchirure du sommet s'échappent des zoospores de première génération, piriformes munies de deux flagelles antérieurs , qui nagent rapidement puis se fixent et s'entourent d'une membrane cellulosique. Après un certain temps, cette membrane se déchire et une nouvelle zoospore sort, rénifome, cette fois, et possédant deux flagelles latéraux (zoospore de seconde génération, qui se fixera et donnera naissance au mycélium.

 

La reproduction sexuée est une hétérogamétangie. L'oogone se forme généralement à l'extrémité d'un filament qui se renfle et s'isole par une membrane. L'oogone est plurinucléée et le protoplasme se sépare en plusieurs masses qui s'arrondissent pour donner les oosphères d'abord plurinucléées puis uninucléées par résorption des noyaux surnuméraires.

 

À l'extrémité d'un autre rameau, plus mince et situé souvent juste au-dessous de l'oogone se forme une anthéridie en massue qui s'isole par une cloison. Cette anthéridie est plurinucléée mais il ne se différencie pas d'anthérozoïdes mobiles. L'anthéridie vient s'appliquer contre l'oogone, perfore la membrane de celle-ci, pénètre à l'intérieur et se ramifie entre les oosphères, envoyant un rameau vers chacune d'elles, de sorte que les noyaux mâles peuvent aller féconder les oosphères entre lesquels ils se répartissent. Quant aux noyaux non utilisés, ils se résorbent et disparaissent. L'œuf formé s'entoure d'une épaisse membrane cellulosique et peut rester longtemps sans germer, attendant les conditions favorables. La germination s'effectue avec réduction chromatique. Le cycle est donc haplobiontique.

 

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(cliché DR)




[1] organismes unicellulaires

[2] La classification des Protistes a été récemment bouleversée par les études moléculaires qui ont confirmé de manière catégorique que les algues (précédemment dénommées Hétérocontes ou Chrysophytes) étaient liées à une variété de protistes et non d'algues, tels que les flagellés hétérotrophes bicosoecides et les oomycètes fongiques (Leipe et al, 1994). Le groupe a été officieusement baptisé ainsi par Patterson (1989) et a été fondé à l'époque sur des preuves cytologiques. Les flagelles pileux qui définissent ce groupe sont un sous-ensemble distinctif de flagelles rencontrés dans les protistes, et se distinguent en ayant une longue tige creuse qui donne lieu à un petit nombre de poils fins, et la structure entière s'insère dans la cellule par une région basale. Ces poils se rencontrent généralement sur les flagelles. Un certain nombre de Straménopiles sont supposés (opalines) ou reconnus (diatomées) d'avoir perdu leurs poils.

[3] Straménopiles signifie "cheveux en paille" qui s'explique par la forme trifurquée du flagelle. Ce nom moderne se substitue aux précédentes appellations : Chrysophytes, Hétérocontes et Chromistes).

08/05/2012

Pollutions de l'eau douce. L'incroyable indulgence

Pollutions de l'eau douce.

L'incroyable indulgence

 

par Hervé Chambonnière (Le Télégramme.com)

 (Compléments et dernière mise à jour : 25/08/2014)

 

Contrairement aux « voyous des mers », les pollueurs d'eau douce bénéficient d'une incroyable indulgence des autorités. Du contrôle à la sanction, enquête sur une quasi-impunité. Même si la Bretagne apparaît comme la plus sévère... des régions laxistes!

 

Il y a le fléau des algues vertes. Il y a aussi les menaces de sévères sanctions européennes pour nos eaux « de qualité médiocre ». Il y a, enfin, un coût toujours plus élevé pour rendre l'eau potable. Mais rien n'y fait. Les pollueurs, à la source de ces problèmes, ne sont pas véritablement inquiétés. La répression est tout simplement jugée « insignifiante », par le Conseil d'État. Elle affiche toujours, malgré « quelques progrès », « une défaillance à peu près totale », selon la Cour des comptes. Contrôles insuffisants, beaucoup d'infractions mais peu de poursuites, sanctions peu dissuasives, peu nombreuses et bénignes... À toutes les étapes de la chaîne répressive, les deux hautes juridictions ont relevé, en 2010, une accablante série d'incohérences. En voici l'inventaire.

 

Des contrôles insuffisants

 

Même s'ils sont en augmentation, ceux-ci sont « notoirement insuffisants », tranchait, en juin 2010, le Conseil d'État. Il y en a, pourtant, clairement beaucoup plus en Bretagne. Pour les seuls contrôles nitrates, les services de l'État ont vérifié un peu plus d'une exploitation agricole sur sept, en 2010. À titre de comparaison, en 2003, dans la Beauce, « tout agriculteur ou irriguant savait d'emblée qu'il n'avait aucune chance d'être contrôlé durant sa vie professionnelle entière », relève le Conseil d'État.

 

Des services asphyxiés et bridés

 

Pourquoi si peu de contrôles ? « Nos moyens sont dérisoires comparés à l'ampleur des pollutions constatées, confesse un responsable de la police de l'environnement. Nous ne sommes pas assez nombreux ». Autre raison évoquée par la Cour des comptes : « Avec des effectifs si limités par département, pour la première fois en recul depuis dix ans, les agents éprouvent des difficultés à répondre aux objectifs et priorités fixés par l'administration centrale ». D'autant que « la direction de l'eau a multiplié les priorités au même moment ». Autre explication avancée par un responsable de la police de l'eau : « Les services ne sont pas toujours très libres de contrôler les exploitations agricoles... C'est très variable d'un département à l'autre, suivant l'autonomie dont dispose le préfet face aux lobbies locaux ».

 

Une jungle réglementaire

 

Il existe treize polices (réglementations) différentes concernant l'eau, vingt-cinq différentes pour l'environnement ! Pour les appliquer, le code de l'environnement désigne pas moins de 70 catégories d'agents différents. Un rapprochement des activités de police de plusieurs organismes (Onema, Oncfs et DDTM) a été amorcé. « L'efficacité d'un tel édifice, faut-il s'en étonner, est pour le moins limité », constate le Conseil d'État. Quant au droit pénal de l'environnement, avec ses 540 délits et ses425 contraventions, « il n'est pas d'application aisée ».

 

Des sanctions peu dissuasives

 

Pour une pollution de quelques kilomètres, même à plus de 200 km de nos côtes, un « voyou des mers » risque, depuis août 2008, une amende de 15M€. Quid pour les pollutions qui se déroulent à nos portes, dans des cours d'eau qui alimentent nos réseaux d'eau potable? L'amende maximale prévue est de... 75.000€. « C'est vraiment pas cher pour une pollution qui peut durer 2.500 ans », raille un gendarme spécialisé, évoquant la pollution industrielle du Rhône au plomb et au PCB.

 

Trop de classements sans suite

 

C'est ce que dénoncent deux associations bretonnes de protection de l'environnement, l'Aappma de l'Elorn et Eau et Rivières. Difficile de vérifier, tant les données sont nombreuses, partielles et différentes. À titre indicatif, néanmoins, un instructif rapport interministériel de 2005, consacré aux polices de l'environnement, livre ce curieux constat : alors qu'elles devraient être quatre fois plus poursuivies (car les infractions sont plus facilement établies: auteur identifié...), les affaires liées à l'environnement le sont... presque deux fois moins ! Plus d'une affaire sur deux (contre trois habituellement) est ainsi classée sans suite. Pour quels motifs ? Mystère. Dans son rapport, le Conseil d'État évoque « des raisons qui n'ont pas été élucidées »... Le rapport interministériel de 2005 avance une explication : « Les magistrats sont méfiants quant au choix de contentieux faits par l'administration pour des motifs qu'ils pensent être liés à des considérations d'ordre politique ou en relation avec l'action de groupes de pression. Ils paraissent craindre de se trouver instrumentalisés ». En Bretagne, en 2010, pour les seuls contrôles des plans nitrates, seul un PV sur quatre (26%) faisait l'objet d'un classement sans suite. Mais un sur trois (34%) était toujours en attente d'une réponse pénale des parquets bretons.

 

Ajout du 23 février 2013

 

Dans l'ensemble, en 2013 en France, les nitrates gagnent toujours du terrain  La teneur en nitrates dans l'eau excède 50 mg/1 dans 18 860 communes de France. Soit 860 de plus qu'en 2012. En cause : les nitrates contenus dans les déjections animales épandues pour fertiliser les sols. Quand l'apport dépasse les besoins des cultures, l'excès se retrouve dans les rivières, puis sur les côtes, où il favorise la prolifération d'algues vertes. "Dans l'Ouest, des efforts ont été faits, commente Jean-Louis Peyraud, de l'Institut national de la recherche agronomique. Moins dans les zones de grandes cultures - Bassin parisien, Poitou - Charentes, Haute-Normandie... - où la hausse ne ralentit pas. "

 

Quelle est la part de l'eau douce sur notre planète ?


Une infographie de Pierre Barthélémy sur Mblog nous renseigne à ce propos.

 

Les techniques de détections de pollutions chimiques des eaux

Voir l'article [LIEN]

 

Ajout du 25 août 2014

 

Bien sûr, la situation n'est pas meilleure sinon pire pour la pollution des océans depuis la révolution industrielle. Témoin cet article récent qui fait le point sur la pollution de la mer par le mercure.

08/11/2011

La santé du Doubs mise à prix

doubs,doubs-franco-suisse,neuchâtel,sandra gogniatUniversité de Neuchâtel :

la santé du Doubs mise à prix !

 

par Sébastien Lamy (15 septembre 2011)

Le Doubs est aujourd’hui dans un sale état. Dans son mémoire de Master en sciences économiques, une étudiante de l’Université de Neuchâtel tente de mettre des chiffres sur le problème environnemental qui affecte cette grande rivière. Originaire de Saignelégier, Sandra Gogniat a enquêté auprès des pêcheurs du Doubs. Partant de l’hypothèse que cette rivière retrouverait sa forme d’il y a quarante ans, la jeune femme estime à 48 millions de francs suisses par année le bénéfice correspondant à l’augmentation de bien-être ressenti par les pêcheurs.

Difficile d’estimer la valeur économique d’un bien intangible comme le bonheur des habitants d’un pays ou la valeur d’une vie. Néanmoins, les économistes s’essaient de plus en plus souvent à ce genre de calcul. À l’Université de Neuchâtel, Sandra Gogniat a cherché à connaître la valeur d’un patrimoine naturel. Cette jeune économiste s’est penchée sur le bien-être que ressentiraient les pêcheurs du Doubs si cette rivière retrouvait son allure des années septante. Son constat : les quelque 30 400 pêcheurs qui vont et viennent le long des rives suisses et françaises du Doubs réaliseraient une satisfaction équivalente à une compensation monétaire de CHF 1 450 à CHF 1 700 par personne et par année. Soit un total de 48 millions de francs suisses par année. « Cela signifie que la dégradation de la rivière impose à la société un coût économique très important », affirme Sandra Gogniat.

Native de Saignelégier, la jeune femme a pu observer de tout près la dégradation de la rivière. Par son travail, elle entend motiver les autorités à prendre des mesures. « Dès qu’on envisage de restaurer le Doubs, les coûts nécessaires à l’entreprise viennent tout de suite sur le tapis, s’insurge Sandra Gogniat. Mes résultats visent à contrebalancer la discussion en chiffrant le bénéfice qui découlerait de l’opération. »

Sandra Gogniat a tiré ses conclusions d’un questionnaire largement diffusé auprès des pêcheurs. Deux cent vingt-cinq d’entre eux lui ont rendu réponse. Son enquête se limite à l’impact d’une hypothétique amélioration de la qualité de l’eau et de l’écoulement des flots sur les activités de pêche récréative. Il est bien clair que la détérioration actuelle du Doubs comporte bien d’autres aspects qui n’ont pas été compris dans les 48 millions avancés par cette étude.

Afin d’estimer la valeur économique de la pêche récréative dans le Doubs, Sandra Gogniat a utilisé la méthode des coûts du trajet hypothétique. Elle a ensuite comparé les résultats obtenus dans la situation actuelle (2010) et dans la situation d’une hypothétique amélioration de la qualité de l’eau et de l’écoulement des flots. « Cette approche s’appuie sur le coût des trajets effectués par les pêcheurs pour se rendre sur leur lieu de loisir », explique-t-elle. Dans son questionnaire, Sandra Gogniat a également glissé quelques questions sur les habitudes des pêcheurs. Mais elle leur a surtout demandé d’imaginer les changements de comportement qu’ils adopteraient face à un Doubs regorgeant de poissons et libre de toutes interdictions, tel qu’il était quarante ans auparavant.

Aujourd’hui, Sandra Gogniat entame une thèse de doctorat à l’Université de Neuchâtel. Avant de se plonger dans ce nouveau défi, elle espère bien faire inciter les autorités à prendre connaissance de son travail de mémoire.

 

Vous pouvez également visionner des vidéos très fouillées au sujet des problèmes du Doubs à l'adresse ci-dessous :
Le lien: http://www.pronatura-ju.ch  et choisir le fichier Doubs.

 

Les pollutions agricoles et domestiques sont mises en cause pour expliquer l'état lamentable de nos rivières. Or un petit tour de passe-passe a été commis pendant les vacances de Noël 2011 par le Ministère de l'Agriculture !


À peine croyable : c'est en pleine période de fêtes de Noël et du Nouvel An que le ministre de l'agriculture a choisi de "consulter le public" sur un projet de modification de la réglementation relative aux zones d'excédent structurel de lisier ! Chacun le sait, en cette période de fêtes, les citoyens surveillent assidument les projets de textes mis en ligne sur le site internet du ministère de l'agriculture...

 

Une pétition à signer :

http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/elevages-deregle...

05/07/2011

MÉTALDEX défend la qualité des eaux comtoises

MÉTALDEX défend la qualité des eaux comtoises

 

Collaboration originale entre universités, entreprises et collectivités, le projet METALDEX met en œuvre en Franche-Comté une série de mesures concrètes destinées à réduire l'impact de la pollution industrielle sur la qualité de l'eau.

Le programme est ambitieux et l'enjeu d'importance dans une région fortement industrielle, particulièrement concernée par les rejets de métaux lourds.

 

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Vallée de l'Ognon à Cussey


Au problème posé par la pollution de l'eau, la réponse doit être collective et transdisciplinaire. C'est partant de ce postulat que s'est monté en 2009 et pour quatre ans le projet MÉTALDEX, associant dans une même réflexion des universitaires, des industriels et des collectivités locales. Le projet est piloté par le laboratoire Chrono-environnement de l'Université de Franche-Comté, fort de compétences en chimie environnementale, ingénierie des eaux, chimie verte, biologie environnementale et hydrobiologie.

 

Son expertise multidisciplinaire est renforcée par les apports scientifiques de deux instituts européens travaillant sur les mêmes problématiques environnementales : le G. Ronzoni Institute de Milan en Italie et le PROTMED Institute de Bucarest en Roumanie. Mis en place à l'initiative de l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse, MÉTALDEX bénéficie du soutien de la Région Franche-Comté et du CNRS. Il associe à ses recherches cinq partenaires industriels comtois : ZINDEL INDUSTRIE à Devecey (25), SILAC INDUSTRIE à Champlitte (70), ÉLECTROLYSE ABBAYE D'ACEY à Vitreux (39), PAPETERIE DU DOUBS à Novillars (25) et CŒUR D'OR à Maîche (25).

 

Pollutions métallique, minérale, organique en baisse


Afin de répondre aux normes environnementales en vigueur aux plans national et européen, le projet a pour objectifs principaux : la réduction des rejets industriels ; l'optimisation des stations industrielles et urbaines de décontamination ; l'évaluation de l'impact environnemental et sanitaire du rejet comme du traitement des substances jugées toxiques.

 

Bioessais écotoxicologiques, technologies innovantes ou bioprocédés de fabrication, les techniques issues de la recherche sont mises en application sur site industriel et génèrent l'embauche en entreprise de jeunes chercheurs universitaires. « Les résultats sont prometteurs puisqu'à mi-parcours du programme, les flux polluants émis par les entreprises en direction des cours d'eau ont notablement diminué », affirme Grégorio Crini, responsable du projet au laboratoire Chronoenvironnement. « Les mesures effectuées révèlent une présence moindre de métaux (cuivre, nickel, zinc...), de minéraux (sels) ou de substances organiques dans le Doubs, le Salon, le ruisseau des Charmes ou l'Ognon »


Contact : Grégorio Crini - Laboratoire Chrono-environnement Université de Franche-Comté//CNRS.

Tél. (0033/0) 3 81 66 57 01 - gregorio.crini@univ-fcomte.fr

 

Source :

En direct, journal de la recherche et du transfert de l'Arc jurassien, n° 37 juillet-août 2011. Université de Franche-Comté Ed.

13/04/2011

Le Doubs coule, le Doubs s'écoule, le Doubs se meurt !

Le Doubs coule, le Doubs s'écoule, le Doubs se meurt !


par Pascal P.

 

Dans nos montagnes abruptes et rondes, dans un paysage aussi verdoyant que rude chemine dans une langueur presque éternelle, le Doubs.
Il s'écoule voluptueux et doux dans une grâce paisible, a priori sans problème apparent.


L'hiver a fait son office, les eaux tumultueuses et froides de la fonte des neiges ont gommé en son sein toutes traces apparentes de pollution latente. Pourtant un venin indicible coule dans ses veines. Fruit de la consommation, de la surconsommation, que le poids des années d'un développement non durable, polluant mais profitable, a fixé au plus profond de ses sédiments et de son sol karstique.


En ce jour où j'écris ces lignes, au moment même où vous les lisez, les célèbres truites zébrées meurent par dizaines, sans que personne ne sache pourquoi !


Truites et ombres sont couverts de tubercules et de pustules blanchâtres et dérivent inexorablement dans le lit qui les a enfantés. Un lit devenu pour un temps et pour combien de temps encore, décharge macabre.

Quelles en sont les raisons ? Personne ne le sait ou plutôt personne n'ose se l'avouer ?

Notre cher Doubs, on ne lui aura rien épargné : tout y sera passé. Chrome, cadmium, antibiotiques, crues et décrues organisées par la fée électricité,  tout ce que l'on a pu produire de plus toxique et malsain, tout ce que l'homme sait faire au nom du profit, est là enfoui au fond de son lit. La mort rôde féroce et hargneuse, tortueuse et brutale, prévenante et patiente. Elle prévient, jetant avec parcimonie son dévolu sur notre magnifique rivière, l'homme ne la respecte plus !


Les associations de pêche, la Franco-Suisse et  la famille Triboulet en tête, luttent depuis des années dans une abnégation singulière, avec un dévouement sans limite, pour le soutenir, entretenir l'espoir de la vie. Pas pour le voir s'effondrer et mourir !


Il y a déjà quelques années, la sirène d'alarme tirée, tout le monde s'est penché au chevet de ce qui n'était alors qu'un petit malade, pour comprendre pourquoi le Doubs toussotait.


C'était l'heure du constat, l'instant ultime de trouver le coupable, savoir enfin pourquoi la truite se faisait rare dans notre rivière si scintillante autrefois ?


Le nombre d'adhérents aux sociétés de pêche est pris dans la spirale vertigineuse de la chute. Que sont devenus les pêcheurs qui parsemaient jadis les berges vierges de notre rivière ?


Les hypothèses les plus folles ont été envisagées !


Ce sont les élections, diront les uns. On est en France d'accord, mais on ne vote pas tous les ans !  Le temps alors, diront les autres, tantôt trop beau, tantôt trop humide. On est dans le Doubs, les pissotières de la France disait Louis XIV, il n'y a rien d'extraordinaire à cela !

Et si c'était les poissons qui venaient à manquer ? Où sont-ils donc passés ?


Dans les congélateurs des pêcheurs c'est évident ! Il faut donc réglementer, interdire, on sait si bien le faire.


Les assemblées générales des l'AAPPMA regorgent de séances interminables de palabres à n'en plus finir où les pêcheurs vont tour à tour s'étriper, chacun y allant de sa préconisation et de son interdiction.


C'est les pêcheurs à la mouche avec leurs nymphes prétendent les pêcheurs au toc. Que nenni  ce sont les pêcheurs au toc avec leurs grandes cannes prétendent les pêcheurs au vairon. Pas du tout ce sont les pêcheurs au vairon avec leur hameçons triples finiront par dire les pêcheurs à la mouche. La boucle est bouclée, il est possible que j'en ai laissé quelques-uns sur la rive, je m'en excuse, ils me le pardonneront.


Intarissables préconisateurs de solutions miracles et pour certaines tout aussi stériles les unes que les autres, viendra le temps d'appliquer les remèdes. Alevinages,  parcours no-kill, augmentation de la taille des prises, diminution du nombre de prises journalières, création de parcours spécifiques pour les pêcheurs à la mouche, interdiction de rentrer dans l'eau avant l'ouverture de l'ombre pour protéger les frayères, interdiction de porter les waders sur certaines zones pour protéger les tufs, interdiction du bouchon lumineux, on interdit, on améliore... mais rien n'y fait, le problème est ailleurs !


Les poissons continuent à disparaître lentement mais sûrement, aussi sûrement que les pêcheurs au bord du Doubs.


Vint alors le coupable idéal,  ce satané oiseau piscivore de malheur, appelé Cormoran qui mangeait tous les poissons de ces pauvres pêcheurs.
Le Cormoran est aux truites du Doubs ce que Géronimo et sa tribu apache fut aux soldats américains, un alibi !


On a donc organisé des plans de tirs à l'échelle du département, encadrés par des gens compétents,  pour réguler ce maudit "piaf". Des cormorans sont tombés par centaines chaque année depuis bientôt dix ans et pour autant, les poissons sont toujours de plus en plus absents. Le Cormoran, encore une victime de notre insatiable gourmandise, de notre développement déraisonnable.

Tous ceci n'a pas été fait à la légère, des études très sérieuses ont été commandées par le bureau de la Franco-Suisse à des scientifiques de renom et cabinets d'experts pour comprendre, analyser ce qui ce passe réellement. Des rapports alarmants sur l'état sanitaire du Doubs en sont ressortis. Je vous invite à les consulter sur le site de la Franco-Suisse à l'adresse électronique de la Franco_Suisse,

 www.goumoispechesloisirs.fr

dans la rubrique Action Environnement.

Il est temps aujourd'hui d'ouvrir les yeux, à l'aube d'une énième ouverture de la pêche qui aura lieu le 1er Mars prochain à Goumois.
Le Doubs ne tousse plus, il est gravement malade, pour ne pas dire moribond. Va t-on laisser consommer ce poisson sans rien dire ?

Les autorités publiques sont aujourd'hui alertées, les maires locaux, les députés, les sénateurs doivent se mobiliser pour sauver le Doubs.

Plusieurs courriers, à la demande de l'AAPPMA "la Franco-Suisse et gorges du Doubs" et de son président Christian TRIBOULET ont été adressés par les élus au ministère de l'écologie et du développement durable. Ces courriers alertent en personne madame la ministre, sur l'état sanitaire alarmant du Doubs, ainsi que sur les modes de fonctionnement des usiniers qui turbinent brutalement les eaux, compromettant gravement les écosystèmes.

Martial Bourquin,  Sénateur Maire d'Audincourt, en personne, se penche sur ce dossier avec comme souci majeur de créer une gouvernance au niveau des états pour traiter d'urgence la problèmatique. car en plus de la dégradation des écosystèmes, il existe maintenant un problème sanitaire majeur au niveau de la consommation d'eau potable du pays de Montbéliard.   


Je vous invite à cet égard à consulter la rubrique Infos Pêche onglet Hydrologie du site de la Franco-Suisse, pour constater l'effet des turbinages sur les courbes des débits au jour le jour.


Espérons que ces courriers, où les doléances sont clairement exposées, ne resteront pas lettre morte comme c'est trop souvent le cas.

Il y a urgence le Doubs meurt à petit feu et nous sommes tous concernés, pêcheurs, naturalistes, observateurs de tous poils, promeneurs occasionnels, petits et grands, jeunes et vieux, simples citoyens et politiques de tous bords, consommateurs, agriculteurs, industriels et tant d'autres encore. Ce n'est pas seulement une économie locale qui va s'effondrer, c'est un patrimoine écologique sans équivalent, c'est tout un écosystème irremplaçable, du microplancton au plus gros de la chaîne alimentaire qui va disparaître.

Perché sur le rocher du Singe un après-midi d'hiver à l'aplomb de Goumois je me suis assoupi, dans une herbe folle et fraîche, baignée de soleil. Je le rêve s'étirant dans la vallée, libre, remplissant comme il l'entend, tendrement ou brutalement le cours de son lit, sans que personne ne lui impose, ni marche forcée, ni repos. Semant au gré du temps, la vie dont tout le monde dépend. Brutalement je me suis réveillé la réalité m'a rattrapé. A force de shoots et de fixes, il est là, tel un junkie à l'agonie, prêt à sombrer dans les méandres alambiqués de notre folie ! J'avale la pente, me précipite à son chevet, je tends l'oreille, j'écoute, je cherche un souffle de vie murmurer sous les galets.
Le Doubs coule, le Doubs s'écoule, le Doubs se meurt !

Vous pouvez également visionner des vidéos très fouillées au sujet des problèmes du Doubs à l'adresse ci-dessous :
Le lien: http://www.pronatura-ju.ch  et choisir le fichier Doubs.

 

Les pollutions agricoles et domestiques sont mises en cause pour expliquer l'état lamentable de nos rivières. Or un petit tour de passe-passe a été commis pendant les vacances de Noël 2011 par le Ministère de l'Agriculture !


À peine croyable : c'est en pleine période de fêtes de Noël et du Nouvel An que le ministre de l'agriculture a choisi de "consulter le public" sur un projet de modification de la réglementation relative aux zones d'excédent structurel de lisier ! Chacun le sait, en cette période de fêtes, les citoyens surveillent assidument les projets de textes mis en ligne sur le site internet du ministère de l'agriculture...

 

Une pétition à signer :

http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/elevages-deregle...

01/03/2011

Adaptation aux eaux douces

Les animaux d'eau douce (dulçaquicoles) ont soit une origine marine, soit une origine terrestre. Dans le premier cas, ils auront à résoudre un problème de pression osmotique. Dans le second cas, ils auront à résoudre un problème de respiration.

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05/12/2010

L'Apron du Rhône

L'Apron du Rhône,

un poisson en danger d'extinction

Autrefois dans le Doubs, se trouvait un petit poisson appelé le "Roi du Doubs" ou "Sorcier" dont le nom officiel est Apron du Rhône. En Franche-Comté, cet hôte très discret n'est plus présent aujourd'hui de manière significative que sur la Loue. C'est l’un des quatre poissons d’eau douce, avec l’Esturgeon commun ou encore l'Anguille, déclarés "en danger critique d'extinction" sur le territoire français.

 

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16/11/2010

Characées du nord-est de la France

Conservatoire-botanique.jpgGuide illustré des Characées

du nord-est de la France

 

par Gilles Bailly et Otto Schaefer 


Characées.jpg

 

Les Characées sont des végétaux aquatiques mal connus du grand public malgré leur intérêt en tant qu'espèces sentinelles de pollution des eaux douces. Il faut être reconnaissant à Gilles Bailly, phytosociologue au CBNFC, d'appeler l'attention des hydrobiologistes et du grand public sur le rôle de ces algues particulières.

En effet, les Characées contribuent à l’édification d’habitats à forte valeur patrimoniale, les prairies benthiques à charophytes, et elles caractérisent de nombreuses communautés végétales d’habitats d’intérêt communautaire, les "eaux oligo-mésotrophes calcaires avec végétation benthique à Chara sp." (Code Natura 3140). Les Characées sont également connues pour être très sensibles à diverses pollutions ; elles sont de ce fait des révélateurs de la bonne santé écologique des milieux qui les abritent.

Ce guide permettra de faire avancer la connaissance de ce groupe encore mal connu en France malgré l’importance de celui-ci dans la détermination de communautés végétales d’habitat d’intérêt communautaire et dans le domaine de la bio-indication.

35 taxons sont présentés à travers des fiches richement illustrées de photographies indispensables pour la détermination difficile dans ce groupe. Vous trouverez également dans chaque fiche une description du taxon ainsi que de nombreux renseignements sur son habitat (écologie, phytosociologie, répartition).

Ce guide gratuit, réalisé grâce aux soutiens de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) Franche-Comté et de la Région de Franche-Comté, permettra une meilleure intégration des Characées dans les expertises faites sur les milieux aquatiques. 


Pour recevoir cet ouvrage, il vous suffit de  faire parvenir à l’adresse suivante, une enveloppe C4 (renforcée à bulles, avec vos coordonnées) timbrée à 4,05 € pour les envois en France métropolitaine*.Un seul ouvrage sera envoyé par personne.


Conservatoire botanique national de Franche-Comté 

maison de l’environnement de Franche-Comté

7 rue Voirin 

25000 BESANCON


* Pour les personnes habitant en dehors de cette zone, merci de contacter le conservatoire botanique.


Tél. 03 81 83 03 58 - Fax 03 81 53 41 26 - cbnfc@cbnfc.org - www.cbnfc.org

 

année-biodiversité.jpg

22/06/2010

Le Kawa Ijen, un volcan de Java (Indonésie)

Le Kawa Ijen est un volcan dont le cratère est occupé par un lac acide. Il se caractérise par une exploitation à dos d'homme d'une solfatare qui produit du soufre.

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16/06/2010

Cycle et bilan de l'oxygène en milieu aquatique

lac de Chambly_logo.jpgCycle et bilan de l'oxygène

 

par Guy BARROIN

INRA, station de Thonon les Bains

 

1. L'oxygène, un précieux déchet

 

Dans un univers essentiellement composé d'hydrogène, règle à laquelle ne déroge pas le système solaire, la présence d'oxygène libre en abondance dans l'atmosphère terrestre constitue une anomalie. La plus ancienne source d'oxygène terrestre a été la photolyse de la vapeur d'eau par les radiations solaires les plus énergétiques (λ < 200 nm). Strictement abiotique, cette réaction produit également de l'hydrogène qui s'échappe vers l'espace ; actuellement elle est localisée dans la haute atmosphère et sa contribution est parfaitement négligeable. Une autre source, tout aussi négligeable, est la photolyse de l'oxyde nitreux qui provient de la dénitrification bactérienne.

 

Il reste que la quasi totalité de l'oxygène atmosphérique est une conséquence directe de l'activité photosynthétique des organismes vivants, terrestres ou aquatiques. Ceux-ci utilisent l'eau comme donneur d'électrons pour réduire le gaz carbonique en matière organique, réaction de synthèse dont l'oxygène moléculaire est le sous-produit. L'accumulation de ce déchet métabolique est d'un intérêt tout particulier pour les organismes aérobies, végétaux et animaux. Consommé en permanence par les uns comme par les autres, il n'est produit que par les végétaux sous réserve qu'il y ait assez de lumière et de sels nutritifs.

 

Abondant dans l'air, sa disparition totale n'y est qu'un phénomène local et rare. En revanche, dans l'eau, où sa concentration n'excède pas 5% de ce qu'elle est dans l'air, il en est tout autrement. S'il n'est pas renouvelé, ce qui arrive fréquemment dans les écosystèmes limniques, l'oxygène finit par être totalement consommé par les phénomènes de respiration et de décomposition.

 

Le fait que la plus totale anoxie puisse s'installer aussi aisément concerne en premier lieu tous les organismes à respiration aérobie, influençant leur distribution, leur comportement et leur croissance physiologique, quelle que soit l'étape de leur développement. Mais la concentration en oxygène affecte aussi très fortement la solubilité de nombreuses substances et par conséquent la disponibilité des nutriments et des composés toxiques, ce qui n'est pas sans conséquence sur la biocénose.

 

Il n'est donc pas étonnant que l'oxygène soit, après l'eau, bien entendu, le constituant le plus fondamental et le paramètre le plus étudié des écosystèmes limniques.

 

2. Les termes du bilan

 

2.1 Un bilan en perpétuel déséquilibre

 

Fondamentalement, la présence de l'oxygène dans l'eau, régie par la solubilité de l'oxygène atmosphérique, tend à un certain équilibre. Elle détermine, entre autres, les états et les processus d'oxydo-réduction auxquels participent finalement peu d'éléments : C, N, O, S, Fe, Mn. Dans une eau en équilibre avec l'oxygène atmosphérique, tous ces éléments devraient théoriquement exister sous leur état d'oxydation le plus élevé : CO2, HCO3- ou CO32- pour le carbone, NO3- pour l'azote, SO42- pour le soufre, FeOOH ou Fe2O3 pour le fer et MnO2 pour le manganèse. En fait, il n'en est rien : dans une eau qui contient de l'oxygène dissous on trouve communément du carbone à l'état de matière organique et de l'azote à l'état de gaz N2. C'est que la présence d'un élément est moins le reflet exact d'un équilibre statique que la résultante d'un ensemble de réactions d'oxydo-réduction et de processus de diffusion et de mélange aux vitesses fort différentes.

 

En ce qui concerne les réactions d'oxydo-réduction, la situation de déséquilibre est entretenue par deux types d'activité. D'une part, l'activité photosynthétique qui, piégeant l'énergie lumineuse pour la convertir en énergie chimique, produit de la matière organique, véritable accumulateur d'états réduits. D'autre part l'activité respiratoire et minéralisatrice de tous les organismes, à commencer par celle des organismes non-photosynthétiques, qui tend à rééquilibrer la situation en catalysant l'oxydation de cette matière organique et en utilisant l'énergie ainsi libérée pour maintenir en vie les cellules en place et pour en synthétiser de nouvelles.

 

Finalement, la situation d'équilibre à laquelle l'oxygène aboutirait sous la seule contrainte de lois physiques est perpétuellement remise en question par la photosynthèse, par la respiration, la décomposition ainsi que par quelques réactions chimiques.

 

2.2 La dissolution de l'oxygène atmosphérique

 

L'air est un mélange de gaz qui contient environ 20,95% d'oxygène en volume (tableau 1). Quand l'air est au contact de l'eau, celle-ci dissout une certaine quantité d'oxygène en fonction des caractéristiques intrinsèques de solubilité du gaz mais aussi en fonction des conditions de milieu qui règnent dans l'atmosphère (pression atmosphérique, humidité) et dans l'eau (température, pression hydrostatique, salinité).

 

Effet de la pression atmosphérique

 

D'après la loi de Henry, à l'équilibre et à une température donnée, la concentration en oxygène dissous de l'eau est proportionnelle à sa pression partielle dans la phase gazeuse.

 

À 10°C et sous 1 atm. (760 mm de Hg), 1 litre d'eau pure en contact avec de l'oxygène pur en dissout 38,46 ml (54,94 mg).

 

Mis en contact avec de l'air sec, il n'en dissout plus que 38,46 x 0,2095 soit 8,06 ml (11,51 mg), 0,2095 atm. représentant la pression partielle d'oxygène dans l'air (20,95% d'oxygène) sous 1 atm. (tableau I).

 

TABLEAU-I-450.jpg

 

Comme la pression atmosphérique diminue avec l'altitude et varie avec les conditions météorologiques, il en est de même de la pression partielle, donc de la solubilité de l'oxygène. À 2000 m d'altitude, l'eau pure contient 22% d'oxygène en moins qu'au niveau de la mer à température égale (tableau II). Une chute de la pression atmosphérique de 30 mm de Hg entraîne une diminution de solubilité d'environ 4%.

TABLEAU-II-450.jpg


Effet de la température

 

La solubilité des gaz diminue avec la température, mais la détermination précise de la solubilité de l'oxygène dans l'eau n'a pas été une opération facile. Depuis la fin du XIXe siècle, de nombreux chercheurs s'y sont employés, obtenant des résultats dont les discordances résultèrent autant du manque de fiabilité des méthodes de dosage que de la diversité des conditions expérimentales, notamment de l'humidité de l'air. En effet, si l'air est humide, c'est-à-dire comme dilué par de la vapeur d'eau, la pression partielle de l'oxygène doit être calculée par rapport à la pression barométrique diminuée de la pression partielle de vapeur d'eau, cette dernière augmentant avec la température d'environ 1 mm de Hg/°C (tableau 3). Les standard methods (1971) donnent la formule :

OD =(P-u). 0,678 / (35 + t)

OD = oxygène dissous (mg.l-1)

P = pression barométrique (mm Hg)

u = pression de vapeur d'eau saturante (mm Hg)

t = température (°C) valable pour 0°C < t < 30°C.

 

Une autre formule, plus simple, valable pour 4°C < t < 33°C, au niveau de la mer, à ± 0,04 mg.l-1 est proposée par Montgomery et al (1964) :

OD = 468 / (31,6 + t)

 

Hitchman (1978) finit par dresser un tableau à partir de la moyenne des résultats obtenus par 11 auteurs différents (tableau III).

TABLEAU-III-450.jpg

Compte tenu de ces difficultés, Monod et al. (1984) estiment plus prudent de ne pas garantir la seconde décimale.

 

Effet de la pression hydrostatique


Tout dépend si l'oxygène est évalué en termes de pression partielle ou en termes de solubilité. La pression partielle augmente avec 1a profondeur : par 10 000 m de fond, elle est 3,55 fois celle de la surface, à température égale. Par contre la solubilité est indépendante de la pression hydrostatique dans l'eau pure et diminue légèrement dans l'eau salée : par 10 000 m de fond dans une eau salée de densité 1,023, elle est inférieure de 3% à celle de la surface à température égale. Pratiquement, si l'on évalue la concentration en oxygène par voie titrimétrique, il n'y a pas lieu de tenir compte de la pression hydrostatique. Par contre, si l'on utilise une sonde à oxygène, qui mesure la pression partielle, il faut effectuer une correction qui atteint -5% pour 400 m de profondeur (Hitchman 1978).

 

Effet de la salinité

 

Les sels minéraux dissous dans l'eau ont pour effet de diminuer légèrement la pression de vapeur d'eau saturante et par conséquent la solubilité de l'oxygène (tableau IV). La diminution de cette dernière est exponentielle et atteint presque 20% pour une eau de mer de densité 1,035. On peut négliger le phénomène en eau douce, mais il peut avoir son intérêt en eau salée ou même saumâtre.

Tableau IV-450.jpg

 

La pêche électrique

Description du dispositif de pêche. Principe de fonctionnement. Précautions d'utilisation. Applications à la pêche scientifique.

 

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Échantillonnage des poissons lacustres

filets-verticaux_01-1.jpgÉchantillonnage des poissons lacustres :

les filets verticaux à enroulement

 

par André Guyard

 

 

Un système de filets verticaux à enroulement permet une meilleure prospection de tout le volume d'eau avec l'exploration différentielle des habitats-poissons. La confrontation des résultats obtenus dans des conditions similaires montre l'efficacité de la méthode par rapport aux systèmes classiques. Déterminée avec ce protocole, la distribution d'abondance des quinze espèces de poissons capturés montre que l'ichtyofaune de la retenue de Vouglans est dominée par les espèces les plus euryèces : Gardon, Brèmes, Ablette et Perche.

 

L'échantillonnage de l'ichtyofaune s'effectue traditionnellement à l'aide de filets professionnels usuels : filets emmêlants de type tramail ou filets maillants (araignées, pics ou filets de surface).

 

Du point de vue méthodologique, les auteurs (C.E.M.A.G.R.E.F, 1986, E.P.R. Franche-Comté, 1986 et VERNEAUX, 1986) soulignent l'insuffisance de ce mode d'échantillonnage pour plusieurs raisons :

 

—   l'emploi de filets de type traditionnel de hauteur limitée interdit l'exploration simultanée de toute la tranche d'eau, notamment en zone centrale ;

 

—   les dimensions et le mode de relevage des filets pélagiques ne permettent pas un repérage précis des prises dans l'espace aquatique ;

 

—   pour des raisons pratiques, il est difficile de disposer dans le même biotope une batterie de filets comportant une gamme suffisante de maillages, ce qui accroît la sélectivité du système ;

 

—   enfin, les classes de tailles les plus faibles sont très peu capturées.

 

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Batterie de filets en place en zone pélagique dans le lac Saint-Point
(Cliché P. Vaudaux)

 

Le dispositif des filets verticaux à enroulement pallie le mieux possible ces différents inconvénients et permet d'associer protocole de capture et cartographie habitationnelle.

 

Inspirée de la méthode de BARTOO et al. (1973), est utilisée comme unité d'effort de pêche une batterie de six filets verticaux, d'une largeur de 2 m, et d'une gamme de mailles s'échelonnant de 10 mm à 60 mm. Ce dispositif expérimenté pour la première fois au lac de Saint-Point, est décrit par CUINET & VAUDAUX (1986) puis par PÉNIL, HEIDMANN et RAYMOND (1987).

 

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Potences du bateau destinées à supporter les filets enroulés
(Cliché P. Vaudaux)

 

Chaque filet est enroulé sur un tube en PVC étanche servant de flotteur. L'enrouleur étant posé sur deux potences solidaires de l'embarcation, un système de manivelle permet à l'exécutant de dérouler le filet lors de la tendue sur toute la hauteur de la tranche d'eau.

01_Vouglans_filet-1.jpg
Un filet vertical à enroulement

 

Le filet est constitué d'une nappe monofilament de couleur vert pâle invisible dans l'eau. Afin d'éviter le vrillage provoqué par le vent, les courants ou les captures les plus importantes, des raidisseurs en polyéthylène translucide de densité voisine de 1, jalonnent le filet tous les dix mètres. La ralingue de fond, lestée de plomb, est également munie d'un raidisseur.

 

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Capture d'ablettes en maille de 10 mm
(Cliché P. Vaudaux)

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Capture d'un gardon
(Cliché P. Vaudaux)

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Capture d'une Truite arc-en-ciel
(Cliché P. Vaudaux)

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Capture d'un corégone
(Cliché P. Vaudaux)

filets-verticaux_09-1.jpg
Capture d'un brochet en maille de 100 mm
(Cliché P. Vaudaux)

Les ralingues de bordure sont munies d'une graduation métrique dont la lecture indique, lors du relevage du filet par enroulement sur le flotteur-enrouleur, la distance au fond de chaque capture.

 

Pour des raisons de commodité lors de l'échantillonnage des profondeurs inférieures à 2 m, ce dispositif est remplacé par une petite araignée d'une largeur constante de 2 m et utilisée sur toute la tranche d'eau comme un filet vertical dont le flotteur-enrouleur serait remplacé par une ralingue de flotteurs en balsa gainé.

 

Pour en savoir plus :

 

BARTOO, N.W., HANSEN, R.G. et WYDOVSKI, R.S. (1973) — A portable vertical gillnet System. Progr. Fish-Cutt. 35 ; 231-233.

 

C.E.M.A.G.R.E.F., (1986) — Étude des populations ichtyologiques des grands plans d'au : La retenue de Vouglans (Jura). Rapport dactylogr. : 21 p. + 2 annexes.

 

CUINET, A. et VAUDAUX, P. (1986) — Contribution à la mise au point d'un nouveau protocole d'échantillonnage de la faune ichtyologique des lacs. Mém. D.E.S.S. Hydrobiol. Univ. Fr.-Comté : 138 p. + annexes.

 

GRANDMOTTET, J.-P. (1983) — Principales exigences de 30 Téléostéens dulcicoles vis-à-vis de l'habitat. Ann. Sc. Univ. Fr.-Comté. Biol. anim. 4(4) : 3-32.

 

GUYARD A., GRANDMOTTET J.-P. & VERNEAUX J. (1989) — Utilisation de batteries de filets verticaux à enroulement : nouvelle technique d'échantillonnage de la faune ichtyologique lacustre. Application à l'étude du peuplement pisciaire de la retenue du barrage de Vouglans (Jura). Ann. Sc. Univ. Fr.-Comté. Biol. anim. 5(1) : 59-70.

 

Qu'est-ce qu'un lac ?

Un lac est une étendue d'eau libre stagnante remplissant une dépression naturelle des continents, sans contact direct avec les océans. On le caractérise par différents paramètres morphologiques. Il occupe une dépression due à différents agents tectoniques, géologiques ou géographiques. La morphologie du lac dépend de son origine, de son mode d'alimentation et de son âge.

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Les lacs : généralités

Notions de limnologie. Différents types de lacs. Zonation limnétique

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14/06/2010

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11/06/2010

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08/06/2010

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Les poissons des lacs du Jura. Échantillonnage et courbes de croissance

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07/06/2010

Proliférations algales dans la haute vallée du Doubs

Les récentes constatations de la pollution de la Loue par une efflorescence de Cyanobactéries (ou Algues Bleues) a semé l'émoi dans la population, les pêcheurs et les touristes. Pourtant les épisodes estivaux de prolifération algale ne sont pas rares dans la région.

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Proliférations de Cyanobactéries dans la Loue

Une pollution de la Loue a entraîné une prolifération de Cyanobactéries toxiques. Ces organismes émettent des toxines mettant en danger la vie aquatique et notamment les populations de truites

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17/04/2010

La Moule perlière d'eau douce

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La Moule perlière d'eau douce

Margaritifera margaritifera (L. 1758)


Famille  des Margaritiféridés

 

par André Guyard

 

Pour s'assurer de la qualité des eaux douces, l'Onema inspecte 1500 sites de rivières tous les deux ans et 200 lacs tous les six ans.

 

La directive-cadre européenne (DCE) exige de définir les équilibres naturels entre espèces ainsi que la productivité optimale d'une rivière. Cette dernière se calcule en kilos de poissons par hectare de rivière. Pour l'instant, on estime qu'une rivière à cyprinidés "produit" de 200 à 600 kilos de poissons par hectare... une fourchette trop vaste pour avoir une idée précise du "bon état écologique" exigé par la DCE. Mais on manque de références historiques comme l'explique Philippe Barran : «La morphologie de presque tous nos cours d'eau a été modifiée depuis la révolution industrielle

 

Pour essayer de définir un bon état écologique de base, la meilleure approche est d'étudier la petite centaine de ruisseaux qui ont traversé les siècles sans dommages : le Chabot, la Lamproie de Planer, l'Écrevisse à pattes blanches et la Moule perlière y vivent encore. Ces quatre espèces sont évaluées dans le Morvan par un programme européen Life. Ces espèces sentinelles de la qualité des sites aquatiques sont appelées espèces indicatrices.

 

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La Mulette
(dessin de Béatrice Kremer-Cochet)

 

Parmi les espèces indicatrices de la qualité des sites aquatiques d'eau douce est la Mulette perlière ou Moule perlière (Margaritifera margaritifera). En France, son aire de répartition couvre l'essentiel des massifs cristallophylliens du territoire métropolitain français : Massif Armoricain, Massif Central, Morvan, Alpes et Pyrénées, à l'exclusion du bassin du Rhône. Elle était jadis si abondante que ses perles ont orné colliers et parures jusqu'au milieu du XXe siècle. C'est un mollusque lamellibranche des rivières claires d'Europe, de Russie, du Canada et de la façade Est des États-Unis, une espèce désormais protégée et connue pour sa durée de vie exceptionnelle (plus d'un siècle). Dans la nature, on rencontre  une perle pour mille individus. À l'occasion du baptême de son fils, le futur Louis XIII, Marie de Médicis exigea une robe entièrement recouverte de milliers de perles venues des rivières françaises. On imagine l'hécatombe engendrée par ce caprice royal !

 

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Coupe du manteau et de la coquille d'une Moule perlière

 

Le schéma ci-dessus montre une coupe de la coquille et du manteau d'une moule.

 

Le manteau est un repli tégumentaire qui enveloppe le corps de la moule. L'épiderme (en rouge) est replié  sur le derme (2 en jaune). Sa face externe (3) secrète la coquille et la face interne (1) limite la cavité palléale.

 

La coquille présente trois couches : une couche externe : la cuticule ou périostracum (6 en jaune), pellicule cornée formée d'une substance organique la conchyoline ; une couche moyenne ou ostracum (5 en violet), formée de prismes constitués par des lames calcaires noyés dans de la conchyoline ; une couche interne, la nacre ou hypostracum (4 en bleu) formée de minces lamelles de conchyoline imprégnées de calcaire. Les interférences entre les rayons lumineux réfléchis par ces différentes lamelles donnent une irisation particulière à la nacre. Cette couche lamelleuse est sécrétée par toute la surface de la face externe du manteau. De sorte que l'accroissement en épaisseur de la coquille est due uniquement à la nacre qui participe à la réparation des brèches de la coquille et éventuellement à la formation de perles englobant des particules introduites accidentellement entre manteau et coquille. Ainsi, le germe d'une perle peut être un fragment de manteau voire un débri de coquille ou même un microinvertébré.

 

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Margaritifera margaritifera
(cliché de Gilbert Cochet)

 

La Mulette est un mollusque lamellibranche qui se reconnaît à sa forme allongée. Les adultes mesurent de 8 à 14 cm et vivent aux deux tiers enfoncés dans le sédiment (sable ou gravier), en position quasi verticale. La Mulette filtre ainsi environ 50 litres d'eau par jour, se nourrissant des particules véhiculées par les courants. Pour résister au froid, elle exige un substrat gravillonnaire, voire sableux, lui permettant de s'enfouir, parfois plusieurs années. Elle est donc très sensible à la sédimentation des rivières constituant son habitat : la baisse des débits, colmatant les fonds, entraîne systématiquement sa disparition, bien qu'on observe parfois des déplacements volontaires de sujets adultes (baisse des niveaux d'eau ou augmentation de la turbidité).

 

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Dissection de la Mulette

 

Le schéma ci-dessus représente une dissection de la Mulette. 1. : muscles adducteurs ; 2. : estomac ; 3. : bouche ; 4. : ventricule cardiaque ; 5. : gonade ; 6. : canal excréteur ; 7 : rein ; 8. : branchie ; 9 : pied ; 10. : palpes labiaux.

 

Biologie

 

L'espèce a besoin d'une eau bien oxygénée pour assurer un cycle de reproduction complexe. "Cela impose qu'on ne perturbe pas la morphologie d'une rivière et que les eaux restent pures. Deux conditions qui n'ont cessé de reculer", explique Pierre Durlet, gérant du programme du Morvan. La France aura donc atteint le bon état écologique de ses eaux quand on reverra en bijouterie des colliers de perles de moule. C'est en tout cas le but recherché par les écologues. Les gestionnaires de l'eau se contenteraient de beaucoup moins.

 

Le cycle de vie de la Moule perlière est associé à celui de la Truite fario et à celui du Saumon atlantique, car les larves du mollusque se développent à l'abri des branchies de ces poissons, et uniquement de ceux-ci.

 

Les sexes sont séparés. Pour la reproduction, le mâle libère ses spermatozoïdes dans l'eau, ils rejoignent alors les ovules, très abondants de la femelle. Après fécondation, l'œuf commence son développement dans la cavité palléale de la femelle. Il évolue en une larve, nommée glochidium, qui est incubée par la femelle pendant un mois. La taille de 0,05 mm atteinte, la larve est libérée dans le cours d'eau. Le glochidium est doté d'une coquille bivalve pourvue d'un crochet recourbé à l'intérieur et d'une sorte de filament adhésif. Cette larve va se fixer sur l'appareil branchial d'une Truite fario ou d'un Saumon atlantique, provoquant chez son hôte la formation d'une tumeur où se développe le glochidium, qui se nourrit par la surface de son manteau. Cette phase parasitaire dure en général quelques semaines (jusqu'à 10 mois), temps au bout duquel le glochidium devient un véritable bivalve en miniature de 0,5 mm. La larve s'enkyste alors dans les sédiments durant plusieurs années et poursuit sa croissance, pour atteindre sa maturité sexuelle à 20 ans.

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La larve glochidium

 

La longévité de cette espèce est remarquable, puisqu'elle varie entre 20 et 30 ans pour les individus vivant dans les eaux plus chaudes du sud de l'Europe, à plus de 150 ans pour ceux de Scandinavie.


État des populations

 

Cette moule constitue un excellent indicateur écologique. L'habitat de la Moule perlière correspond à des eaux fraîches, courantes, pauvres en calcaire, à fond de gravier ou de sable mais dépourvu de vase. Elle tolère très mal la présence de phosphates, ne supporte pas des eaux avec plus de 5 mg/l de nitrate et ne peut se reproduire avec plus de 1 mg/l ! (rappelons que la norme autorisée est 50 mg/l).

 

 

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Margaritifera margaritifera
(cliché de Gilbert Cochet réalisé dans le Morvan)

 

En tant que filtreur, elle accumule de nombreux toxiques (métaux lourds, pesticides...) qui peuvent la tuer ou nuire à ses capacités de développement et de reproduction. Il est possible que les perturbateurs endocriniens soient également un facteur de régression de l'espèce, comme c'est démontré pour d'autres mollusques.

 

La création de lacs de retenue (absence de courant), de microcentrales électriques (changement des débits), les pratiques agricoles (eutrophisation des cours d'eau, pollution par les pesticides, augmentation de l'érosion des sols et par suite de la turbidité), ainsi que l'introduction de truites arc-en-ciel (impropres au développement du glochidium) ont entraîné la quasi-disparition de cette espèce sur pratiquement toute son aire de répartition.

 

D'où le statut particulier de cette espèce, qui relève de l'annexe III de la Convention de Berne et sa cotation UICN : menacée d'extinction.

 

Protection

 

Suite au Grenelle de l'Environnement, la France a prévu un plan de restauration national, à décliner régionalement. La Directive cadre sur l'eau devrait contribuer à la restauration de la bonne qualité écologique des cours d'eau et des bassins versants, mais un certain nombre de paramètres critiques dont la turbidité restent préoccupants, voire montrent une dégradation. Le réchauffement climatique en mettant en été à sec les parties amont de cours d'eau est également un facteur de risque supplémentaire puisque Margaritifera margaritifera dépend de la présence de jeunes salmonidés, Saumon ou Truite fario.

 

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Répartition de la Moule perlière en France
(document Gilbert Cochet)

 

C'est une espèce menacée de disparition en Europe de l'Ouest en 2008. En France, la moule perlière est encore présente dans une centaine de rivières en France suite au recensement réalisé par Gilbert Cochet dans les années 1990.


La production de perles de culture en Chine

 

En Chine, l'élevage de moules d'eau douce en vue de la production de perles de culture peut se pratiquer en lac naturel, en réservoir ou en étang.

 

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Aquaculture de moules perlières au centre piscicole du District de Qingpu (Shanghai)

(Cliché F.A.O.)

 

Trois espèces de moules perlières y sont élevées en étang: Hyriopsis cumingi (la meilleure), Cristaria plicata et Anodonta woodiana. Pour provoquer la formation de perles, on implante manuellement, entre le manteau et la coquille de chaque moule perlière, plusieurs dizaines de petits morceaux du manteau de moules sacrifiées. L'on utilise ainsi en moyenne quatre manteaux par moule perlière et un ouvrier spécialisé peut préparer environ 30 moules perlières par jour.

 

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Moules perlières chinoises
(Clichés André Guyard)

 

Ces moules sont ensuite placées en étang, suspendues individuellement à un fil vertical. La densité de stockage est de 150-225 individus par 100 m2 de plan d'eau. Après deux étés (température de l'eau 20-25°C), l'on récolte jusqu'à 40-50 perles de culture par moule, en fonction du nombre de noyaux implantés.

 

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Moule perlière après grossissement en bassin
(Cliché André Guyard)

 

La qualité des perles ainsi produites est très variable. Même si, étant principalement destinées en Chine à l'usage médicinal, leur forme et leur qualité n'ont pas la même importance qu'au Japon, leur prix peut varier du simple au triple selon qu'elles se classent en quatrième (700 yuans/kg) ou en première (2 000 yuans/kg) catégorie.

 

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Perles de culture chinoises
(Clichés André Guyard)

 

En moyenne, 100 moules perlières produisent 0,5 kg de perles de culture, soit un rendement de 0,75-1,125 kg par 100 m2 d'étang. Le revenu de cette activité aquacole peut donc être intéressant si la qualité des perles produites est bonne, particulièrement lorsque cet élevage se fait en lac naturel et en réservoir où il permet d'intensifier l'exploitation du milieu aquatique sans grand investissement. C'est, par exemple, le cas à la Commune populaire "Libération" (District de Qingpu, Shanghai), qui exploite ainsi le Dianshan Hu et produit annuellement 500 kg de perles.

 

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Un grand merci à Gilbert Cochet, éminent spécialiste de la Moule perlière pour ses envois de clichés photographiques et les corrections apportées à cet article.

 

Sources :

 

Cochet G. (2004)  La moule perlière et les nayades de France Catiche Productions Ed. 32 p.

Chauveau L. : Les moules perlières jouent les sentinelles (Sciences et Avenir, juin 2009).

Perles de culture en Chine : http://www.fao.org/docrep/005/AD016F/AD016F15.htm