Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/08/2018

Ancêtres des lémuriens de Madagascar

Les ancêtres des lémuriens auraient atteint Madagascar bien plus tard que ce que l'on pensait

 

Par Anne-Sophie Tassart (Sciences et Avenir - 26/08/2018 )

 

Des chercheurs ont remis en question l'histoire évolutive des strepsirrhiniens, un sous-ordre qui comprend notamment les lémuriens, des animaux désormais endémiques de l'île de Madagascar.

 

Lémurs-catta-450.jpg

Lémurs catta © Slavek Ruta/Shutterstoc/SIPA

 

Quelle est l'histoire évolutive des lémuriens — ces primates endémiques de Madagascar aujourd'hui grandement menacés — et des animaux qui leur sont apparentés ? En 1967, le paléontologue américain George Gaylord Simpson décrit 3 fragments de mâchoire datant du Miocène et découverts au Kenya. Le fossile, nommé Propotto et vieux de 20 millions d'années, est le vestige d'un primate et plus particulièrement d'un strepsirrhinien (sous-ordre qui regroupe les lorisiformes, les lémuriformes et les chiromyiformes), suppose alors Simpson. Des chercheurs s'opposent à cette identification : selon eux, Propotto était une... chauve-souris. "Cette seconde interprétation n'aura pas été remise en cause pendant presque un demi-siècle", notent une équipe internationale de chercheurs dans une étude parue le 21 août 2018 dans la revue Nature Communications.

 

Propotto serait un ancêtre du aye-aye un primate aux yeux globuleux

 

Ces scientifiques donnent finalement raison à Simspon : Propotto était effectivement un ancêtre des strepsirrhiniens actuels. Pour en arriver à cette conclusion, ils ont procédé à des comparaisons entre les caractéristiques anatomiques du fossile et celles de 125 espèces de mammifères éteintes ou parcourant encore la Terre. Ils ont également effectué des analyses génétiques. En outre, les dents encore présentes sur les fragments de mâchoires ont été comparées aux molaires de 42 espèces de mammifères (encore une fois, éteintes ou non) dont des chauves-souris ou des primates.

Fragment-de-mâchoire-de-Propotto-©-Duke-SMIF-450.jpg

 Fragment de mâchoire de Propotto © Duke SMIF

 

À la lumière de ces nouveaux éléments, il est apparu que Propotto partageait de nombreuses caractéristiques avec Plesiopithecus, un animal qui aurait vécu il y a 34 millions d'années dans l'actuelle Egypte. Les deux seraient finalement des ancêtres des aye-aye, des primates endémiques de Madagascar seuls représentants des chiromyiformes.

 

Un-aye-aye-©-CATERS_SIPA-450.jpg

Un aye-aye © CATERS/SIPA

 

Une colonisation par les strepsirrhiniens bien plus récentes que prévu

 

Les chercheurs remettent en cause l'histoire même de la colonisation animale de l'île. Jusque-là, les paléontologues pensaient que les strepsirrhiniens avaient pour ancêtre des animaux qui s'étaient échoués sur Madagascar, il y a 60 millions d'années en une seule vague migratoire. Finalement, ce sont deux lignées différentes qui pourraient avoir atteint l'île indépendamment l'une de l'autre (mais à peu près en même temps) et plus tard que prévu. Elles se seraient différenciées en Afrique, donnant d'un côté les chiromyiformes et de l'autre, le reste des strepsirrhiniens dont les lémuriens. Plus précisément, les ancêtres des aye-aye se seraient "séparés" du reste du groupe il y a 40 millions d'années alors qu'ils n'avaient pas encore quitté le continent Africain rendant l'hypothèse d'une colonisation de l'île il y a 60 millions d'années caduque. Il est possible que la colonisation de l'île ait eu lieu, il y a environ 20 millions d'années, après un ouragan. Les troncs d'arbres et les branchages cassés auraient servi de radeaux aux primates, permettant ainsi à certains d'arriver vivants à Madagascar.

 

Source : Fossil lemurs from Egypt and Kenya suggest an African origin for Madagascar’s aye-aye

https://www.nature.com/articles/s41467-018-05648-w.

26/05/2010

Le Lémur à queue rousse

Lepilemur ruficaudatus-1_logo.jpgLe Lémur à queue rousse

Lepilemur ruficaudatus Grandidier, 1867

(Famille des Lepilemuridae)

 

par André Guyard

 

Le Lémur à queue rousse Lepilemur ruficaudatus ou Boenga est un Lémurien à pelage roux sombre. Comme pratiquement tous les Lémuriens, il constitue une espèce endémique de Madagascar qui fréquente les forêts denses sèches et les fourrés épineux. De mœurs nocturnes, il est fondamentalement folivore et accessoirement frugivore. Son poids est d'environ 800 grammes et le dimorphisme sexuel est peu marqué. En général, il vit en couple sur un territoire d'environ 1 ha et il n'y a pas chevauchement entre les territoires des couples voisins. De sorte que l'amplitude de chaque déplacement nocturne se situe entre 100 m et 1 km.

 

Lepilemur ruficaudatus_70-71-1.jpg

 

Individus observés : Parc National Kirindy Mitea aux environs de Morondava.


 

Voir également sur ce même blog :

Le Lémur à dos gris,

Le Lémur noir ou Lémur macaco,

Le Grand Hapalémur,

Le Lémur couronné.

 

Références :

 

Groves, C. (2005). Wilson, D. E., & Reeder, D. M. Mammal Species of the World (3rd ed.). Baltimore : Johns Hopkins University Press. pp. 119.

Hoffmann, M. (2008). Lepilemur ruficaudatus. In: IUCN 2008. IUCN Red List of Threatened Species.

 

21/05/2010

Le Lémur à dos gris

lepilemur dorsalis1.jpgLe Lémur à dos gris

Lepilemur dorsalis Gray, 1870

 

par André Guyard

 

Le Lémur à dos gris est l'une des plus petites espèces appartenant au genre Lepilemur. Comme son nom l'indique, la face dorsale est gris-brun à brun moyen, avec une bande sombre brun le long du dos. La face ventrale est plus pâle brun grisâtre. La tête est grise avec une face gris-brun foncé avec un petit museau, des oreilles arrondies, qui sont presque cachées dans la fourrure. La queue est à peu près de la même longueur que le corps et devient plus sombre vers son extrémité. Les mains et les pieds sont dotés de grands blocs digitaux utilisés pour s'accrocher aux branches. La masse corporelle moyenne pour cette espèce est d'environ 500 grammes.

 

lepilemur dorsalis1.jpg
Lémur à dos gris mâle dans l'île de Nosy Komba

 

De tous les lépilémurs, cette espèce montre l'une des distributions les plus limitées. Le Lémur à dos gris vit dans les forêts humides de la région de Sambirano dans le Nord-Ouest de Madagascar, y compris la presqu'île d'Ampasindava et les îles de Nosy Be et Nosy Komba. C'est dans cette dernière île qu'ont été pris les clichés de cet article. Il s'agit d'une espèce arboricole et nocturne. Le Lémur à dos gris se déplace à travers la forêt en grimpant et en sautant dans les arbres.

 

Le Lémur à dos gris est une espèce folivore (mangeur de feuilles), bien qu'il puisse également se nourrir de fruits et d'écorce pour compléter son régime alimentaire. Cette espèce est aussi un cæcotrophe, ce qui signifie qu'il réingère ses excréments, ce qui facilite la décomposition de la cellulose contenue  dans les feuilles et la rend plus digeste. Toujours en rapport avec la digestion de la cellulose, il est muni d'un cæcum important qui abrite des bactéries adaptées à la lyse de la cellulose.


 

Le Lémur à dos gris vit en famille, première forme de cohésion sociale. Le groupe de base est composé de la mère et sa progéniture. L'espèce est polygame mais le mâle vit en solitaire et son territoire chevauche ceux d'une ou de plusieurs femelles. Il visite chaque femelle pendant la saison de reproduction. Tous les ans, la femelle donne naissance à un seul petit qui naît entre septembre et novembre. Quand elle fourrage la nuit, elle délaisse son bébé sur une branche, mais reste en contact avec lui en émettant des cris qui ressemblent à des baisers.

 

Cette espèce est très territoriale et le mâle adulte défend vigoureusement son territoire. Il émet un appel sonore utilisé comme un appel territorial. L'appel de contact se compose d'une série de sifflements suivis par une vocalise en deux phases. Cet appel est utilisé quand deux congénères sont à proximité l'un de l'autre .

 

Le Lémur à dos gris est classé comme espèce vulnérable dans la liste rouge de l'UICN.

 

Documents : photos et vidéo par André Guyard.

Voir également dans le même blog :

le Grand Hapalémur,

Le Lémur noir,

Le Lémur couronné,

Le Lémur à queue rousse.

 

Références :

 

Burton, Frances. 1995. The Multimedia Guide to the Non-human Primates. Prentice-Hall Canada Inc.

Fleagle, John G. 1988. Primate Adaptation and Evolution. Academic Press.

Harcourt, C. and Thornback, J. 1990. Lemurs of Madagascar and the Comoros. The IUCN Red Data Book. IUCN, Gland, Switzerland and Cambridge, U.K.

Petter, A. and Petter, J.J. 1971. Part 3.1 Infraorder Lemuriformes. in The Mammals of Africa : An Identification Manual. Smithsonian Institution Press, Washington, D.C.

Petter, J.J. and Charles-Dominique, P. 1979. Vocal communication in prosimians. in The Study of Prosimian Behavior. eds. G.A. Doyle and R.D. Martin. Academic Press, New York.

Tattersall, I. The Primates of Madagascar. Columbia University Press, New York.

20/05/2010

Le Grand Hapalémur

Hapalemur_simus_logo.jpgLe Grand Hapalémur

(Prolemur simus)

 

par André Guyard

dernière mise à jour : 27/05/2013

 

Nouvelle naissance d'un Grand Hapalémur au jardin zoologique du Muséum de la Citadelle de Besançon !

 

La naissance le 20 avril 2010 d'un Grand Hapalémur au jardin zoologique du Muséum de la Citadelle de Besançon constituait déjà un événement exceptionnel.

 

Exploit renouvelé  où un couple de grands Hapalémurs a donné naissance à un nouveau petit.

 

 

© France 3 Franche-Comté / Denis Colle
© France 3 Franche-Comté / Denis Colle

 


Le petit..."grand hapalémur" est pour l'instant bien accroché au pelage de sa mère. Il y restera jusqu'à l'âge de deux mois. Mais les visiteurs du zoo peuvent déjà l'admirer.

 

En effet, classé en danger critique d'extinction par l'IUCN, le Grand Hapalémur (Prolemur simus) est le lémurien le plus menacé de Madagascar et l'un des cinq primates les plus menacés au monde. L'espèce fut considérée comme définitivement éteinte avant d'être redécouverte en 1986 dans la région de Ranomafana qui deviendra Parc National en 1991. D'autres populations furent découvertes dans les années suivantes, mais une étude publiée en 2008 tire la sonnette d'alarme en dénombrant moins de 60 exemplaires sauvages, dont seulement 4 pour le Parc national de Ranomafana !

 

À ce maigre effectif s'ajoute une trentaine d'animaux en captivité. Tous font l'objet d'un programme de sauvegarde, auquel participe le muséum de la citadelle de Besançon.

 

Hapalemur_simus_01-1.jpg

Bébé Hapalemur simus

(cliché Anna Feistner)

 

Une population de sauvegarde a été établie en captivité dès 1987 puis 1993 mais elle ne compte qu'une vingtaine d'individus dans le monde, dont la famille de quatre hapalémurs hébergée par le Muséum de Besançon au sein de la Citadelle, une famille heureuse de vous faire parrt de cette nouvelle naissance. Depuis, le bébé hapalémur reste fermement accroché au ventre de sa mère, Sorja, une femelle de 10 ans née en captivité au zoo de Vincennes à Paris et qui s'en occupe très bien.

 

Le Grand Hapalémur a un pelage gris brun (comme Hapalemur griseus). Les mâles mesurent jusqu'à 45 cm pour un poids de 2,400 kg à l'âge adulte. Il se distingue facilement des autres espèces par ses touffes de poils blancs sur les oreilles que les autres espèces n'ont pas. Sa face est  aussi plus allongée, et on le trouve souvent au sol, alors que les autres espèces y vont rarement.

 

Hapalemur_simus_Ranomafana-1.jpg

Hapalemur simus dans le parc de Ranomafana

(cliché Anna Feistner)

 

Le Grand Hapalémur vit dans les forêts de Madagascar et il est particulièrement menacé par l'activité humaine, comme le déboisement à des fins agricoles ou la construction de routes. Il se nourrit presque exclusivement de la moelle des tiges d'une espèce de bambou géant (Cathariostachys madagascariensis appelé localement volohosy à Madagascar). Il ouvre la tige, la déchire en petits morceaux et en déguste la moelle. À défaut, il peut consommer d'autres bambous, des fruits et même des champignons.

 

Voir également sur ce blog d'autre sujets sur les lémuriens :

Le Lémur couronné,

Le Lémur au dos gris,

Le Lémur noir ou Lémur macaco,

Le Lémur à queue rousse.


Sources :

 

Conférence de Anna Feistner, responsable du Centre Valbio à Ranomafana, Madagascar. Anna Feistner est une spécialiste de la conservation des primates.

06/10/2009

Le Lémur couronné

Eulemur1.jpg

Le Lémur couronné

Eulemur coronatus

 

par André Guyard

 

 

Le Lémur couronné, Eulemur coronatus, se trouve exclusivement dans le nord de Madagascar. Plus précisément, son aire de répartition s’étend du Cap d’Ambre au nord à la rivière Fanambana au sud, jusqu’à la ville d’Ambilobe et la rivière Sambirano à l’ouest et à la côte est. C'est à l'occasion d'une expédition organisée par le professeur Albignac, spécialiste des Lémuriens que nous avons eu l'occasion d'approcher de ce charmant animal.

 

Madagascar_039-1.jpg
Madagascar_40-1.jpg
Madagascar_044-1.jpg
Madagascar_045-1.jpg
 

Le Lémur couronné habite les forêts sèches du Cap d’Ambre et la Sakalava. Dans la forêt de l’Ankarana où nous l’avons observé, Eulemur coronatus se rencontre dans la canopée à la lisière des zones forestières dégradées. Habitué aux touristes, il n’hésite pas à s’approcher pour quémander de la nourriture.

 

 

C’est un animal de la taille d’un chat domestique. Il pèse environ 2 kg et mesure une trentaine de cm de long. La queue atteint 45-50 cm. Il tire son nom de la présence d’une couronne de poils de couleur orange sur le dessus de la tête.

Eulemur coronatus est polygame. Les accouplements se produisent en juin. La gestation dure environ 125 jours et les femelles mettent au monde un ou deux petits à la saison des pluies. La mère porte son bébé sous son ventre durant les trois premières semaines et l’allaite jusqu’à 5 à 6 mois. La maturité sexuelle est atteinte au bout de 20 mois. La longévité est de 27 ans en captivité.

Le Lémur couronné
est diurne. Il est actif du lever au coucher du soleil avec une pause à midi qui peut durer quatre heures. Il a tendance à vivre en groupes de 5 à 6 individus. Les femelles sont dominantes. Comme chez tous les lémuriens, le grooming, c’est-à-dire caresses, toilette et épuçage mutuels, est important pour le développement et l’entretien des liens sociaux.

La communication entre individus implique éléments chimiques, sous forme de phéromones de marquage, éléments visuels : posture, expressions du visage, et échange de messages vocaux.

Le Lémur couronné
est essentiellement frugivore, occasionnellement folivore, nectarivore, voire insectivore.

Ses prédateurs éventuels sont les rapaces et surtout le fossa, une espèce endémique de carnivore plantigrade à allure de félin, qui représente le plus grand prédateur terrestre des lémuriens de Madagascar.

Le Lémur couronné intervient dans son écosystème essentiellement comme un disséminateur de graines. Bien que protégé (liste rouge de l’UICN), il est souvent braconné pour sa viande. Mais la destruction de leur habitat constitue la principale menace pour les lémuriens couronnés. C’est pourquoi Eulemur coronatus a tendance à rester dans les limites de quatre réserves : la Forêt d’Ambre, le Parc national de la Montagne d’Ambre et la réserve de l’Ankarana.

La présence de Lémuriens à Madagascar constitue un important atout pour l’écotourisme malgache.

 

Photos et vidéo : André Guyard

 

Voir également sur ce même blog :

Le Grand Hapalémur,

Le Lémur à dos gris,

Le Lémur noir ou Lémur macaco,

Le Lémur à queue rousse.

 

Références

Inconnu. "Crowned Lemurs". Duke University Primate Center, http://primatecenter.duke.edu/animals/crowned/.

Harcourt, C., J. Thornback. 1990. Lemurs of Madagascar and the Comoros. Gland, Switzerland and Cambridge, UK : IUCN-The World Conservation Union.

Kappeler, P., J. Ganzhorn. 1993. Lemur Social Systems and Their Ecological Basis. New York : Plenum Press.

Mittermeier, R., W. Konstant, M. Nicoll, O. Langrand. 1992. Lemurs of Madagascar : An Action Plan for their Conservation 1993-1999. Gland, Switzerland : IUCN.

Nowak, R. 1999. Walker’s Mammals of the World, Sixth Edition. Baltimore and London : The Johns Hopkins University Press. 2008/05/25 04:07:11.507 GMT-4

Suter, M. 2000. "Eulemur coronatus", Animal Diversity Web. http://animaldiversity.ummz.umich.edu/site/accounts/information/Eulemur_coronatus.html