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03/01/2018

Vague de tempête

Vague de tempête

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste

 

Malgré le vent fort de ces derniers jours, les vagues de cette nature ne sont pas très courantes sur les plans d'eau du Pays de Montbéliard même si les amateurs de planche à voile s'en donnaient à cœur joie.

 

L'image provient tout droit de la côte atlantique où j'ai pu, durant quelques jours, observer les turbulences météorologiques qui annonçaient la tempête Carmen.

 

De la Pointe Saint-Mathieu à la plage de Kerfissien (Cléder) entre Brest et Le Conquet, je profite d'un océan déchaîné offrant un spectacle fascinant.

 

Les prises de vues s’enchaînent jusqu'aux dernières heures de la journée. Les ambiances varient au rythme de la marée, le cadre d'une côte rocheuse ou de la plage offrant en permanence une atmosphère débordante d'énergie.

 

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Cliché © Dominique Delfino

02/01/2018

L’Allan en mode hivernal

L’Allan en mode hivernal

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste

 

La basse vallée de l’Allan à Allenjoie revêt, quel que soit le moment de l’année, un caractère naturel et sauvage que le rythme des saisons façonne au jour le jour.

 

La dynamique des crues de la rivière, libre sur cet espace de dessiner son lit, fait comprendre comment ce cours d’eau s’équilibre avec le temps qui s’écoule.

 

Le paysage m’apparaît sans cesse différent. Les nombreuses prises de vues réalisées par tous les temps, du lever du jour à la nuit tombée, traduisent des ambiances singulières qui s’inscrivent durablement dans ma mémoire.

 

La crue de ces derniers temps a laissé place à ce cadre hivernal.

 

Le contraste s’affiche en noir et blanc le temps d’une giboulée de neige, dans une atmosphère de douceur malgré tout.

 

Allan en mode hivernal-450.jpg

Document © Dominique Delfino

20/12/2017

Volée de Grives

Volée de Grives

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

La neige fraîchement tombée ce début de semaine me pousse à parcourir les chemins qui traversent les champs et les vergers sur le plateau de Brognard-Allenjoie.

 

Au menu de mes prises de vues s'inscrit le graphisme des vieux arbres fruitiers habillés pour la circonstance d'un léger manteau de neige.

 

La présence au pied d'un arbre d'un important groupe d'oiseaux fouillant le sol enneigé attire mon attention. Il s’agit essentiellement de Grives litornes.

 

Les oiseaux profitent des pommes tombées au sol pour se nourrir dans une activité frénétique. Merles noirs et Étourneaux sansonnets s'invitent également au festin, animant ainsi de bruyantes envolées dans le paysage.

 

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Document © Dominique Delfino

 

16/12/2017

Oneplanetsummit : 12 engagements internationaux sur le climat

 

Oneplanetsummit :

12 engagements internationaux sur le climat

 

Dans sa lettre bimensuelle, Éric Alauzet, député LREM présente les 12 engagements que les nations devront prendre pour lutter contre le réchauffement climatique. pour les consulter, cliquez sur le titre de cet article.

 

# OnePlanetSummit : 12 engagements internationaux annoncés pour le climat

14/12/2017

Zoom sur la toile

Zoom sur la toile

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste

 

Elle surprend au petit matin, brille dans la lumière du jour qui se lève, vibre au premier souffle de vent comme pour rythmer le temps qui va s'écouler en ce début de journée.

 

J'aime plonger le regard dans le détail de cette toile, les mille gouttelettes accrochées aux fils de soie m’entrainant dans un autre monde.

 

Mais cette fois-ci, c'est en usant de technique, accompagnée d'un mouvement rapide d'un objectif ''zoom'', que je me plais à jouer avec la lumière.

 

Il en ressort cette représentation graphique et dynamique que m'offre la structure de la composition originelle qui, en cette période de fête, s’apparente à la plus belle des guirlandes naturelles.

 

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Cliché © Dominique Delfino

 

 

12/12/2017

Terroirs viticoles du Jura, géologie et paysages

Terroirs viticoles du Jura,

géologie et paysages

par Michel Campy

Professeur émérite des Universités

 

Vous trouverez ci-joint une présentation de l’ouvrage, récemment publié, « Terroirs viticoles du Jura, géologie et paysages » assorti d’un bon de commande éventuel.


Vous pouvez aussi le commander

directement à l’adresse suivante :

Mêta-Jura, 65 chemin de Mancy

39000 Lons-le-Saunier

03 84 47 32 39

meta.jura@laposte.net

 

Il sera également disponible dans toutes les librairies de la région.

Cordialement.

Michel Campy
1 impasse de la Chaux
39110 MARNOZ
03 84 53 26 11

 

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TERROIRS VITICOLES DU JURA, GÉOLOGIE ET PAYSAGES

 

 

BON DE COMMANDE

 

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Commande : 1 exemplaire à 35€ + 5€ de port

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  • À régler par chèque à l’ordre de Mêta Jura
  • À faire parvenir à Mêta Jura, 65 chemin de Mancy, F–39000 LONS-LE-SAUNIER
  • Mêta Jura : tél. 03 84 47 32 39 – Email : metajura@laposte.net

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07/12/2017

Réchauffement climatique : les prévisions du Giec étaient trop optimistes

Réchauffement climatique :

les prévisions du Giec

étaient trop optimistes

 

Article de Jean-Luc Goudet paru dans

Futura-science le 6 avril 2007,

modifié le 7 décembre 2017

 

 

D'ici 2100, la Terre pourrait se réchauffer de 15% de plus que la pire des prédictions du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Ces dernières étaient donc trop optimistes. Pour espérer rester sous les 2°C, il faudra réduire encore plus les émissions de gaz à effet de serre par rapport à ce qui était prévu.

 

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), l'organe scientifique de référence sur le réchauffement, a publié en 2014 un éventail de scénarios prédisant le réchauffement climatique à la fin du XXIe siècle en fonction du volume des émissions de gaz à effet de serre.

 

Patrick Brown et Ken Caldeira, climatologues à l'Institut Carnegie de l'université de Stanford, en Californie (États-Unis), estiment, dans une étude publiée dans la revue Nature, que « le réchauffement climatique sera probablement plus important » que les pires modèles du Giec. Pointant du doigt le degré d'incertitude des scénarios climatiques, ils notent que les modèles les plus pessimistes, qui supposent une augmentation des émissions de gaz à effet de serre tout au long du siècle, prévoient une augmentation des températures entre 3,2 et 5,9°C d'ici 2100 par rapport à la période préindustrielle.

 

Le réchauffement serait pire que prévu

 

Dans l'objectif de rétrécir cette large fourchette, l'étude introduit dans les modèles des données liées à l'observation par satellite de l'énergie solaire absorbée ou renvoyée par la Terre. Et elle « élimine la partie basse de cette fourchette », concluant que « le réchauffement le plus probable est d'environ 0,5°C plus important que ce que suggère le modèle brut » du Giec concerné, résume le communiqué de Carnegie.

 

À ce stade, le monde a gagné près de 1°C, selon les scientifiques. Moins d'un degré qui a suffi à provoquer plus de précipitations, un rétrécissement de la banquise, une acidification des océans et une augmentation de leur niveau moyen. « Nos résultats indiquent que parvenir à n'importe quel objectif de stabilisation de la température mondiale nécessitera des réductions plus importantes des émissions de gaz à effet de serre que celles précédemment calculées », écrivent les auteurs de l'étude. L'accord de Paris de 2015 prévoit de limiter en deçà de 2°C la hausse moyenne de la température mondiale par rapport aux niveaux d'avant la Révolution industrielle, voire de 1,5°C.

 

Pour en savoir plus

 

Rapport Giec : enfin la reconnaissance

mondiale du réchauffement climatique

Article de Jean-Luc Goudet paru le 6 avril 2007

 

Cette fois, c'est fait. Les experts mondiaux du climat ont validé le quatrième rapport sur l'environnement proposé par le Giec. La Commission européenne a salué le travail mais il a fallu de subtiles tractations pour éviter des mots qui fâchent dans certains pays.

 

Pour que le quatrième rapport du Groupe intergouvernemental du climat (Giec) rédigé par des experts de l'ONU soit publié, il fallait l'accord de toutes les nations. En discussion depuis lundi à Bruxelles, le rapport a été publié, donc validé, ce vendredi 6 avril 2007.

 

Ce rapport, plus alarmant que les trois précédents, a de quoi inquiéter et, surtout, met de nombreux pays devant leurs responsabilités. On connaissait déjà son premier volet, scientifique, publié en février, qui indiquait pour 2100 une hausse probable de la température moyenne de 2 à 4,5 degrés et une montée du niveau des océans de 19 à 58 centimètres.

 

Dans le reste du rapport, les experts du Giec énoncent les effets de ces modifications:

 

  • Au-delà de 2 à 3 degrés de plus qu'en 1990, le réchauffement aura des impacts négatifs sur toutes les régions du globe.

 

  • Au-delà de 1,5 à 2,5 °C de plus, de 20 à 30 % des espèces animales et végétales risquent de disparaître.

 

  • Le nombre de victimes d'inondations pourraient augmenter de deux à sept millions de personnes chaque année.

 

  • En 2080, sécheresses, dégradation et salinisation des sols conduiront 3,2 milliards d'hommes à manquer d'eau et 600 millions à souffrir de la faim.

 

  • Les conséquences de ces inondations seront plus graves là où la pression démographique s'accentue et dans les grands deltas d'Afrique de l'Ouest, d'Asie ou du Mississippi.

 

  • « Les populations pauvres, même dans des sociétés prospères, sont les plus vulnérables au changement climatique » ont ajouté les experts pendant la conférence de presse.

 

Chipotages politiques

 

Le débat s'est clairement déplacé du terrain scientifique sur le terrain politique. Les débats ont bien montré les réticences des uns et des autres, ainsi que les points qui font mal. L'Arabie Saoudite, la Chine, les États-Unis et la Russie ont chacun contesté tel ou tel paragraphe qui semblait gêner leurs intérêts.

 

La Chine, d'après l'Agence France Presse, voulait retirer l'expression « très élevé » dans la phrase annonçant « le risque très élevé, basé sur de nombreuses observations et preuves dans tous les pays et la plupart des océans, que de nombreux systèmes naturels soient affectés par les changements climatiques. »

 

Quant aux États-Unis, ses représentants (toujours selon l'AFP) ont fait supprimer un passage prédisant que l'Amérique du Nord « devrait être localement confrontée à de graves dommages économiques et à des perturbations substantielles de son système socio-économique et culturel ».

 

Ironie du sort, c'est le moment qu'a choisi une équipe de treize chercheurs américains et israéliens, dirigée par Richard Seager, climatologue au Lamont Doherty Earth Observatory (New York), pour publier dans Science une étude alarmante sur l'évolution probable du climat dans le sud-ouest des Etats-Unis et au Mexique. Selon ces chercheurs, il faut s'attendre à une baisse de l'ordre de 15 % de l'humidité dans ces régions au cours des trois prochaines décennies. Et de prédire le retour régulier des catastrophiques phénomènes météorologiques appelés American Dust Bowl qui ont ravagé l'agriculture, déjà en crise, dans les années 1930. Une forte sécheresse s'était alors abattue sur la région des grandes plaines au centre des Etats-Unis et avait mis à mal les cultures avant de provoquer une importante érosion éolienne et de puissantes tempêtes de poussière. « Durant le Dust Bowl, souligne Richard Seager dans Naturela baisse d'humidité n'a été que de 15 %. »

 

http://www.futura-sciences.com/

 

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 Une tempête de poussière dans la région de Prowers, dans le Colorado, en 1937, à l'époque du Dust Bowl. © Western History Collection, University of Oklahoma

 

Visiblement, il ne suffira pas d'effacer un paragraphe pour écarter le danger... On peut remarquer aussi que cet épisode du Dust Bowl avait causé un tel traumatisme que d'énergiques mesures avaient été prises pour améliorer les pratiques agricoles (le labourage excessif a notamment été mis en cause), que l'écologie est devenue une science à part entière et qu'une certaine conscience de l'environnement est alors apparue.

Côté européen, l'accueil a été au contraire enthousiaste. La Commission européenne a salué le rapport. Stavros Dimas, le Commissaire européen, a affirmé que le texte « plaidait en faveur de l'objectif fixé par l'Union européenne, à savoir de limiter le réchauffement planétaire à 2° C au maximum au-dessus de la température de l'ère préindustrielle ». Les 27 pays de l'Union européenne ont décidé le mois dernier une série de mesures, notamment l'augmentation de la part des énergies renouvelables et la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre d'au moins 20 % d'ici 2020 par rapport à 1990.

 

SOURCEFutura-science

 

Voir également : Climat : le pire scénario semble le plus probable

06/12/2017

Pesticides dans les cours d'eau

FNE-Pesticides dans les cours d'eau.jpg

05/12/2017

Improvisation

Improvisation en noir et blanc

 

par Dominique Delfino, photographe

 

La neige est «belle» et bien là, elle transforme nos paysages, habille la saison en ce mois de fêtes de fin d'année.

 

Un regard particulier sur le milieu urbain laisse découvrir les traces de la vie courante que le tapis neigeux enregistre et dévoile aussitôt à nos yeux au rythme de l'activité du moment.

 

Vu du balcon, le graphisme qui se dégage de cette composition s'impose en noir blanc pour mieux illustrer cette scène de rue.

 

Seules les traces subsistent dans ce décor où les acteurs n'apparaissent pas, laissant découvrir l'animation permanente qui règne au sein de ce petit carrefour.

 

Improvisation-450.jpg

Cliché © Dominique Delfino

29/11/2017

Un tableau nommé Champagney

Un tableau nommé Champagney

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

 

Atmosphère limpide, lumière chaude et rasante, couleurs d'automne chatoyantes, toutes les conditions sont réunies pour profiter d'un survol de notre région.

 

Décollage de Montbéliard en direction de la Haute-Saône. Très vite apparaît dans le paysage le site du Bassin de Champagney qui revêt pour la circonstance un caractère inhabituel en cette période de travaux.

 

D'une superficie de 107 hectares, ce réservoir d'eau, construit à partir de 1882, retient 13 millions de m3 d'eau sur un périmètre de 7 km environ. Sa digue, d'une hauteur de 36 mètres pour une épaisseur de 32 mètres à la base s'élève sur une longueur de 785 mètres.

 

Durant cette vidange décennale, VNF (Voies Navigables de France) assure les travaux de génie civil (entretien et sécurisation de l'ouvrage) devant s'achever en fin d'année.

 

Vu du ciel, c'est un véritable tableau que dévoile ce paysage.

 

Sous certains angles de prises de vues, la végétation se mêlant aux éléments gréseux qui composent le sol me rappelle l'horizon de grands sites naturels qu'offre notre patrimoine mondial.

 

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Cliché © Dominique Delfino

 

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Cliché © Dominique Delfino

 

Contrat de transition écologique (CTE)

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28/11/2017

Glyphosate : Vous en reprendrez bien pour 5 ans ?

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24/11/2017

L’éradication des loups s’accélère : l’État coupable

L’éradication des loups s’accélère :

l’État coupable

 

par Pierre Athanaze, Président de l'ASPAS

 

(Mis en ligne le mardi 27 septembre 2011)

(Dernier ajout : le 24 novembre 2017)

 

Le dimanche 25 septembre 2011, dans le parc national du Mercantour, le collier émetteur dont une louve avait été équipée a été retrouvé sectionné manuellement. Mardi 20 septembre, un deuxième loup succombait à un tir de prélèvement autorisé par l’État dans le Haut-Verdon (04). Le lendemain, le cadavre d’un troisième animal était découvert dans la Gordolasque (06).


Incapable d’endiguer le braconnage, le ministère de l’Écologie continue néanmoins à délivrer des autorisations de tirs de cette espèce protégée. Nos dirigeants ont-ils décidé d’éliminer les plus beaux représentants de notre biodiversité ?


Tranché au couteau et jeté dans une rivière, le collier détérioré ne peut laisser présager qu’une sombre issue à sa porteuse, dont toute trace a été perdue. Il s’agit du troisième loup équipé de la sorte dans le cadre d’un suivi scientifique mené dans le parc national du Mercantour et… de la troisième disparition mystérieuse. Mardi, donc, un nouveau canidé venait alourdir le tableau de chasse du ministère dit de l’Écologie, après une autorisation de tir délivrée dans le Haut-Verdon.

 

Suite à un recours déposé par l’ASPAS, Association pour la protection des animaux sauvages, l’audience prévue pour étudier la légalité du tir devait avoir lieu le 29 septembre ! À ce jour, l’État a ordonné plus de 70 autorisations de tirs de canidés sauvages dans le cadre du protocole loup, qui permet à la France d’en abattre «officiellement» six. Trois loups ont ainsi été abattus et un autre blessé dans le Doubs. Un tir d’effarouchement a même été autorisé dans les Vosges, secteur où le prédateur vient à peine de poser les pattes. Mercredi soir, le cadavre d’un autre individu est retrouvé dans ce même département, probablement victime d’un acte malveillant.

 

Le braconnage de nos loups se multiplie aux quatre coins de la France. Déjà, en janvier 2008, le cadavre d’un animal décapité était retrouvé à Presle, en Savoie. En 2009, deux loups étaient abattus impunément par des chasseurs, en Haute-Savoie et dans les Hautes-Alpes. À ces cas avérés et connus s’ajoutent les cas suspectés ou inconnus, bien plus nombreux. Selon une expertise scientifique s’appuyant sur la comparaison des taux de croissance des populations et des effectifs réels, une centaine de loups (au minimum) auraient été braconnés en une dizaine d’années ! (Source : FERUS.)


Au moins cinq loups seraient donc morts cette saison, un sixième blessé. Or, selon l’article 2 de l’arrêté interministériel organisant les destructions de loups, les individus braconnés doivent être comptés dans le «quota» de six loups à abattre. L’ASPAS demande donc que soit immédiatement ordonné un moratoire des tirs de loups, car plus de 50 opérations de tirs sont toujours en cours.


Pierre Athanaze
Président
ASPAS
•  www.aspas-nature.org

Plus de renseignements sur le Loup en France :

http://loup.org/spip/IMG/pdf/ddploupsfepm_dec2012.pdf

 

Ajout du 7 mars 2014 (Est Républicain)

 

Les éleveurs demandent la révision du statut du loup : ils veulent une réunion de crise avec les ministres de l'Écologie et de l'Agriculture.

Les principaux syndicats et associations d'éleveurs ont demandé jeudi la révision de la législation européenne qui confère au loup le statut d'espèce protégée. « L'État est dépassé par la situation tant dans les zones de présence historique, où les attaques explosent, que dans les nouvelles zones qu'ils (les loups) colonisent jour après jour » affirment dans un communiqué commun plus d'une dizaine d'organisations, dont les syndicats d'agriculteurs FNSEA (majoritaire), Jeunes Agriculteurs, Confédération paysanne et la Fédération nationale ovine.

« Le plafond de 24 prélèvements pour la saison 20132014 était déjà insuffisant pour enrayer l'explosion démographique et géographique des loups en France », estiment-ils, rappelant que « seuls sept loups ont finalement pu être prélevés sur les 71 autorisations pourtant délivrées » l'an dernier du fait des recours juridiques.

« En plus d'être la plupart du temps impossibles à réaliser, ces prélèvements sont sans cesse attaqués juridiquement. Aussi, malgré la mise en place de moyens de protection, plus de 6 000 bêtes sont encore tuées chaque année », poursuivent-ils, en prévenant que « les éleveurs sont à bout ».

Les organisations et sept associations de bergers demandent en conséquence « une réunion de crise » avec les ministres de l'Écologie et de l'Agriculture.

Un rapport d'information parlementaire publié mardi a préconisé de rétrograder le prédateur d'espèce « strictement protégée » à « espèce protégée simple », de l'annexe II à l'annexe III de la Convention de Berne, relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe.

 

Ajout du 24 novembre 2017 :

 

Abattage du Loup : désaccord chez les scientifiques

 

Ajout du 26 août 2014 :


Clientélisme et populisme

sont les 2 mamelles...

 par Marc Laffont, le 6 juin 2014



Le 29 mai 2014, en réponse à une question du sénateur Roland Povinelli (qui doit se sentir seul dans cet univers anti-nature qu’est le Sénat...) restée sans suite pendant un an, madame la ministre de l’écologie a laborieusement admis que 93 % des indemnisations l’ont été sur la base suivante : "cause de mortalité liée à une prédation, responsabilité du loup non exclue".


Ce qui signifie que seuls 7 % des constats ayant conduit à une indemnisation sont incontestablement le fait du loup. Pour les (très nombreux) autres constats, il y a doute.


  Et c’est donc sur cette base de 93 % de doute que l’actuel gouvernement décide de programmer l’abattage de 24 + 12 = 36 loups sur une population estimée entre 220 et 380 individus. Soit entre 9,5 et 16,5 % de la population.


Évidemment, aucune précision n’est fournie pour indiquer ce que seront les critères retenus pour porter de 24 à 36 les loups pudiquement "prélevés"...

 

On peut imaginer que cela dépendra par exemple du degré d’énervement des anti-loups les plus virulents. Lesquels ne risquent pas de se contenter de 24 loups. Ni de 36. Ni de 48 ou même 64 d’ailleurs, vu que leur objectif est de ramener la population de loups en dessous du seuil de viabilité.


L’ours dans les Pyrénées est là pour montrer qu’une petite population est bien suffisante pour générer quantités de subsides publics supplémentaires pour les éleveurs allergiques à la Nature. L’État étant tenu de respecter ses engagements, l’argent coule à flot, sans pérenniser pour autant la population d’ours.


À l’instar des anti-ours, avec lesquels ils sont d’ailleurs en étroite relation, les anti-loups rêvent eux aussi de pouvoir tenir l’État par les parties intimes... Mais Canis lupus est peu enclin à servir de faire valoir, l’infâme...

 

Revenons à ces arrêtés.

 

Puisqu’il est d’ores et déjà prévu d’occire un certain nombre de loups, il convient, a minima, que la France reste dans les clous de la directive Habitats. Les finances du pays n’ont pas besoin d’une énième condamnation pour non respect du droit environnemental européen...


Cela sous-entend un certain nombre d’exclusions de situations d’abattage.



Tout d’abord, il n’est pas pensable d’envisager un tir létal dans une zone où le loup ne fait que timidement son retour.  Exit donc l’Ardèche, l’Ariège, l’Aude, les Bouches du Rhône, la Haute-Marne, la Meuse, les Pyrénées Orientales, la Haute-Saône...

 

Tirer des loups en dehors de la présences des troupeaux est une aberration qui n’a que fort peu de chances de porter sur LE loup qui aurait (peut être) attaqué un troupeau, il y a plusieurs semaines, à X km du lieu du tir...


De même, si un tir doit quand même être décidé pour calmer quelques esprits (mais sans résoudre quoi que ce soit au problème...), il faut impérativement qu’il soit effectué sur un loup EN SITUATION EFFECTIVE D’ATTAQUE, et sur un troupeau où les moyens de protection ont été EFFECTIVEMENT ET CORRECTEMENT mis en place.



Le gibier bénéfice d’une période de quiétude durant laquelle il n’est pas chassé, pour permettre la reproduction et l’élevage des jeunes. Il serait particulièrement incongru qu’une espèce comme le loup, strictement protégée et à ce titre inscrite à l’annexe II de la directive "Habitats", ne bénéficie pas, a minima, de la même faveur, le loup n’étant pas soumis à un plan de chasse mais seulement passible de tirs dérogatoires exceptionnels. Il est donc proprement scandaleux que des tirs létaux puissent être programmés en mai et juin, période d’élevage de la plupart des louveteaux.
Dans le cas contraire, ce serait l’aveu d’une volonté délibérée de régulation d’une espèce strictement protégée. Les associations les plus en pointe en matière de sollicitation des tribunaux pourraient donc d’ores et déjà se frotter les mains...



Le gouvernement gagnerait en crédibilité en limitant la liste des tireurs potentiels à des professionnels patentés, comme l’ONCFS. Et donc en excluant les pratiquants d’un loisir mortifère, dont le principal fait d’armes depuis 40 ans est d’avoir organisé la multiplication du cochonglier au delà des capacités de gestion par ses adeptes...

 

L’écran de fumée des tirs de loups ne pourra pas indéfiniment reculer la question de la mise en place d’une assurance-prédation, englobant TOUTES les causes, et dont le montant de la cotisation serait d’autant plus bas que les moyens de protection, financés par l’État et le contribuable, seraient le plus efficacement mis en place.

La seule solution durable pour le pastoralisme, c’est cette incontournable mise en œuvre efficace des mesures de protection qui restreindront l’accès au troupeau, que ce soit pour le loup ou tout autre prédateur à 2 ou 4 pattes.

 

Plus globalement, tous les tirs et toutes les éradications du monde ne changeront rien à ces quelques statistiques implacables :



- La production de viande ovine française a été divisée par 2 entre 1983 et 2013.
- La consommation de viande ovine par habitant a presque été divisée par 2 entre 1994 et 2013.
- L’approvisionnement en viande ovine en France est assuré à plus de la moitié par les importations (GB, NZ, Irlande, Espagne...).
- Le taux de pénétration de la viande ovine en France est tombé à 56 % en 2010. On attend la prochaine évaluation, prévue normalement pour fin 2014...
- Les plus de 65 ans représentent 40 % des volumes achetés, les - de 35 ans, 5 % seulement.
- Le coût de revient moyen de l’agneau français est de l’ordre de 12 € le kg, alors que le prix payé au producteur est d’environ 6 €/kg, ce qui est pourtant le plus élevé des pays producteurs d’Europe.
- Pourquoi un tel écart ? Parce que la productivité numérique par brebis est de 0,7 agneau, ce qui est une trop faible technicité pour espérer rentabiliser un élevage ovin viande.

Pour finir, la conséquence des point précédents : la dépendance aux subventions est devenue apocalyptique.

Vu que ces arrêtés concernent essentiellement les zones pastorales, tenons nous en au montant des subventions versées dans cette zone : un élevage de 460 brebis nécessite (chiffres 2012) 52 400 € de subventions/an, pour induire la production de 33 200 € de viande ovine et générer 18 100 € de revenu pour l’unique unité de main d’œuvre que parvient à "rémunérer" une exploitation de 460 brebis.

Nul doute que l’abattage de 36 loups va fondamentalement modifier cet "équilibre".



 Source : la buvette des alpages

Quel est l'animal le plus dangereux pour l'Homme ?

21/11/2017

Débit de poissons

Débit de poissons

 

par Dominique Delfino

 Photographe naturaliste et animalier

 

La troisième semaine de novembre 2017, deux journées de pluie continue. L'eau tant attendue redonne à nos rivières une image de saison que l'on avait presque oublié en cette période de sécheresse.

 

Je profite d'un déplacement sur Besançon pour emprunter la petite route qui longe la vallée après Baume les Dames.

 

Au niveau du village de Laissey, le Doubs présente deux barrages comportant chacun une écluse. Le débit impressionnant en ce jour me donne l'idée de réaliser un cliché en vitesse lente afin d'illustrer un ''filé d'eau''.

 

Alors que je prépare mon cadrage, un Héron cendré se présente dans le décor en s'installant sur le mur du seuil.

 

Sur les six clichés réalisés, j'ai la chance d'avoir pu enregistrer, durant cette pose d'une demi-seconde, une image où l'échassier est demeuré presque immobile. Une photographie presque nette de notre oiseau dans cette ambiance de mouvement intense qui, compte tenu de notre acteur, affiche naturellement le titre: ''Débit de poissons'' !

 

Débit-de-poissons-450.jpg

Cliché © Dominique Delfino

 

 

16/11/2017

Arasement des barrages sur la Sélune

Barrages-de-la-Sélune-bientôt-arasés.jpg

15/11/2017

ÉTIENNE WOLFF (1904-1996) Pionnier de la tératologie et de l'embryologie expérimentales

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ÉTIENNE WOLFF

(1904-1996)

Pionnier de la tératologie

et de l'embryologie expérimentale

 

par M. le Professeur Claude-Roland Marchand.

Membre de l'Académie des Sciences, Belles lettres et Arts de Besançon

 

(Séance publique du 15 juin 2016)

 

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Étienne Wolff est en Bourgogne, à Auxerre ; il a fait sa carrière à Strasbourg et à Paris.

 

D'abord orienté vers la philosophie, il se prit de passion pour la biologie où, grâce à des maîtres enthousiastes, il a pu s'engager, exprimer sa rigueur, ses intuitions, ses audaces et actualiser certains paradigmes de 1925 à 1970. Cela fait vingt ans qu'il nous a quittés.

 

Ses résultats et leurs applications en recherches fondamentale et appliquée lui ont valu les plus hautes distinctions : il fut élu dans les trois Académies de l'Institut (Sciences en 1963, Médecine en 1966, Française en 1971), comme le furent Claude Bernard et Louis Pasteur au XIXe siècle.

 

Il a formé de nombreux élèves et disciples qui ont prolongé et approfondi les thèmes des recherches qu'il avait abordés, et en particulier la tératologie, les changements de sexe, les cultures d'organes et les chimères. Il a été, en outre, le créateur d'un laboratoire d'embryologie de renommée internationale et administrateur du Collège de France.

 

Son parcours fut tragiquement interrompu par la deuxième guerre mondiale,il fut, en tant qu'officier, interné pendant cinq ans dans des Oflags, en Autriche et en Allemagne.

 

C'estqu'il rédigea la matière de deux ouvrages qui furent complétés et édités après la Libération.

 

Nous voulons rendre un hommage à cet immense chercheur, modeste, discret très attaché aux valeurs humanistes et toujours soucieux de partager ses connaissances.

 

LA TÉRATOLOGIE

 

Depuis l'époque des cavernes, les monstres ont fasciné, inquiété nos ancêtres. Les anomalies et les bizarreries observées sur les animaux ou les hommes étaient souvent expliquées de manière irrationnelle, superstitieuse ou religieuse.

 

Au fil des siècles, de nombreux anatomistes et des médecins ont rassemblé des spécimens dans des musées et classé les anomalies selon leur degré ou leur nature. Sans pouvoir les expliquer rationnellement. Mais ce qui est certain, toutefois, c'est qu'on ne voit jamais de chimères ou de centaures ; pas de moutons à tête de chien, ni d'hommes-singes.

 

Parmi les anatomistes les plus illustres nous mentionnerons : Claude Galien (131-201 après J-C.), Andreas Vesalius (1514-1564), Ambroise Paré (1510-1590) et, au XIXe siècle, Étienne Geoffroy-Saint-Hilaire (1772-1844), contemporain de Georges Cuvier, son fils Isidore (1805-1861), et Camille Dareste (1822-1899). Les schémas qu'ils nous ont laissés sont précieux pour établir des comparaisons et tenter d'établir l'origine des anomalies.

 

Après une brève recherche en protistologie — sur l'Amibe — sous l'autorité du Professeur Édouard Chatton à Strasbourg (ou travaillait un futur Prix Nobel, André L. Wolff, Étienne Wolff s'est vu confier un travail en embryologie dans le laboratoire du Professeur Paul Ancel, alors orienté vers la recherche des « centres organisateurs et des inducteurs » qui déterminent les symétries et les polarités de l'embryon chez les Amphibiens ou chez les Oiseaux.

 

Sujet immense et d'actualité, à l'époque, où la concurrence internationale était forte, et où la France accusait un certain retard.

 

En bref, Paul Ancel suggérait à Étienne Wolff de générer des monstres afin que «l'anormal permette de comprendre et/ou d'expliquer le normal». Et pour cela il disposait d'œufs de Poule et d'un appareil à rayons X.

 

La mise au point d'une technique ad hoc :

 

L'accès au disque embryonnaire de l'œuf de poule n'est pas aisé. En ménageant une fenêtre dans la coquille, en la recouvrant d'une plaque de mica et en enlevant un peu d'albumine, Étienne Wolff a pu bombarder de rayons X différents territoires de l'embryon à différents stades et observer les résultats sans le tuer.

 

Cette technique originale lui a permis, nous dit-il : « d'obtenir en quelques semaines et sans coup férir presque toutes les grandes malformations connues chez les Vertébrés et en particulier chez l'Homme ». Et il ajoutait:« un cyclope est un monstre, un bec de lièvre est une anomalie. »


Les monstres simples :

 

Le premier monstre qu'il a obtenu, suite à une irradiation précoce et bien ciblée, fut un omphalocéphale : (fig.1).

 

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fig. 1 Poulet omphalocéphale à 12 jours d'incubation ; tête réduite, deux becs b.i., b.s.; C = cœur ; F = foie ; m.a. = aile ; m.p. = patte.

 

Il obtint ensuite toute une variété de malformations auxquelles il a donné des noms évocateurs : cyclocéphalie, cyclopie (fig. 2, 3, 4), otocéphalie (fig. 5), symélie (fig. 6, 7), ectomélie, phocomélie... en se servant de la classification établie par Étienne Geoffrey-Saint-Hilaire au XIXe siècle. (voir lexique en fin de texte).

 

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fig. 2 : Poulet cyclocéphale à deux yeux (b) Zone irradiée (a). (E. W. 1948)

 

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fig. 3 : Poulet cyclope. (E. W. 1948).

 

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fig. 4 : Poulet cyclope (b) Zone irradiée (a)

(E. W. 1948). ca = conduit auditif ; œ = œil

 

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fig. 5 : Poulet otocéphale (b). Zone irradiée (a)

(E.W. 1948) Mi = maxillaire inf.;

ca = conduit auditif ; la = langue

 

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fig. 6 : Poulet symèle. (E. W. 1948).

a : sin. = zone irradiée

b : P = patte unique avec 6 orteils

 

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fig. 7 : Poulet symèle (E. W. 1948). A = bourgeon alaire

 

 

Analyse des anomalies :

 

L'irradiation altère souvent et détruit parfois des zones embryonnaires à l'origine des organes et des tissus normaux ; le développement se poursuit pourtant, avec des constructions compensatrices inattendues et pas toujours viables. Étienne Wolff a obtenu une grande variété d'anomalies, qui, pour la plupart, avaient été observées chez les fœtus humains et animaux. Cette tératologie expérimentale l'engageait à conclure que plusieurs causes mécaniques ou chimiques étaient à l'origine de malformations létales ou non. Avec Hiroshima, Tchernobyl, Minamata, Seveso, la dioxine, le diéthylstilboestrol, la thalidomide, le virus Zika... L'Histoire lui a hélas, donné raison et la communauté scientifique le redoutait depuis longtemps.

 

En outre, ces travaux répondaient en partie à la localisation de « centres organisateurs » qui seront, des décennies plus tard, mis en évidence avec la découverte des homéogènes, véritables architectes d'une organisation harmonieuse et conforme au programme génétique de l'espèce.

 

Ainsi, avec le poulet, Étienne Wolff contribuait, à l'instar de ses collègues sur les Amphibiens, à la connaissance de la dynamique du développement embryonnaire, grâce aux anomalies qu'il avait provoquées. L'ensemble de ses résultats fut consigné dans sa thèse qu'il intitula : « Les bases de la tératogenèse expérimentale des Vertébrés Amniotes par des méthodes directes ».

 

Les monstres doubles :

 

La ligature d'un œuf d'Amphibien est aisée et permet d'obtenir des jumeaux.

 

Il n'en est pas de même avec l'œuf de poule, mais Étienne Wolff a pensé que cela était possible. C'est Hubert Lutz, l'un de ses élèves, qui y est parvenu sur des œufs de cane. Pour cela il a fissuré le blastodisque germinal avec une fine aiguille de verre. Lorsque la fissuration est totale, il a obtenu des jumeaux séparés côte à côte ou en file indienne ; et lorsque la fissuration est partielle, il a obtenu des jumeaux soudés par l'arrière (fig. 8) ou par l'avant (fig. 9). La littérature tératologique signale des cas similaires dans l'espèce humaine, qui sont conservés dans les collections de la Faculté de Strasbourg (clichés E. Wolff 1948) (fig. 10 et 11) ou dans le Musée Dupuytren de la Faculté de Médecine de Paris.

 

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fig. 8 : Monstre double à deux têtes (b).

Fissuration partielle antérieure (a)

 

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fig. 9 : Monstre double à deux troncs (b). Fissuration partielle postérieure (a)

 

 

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fig. 10 : Monstre humain dérodyme. (Wolff 1948)

 

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fig. 11 : Monstre humain « janiceps »

(Wolff 1948)

 

Ainsi, l'école Wolff, sur un matériel délicat, apportait une large contribution à la tératologie expérimentale et faisait la démonstration que les mêmes causes pouvaient engendrer les mêmes effets dans différentes classes de Vertébrés.

 

LES CHANGEMENTS DE SEXE

 

De même que la maîtrise des rayons X lui a permis d'intervenir sur les jeunes stades de l'embryon de Poulet, la purification et la synthèse des hormones sexuelles lui ont ouvert des perspectives expérimentales prometteuses.

 

L'enjeu : dans les années 1930, la différenciation sexuelle réalisée en conformité avec le génome, n'était pas totalement expliquée, mais on soupçonnait fort l'action morphogène des hormones sexuelles aboutissant à la mise en place des caractères sexuels primaires et secondaires.

 

Il faut toutefois rappeler les particularités aviaires:

 

la femelle est hétérogamétique : ZW ; le mâle est homogamétique : ZZ.

l'appareil génital femelle est dissymétrique : seuls l'ovaire et l'oviducte gauches se développent et sont fonctionnels (sauf chez les Rapaces).

 

La différenciation sexuelle se fait progressivement à partir d'un stade indifférencié comportant les ébauches mâles et femelles tant au niveau des canaux sexuels (Wolff et Müller) qu'au niveau des territoires gonadiques (cortex et médulla). Après 10 jours d'incubation, chez le poulet, la dissymétrie est nettement visible chez la femelle.

 

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fig. 12 : Appareil génital de l'embryon de poulet au stade indifférencié.

Eb. gon. = ébauche gonade : en noir, partie mâle (médulla) ; en clair : partie femelle (cortex). cl. = cloaque ; c.M. = canal de Müller (femelle) futur oviducte ; cW. = canal de Wolff (mâle) futur canal déférent ; R. = rein embryonnaire transitoire, (mésonéphros).

 

La production expérimentale de mâles intersexués :

 

En injectant, à partir du 5e jour de l'incubation, de l'œstrone en solution aqueuse ou du benzoate d'œstradiol en solution huileuse, Étienne Wolff et Albert Ginglinger ont « transformé infailliblement 100 % des embryons de poulets mâles en intersexués ».

 

Différents degrés d'intersexualité ont été obtenus selon la dose d'hormone injectée et suivant le stade d'intervention.

 

N.B. des résultats identiques sont publiés en avril 1935 par B. H. Willier et en juin 1935 par Vera Dantchakoff 14 jours avant eux. Mais leurs travaux originaux plus approfondis leur ont reconnu une certaine priorité dans la bibliographie.

 

Résultats : 4 types d'intersexués sont obtenus (fig. 13) :

 

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fig. 13 : d'après Étienne Wolff et Albert GINGLINGER (1935)

 

En haut à gauche : mâle normal = pas de canaux de Müller ; deux canaux de Wolff (c. W.) ; deux testicules (T).

En bas à droite : femelle normale = ovaire (Ov.) et canal de Müller gauches développés (c. M.) ; oviducte avec son pavillon (pav.) et sa glande coquillière (g. c.); cloaque (cl.)

I, II, III, IV: quatre degrés d'intersexualité :

I : testicule à droite non modifié (T) ; ovotestis à gauche ; pas de canaux de Müller.

II : testicule réduit à droite (T); ovotestis à gauche ; vestiges de canaux de Müller r (c.M.).

III : testicule réduit à droite (T) ; ovotestis à gauche : canal de Müller gauche presque complet (c. M.) ; vestigial, à droite.

IV: testicule réduit à droite (T) ; ovaire à gauche (Ov.) ; canal de Müller gauche complet (c. M.).

 

Étienne Wolff reconnaît qu'il lui a été difficile de distinguer les mâles intersexués de type IV des femelles. Seule la taille plus importante du testicule droit désignait un mâle.

 

Expérimentant le diéthylstilboestrol* (D.E.S.), une autre hormone artificielle féminisante, Étienne Wolff a obtenu des effets comparables**.

 

*J'ai pu obtenir, avec mes étudiants, en travaux pratiques dirigés, des intersexués en immergeant 20 secondes des œufs de poule, au 4e jour d'incubation, dans une solution alcoolique de D.E.S. (100 mg dans 100 ml). Dans la plupart des cas, les canaux de Müller étaient hypertrophiés.

 

** Cette hormone, prescrite, dans les années 1950 à 1970, à des femmes enceintes, sujettes à des fausses-couches, a été la source de tumeurs ou de stérilité chez leurs filles après la puberté. Elle a été interdite en France en 1977.

 

Ainsi étaient démontrées les principales et les plus spectaculaires propriétés morphogènes des hormones femelles. Pourtant la régression des canaux de Müller (oviductes) chez le mâle et la dissymétrie chez les femelles n'étaient pas expliquées.

 

Des décennies plus tard, en 1953, Alfred Jost a mis en évidence une hormone anti-Müllérienne synthétisée par les cellules de Sertoli chez le mâle ; cette glycoprotéine fait régresser les canaux de Müller. Les canaux de Wolff, futurs canaux déférents, quant à eux, sont sous le contrôle de la testostérone.

 

Évolution des intersexués après l'éclosion :

 

Les glandes génitales reprennent une structure testiculaire ;

— Les conduits génitaux modifiés n'évoluent pas.

 

Effets paradoxaux des hormones mâles :

 

Sous l'action de l'androstènedione, on constate une forte régression des canaux de Müller chez les embryons femelles et une dilatation des canaux de Wolff dans les deux sexes.

 

Chez les mâles, l'androstènedione transforme le testicule gauche en ovotestis, et maintient une partie des canaux de Müller.

 

On en conclut, sans en comprendre la cause, à une action paradoxale des hormones mâles : elles masculinisent les femelles et féminisent les mâles.

 

Étienne Wolff, dubitatif, pense que les hormones mâles d'oiseaux diffèrent légèrement de celles utilisées dans les expériences.

 

LES CULTURES D'ORGANES IN VITRO

 

Étienne Wolff et son école ont obtenu in vitro, dans des milieux nutritifs appropriés, la survie et le développement d'ébauches d'organes prélevées sur de jeunes embryons de poulet. « C'est en quelque sorte la contrepartie des expériences sur les monstruosités » nous dit-il. Ainsi furent « cultivés » des glandes génitales, des spermiductes, des oviductes, des gonades, et même la syrinx (l'équivalent du larynx des Mammifères).

 

Dans chaque situation, le rôle des hormones sexuelles est confirmé.

 

C'est avec la culture d'ébauches embryonnaires de membres de poulet intactes, partielles ou greffées qu'Étienne Wolff démontre d'une part, la régulation des excédents et d'autre part, l'expression de potentialités ancestrales présentes, par exemple, chez l'Archaeopteryx. Ce qu'Étienne Wolff traduit par un accès inattendu à «la paléontologie expérimentale » car « in vitro veritas !».

 

Nous n'oublierons pas de mentionner l'intérêt qu'il a porté sur le cancer en cultivant des tumeurs et en confiant, pour l'approfondir, ce sujet à ses collaborateurs.

 

D'autres disciples de l'école Wolff, à Clermont-Ferrand et à Besançon par exemple, ont étudié in vitro, les interactions entre l'ectoderme et le mésoderme lors de la différenciation de la glande uropygienne (croupion) du canard (Lucien Gomot 1959) ou de la glande mammaire du lapin (Alain Propper 1969). La différenciation de bourgeons mammaires a même été obtenue par Propper (1973) dans de l'épiderme de poulet associé à du mésenchyme mammaire de lapin, prouvant ainsi le puissant pouvoir inducteur de ce tissu. [Des esprits malicieux parlaient même d'une possibilité de « lait de poule » !]

 

LES CHIMÈRES

 

Parmi ses essais spectaculaires, nous devons mentionner « les trois pattes pour un canard », monstruosité obtenue par Étienne Wolff à l'aide d'une greffe, qui lui a inspiré, en 1990, le titre de son ouvrage-testament.

 

C'est la sérendipité « au détour d'un travail sur le foie » qui a procuré à Nicole Le Douarin, sa collaboratrice, un marqueur naturel facile à repérer dans les cellules de caille : la présence d'un volumineux nucléole. Dans les chimères associant des cellules de caille et de poulet, provenant de différents territoires, ce marqueur assure la traçabilité des migrations cellulaires. Nicole Le Douarin* a obtenu des résultats de première importance dans l'organogenèse embryonnaire et sur les cellules souches qui l'ont placée récemment parmi les nobélisables. On lui doit, entre autres, des chimères de poulet avec des ailes de caille. Son ouvrage chez Robert Laffont « Dans le secret des êtres vivants. Itinéraire d'une biologiste » nous fait revivre son cheminement et la portée de ses travaux, qu'elle est venue présenter à l'Académie des Sciences, Belles lettres et Arts de Besançon en 2012. C'est le plus bel hommage qu'elle pouvait rendre à son maître, le professeur Wolff.

 

Par ses travaux originaux, ses innovations techniques, ses résultats obtenus sur les embryons de poulet, le professeur Étienne Wolff a inscrit son nom parmi les embryologistes de premier plan du XXe siècle.

 

Dans des circonstances tragiques parfois, il a maintenu le cap, assumant l'héritage de ses maîtres, se l'appropriant, l'enrichissant et le transmettant à ses disciples.

 

Dans l'éloge funèbre qu'il a prononcé lors des obsèques d'Étienne Wolff, le professeur David soulignait combien il « était animé par le désir de pénétrer le vivant par l'expérimentation », mais en tant que naturaliste « qu'il n'a cessé de demander le respect du vivant ». Jean Rostand rappelait, sous la coupole, la sagesse de ce nouvel Académicien, qui, doté du redoutable pouvoir de modifier le vivant, confiait, désabusé : « il est permis d'espérer un peu et de craindre beaucoup. »

 

Nous avons voulu rappeler les principaux résultats de ses recherches innovantes et les perspectives qu'elles ont ouvertes. Son laboratoire, ses élèves, ses disciples bénéficient de l'exemple qu'il a donné, et ont, à leur manière, avec les techniques modernes, prolongé, complété, les paradigmes qu'il avait pressentis ou définis.

 

En dernier lieu, nous dirons, comme Jean Rostand, qu'Étienne Wolff, « s'est toujours tenu à égale distance d'un finalisme désuet et d'un mécanisme systématique » écartant la tentation de la téléonomie et de l'entéléchie aristotélicienne.

 

Sa rigueur, sa détermination, sa modestie ont inspiré le respect et devraient nous servir encore d'exemple, vingt ans après sa disparition.

 

Dans un commentaire confidentiel, il exprimait son doute permanent qui traduit le sentiment qu'il avait de l'immense mystère qu'il n'avait fait qu'effleurer : « Il nous semble qu'il restera toujours, derrière les solutions acquises, une part d'inexpliqué qui tient à la nature même du problème, et qui ne peut être résolu sur le plan matériel.»

 

Lexique : Liste de la plupart des termes employés

en tératologie animale et humaine :

 

anencéphale = pas de tête ; bec-de-lièvre = fissures faciales et palatines ;

cyclocéphale = yeux rapprochés ;

cyclope : un œil impair ;

déradelphe = une tête, deux troncs, quatre paires de membres ;

dérodyme = deux têtes, deux colonnes vertébrales, deux jambes ;

ectromèle = absence de un ou plusieurs membres ;

hétéradelphe = une tête, huit membres ;

janiceps = fusion de jumeaux face à face ;

omphalocéphale = viscères dans la tête réduite ;

opodyme = une tête, deux nez, quatre yeux ;

otocéphale = oreilles au niveau du menton ;

phocomèle = ni bras, ni avant-bras ;

sternopage = soudure de jumeaux par le sternum ;

symèle = un seul membre postérieur, dix doigts ;

thoracopage = soudure de jumeaux par le thorax.

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE :

 

GOMOT Lucien : « Interaction ectoderme-mésoderme dans la formation des invaginations uropygiennes des Oiseaux. » J. Embryol. exp. Morph., vol. 6, pp 162-170, 1958.

 

LE DOUARIN Nicole : « Des chimères, des clones et des gènes. » Éd. Odile Jacob, 2000.

 

LE DOUARIN Nicole : « Dans le secret des êtres vivants. Itinéraire d'une biologiste. » Éd. Robert Laffont, 488 p., 2012.

 

LUTZ Hubert : « Sur la production expérimentale de la polyembryonie et de la monstruosité double chez les Oiseaux. » Arch. Anat. micr., 79, pp 79-144, 1949.

 

PROPPER Alain and GOMOT Lucien : « Control of chick epidermis differentiation by rabbit mammary mesenchyme." Experientia, vol. 29, Issue 12, pp 1543-1544, 1973.

 

WOLFF Étienne et GINGLINGER Albert : « Sur la production expérimentale d'intersexués par l'injection de folliculine à l'embryon de Poulet.» C.R. Acad. Sc. t. 200, p. 2118,1935.

 

WOLFF Étienne : « Les bases de la tératogenèse expérimentale des Vertébrés Amniotes d'après les résultats des méthodes directes. » Arch. Anat. Hist. Embr. t. 22, pp. 1-382 p., 1936.

 

WOLFF Étienne : « Les changements de sexe. », L'avenir de la science, n° 23, Éd. Gallimard, 306 p., 1946.

 

WOLFF Étienne : « La science des monstres. », L'avenir de la science, n° 27, Éd. Gallimard, 265 p., 1948.

 

WOLFF Étienne : « Trois pattes pour un canard. Souvenirs d'un biologiste ». Éd. de la Fondation Singer-Polignac. 201 p. 1990.

 

 

14/11/2017

''Vache'' de câlin

''Vache'' de câlin

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

Cliché réalisé au détour d'une petite route de campagne proche des Terres de Chaux (25). Les longs câlins que partagent ces vaches de race montbéliarde me laissent le temps de m'équiper d'un téléobjectif pour saisir cet instant de complicité animale.

 

Le stress vous envahit ? Dans ce cas allez voir les vaches. C'est une pratique qui se développe beaucoup aux Pays-Bas ; faire des mamours avec un bovin. C'est bon pour le moral des câlineurs mais aussi des vaches. Il y a quand même quelques règles à connaître avant d'essayer de caresser ces animaux.

 

Inquiètes, mais surtout curieuses de ma présence et du matériel photo en appui sur le rétroviseur de mon véhicule, les vaches ne me lâcheront pas du regard durant un long moment avant de poursuivre leurs activités.

 

dominique delfino,photographe naturaliste et animalier,vaches montbéliardes

Cliché © Dominique Delfino

 

10/11/2017

FNE : La France face à la sécheresse

2017-11-10-FNE-Sécheresse-450.jpg

08/11/2017

Bécassines en transit

Bécassines en transit

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

L'image est de tradition à cette époque de l'année. Le passage migratoire des Bécassines des marais revêt toujours un caractère exceptionnel pour qui a la chance de pouvoir les observer.

 

La météo de ce très bel automne conditionne des niveaux d'eau anormalement bas de nos rivières, offrant aux limicoles les vasières qu'ils apprécient notamment pour se ressourcer.

 

La Bécassine des marais évolue en petits groupes, souvent à l’aube et au crépuscule, dans des eaux peu profondes. Elle se nourrit en sondant la terre meuble et la vase avec son long bec très sensible afin d'en extraire les vers. Les longues pattes dont elle est dotée lui éviteront de salir un plumage offrant à cet oiseau le bénéfice d'un camouflage exceptionnel.

 

Le ventre bien rempli, les oiseaux s'accorderont de longues pauses comme pour profiter du soleil d’automne tout en gardant un œil vigilant sur leur environnement.

 

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Cliché © Dominique Delfino

 

 

 

01/11/2017

Sur les chemins de l'école buissonnière

Sur les chemins de l'école buissonnière

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

 

Image d'automne réalisée sur le plateau de Dambenois où les vieux arbres fruitiers s'imposent encore dans le paysage.

 

Je les qualifie souvent de monuments naturels tant l'ampleur et le graphisme qui s'en dégage évoquent toute l'histoire du temps qui s'écoule sur cet horizon.

 

Chemins que je parcours depuis mon enfance, l'image que je viens de saisir, alors que la brume et la rosée illuminent encore ce paysage monochrome, me rappelle ces moments , gamin, je m'évadais dans cette nature refuge pour échapper à la messe dominicale ou participer à quelques leçons d'école buissonnière.

 

Espace de découverte, d'évasion, où les rencontres avec les acteurs de la nature nous offrent ces moments de bonheur quotidien.

 

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Cliché © Dominique Delfino

26/10/2017

Merle noir leucique

Merle-blanc-18-01-2017-200.jpgMerle noir leucique

 

"Connu comme le merle blanc" est une expression désignant une chose exceptionnelle ou rarissime. "Le Merle blanc"  est quelqu’un qui possède des qualités très difficiles à réunir.

 

En effet, des anomalies de coloration du plumage sont occasionnellement observées chez les Merles noirs. Les deux clichés joints sont l'œuvre de Christophe Mauvais, un ornithologue de obsnatu-fc qui a pu l'observer à la mangeoire tout d'abord durant les mois de décembre 2016 et de janvier 2017 et puis, plus récemment, en octobre 2017.

 

D'où provient ce Merle blanc ?

 

Chrsitophe Mauvais s'interroge : "La question au village est : d’où vient-il ?
Réponse impossible à mon avis, sauf déplacements notables de l’espèce qui pourraient donner une indication. Il niche peut-être dans la forêt voisine, peut-être ailleurs en Europe…"

 

Même si ces phénomènes demeurent rares en chiffres absolus, ils semblent moins exceptionnels que chez les autres espèces d'oiseaux. Selon des observations menées en Grande-Bretagne, sur l'effectif total d'oiseaux décolorés recensés de toutes espèces, 29 % appartiennent au genre Turdus et sont principalement des Merles noirs, en l'occurrence des merles blancs. L'existence de merles blancs avait déjà été rapportée entre autres par Buffon.

 

Les anomalies s'expriment toutes par une décoloration plus ou moins prononcée, mais sont de natures diverses et peuvent relever de l'albinisme[1] véritable et total (l'albinisme est ou n'est pas, l'albinisme ne peut être partiel), de diverses formes d'aberration (leucisme[2], dilutions, schizochroïsmes[3]). Alors que pour les vrais albinos la cause est purement génétique, d'autres facteurs, comme le vieillissement ou les carences alimentaires et vitaminiques, peuvent intervenir pour expliquer les déficiences de pigmentation.

 

Il existe deux principales formes de leucisme : pâleur généralisée due à une diminution équivalente de pigments dans toutes les plumes ou présence de taches blanches causée par l’absence totale de pigments à certains endroits À la différence de l’albinisme, le leucisme touche tous les pigments comme les caroténoïdes et non seulement la mélanine. Les animaux leuciques ne sont pas plus sensibles au soleil que les autres. Au contraire, ils y seraient même légèrement plus résistants : la couleur blanche ayant un albédo élevé, elle protège davantage de la chaleur.

 

Les oiseaux albinos ont les yeux roses. Ce phénomène s’explique par le fait qu’en raison de l’absence de mélanine dans l’organisme de ces individus. Les yeux ne peuvent que laisser transparaître les vaisseaux sanguins situés derrière eux. Il est possible qu’un oiseau entièrement blanc produise certaines concentrations de mélanine. Par exemple, un individu tout blanc aux yeux foncés serait atteint de leucisme puisque cette mutation se limite au dépôt des pigments dans le plumage.

 

Réputés plus vulnérables, les individus entièrement blancs ont de moindres chances de survie et de reproduction (les albinos ont une déficience visuelle qui les voue à une mort rapide, en général les albinos rencontrés sont donc toujours des sujets jeunes ; en revanche les merles leuciques n'ont pas d'atteinte oculaire et peuvent très bien atteindre l'âge adulte). Aussi la plupart des merles tout blancs que l'on peut observer actuellement, qu'il s'agisse de véritables albinos ou non, sont des animaux reproduits sous la protection des humains. Quant aux décolorations partielles qui surviennent chez des animaux réellement sauvages, il semble qu'elles soient nettement plus fréquentes en milieu urbain.

 

Comme si la situation n’était pas assez complexe, il arrive parfois qu’un oiseau perde des plumes en échappant de justesse à un prédateur. Les nouvelles plumes peuvent être blanches et reprendre leur couleur normale à la prochaine saison de mue. Bien que la repousse en blanc s’apparente au leucisme, il s’agit d’un phénomène distinct.

 

Texte tiré de Wikipedia

 

[1] L'albinisme est une particularité génétique héréditaire qui affecte la pigmentation et se caractérise par un déficit de production de mélanine. L’albinisme ne renvoie qu’à l’absence totale de mélanine. Il est donc possible qu’un oiseau albinos présente tout de même des couleurs. L’albinisme touche les mammifères, les oiseaux, les poissons, les amphibiens et les reptiles et peut aller jusqu'à l'absence totale dans l’iris et les téguments (épiderme, poils et cheveux, plumes), malgré la présence normale de cellules pigmentaires.

 

[2] Le leucisme ou leucistisme est un ensemble de phénotypes caractérisés par la couleur blanche des téguments sur toute la surface ou par zones (aspect pie, bicolore, etc.), liés à un déficit (absence ou dégénérescence) des mélanocytes et autres cellules pigmentaires). Il s'agit d'une mutation génétique qui empêche la production le dépôt normal de mélanine et d’autres pigments dans le plumage. Dans ce cas, certains gènes soit interfèrent avec la différenciation ou la migration des chromatophores et des mélanocytes issus de la crête neurale lors de l’embryogenèse, soit entraînent leur dégénérescence, leur nécrose ou leur apoptose prématurée. La rétine est normalement constituée et l'iris est normalement pigmenté ou de couleur plus claire que le phénotype normal, mais jamais totalement dépigmenté comme dans l’albinisme. La raison pour laquelle le leucisme influence moins les yeux serait que les épithéliums pigmentaires de l’iris et de la rétine proviennent du tube neural et non de la crête neurale.

 

[3] Le schizochroïsme est une aberration de couleur liée à l'absence d'une des deux mélanines (eumélanine ou phéomélanine).

 

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Cliché © Christophe Mauvais obsnatu-fc

 

25/10/2017

Après l'ADN par CRISPR-Cas9, on sait modifier l'ARN grâce à CRISPR-Cas13

Après l'ADN par CRISPR-Cas9, on sait modifier l'ARN grâce à CRISPR-Cas13

 

Par Camille Gaubert le 25.10.2017  (Sciences et Avenir)

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Après l'ADN avec CRISPR-Cas9, c'est l'ARN que les chercheurs savent modifier de façon spécifique grâce à un outil moléculaire basé sur l'enzyme CRISPR-Cas13. C'est le sujet d'une toute nouvelle publication du MIT et du Broad Institute parue mercredi 25 octobre 2017.

On savait déjà modifier l'ADN de façon ciblée, on sait maintenant modifier son produit direct : l'ARN. Le Broad Institute et les scientifiques du MIT de l'équipe de Feng Zheng ont en effet conçu un nouveau système moléculaire pour modifier l'ARN des cellules humaines sans toucher à l'ADN. L'édition de l'ARN, qui peut modifier les produits des gènes sans changer le génome, présente un grand potentiel pour la recherche et la clinique.

2012 : modification de l’ADN par CRISPR-Cas9

L'expression des gènes se fait par une transcription de l'ADN en ARN, qui lui-même est traduit en protéines aux rôles divers. Dans le cas de maladies génétiques, ou pour tester des hypothèses de recherche, il est fondamental pour les chercheurs de pouvoir corriger le gène impliqué ou les produits de ce gène. Deux chercheuses française et américaine avaient ainsi découvert en 2012 l'enzyme d'origine bactérienne CRISPR-Cas9, capable de fixer, couper ou ajouter des gènes, à l'endroit précis de l'ADN que l'on a choisi. Très utilisée depuis dans la recherche, cette découverte avait fait l'effet d'une bombe dans le monde scientifique et valu à leurs auteures de nombreux prix.

2017 : modification de l’ARN à partir de CRISPR-Cas13

Après CRISPR-Cas9, c'est un nouvel outil nommé REPAIR basé sur l'enzyme CRISPR-Cas13 associée à une autre protéine qui secoue aujourd'hui le monde du génie génétique. En effet, REPAIR (pour " RNA Editing for Programmable A to I Replacement ") a la capacité de modifier l'ARN et non l'ADN lui-même. Plusieurs avantages à cette technique la rendent complémentaire de Cas9 :

  • ÉTHIQUE. Transformer l’ARN permet de ne pas altérer l’ADN et donc ne change pas l'intégrité génétique d'un individu. Cela peut avoir son importance pour l'utilisation sur l'humain.

 

  • FLEXIBILITÉ. L’ARN modifié finissant par se dégrader au bout d’un certain temps, les modifications sont temporaires. Ce sera utile pour traiter les maladies causées par des changements transitoires de l'état cellulaire, comme l'inflammation locale.

 

  • PRÉCISION. La précision de REPAIR est telle qu’elle peut modifier des lettres (les nucléosides) de la séquence d’ARN visée (équivalentes des ACTG de l’ADN) et spécifiquement transformer les A en I, une inversion connue pour être à l’origine de diverses maladies génétiques humaines comme la maladie de Parkinson ou l’épilepsie focale. Là où CRISPR-Cas9 avait provoqué des mutations indésirables ("off-target") pour lesquelles des solutions avaient été proposées, REPAIR n'en a engendré que très peu.

 

Un grand potentiel fondamental et clinique

 

Afin de démontrer le potentiel thérapeutique de REPAIR, l'équipe l'a utilisé avec succès pour corriger la mutation pathogène à l'origine de l'anémie de Fanconi qu'ils ont synthétisée puis introduite dans une cellule. Les auteurs travaillent également sur des outils supplémentaires qui permettraient de modifier d'autres nucléosides de l'ARN que les A en I. " Il y a naturellement énormément de diversité dans ces enzymes ", explique le premier co-auteur de l'étude Jonathan Gootenberg, " Nous cherchons toujours à exploiter le pouvoir de la nature pour mener à bien nos projets ". Feng Zhang, le Broad Institute et le MIT prévoient de partager largement le système REPAIR en le rendant disponible gratuitement pour la recherche académique. " REPAIR propose une nouvelle approche pour traiter les maladies génétiques ou imiter les gènes protecteurs, et établit la modification de l'ARN comme un outil utile pour modifier la fonction génétique ", concluent les auteurs.

 

24/10/2017

Cygnes au soleil couchant

Harmonie d'un soir

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

La fin de journée offre plus particulièrement au photographe des instants de lumière furtifs dont il faut savoir profiter.

 

Le mariage de l'eau et de la lumière constitue certainement le cadre dans lequel le sujet bénéficiera de la meilleure mise en scène.

 

Le paysage s’inscrit complètement dans cette perceptive, mais lorsque la faune s'invite dans le décor c'est presque avec une troisième dimension qu'il va falloir compter.

 

La présence sur l'Allan de ce couple de cygnes tuberculés s'adonnant à la toilette du soir contraste sur le miroir aquatique.

 

Ma position, au ras du sol, me permet de profiter au mieux du reflet des oiseaux que me renvoie la surface de l'eau parfaitement plane.

 

Le jeu des mouvements de cou des cygnes plongeant la tête dans les plumes révèle un graphisme des plus harmonieux au cours de ces instants d'animation alors que les derniers rayons de soleil s'éteignent progressivement.

 

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Cliché © Dominique Delfino

19/10/2017

Alzheimer, Parkinson : où en est la recherche ?

 

Alzheimer, Parkinson

Mise à jour des travaux

de l'Institut Pasteur

 

Une recherche synonyme d'espoir

 

Altzeimer-photo_01-200-Christian Bréchot.jpgAujourd'hui, rien ne permet d'agir contre la neurodégénérescence associée à des maladies tant redoutées. Face à ces pathologies, d'où peut venir l'espoir si ce n'est des laboratoires de recherche ? Il y a lieu d'être optimiste. Si le cerveau reste un organe mal connu, pour l'étudier, « nous n'avons jamais eu d'outils aussi puissants qu'aujourd'hui », souligne l'un de nos chercheurs. Les connaissances récentes sur la production de nouveaux neurones dans le cerveau ont déjà permis d'éditer des règles (fuir la routine, entretenir le lien social...) pour stimuler son cerveau que vous trouverez page 5. Par ailleurs, vous découvrirez dans ce dossier plusieurs pistes prometteuses explorées par nos équipes en vue d'agir efficacement, à l'avenir, contre des maladies neurodégénératives. Votre aide précieuse est un renfort majeur pour ces recherches. C'est avec vous que nos chercheurs peuvent espérer mettre au point les solutions tant attendues pour combattre des maladies telles qu'Alzheimer et Parkinson. Merci de votre fidélité à leurs côtés.

 

Pr Christian Bréchot, Directeur général de l'Institut Pasteur

 

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Altzheimer, Parkinson :

où en est la recherche ?

 

L'attente de progrès médicaux est considérable face aux deux maladies neurodégénératives les plus fréquentes : les maladies d'Alzheimer et de Parkinson, qui touchent respectivement près de 900 000 et 200 000 personnes en France. D'autant que ces maladies liées à l'âge concerneront de plus en plus de gens avec le vieillissement de la population. En 2020, 1,3 million d'individus pourraient souffrir de la maladie d'Alzheimer. Mais que sait-on aujourd'hui de ces pathologies ?

 

Le principal facteur de risque de la maladie d'Alzheimer est l'âge. Mais un terrain génétique intervient également.

 

Une lente dégradation :

la maladie d'Alzheimer

 

Commençons par la plus répandue : la maladie d'Alzheimer. Rare avant 65 ans, elle touche 15% des personnes de 80 ans. Ses premières manifestations sont des troubles de la mémoire à court terme. Puis surviennent des troubles des « fonctions d'exécution » (ne plus savoir comment se servir de son téléphone ou effectuer une tâche routinière) et de l'orientation dans le temps et l'espace (perdre son chemin sur un trajet habituel, ne plus savoir se situer dans le temps). Le malade perd progressivement ses facultés mentales et son autonomie, et des troubles du langage, de l'écriture, du mouvement, du comportement, de l'humeur (anxiété, dépression, irritabilité) et du sommeil apparaissent. Cette évolution s'étale sur plusieurs années, avec une vitesse de progression variable d'une personne à l'autre.

 

Que se passe-t-il au juste dans le cerveau des malades ?

 

Une lente dégénérescence des neurones débute dans plusieurs régions cérébrales et notamment au niveau d'une structure nommée hippocampe, siège de la mémoire à court terme, avant de s'étendre progressivement à l'ensemble du cerveau. Deux coupables ont été identifiés : le peptide bêta amyloïde et la protéine tau. Naturellement présent dans le cerveau, le peptide bêta amyloïde s'accumule jusqu'à former des «plaques amyloïdes ou « plaques séniles ». Cette accumulation toxique pour les cellules nerveuses s'accompagne aussi de la modification de la protéine tau, une protéine de structure des neurones. Conséquence : les neurones se désorganisent. S'ensuit une dégénérescence neurofibrillaire puis la mort des cellules nerveuses. Ce processus neurodégénératif très lent met des années à s'installer avant que les symptômes de la maladie n'apparaissent.

 

L'âge, principal facteur de risque

 

Ainsi, le principal facteur de risque de la maladie d'Altzheimer est l'âge. Mais un terrain génétique intervient également. Une combinaison de plusieurs gènes peut être à l'origine d'une sensibilité individuelle accrue. Certains de ces gènes interviennent dans le métabolisme du fameux peptide amyloïde, d'autres dans l'inflammation, d'autres dans la communication entre les neurones... Il existe aussi des gènes qui, au contraire, protègent de la maladie.

 

L'environnement semble également jouer un rôle important. La sédentarité, des anesthésies répétées, des facteurs de risque cardiovasculaire (diabète, hypertension...) non pris en charge favoriseraient la survenue de la maladie. À l'inverse, le fait d'avoir fait des études, d'avoir eu une activité professionnelle stimulante et une vie sociale active semble retarder l'apparition des premiers symptômes et leur sévérité: il s'agit de la « réserve cognitive », qu'on peut développer en stimulant son cerveau et qui compenserait la fonction des neurones perdus.

 

Face à la maladie que peut-on faire ? Des médicaments peuvent ralentir l'évolution des troubles tandis que certaines approches — ateliers mémoire, soutien psychologique... — améliorent la qualité de vie des malades. Aucun traitement ne permet cependant de les guérir d'où l'importance des recherches en cours dans les laboratoires, qui laissent entrevoir de nouvelles stratégies thérapeutiques ou diagnostiques.

 

Alzheimer : Diagnostiquer les phases précoces

 

Altzeimer-photo_03-Pierre-Lafaye-200.jpgII n'existe aujourd'hui aucun moyen de diagnostiquer la maladie d'Alzheimer au stade précoce. 20 ans s'écoulent en moyenne entre le début de la maladie et la démence. Au sein de la Plateforme d'Ingénierie des anticorps de l'Institut Pasteur, dirigée par Pierre Lafaye, une technique pour détecter les toutes premières lésions de la maladie a été mise au point... grâce à des anticorps de lama ! « Nous utilisons une petite partie des anticorps de lama, appelée "nanocorps", qui a l'avantage de pouvoir franchir la barrière hématoencéphalique, qui entoure et protège le cerveau », explique le chercheur. « Des nanocorps spécifiques des deux protéines au cœur de la maladie, la protéine tau et le peptide béta-amyloïde, sont couplés à un agent de contraste, ce qui permet de les révéler à l'IRM quand ils sont fixés aux protéines cibles. » Ces deux « nanosondes » se sont révélées efficaces dans des modèles expérimentaux pour détecter des lésions très précoces. Leur développement offre l'espoir de pouvoir prendre en charge les malades plus tôt, et donc plus efficacement.

 

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Le récepteur à la nicotine, cible pour la maladie d'Alzheimer

 

Altzeimer-photo_05--Uwe-Maskos-200.jpgToujours très étudié à l'Institut Pasteur, le « récepteur nicotinique à l'acétylcholine » y a été identifié en 1970 par le Pr Jean-Pierre Changeux. S'il fixe la nicotine, il est naturellement le récepteur de l'acétylcholine, un neurotransmetteur impliqué dans le contrôle des mouvements, la mémoire, l'apprentissage... L'acétylcholine fait défaut dans la maladie d'Alzheimer, les neurones qui la produisent étant les premiers touchés par la dégénérescence. Les seuls traitements administrés aujourd'hui sont d'ailleurs des molécules qui empêchent sa dégradation. «Nous avons l'espoir d'agir plus précocement à l'avenir voire de manière curative », avance Uwe Maskos, chef de l'unité de Neurobiologie intégrative des systèmes cholinergiques. « Nous avons réussi à modéliser les événements qui mènent à la phase précoce de la maladie, notamment comment le peptide béta-amyloïde change l'activité du cerveau en se liant au récepteur ». Des composants « nicotine-like » capables de bloquer très spécifiquement cette liaison dangereuse, et pouvant être administrés en toute sécurité, sont actuellement recherchés.

 

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Récepteur nicotinique

 

Altzheimer : L'espoir d'une molécule de jouvence

 

Altzeimer-photo_07-Lindia-Katsimpardi-200.jpgIl existe dans le sang des « facteurs de jouvence » : il a été montré expérimentalement que traiter des organismes âgés avec du sang provenant d'organismes jeunes a des effets rajeunissants. Lida Katsimpardi, à l'Université de Harvard (États-Unis), a étudié et du « jeune sang » sur le cerveau âgé. « Dans des modèles expérimentaux, son administration a pour effet d'augmenter la production de nouveaux neurones et de remodeler, dans le cortex et d'autres zones, la vascularisation. Cette amélioration de la vascularisation augmente le flux sanguin, ce qui pourrait stimuler l'activité des neurones », explique la chercheuse, qui a aussi montré en 2014 qu'un facteur sanguin nommé GDF11 était capable à lui seul des mêmes effets. Aujourd'hui dans l'unité Perception et mémoire de l'Institut Pasteur, Lida Katsimpardi recherche activement d'autres molécules rajeunissantes. Je pense qu'il y a un "cocktail de jouvence" à découvrir. Ces recherches ouvrent des perspectives thérapeutiques considérables et nous allons prochainement tester l'effet de GDF11 dans un modèle de la maladie d'Alzheimer. »

Altzeimer-photo_08-molécule-de-Jouvence-200.jpg

 

 Parkinson : la motricité altérée

 

Qu'en est-il de la maladie de Parkinson, deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente en France ? Les symptômes, variables d'un patient à l'autre, comprennent une difficulté à initier un mouvement, un ralentissement des gestes, une écriture de plus en plus petite et difficile, une rigidité des membres et des tremblements caractéristiques au repos. À côté de ces troubles de la motricité, la maladie peut s'accompagner de manifestations souvent invalidantes (grande fatigue, perte de l'odorat, anxiété, problèmes de déglutition et d'élocution...).

 

Là encore, le processus de la maladie commence des années avant l'apparition des symptômes. Ici, c'est une population de neurones particulière qui est détruite : les neurones à dopamine situés dans la substance noire du cerveau. La dopamine est un neurotransmetteur (molécule permettant aux neurones de communiquer entre eux) qui intervient dans la régulation des mouvements, d'où l'altération des fonctions motrices. Pendant un temps, le cerveau compense la baisse de dopamine ce qui permet un fonctionnement cérébral normal : 50 à 70% des neurones à dopamine doivent être détruits pour que les symptômes surviennent. Cette dégénérescence est associée à une accumulation toxique de protéines. On parle de « corps de Lewy » dans la substance noire et dans d'autres zones du cerveau : ce sont des amas pathogènes formés par une protéine, l'-synucléine, présente chez les malades sous une conformation anormale qui favorisa son agrégation.

 

Une maladie professionnelle du régime agricole

 

Comme pour la maladie d'Alzheimer, les causes exactes de la dégénérescence neuronale sont incertaines, et l'âge est là encore le principal facteur de risque. Des facteurs génétiques et environnementaux semblent intervenir Le rôle de l'exposition aux pesticides est par exemple bien établi : les agriculteurs exposés aux insecticides de type organochlorés ont un risque accru de maladie de Parkinson, qui fait d'ailleurs partie des maladies professionnelles du régime agricole. Le tabac ou encore le café seraient eux des facteurs protecteurs, peut-être en raison de leur effet stimulant sur les neurones à dopamine.

 

Aujourd'hui, les malades sont traités par des précurseurs de la dopamine (L-dopa) ou des molécules qui miment son effet, ou encore des inhibiteurs d'enzymes chargées de sa dégradation. Efficaces sur les symptômes moteurs, ces médicaments n'empêchent pas la progression de la dégénérescence neuronale et des complications surviennent après cinq à dix ans de traitement. La kinésithérapie, qui entretient muscles et articulations et améliore la marche et l'équilibre, est proposée en parallèle.

 

Des pistes thérapeutiques très diverses

 

Pour les patients capables de supporter l'intervention et présentant un handicap important associé à une résistance vis-à-vis des traitements pharmacologiques, la stimulation cérébrale profonde a montré un effet bénéfique : elle consiste à implanter des électrodes dans une région précise du cerveau pour émettre des impulsions électriques à haute fréquence de manière continue grâce à un boitier implanté sous la peau.

 

Des essais de thérapie cellulaire, consistant à transplanter des neurones fonctionnels pour remplacer les neurones morts ou dégénérés, ont eu lieu chez des malades parkinsoniens, avec des bénéfices mitigés. Ce type de thérapie « réparatrice », actuellement très étudiée, notamment avec les cellules souches, reste néanmoins un espoir pour l'ensemble des maladies neurodégénératives. Réparation du cerveau, molécules de jouvence, nouvelles cibles thérapeutiques (lire ci-dessus) : la recherche est particulièrement active face à ces maladies tant redoutées, et toutes les pistes sont explorées pour parvenir demain à la mise au point de traitements efficaces.

 

Malheureusement, efficaces sur les symptômes moteurs, les médicaments n'empêchent pas la progression de la dégénérescence neuronale.

 

Parkinson : Nouvelle cible thérapeutique et espoirs de thérapie cellulaire

 

Une découverte majeure sur une protéine impliquée dans la maladie de Parkinson a été récemment réalisée à l'Institut Pasteur.

 

Altzeimer-photo_14-Ciara-Zurzolo-200.jpgCette protéine, l'-synucléine, est présente chez les malades sous une forme mal repliée qui s'agrège dans le cerveau, et pourrait ainsi être à l'origine de la mort neuronale (voir p. 4). Mais comment s'y propage-t-elle ?

 

L'unité de Trafic membranaire et pathogenèse, dirigée par Chiara Zurzolo, a montré par microscopie à fluorescence que les fibrilles d'-synucléine pathogènes passent, en culture, de neurones en neurones par le biais de « nanotubes », des structures de communication intercellulaire récemment découvertes. « Ces nanotubes sont donc une nouvelle cible thérapeutique pour lutter contre la progression de la maladie de Parkinson mais aussi d'autres maladies neurodégénératives (Alzheimer, chorée de Huntington, maladies à prions...) dans lesquelles d'autres protéines "mal repliées", à l'étude dans mon laboratoire, sont impliquées, qui se propagent aussi via ces nanotubes », souligne Chiara Zurzolo. Son équipe, l'unité Perception et mémoire, dirigée par Pierre-Marie Lledo, et l'Institut Pasteur Hellénique à Athènes, ont également lancé une étude à partir de cellules de peau de personnes saines et de patients touchés par une forme familiale de Parkinson, chez lesquels le gène de l'-synucléine est muté. Grâce à une méthode aujourd'hui répandue, ces cellules de peau sont transformées en cellules souches puis différenciées en précurseurs de neurones (neuroblastes). Dans des modèles expérimentaux, ces neuroblastes sont injectés dans le cerveau, dans une région de maturation naturelle de nouveaux neurones (le bulbe olfactif), riche en neurones à dopamine, ceux précisément qui sont détruits dans la maladie de Parkinson. « Nous voulons savoir si ces neuroblastes humains peuvent se différencier en neurones dopaminergiques, et nos résultats préliminaires sont encourageants », explique Françoise Lazarini, chercheuse dans l'unité Perception et mémoire. « Nous allons aussi analyser l'effet des "neurones de malades" contenant le gène muté, et voir s'ils peuvent provoquer la maladie de Parkinson. Nous espérons à la fois ouvrir des pistes pour la thérapie cellulaire et mieux comprendre le mécanisme de la maladie, notamment le rôle de l'-synucléine».

 

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Neurones reliés par des nanotubes faisant circuler

les fibrilles d'-synucléine (en rouge). Visualisation 3D

 

« Plasticité » cérébrale et

réparation du cerveau

 

Neurone_200.jpgNotre cerveau est extraordinairement dynamique. Cet organe de 1,5 kg, qui consomme 20% de l'énergie du corps, se modifie, se renouvelle, et même se répare. On sait depuis les années 2000 que, chez l'adulte, deux zones du cerveau (l'hippocampe et la zone sous-ventriculaire du bulbe olfactif) sont sources de nouvelles cellules nerveuses. Comment les nouveaux neurones se développent-ils ? Comment intègrent-ils des réseaux préexistants ?

 

Depuis 2010, une technique originale permet de stimuler sélectivement des nouveaux neurones rendus sensibles aux photons, et ainsi activables par des flashs lumineux. « Grâce à l'optogénétique, nous pouvons comprendre le rôle d'un neurone particulier, avec quel autre neurone il communique, Gabriel-Lepoussez-200.jpgà quoi il sert...», explique Gabriel Lepousez, de l'unité Perception et mémoire de l'Institut Pasteur. « Nous avons ainsi montré que pour qu'un nouveau neurone s'intègre correctement dans un circuit, il lui faut établir de nombreuses connexions avec d'autres neurones, sinon il s'autodétruit. Son intégration est aussi influencée localement par l'inflammation ou le système immunitaire, et par des paramètres extérieurs au cerveau comme notre microbiote. » Qu'en est-il des espoirs de thérapie cellulaire visant à réparer des zones du cerveau lésées (par des maladies neurodégénératives ou un accident vasculaire cérébral (AVC) avec un apport de nouveaux neurones ? « L'étude de la plasticité cérébrale est la clé de ces futures thérapies » souligne le chercheur. « Mais il ne faut pas griller les étapes. En étudiant ce cerveau qui fonctionne à l'échelle de la milliseconde, nous découvrons que nous avions sous-estimé sa complexité. En revanche, nous n'avons jamais eu d'outils aussi puissants qu'aujourd'hui, et des physiciens et des mathématiciens nous aident à modéliser nos données pour mieux les analyser. Mais réparer des circuits endommagés du cerveau relève d'une médecine de très haute précision, et toutes les précautions doivent être prises pour soigner un organe si complexe, siège de notre conscience et de notre personnalité. »

 

Neurones reliés par des nanotubes faisant circuler les fibrilles d'-synucléine (en rouge). Visualisation 3D.

 

Source :

2017…- Le dossier Altzheimer, Parkinson : où en est la recherche ? La lettre de l'Institut Pasteur septembre 2017 n° 98, pp. 1 à 6. Reproduction intégrale de l'article.

 

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Tir du loup : l'État rappelé à l'ordre par la justice

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18/10/2017

Toile d'araignée perlée par la rosée

Parure matinale

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

Les matins enveloppés de brouillard délivrent, aux premières lueurs de lumière, le graphisme et la transparence des toiles d’araignées ornées de rosée.

 

Je profite de cette ambiance pour capturer dès le lever du jour les éléments qui s’harmonisent à travers l’objectif de mon appareil photo.

 

Au détour d'un chemin à Allenjoie, le tableau qui s'offre à moi ne pouvait que retenir mon attention pour illustrer ce sujet.

 

Contre-jour parfait sur cette très grande toile accrochée à la fontaine et qui s’inscrit parfaitement dans le symbole de l’eau.

 

Telle une parure matinale, cette œuvre tissée brille de mille éclats rappelant que la décoration naturelle et la magie de l’eau n’ont pas d’égal au regard de certains aménagements souvent de mauvais goût.

 

Ce décor éphémère s’effacera dès les premiers rayons de soleil. Pas de temps à perdre avant que le sujet ne s’évapore pour ne laisser que la trace de son image.

 

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Cliché © Dominique Delfino

13/10/2017

Hold-up sur les forêts françaises

 

france nature environnement,écologie,forêts,protection de la nature

11/10/2017

Nestore : le mulot profiteur

Nestor le profiteur

 

par Dominique Delfino

photographe naturaliste et animalier

 

 

Petite animation dans le jardin ce dimanche à proximité de la véranda. Comme d'habitude, les quelques déchets de repas finissent à un endroit bien précis. Ce lieu est fréquemment fréquenté par des petits et gros oiseaux qui s'empressent de manger sur place ou en emportant leur butin à l'abri des concurrents.

 

Mais cette fois-ci, les enfants m'interpellent suite à la présence d'un petit rongeur qui s'impose sur place tout en assurant un va-et-vient permanent depuis sa cache située sous une racine.

 

C'est un joli mulot qui en train de stocker cette nourriture providentielle. Caché sous des orties, il pointe prudemment la tête afin de s'assurer qu'aucun prédateur ne soit à sa portée et court rapidement s'emparer de quelques morceaux de nourriture abandonnés aux oiseaux.

 

Durant une petite heure, à la barbe des moineaux, merles et mésanges, notre petit mulot fait le ménage, me laissant le temps de réaliser quelques images à travers la vitre de la fenêtre, dans des conditions de lumière très médiocres.

 

Comme en témoigne cette image, la gourmandise pour le gras de jambon ne fait pas défaut et Nestor, du nom dont nous l'avons baptisé, a assurément constitué sa petite réserve pour quelques jours.

 

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Cliché © Dominique Delfino

10/10/2017

Se protéger des attaques du Loup

loup,attaques,prédateurs,patou,montagne des pyrénées,chien des pyrénéesSe protéger des attaques du Loup

 

par André Guyard

 

(dernière mise à jour au pied de cet article du 10 octobre 2017)

 

La disparition en France de presque tous les grands prédateurs (Ours, Loup, Lynx), hormis quelques ours en Pyrénées, et de leur développement récent liés à des facteurs aussi divers que la réintroduction (Ours et Lynx), la déprise agricole, l'abondance des proies, les lois de protection a entraîné un pastoralisme qui a considérablement évolué en l'absence des prédateurs.

 

L'extension du Loup vers le Nord est inexorable. Il est certain que cette espèce protégée cause un réel préjudice aux éleveurs. Il faut donc apprendre à vivre avec ce prédateur et protéger les troupeaux en conséquence. Malgré le travail effectué pour protéger les troupeaux, travail qui a permis des avancées réelles, la prédation continue à s'accroître. Si la prédation reste faible en ce qui concerne Ours et Lynx, le bilan du Loup est catastrophique. Les données de 2012 permettent de « l'apprécier »: 250 loups pour 6000 animaux domestiques indemnisés, soit plus de vingt bêtes par loup !

 

Une autre constatation inquiétante : après les attaques de nuit, restées longtemps les plus fréquentes, les attaques de jour en présence du berger et de ses chiens de protection se multiplient au point d'égaler, dans les départements alpins du Sud, les attaques nocturnes. Ce qui pose le problème de l'évolution comportementale des loups qui, en l'absence d'un véritable dérangement, s'adaptent à l'Homme et à ses dispositifs de protection.

 

Le ministère de l'environnement a mis en ligne le 17 mai 2016 un rapport de Catherine de Roincé :

Évaluation de l'efficacité des moyens de protection des troupeaux domestiques contre la prédation exercée par le Loup. Évaluation 2009-2014.

 

Les outils du diagnostic

 

Dans chaque cas d'attaques de troupeaux, il s'agit de déterminer une méthode de diagnostic de vulnérabilité en cinq points qui aboutit à adopter le moins mauvais compromis possible : protection, coût, conditions de travail, satisfaction des besoins alimentaires du troupeau, risque de dégradation de l'espace pâturé, contraintes multiples devant rester acceptables. Ce diagnostic, qui a le mérite de créer le dialogue entre les différents acteurs, peut certes proposer des améliorations du système pastoral, mais aussi conclure à des blocages.

 

Les stratégies de protection des troupeaux

 

Il s'agit d'anticiper l'arrivée de loups sur le territoire. Cette anticipation est plutôt rare, surtout chez les éleveurs éloignés des zones de présence des loups. Pourquoi s'encombrer de mesures de protection lourdes alors que le danger est peu perceptible ? Chez ces éleveurs, les efforts envisagés sont dix fois moindres que ceux qu'il faudra réellement consentir lorsque les attaques de loups surviendront !. En fait, aucun éleveur n'est isolé face à ces situations difficiles : réseaux techniques, administrations, collectifs d'éleveurs permettent l'échange, l'information, le partage d'expérience et la solidarité.

 

Les systèmes d'effarouchement

 

Les systèmes d'effarouchement ne sont que des épouvantails ou leurres dont le loup finit par comprendre qu'ils « ne représentent pas un grand danger ». Dans cette catégorie se rangent les tirs d'effarouchement avec des munitions non mortelles. Encore faut-il avoir le permis de chasser... et assister à une attaque. vision très mécaniste considérant que le loup n'est pas doué d'une intelligence qui lui permet de s'adapter. En fait, ces systèmes témoignent d'une vision très mécaniste, considérant que le loup n'est pas doué d'une intelligence qui lui permet de s'adapter. D'après les éleveurs américains, les fusils fournis par l'Administration et dont les munitions tirées en l'air sont susceptibles d'effrayer les loups se révèlent inefficaces au bout d'un certain temps.

 

Une autre alternative serait celle des colliers-radio dont sont équipés des loups et qui consiste à leur envoyer divers stimuli négatifs dès qu'ils s'approchent des troupeaux. Cependant, cette méthode nécessite une mise en œuvre lourde puisqu'elle demande de piéger au préalable les loups afin de poser ce type de collier. Il serait néanmoins intéressant de tester la mise en œuvre de ce moyen d'éloignement des loups développé aux États-Unis.

 

Différents dispositifs pourraient être employés comme ceux utilisés par les éleveurs américains qui se trouvent confrontés aux mêmes problèmes que les éleveurs européens. Le reportage de Faut pas rêver, l'émission de France 3 du vendredi 15 mai 2011 y fait longuement allusion.

 

Les clôtures comme outil de protection

 

Dans ce cas, il s'agit de regrouper le troupeau dans un parc mobile la nuit. La clôture existe avant tout pour s'affranchir du gardiennage, devenant ainsi un moyen de gestion pastorale. Mais à l'ère des loups, la clôture n'est plus seulement l'outil qui évite la divagation du troupeau et qui permet la gestion de la ressource alimentaire : elle doit aussi interdire aux prédateurs d'entrer. Ou plutôt les ralentir, sachant que quel que soit son potentiel d'efficacité, aucune clôture n'est complètement étanche et doit être renforcée par la présence de chiens de protection : on regroupe le troupeau (la nuit) pour mieux le protéger (par des chiens et des hommes). On trouve beaucoup de conseils utiles pour réussir sa clôture, le CERPAM étant là dans un de ses cœurs historiques de métier... avec toutes les réserves émises sur le risque d'échec.

 

Certains éleveurs préconisent une simple barrière constituée d'un simple fil métallique auquel sont accrochées des bandes de tissu rouge mobiles au vent, dispositif moins onéreux qu'une clôture électrique. En fait, il semble que ce dispositif relève plutôt du gadget et ne dissuade pas l'intelligence du prédateur.

 

Au cours de randonnées dans les Alpes, je me suis étonné de voir des ânes accompagner des troupeaux de moutons. Renseignement pris auprès des éleveurs, il paraîtrait que la présence de l'âne dissuaderait le prédateur. En fait, des attaques de loups ont été constatées sur les ânes eux-mêmes.

 

L'emploi des chiens de protection : la meilleure protection des troupeaux


Le chien de protection est le seul outil de protection réactif et capable de s'adapter, avec toutefois un bémol : il permet de limiter les dommages, mais ne peut pas les faire disparaître. Si l'on peut regretter cette qualification d'« outil » pour un animal doué d'intelligence — intelligence qui peut lui permettre d'analyser des situations et de prendre des initiatives positives — l'efficacité de ces chiens particuliers varie selon beaucoup de facteurs : nombre de chiens, milieu, météo, perturbations olfactives, dérangement, défaut de comportement, manque d'expérience des éleveurs, etc. Quelle que soit la race du chien, celui-ci « demande un fort investissement en temps de travail, de l'observation et une forte motivation et doit rester un acte volontaire ». Malgré l'effort de communication réalisé de longue date, ces chiens provoquent parfois chez les nombreux usagers des zones de pâturage une « crispation des relations sociales ». Encore faut-il que le chien soit conditionné à la présence du Loup et à celle des randonneurs ! C'est le cas, en particulier du Berger des Abruzzes.

 

Le Berger des Abruzzes ou "Maremme Abruzzes" 
ou en Italien : Cane de Pastore Maremmano-Abruzzese. (texte et photos de Mario Massucci, de l'Association Pastor'Alpes et du C.B.E.I.)

 

Le Berger de la Maremme et des Abruzzes est un chien de grand format, construit en puissance. Le mâle atteint la taille de 65 à 73 cm au garrot et la femelle 60 à 68 cm. Poids respectif : mâle 35 à 45 kg, femelle 30 à 40 kg. Longévité : 14 à 15 ans.

 

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Berger des Abruzzes cliché de Mario Massucci

 

Cette ancienne race de chiens de protection de troupeau provient des chiens de berger actuellement encore utilisés dans les Abruzzes — où l’élevage du mouton est prospère encore de nos jours —, des chiens blancs originaires d'Asie mineure. Ces chiens existaient un peu partout en Italie où nous avons des montagnes et des moutons, mais principalement dans les Abruzzes qui restent le berceau de la race.

 

Ainsi, ce chien fait partie du patrimoine culturel local. Notons qu'il n’existe pas d’aide financière générale pour les mesures de prévention, pas de prime de montagne, pas de syndicat ni d’organismes qui défendent la profession et pas de cours pour les chiens de conduite.

 

En revanche, contrairement à l'Italie, le Loup a été éradiqué en France, il y a plus d'un siècle. De sorte que les troupeaux français ne sont plus du tout protégés par des chiens habitués à la présence du Loup et sélectionnés pour protéger le troupeau par leur simple présence. Mieux vaut alors protéger les troupeaux par des chiens dont la race n'a cessé de côtoyer le Loup.

 

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Le Berger des Abruzzes Cliché © Mario Massucci

 

Dans ces conditions, le meilleur choix est certainement le Berger des Abruzzes. Ce chien n'est pas un chien de mode mais un chien qui protège les troupeaux contre les prédateurs répondant aux besoins des bergers.

 

Sa fonction principale de chien de protection de troupeau s’affirme dans la manière dont il accomplit ses tâches avec discernement, courage et décision.

 

Bien qu’il soit fier et peu enclin à la soumission, il sait aussi manifester un attachement dévoué à son troupeau et à ses maîtres, il agit par amitié et affection.

 

En Italie, on dénombre actuellement quelque 2000 loups qui se nourrissent de la faune sauvage : chevreuils, chamois et… des ovins non protégés qui sont les proies plus vulnérables, dans les zones de reconquête du Loup.

 

Ces chiens fortement liés à leur troupeau se manifestent par quelques aboiements au passage de touristes. Mais ils restent calmes, sachant observer et analyser la situation et capables de fort discernement et d’actions décidées. Ils sont attentifs au berger, dissuasifs, s’expriment bien et se font comprendre.

 

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L'utilisation de la crécelle suscite l'attention des chiens, plus particulièrement celle du chef d'équipe (flèche noire), mais provoque aussi le déplacement du troupeau. Les chiens suivent alors les brebis tout en surveillant les humains. Ils ne se laissent pas distraire par le bruit et restent bien attachés à leur troupeau. (Cliché © Mario Massucci)

 

Il faut dire que leur mise en condition par les bergers commence très jeunes et régulièrement, en mettant les chiots en présence des étrangers quand ils visitent les exploitations, et en leur confiant toujours le même lot de brebis. La valeur de ces chiens est bien mise en évidence dans les parcs nationaux italiens parmi lesquels celui de la Majella, Velino Sirente, gran Sasso et Monti della Lega où vivent plusieurs centaines de loups.

 

Les troupeaux protégés par ces chiens sont rarement attaqués par le prédateur car depuis des générations, le Berger des Abruzzes est doublement conditionné :

 

à l'attachement à son troupeau qu'il ne quitte pas. Même s'il raccompagne sur quelques dizaines de mètres un prédateur un peu trop curieux, mais vite repoussé, il revient rapidement retrouver son troupeau ;

 

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3 Bergers des Abruzzes mettent en fuite 7 loups. Arrivés à 50-60 m du troupeau, les chiens abandonnent la poursuite des prédateurs et reviennent en protection auprès des ovins Cliché © Fabrizio Caputi.

 

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Le Berger des Abruzzes chasse 3 loups avant de retourner aux moutons

Cliché © Matteo Luciani

 

à la présence des êtres humains, qu'ils soient acheteurs de fromage ou d’autres produits issus de l’exploitation, ou qu'ils soient simples visiteurs ou touristes de passage.

 

Ce comportement s'explique par une mise en condition précoce à la présence de l'homme, qu’ils ne le considèrent pas comme un danger pour leurs brebis, mais ne vont pas au contact des humains.

 

La protection du troupeau se fait par une meute dont les chiens sont de caractère et comportement différents : on trouve des chiens hardis et timides, ceux-ci occupant donc des rôles et emplacements différents dans la meute, et contribuent par leurs différences à rendre la protection du troupeau efficace, cette protection se fait à moins de 30 m du troupeau, par des chiens qui restent au troupeau.

 

Pour aboutir à ce résultat, régulièrement, les bergers prennent de jeunes sujets issus de meutes génétiquement différentes.

 

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Type de pâturage dans les Abruzzes pour des troupeaux de brebis à lait ou viande. Les ovins paissent en forêt, dans le maquis ou en prairie ouverte. Les brebis sont à lait ou à viande. Mais les brebis à lait sont davantage rentables et fournissent du travail à toute la famille et même à des salariés.

Cliché © Mario Massucci

 

Source principale : une étude comportementale des chiens de protection de troupeaux conduite dans les Abruzzes, Molise et Campanie, sous l’impulsion de Mario Massucci, avec :

 

l'Association Pastor'Alpes et le C.B.E.I..

— Valter Grossi responsable Gt chiens de travail au CPMA et Antonio Grasso vice-président du Circolo del Pastore Maremmano Abruzzese,

l'Association Chien de Protection Suisse, avec le Dr Ueli Pfitzer

— Georg Höllbacher & Anna Drabosenig scientifiques du Service National de Consultation de Protection des Troupeaux, Autriche

— Petra Frondelius vice-présidente du Sumonen Maremmano Abruzzese Seura Ry et Kristiina Nyholm biologistes.

— Les élèves du lycée des Combrailles de Saint-Gervais d'Auvergne.

 

Cette étude d'évaluation du comportement du Berger des Abruzzes a fait sur le terrain le constat suivant portant sur 105 chiens de taille moyenne et appartenant à 15 exploitations différentes :

— tous les chiens restent au troupeau et sont de taille moyenne ;

— tous les chiens remarquent tout changement d’attitude et font preuve d’actions décidées ;

— 100 % des chiens ne se sont pas révélés agressifs après le déroulement de la gestuelle de l’évaluation ;

— 73 % des cheptels visités sont composés de brebis, les autres de caprins et bovins.

— Sur les troupeaux, la fréquence des attaques est d’une seule dans les 10 ans précédant l’enquête.


Tous les chiens sont de comportement et de caractère différent, leur donnant vocation à occuper un rôle différent dans la meute : d'où l’optimisation de l’équipe.

 

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Scientifiques finlandais et italien qui, sur le terrain, observent, stimulent, et analysent le comportement des chiens en compagnie de spécialistes cynophiles et échangent avec les bergers.

Cliché © Mario Massucci

 

Pour en savoir davantage : (en Anglais)

 

 Le Patou ou Pastoure, Montagne des Pyrénées, Chien des Pyrénées

 

Une méthode préconisée que l'on peut conjuguer avec une clôture efficace serait celle de l'utilisation de patous ou chiens des Pyrénées.

 

Le Patou est un chien imposant, cousin du Saint-Bernard, aurait comme ancêtre lointain le Dogue du Tibet qui s'est répandu au Ve siècle en Europe à la faveur des invasions barbares. Les premiers documents la concernant datent du XVIe siècle ; ce chien gardait alors les châteaux des hautes vallées de l'Ariège et de la Garonne. C'était aussi un excellent gardien de troupeau qui protégeait le berger et son troupeau des loups et des ours, alors que le Berger des Pyrénées était chargé de rassembler les bêtes. On lui mettait un collier en fer articulé avec des pointes à l'extérieur pour éviter que les loups ne l'égorgent. En 1991, on dénombrait près de 800 naissances et 172 sujets inscrits au Livre des origines françaises. Mais ces chiens sont actuellement utilisés comme chiens de compagnie ou de garde.  Mais non mis en présence du Loup et non sélectionnés en vue de la protection contre le prédateur, ils se révéleront peu efficaces. Il faudra user d'une sélection pour leur faire retrouver leur instinct ancestral anti-loup.

 

Le Patou est doté d'une robe blanche ou blanche avec des taches grises, ou jaune pâle ou encore louvetées ou orange en tête, aux oreilles et à la naissance de la queue. Taille du mâle : 70-80 cm ; de la femelle : 65-72 cm. Poids du mâle : environ 60 kg ; de la femelle : environ 45 kg.

 

Malgré sa taille, ce chien a une allure très aisée. Sa grosse voix sonore est l'un de ses charmes. C'est un joueur qui aime la neige fraîche comme la neige fondue et sale, dans laquelle il se plaît à se rouler. Vedette de la télévision, il fut le héros de la série Belle et Sébastien qui a révélé au public son aptitude à protéger son maître et ses proches.

 

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Un couple de patous

Cliché DR

 

 Avec le retour du Loup, la garde des troupeaux par chiens patous est une technique, couramment pratiquée dans les pays confrontés à la présence du prédateur. Il s'avère que lorsqu'elle est correctement employée, elle réduit considérablement le nombre de victimes par attaque et diminue la fréquence des attaques. De plus, elle contribue à la protection des troupeaux contre les chiens divagants.

 

Jean-Yves Poirot, éleveur de moutons à la Bresse, est aussi président du syndicat ovin des Vosges. L’homme s’est fait le porte-parole depuis un an de la colère des agriculteurs des Hautes-Vosges victimes du retour du loup car son exploitation a subi les attaques d'un couple de loups de retour dans le massif vosgien depuis le printemps 2011. L’an dernier, Jean-Yves Poirot s’est fait dévorer trente-neuf bêtes et un poulain. Afin de protéger ses troupeaux, il a donc décidé, comme deux autres éleveurs, de prendre un chien patou. Au cours de l’automne dernier, il a suivi une formation pour pouvoir s’en occuper. Le chien, ou plutôt la chienne, est arrivée quelques mois plus tard, en mai dernier. Il a fallu débourser 475 € pour l’acheter à un agriculteur du Territoire de Belfort, 80 % du prix est pris en charge par les pouvoirs publics. Et jusqu’à présent l’investissement s’est révélé rentable. Le troupeau de plus d’une centaine de moutons sous la surveillance de son patou n'a subi aucune attaque. En revanche, les trois autres troupeaux de Jean-Yves Poirot ont de nouveau été la cible du loup. L’éleveur a recensé 8 ou 9 attaques depuis le printemps. « Après chaque attaque, j’ai retrouvé le cadavre d’une ou deux bêtes. J’en ai également une vingtaine qui ont disparu », comptabilise l’agriculteur de la Bresse qui n’exclut pas d'acquérir d'autres patous.

 

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Le patou gardien de son troupeau

(cliché P. Raydelet)

 

Un Patou conditionné est un excellent gardien qui veille sur son troupeau avec efficacité. Il s'incorpore au troupeau qu'il défend courageusement. Dans le département des Alpes de Haute-Provence, sur plus de 150 estives, les troupeaux ovins sont protégés par ce type de chien et souvent plusieurs chiens sont présents. Très jeunes, les chiots doivent être mis en présence des êtres humains, car la cohabitation encore inhabituelle entre les chiens de protection et les usagers des espaces pastoraux engendre parfois des difficultés. Les randonneurs sont invités à ne pas trop s'approcher des moutons pour éviter une attaque possible du gardien. Dans un objectif de prévention des accidents, la DDAF des Alpes de Haute-Provence met en place une démarche globale en intervenant à différents niveaux : formation des éleveurs, sensibilisation des élus et des gestionnaires locaux et information des usagers des espaces pastoraux.

 

Un autre problème avec le Patou : à la période des chaleurs des chiennes, les mâles ont tendance à oublier leur troupeau pour rechercher l'âme-sœur.

 

Une vidéo sur la vie des Patous


 

Le Bouvier de Bouriatrie-Mongolie ou Hotocho

 

Différentes ethnies nomades qui se déplacent entre Mongolie et Sibérie protègent leurs troupeaux avec des chiens hotochos. Hotocho en bouriate signifie "chien/loup qui garde la territoire". Cette race a failli s’éteindre après la seconde guerre mondiale.. Dans les années 1990, Marika Teregoulina et Nikolai Batov ont entrepris un long voyage dans toute la Bouriatie afin de trouver les derniers chiens purs hotocho et restaurer la population de cette race. Le caractère de l’Hotocho est exceptionnel, propre à tous les bouviers amenés à prendre les décisions seuls et à travailler seuls. Ce chien n'hésite pas à attaquer préventivement les loups qui menacent son troupeau.


L'Hotocho est un chien très grand, costaud et de constitution lourde : pas moins de 74 cm au garrot pour les mâles et de 66 cm pour les femelles;. Les mâles sont plus grands et plus robustes que les femelles. Il devient adulte assez tard, vers 3-5 ans. Il présente une tête typique de molosse ou de bouvier : grande, large et plate avec le stop bien marqué et des petites oreilles triangulaires. Sa queue est longue et haut placée. Il la porte tournée sur le dos quand il est attentif ou prêt à se battre. Au calme, sa queue est pendue vers le sol.



Généralement, la robe de l’Hotocho est noire et feu, avec éventuellement de petites taches blanches sur le poitrail et des chaussettes blanches (toujours symétriques). Le noir peut être zain, foncé ou gris très foncé et le feu du beige au roux foncé. On ne trouve aucune photo de cette race sur internet (voir le site dogzer.com).

 


Le Berger du Caucase ou Ovtcharka du Caucase ou Kavkazkaïa Ovtcharka

 

 Le Berger du Caucase est un chien robuste, massif, avec une ossature et une musculature très fortes. La tête, avec un crâne large et des zygomatiques bien développées, ressemble à celle d’un ours. Le museau est plus court que le crâne, peu effilé ; la truffe est large et noire. Les yeux sont foncés, petits, de forme ovale, enfoncés. Les oreilles sont pendantes, attachées haut : elles sont souvent coupées court. Le dos est droit, large et musclé. Les membres sont droits et parallèles, avec une ossature forte. La queue, attachée haut et qui descend jusqu’au jarret, est portée pendante en panache, en faucille ou bien se termine en forme d’anneau.

Ce chien molossoïde a été sélectionné par les bergers pour la protection des troupeaux contre les prédateurs tels que les loups et les ours. Il a cependant un défaut ennuyeux : il est considéré comme mordeur (communication de Mario Massucci).

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Berger du Caucase

Cliché DR

 

 

Chien berger roumain des Carpathes

 

Il s'agit d'un chien de berger utilisé par les bergers roumains des Carpathes depuis des siècles pour défendre les troupeaux  contre les attaque du Loup. Pour pllus de détails sur ce chien, voir le site : http://chien.ouest-atlantis.com/chien-berger-roumain-carp...

 

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Berger roumain des Carpathes

Cliché DR

 

Autres chiens de protection approppriés que l'on peut citer :

 

 — Le Berger polonais de Podhale (en Français)

— Le Kuvasz (en Allemand)

— Le Kuvatch de Hongrie (en Anglais)

 

 

Formation pour les éleveurs utilisateurs de chiens de protection

 

Le rôle de l'éleveur est fondamental dans l'équilibre comportemental du chien. Des formations ont donc été organisées pour que les éleveurs abordent l'éducation du chien dans l'objectif indispensable d'une meilleure cohabitation avec les différents acteurs des territoires ruraux. Le message suivant est régulièrement transmis aux éleveurs : "Un chien non agressif, bien socialisé à l'homme et à son environnement, est aussi efficace, voire plus efficace, pour repousser le prédateur qu'un chien agressif". Parallèlement, la DDAF aide les éleveurs à acquérir des chiots issus d'élevages de qualité et de lignées de travail qui ne présentent pas d'agressivité vis à vis de l'Homme.

 

Sensibilisation des gestionnaires et élus locaux

 

Afin de pouvoir répondre aux interrogations des gestionnaires locaux, il est indispensable de recenser précisément les problèmes engendrés par ce type de chien et de connaître les circonstances exactes de leur déroulement. La DDAF a donc transmis aux mairies, gendarmeries, offices de tourisme, des fiches de renseignements à remplir par les éventuels plaignants et à lui renvoyer.

 

Information pour les usagers et le grand public

 

Les informations recueillies sur les fiches ou sur le terrain mettent en évidence qu'un comportement inadapté du promeneur en zone pastorale constitue une cause fréquente de difficultés. L'implantation de panneaux signalant la présence des chiens et la diffusion de plaquettes informant sur les conduites à adopter semblent se révéler insuffisantes. Ainsi, il est fréquent de constater que le promeneur se sent agressé par le chien, alors que celui-ci adopte une attitude qui correspond à sa fonction : signalement de sa présence (aboiements et déplacement), contrôle (approche parfois en courant, contact), dissuasion d'approcher (interposition entre le troupeau et l'intrus, aboiements ou grognements). L'incompréhension du comportement canin est souvent à l'origine d'attitudes humaines interprétées par le chien comme une agression ou une provocation (cris, jets de pierre, bâton, volte-face). Elles peuvent alors déclencher chez lui des réactions agressives découlant d'un comportement normal pour l'espèce canine.

 

C'est pourquoi, afin de limiter les risques d'accident, la DDAF des Alpes de Haute-Provence édite une brochure expliquant aux usagers les comportements du chien de protection, informant sur les conduites à adopter ou à éviter face aux chiens de protection en rappelant les principaux codes du langage canin. Cette brochure est téléchargeable gratuitement sur différents sites Internet, dont celui de l'association FERUS, ou celui du Parc National du Mercantour.

 

Le lama comme gardien de troupeau ?

 

On voit éclore en France des élevages de lamas destinés à différents usages dont le gardiennage de troupeaux.

 

En effet, le lama se comporte comme un dominant qui défend son territoire et protège son troupeau contre les prédateurs (chiens errants, renards, loups, voire pumas dans la Cordillère des andes) En cas d'attaque, il pousse des cris d'alarme aigus caractéristiques qui effrayent les prédateurs et alertent le propriétaire du troupeau. Ce comportement de gardien de troupeau est instinctif et ne nécessite aucun dressage préalable. Dans la nature, le lama mâle prend soin dès leur naissance des lamas nouveau-nés et veille à leur sécurité. Il adopte le même comportement vis-à-vis de son troupeau de brebis.

 

Gros avantage sur le chien : il se nourrit en broutant de l'herbe. et sa longévité est double de celle d'un chien. En outre, il est doté de griffes dissuassives aux pattes antérieures ainsi que d'une denture redoutable.

 

Les lamas, par leur taille et leur poids, peuvent facilement les effrayer ; de plus ils poussent des cris d’alarme aigus, pourchassent les prédateurs et s’interposent entre le troupeau et le prédateur.


Pour réaliser cette mission, le lama doit considérer comme SIEN le troupeau de brebis, il aura alors un comportement doux avec celles-ci et deviendra un compagnon très protecteur. Il ne remplace pas le berger mais le préviendra par son cri caractéristique en cas d’intrusion dangereuse.

 

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Guanacos (Lamas sauvages) dans la pampa argentine

Cliché © Marcel Hoeuillard

 

Le point de vue d'un berger

 

Mathieu Erny, 47 ans, est berger sur le site Natura 2000 du camp militaire de la Valbonne, dans la plaine de l’Ain qui dépend du Conservatoire Régional des Espaces Naturels Rhône-Alpes. Formé à l’École du Merle à Salon-de-Provence, il a fait l’estive en alpage pendant plus de dix ans dans les Alpes du sud, période durant laquelle il a été confronté à plusieurs reprises à des actes de prédation du loup sur le troupeau dont il avait la garde.

 

Mathieu est passé par La Bresse pour voir les lieux d’attaque du loup dans les Vosges. « Je ne suis pas pour l’éradication du loup, mais il faut que les associations écologistes acceptent les tirs. Des tirs qui font mal, avec des balles en caoutchouc qui ne tuent pas mais qui le font fuir durablement. »

 

Il préconise également l'emploi de colliers qui détectent les dangers et qui font l'objet de recherches en Suisse. Sur un troupeau de 100 brebis, 4 ou 5 portent un collier muni d'un capteur qui mesure le rythme cardiaque de la brebis et déclenche au moment où il y a panique une cartouche qui lâche un produit répulsif pour le loup (voir paragraphe ci-dessous).

 

Quant aux chiens Patou, utiles pour faire fuir le prédateur, Mathieu précise qu’il faut « des petits lots de brebis. Le Patou doit être né et élevé au milieu des ovins. Il ne doit pas être agressif. Il faut l’éduquer et non le dresser. Et puis il faut qu’ils soient au moins deux, un ancien qui montre le travail au plus jeune. Cela demande de la sélection. »

 

Collier avertisseur de l'attaque de loups (Source : ATS)

 

Le 2 août 2012, sur l'alpage du Creux-du-Champ au-dessus des Diablerets dans le canton de Vaud (Suisse), des scientifiques suisses ont tenté une expérience insolite afin de développer un collier anti-loup. Ils ont imaginé un dispositif, testé en pleine nature, qui avertit par SMS les bergers en cas d'attaque de loups grâce à un collier placé autour de chaque mouton et qui mesure son rythme cardiaque.

 

Deux chiens-loups de Tchéquie ont attaqué un petit troupeau de brebis sous la surveillance de scientifiques. But de l'opération : mesurer la fréquence cardiaque des ovins, afin de mettre au point un collier anti-loup.

 

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Les chiens-loups viennent de la République Tchèque

(photo Keystone)

 

Provenant d'un élevage des Vosges, Sky et Milla ont un "look et un pelage ne permettant pas de renier leur origine lupoïde. Issus d'un croisement entre berger allemand et loup, ils peuvent pulvériser un mouton", explique Agnès Thiébaut, spécialiste vosgienne du loup. Endurants et dotés de beaucoup de flair, ils sont utilisés pour du pistage, du traîneau.

 

Équipés de leurs muselières, Sky et Milla contournent le troupeau sans leur maîtresse. "En sa présence, ils n'attaquent pas, car ils savent qu'elle va les stopper", souligne Agnès Thiébaut. Sur le pâturage, les brebis s'agglutinent, vaguement inquiètes. Soudain, les chiens de Tchéquie déboulent : les brebis dévalent la pente, arrachant toutes les barrières plastifiées sur leur passage. "Une d'entre elles a sifflé pour avertir ses compagnes du danger", ce qui est très rare, commente l'éleveur Jean-Pierre Vittoni, qui met son troupeau à disposition pour le projet. "Sans muselière, les chiens loups auraient pu chacun en croquer trois ou quatre", note-t-il.

 

Paniquées, les brebis remontent sur la crête à toute allure pour rejoindre le gros du troupeau à près de 3 km de là. Seules cinq d'entre elles seront rattrapées le soir-même. Les colliers des autres seront enlevés le lendemain. En revanche, les deux chiens obéissent au doigt et à l'œil à leur maîtresse et sont rapidement éloignés.

 

Interrogé par l'agence suisse ats qui a assisté à l'expérience, le biologiste Jean-Marc Landry a déclaré : "C'est la première fois qu'un tel dispositif est testé en pleine nature". Il s'agit de mieux connaître le fonctionnement du cœur de la brebis. Préalablement, une dizaine de brebis ont été équipées d'une sangle et d'un cardiofréquencemètre, mesurant la variation du stress chez les animaux. Les modifications du rythme cardiaque des ovins permettront de calculer un algorithme qui définira quand le mécanisme se déclenchera. Ainsi, en cas d'attaque, le collier devrait envoyer un répulsif assez puissant pour éloigner le loup, ainsi qu'un SMS pour avertir le berger. Il pourrait être doublé d'avertissements sonores. Le loup devrait ainsi apprendre à se méfier du bétail.

 

Ces premiers essais semblent être réussis puisque le rythme cardiaque des brebis est passé d'une moyenne de 60-80 battements par minute à un pic de 225 au moment des attaques. L'équipe va ensuite analyser les résultats dans le détail.

 

En automne 2012, un prototype de collier devrait voir le jour. En 2013, il sera testé en Suisse et en France. Selon l'ats, d'autres pays se sont déjà montrés intéressés, dont la Norvège.

 

Conclusion

 

La durabilité de la présence des prédateurs va obliger l'élevage pastoral dans son ensemble à se protéger indéfiniment. Certains systèmes d'élevage ne pourront trouver la clé de cette protection devenue trop chère et inefficace malgré les efforts déployés.

À ce problème, il demeure une évidence incontournable : si l'on veut que le pâturage des troupeaux perdure, il va bien falloir mettre en place des actions de sélection qualitative des loups. Car si protéger les troupeaux, c'est bien, tenter de forcer les loups à respecter les activités d'élevage en les incitant à se nourrir de faune sauvage, c'est mieux.

 

Voir également l'article : stratégie de prédation chez le Loup.

 

Le point de vue d'un berger relayé par celui d'un randonneur

 

Ajout 10 octobre 2017

Suite aux manifestations des bergers dont les troupeaux sont attaqués par le Loup, les écologistes se proposent de partager la garde des troupeaux avec les bergers.

Ce "stage" est possible grâce au programme PastoraLoup de l'association Férus. "Pendant une ou plusieurs semaines, venez dormir auprès d'un troupeau de brebis, aider à la surveillance de jour et aux tâches quotidiennes, participer à un chantier de parc… et ainsi favoriser la cohabitation entre les activités pastorales et les grands prédateurs en France", écrit l'ONG sur son site web. Cette année, l'initiative a permis de former une vingtaine de nouveaux bénévoles aux bases du pastoralisme. Ils ont pu, comme Pascal, "voir des deux côtés, celui du loup et celui des éleveurs".

 

Un ouvrage indispensable :

Centre d'études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée (CERPAM) (2012). - Protection des troupeaux contre la prédation. Cerpam/Cardère. 312 p.

Un site précieux à visiter pour tout ce qui concerne le Loup : http://www.loup.developpement-durable.gouv.fr/

Plus de renseignements sur le Loup en France :

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Rapport 209-2014 sur l'efficacité des moyens de protection des troupeaux domestiques

02/10/2017

Marmottes jurassiennes avant hibernation

Prête pour l'hiver

par Dominique Delfino

photographe naturaliste et animalier

 

Culminant à 1600 mètres d'altitude dans le Jura suisse, le massif du Chasseral arbore ses couleurs d'automne.

 

Le soleil décline de plus en plus vite et malgré le beau temps d'arrière-saison les animaux qui demeurent sur place se préparent à affronter l'hiver.

 

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Document © Dominique Delfino

 

Les Marmottes jurassiennes pointent encore le bout de leur nez et s'offrent un petit bain de soleil mais s'activent surtout à aménager un lit douillet au fond du terrier.

 

Les rongeurs confectionnent un épais matelas de foin qui contribuera à éviter la déperdition de chaleur.

 

Après s’être gavées durant tout l'été doublant ainsi leur poids en réserves de graisse, elles fondent littéralement pendant ce long et profond sommeil de près de six mois. Leur température interne chute de façon considérable passant de 37°C à 5 ou 6°C.

 

Encore fragiles, les jeunes de l'année ne sont guère à même d'hiberner seuls, les adultes servent donc de bouillotte, l'une des raisons entre autres de la vie en groupe des marmottes.

 

L'automne est là. Malgré le beau temps d'arrière-saison, les jours ont raccourci, marquant la fin de l'été. Beaucoup d'animaux s'y sont préparés, sensibles au changement d'atmosphère. La course du soleil déclinant de plus en plus, les brumes de l'aube, la chaleur moins forte sont autant de signes pour eux. Les hirondelles sont déjà parties. Les autres oiseaux migrateurs ont entamé leur long périple vers le Sud. Les animaux qui restent sur place devront faire face à l'hiver et son cortège de neige et de glace. Ceux qui habitent la montagne sont particulièrement exposés aux intempéries. Le froid arrive de bonne heure en altitude, où les températures descendent rapidement. La neige tombe en masse et persiste longtemps. La fonte ne s'effectue pas avant mars voire avril, selon les endroits.

 

Pour survivre, les créatures montagnardes vont devoir passer la mauvaise saison à l'abri, en vivant au ralenti : c'est l'hibernation. Beaucoup de mammifères entrent en léthargie dès le milieu de l'automne. Ainsi l'ours et le blaireau, mais dans ce cas, il ne s'agit pas d'hibernation à proprement parler, car la température du corps descend de quelques degrés " seulement ".

 

Chez les marmottes alpines, les plus gros rongeurs de nos contrées à pratiquer ce système, la température interne chute bien davantage passant de 37 °C à 5 ou 6 °C ! Une perte de plus de trente degrés qui permet d'économiser ainsi de l'énergie durant plusieurs mois. Les battements cardiaques diminuent aussi sensiblement, tout comme les mouvements respiratoires, à peine perceptibles.

 

Les marmottes tombent dans un sommeil profond. Pourtant, elles vont se réveiller plusieurs fois au cours de l'hiver… et se rendormir ! Les scientifiques s'interrogent encore sur la cause de ces reprises de conscience, car les animaux n'en profitent pas pour se nourrir. De plus, cela demande une très grande dépense d'énergie. Elles semblent pourtant obligatoires, peut-être pour éviter la mort, l'organisme ne supportant pas une léthargie totale et ininterrompue pendant six mois…

 

Heureusement, les marmottes ont tout prévu pour passer au mieux cette période. Elles se sont gavées durant l'été afin de constituer des réserves de graisse. Elles doublent ainsi leur poids avant l'hibernation et fondent littéralement pendant cette période. Leur organisme est ainsi fait qu'il va puiser directement dans la couche de graisse accumulée sous la peau pour continuer de fonctionner.

 

Les rongeurs ont pris soin d'aménager un nid douillet au fond de leur terrier en apportant du foin. L'herbe sèche forme un épais matelas qui contribue à éviter la déperdition de chaleur. Celle-ci est également conservée grâce à l'hibernation en groupe. En effet, conserver une température constante, même si elle est basse, durant aussi longtemps, n'est possible que si plusieurs marmottes se serrent les unes contre les autres. Roulées en boule, le nez dans la queue, elles passent ainsi l'hiver en famille.

 Les adultes servent de bouillotte

 

Les adultes, plus résistants, réchauffent les jeunes, nés le printemps précédent. Encore fragiles, ils ne sont guère à même d'hiberner seuls. Plus la famille est nombreuse et plus les chances de ressortir sain et sauf au printemps sont importantes.

 

C'est l'une des raisons de la vie en groupe des marmottes. Contrairement aux écureuils, leurs cousins arboricoles, les marmottes — parfois surnommées écureuils terrestres — ne restent pas solitaires. L'union faisant la force, les marmottes forment de petites tribus avec un mâle et une femelle dominants, d'autres, subordonnées, qui gravitent autour d'eux, des jeunes d'un ou deux ans, et les petits nés dans l'année. La vie en communauté permet de mieux se défendre contre les prédateurs qui sont nombreux. Les aigles guettent dans le ciel et repèrent leur proie de leur vue perçante. Les renards sont à l'affût et parviennent à capturer les petits ou les étourdis grâce à leur ruse. La martre et l'hermine se faufilent parfois dans le terrier pour s'emparer des nouveau-nés.