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30/10/2014

Inventaire du peuplement ichtyologique du cours du Doubs et du Canal du Rhône au Rhin entre Dannemarie (Ht-Rhin) et Crissey (Jura). 3. Répartition du peuplement selon le type d'habitat.

Inventaire global des poissons du Doubs et du Canal du Rhône au Rhin de Dannemarie (Haut-Rhin) à Crissey (Jura). Répartition du peuplement selon le type d'habitat.


 

barbeau_01-1.jpgInventaire du peuplement ichtyologique du cours du Doubs et du Canal du Rhône au Rhin entre Dannemarie (Ht-Rhin) et Crissey (Jura)

3. Répartition du peuplement selon le type d'habitat

 

par André Guyard

(suite de l'inventaire du peuplement ichtyologique du Doubs entre Dannemarie et Crissey 2. Résultats globaux de l'échantillonnage)

 

Pour le lit principal du Doubs et les systèmes annexes, la présente étude compare six types d'habitats prospectés méthodiquement quand ils étaient représentés. Pour le canal, cinq habitats seulement ont été recensés. Le tableau ci-dessous précise code et habitat correspondants.

 

On entend par systèmes annexes les bras morts du Doubs (qu'on appelle mortes ou noues). Ces systèmes latéraux ont une grande importance pour le peuplement icthyologique puisqu'ils représentent des zones de frayères ou de refuge en cas de crues.

 

 

Code

Doubs

Canal

Intitulé précis de l'habitat

 

Lit principal

Systèmes annexes

 

Zone centrale

C

*

*

*

Zone littorale à fond nu minéral en pente douce

LFNM

*

*

*

Zone littorale sous couvert végétal

LCOV

*

*

 

Hélophytes denses

LHLD

*

*

*

Hydrophytes flottants

LHYF

*

*

*

Pente abrupte

PA

*

*

*

         
         

Tableau 1 : répartition des habitats entre les différents systèmes prospectés

 

On appelle hélophytes des végétaux aquatiques qui poussent les pieds dans l'eau et qui émergent. Appartiennent en particulier à cette catégorie les roseaux et les joncs.

 

Les hydrophytes sont des végétaux aquatiques complètement immergés ou qui parviennent à la surface (nénuphars, cératophylles, myriophylles, potamots, renoncules aquatiques…)

Les histogrammes ci-dessous montrent pour chacun des habitats, la répartition des espèces de poissons en nombre et en biomasse.

Hélophytes-effectif_d+m1.jpg
Fig. 1. Hélophytes. Répartition des espèces en effectif
 
En nombre d'individus, le peuplement des hélophytes est largement dominé par le Gardon, la Brème et l'Ablette.
Hélophytes-poids_d+m1.jpg
Fig. 2. Hélophytes. Répartition des espèces en biomasse
En biomasse, le peuplement des hélophytes est largement dominé par la Brème et le Gardon qui sont des poissons relativement gros. En revanche, l'Ablette, petit poisson, est plus mal représentée.
Hydrophytes-effectif_d+m1.jpg
Fig. 3. Hydrophytes. Répartition des espèces en effectif
En nombre d'individus, le peuplement des hydrophytes est largement dominé par l'Ablette, la Brème, le Gardon et la Grémille.
hydrophytes-poids_d+m1.jpg
Fig. 4. Hydrophytes. Répartition des espèces en biomasse
La biomasse du peuplement des hydrophytes est largement dominée par la Brème, le Gardon, la Tanche et l'Ablette.
LFNM-effectif_d+m1.jpg
Fig. 5. Zone littorale à fond nu.
Répartition des espèces en effectif
L'Ablette, la Brème et le Gardon dominent sur ces fonds nus qu'ils visitent pour se nourrir. Menacées, ces espèces se réfugieront à l'abri des hélphytes et des hydrophytes.
LFNM-poids_d+m1.jpg
Fig. 6. Zone littorale à fond nu.
Répartition des espèces en biomasse
 
Brème, Gardon et Tanche dominent sont les espèces dominantes en biomasse.
Pente abrupte-effectif_d+m1.jpg
Fig. 7. Pente abrupte. Répartition des espèces en effectif
L'Ablette, la Brème et le Gardon se déplacent volontiers le long des pentes abruptes. Mais les prédateurs (sandres et perches) sont également présents.
Pente abrupte-poids_d+m1.jpg
Fig. 8. Pente abrupte. Répartition des espèces en biomasse
Brème commune et Brème bordelière et Gardon constituent la majeure partie de la biomasse du peuplement des pentes abruptes. Le Sandre représente la majeure partie des prédateurs.
Zone centrale-effectif_d+m1.jpg
Fig. 9. Zone centrale. Répartition des espèces en effectif
En zone centrale, l'Ablette, les deux espèces de Brèmes et le Gardon sont présents ainsi que le Sandre et les perches.
Zone centrale-poids_d+m1.jpg
Fig. 10. Zone centrale. Répartition des espèces en biomasse
La biomasse en zone centrale est dominée par les Brèmes, le Gardon et le Sandre.
 

Les tableaux ci-dessous exposent la répartition par habitat les biomasses et les effectifs spécifiques relatifs au Doubs et au canal.

Habitats

Espèces

C

LAFF

LBLO

LCOV

LFNM

LHLD

LHYF

PA

ABL

20,8

16,4

10,0

6,0

12,8

3,7

18,3

12,0

BOU

/

/

3,1

12,5

4,7

9,4

39,1

31,2

BRB

26,8

9,2

10,8

13,5

11,9

7,5

9,3

11,0

BRE

24,4

0,5

9,3

10,9

13,9

13,6

18,0

9,4

BRO

4,9

/

13,1

30,6

/

16,4

35,0

/

CHE

5,3

0,1

16,8

7,6

22,6

18,3

21,0

8,4

GAR

9,3

16,8

11,3

9,1

16,8

10,2

15,4

11,1

GOU

4,3

8,9

7,4

11,1

39,0

8,7

15,0

5,6

GRE

9,6

3,7

8,8

13,0

11,6

8,3

14,4

30,6

PCH

31,6

/

14,1

/

13,2

/

7,5

33,6

PER

9,6

12,1

14,0

13,0

18,3

6,0

10,2

16,8

PES

4,1

8,4

24,0

17,4

18,0

14,0

8,1

6,0

ROT

2,6

11,4

20,0

14,0

2,3

28,2

17,9

3,6

SAN

11,9

19,9

14,6

13,1

8,0

3,1

22,3

7,1

TAN

20,1

/

21,6

6,2

/

13,3

19,6

19,2

Coef. moy. par habit.

12,35

7,18

13,26

11,86

12,87

10,73

18,07

13,70

Tableau 2 : répartition par habitat des biomasses spécifiques capturées dans le Doubs toutes sta­tions confondues

 

Habitats

Espèces

C

LFNM

LHLD

LHYF

PA

ABL

18,2

24,2

15,4

34,0

8,2

BRB

6,6

68,9

13,0

4,5

7,0

BRE

4,6

38,8

27,5

15,0

14,1

BRO

19,6

13,3

36,0

31,1

/

CHE

28,0

32,4

20,9

/

18,7

GAR

14,1

24,1

32,8

136,

15,4

GOU

3,1

47,0

36,3

9,1

4,6

GRE

7,0

28,9

19,5

39,2

5,4

PCH

24,2

23,3

36,1

/

16,4

PER

22,5

11,2

29,7

35,7

0,9

ROT

3,9

/

/

96,1

/

SAN

40,4

5,6

25,9

14,9

13,2

TAN

1,2

34,5

23,7

40,6

/

Coef. moy. par habit.

14,86

29,02

22,63

22,84

9,6

Tableau 3 : répartition par habitat des biomasses spécifiques capturées dans le canal toutes sta­tions confondues

 

Habitats

Espèces

C

LAFF

LBLO

LCOV

LFNM

LHLD

LHYF

PA

ABL

22,2

19,0

10,3

4,1

9,8

2,9

18,7

13,0

BOU

/

/

3,4

15,5

3,4

9,4

37,6

30,7

BRB

11,5

3,4

13,5

16,3

7,4

8,7

21,6

17,6

BRE

23,1

1,3

6,5

15,3

9,7

11,4

28,1

4,6

BRO

7,1

/

14,2

28,4

/

28,4

21,3

/

CHE

3,6

7,2

13,5

8,6

19,3

20,0

20,0

7,8

GAR

5,0

22,1

10,9

11,8

13,5

9,6

18,9

8,2

GOU

5,4

9,0

9,3

12,5

34,6

9,0

14,1

6,1

GRE

15,9

2,0

8,7

20,9

10,0

12,6

23,0

6,9

PCH

7,9

/

3,2

/

79,4

/

4,0

5,5

PER

4,3

16,6

12,7

12,1

14,1

14,6

19,6

6,0

PES

3,9

14,6

2,9

22,3

13,6

20,4

12,6

9,7

ROT

1,8

8,5

17,0

24,4

2,1

17,3

26,1

2,8

SAN

19,6

10,3

17,5

8,2

16,5

6,2

16,5

5,2

TAN

21,8

/

26,1

4,3

/

17,4

17,4

13,0

Coef. moy. par habit.

10,21

7,60

11,31

13,65

15,56

11,0 sans PCH

12,53

19,97

9,14

Tableau 4 : répartition par habitat des effectifs spécifiques capturés dans le Doubs toutes stations confondues

 

Habitats

Espèces

C

LFNM

LHLD

LHYF

PA

ABL

21,1

24,3

15,8

27,6

11,2

BRB

15,3

2,3

47,9

26,9

7,6

BRE

17,1

24,8

22,2

28,6

7,3

BRO

9,1

/

/

90,9

/

CHE

14,3

42,8

28,6

/

14,3

GAR

9,2

23,9

35

21,5

10,4

GOU

2,7

41,7

41,7

13,9

/

GRE

8,1

27,4

17,7

42,0

4,8

PCH

1,8

95,1

2,2

/

0,9

PER

7,4

26,0

22,2

40,7

3,7

ROT

2,4

/

/

97,6

/

SAN

24,2

10,8

14,4

36,2

14,4

TAN

4,3

43,5

43,5

8,6

/

Coef. moy. par habit.

11,26

27,86

22,26

sans PCH

22,4

33,42

5,74

Tableau 5 : répartition par habitat des effectifs spécifiques capturés dans le canal toutes sta­tions confondues

 

Préférendums spécifiques

 

De l'examen de ces histogrammes et de ces tableaux, et si l'on retire de la comparaison les espèces très faiblement re­présen­tées (Truite fario, Black-bass, Vandoise, Carpe commune), on obtient les ré­sultats suivants.

- Dans le Doubs, l'Ablette est capturée dans différents habi­tats mais de façon préférentielle dans les habitats suivants : C, LAFF, LHYF. Dans le ca­nal, on la rencontre également au niveau de LHYF, C mais également au niveau de LFNM. Ceci s'explique par la proximité de ces deux derniers habitats (C et LFNM) caractérisés par de faibles di­mensions spatiales.

- La Bouvière est recensée essentiellement au niveau des habi­tats LHYF et PA.

- Le Brochet, espèce carnassière, présente une faible densité compa­rativement à ses proies potentielles. Les captures sont ef­fec­tuées dans trois habitats principaux : LHLD, LCOV, LHYF.

- Le Chevesne est caractérisé par son euryécie. On note ce­pen­dant un préférendum pour LFNM et LHLD. Alors que l'habitat LHYF se présente comme un habitat privilégié pour le Chevesne dans le Doubs, ce n'est pas du tout le cas pour le canal.

- Le Rotengle est un poisson typiquement inféodé aux zones d'herbiers et aux zones montrant un couvert végétal important.

 

Changements d'habitat en fonction de l'âge

 

À l'intérieur d'une même espèce, on observe des changements d'habitats en relation avec l'âge. Les tableaux 6  et 7 indiquent le preferendum habitationnel des espèces en fonction du stade de développement.

 

Espèces

Stade

Préférendum

Remarques

Brème bordelière

Jeune

adulte

LHYF, LHLD

C

 

 

Brème commune

Jeune

adulte

Jeune

adulte

LHYF

C

LHYF, LHLD

LFNM

Dans le Doubs

 

Dans le canal[1]

 

Poisson-Chat

Jeune

adulte

Jeune

adulte

 

Dans le Doubs

 

Dans le canal

Perche-Soleil

Jeune

adulte

 

 

Tableau 6 : préférendum habitationnel des espèces en fonction du stade de déve­loppement pour les Brèmes et le Poisson-Chat et la Perche-Soleil

 

Les Brèmes juvéniles se localisent dans les herbiers (LHYF) alors que les adultes évoluent en zone centrale (C).

Le Poisson-Chat migre des zones de bordure à faible hauteur d'eau vers la zone centrale (C) dès qu'il atteint le stade adulte.

La Perche-Soleil juvénile affectionne les zones d'herbiers (LCOV, LHLD). Adulte, elle préfère les milieux dégagés de toute vé­gétation (LBLO, LFNM).

 

Espèces

Stade

Preferendum

Remarques

 

 

Grémille

Jeune

adulte

Jeune

adulte

LHYF, LCOV

PA

LHYF,LFNM

LHYF,LFNM

Dans le Doubs

 

Dans le canal

 

 

Tanche

Jeune

adulte

Jeune

adulte

LHLD, LFNM

LHLD, LFNM

/

/

Dans le Doubs

 

Dans le canal

 

 

Sandre

Jeune

adulte

Jeune

adulte

 

[2]

LHYF

C

Dans le Doubs

 

Dans le canal

Tableau 7 : préférendum habitationnel des espèces en fonction du stade de déve­loppement pour la Grémille, la Tanche et le Sandre

 

Grémille, Sandre et Tanche ont des comportements similaires à celui de la Perche-Soleil, mais cette conclusion ne vaut que pour le Doubs dans le cas de la Grémille et que pour le canal dans le cas de la Tanche.

 

Cette analyse met en évidence les relations espèces-habitats. Afin de matérialiser l'importance relative des différents habitats, nous avons calculé un coefficient moyen par habitat cor­res­pondant à la somme des pourcentages de représentation spéci­fique dans un habitat, rapportée au nombre d'espèces capturées dans cet habitat. Ces coefficients figurent sur la dernière ligne des ta­bleaux ci-dessus. Ils mettent en évidence, dans le Doubs, l'importance des her­biers d'hydrophytes qui peuvent être considérés, y compris en dehors de toute période de reproduction, comme de véritables pôles d'attrac­tion pour l'ichtyofaune nécessaires à l'implantation d'un peuplement varié (tableau 8).

Quel que soit le type d'habitat considéré, les rendements de pêche obtenus sont comparables. Il ne faudrait cependant pas déduire de cette constatation que ces habitats ont la même va­leur pour l'ichtyofaune et que la répartition des individus entre chacun d'eux est aléatoire et indépen­dante des habitats environ­nants. En ef­fet, les filets étant un dispositif passif, les poissons sont capturés lors de leurs déplacements, y compris d'un pôle at­tractif à un autre pôle attractif, sans nul besoin que le lieu de capture soit at­tractif en lui-même. Il en est ainsi de la zone cen­trale qui constitue un simple lieu de passage pour un certain nombre d'espèces se nourrissant en bordures. Ce qui n'exclut pas la présence d'autres espèces fréquentant la zone centrale dans un but alimentaire. On doit noter également une tendance des individus, toutes espèces confondues, à migrer en zone profonde à partir de la fin de la belle saison.

Lors des périodes de crue, les individus se réfugient dans les systèmes latéraux pour échapper à la dérive, ce qui explique les mé­diocres résultats obtenus au niveau des afférences (LAFF), en parti­culier au niveau de Baume les Dames (station 5). Inversement, la pé­riode d'étiage rencontrée au niveau de la morte d'Orchamps avec un écoulement quasi nul à l'apex est également préjudiciable à l'effica­cité de l'échantillonnage.

Au niveau du canal, zone centrale (C) et pentes abruptes (PA) sont les habitats les moins fréquentés par l'ichtyofaune. Tout ce qui apporte un carac­tère d'hétérogénéité (herbiers, faible hauteur d'eau, atterrissements,...) à ce milieu normalement homogène, entraîne une nette concentration numérique malgré les faibles dimensions du sys­tème.

 

 

Stations

 

Représentation des Hydrophytes

 

Repré­sentation des Hé­lophytes

 

Variété spéci­fique

 

Espèces constituant en­viron 75 % de la biomasse

Doubs Orchamps

*****

*****

18

BRE, BRO, CHE, GAR, ROT, SAN, HOT

Doubs Crissey

*****

***

19

BRB, BRE, BRO, GAR, PER, SAN, TAN

Doubs St Vit

****

****

14

BRB, BRE, CHE, SAN

Doubs Isle/Doubs[3]

****

*

14

BRB, BRE, GAR, PER

Doubs Malate

***

**

15

BRB, BRE, CHE, GAR, ROT

Doubs Avanne

***

*

15

BAF, BRB, CHE, GAR, PER

Doubs Baume les Dames

**

**

15

BAF, BRE, BRB, BRO, CHE, GAR

Allan dévié

**

*

11

BRE, GAR

Canal Orchamps

*

**

14

SAN, BRB, BRE

Canal Avanne

*

**

11

BRE, CHE, GAR, PER

Canal Isle / Doubs

*

*

13

BRE, CCO[4], GAR, SAN

Canal Bourogne

*

*

12

BRE, GAR

Canal Dannemarie

*

*

8

BRE, GAR

***** : très bonne représentation

**** : bonne représentation

*** : assez bonne représentation

** : faible représentation

* : très faible représentation

Tableau 8 : importance des herbiers et caractéristiques des peuplements en place



[1]Remarque : dans le canal, les habitats C et LFNM sont proches en raison du profil concave et de la faible profondeur de l'ouvrage.

[2] Remarque : les adultes les plus gros sont capturés au niveau des afférences

[3]Prélèvements réalisés en période de crue

[4] Espèce issue d'empoissonnement

 

Source : Guyard A. et coll. (1992) - Inventaire du peuplement ichtyologique du cours du Doubs et du canal du Rhône au Rhin entre Voujeaucourt et Crissey. Rapport d'étude pour le compte de la CNR (73 pages + annexes).
Avec la participation de Chantal Pagnot, Franck Buirey, Ramiro Cesped, Jean-Pierre Grandmottet, Isabelle Tirole, Philippe Boisson, Roland Gambéri, Thierry Grandmottet, Jean-Claude Thivot.

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