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06/04/2016

Perturbateurs endocriniens : pourquoi l'Europe laisse faire

Perturbateurs endocriniens :

pourquoi l'Europe laisse faire

 

(Mise à jour du 02 juillet 2016)

 

Yohav Oremiatzki (Télérama) Publié le 07/04/2016.

 

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Alimentation, cosmétiques… les pesticides et autres molécules nocives sont partout. Aucun règlement ne limite leur usage. L'Europe se laisse-t-elle piloter par les lobbys ?

 

C'est un signal fort envoyé à l'industrie des pesticides : le 17 mars, l'Assemblée nationale a voté l'interdiction des insecticides néonicotinoïdes, responsables de la chute du nombre des populations de pollinisateurs, en seconde lecture. Un progrès de taille, mais qui ne fait pas encore du xxie siècle « celui de l'hygiène chimique » comme l'a prôné François Hollande. Car on diffuse, on déverse, on épand toujours plus de ­pesticides dans les campagnes françaises, où l'achat de produits phytosanitaires a bondi de 9,4 % en 2013-2014, selon le ministère de l'Agriculture ! Et l'Hexagone trône toujours sur la première marche du podium européen des consommateurs de pesticides. Si, à Paris, le Parlement peut faire interdire quelques produits tueurs d'abeilles, notre « hygiène chi­mique » dépend en fait principalement de Bruxelles.

 

Explosion des cancers

 

Alors pourquoi l'Union européenne tarde-t-elle autant à passer au crible les perturbateurs endocriniens (PE) ? En 2009, elle avait pourtant décidé de réglementer l'usage de ces substances exogènes capables de pirater notre système hormonal dès la vie foetale et d'induire, pour nous et nos descendants, infertilité, malformations génitales ou encore perte de QI. Les scientifiques les suspectent de jouer un rôle dans l'explosion des cancers du sein, de l'utérus, du testicule et de la prostate. Invisibles, les perturbateurs endocriniens sont omniprésents – on les trouve dans l'eau, l'air et l'alimentation, les plastiques, les cosmétiques (1)… « Ce sont à la fois leur nombre et leur “effet cocktail” qui inquiètent aujourd'hui les scientifiques », explique la biologiste Barbara Demeneix, professeure au Muséum national d'histoire naturelle, qui rappelle par ailleurs que la première alerte scientifique sur le sujet remonte à… 1991. « Mais l'histoire commence en 1962, quand la biologiste Rachel Carson publie Printemps silencieux. Sans les nommer, cette Américaine décrivait déjà les effets délétères des perturbateurs endocriniens sur les oiseaux et les poissons. »

 

Quarante-quatre ans après la parution de ce livre phare, qui permit notamment de faire interdire un pesticide – le DDT –, toujours pas de réglementation globale. Des critères d'identification des perturbateurs endocriniens auraient pourtant du être publiés par la Commission européenne avant décembre 2013. On attend toujours. L'organe exécutif de l'UE fait de la résistance. Or, sans définition scientifique, impossible d'appliquer la loi.

 

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En retardant le processus de réglementation, en donnant du temps aux industries gourmandes de perturbateurs endocriniens, la Commission européenne a créé les conditions d'une guerre d'usure à armes inégales opposant deux camps : la Commission et les lobbys d'un côté ; les eurodéputés, les ONG et de nombreux scientifiques de l'autre. Dans Intoxication, la jour­naliste indépendante et documentariste Stéphane Horel retrace la chronologie de cette « bataille d'influence contre la santé ».

 

Nul besoin d'engager un ­hacker pour récupérer des milliers de pages de correspondance interne, d'e-mails entre la Commission et les lobbys et de mémos plus ou moins censurés : le règlement 1049/2001 donne accès aux documents publics des institutions ­européennes. Un outil bien utile aussi à Martin Pigeon, chercheur au Corporate Europe Observatory (CEO), qui étudie les groupes d'influ­ence privés à Bruxelles : « Il permet de voir la dif­férence entre le discours public des lobbyistes reposant sur la croissance, ­l'emploi, la compétitivité et leurs deman­des concrètes » dès que pèse la menace d'interdiction d'un produit chimique.

 

“L'affaire des perturbateurs endocriniens est révélatrice du fonctionnement de Bruxelles”, Sylvain Laurens, sociologue

 

« L'affaire des perturbateurs endocriniens est révélatrice du fonctionnement de Bruxelles », constate le sociologue à l'Ehess Sylvain Laurens. Et souligne une loi d'airain : la Commission européenne impulse les lois, le Parlement et le Conseil de l'UE se contentent de les adopter. « Il y a donc capture de la décision politique par les services admi­nistratifs et bureaucratiques de la ­Commission. D'où l'intérêt des lobbys de maintenir des relations très pro­ches avec les eurocrates plutôt qu'avec les ­eurodéputés, en leur délivrant un état de l'art scientifique qui correspond aux ­intérêts de l'industrie, pas des citoyens. […] La nouvelle frontière du lobbying, c'est donc la vérité scientifique. Les enjeux politiques se sont déplacés sur le terrain technique. » Et qui a les moyens de se payer des toxicologues capables de faire valoir des études scientifiques contradictoires ? Greenpeace, qui dispose d'un budget annuel de 3,8 ­millions d'euros, ou le Cefic, organisation européenne de lobbying de l'industrie chimique, qui est dix fois mieux dotée ?

 

Avant de penser santé, la Commission européenne pense économie. Par ses atermoiements, elle semble à tout prix vouloir éviter que la future législation sur les PE ne conduise à ­retirer de la vente nombre de produits contenant des molécules dangereu­ses. « Cela en dit long sur notre système, estime Stéphane Horel. Lorsque des fonctionnaires non élus ont la haute main sur une législation qui va à l'encontre de l'intérêt général, peut-on ­encore dire que nous vivons en démocratie ? »

 

Parlementaires ignorés

 

La question se pose d'autant plus que le Parlement européen joue un rôle décidément subsidiaire dans cette partie de poker menteur. La Commission reste sourde en effet aux interpellations des groupes parlementaires qui invoquent le principe de précaution. « A force d'envoyer des lettres ou de voter des résolutions, on s'est rendu compte que la Commission se fichait de nous », s'indigne Axel Sing­hofen, conseiller sur les questions de santé et de politique environnementale du groupe Les Verts-­Alliance libre européenne.

 

Il a fallu que la Suède ­dépose plainte contre la Commission auprès de la Cour de justice de l'Union européenne, en 2014, pour accélérer les choses : condamnée en décembre dernier pour inaction, et sommée de publier les critères d'identification des PE sans délai, la Commission a enfin annoncé qu'elle s'exécuterait… d'ici l'été. Commission, 1 ; démocratie, 1. Mais le Parlement n'est pas au bout de ses peines. Et Stéphane Horel pressent une réglementation en forme de pari faustien, dans lequel « on sacrifierait quelques ''boucs émissaires'', quelques substances censées être les plus puissantes, pour sauver toutes les autres estimées moins nocives » et ainsi ménager les caisses de l'industrie. ­Business is business.

 

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Zone grise

 

« Il y a aura beaucoup de tractations obscures et de nombreuses substances vont rester dans une zone grise, anticipe Lisette Van Vliet, conseillère en poli­tiques publiques à l'ONG Heal (Health and Environment Alliance). C'est pourquoi s'assurer que le processus de décision est démocratique est une étape ­décisive si l'Europe veut garder sa légi­timité. » Gardiennes de la transparence de ce processus, les ONG de la bulle bruxelloise se sont mises en ordre de bataille. Mais les obstacles sont nombreux.

 

Ainsi, en 2014, au lendemain d'une consultation publique organisée par la Commission, et reposant sur un questionnaire digne de Polytechnique, EDC-Free Europe, coalition de trente ONG, avait-elle décidé de simplifier la procédure pour le citoyen lambda en lançant une plateforme Internet en sept langues. Résultat : sur les vingt-sept mille contributions enregistrées pendant la consultation publique, vingt-cinq mille provenaient des questionnaires préparés par EDC-Free Europe. Pourtant, selon Stéphane Horel, la Commission a davantage valorisé les contributions de l'industrie…

 

Face à l'apathie des pouvoirs publics et à l'indigence du débat démocratique, des scientifiques mettent aussi leur poids dans la balance. Mais plus ils s'investissent, plus les lobbyistes les accusent… d'être militants ! Cofondatrice d'une société spécialisée dans le criblage des PE (WatchFrog), Barbara Demeneix est aussi experte à l'OCDE et membre de la « task force » (groupe d'action) Endocrine Society. « Quand je vais témoigner à Bruxelles, je prends sur mon temps. L'industrie chimique, elle, est représentée par un expert beaucoup plus disponible que moi et coaché pour les débats. [...] En outre, la science a désormais tendance à être vue par le grand public non comme le remède mais comme la cause du problème. Ce qu'il nous faudrait, c'est donc l'équivalent d'une COP 21 pour les perturbateurs endocriniens. »

 

Stratégie du déni

 

Le lien entre changement climatique et PE n'est pas anodin : dans les deux cas, la transposition du savoir scientifique en décision politique devrait s'imposer d'elle-même. Elle est pourtant loin d'être automatique, car derrière ces questions, c'est la société de consommation qui est remise en cause. Il reste en revanche une différence de taille : « Pour le réchauffement climatique, la stratégie du déni ne fonctionne plus, remarque l'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage. Pour les PE, elle marche bien car, contrairement à l'amiante, le lien de causalité est encore difficile – mais pas impossible – à établir entre une seule substance et une maladie. »

 

Le déni marche si bien que certains lobbys semblent à peine se préoccuper des médias. Dans un document interne de PlasticsEurope (le lobby européen des plastiques), daté de mai 2015 et que Télérama s'est procuré, journaux, radios ou réseaux sociaux ne figurent même pas dans les « menaces » listées : ce qui inquiète, c'est avant tout la « pression politique des Etats membres les plus bruyants (France, Suède et Danemark) et du Parlement européen ». Stéphane Horel est persuadée que les choses ­seraient différentes si on « sortait le ­sujet des pages conso des magazines », car plus on s'adresse au citoyen en tant que consommateur, moins on développe sa conscience politique.

 

“Il y a une incompétence généralisée. Au final, on découvre une chaîne de ‘déresponsabilité’ parfaitement antidémocratique”, Corinne Lepage, ex-euro-députée.

 

Malheureusement, selon Corinne ­Lepage, le processus d'évaluation des PE échappe à tout le monde : aux ­citoyens bien sûr, mais surtout à des politiques intoxiqués et dépassés par la technicité des dossiers : « Il y a une incompétence généralisée. Au ­Parlement européen, nous n'étions que quel­ques-uns à suivre ces dossiers, se souvient l'ex-députée européenne centriste (2009-2014) : plutôt des femmes que des hommes, qui semblent plus préoccupés par les questions économiques. Au final, on ­découvre une chaîne de "déresponsa­bilité" parfaitement antidémocratique. Les politiques ne sont pas des experts donc ils se fient aux avis de ces derniers. Et les experts ne sont pas décideurs donc ils ne sont pas responsables. Une séparation claire entre des scientifi­ques indépendants responsables de l'avis qu'ils donnent, et des politiques responsables de la décision qu'ils prennent, au plus haut niveau de la Commission et des Etats membres, s'impose d'urgence ». Alors, peut-être, la loi suivra-t-elle la science. 

 

(1) On compte aujourd'hui plus de quatre-vingt-cinq mille produits sur un inventaire de l'Environmental Protection Agency, aux Etats-Unis – sans compter certains pesticides et les cosmétiques, qui sont gérés par d'autres législations… Très peu d'entre eux ont été correctement testés pour leurs perturbateurs endocriniens et leurs effets toxiques.

 

L'Europe recule sur les perturbateurs endocriniens

(Article de Sciences et Avenir, n° 833, juillet 2016 p. 60 Rachel Mulot @RachelFleaux)

 

La définition retenue par la Commission européenne entrave toute interdiction de ces molécules suspectées d'agir à très faibles doses et en cocktail. Cette définition est la suivante : une substance phytopharmaceutique ou biocide est considérée comme un perturbateur endocrinien « si elle a des effets indésirables sur la santé humaine, présente un mode d'action endocrinien et s'il existe un lien de causalité entre l'effet indésirable et le mode d'action ».

 

Les critères définis par la Commission s'appliquent dans le domaine des produits phytopharmaceutiques (pesticides, fertilisants) et biocides (désinfectants ménagers, produits anti-salissures), mais ils excluent les autres perturbateurs endocriniens, bisphénols A et phtalates (plastifiants pour emballages et boîtes de conserve), parabènes (cosmétiques et médicaments), perfluorés (revêtements anti-adhésifs) qui font ou feront l'objet d'autres examens juridiques et scientifiques.

 

Pourtant, les perturbateurs endocriniens SONT SUSPECTÉS D'ALTÉRER LA REPRODUCTION HUMAINE, de créer des troubles neurologiques et de favoriser le diabète ou les troubles immunitaires. Ce sont des molécules largement utilisées, mais qui n'avaient toujours pas de définition officielle au niveau européen. Cela faisait plus de deux ans que la Commission devait présenter les critères pour les identifier ; c'est chose faite depuis le 15 juin 2016.

 

Problème, ces critères ne satisfont personne hormis la Commission elle-même. En cause : une version restrictive de la définition de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), exigeant des effets avérés sur la santé humaine.

 

En d'autres termes, les études sur l'animal, telles celles qui permettent de classer un produit cancérogène ou d'autoriser un pesticide, ne suffiront pas pour une éventuelle interdiction. « Le niveau de preuve exigé est tel qu'il sera ardu de l'atteindre, quand bien même il existerait des preuves scientifiques de dommages », déplore l'Endocrine Society (18 000 endocrinologues dans 120 pays) qui parle d'un « échec pour la santé publique ».

 

Et les industriels ne sont pas satisfaits non plus car la Commission « n'a pas retenu le critère de puissance, pour distinguer entre les substances dont les effets peuvent être observés à très faible concentration, et celles dont les impacts ne se réaliseront pas compte tenu des niveaux d'exposition », selon l'Union des industries chimiques. Or les perturbateurs endocriniens sont suspectés d'agir à très faibles doses et en cocktail. Pas sûr donc que le Parlement et les États membres adoptent ces textes en l'état. »

 

Selon Joëlle Rüegg, CHERCHEUSE AU CENTRE SUÉDOIS D'ÉTUDES TOXICOLOGIQUES (SWETOX) :"Les citoyens ne seront pas protégés".

 

« La Commission européenne se focalise sur la santé humaine, sans égard pour l'effet des produits chimiques sur la vie sauvage. En réintroduisant la notion de risques, et non plus celle de danger, elle exige de nouvelles études parce que les données viennent principalement du monde animal. Or il est inenvisageable, pour des raisons éthiques et sanitaires, de mener des essais sur l'homme, encore moins la femme enceinte [les perturbateurs endocriniens sont suspectés d'agir sur le fœtus]. Par ailleurs, démontrer les liens entre un mode d'action et un effet indésirable peut prendre des années. Les études d'épidémiologie environnementale sont très longues et souvent contradictoires et elles ne permettent pas de faire des liens de cause à effet. En l'état, les niveaux de preuve demandés ne permettent pas de protéger les citoyens.»

 

Sur le même thème :

 

Entretien Dominique Belpomme, cancérologue : “70 à 90 % des cancers seraient liés à l'environnement”

Changeons l'Europe Thomas Piketty : “Pour sauver l'Europe, je crois aux vertus de la délibération démocratique” Abo

Entretien Saskia Sassen, sociologue : “L'expulsion est devenue le nouveau modèle de nos sociétés” Abo

Entretien Dr Véronique Vasseur : “Nous vivons dans un pic de pollution quasi-permanent”

 

Un article récent (16 juin 2016) paru dans le Figaro santé fustige les nouvelles règles adoptées par la Commission européenne.

 

Voir également l'article de Environnement Magazine.fr : Perturbateurs endocriniens : l'Europe adopte la définition de l'OMS, mais...

À lire

Intoxication. Perturbateurs endocriniens, lobbyistes et eurocrates : une bataille d'influence contre la santé, de Stéphane Horel, éd. La Découverte, 304 p., 19€.

 

Le Cerveau endommagé, de Barbara Demeneix, éd. Odile Jacob, 416 p., 25,90€, à paraître le 25 mai 2016.

 

08/05/2012

Pollutions de l'eau douce. L'incroyable indulgence

Pollutions de l'eau douce.

L'incroyable indulgence

 

par Hervé Chambonnière (Le Télégramme.com)

 (Compléments et dernière mise à jour : 25/08/2014)

 

Contrairement aux « voyous des mers », les pollueurs d'eau douce bénéficient d'une incroyable indulgence des autorités. Du contrôle à la sanction, enquête sur une quasi-impunité. Même si la Bretagne apparaît comme la plus sévère... des régions laxistes!

 

Il y a le fléau des algues vertes. Il y a aussi les menaces de sévères sanctions européennes pour nos eaux « de qualité médiocre ». Il y a, enfin, un coût toujours plus élevé pour rendre l'eau potable. Mais rien n'y fait. Les pollueurs, à la source de ces problèmes, ne sont pas véritablement inquiétés. La répression est tout simplement jugée « insignifiante », par le Conseil d'État. Elle affiche toujours, malgré « quelques progrès », « une défaillance à peu près totale », selon la Cour des comptes. Contrôles insuffisants, beaucoup d'infractions mais peu de poursuites, sanctions peu dissuasives, peu nombreuses et bénignes... À toutes les étapes de la chaîne répressive, les deux hautes juridictions ont relevé, en 2010, une accablante série d'incohérences. En voici l'inventaire.

 

Des contrôles insuffisants

 

Même s'ils sont en augmentation, ceux-ci sont « notoirement insuffisants », tranchait, en juin 2010, le Conseil d'État. Il y en a, pourtant, clairement beaucoup plus en Bretagne. Pour les seuls contrôles nitrates, les services de l'État ont vérifié un peu plus d'une exploitation agricole sur sept, en 2010. À titre de comparaison, en 2003, dans la Beauce, « tout agriculteur ou irriguant savait d'emblée qu'il n'avait aucune chance d'être contrôlé durant sa vie professionnelle entière », relève le Conseil d'État.

 

Des services asphyxiés et bridés

 

Pourquoi si peu de contrôles ? « Nos moyens sont dérisoires comparés à l'ampleur des pollutions constatées, confesse un responsable de la police de l'environnement. Nous ne sommes pas assez nombreux ». Autre raison évoquée par la Cour des comptes : « Avec des effectifs si limités par département, pour la première fois en recul depuis dix ans, les agents éprouvent des difficultés à répondre aux objectifs et priorités fixés par l'administration centrale ». D'autant que « la direction de l'eau a multiplié les priorités au même moment ». Autre explication avancée par un responsable de la police de l'eau : « Les services ne sont pas toujours très libres de contrôler les exploitations agricoles... C'est très variable d'un département à l'autre, suivant l'autonomie dont dispose le préfet face aux lobbies locaux ».

 

Une jungle réglementaire

 

Il existe treize polices (réglementations) différentes concernant l'eau, vingt-cinq différentes pour l'environnement ! Pour les appliquer, le code de l'environnement désigne pas moins de 70 catégories d'agents différents. Un rapprochement des activités de police de plusieurs organismes (Onema, Oncfs et DDTM) a été amorcé. « L'efficacité d'un tel édifice, faut-il s'en étonner, est pour le moins limité », constate le Conseil d'État. Quant au droit pénal de l'environnement, avec ses 540 délits et ses425 contraventions, « il n'est pas d'application aisée ».

 

Des sanctions peu dissuasives

 

Pour une pollution de quelques kilomètres, même à plus de 200 km de nos côtes, un « voyou des mers » risque, depuis août 2008, une amende de 15M€. Quid pour les pollutions qui se déroulent à nos portes, dans des cours d'eau qui alimentent nos réseaux d'eau potable? L'amende maximale prévue est de... 75.000€. « C'est vraiment pas cher pour une pollution qui peut durer 2.500 ans », raille un gendarme spécialisé, évoquant la pollution industrielle du Rhône au plomb et au PCB.

 

Trop de classements sans suite

 

C'est ce que dénoncent deux associations bretonnes de protection de l'environnement, l'Aappma de l'Elorn et Eau et Rivières. Difficile de vérifier, tant les données sont nombreuses, partielles et différentes. À titre indicatif, néanmoins, un instructif rapport interministériel de 2005, consacré aux polices de l'environnement, livre ce curieux constat : alors qu'elles devraient être quatre fois plus poursuivies (car les infractions sont plus facilement établies: auteur identifié...), les affaires liées à l'environnement le sont... presque deux fois moins ! Plus d'une affaire sur deux (contre trois habituellement) est ainsi classée sans suite. Pour quels motifs ? Mystère. Dans son rapport, le Conseil d'État évoque « des raisons qui n'ont pas été élucidées »... Le rapport interministériel de 2005 avance une explication : « Les magistrats sont méfiants quant au choix de contentieux faits par l'administration pour des motifs qu'ils pensent être liés à des considérations d'ordre politique ou en relation avec l'action de groupes de pression. Ils paraissent craindre de se trouver instrumentalisés ». En Bretagne, en 2010, pour les seuls contrôles des plans nitrates, seul un PV sur quatre (26%) faisait l'objet d'un classement sans suite. Mais un sur trois (34%) était toujours en attente d'une réponse pénale des parquets bretons.

 

Ajout du 23 février 2013

 

Dans l'ensemble, en 2013 en France, les nitrates gagnent toujours du terrain  La teneur en nitrates dans l'eau excède 50 mg/1 dans 18 860 communes de France. Soit 860 de plus qu'en 2012. En cause : les nitrates contenus dans les déjections animales épandues pour fertiliser les sols. Quand l'apport dépasse les besoins des cultures, l'excès se retrouve dans les rivières, puis sur les côtes, où il favorise la prolifération d'algues vertes. "Dans l'Ouest, des efforts ont été faits, commente Jean-Louis Peyraud, de l'Institut national de la recherche agronomique. Moins dans les zones de grandes cultures - Bassin parisien, Poitou - Charentes, Haute-Normandie... - où la hausse ne ralentit pas. "

 

Quelle est la part de l'eau douce sur notre planète ?


Une infographie de Pierre Barthélémy sur Mblog nous renseigne à ce propos.

 

Les techniques de détections de pollutions chimiques des eaux

Voir l'article [LIEN]

 

Ajout du 25 août 2014

 

Bien sûr, la situation n'est pas meilleure sinon pire pour la pollution des océans depuis la révolution industrielle. Témoin cet article récent qui fait le point sur la pollution de la mer par le mercure.

10/08/2011

Faire des enfants tue la planète

Pour qu’il y ait une vie

avant la mort !

 

par Michel Tarrier

 

« L'Homme s'obstine à inventer l'enfer dans un monde paradisiaque. » (Jacques Massacrier).

 

-      Cette vie vaut-elle la peine d’être vécue et transmise ?

-      Y’a-t-il vraiment une vie avant la mort ? Laquelle ? Celle-là ?

-      Naître est-il dans l’intérêt de l’enfant ?

 

Ce ne sont pas des questions métaphysiques, mais tout au contraire bel et bien terre à terre.

 

Tarrier-faire des enfants-01.png

 

Surpopulation : la vraie vérité qui dérange.

 

Aujourd’hui, la Somalie se meurt en grande partie du fait que ce pays qui ne comptait que 2,3 millions d'habitants en 1950 est désormais atteint d’une excroissance démographique et explosive avec 9,6 millions (6,26 enfants par femme !).

 

Réduisons-nous, incitons partout à des familles restreintes !

Sachant qu’un enfant du premier monde coûte et gaspille plus que dix enfants des pays du Sud, les Occidentaux devront-il engendrer jusqu’à l’absurde surnuméraire pour sauver des caisses de retraites qui, potentiellement, sont déjà en banqueroute ?

Les Pays du Sud doivent-ils continuer à surpeupler des terres occises où un milliard de gens sont en sous-nutrition, alors que les écoréfugiés n’ont pas de statut et ne seront jamais les bienvenus dans les nations nanties ?

 

L'Humanité vit à crédit et consomme 1,5 planète par an, soit bien plus que ce que la Terre est en capacité de lui offrir.

Selon Global Footprint Network, le jour du dépassement  (Earth Overshoot Day) qui avance chaque année était le 21 août en 2011.

La surconsommation des pays riches est responsable de cette empreinte écologique insoutenable.

Pour continuer ainsi, Il faudra 2 planètes Terre d'ici 2030.

 

En augmentant de 4 milliards, la population planétaire a triplé depuis 1950.

Nous avons toutes les preuves que la planète ne pourra pas nourrir 9 milliards de terriens en 2050 ou 17 milliards en 2100.

Nous feignons d’ignorer la finitude d’un monde dans laquelle notre multitude puise allègrement et sans relâche.

 

tarrier-cigogne-surpopulation.jpeg

 

Il faut quelque chose de plus qu’un couple pour faire un enfant, il faut au moins une planète viable.

Posséder une famille nombreuse n’est-il pas un délit environnemental, une grave atteinte à la planète et à l’avenir commun ?

Pour un ami de la Terre, toute abstinence à la procréation humaine, toute pénurie des naissances sont reçues comme de bonnes nouvelles.

Sans peur ni reproche du métissage, le renouvellement des générations des pays développés devra se faire par les immigrants. Juste retour des choses pour nous qui avons colonisé, génocidé, écocidé, pillé, et qui continuons à le faire !

 

Mais si vous estimez que nous n’avons aucune responsabilité ni vis-à-vis des 12 millions d’enfants qui meurent chaque année avant d’atteindre leur cinquième anniversaire, ni à l’endroit des espèces végétales et animales qui disparaissent à la vitesse grand V, que notre reproduction n’est pas excessive ou en tout cas acquittée de telles accusations, alors oui, faites encore et encore des enfants. Mais faites vite car plus le temps passe et plus leur vie sera invivable !

 

6 milliards tout juste hier :

http://www.youtube.com/watch?v=8Xe4dEcJgXg

 

7 milliards tout juste aujourd’hui :

http://www.youtube.com/watch?v=sc4HxPxNrZ0&

 

Invasif lui-même, l’égoïste Homo sapiens moderne ne tolère pas les autres espèces :

http://www.dailymotion.com/video/xfiosy_le-dieu-et-l-etra...

 

"En 1950, nous pensions pouvoir faire reverdir les déserts.En 2050, nous aurons réussi à désertifier la Terre entière."

 

Faire des enfants tue, tue la Planète.

Vivre moins nombreux pour que tout le monde puisse tout simplement vivre.

Tout pacte écologique devrait sous-tendre l’idée d’un pacte antinataliste.

Si on aime les enfants, il suffit de ne pas en faire !

Vous êtes écologiquement moins coupable en élevant un petit chat ou un gros chien qu’en faisant un enfant !

 

Tarrier-faire des enfants-02.jpg

 

FAIRE DES ENFANTS TUE LA PLANÈTE,

Éloge de la dénatalité

Michel Tarrier, Éditions LME, 180 pages

Nouvelle édition complétée et actualisée

Le seul ouvrage de référence pour lutter contre la dangereuse idéologie de la reproduction qui surpeuple la Terre.

 

http://www.amazon.fr/Enfants-Tue-Planete-Tarrier-Michel/dp/2360260197

 

*Notez donc les dates d'épuisement des richesses exploitables au rythme actuel de consommation : 2021 : fin de l'argent / 2025 : fin de l'or et du zinc / 2028 : fin de l'étain / 2030 : fin du plomb / 2039 : fin du cuivre / 2040 : fin de l'uranium / 2048 : fin du nickel / 2050 : fin du pétrole (on va rigoler !) / 2064 : fin du platine / 2072 : fin du gaz naturel / 2087 : fin du fer / 2120 : fin du cobalt / 2139 : fin de l'aluminium / 2158 : fin du charbon… (Source : Magazine Science et Vie hors série n° 243 de juin 2008 : Construire un monde durable.)

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Afin de contribuer au respect de l'environnement, régler votre chauffage sur 13°C la nuit.

 

Population mondiale actuelle et perspectives.

06/11/2010

Environnement en ligne

Le magazine Sciences et Avenir présente dans son numéro d'octobre 2010 un dossier comprenant 100 sites scientifiques qu'il juge les meilleurs. Ci-dessous, quelques sites sélectionnés dans la rubrique "Protéger la planète".

Lire la suite

08/12/2009

Sortie du livre "Les Parcs Nationaux en France"

Les parcs nationaux en France


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Le nouvel ouvrage du photographe Patrick Desgraupes "Les Parcs nationaux en France" est paru le 8 octobre 2009 aux Éditions Aubanel.

Sélectionné par Parcs Nationaux de France, cet ouvrage est destiné à "faire rayonner les parcs nationaux en France et dans le reste du monde".

Photographe paysagiste, Patrick Desgraupes a promené sa chambre photographique pendant presque deux ans au cœur des parcs nationaux français.

"Les Parcs nationaux en France" présente des paysages à la faune et la flore foisonnantes : vues imprenables des sommets, lacs majestueux, mais aussi habitants soucieux de leur environnement.

Un livre, richement illustré et accompagné du texte de Michel Fonovich qui souligne la richesse naturelle et culturelle ainsi que la grande diversité de ce patrimoine.

Une seconde partie plus journalistique propose une fiche par parc et une interview de "gens des parcs".

Roundup®. Monsanto condamné pour publicité mensongère

Roundup®. Monsanto condamné pour publicité mensongère

 

A la une de "Ouest France" du jeudi 15 octobre 2009


par Philippe Gaillard

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Photo : Jean-Yves Desfoux


Le Round up®, désherbant, très répandu, n'est pas aussi inoffensif que la publicité veut bien le dire. La Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Monsanto, rendant définitive sa condamnation à 15 000 euros d'amende pour "publicité mensongère".

Sa boîte verte est bien connue des jardiniers amateurs. Et les agriculteurs l'utilisent aussi en grande quantité. Le Roundup®, premier désherbant vendu en France et dans le monde, va-t-il devoir changer sa publicité?

Depuis sa mise sur le marché en 1975, son fabricant, la multinationale américaine Monsanto, l'a toujours présenté comme un herbicide efficace, biodégradable qui respecte l'environnement. Pourtant, le 27 janvier 2007, Monsanto a été condamné par le tribunal correctionnel de Lyon à 15 000 € d'amende pour publicité mensongère.

Herbicide total

Les associations Eau et Rivières de Bretagne et UFC-Que choisir avaient porté plainte au sujet de l'étiquetage de l'herbicide. Monsanto avait fait appel de cette décision. En octobre 2008, la cour d'appel de Lyon a confirmé sa culpabilité. La multinationale s'était pourvue en cassation. Un pourvoi rejeté, le 6octobre, par la chambre criminelle de la Cour de cassation.

Ce désherbant n'est pas aussi vert qu'il en a l'air. Le Roundup est un herbicide total. Sa substance active, le glyphosate, pénètre par les feuilles et détruit les cellules reproductrices de la plante. Mais le produit comporte aussi des substances dites «inertes». Si le glyphosate est assez rapidement dégradé, certains produits de cette dégradation s'accumulent, en cas d'usage excessif, dans les nappes phréatiques. En 2004, rappelle Eau & Rivières de Bretagne, le Roundup a été détecté dans 78% des échantillons d'eau analysés en Bretagne.

Or, plusieurs études scientifiques, contestées par Monsanto, ont prouvé que le Roundup® est nocif pour la santé humaine. Il est d'ailleurs classé dangereux pour l'environnement par les autorités européennes depuis 2001.

 

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06/10/2009

Halte à l’orpaillage clandestin en Guyane !

La Guyane concentre sur son territoire un grand nombre d'exploitations minières illégales générant une insécurité importante et des atteintes environnementales quasi irrémédiables (déforestation massive et sauvage, propagation de métaux lourds dans les fleuves et le sous-sol). L'orpaillage illégal s'appuie sur des zones logistiques situées pour la plupart à l'extérieur du département, et à partir desquelles les sites d'exploitation sont alimentés en moyens humains et matériels par voie fluviale, puis en empruntant un maillage de pistes et layons tracés par les délinquants.

 

 

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