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05/10/2009

La Couleuvre verte et jaune

Couleuvre_verte_et_jaunelogo.jpgLa Couleuvre verte et jaune

 

Hierophis viridiflavus

 

(Reptile squamate Ophidien Colubridé)

 

par André Guyard

(Dernière mise à jour le 23 août 2016)

 

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Couleuvre verte et jaune
Distribution

La Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus) est une espèce de serpent de la famille des Colubridés qui se rencontre principalement au nord de la Méditerranée (France, Italie, sud de la Suisse, Espagne, pays de l’ancienne Yougoslavie, Grèce, ainsi que quelques îles comme Malte ou Chypre).

Morphologie

Il s’agit d’une grande couleuvre mesurant entre 1,10 m et 1,30 m. Certains spécimens atteignent même 1,80 m. Adulte, la face dorsale présente une vingtaine de lignes longitudinales discontinues jaune verdâtre. La face ventrale est blanc jaunâtre.
 
 

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La longueur du corps peut atteindre 1,80 m

photo DR

 
ColuberViridiflavus3-1.jpg
Tête de la Couleuvre verte et jaune
Contrairement à la pupille en fente verticale des Vipéridés
celle des couleuvres est circulaire.
 

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Tête de Couleuvre verte et jaune © Michel Cottet

 

Couleuvre_verte_et_jaune_tête11-1.jpg
Couleuvre verte et jaune
La face dorsale de la tête de la Couleuvre verte et jaune
s’orne de neuf plaques caractéristiques des Colubridés.
 
Habitat
 
La Couleuvre verte et jaune fréquente les terrains rocheux, secs et bien ensoleillés, exceptionnellement les milieux un peu plus humides comme les prairies et les bords de rivières. Serpent solitaire sauf pendant les accouplements, et pendant la période hivernale.
 
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Couleuvre verte et jaune
Le serpent n’hésite pas à grimper
dans les buissons pour faire la sieste
 
Couleuvre diurne, à l’aise sur terre comme sur l’eau, elle grimpe dans les buissons et dans les arbres. Quand elle est menacée, elle n’hésite pas à adopter un comportement agressif et cherche à mordre, bien que sa morsure ne soit pas venimeuse (morsure douloureuse). La Couleuvre verte et jaune a un caractère très batailleur, et n’hésite pas à s’élancer gueule ouverte sur son agresseur, se débat et tente de mordre. La morsure est totalement inoffensive.
 
Sur la photo ci-dessous, on noterra la discrétion de ce bel ophidien dissimulé, qu'on devine ici apeuré, abritant son corps tout en guettant l'intrus humain par cette "fenêtre" ouverte au milieu des sédums blancs en fleurs !


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© Nicole Lartigau

 

Alimentation

Le régime évolue avec leur croissance. Les jeunes se contentent d’insectes, de petits lézards, tandis que les adultes chassent activement souris, rats, lézards, oiseaux et parfois d’autres serpents. Elle peut s’approcher des habitations pour y attraper des souris.
 
Couleuvre_verte_et_jaune_tête5-1.jpg
Couleuvre verte et jaune
Contrairement aux vipères aux écailles carénées,
celles de la Couleuvre verte et jaune sont lisses
 
Reproduction
 
En mars-avril, la Couleuvre verte et jaune sort de sa léthargie hivernale et s’accouple. L'accouplement donne lieu à une danse spectaculaire décrite par la vidéo suivante due à et filmée le 19 mai 2012.
 
La femelle pond de cinq à dix œufs entre fin juin et mi-juillet, sous des pierres, dans un sol légèrement humide. Les petits naissent vers la mi-août et mesurent entre 20 et 25 cm.
 
 
La Couleuvre verte et jaune ne semble pas menacée en France et paraît même en expansion dans le nord du pays.

Photographies prises par André Guyard en mai 2009 au Creux sous Roche dans le Marais de Saône, lors d’une sortie "Nature et Découvertes" animée par Michel Cottet.

Les pistes de dinosaures de Coisia (Jura)

Coisia_08_06_22_08_logo1.jpgLes pistes de dinosaures
de Coisia (Jura)
 
par André Guyard

 

Suite à l’élargissement de la départementale qui conduit au village de Coisia, une dalle au pendage prononcée est apparue en bordure de route. En 2004, un géologue amateur éclairé appartenant à la Société Des Naturalistes d'Oyonnax (SDNO) eut son attention attirée par des empreintes de pas gigantesques.

 

Coisia_08_06_22_07site1.jpg
La falaise s'élève au bord de la route
(Cliché André Guyard)
 
De l’avis des spécialistes, il s’agit de pistes de Sauropodes. Les Sauropodes étaient des dinosaures herbivores au long cou tout comme les Diplodocus. Ce gisement date du Jurassique supérieur, plus précisément du Tithonien, (-150 millions d’années), une période où le Jura se trouvait sous climat tropical. Rappelons que depuis 1990, le Tithonien remplace le Kimméridgien supérieur (sensu anglico) et le Portlandien. Comme dans le cas de Loulle, les traces de sauropodes ont été faites dans un substrat émergé de type lagunaire.
 
Voir également le reportage de France-3 Franche-Comté consacré en partie au site de Coisia.
 
Coisia_Carte-géol.jpg
Carte géologique de la région de Coisia
Le point rouge indique l'emplacement du site
(Document BRGM)
 
Légende1.jpg
Légende de la carte géologique
 
Coisia_08_06_22_06site1.jpg
La tectonique a complètement redressé le gisement
(Cliché André Guyard)
 
Attention, le gisement se trouve en bordure de route et présente un danger pour les piétons, étant donné l’étroitesse de la chaussée.
 
 
Coisia_08_06_22_01_site1.jpg
Autre aspect de la falaise
(Cliché André Guyard)
 
La présence de dinosaures dans le jurassique est attestée par la découverte de fossiles dans la région de Poligny (Jura) depuis 1862.
 

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Document tiré de Jura… Jurassique, Hantzpergue et al. 2010

 
En 2006, un site semblable a été découvert dans une carrière abandonnée à Loulle près de Champagnole (Jura). Beaucoup plus accessible, il fera l’objet d’aménagements destinés à la visite (voir dans la même rubrique l’article concernant ce gisement).
 
Après Coisia, Loulle et Courtedoux, de nouvelles pistes de dinosaures ont été découvertes en avril 2009 dans le massif jurassien, sur le plateau de Plagne dans l'Ain, à près de 800 m d'altitude. Ce sont les plus grandes empreintes jamais mises à jour : certaines atteignent 1,5 m de diamètre. (Voir l'article concernant cette nouvelle trouvaille).
 
Voir également le site internet de la SDNO dédié à cette trouvaille.
 
Source :
 
Informations fournies par Pierre Hantzpergue, Professeur à l’Université Claude Bernard (Lyon 1) chargé avec Jean-Michel Mazin (Directeur de recherche, UMR 5125 CNRS) de l’étude des traces de dinosaures des site  de Loulle (Jura) et de Plagne (Ain).

Les Cnidaires d’eau douce

Pelmatohydra_logo.jpgHydres et autres Cnidaires

en eau douce

 

par André Guyard


(Texte mis à jour le 05/01/2013)


Les Cnidaires sont des Métazoaires (animaux pluricellulaires) diploblastiques (à deux feuillets), à symétrie radiaire parfois accompagnée d’une symétrie bilatérale. Ils comprennent environ dix mille espèces toutes aquatiques, la plupart marines et carnivores. Le corps possède une cavité unique, le coelentéron ou cavité gastrique. Des cellules urticantes ou cnidoblastes sont localisées dans des zones stratégiques de l’ectoderme et jouent un rôle dans la capture des proies. Les Cnidaires étaient autrefois regroupés avec les Cténaires (formes exclusivement marines) dans l’embranchement devenu caduque des Coelentérés.

ORGANISATION GÉNÉRALE


La plupart des Cnidaires ont deux stades dans leur cycle de vie sans parler de la phase larvaire : un stade fixé donc benthique - le polype - et un stade libre planctonique - la méduse.

Le corps du polype a la forme d’un sac fixé à une extrémité sur le substrat par une sole pédieuse. A l’autre extrémité, au sommet d’un petit renflement dessinant une zone hypostomiale, s’ouvre l’unique orifice du corps, la bouche entourée par des tentacules ; elle est dirigée vers le haut et met en communication avec l’extérieur la cavité gastrique dont les ramifications se terminent dans les tentacules. Le corps se divise ainsi en trois régions : corps du polype, tentacules et sole pédieuse. Le polype est capable de reproduction asexuée.

 

Pelmatohydra_oligactis1.jpg
Pelmatohydra oligactis (hydre grise)

 

La méduse qui représente la forme libre a au contraire, l’orifice buccal dirigé vers le bas et offre l’image d’une cloche transparente dont le battant correspond à la région gastrique (manubrium).

 

La cloche ou ombrelle, est formée de fines digitations, les tentacules, implantés sur le pourtour d’un cercle rétréci (chez les Hydroméduses) par un voile ou velum, délimitant une cavité sous-ombrellaire dans laquelle pend le manubrium.

 

La bouche s’ouvre à l’extrémité de ce manubrium ; elle donne accès à un court oesophage qui aboutit dans un estomac situé au sommet de la cloche. Il en part des canaux radiaires au nombre de 4 ou d’un multiple de 4, qui rejoignent un canal circulaire ou marginal bordant l’ouverture de l’ombrelle. Ce canal envoie un diverticule dans chaque tentacule et est flanqué de deux cordons nerveux qui se prolongent également dans les tentacules.

 

Les gonades se développent sur les canaux ou sur le manubrium. La méduse possède des organes des sens : ocelles ou yeux rudimentaires disposés à la base des tentacules, et statocystes, ou organes d’équilibration situés entre les tentacules.



Parmi les formes d’eau douce de nos régions, on ne trouve que des représentants de la classe des Hydrozoaires. Cette classe groupe en principe des individus dont le cycle de vie est métagénétique avec alternance de générations de polypes asexués et de méduses sexuées. Cependant il existe des exceptions et c’est le cas des hydres d’eau douce (ordre des Hydrides) qui ne présentent que la forme polype et des Limnoméduses où le stade méduse devient nettement prépondérant.

LES HYDRES D’EAU DOUCE

Elles comportent plusieurs espèces commune à la belle saison. On les trouve fixées aux végétaux immergés dans les mares et les étangs.

MORPHOLOGIE EXTERNE

A l’état d’extension, l’hydre est un sac allongé, terminé par une couronne de six tentacules (ou 8) très longs et très contractiles qui entourent la bouche. Dans la région opposée, l’hydre est fixée par la sole pédieuse.

On distingue dans nos régions trois espèces : Pelmatohydra oligactis (fig. 1) a une colonne gastrique d’un brun noirâtre qui surmonte un pédoncule long mince et translucide, et porte des tentacules très étirés.

 

Cnidaires_Fig11.jpg

Chlorhydra viridissima, (fig. 2) dont la coloration verte est due à la symbiose de Zoochlorelles (Algues unicellulaires) dans les cellules endodermiques, ne présente pas de séparation nette entre pédoncule et colonne.
 
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L’Hydre verte : Chlorhydra viridissima
Elle doit sa couleur à la présence de
zoochlorelles symbiotiques
(algues unicellulaires)
dans son ectoderme.

Hydra attenuata, gris brun, très pâle au niveau du pédoncule qui se prolonge par une colonne de même diamètre.

En période de reproduction, l’hydre présente à sa surface des renflements qui correspondent aux ovaires ou aux testicules. Elle peut également bourgeonner.

STRUCTURE

La paroi du corps (fig. 3) comporte un ectoderme unistratifié de cellules myo-épithéliales, avec des cellules nerveuses multipolaires, des massifs de cellules interstitielles, à caractères embryonnaires, pouvant redonner par multiplication et différenciation tout élément cellulaire ; des cnidoblastes ou cellules urticantes, munies d’un harpon creux injectant aux proies un poison l’actinocongestine.

L’endoderme tapisse la cavité digestive. Il est formé d’une unique couche de cellules très vacuolisées dont la base s’étendant sur la mésoglée, montre des myofibrilles transversales et leur bord libre du côté de la cavité présente des flagelles. Elles sont douées de phagocytose. On trouve également des cellules glandulaires et des cellules neuroépithéliales comme dans l’ectoderme.

La mésoglée est une substance colloïdale peu épaisse constituée par les lames basales des deux épithéliums.

 

Hydre_CT.jpg
Cnidairesfig31.jpg
D’après leur structure, tout comme les Spongiaires et les Cténaires, les Cnidaires représentent des animaux pluricellulaires primitifs dont le corps n’est constitué que de deux feuillets, l’un externe : l’ectoderme auquel sont dévolus les rôles de défense et de relation et l’autre interne, l’endoderme qui a un rôle digestif.
Les animaux triploblastiques, plus évolués, sont constitués de trois feuillets. Le mésoderme qui s’intercale entre ectoderme et endoderme va prendre un développement considérable, donnant naissance en particulier au squelette et à la musculature du corps.

BIOLOGIE

1. Locomotion et mouvements.

  • Suivant le degré d’excitation, l’hydre peut se rétracter en une boule à peine visible à l’œil nu. Le réseau nerveux assure une certaine coordination aux mouvements des tentacules étalés normalement en position de chasse.
  • Les déplacements se font par glissement sur la sole pédieuse ou par arpentage avec culbute (fig. 4). L’hydre présente un phototropisme variable suivant l’espèce.
  • L’hydre peut quitter son support et nager par ses tentacules.
Cnidairesfig41.jpg

2. Nutrition


Les tentacules capturent les proies, les paralysent par les cnidoblastes et les amènent à la bouche. La digestion est extra-cellulaire dans la cavité gastrique avec un broyage dû aux mouvements du corps, puis intra-cellulaire après phagocytose dans les cellules endodermiques.
Cnidairesfig51.jpg
3. Croissance


L’hydre s’accroît constamment par sa région orale par mitose de cellules interstitielles, si les conditions de vie sont favorables. Cette croissance est compensée par l’usure des cellules au niveau de la sole pédieuse. Une Hydre est ainsi totalement rénovée en un à deux mois.

4. Multiplication asexuée

  • Bourgeonnement
Un bourgeon apparaît sous la forme d’un renflement creux formé aux dépens de l’endoderme et de l’ectoderme aux cellules interstitielles particulièrement actives.
Le sommet du bourgeon se perce d’une bouche qui s’entoure de tentacules.
Les bourgeons apparaissent à la base de la colonne gastrique et sont repoussés sur le pédoncule. Puis les hydres filles se détachent. Mais si la température est favorable (18-20°C) et si la nourriture et abondante les hydres filles peuvent bourgeonner avant de quitter l’hydre mère.
On a ainsi une colonie temporaire de quelques individus qui communiquent entre eux par la cavité digestive.
 
  • Scissiparité longitudinale par dédoublement de la zone de croissance.

  • Régénération très facile.
On note une polarité dans la régénération. À partir d’un fragment d’hydre, c’est toujours la face située vers la bouche qui régénère celle-ci. Les greffes sont également faciles même entre individus différents.
 
 
Ainsi, on s'aperçoit que l'hydre d'eau douce est biologiquement immortelle. Eh bien, c'est à l'un de ses gènes, baptisé FoxO qu'elle doit cette propriété de régénération. Une découverte réalisée en 2012 par Thomas Bosch et ses collègues de l'université de Kiel, en Allemagne. Les biologistes allemands ont en effet montré que la surexpression du gène FoxO permet le maintien d'un stock constant de cellules souches. De quoi renouveler sans fin tous les tissus du corps de l'hydre.
 

À l'inverse, lorsque les biologistes allemands ont inactivé spécifiquement ce gène, les cellules souches de l'animal se sont différenciées en cellules adultes.

 

Bien que présent dans l'ensemble du monde animal, et donc chez l'Homme, le gène FoxO voit son expression diminuer au fil du processus normal de vieillissement... sauf chez l'hydre qui, de fait, ne vieillit pas et ne meurt jamais. En conclusion, un seul gène assure la régénération sans fin de tous les tissus du corps de l'hydre. Une propriété à exploiter pour lutter contre le vieillissement chez l'Homme ?


5. Reproduction sexuée

Elle apparaît quand les conditions de température deviennent défavorables : 10-12°C pour P. oligactis, 16-20°C pour C. viridissima et H. attenuata. P. oligactis et H. attenuata sont gonochoriques (sexes séparés). C. viridissima est hermaphrodite protandre (les spermatozoïdes sont mûrs avant les ovules).

Les gonades constituent des renflements apparaissant sur la colonne. Les testicules apparaissent dans le quart antérieur de la colonne, les ovaires à la moitié de la colonne.

Après fécondation, l’œuf commence sa segmentation totale et égale.
L’ovaire libère une larve nageuse, la planula qui peut s’enkyster (conditions défavorables) avant de se fixer pour poursuivre son développement ; elle s’aplatit sur le support par son pôle antérieur formant un disque au centre duquel bourgeonne une nouvelle hydre.

RÔLE BIOLOGIQUE DES HYDRES D’EAU DOUCE

Elles jouent un rôle qui passe inaperçu dans les biocénoses dulçaquicoles.

Utilisation dans les méthodes biologiques

Elles ne sont citées que dans la méthode des saprobies dans les zones :

β-mésosaprobe
: Hydra vulgaris, Hydra oligactis = H. fusca et Hydra polypus existent déjà en zone α-mésosaprobe dans le périphyton des étangs des fossés et des eaux calmes.

oligosaprobe
: Chlorohydra viridissima. Cordylophora lacustris : existe déjà dans la zone β-mésosaprobe.
Pelmatohydra_oligactis21.jpg
Pelmatohydra oligactis trouvée dans la Couze Pavin.
Dans ce déversoir ferrugineux du lac Pavin (Auvergne),
les hydres prennent une coloration rougeâtre.

LE GENRE CORDYLOPHORA (famille des Claviidae)

Dans les eaux saumâtres, on rencontre une espèce d’Hydraire gymnoblastique de la famille des Claviidae : Cordylophora caspia ( = lacustris). Cette espèce répandue sous toutes les latitudes, se présente sous la forme d’une colonie de polypes pouvant atteindre plusieurs cm (fig. 6). La colonie est fixée au substrat par un réseau de stolons, sur lesquels s’élèvent les hydrocaules portant les polypes (hydranthes) et les gonophores (polypes spécialisés dans la production de gamètes). Il n’y a pas de stade méduse.
 
Cnidairesfig61.jpg

LES LIMNOMÉDUSES

Dans cet ordre, le stade méduse devient prépondérant et le polype, très régressé, de quelques millimètres de longueur, est souvent solitaire ou forme des colonies de 4 à 5 individus seulement. Les représentants vivent en eau douce ou saumâtre.
 
 
Craspedacusta1.jpg

Craspedacusta-sowerbi-Lankester-450.jpg

 
Une espèce, Craspedacusta sowerbii (famille des Petasidae = Olindiidae) est commune en été dans les eaux calmes de l’Europe du Nord (fig. 7 et 8). C’est un mode de vie exceptionnel en eau douce.

L’apparition de cette méduse en Europe vers 1880 pose des problèmes encore non résolus, par exemple celui de sa reproduction. Généralement, les méduses trouvées dans une même région sont de même sexe. Ce fait est dû probablement à l’existence d’une génération de polypes asexués décrits sous le terme de Microhydra ryderi. Mais il s’agit de la même espèce.

On ignore comment elle est arrivée là : cette méduse existe dans le bassin de l’Institut des Sciences Naturelles, place Leclerc à Besançon. Dans les années mille neuf cent soixante, elle s’est signalée par une prolifération étonnante, envahissant de ses ombrelles la totalité du volume du bassin. De nouveau dans les années quatre-vingt, autre prolifération. La forme polype, difficile à observer, persiste certainement sur les parois du bassin. Et la forme méduse, forme sexuée se manifeste lorsque les conditions de vie du polype deviennent difficiles.

Autre limnoméduse, dans les lagunes saumâtres du Sud de la France, Picard (1951) a observé la limnoméduse Odessia maeotica f. gallica qui présente annuellement deux périodes d’activité sexuelle et fait partie de la famille des Moerisiidae.

On ne connaît comme autre méduse d’eau douce que le genre africain Limnocnida.

Source : extrait du cours d'Hydrobiologie de André Guyard.

Le Chocard à bec jaune

Chocard_logo2.jpgLe Chocard à bec jaune

 

Pyrrhocorax graculus

(Famille des Corvidés)

 

par André Guyard

 

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Le Chocard à bec jaune
Le Chocard fréquente les alpages
 
Appelé communément Choucas en montagne, ce corvidé eurasien est pourtant très différent du Choucas des tours dont il se distingue par la couleur jaune de son bec, ses pattes rouges, son plumage très noir et son habitat montagnard. Cependant, le Chocard à bec jaune peut être confondu avec le Crave à bec rouge avec lequel il partage habitat, pattes rouges et mœurs grégaires.
 
Chocard2.jpg
Le Chocard à bec jaune
Les deux sexes sont semblables
 
L’été, le Chocard à bec jaune fréquente les alpages et les falaises entre 1500 et 3000 m. En hiver, il descend dans les hautes vallées.

Les chocards sont grégaires. Ils volent en bandes pouvant compter plus d’une centaine d’individus. Ils excellent dans l’art d’utiliser les courants, planant et profitant des ascendances thermiques.
 
Chocard3.jpg
Le Chocard à bec jaune
À l’affût d’un morceau de pain
 
La saison de reproduction débute fin avril début mai. Situé dans une crevasse, le nid est fait de brindilles et d’herbes. La femelle pond de 3 à 6 œufs et couve une vingtaine de jours, ravitaillée par le mâle.

Le Chocard se nourrit principalement d’invertébrés, en particulier d’insectes et de petits escargots. Mais il repère très vite les randonneurs et s’invite sans tarder au pique-nique.


Photos et vidéo dues à André Guyard et réalisées dans le Chablais.

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Le Chamois des Alpes

Chamois_logo.jpgLe Chamois des Alpes

 

Rupicapra rupicapra

(Famille des Bovidés, sous-famille des Caprinés)

 

par André Guyard

 

Le Chamois appartient à la famille des Bovidés et à la sous-famille des Caprinés (chèvres). Trois sous-espèces de Chamois habitent notre pays : le Chamois des Alpes (Rupicapra rupicapra rupicapra), le Chamois de Chartreuse (Rupicapra rupicapra cartusiana) et le Chamois des Pyrénées ou Isard (Rupicapra pyrenaica pyrenaica).

Le Chamois des Alpes mesure de 0,75 m à 0,80 m au garrot et de 1, 25 m à 1, 35 m de longueur. Le poids d’un mâle adulte varie de 35 à 50 kg, celui d’une femelle de 25 à 38 kg.

 

Chamois_male1.jpg
Le Chamois mâle ou Bouc
Crinière hérissée, le bouc surveille les intrus surgissant sur son territoire
 
 
 
Comme pour le Bouquetin, le Chamois mâle est appelé bouc, et la femelle chèvre. Le jeune avant un an sans distinction de sexe est nommé chevreau, le jeune mâle dans sa deuxième année est appelé éterlou, la jeune femelle éterle. Le dimorphisme sexuel est peu marqué chez le chamois, les deux sexes portent des cornes. L’allure générale du mâle est plus massive que celle de la femelle.
 
Chamois_femelle1.jpg
La Chèvre ou Chamois femelle
Dans le parc du Mercantour, les chamois ne
sont pas farouches. Curieuse,
la femelle s’approche des intrus.
 
 
Les cornes

Chez le Chamois, comme pour tous les bovidés, les cornes sont conservées tout au long de la vie. Elles poussent dès la naissance, mais ne sont visibles que vers 2 mois. À 6-7 mois, elles mesurent de 3 à 5 cm et amorcent une légère courbure vers l’arrière.
 
Les traces de chamois

Chamois_traces_3-1.jpg

Empreintes et voie de chamois dans la neige


L'empreinte du Chamois est très caractéristique 6 cm de long sur 3,5 cm de large). Les marques des deux sabots sont très nettes et et à peu près aussi larges en avant qu'en arrière et il y a toujours un intervalle aussi important entre les deux pinces. Les doigts postérieurs en position élevée sur la jambe ne laissent des traces qu'en neige profonde.
 
Répartition et effectifs

Le Chamois des Alpes
peuple naturellement tous les départements des Alpes et du Jura. Il a été introduit dans les Vosges et dans le Cantal. Le Chamois de Chartreuse se rencontre uniquement dans le massif de la Chartreuse entre Grenoble et Chambéry.

L’estimation des effectifs de chamois donne un minimum de 70 000 dans les Alpes, 3 000 dans le Jura, 2 600 dans les Vosges et 600 dans le Massif central.

La reproduction

Dès le mois d’octobre, en général au-dessus de la forêt, on observe de grands rassemblements d’animaux où se joignent les mâles d’habitude solitaires. Le rut commence dès novembre pour se terminer vers la mi-décembre. Dans la première moitié du rut, ce sont les mâles âgés qui empêchent les plus jeunes de courtiser les femelles et qui assurent les saillies.

C’est à peu près 23 semaines plus tard, entre printemps et été, que la femelle donne naissance à un jeune. Il n’est pas rare qu’une femelle âgée de 15 ans et plus soit encore féconde. Le chevreau mesure 0,50 m de long et 0,35 m de haut et pèse de 2 à 2, 7 kg. Il lui suffit de quelques heures pour se tenir debout et quelques jours pour suivre sa mère. À l’âge de 2 mois, il pèse entre 9 et 10 kg.

L’habitat

Malgré une idée largement répandue, le Chamois n’est pas l’animal de la haute montagne. Il préfère la zone forestière et la partie inférieure de la montagne pastorale. Le critère prépondérant à l’habitat du Chamois, c’est le relief accidenté. Il n’existe pas de population vivant en terrain plat et dépourvu de pentes rocheuses.
Il évolue généralement entre 800 et 2 300 m d’altitude. La limite supérieure est celle des pelouses alpines qui conditionnent la ressource alimentaire. Le Chamois peut s’installer à des altitudes très basses, à condition qu’il ne soit pas dérangé. C’est le cas dans le Jura, les Préalpes de la Drôme et la Haute Provence. Dans nos régions, on le rencontre désormais jusque dans le Revermont, dans la basse vallée du Doubs : falaises de Montfaucon ou de Deluz ainsi que dans le Pays de Montbéliard. Parce qu’il sait utiliser au mieux les particularités du milieu, le Chamois colonise des territoires au climat et à la végétation très différents. La présence de zones d’hivernage qui abritent les espaces dégagés de neige où l’alimentation est accessible lui est nécessaire pour affronter les rigueurs de la mauvaise saison.

L’utilisation du milieu est très variable, la répartition dans l’espace des animaux n’est jamais figée. Elle varie aussi dans le temps. Enfin les regroupements sont liés au sexe et à l’âge des animaux. Le Chamois est particulièrement bien adapté à la vie en montagne. En hiver le sous-pelage est constitué d’un duvet laineux de 2 à 3 cm d’épaisseur qui couvre tout le corps. Les os longs des membres antérieurs et postérieurs forment des angles très fermés qui leur procurent une souplesse et une détente étonnantes. Le bord des sabots permet une adhérence élevée sur les rochers et la palmure interdigitale assure une bonne portance sur la neige. Enfin le cœur des chamois et isard est un muscle très puissant. Abondamment oxygéné par le sang très riche en globules rouges, il permet aux animaux de soutenir des efforts intenses et violents.

L’alimentation

Les végétaux constituent la nourriture exclusive des chamois. Ils consacrent une grande partie de leur temps à cette activité.

Au printemps : chamois et isards gagnent les fonds de vallées attirés par les pousses nouvelles de graminées ou de fleurs. Grisés par cette nourriture, leur observation peut être alors d’une grande facilité ;

En été et en automne : la ressource alimentaire est vaste, légumineuses et graminées sont préférées ;

En hiver : l’accessibilité à la nourriture est liée à la couverture neigeuse. Les animaux parcourent alors les rares secteurs où la neige ne tient pas. Ils s’alimentent aussi en forêt, utilisant les rameaux, écorces et lichens. Toutefois cette situation est très fluctuante dans l’espace et dans le temps et l’on considère que les chamois ne commettent pas de dégâts importants.

Les chamois sont friands de sel, qui est un élément nutritif nécessaire. Ils le trouvent sous forme de salines naturelles et de pierres à sel déposées par les bergers pour les moutons. Les besoins en eau sont assurés par la consommation des végétaux et par la rosée matinale, il est rare d’observer un chamois qui se désaltère.

Les relations avec les autres espèces

L’augmentation des effectifs des différentes espèces d’ongulés sauvages en montagne et particulièrement du Cerf et du Chevreuil fait que la fréquence des contacts est élevée. Ces relations sont dépendantes des différents facteurs du milieu tels que la densité des espèces, la ressource alimentaire, les conditions hivernales. En hiver en montagne, Chamois et Chevreuil cohabitent, si des conditions difficiles persistent cela peut conduire à des concentrations élevées. On suppose que la tolérance entre espèces est mutuelle. Les choix alimentaires des espèces sont le plus souvent complémentaires.

La fréquentation d’un même territoire par les chamois et des troupeaux d’animaux domestiques est rarement simultanée. En été, chamois et moutons ne fréquentent qu’exceptionnellement les mêmes versants et les mêmes altitudes.
De plus la présence des chiens de troupeaux et de protection fait fuir les chamois. Cependant il existe un risque sanitaire lié à la transmission d’agents pathogènes sur certaines zones mixtes recouvrant les territoires des chamois et des moutons. Une contamination des troupeaux domestiques vers les chamois peut se faire, le contraire a été formellement démenti par des années d’enquêtes épidémiologiques.

Sur des territoires où cohabitent le Loup ou le Lynx et le Chamois, ce dernier représente une part non négligeable de l’alimentation de ces grands prédateurs.

Le petit film qui illustre cet article a été réalisé par André Guyard dans le Parc du Mercantour ainsi que les photos qui sont extraites du film.

 
 
Bibliographie

De nombreux sites sont consacrés au Chamois, en particulier :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Chamois


http://www.capserveur.com/ancgg/especes_chamois.asp

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Le Bouquetin des Alpes

Bouquetinlogo.jpgLe Bouquetin des Alpes
Capra ibex
(famille des Bovidés, Sous-famille des Caprinés)
 
par André Guyard
 
Bouquetin3.jpg
Bouquetin mâle, chef d'une harde d'une quarantaine d'individus
Bovidé de la sous-famille des chèvres (caprinés), ses membres puissants et ses pieds dont la sole est large et très élastique permettent au Bouquetin des Alpes de se déplacer dans les rochers avec une aisance impressionnante, bien plus importante que celle du Chamois (voir ci-dessous les photos d'escalade de la digue d'un barrage). L’absence de membranes interdigitales, entre les sabots, accentue sa portance sur le rocher. Le Chamois, qui est muni de ces membranes, est beaucoup plus adroit dans la neige.

Barrage-Cingino_bouquetins_01.jpg

Voici le barrage de Cingino en Italie,

mais regardez de plus près…

(photo DR)

Barrage-Cingino_bouquetins_02.jpg

La paroi du barrage est constellée de bouquetins !

(photo DR)

Barrage-Cingino_bouquetins_03.jpg

Les bouquetins aiment broûter les mousses

et lichens et lécher les concrétions salines

qui se forment sur la paroi du barrage

(photo DR)


Le mâle

Bouquetin_male 05.jpg
Bouquetin mâle ou Bouc
Un vieux solitaire en pleine rumination
 
Tout comme le Chamois, le Bouquetin mâle est appelé bouc. Il mesure entre 75 et 90 cm au garrot pour une longueur, du museau à la queue, comprise entre 140 et 160 cm. Selon la saison, le mâle adulte pèse entre 65 et 100 kg. Le bouc, trapu, possède de courtes mais solides pattes, un cou massif, des yeux assez écartés et une barbiche qui se détache de toute la largeur du menton, plus longue en hiver qu’en été.
Dès l’âge de trois mois, la tête du mâle s’orne de cornes persistantes, recourbées vers l’arrière et plus ou moins divergentes selon les individus et les populations. Ces cornes grandissent toute la vie en se parant de nodosités, aussi appelées bourrelets de parure. Lors de la mort de l’animal, elles peuvent atteindre un mètre de longueur et peser près de 5 kg la paire.


La femelle
 
Femelle 04.jpg
Étagne et éperlous
Femelles et jeunes restent en hardes,
accompagnés de jeunes mâles et du mâle dominant
La femelle, également appelée étagne, est plus petite et plus fine que le mâle. Elle mesure entre 70 et 78 cm de hauteur au garrot pour une longueur comprise entre 105 et 145 cm. Son poids varie entre 35 et 50 kg. La tête, ressemblant à celle de la chèvre domestique, est également pourvue de cornes. Cependant, contrairement au mâle, ces cornes sont beaucoup plus minces et courtes et ne s’ornent pas de bourrelets. Elles ne mesurent que 20-25 cm (30 au maximum) et ne pèsent que 100 à 300 g la paire, au maximum.

Reconnaissance des sexes

À partir de l’âge de deux ans, le dimorphisme sexuel est suffisamment marqué pour que la détermination des sexes en nature soit possible. Avant cet âge, la détermination du sexe est plus délicate et repose essentiellement sur un examen attentif des cornes : celles des éterlous (jeunes mâles) sont plus épaisses à la base (du fait de l’apparition des premières nodosités), tandis que celles des éterles (jeunes femelles) sont plus minces et dépourvues de bourrelets.

Reproduction

Le Bouquetin
est une espèce polygame. Les hardes mixtes commencent à se former dès le début du mois novembre, mais le rut à proprement parler ne débute réellement qu’au début du mois de décembre. Au sein de ces troupeaux, il se crée une hiérarchie.
Le dominant, généralement le mâle le plus âgé mais surtout le plus fort, se réserve le droit de saillir les femelles de son choix. Les autres mâles sont donc obligés d’attendre que le dominant soit occupé avec une étagne ou de ruser pour couvrir une autre femelle ! Lorsqu’un mâle de force équivalente conteste cette primauté, c’est le combat. Rarement violent, le choc des cornes peut néanmoins s’entendre à plus d’un kilomètre de distance. Mais ces combats se produisent aussi entre les mâles de tous âges.
Ainsi, cette hiérarchie fait que les plus jeunes ont moins de chance de se reproduire, alors qu’ils se montrent beaucoup plus excités et importuns envers les femelles que leurs aînés. Lorsque la femelle désire se faire couvrir, elle manifeste sa soumission en frétillant la queue. Plusieurs coïts sont effectués en quelques heures.

Des conditions météorologiques difficiles en début d’hiver, empêchant les mâles de rejoindre les femelles, peuvent entraîner des accouplements plus tardifs, jusqu’en février. Bien sûr, ils provoquent des mise bas retardées, courant juillet (au lieu de début juin). À la fin du rut qui se termine généralement début janvier, les animaux se montrent particulièrement fatigués car ils mangent très peu durant cette période.

La mise bas s’effectue tous les ans pour chaque femelle après 165 à 170 jours de gestation. Les naissances interviennent généralement au début du mois de juin, mais peuvent s’échelonner entre la fin du mois de mai et la mi-juillet.

L’étagne
met bas un seul cabri généralement, mais des jumeaux peuvent être observés dans certaines colonies, notamment dans les plus jeunes. L’allaitement dure deux à trois mois, mais peut se prolonger durant l’hiver (jusqu’en janvier parfois). La longévité potentielle extrême est estimée à 25 ans chez le Bouquetin des Alpes. La femelle, par son mode de vie, aurait une espérance de vie légèrement supérieure à celle du mâle.

Habitat

Le Bouquetin des Alpes
est un animal de rocher. Il s’épanouit sur les adrets (versants tournés au sud), dans de grandes parois rocheuses abruptes, riches en surplombs, couloirs, vires... Dans les massifs élevés, il se tient généralement entre 2400 et 3300 mètres, mais, sur ces mêmes massifs, on peut le voir évoluer 1000 mètres plus bas. Le Bouquetin n’aime pas la neige et ne franchit jamais de grands névés ou de glaciers.

Nourriture

En haute montagne, les plantes herbacées constituent la base principale de l’alimentation du Bouquetin des Alpes : poacées, fabacées, astéracées et cypéracées. Mais il ne dédaigne pas pour autant les feuilles et les jeunes pousses d’arbustes de l’année. Les hardes de bouquetins n’hésitent pas à se mêler aux troupeaux de chèvres domestiques comme au Refuge de Trébentaz sur le GR5 au-dessus de Châtel (Haute-Savoie). Le Bouquetin absorbe souvent de l’eau sous forme de neige ou de rosée, mais boit (dans un ruisseau ou une flaque) très rarement.

Bibliographie :

* CRAVE et Parc national des Écrins, 1995. - Faune Sauvage des Alpes du Haut Dauphiné - Atlas des vertébrés - Tome 1. 303 p.

* DRAGESCO Éric, 1995. - La vie sauvage dans les Alpes. - Éditions Delachaux et Niestlé. 239 p.

* KRAMMER Mathieu, 2003. – Le Bouquetin des Alpes, Capra ibex ibex. www.bouquetin-des-alpes.org.

* ONCFS, 1997. - Le Bouquetin des Alpes. - Brochure technique de l’ONCFS n°24. 32 p.

* Publications de l’École moderne française et des parcs nationaux de France, BT Nature, 1991. - Le Bouquetin. 39 p.

* SCHILLING D., SINGER D. & DILLER H. 1986. – Guide des Mammifères d’Europe. Éditions Delachaux et Niestlé. 280 p.

* WEBER Éric, 1994. - Sur les traces des Bouquetins d’Europe. - Éditions Delachaux et Niestlé. 176 p.

* http://fr.wikipedia.org/wiki/Bouquetin

Vidéo et photos prises dans le Parc National du Mercantour par André Guyard. On trouvera sur internet de nombreux sites, souvent élaborés par des naturalistes passionnés et beaucoup plus complets que ce simple aperçu.

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Le Crapaud sonneur à ventre jaune (Bombina variegata)

Bombina_variegata13-1logo.jpgLe Sonneur à ventre jaune

 

Bombina variegata

(Amphibien anoure discoglossidé)

 

par André Guyard

(Dernière mise à jour : 19 septembre 2014)

 

Bombina_variegata16-1.jpg
Bombina variegata. Après la première frayeur passée,
le sonneur à ventre jaune émerge de son ornière
 

Appelé aussi Crapaud sonneur à ventre jaune, c'est un petit crapaud (50 mm de long) que l'on trouve dans toute l'Europe centrale et méridionale (sauf la Péninsule Ibérique), dans des mares, ornières ou flaques d'eau en forêt. Il cohabite volontiers avec ses congénères et des tritons mais évite d'autres anoures. Il mène une vie aquatique mais chasse à terre insectes, vers, petits crustacés et mollusques.

 

Bombina_variegat11_FV-1.jpg
Bombina variegata sorti de l’eau
 

Le sonneur à ventre jaune présente une face dorsale pustuleuse, gris marron et homochrome au milieu.

 

Bombina_variegata14-1.jpg
Bombina variegata face dorsale
La face dorsale homochrome à l’eau boueuse constitue un camouflage efficace.
 

Il dévoile sa face ventrale d'un jaune vif taché de noir lorsqu'il est menacé par un prédateur.

 

Bombina_variegata12_FV-1.jpg

Bombina variegata face ventrale

Les couleurs vives de sa livrée ventrale préviennent

l’éventuel prédateur de la présence du venin. (Vue en aquarium)

 

Selon l'attaque, il prend différentes postures, et libère un liquide visqueux, poison irritant pour les yeux, à l'odeur repoussante. La pupille de l'œil est en forme de cœur.

 

Bombina_variegata24-1.jpg
Tête de Bombina variegata.
La peau verruqueuse montre des pustules venimeuses
munies d’un pore et d’une épine chez le mâle.
La pupille est en forme de cœur.
 

Le sonneur à ventre jaune se reproduit en mai, juste après l'hibernation qui a lieu d'octobre à avril. Le mâle chante pour attirer une femelle. L'accouplement se produit lorsque la température de l'eau est supérieur à 11° C. Le mâle enserre la femelle et féconde les œufs éjectés. La femelle accroche aux plantes aquatiques immergées une petite grappe de quelques œufs (1 à 10 maxi). Ceux-ci éclosent après 10 jours.

 

Le chant du mâle, que l’on pourra écouter dans la vidéo ci-dessous, est destiné à attirer les femelles dans le point d’eau choisi pour la reproduction.



Photos de André Guyard prises dans le Bois d’Aglans lors d’une excursion "Natures et Découvertes" animée par Michel Cottet (mai 2009).

 

 

Vidéo : André Guyard.

 

Le Sonneur à ventre jaune est une espèce vulnzérable protégée. Voir à ce sujet la fiche réalisée par l'Onéma.

 

Menaces sur les Amphibiens : une vidéo Xenius d'Arte.

La Bécassine des marais

Becassine_5_logo.jpgLa Bécassine des marais

 

Gallinago gallinago

(Famille des Scolopacidés)

 

par André Guyard

 

La Bécassine des marais se caractérise par un long bec flexible, des ailes pointues et une coloration roux orangé sur la queue. Elle vit et se reproduit dans les zones herbeuses humides, au bord des marais d’eau douce et des étangs ainsi que dans les prairies inondées. Plus petite que la Bécasse, elle est plus grande que la Bécassine sourde.

 

Becassine_3.jpg
La Bécassine des marais

S’abattant dans la prairie, elle sonde le sol

à la recherche de vers

 

Elle se nourrit d’invertébrés : vers, mais aussi insectes, crustacés, mollusques, et parfois de graines et de baies, picorant la nourriture sur ou dans le sol. L’extrémité flexible de son bec lui permet de "sentir" la proie tout en sondant la boue. Elle explore également les rives des lacs et étangs, dans la zone des hélophytes.

 

Becassine_51.jpg
La Bécassine des marais
Perchée sur un piquet, la bécassine va plonger
vers la prairie
Le nid de la Bécassine des marais est une dépression peu profonde dans le sol, dissimulé au milieu des touffes d’herbes et sous la végétation basse. Le nid, en forme de coupe, est fait d’herbe, de mousse, de feuilles mortes, tapissé de végétaux fins.

La femelle pond 3 à 4 œufs qu’elle couve durant 18 à 20 jours. Les poussins sont nourris par les parents pendant la première semaine. Au bout de dix jours, ils sont capables de trouver seuls leur nourriture en parcourant la végétation environnante, mais retournent au nid pour dormir. Ils prennent leur envol à l’âge de 15 à 20 jours.

La vidéo ci-dessous montre une bécassine perchée sur un piquet bordant une prairie humide d’Islande où elle va s’abattre pour sonder le sol à la recherche de vers de terre.

Vidéo réalisée par André Guyard dans une prairie humide d’Islande méridionale.

Pensées socialistes et conception de la nature

 

Considérant.jpgPensées socialistes

et conception de la nature

 

par André Guyard

 

À Besançon, patrie des socialistes Fourier et Proudhon, en particulier, s'est déroulé  du 15 au 17 avril 2009 un colloque consacré à la pensée sociale du XIXe siècle. Il s'agissait d'établir comment s'est constitué puis modifié le partage traditionnel entre la nature d'un côté et la société de l'autre.

 

 

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Charles Fourier

 

Le laboratoire de Recherches philosophiques sur les logiques de l'agir de l'université de Franche-Comté étudie les rapports nature/culture de l'Antiquité à nos jours. Et c'est plus particulièrement à la pensée sociale du XIXe siècle que ce colloque s'est attaché.

Comment les socialismes se sont-ils rapportés au partage nature/société ? Plus généralement, dans quelle mesure la pensée socialiste des XIXe et XXe siècles a-t-elle eu besoin, pour assurer ses bases théoriques, de développer une certaine vision de la nature, des êtres et des lois qui la définissent, ainsi qu'une certaine conception des rapports entre la nature et les activités humaines ?

Bref, y a-t-il eu une (ou des) « philosophie(s) de la nature » créée(s) ou transformée(s) pour leurs besoins par les penseurs qui se réclamaient du projet socialiste au sens large ? Quels furent, le cas échéant, les grands thèmes de cette (ou ces) conception(s) ? En particulier, a-t-elle comporté des aspects «environnementalistes», voire «écologistes» méritant d'être explorés et même réactivés à la lumière des questions contemporaines ?


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Pierre-Joseph Proudhon
Contact : Arnaud Macé

Laboratoire de Recherches philosophiques sur les logiques de l'agir, Université de Franche-Comté. Tél. 03 81 66 54 42, - arnaud.mace@univ-fcomte.fr

03/10/2009

L’échinococcose alvéolaire : une maladie franc-comtoise ? Généralités

00-Microtus_arvalis1-logo.jpg1. Généralités : parasitose et agent de la parasitose

 

par André Guyard

(Voir la suite de l'article : 2. Le cycle parasitaire de l'échinoccose)

 

L’échinococcose alvéolaire constitue une parasitose relativement rare en Europe, où elle tend cependant à augmenter, elle se concentre principalement en Franche-Comté (en particulier le Haut-Doubs), en Suisse et en Allemagne.

 

L’échinococcose alvéolaire (EA) est une parasitose due à un ver plat, Echinococcus multilocularis une espèce de ténia échinocoque appartenant au phylum des Plathelminthes et à la classe des Cestodes.


Les Plathelminthes (Vers plats) sont des Métazoaires (animaux pluricellulaires) à corps aplati dans lequel les différents organes sont inclus au sein d’un tissu mésenchymateux. Leur appareil digestif est nul ou incomplet. Leur appareil excréteur est constitué de cellules à flammes vibratiles et ils sont généralement hermaphrodites.

À côté de la classe des Turbellariés (planaires) dont les espèces sont libres et aquatiques, les autres Plathelminthes sont des parasites possédant des organes de fixation (ventouses ou crochets). Ils se divisent en deux grands groupes :

 

  • les Trématodes au tube digestif incomplet et dont le corps n’est pas segmenté (ex : douves, bilharzies),
  • les Cestodes dépourvus de tube digestif et dont le corps est segmenté (ex : ténias).

 

Le développement dans l’organisme humain ou de certains animaux de la larve d’Echinococcus multilocularis provoque un ensemble de manifestations pathologiques connues comme l’échinococcose alvéolaire (EA), cette entité morbide se différenciant fondamentalement de l’échinococcose hydatique, cette dernière affection étant due à Echinococcus granulosus, un autre ténia échinocoque.

 

01-Echinococcus multilocularis-adulte-1.jpg
Echinococcus multilocularis,
parasite du Renard ou du Chien
 
Sur le cliché ci-dessus, à l’extrémité antérieure (en haut), on distingue la tête ou scolex. Cette tête ne bourgeonne à la fois que trois anneaux. Le dernier se détachera lorsque les œufs seront mûrs.
 
Le ver adulte d’Echinococcus multilocularis mesure 1,2 à 3,5 mm de long et comporte trois anneaux. Il vit fixé par sa tête aux villosités de l’intestin grêle de certains carnivores, non seulement chez le Chien, mais surtout chez le Renard. C’est le scolex qui bourgeonne les anneaux, le plus jeune étant celui le plus proche de la tête. La longévité du parasite est assez courte puisqu’elle est de l’ordre de 3 à 4 mois.

Quand le dernier anneau du parasite est mûr, il se détache, et les œufs ou embryophores qu’il renferme se trouvent éliminés avec les excréments du Renard dans le milieu extérieur.

Les embryophores arrondis mesurent de 30 à 35 μm de diamètre ; à l’intérieur d’une coque épaisse se trouve l’embryon muni de six crochets (embryon hexacanthe).
 
Bibliographie sommaire :

- Giraudoux P. et al – Où l’échinoccose sévit-elle ? Bull. Acad. Natle Méd. 2008, 192, n° 6, 1119-1130.

- Observatoire régional de l’environnement Besançon – Du renard au pissenlit, l’échinoqui ? Du pissenlit au campagnol, l’échinoquoi ? Plaquette d’information de l’Observatoire régional de l’environnement. 2004, 12 p.

- Guyard A. - Cours de parasitologie. 1980.
 
Contacts :

•    Centre Collaborateur OMS pour la Prévention et le Traitement des Echinococcoses humaines, Centre hospitalier universitaire et Université de Franche-Comté, patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr

•    Laboratoire d’études et de recherches sur la rage et la pathologie des animaux sauvages, AFSSA, Domaine de Pixérécourt. B.P. 43. 54 220 Maizeville.

•    Observatoire régional de l’environnement, Conseil régional de Franche-Comté, 4 square Castan – 25031 Besançon cedex.

L’échinococcose alvéolaire : une maladie franc-comtoise ? Le cycle parasitaire

00-Microtus_arvalis1-logo.jpg2. Le cycle parasitaire de l'échinocoque

 

par André Guyard

(suite de l'article 1 : l'échinoccose : une maladie franc-comtoise)

 

Dans la première partie, nous avons vu que c’est le scolex du ver adulte qui bourgeonne les anneaux, le plus jeune anneau étant celui le plus proche de la tête. La longévité du parasite est assez courte puisqu’elle est de l’ordre de 3 à 4 mois.

Quand le dernier anneau du parasite est mûr, il se détache, et les œufs ou embryophores qu’il renferme se trouvent éliminés avec les excréments du Renard dans le milieu extérieur.

Les embryophores arrondis mesurent de 30 à 35 μm de diamètre ; à l’intérieur d’une coque épaisse se trouve l’embryon muni de six crochets (embryon hexacanthe).

 

Pour poursuivre son cycle biologique, l’embryophore doit être avalé par des rongeurs, essentiellement des microtidés (mulots ou campagnols).

 

02-Microtus_Arvicola-1.jpg
À gauche : Microtus arvalis. À droite : Arvicola terrestris
M. arvalis et A. terrestris sont les deux hôtes intermédiaires les plus fréquents de E. multilocularis
.
 

Chez ces hôtes intermédiaires, la morphogenèse larvaire est rapide. La coque de l’embryophore dissoute dans l’estomac, l’embryon hexacanthe est libéré et traverse la paroi intestinale pour gagner le foie par l’intermédiaire du système veineux porte.

La larve d’Echinococcus multilocularis occupe ainsi essentiellement une localisation hépatique, alors que pour la larve d’Echinococcus granulosus, agent de l’échinococcose hydatique, cette localisation est loin d’être exclusive. En 3 à 5 mois, selon le caractère plus ou moins favorable de l’hôte intermédiaire, la larve achève son développement.

Les lésions de l’EA sont très caractéristiques par leur caractère diffus et envahissant, l’absence de formation fibreuse adventicielle ne permettant pas une limitation de l’extension de la tumeur parasitaire comme dans le cas du kyste hydatique.

Le foie, envahi par une multitude de petites vésicules fertiles contenant des protoscolex, présente un aspect dit de "pain bis". Ce bourgeonnement de vésicules correspond à une multiplication larvaire, un véritable clonage.

 

04-Echino_campagnol_foie1.jpg
Dissection de la cavité abdominale du Campagnol
Microtus subterraneus
infesté par l’échinocoque alvéolaire
Au-dessus des reins, on observe,
encadrant la vésicule biliaire deux lobes hépatiques envahis
par le parasite (cliché Patrick Giraudoux)
 
04-Echino_campagnol_protoscolex1.jpg
Préparation microscopique entre lame et lamelle
de parenchyme hépatique d’un campagnol infesté
L’intensité de la multiplication des protoscolex est impressionnante (cliché Patrick Giraudoux)
 
04-Echino_campagnol_protoscolex21.jpg
Détail d’un protoscolex.
La "couronne d’épines" qui permettra la fixation
de chaque verdans l’intestin de l’hôte définitif est
bien visible sur ce cliché (Patrick Giraudoux).
 
 
Lorsque l’hôte intermédiaire (le Campagnol) est dévoré par l’hôte définitif, en l’occurrence le Renard, le Chien ou le Chat, chaque protoscolex des vésicules va se transformer dans l’intestin grêle du prédateur en un ver adulte.
 
05-renard3-1.jpg
Le Renard est le principal hôte définitif de l’échinocoque alvéolaire
 
06-Echinoccose_contamination-crottes-1.jpg
Renards, chiens et chats, prédateurs des campagnols
hébergent l’échinocoque
(Document : plaquette de l’Observatoire de l’environnement)

Les renards ne sont pas les uniques responsables de la transmission de l'échinococcose à l'Homme, pas plus que la prairie ou la forêt ne sont ses seuls terrains de prédilection. D'abord, les renards n'hésitent plus à sortir du bois pour trouver de la nourriture facile dans les poubelles, et amènent l'échinocoque jusque dans les villes et les villages. Ensuite, les chats et les chiens peuvent être parasités et transmettre la maladie lors de séances de léchage intempestif ou par l'intermédiaire de leurs excréments infestant la terre. La pratique du jardinage est donc susceptible de favoriser la contamination. Protéger son potager de l'intrusion d'animaux est un impératif. Fermer les bacs à sable des enfants également.

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Le Renard est un grand prédateur de campagnols

Cliché DR

 

 

Il reste que c’est tout à fait exceptionnellement que l’Homme se contamine en ingérant les embryophores d’Echinococcus multilocularis disséminés avec les excréments des renards. L’infestation se produit en consommant certaines herbes sauvages (pissenlits) ou en mangeant des fruits sauvages sur lesquels des embryophores ont pu se déposer comme, par exemple des fraises des bois. En revanche les fruits portés par des arbustes érigés et suffisamment élevés : framboises, mûres ou myrtilles échappent à la contamination par les excréments de renards ou de chiens contaminés. N'oublions pas que l'échinocoque est résistant à la congélation. Seule la cuisson peut le détruire. Aussi, les fraises des bois et autres baies sauvages ramassées à ras du sol ne se consommeront qu'en confiture.
 
06_echinococcose_cycle-1.jpg
Le cycle de l’échinococcose alvéolaire
(D’après : Parasitologie, documentation scientifique des laboratoires Roland-Marie)

 

 

Bibliographie sommaire :


- Giraudoux P. et al – Où l’échinoccose sévit-elle ? Bull. Acad. Natle Méd. 2008, 192, n° 6, 1119-1130.


- Observatoire régional de l’environnement Besançon – Du renard au pissenlit, l’échinoqui ? Du pissenlit au campagnol, l’échinoquoi ? Plaquette d’information de l’Observatoire régional de l’environnement. 2004, 12 p.

 

- Guyard A. - Cours de parasitologie. 1980.
 
Contacts :

•    Centre Collaborateur OMS pour la Prévention et le Traitement des Echinococcoses humaines, Centre hospitalier universitaire et Université de Franche-Comté, patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr.

 
•    Laboratoire d’études et de recherches sur la rage et la pathologie des animaux sauvages, AFSSA, Domaine de Pixérécourt. B.P. 43. 54 220 Maizeville.

 
•    Observatoire régional de l’environnement, Conseil régional de Franche-Comté, 4 square Castan – 25031 Besançon cedex.

L’échinococcose alvéolaire : une maladie franc-comtoise ? La répartition géographique

00-Microtus_arvalis1-logo.jpg3. La répartition géographique de l’échinococcose alvéolaire

 

par André Guyard

(dernière mise à jour : juillet 2012)

(suite de l'article 2 : le cycle parasitaire)

 

La répartition géographique d’Echinococcus multilocularis est très particulière. La parasitose ne se rencontre que dans l’hémisphère nord : Eurasie (Sibérie avant tout), Europe centrale (Bulgarie, Pologne, Yougoslavie) et surtout dans la Bavière et le Tyrol. C’est à partir de ce dernier foyer que l’affection s’est propagée vers la Suisse et la France.

 

 14-Echinoccose_homme-Europe-1.jpg

Cas humains en Europe d’échinoccose alvéolaire
Répartition des cas humains en Europe de 1982 à 2001
(Document : plaquette de l’Observatoire de l’environnement)
 

parasites

Analyses sur intestins de renards en France (SSCT)

(ERZ, janvier 2012)


 
15-Echinoccose_homme-Franchecomté-1.jpg
Cas humains en Franche-Comté d’échinoccose alvéolaire
Répartition des 117 cas humains en Franche-Comté
de 1982 à 2000
(Document : plaquette de l’Observatoire de l’environnement)
 
Selon P. Giraudoux, l’échinococcose alvéolaire est une maladie rare, puisque dans ces zones d’endémie européenne, son incidence annuelle est comprise entre 0,02 et 0,18 pour 100 000 habitants. Néanmoins, du fait du caractère agrégé de sa distribution, celle-ci peut dépasser un pour cent mille localement, et sa prévalence atteindre un pour mille comme dans certains cantons du Haut-Doubs.

Un réseau européen, constitué en 1997, a permis de répertorier 559 cas d’EA, diagnostiqués entre 1982 et 2000, dont 258 en France (principalement en Franche-Comté, Lorraine, Rhône-Alpes). Depuis 2002, ce réseau est relayé, en France, par le réseau FrancEchino : grâce à un partenariat avec l’Institut de Veille Sanitaire (InVS), tous les nouveaux cas humains d’EA sont enregistrés au CHU de Besançon.

Entre 2001 et 2005, 70 nouveaux cas ont été recensés, avec une incidence annuelle stable : en moyenne 15 nouveaux cas par an. 85 % de ces patients sont originaires des zones d’endémie classique de l’est de la France. Cependant, la localisation de nouveaux patients semble indiquer une extension des foyers de transmission vers le sud (Aveyron, Lozère), l’ouest et le nord (Côte d’Or et Ardennes). L’EA touche essentiellement les personnes ayant un mode de vie rural.

Les études pluridisciplinaires conduites en France et en Chine ont montré que la transmission du parasite et l’exposition humaine sont dues à un ensemble complexe de facteurs écologiques et comportementaux dont l’analyse doit être réalisée à plusieurs échelles spatiales et temporelles.
 
07-Giraudoux-modalite-contamination-1.jpg
Variables écologiques et comportementales
modulant l’intensité
de la transmission d’Echinococcus multilocularis
(D'après P. Giraudoux)
 
 
Le cycle épidémiologique d’Echinococcus multilocularis est essentiellement rural et lié à la prolifération des hôtes intermédiaires dans les prairies et pâturages (campagnols) et définitifs (renards, chiens, chats, mammifères prédateurs de campagnols).
 
Bibliographie sommaire :
 
- Giraudoux P. et al – Où l’échinoccose sévit-elle ? Bull. Acad. Natle Méd. 2008, 192, n° 6, 1119-1130.

- Observatoire régional de l’environnement Besançon – Du renard au pissenlit, l’échinoqui ? Du pissenlit au campagnol, l’échinoquoi ? Plaquette d’information de l’Observatoire régional de l’environnement. 2004, 12 p.
 
 
- Guyard A. - Cours de parasitologie. 1980.

Contacts :

•    Centre Collaborateur OMS pour la Prévention et le Traitement des Echinococcoses humaines, Centre hospitalier universitaire et Université de Franche-Comté, patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr

•    Laboratoire d’études et de recherches sur la rage et la pathologie des animaux sauvages, AFSSA, Domaine de Pixérécourt. B.P. 43. 54 220 Maizeville.

•    Observatoire régional de l’environnement, Conseil régional de Franche-Comté, 4 square Castan – 25031 Besançon cedex.

L’échinococcose alvéolaire : une maladie franc-comtoise ? Évolution épidémiologique et options de contrôle

 

00-Microtus_arvalis1-logo.jpg4. L’échinococcose alvéolaire : évolution épidémiologique et options de contrôle

 

par André Guyard

(Suite de l'article 3 : répartition géographique)

 

De nombreux éléments indiquent que la situation épidémiologique de l’EA est en train de changer en Europe. On note depuis 1990 une augmentation de la prévalence chez le Renard et l’extension vers le nord de l’aire de distribution du parasite.


À l’heure actuelle, la présence du parasite a été démontrée chez le Renard au Danemark, aux Pays-Bas, en Belgique et de l’ouest au sud de la France (dont les côtes de la Manche et et la région parisienne), jusqu’à la Lithuanie, en passant par la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie, et le nord de l’Italie.

Pour la France, on a pu montrer qu’entre les périodes 1984-1989 et 1996-1999, les prévalences vulpines étaient de 1,4 à 2 fois plus élevées dans les zones d’endémie traditionnelles comme le Haut-Doubs pour atteindre 65 % en hiver, une tendance également constatée dans le sud de l’Allemagne et l’Autriche.

 

18-Echinoccose_Evolution-1.jpg
Évolution de la contamination de la parasitose
(Document : plaquette de l’Observatoire de l’environnement)
 
Cette augmentation générale de l’aire de distribution de l’EA et de sa prévalence chez l’hôte définitif, est concomitante de l’augmentation générale des populations de renards roux en Europe. Celle-ci est attribuée au succès des campagnes de vaccination antirabiques menées depuis le début des années 1980 et de la moindre pression de chasse exercée sur l’espèce en comparaison de celle qui prévalait dans la première moitié du XXe siècle, du fait de la valeur relativement élevée de sa fourrure.

Cette nouvelle situation explique que de fortes prévalences puissent maintenant être observées chez le Renard dans les zones qui ne sont pas connues pour leurs pullulations de rongeurs. C’est le cas par exemple dans les Ardennes, où une prévalence de 53 % a été observé chez le Renard, dans des paysages où les prairies sont fragmentées avec des populations d’hôtes intermédiaires faibles et stables.

Cette augmentation des populations de renards s’est également accompagnée de changements de comportements. Le Renard roux n’est plus seulement rural mais est devenu aussi urbain, ce qui s’est traduit par une implantation du parasite, non seulement aux abords et dans les villages et petites villes des zones traditionnelles d’endémie, mais aussi dans les grandes villes, où elle peut atteindre localement jusqu’à 70 % des animaux dans leur périphérie. L’infestation des renards a été observée à Zurich, Stuttgart, Genève, Copenhague, Nancy et la banlieue parisienne telle qu’en Seine-et-Marne. Quant au cycle urbain entre chats et souris, il est tout à fait exceptionnel.
 
08-Renard_ville-1.jpg
Les incursions des renards en ville sont de plus en plus fréquentes

En règle générale, un gradient décroissant de prévalence s’établit de la ceinture périphérique rurbaine vers le centre de la ville, où les prévalences observées peuvent cependant encore dépasser quelque 10-20 %.

Par exemple, l’analyse génétique de la population de renards urbains zurichois montre que les échanges avec l’extérieur de la ville sont limités. La présence avérée d’A. terrestris infestés dans les parcs urbains indique que le cycle pourrait y être bouclé. La densité des chiens urbains peut atteindre de 0,5 à 5 individus/ha dans certaines villes, et celle des chats trois fois plus, ce qui rend très probable la prédation de rongeurs infestés.

Dans le contexte rural du canton de Fribourg (Suisse), il a été montré que 7 % des chiens errants et 3 % des chats examinés lors d’un cycle de pullulation d’A. terrestris étaient infestés. Le rôle des chiens et des chats dans l’exposition humaine en Europe, si ce n’est dans le maintien du cycle lui-même, mériterait d’être clarifié notamment dans un contexte urbain.
 
16-Echinoccose_homme-Europe-evolution-1.jpg
Les foyers et les cas d’échinoccose humaine et animale augmentent en Europe :
c’est une maladie émergente
(Document : plaquette de l’Observatoire de l’environnement)
 
17-Echinoccose_homme-Franchecomté-evolution-1.jpg
Évolution du pourcentage de renards contaminés
dans les départements du Doubs et du Jura
(Document : plaquette de l’Observatoire de l’environnement)

Par ailleurs, la distribution agrégée de la charge parasitaire chez le Renard (moins de 20 % des renards hébergent plus de 80 % de la biomasse parasitaire) pose le problème de la distribution spatiale hétérogène et localement imprévisible du matériel infestant, notamment quand sont envisagées des opérations de contrôle. Celles-ci, encore au stade expérimental, pourraient être fondées sur la vermifugation locale des renards par distribution d’appâts contenant une dose de praziquantel. Une telle entreprise, qui devrait être répétée fréquemment (environ une fois par mois s’il s’agit de petites surfaces de quelques kilomètres carrés) et sur le long terme, ne se justifierait qu’en cas de danger majeur pour la santé publique et ne pourrait être pratiquée qu’à des échelles spatiales restreintes.

La régulation par le tir ou le piégeage n’est pas à recommander car, au-delà, des controverses qu’elle peut susciter, elle pourrait conduire à l’effet inverse de celui escompté, en vidant des territoires qui seraient alors très rapidement comblés par des renards ruraux plus infestés, comme ce fut le cas pour la rage.

S’il est évident que l’échinocoque alvéolaire est un parasite qui étend son aire de distribution et augmente l’intensité de sa transmission en Europe, les données qui permettraient de constater un changement de l’épidémiologie humaine sont encore fragmentaires. Ceci peut s’expliquer soit par le fait que ce changement n’entraîne pas, pour des raisons comportementales (hygiène et mode de vie, etc.), une exposition plus forte de la population humaine en ville, soit plus probablement par le fait que l’échinococcose alvéolaire est une maladie longtemps asymptomatique et que les conséquences d’un changement d’exposition ne seront mesurées que plusieurs années après (voir plus bas).

Il serait judicieux que dans l’ensemble des zones européennes concernées, puisse être assuré le meilleur couplage entre un dispositif de surveillance de la parasitose chez les hôtes définitifs (principalement Renard et Chien), seul capable d’anticiper le risque d’exposition, et un dispositif de surveillance de la maladie humaine, qui malheureusement et pour utile qu’il soit en terme d’épidémio-surveillance, ne permet que de constater a posteriori le problème de santé publique posé après que la maladie se soit déjà largement développée.
 
Bibliographie sommaire :

- Giraudoux P. et al – Où l’échinoccose sévit-elle ? Bull. Acad. Natle Méd. 2008, 192, n° 6, 1119-1130.

- Observatoire régional de l’environnement Besançon – Du renard au pissenlit, l’échinoqui ? Du pissenlit au campagnol, l’échinoquoi ? Plaquette d’information de l’Observatoire régional de l’environnement. 2004, 12 p.

- Guyard A. - Cours de parasitologie. 1980.

Contacts :

•    Centre Collaborateur OMS pour la Prévention et le Traitement des Echinococcoses humaines, Centre hospitalier universitaire et Université de Franche-Comté, patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr

•    Laboratoire d’études et de recherches sur la rage et la pathologie des animaux sauvages, AFSSA, Domaine de Pixérécourt. B.P. 43. 54 220 Maizeville.

•    Observatoire régional de l’environnement, Conseil régional de Franche-Comté, 4 square Castan – 25031 Besançon cedex.

L’échinococcose alvéolaire : une maladie franc-comtoise ? La clinique de l'échinococcose alvéolaire

00-Microtus_arvalis1-logo.jpg5. La clinique de l'échinococcose alvéolaire

 

par André Guyard

(suite de l'article : évolution épidémiologique)

 

Chez l’Homme, la localisation de l’EA est pratiquement toujours hépatique. Les lésions faites d’une multitude de vésicules communiquant entre elles et donnant à la masse kystique son aspect classique en "pain bis", s’accompagnent chez l’Homme, hôte tout à fait inhabituel des larves, de phénomènes dégénératifs avec nécrose, qui n’empêchent pas le cheminement germinatif ni l’extension des vésicules.

 

09-Echinoccose_foie humain-1.jpg
Foie humain atteint d’échinoccose alvéolaire
À droite : aspect macroscopique du foie atteint. À gauche
coupe histologique du foie montrant l’extension de la
parasitose sous forme de cavités mal limitées
(aspect de pain bis)
 
Ainsi se trouve réalisé l’aspect alvéolaire caractéristique qui s’oppose radicalement à celui du kyste hydatique parfaitement bien limité par sa membrane adventice. Les alvéoles vésiculaires hépatiques ne contiennent habituellement que des lambeaux plus ou moins sphacélés de membrane germinative, et la présence de scolex est tout à fait exceptionnelle. En réalité, l’hôte humain constitue pour la larve d’Echinococcus multilocularis une véritable impasse parasitaire, et le manque de spécificité parasitaire explique l’inachèvement de l’évolution larvaire.

Cependant, dans les quelques rares cas où l’on a constaté de véritables métastases pulmonaires et même cérébrales d’un foyer hépatique initial, on a découvert des scolex au niveau de ces métastases.

D’une façon générale, on pense que ces lésions secondaires sont dues à la mobilisation de petits fragments de membranes issus des vésicules primitives. Entraînés dans le torrent circulatoire, ces fragments finiraient par s’immobiliser dans différents organes et ils y constitueraient le point de départ de nouveaux foyers kystiques.

La biopsie du foie utilisée pour assurer le diagnostic de l’EA, doit par conséquent être faite avec une certaine prudence.

La symptomatologie de l’EA est très discrète au début et cela explique la difficulté d’un diagnostic précoce de l’affection. Ce n’est le plus souvent qu’à un stade plus avancé et tout spécialement lorsque les voies biliaires sont atteintes (cette évolution étant d’ailleurs quasi inéluctable) que la symptomatologie devient expressive.

La parasitose se traduit alors par un ictère de type cholestatique. L’amaigrissement rapide et la constatation à la palpation d’un foie dur et irrégulier évoquent habituellement le cancer du foie métastatique, à moins que les examens biologiques spécifiques ne rétablissent le diagnostic exact.

Dans les autres éventualités cliniques, tout comme au début de l’affection, si l’attention peut être attirée vers le foie par les douleurs de l’hypocondre droit et les troubles dyspeptiques, il est exceptionnel de pouvoir établir le diagnostic d’après la seule clinique.

Il faut savoir ne pas s’arrêter au diagnostic de cancer métastatique du foie et évoquer l’EA. On doit alors s’aider des examens biologiques et d’imagerie médicale adéquats d’autant plus que, lorsque les voies biliaires n’ont pas été manifestement envahies, on peut espérer que les lésions hépatiques sont suffisamment localisées pour permettre de tenter une hépatectomie réglée, capable d’assurer une guérison totale et définitive. La notion d’endémicité dans la région habitée par le malade, celle de contact de ce dernier avec des renards revêtent une grande valeur d’orientation.
 

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Bibliographie sommaire :

- Giraudoux P. et al – Où l’échinoccose sévit-elle ? Bull. Acad. Natle Méd. 2008, 192, n° 6, 1119-1130.
 
 
- Mantion G. et al – Le traitement de l’échinococcose alvéolaire humaine : une approche multidisciplinaire. Bull. Acad. Natle Méd. 2008, 192, n° 6, 1151-1158.

- Observatoire régional de l’environnement Besançon – Du renard au pissenlit, l’échinoqui ? Du pissenlit au campagnol, l’échinoquoi ? Plaquette d’information de l’Observatoire régional de l’environnement. 2004, 12 p.

- Guyard A. - Cours de parasitologie. 1980.

Contacts :

•    Centre Collaborateur OMS pour la Prévention et le Traitement des Echinococcoses humaines, Centre hospitalier universitaire et Université de Franche-Comté, patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr

•    Laboratoire d’études et de recherches sur la rage et la pathologie des animaux sauvages, AFSSA, Domaine de Pixérécourt. B.P. 43. 54 220 Maizeville.

•    Observatoire régional de l’environnement, Conseil régional de Franche-Comté, 4 square Castan – 25031 Besançon cedex.

L’échinococcose alvéolaire : une maladie franc-comtoise ? Le diagnostic

00-Microtus_arvalis1-logo.jpg6. Le diagnostic de l'échinococcose alvéolaire

 

par André Guyard

(suite de l'article 5 : la clinique de l'échinoccose alvéolaire)

 

Le diagnostic biologique proprement dit comporte la recherche d’une éosinophilie sanguine, la pratique d’une intradermoréaction spécifique, l’examen anatomopathologique du foie et un certain nombre de réactions sérologiques.

 

L’éosinophilie sanguine lorsqu’elle existe est très évocatrice d’une étiologie parasitaire ; elle est malheureusement inconstante et non spécifique ; elle peut en outre avoir déjà disparu au moment où la symptomatologie clinique devient patente.

Le test de sensibilisation cutanée
pratiqué sous forme d’intradermoréaction à l’aide, non pas d’antigène spécifique, mais d’antigène hydatique, ne possède pas de valeur décisive car, malgré la relative parenté antigénique entre Echinococcus granulosus et Echinococcus multilocularis, la réponse à l’antigène hydatique au cours d’une EA est de faible intensité.

Le risque de déclencher, à l’occasion d’une biopsie hépatique, une échinococcose secondaire, bien que considérablement réduit par rapport à l’hydatidose, existe cependant.

Les méthodes sérologiques classiques de fixation du complément, d’agglutination en utilisant différents supports, d’immunoprécipitation, requièrent un antigène soluble difficile à préparer et à purifier. La plupart du temps, on n’utilise pas un antigène alvéolaire spécifique et on se contente des antigènes hydatiques plus aisément disponibles. On comprend que dans ces conditions, les réactions sérologiques soient entachées d’un manque de sensibilité.

Le meilleur test biologique actuel est constitué par la réaction d’immunofluorescence. Dans cette réaction, on utilise comme antigène figuré des coupes de tumeur d’origine humaine ou animale réalisées par congélation au cryostat. Après la mise en contact de ces coupes avec le sérum du malade suspecté d’EA et l’adjonction du conjugué fluorescent, on procède à une contre coloration à l’aide de bleu Evans.

Lorsque la réaction est positive, les membranes germinatives kystiques présentes sur la coupe congelée montrent une intense fluorescence. En cas de réaction négative, les mêmes membranes germinatives apparaissent en rouge. Mis en présence de coupes de scolex d’Echinococcus granulosus, le sérum de malades atteints d’EA manifeste dans les mêmes conditions expérimentales une réaction d’immunofluorescence positive, mais à un titre inférieur.

Cette différence dans le comportement du sérum vis-à-vis des deux antigènes permet d’envisager de faire le diagnostic différentiel entre les deux échinococcoses.

Les examens par échographie, scanner et IRM sont particulièrement intéressants lors de l’établissement du bilan préopératoire. Leur contribution au diagnostic étiologique n’est cependant pas négligeable.

 

De nouveaux marqueurs pour pister l'échinococcose humaine (Addition du 05/07/2011)

 

L'échinococcose soulève encore de nombreuses questions au sein de la communauté scientifique. Si l'on sait détecter la maladie, on ne connaît en revanche pas bien son aspect fonctionnel. Sur des territoires particulièrement touchés par cette parasitose en Europe, l'université de Franche-Comté et l'université de Berne font preuve de recherches très actives. Un projet franco-suisse vient d'obtenir un soutien financier dans le cadre du programme Interreg, visant à améliorer les résultats obtenus grâce à une technique d'imagerie médicale particulièrement adaptée, la tomographie par émission de positons (TEP).

 

Relativement rare en Europe, où elle tend cependant à augmenter, l'échinococcose, se concentre principalement en Franche-Comté, en Suisse et en Allemagne. Un tiers des patients atteints sont guéris par chirurgie (ablation de la partie de foie infecté), deux tiers doivent supporter un traitement à vie. Une centaine de patients venus de toute la France sont actuellement suivis au CHU de Besançon, centre collaborateur de l'OMS pour toutes les échinococcoses humaines. La tomographie par émissions de positons (TEP) est la technique d'imagerie fonctionnelle employée pour dépister la maladie, à l'aide de traceurs radioactifs introduits dans l'organisme. Le fluoro-deoxyglucose (FDG) est le plus couramment utilisé. Rendu radioactif par un marquage au fluor, ce glucose est détecté par la caméra TEP alors qu'il se concentre autour de la lésion. Car les cellules de défense de l'organisme, très actives à l'endroit précis de l'infection, "attirent" à elles le glucose, énergie qu'elles consomment en grande quantité pour être efficaces. Conclusion : là où se trouve le glucose se trouve aussi la lésion.

 

La recherche s'oriente vers la mise au point de nouveaux traceurs, des molécules susceptibles d'être consommées directement par le parasite et par lui seul. « On pourra alors directement étudier la maladie et connaître le comportement du parasite pour mieux le détruire » explique Okg Blagoskionov, médecin et enseignant-chercheur en imagerie médicale à l'Université de Franche-Comté. L'espoir de mettre au point un nouveau traitement, permettant d'éradiquer l'échinocoque, est à la clé de ces recherches. Le projet IsotopEchino participe à la réalisation de ces travaux, intègre le financement de thèses, notamment en cotutelle avec des universités en Chine, où la parasitose est très répandue. Les fonds octroyés s'élèvent à 249 905 € pour la participation FEDER et 68 343 € pour les subventions suisses, sur un coût total de 815 972 €.

 

*Contact : Oleg Blagosklonov – Service de médecine nucléaire - CHU Jean Minjoz de Besançon Tél. (0033/0) 3 8l 66 82 94 - oleg-blagoskIonov.univ-fcomte.fr.

 

 

 

Bibliographie sommaire :

- Observatoire régional de l’environnement Besançon – Du renard au pissenlit, l’échinoqui ? Du pissenlit au campagnol, l’échinoquoi ? Plaquette d’information de l’Observatoire régional de l’environnement. 2004, 12 p.

 

- Mantion G. et al – Le traitement de l’échinococcose alvéolaire humaine : une approche multidisciplinaire. Bull. Acad. Natle Méd. 2008, 192, n° 6, 1151-1158.

 

- Guyard A. - Cours de parasitologie. 1980.
 

Contacts :

•    Centre Collaborateur OMS pour la Prévention et le Traitement des Echinococcoses humaines, Centre hospitalier universitaire et Université de Franche-Comté, patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr

•    Laboratoire d’études et de recherches sur la rage et la pathologie des animaux sauvages, AFSSA, Domaine de Pixérécourt. B.P. 43. 54 220 Maizeville.

•    Observatoire régional de l’environnement, Conseil régional de Franche-Comté, 4 square Castan – 25031 Besançon cedex.

L’échinococcose alvéolaire : une maladie franc-comtoise ? Le traitement

00-Microtus_arvalis1-logo.jpg7. Le traitement de l'échinoccose alvéolaire

 

par André Guyard

(suite de l'article 6 : le diagnostic de l'échinoccose alvéolaire)

 

On ne connaît encore aucun traitement médical réellement efficace de l’échinococcose alvéolaire. Cette parasitose est caractérisée par une grande latence clinique mais en l’absence de traitement, la mortalité atteint 80 % dans les dix ans après le diagnostic. Ceci est dû à l’absence de traitement médicamenteux totalement et rapidement efficaces à l’heure actuelle.

 

Un tiers des patients atteints sont guéris par chirurgie (ablation de la partie de foie infecté), deux tiers doivent supporter un traitement à vie. Une centaine de patients venus de toute la France sont actuellement suivis au CHU de Besançon, centre collaborateur de l’OMS pour toutes les échinococcoses humaines.

 


La chirurgie d’exérèse
est actuellement la seule thérapeutique capable d’apporter la guérison, à la condition qu’elle soit appliquée le plus tôt possible, avant l’extension incontrôlable des lésions. L’hépatectomie réglée segmentaire ou à la rigueur lobaire sur des lésions encore localisées amène ainsi la guérison définitive. La chirurgie demeure le premier choix pour guérir environ 30 % des patients en retirant toute la masse parasitaire avec une marge de sécurité suffisante et dans un certain nombre de cas avec des procédés complexes de reconstruction vasculaire et biliaire.

La transplantation hépatique
peut être indiquée si une hépatectomie partielle est insuffisante pour obtenir la guérison chez des patients très sélectionnés présentant des complications sévères menaçant leur vie (environ 5 % des cas).

Les procédures d’endoscopie interventionnelle
sont utiles pour drainer les abcès intrahépatiques ou les voies biliaires quand l’exérèse chirurgicale n’est pas possible ou pour préparer celle-ci.

Dans tous les cas, le traitement parasitostatique par les dérivés benzimidazolés, principalement l’albendazole, en administration continue est recommandé pendant deux ans après résection radicale ou à vie pour les patients inopérables.

 

13-Echinoccose_albendazole-1.jpg

L’albendazole est une molécule utilisée chez tous les malades.

Ce produit stoppe l’évolution du parasite mais

malheureusement, ne le tue pas. Il doit être pris à vie.

 

11-Echinoccose_traitement-1.jpg

Traitement de l’échinoccose alvéolaire en Franche-Comté
Taux de survie à 5 ans des malades diagnostiqués et traités

(Document : plaquette de l’Observatoire régional de l’environnement).

 

La tomographie par émissions de positons (TEP) est la technique d’imagerie fonctionnelle employée pour dépister la maladie, à l’aide de traceurs radioactifs introduits dans l’organisme. Le fluoro-deoxyglucose (FDG) est le plus couramment utilisé. Rendu radioactif par un marquage au fluor, ce glucose est détecté par la caméra TEP alors qu’il se concentre autour de la lésion. Car les cellules de défense de l’organisme, très actives à l’endroit précis de l’infection, « attirent » à elles le glucose, énergie qu’elles consomment en grande quantité pour être efficaces. Conclusion : là où se trouve le glucose se trouve aussi la lésion.

 

L’antigénothérapie aurait, dans les mains de ses promoteurs, apporté des rémissions passagères, sans toutefois modifier de façon radicale le pronostic de l’échinococcose alvéolaire dont l’évolution spontanée est toujours mortelle, bien que parfois extrêmement prolongée.

 

La recherche s’oriente vers la mise au point de nouveaux traceurs, des molécules susceptibles d’être consommées directement par le parasite et par lui seul. « On pourra alors directement étudier la maladie et connaître le comportement du parasite pour mieux le détruire » explique Oleg Blagosklonov, médecin et enseignant-chercheur en imagerie médicale à l’université de Franche-Comté. L’espoir de mettre au point un nouveau traitement, permettant d'éradiquer l'échinocoque, est à la clé de ces recherches.

Le projet IsotopEchino participe à la réalisation de ces travaux, intègre le financement de thèses, notamment en cotutelle avec des universités en Chine, où la parasitose est très répandue.


Quoi qu’il en soit des chances de la chirurgie d’exérèse et peut-être demain d’une antigénothérapie rénovée, à laquelle la possibilité récemment démontrée de pouvoir cultiver les larves d’Echinococcus multilocularis contribuera sans doute, l’échinococcose alvéolaire reste une affection très grave.

 

19-Echinoccose_risque-1.jpg
L’échinoccose est une maladie grave en recrudescence.
Mais les cas humains restent peu nombreux.
Et le risque encouru est bien inférieur à d’autres risques acceptés dans la vie quotidienne.
(Document Observatoire régional de la santé - EurEchinoReg -
DRASS Franche-Comté - Institut de veille sanitaire)
 
Cela souligne l’importance de la prophylaxie. La lutte contre les renards est d’autant plus admise qu’elle se confond avec la prévention de la rage. Si le risque d’infestation est réduit, il n’en reste pas moins qu’il faut prendre des dispositions prophylactiques pour éviter la contamination.

Sur le plan individuel, il faut éviter, dans les régions endémiques, de consommer crus des fruits sauvages et d’être en contact avec les animaux susceptibles d’être porteurs du parasite adulte. Il est bon aussi de vermifuger régulièrement chats et chiens.

Bibliographie sommaire :


Mantion G. et al – Le traitement de l’échinococcose alvéolaire humaine : une approche multidisciplinaire. Bull. Acad. Natle Méd. 2008, 192, n° 6, 1151-1158.

Observatoire régional de l’environnement Besançon – Du renard au pissenlit, l’échinoqui ? Du pissenlit au campagnol, l’échinoquoi ? Plaquette d’information de l’Observatoire régional de l’environnement. 2004, 12 p.

Guyard A. - Cours de parasitologie. 1980.

Contacts :

•    Centre Collaborateur OMS pour la Prévention et le Traitement des Echinococcoses humaines, Centre hospitalier universitaire et Université de Franche-Comté, patrick.giraudoux@univ-fcomte.fr

•    Laboratoire d’études et de recherches sur la rage et la pathologie des animaux sauvages, AFSSA, Domaine de Pixérécourt. B.P. 43. 54 220 Maizeville.

•    Observatoire régional de l’environnement, Conseil régional de Franche-Comté, 4 square Castan – 25031 Besançon cedex.

 

Lorsque les eaux du château de Joux résurgent à la source de la Loue

Joux_chateau_logo2.jpgLorsque les eaux du château de Joux résurgent à la source de la Loue

 

par Pascal Reilé

 

Joux_château_carte_postale-1.jpg
Le château de Joux
(commune de la Cluse-et-Mijoux ; département du Doubs)
À gauche, la cluse,
à droite, la vallée du Doubs qui vient de recevoir
le ruisseau de Fontaine Ronde
(Carte postale de 1950).
 

En 1901, l’incendie de l’usine Pernod de Pontarlier où l’absinthe échappée des cuves s’était répandue dans le Doubs et avait ressurgi dans la source de la Loue, mettait en évidence que les pertes du Doubs à Arçon alimentaient la résurgence. On avait également remarqué que le profilage et le recalibrage du Drugeon — expérience heureusement corrigée — avaient eu un impact sur le débit de la Loue. Depuis, aucune grande découverte n’est venue véritablement expliquer les mystérieux écoulements souterrains de cette grande résurgence française.

 

karst,loue,doubs,jura

La Cluse et les forts (lithographie de Pierre Bichet)

 

Communauté de communes et environnement

 

Lors de la pollution de Verrières de Joux (fin décembre 2008), à la demande du Préfet, des services de la Ddass et de la Diren, la communauté de communes du Larmont a mandaté le Cabinet Reilé Pascal, Besancon – Ornans).

 

pollution1.jpg
Traitement de la pollution des Verrières de Joux
Document : cabinet Reilé
 

Le cabinet Reilé est spécialisé en karstologie. Dans l’affaire qui nous préoccupe, son objectif était d’identifier le niveau des risques de pollution et la nature des écoulements souterrains de la rivière la Morte.

Parallèlement, un travail important de confinement a été réalisé par la CCL et les services du SDIS limitant au maximum la contamination.

 

Un gouffre sous le Frambourg

 

Grotte1.jpg
La grotte dans la faille du Frambourg
Document : cabinet Reilé
 
Investigations souterraines et colorations
 

Pascal Reilé, hydrogéologue mais également spéléologue plongeur d'Ornans, en charge du dossier avait pour mission de suivre les traces de contaminations et d’en définir l’exutoire.

L’équipe du Cabinet Reilé avait eu à pénétrer en 1980 dans une faille sous les maisons et la voie ferrée du Frambourg.

Des écoulements souterrains venant de la Morte avaient été identifiés. Le ruisseau souterrain se poursuivait dans une galerie souterraine.

 

Grotte2.jpg
Descente dans le gouffre
(Document : cabinet Reilé)

 

Partant de ces observations, une surveillance a donc été organisée le 31 décembre 2008 dans ce gigantesque puits. Charmante nuit de nouvel an !.

Malgré les contraintes climatiques, les surveillances se sont poursuivies durant tout le mois de janvier 2009.

 

sonde3-1.jpg
Détail du système de suivi par spectro-fluorimètre
implanté à la source de la Loue
Document : cabinet Reilé
 
sonde-1.jpg
Sonde optique : appareillage
La sonde du spectro-fluorimètre est une enceinte étanche
qui se place sous le niveau de l’eau à étudier.
La mesure se fait à une cadence à fixer,
et sur plusieurs heures ou jours.
Document : cabinet Reilé
 
 
sonde_optique-1.jpg
Sonde optique : principe de fonctionnement La sonde comporte une triple optique pour la détection simultanée de 3 traceurs différents. La quatrième optique mesure uniquement la turbidité de l’eau.
Document : cabinet Reilé

 

Les résultats scientifiques sont là : L’équipe du Cabinet Reilé a non seulement découvert le soutirage des eaux de la Morte dans cette galerie souterraine mais également prouvé la poursuite des écoulements en direction de la source de la Loue.

 

La source de la Loue toute verte mais sans anis

 

En effet, 4 jours plus tard et 15 kilomètres plus loin, les 10 kilogrammes de fluorescéine ont coloré en vert toute la grande vasque de la Source de la Loue.

 

Loue_verte10-1.jpg
Suivi à la source de la Loue.
4 jours plus tard, la fluorescéine colore les eaux.
Document : cabinet Reilé
 
Loue2-1.jpg
La vasque de la source de la Loue est colorée en vert par la fluorescéine
Document : cabinet Reilé

 

L’odeur d’anis n’était pas présente, mais l’existence d’un écoulement souterrain depuis le Château de Joux jusqu’à la Source de la Loue était prouvé.

 

Un suivi cohérent et une nouvelle vision élargie du bassin de la Loue

 

La surveillance des eaux de la Loue s’est poursuivie durant les mois de janvier et février sans qu’on puisse déceler une quelconque altération de la qualité des eaux souterraines de la rivière.

 

Courbe_restitution-1.jpg
Courbe de restitution des colorants à la source de la Loue
La sonde détecte simultanément 3 traceurs différents. La quatrième optique mesure uniquement la turbidité de l’eau.
Document : cabinet Pascal Reilé

 

Ces résultats prouvent donc l’excellent travail de récupération des hydrocarbures par la Communauté de commune du Larmont et du SDIS mais également des vitesses importantes de passage des eaux souterraines sous la ville de Pontarlier.

Nous sommes donc en présence d’un système de galeries développées et de grande taille sous la plaine de l’Arlier. Le bassin de la Loue est donc plus complexe qu’initialement envisagé et la grande faille de Pontarlier risque encore de mettre en connexion bien des écoulements avec la Source de la Loue.

Les limites amonts pourraient être Fontaine Ronde voire le lac St-Point. À l’heure où l’on fait le bilan du SDAGE haut Doubs-haute Loue, le milieu souterrain a encore bien des mystères à livrer. Une base de connaissance reste à mettre en place. Elle permettrait aux collectivités d’ajuster leurs aménagements aux contraintes environnementales avec un souci grandissant de développement durable.

Le Cabinet Reilé entend bien poursuivre les investigations qu’il mène depuis 20 ans sur ce bassin. D’après lui, une étude synthétique pourrait être réalisée pour aboutir à une présentation globale. Cette étude intégrerait toutes les études réalisées depuis 1901 sur ce bassin hydrogéologique remarquable d’une surface de plus de 500 km2 et au débit maximal à la résurgence de 90 m3/seconde. Des programmes d’exploration sont prévus avec les spéléologues du Spéléo Club de Jougne Mont d’Or et du groupe Karstic Haut Doubs - Haute Loue pour affiner la connaissance des cavités sur le plateau.

 

Château de Joux_Loue-1.jpg

Du château de Joux à la source de la Loue
Photomontage cabinet Reilé

 

Ajout du 16 mai 2015 : article de l'Est Républicain par Julien BÉNÉTEAU

 

Patrimoine Pontarlier : aller au fond du puits du fort du château de Joux

 

Un topographe passionné a mesuré avec précision la profondeur du puits du fort de Joux. Son travail soulève de nombreuses interrogations.

 

Paul Courbon a des curiosités de spéléologues. Mais il se trouve que l’homme, installé à Marseille, est aussi topographe. « Ma curiosité est un peu scientifique », glisse-t-il. Celui qui a mené des missions d’exploration archéologique dans des puits d’oasis en Arabie Séoudite a eu envie de découvrir les puits français.

 

Après le puits de la citadelle de Besançon, Paul Courbon s’est intéressé, à la fin du mois d’avril, à celui du château de Joux. « Ce n’est pas facile à mettre en œuvre dans des lieux touristiques comme celui-là, raconte-t-il. Il faut des autorisations et intéresser les autorités. » De l’intérêt, le Grand Pontarlier en a trouvé à la démarche : l’eau est une compétence de la communauté de communes. Le fonctionnement de la nappe d’eau, de sa diffusion, aiderait à comprendre un peu mieux la circulation aquatique.

 

L’exploration a été faite le 26 avril. « Les profondeurs données pour le puits variaient de 87 à 120 m », s’amuse Paul Courbon. Muni d’un "distancemètre", il a pu mesurer la profondeur du puits ainsi que la profondeur de l’eau. Chiffre désormais validé : 101,4 m, dont 4,4 m d’eau.

 

De l’eau qui va loin

 

Cette hauteur d’eau change de manière considérable. Un sondage en avril 1986 avait montré qu’il y avait 14 m de profondeur d’eau. « Il ne fait aucun doute que le puits a une autre source d’alimentation que le Doubs », observe Paul Courbon. La géologie des lieux expliquerait ces variations : la présence d’un anticlinal amènerait l’eau dans le puits, en particulier au moment des pluies ou de la fonte des neiges.

 

« Nous imaginons la surprise et le désarroi des puisatiers qui croyaient avoir atteint l’eau un jour, poursuit le topographe, puis retrouvaient le puits à sec peu après. »

 

Pour mieux comprendre la circulation de l’eau, une deuxième opération est prévue, en juin ou juillet [2015], quand le puits sera à sec : une coloration, pour comprendre où va l’eau. Il serait bien possible qu’elle ne rejoigne pas le Doubs. « Il y a une grande faille sous Pontarlier », explique Pascal Reilé, un hydrogéologue associé au projet. Une précédente observation, [Voir l'article plus haut] menée au Frambourg, au pied du château, avait montré que l’eau était ressortie 17 km plus loin… à la source de la Loue.

 

L’une des questions posées par le puits est celui de son comblement partiel. « Le fond actuel, souvent à sec, n’est pas le fond véritable », observe Paul Courbon. Mais le topographe ignore pourquoi ce comblement a eu lieu. L’origine des morceaux de roche n’est pas définie. Avec la présence de l’eau, le jour de la descente, il n’était bien sûr pas possible de jeter un œil sur la composition du comblement.

 

Mais Paul Courbon souligne qu’il ne sera pas possible de faire comme à Besançon, creuser sur quelques dizaines de centimètres. Lors de précédentes explorations, de nombreuses grenades et munitions non éclatées ont été aperçues…

 

D’après la géologie des lieux, le comblement représenterait une dizaine de mètres. À l’origine, le puits du château de Joux aurait ainsi pu mesurer environ 125 m de profondeur.

 

 

Courbet et les paysages jurassiens

courbet_logo.jpgCourbet et les paysages jurassiens


par André Guyard

 

Un colloque « Courbet, peinture et politique » qui s'est déroulé du 24 au 26 septembre 2009 à Besançon, a abordé, entre autres, le problème de la relation entre œuvres artistiques et ompréhension de la nature.


De nombreuses œuvres de Gustave Courbet (1819-1877) dépeignent des paysages et scènes de son pays natal. Pour le peintre d’Ornans, « la peinture est un art essentiellement "concret" et ne peut consister que dans la représentation des choses réelles et existantes » (in Manifeste du réalisme).



Enfant de la campagne, il parcourt falaises, grottes, sources, plateaux et vallées, il pêche, il chasse. Et ses tableaux reflètent cette vie quotidienne, avec la nature pour décor. Une nature marquée géologiquement par l’érosion qui façonne des paysages karstiques : gouffres, grottes, résurgences, reculées ; une identité du Jura faite de ruptures et d’eau. Imprégné du paysage, il n’en peint pas la globalité, mais cadre ses tableaux sur des éléments qui lui donnent un sens. S’il ne s’est pas intéressé aux gouffres, il a beaucoup représenté les sources, la source de la Loue, celle du Lison.



Par exemple, l’entrée de la grotte Sarrazine se trouve au pied d’une immense arche de 100 m de haut et 30 m de large. Courbet, pourtant, ne choisit pas de peindre la magnificence du lieu ; il cadre son tableau sur l’entrée de la grotte, décide de la figurer un jour de crue (ce qui arrive deux à quatre fois par an)... Les interprétations psychanalytiques sont nombreuses sur ce sujet ; elles alimentent l’idée que le territoire peint par Courbet est un territoire initiatique.

 

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La Grotte Sarrazine (tableau de Gustave Courbet)

Le pêcheur présent en bas à droite de la grotte Sarrazine est surprenant. Jamais il n’a été vu de pêcheur à cet endroit : il y a rarement de l’eau et donc aucun poisson. Courbet n’a-t-il pas voulu poser là un élément de son enfance ? Et l’on reviendrait alors au territoire initiatique. En tout cas, un territoire qui fonctionne comme référentiel. Lorsqu’il peint Bonjour Monsieur Courbet, qu’il dit se situer dans l’arrière-pays de Montpellier, on ne peut s’empêcher, si l’on est, comme Pascal Reilé, hydrogéologue, de reconnaître au fond les lignes des falaises du val de Loue... et de transposer la scène sur le plateau de Flagey.


La Franche-Comté de Courbet est très minérale, liée à sa compréhension très fine de la géologie. Alors que les plantes et arbres ne sont pas peints avec toute la rigueur d’un botaniste, il devient naturaliste quand il s’agit de représenter la roche et les sources... Les stratifications sont précises, les différentes formes de calcaires composant la voûte ou le socle des sources sont apparentes. Tous les éléments géologiques sont scrupuleusement respectés. Cette compréhension fine, il la doit sans doute à son amitié avec le géologue Jules Marcou, rencontré durant son enfance.

Jules Marcou (1824-1898) est un géologue autodidacte, un peu iconoclaste, mais qui envisage les massifs montagneux comme des systèmes. Il s’évade d’une géologie purement descriptive des roches pour concevoir une construction dynamique et une structuration des massifs. Marcou initie une géologie fonctionnelle du massif jurassien abordant l’hydrogéologie et l’électromagnétisme. Il transmet à Courbet cette lecture scientifique du paysage. On doit aussi à cette amitié, qui va durer toute leur vie, la conservation de la météorite tombée à Flagey en 1868. Courbet a en effet mandaté un habitant du plateau pour qu’il l’envoie à Marcou afin qu’il l’étudie. Elle est aujourd’hui conservée au Muséum national d’histoire naturelle.

 

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Photographie de Gustave Courbet

Courbet, peinture et politique

 

Gustave Courbet est célèbre pour son activisme politique, notamment pendant la Commune. Quels liens relève-t-on entre art et politique dans son œuvre ? Admirateur de Proudhon, qu'il qualifie « d'ami très intime », Courbet se situe-t-il pour autant dans la même pensée philosophique ? Les idées politiques du peintre, démocrate affirmé, sont-elles présentes dans sa peinture ? Sont-elles présentes même en ces paysages peut-être traversés des questions sociales ? Ces questions et d'autres ont été au cœur du colloque « Courbet, peinture et politique », organisé, du 24 au 26 septembre 2009 à Besançon, par le laboratoire de Recherches philosophiques sur les sciences de l'action, la Maison des Sciences de l'Homme et de l'Environnement Claude Nicolas Ledoux de l'université de Franche-Comté et le musée des Beaux Arts de Besançon, avec le soutien du conseil général du Doubs. Il s'intègre dans un projet de recherche des philosophes et historiens sur les idées socialistes, républicaines et démocratiques au XIXe siècle et leurs prolongements dans le XXe.


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Courbet : la source de la Loue

 

Contact : Hervé Touboul - Laboratoire de Recherches philosophiques sur les sciences de l'action - Université de Franche-Comté -Tél. (0033/0) 3 81 66 54 43 - htouboul@aol.com

Contact : Anne Vignot - Laboratoire Chrono-environnement - Université de Franche-Comté - Tél. (0033/0) 3 8l 66 64 47 47anne.vignot@univ-fcomte.fr

Contact : Pascal Reilé - Cabinet Reilé Pascal - Tél. (0033/0) 3 81 51 89 76 - pascal.reile@eabinetreile.fr

Source : En Direct, le Journal de la Recherche et du transfert de l’Arc Jurassien numéro 225 - juillet-août 2009

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02/10/2009

Source de la Loue et gorges de Nouailles

Loue_logo.jpgSource de la Loue
et gorges de Nouailles
 
par André Guyard
 
(Dernière mise à jour : 15/11/2014)
 
 
Source de la Loue_114-1.jpg
La source de la Loue est une résurgence du Doubs
dont l'ouverture mesure 60 m de large et 32 m de haut
 

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La résurgence s'ouvre dans une falaise bajocienne de 104 m de haut
 

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Au niveau de la source, la reculée présente une tectonique tourmentée
 

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La source de la Loue
 
Le cours supérieur du Doubs et celui de son affluent le Drugeon subissent une série de pertes dans la région de Pontarlier et d'Arçon. À la suite de l'incendie des usines Pernod de Pontarlier du dimanche 11 août 1901 à 12 h 30, 650 m3 d’alcool, dont 470 m3 d’absinthe sont déversés dans le puits perdu de l’usine et dans le Doubs.

Le mardi 13 août 1901 à 12 h, une forte odeur d’absinthe est décelée à la source de la Loue et jusqu’à 25 km en aval ; le fils du chimiste Berthelot (Marcellin), en vacances à Mouthiers, envoya pour analyse à son père, un échantillon d’eau de la Loue ; Berthelot conclut à l’origine non naturelle de cette odeur !
Le Doubs se perd partiellement entre Arçon et Maison-du-Bois dans les calcaires du Kimméridjien supérieur et du Portlandien. Il réapparaît à la source de la Loue à 550 m d’altitude, dans les calcaires du Bajocien.

Le 31 août 1910, 100 kg de fluorescéine sont déversés dans le Doubs en amont de Maison-du-Bois par E. Fournier. La coloration réapparaît deux jours plus tard à la source de la Loue.

Or, le débit moyen du Doubs est de 5 m3/s ; celui de la Loue à sa source est de 10 m3/s : d'autres cours d’eau souterrains viennent donc alimenter la Loue, en plus des propres pertes du Doubs.

En 1978, 10 kg de fluorescéine sont déversés au gouffre du Gros Foyard par le laboratoire de géologie de Besançon, sous la direction de P. Chauve ; le colorant réapparaît 4 jours après à la source de la Loue.

En décembre 2008, le cabinet Reilé déverse de la fluorescéine dans un réseau souterrain au niveau du Château de Joux au niveau de la Cluse-et-Mijoux : le colorant réapparaît quelques jours plus tard à la source de la Loue (voir article prochain).

Toutes ces expérimentations confirment que la Loue constitue une résurgence du bassin du Doubs dans la région de Pontarlier à 800 m d'altitude.
R.C.Source de la Loue-(1)-12-10-08..jpg
Les pertes du Doubs et du Drugeon
dans la région de Pontarlier
(document dû à Gilbert Michaud)
 
La source de la Loue a engendré, par érosion régressive, une reculée connue sous le nom de "Gorges de Nouailles". Il s'agit d'un splendide cours d'eau dont le cours supérieur est très apprécié des pêcheurs de truite à la mouche. Présentation ici de sa partie apicale jusqu'au village de Mouthier-Hautepierre.
 
Gorges de Nouailles.jpg
Les gorges de Nouailles vues du belvédère de Renédale
 
La reculée entaille les calcaires du jurassique moyen, entraînant la formation de falaises propices à la nidification de différents rapaces, tous protégés.

 

Falaise à faucon.jpg
Falaises propices à la nidification de rapaces

 

Gd duc_03.jpg
Hibou Grand Duc


Hibou Grand Duc
 
 
 
faucon pèlerin_04.jpg
Faucon pélerin au vol

Faucon pélerin

 
 
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Même le Circaète Jean-le-Blanc s'est récemment montré dans la vallée de la Loue

 

Les bords du plateau ainsi entamé par la reculée sont couverts d'une forêt sèche.

 

Forêt sèche.jpg
Forêt sèche

 

Polypore bai (Polyporus durus).jpg

Polypore bai (Polyporus durus)

sur une souche de la forêt sèche

 

Vallée sèche.jpg
Vallée sèche dont l'emplacement indique une circulation d'eau sous-jacente
 
Vachesgalloway.jpg
Des vaches écossaises de race galloway sont utilisées pour le débroussaillage des pâtures
 
 
Lapiaz.jpg
Des lapiaz entaillent le sol, trahissant la pénétration
des eaux de pluie acidifiées par l'humus et sa percolation
à travers les strates calcaires du jurassique moyen
 
Barrage hydroélectrique de la source de la Loue_130.jpg
Barrage hydroélectrique de la source de la Loue
 
La Loue près de sa source_1231.jpg
Chute en éventail à proximité de la source
 

loue,botanique,karst,jura,tuf,résurgence

Le grand Saut

 
La Loue près de sa source_1171.jpg
Cours de la Loue ralenti par un barrage
 
La Loue_170.jpg
Une succession de seuils séparés par des mouilles oxygène l'eau
 
 
En suivant le sentier qui longe la Loue rive gauche, quelques observations photographiques.
 
Mousse (Plagiomnium ?)_0126.jpg
Plagiomnium undulatum (Bryophytes)
 
La Loue_1901.jpg
Les eaux limpides de la Loue
 
Truite fario.jpg
La transparence de l'eau permet d'apercevoir
quelques truites fario à la robe zébrée caractéristique
 
Actée en épi, Herbe de saint Christophe (Actaea spicata)_0174.jpg
Actée en épi, Herbe de saint-Christophe
(Actaea spicata)
 
Barbe de bouc, Reine des bois (Aruncus dioicus)_101.jpg
Barbe de bouc, Reine des bois
(Aruncus dioicus)
 
Aconit tue-loup (Aconitum lycoctonum)_164.jpg
Aconit tue-loup
(Aconitum lycoctonum)
 
Mélique penchée (Melica nutans)_103.jpg
Mélique penchée
(Melica nutans)
 
Chapelière, Herbe aux teigneux (Petasites hybridus)_1491.jpg
Chapelière, Herbe aux teigneux
(Petasites hybridus)
 
Drave faux-aïzoon (Draba aizoides)_01061.jpg
Drave faux-aïzoon
(Draba aizoides)
 
Mousse_Mnium affine_0111.jpg
Plagiomnium affine
(Bryophytes)
 
Épiaire des bois (Stachys sylvatica)_1311.jpg
Épiaire des bois
(Stachys sylvatica)
 
Digitale-à-grandes-fleurs_Digitalis grandiflora_11.jpg
Digitale à grandes fleurs
(Digitalis grandiflora)
 
Saxifrage paniculée (Saxifraga paniculata)1.jpg
Saxifrage paniculée
(Saxifraga paniculata)
 
Lunaire vivace, Lunaire odorante (Lunaria rediviva)_1551.jpg
Lunaire vivace, Lunaire odorante
(Lunaria rediviva)
 
Moehringie mousse, Sabline mousse (Moehringia muscosa)01951.jpg
Moehringie mousse, Sabline mousse
(Moehringia muscosa)
 
 
La tuffière
 
Taillée dans les calcaires du jurassique moyen, la vallée est parcourue de ruisselets latéraux qui, percolant à travers les strates calcaires, se chargent de carbonate de calcium. L'eau qui sourd des roches calcaires dépose du tartre, au contact des mousses à travers lesquelles elle filtre. Cela forme progressivement une roche tendre, appelée tuf. Ce phénomène est très fréquent en relief karstique.
 
Cascatelles.jpg
Des cascatelles qui vont rejoindre la Loue
ou s'infiltrer dans le sol
 
Le tuf ou travertin est une roche sédimentaire calcaire d’origine organique, légère et vacuolaire. Elle a été utilisée comme pierre de construction, principalement pour ses qualités d’isolant thermique et phonique ; sa couleur varie du blanc au brun selon sa charge en matières organiques.

Les organismes tuffigènes (qui engendrent le tuf) sont généralement des Bryophytes (mousses), mais aussi des algues vertes et des cyanobactéries.
 
 
Comment se forme le tuf ?

 

L’eau courante traversant l'humus et la végétation devient acide en se chargeant de dioxyde de carbone (CO2). Elle attaque la roche calcaire formée de carbonate de calcium (CaCO3) insoluble) et libère les ions calcium (Ca²+) et hydrogénocarbonate (HCO3-). Ces derniers forment alors l’hydrogénocarbonate de calcium (Ca(HCO3)2 qui est soluble, selon la réaction suivante :

 

CaCO3+ CO2+ H2O => Ca(HCO3)2

 

Cette réaction est réversible : de sorte qu'au niveau de la tuffière, sous l’effet de la turbulence de l’eau, une partie du CO2 est libérée, engendrant ainsi la formation de calcaire qui vient se fixer autour des végétaux ainsi pétrifiés.

 

Ca(HCO3)2=> CaCO3+ CO2+ H2O

 
L'examen attentif de la tuffière nous permet de lire de haut en bas une véritable pétrogenèse en temps réel : on peut suivre l'évolution progressive du substrat fait de mousses se chargeant progressivement de calcaire pour aboutir, au bas de la falaise à une véritable roche.
 
Tuffière.jpg
La tuffière
 
Mousse tuffière_11.jpg
Stade 0 de la pétrification d'une mousse
(Hylocomium splendens)
 
Mousse tuffière_21.jpg
Stade 1 de la pétrification
 
Mousse tuffière_41.jpg
Stade 2 de la pétrification
 
Mousse tuffière_51.jpg
Stade ultime de l'évolution de la mousse en tuf
 
Tuf consolidé.jpg
Tuf consolidé
 
Maion bâtie en tuf.jpg
Mur en tuf d'une habitation de Mouthier-Hautepierre
 
Bords de fenêtre en tuf.jpg
La structure du tuf est bien visible
dans l'encadrement de la fenêtre
 
Pressia quadrata.jpg
Une hépatique qui adore le substrat tuffier
(Pressia quadrata)
 
Ctenidium molluscum_0128.jpg
Ctenidium molluscum
(Bryophytes)
 
Ctenidium molluscum_0127.jpg
Ctenidium molluscum
(Bryophytes)
 
Ctenidium molluscum_0124.jpg
Ctenidium molluscum
(Bryophytes)
 
Cirriphyllum piliferum.jpg
Cirriphyllum piliferum
(Bryophytes)
 
Tritons_larves_189.jpg
Larves de salamandres dans une vasque d'une cascade
 
Puceron lanigère_178.jpg
Pucerons lanigères
 
Usine hydroélectrique de Mouthiers-Hautepierre_2071.jpg
Usine hydroélectrique de Mouthier-Hautepierre
 
Orchis tacheté (Dactylorhiza maculata)_02121.jpg
Orchis tacheté
(Dactylorhiza maculata)
 
Céphalanthère rouge (Cephalanthera rubra).jpg
Céphalanthère rouge
(Cephalanthera rubra)
 
Œillet des rochers, œillet sauvage (Dianthus sylvestris)_1931.jpg
Œillet des rochers, œillet sauvage
(Dianthus sylvestris)
 
Chenille_Bombyx_2061.jpg
Chenille de Buveuse (Euthrix potatoria L.)
Famille des Lasiocampidae
 

Le long de la route, peu avant Mouthier-Hautepierre, une superbe et rare capillaire : la Capillaire de Montpellier, plus connue sous le nom de  Cheveu de Vénus, installée dans une fissure suintante de la falaise.

Capillaire de Montpellier, Cheveu-de-Vénus (Adiantum capillus-veneris)jpg.jpg
Capillaire de Montpellier, Cheveu-de-Vénus
(Adiantum capillus-veneris)
 
Coronille-bigarrée_Securigera varia.jpg
Coronille bigarrée
(Securigera varia)
 
 
Visite rapide du village de Mouthier-Hautepierre
 
Mouthier–Hautepierre est un village d'environ 400 habitants qui est remarquable
  • par la production d'un kirsch, fabriqué de façon artisanale depuis le XVIIe siècle, à partir de la Marsotte, variété de cerise locale ;

  • par son couple d'herpétologues célèbres, Césaire (1852-1906) et Marie Phisalix qui ont mis au point un vaccin contre les morsures de vipère ;
  • par son église des XIIe et XVIe siècles avec son clocher en tuf  et l'architecture de ses vieilles maisons.

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Le village de Mouthier-Hautepierre
 
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Vieilles maisons de Mouthier-Hautepierre
 
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L'église de Mouthier-Hautepierre au clocher bâti en tuf
 
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Mouthier-Hte-Pierre_248.jpg
Vierge à l'enfant (statue de bois)
 
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Statue de Saint-Vernier, patron des vignerons
 
Dans sa partie aval, la Loue parcourt les départements du Doubs et du Jura avant de rejoindre le Doubs aux environs de Dole (Jura).
 
Remerciements à Pierre Millet pour la détermination des plantes supérieures, à Michel Caillet pour la détermination des Bryophytes (= Mousses) et à Gilbert Michaud pour la carte de la source de la Loue.

La Mouillère : un des exutoires du système karstique de Thise - Chailluz - la Mouillère

 

Mouillère_logo.jpgLa Mouillère : l'un des exutoires
du système karstique
de Thise - Chailluz - la Mouillère
 
par Pascal Reilé & André Guyard

 

En pleine ville de Besançon, un petit ruisseau sort de terre au pied de l'avenue Foch, juste derrière l'immeuble "Le Président" et la rue Isenbart au niveau d'un parking occupant une petite reculée au fond de laquelle sort la source de la Mouillère. Il s'agit d'une source karstique autrefois aménagée qui sort à la limite de la Grande Oolithe (Bajocien supérieur) et du Bathonien. Le relief montre l’enfoncement du réseau karstique. La Mouillère est un petit cours d'eau discret, qui se jette dans le Doubs sur quelques centaines de mètres au pied de la Tour de la Pelote.

 

La présente source s'est déplacée au cours des temps. En effet, on peut observer sur la gauche au pied des escaliers qui accèdent à la rue Isenbart à partir de l'avenue Edgar-Faure,  un affleurement de travertins obstruant en partie l’entrée de galeries qui se développent dans des diaclases verticales du calcaire bathonien et témoignent d’une ancienne sortie de la source de la Mouillère. Ces calcaires tabulaires, fins, de couleur blanche, s’observent encore le long de la rue Isenbart.

 

Mouillère_source02-1.jpg
La source de la Mouillère
Une source vauclusienne qui jaillit en pleine ville de Besançon (cliché André Guyard)

 

La source de la Mouillère est l'exutoire principal du bassin versant de Thise - Chailluz, système karstique qui alimente, pour un tiers de ses besoins, la Ville de Besançon. Selon les mesures effectuées par la Diren Franche-Comté, son module (débit moyen interannuel) est de 540 l/s.

 

Mouillère_source06-1.jpg
Une rivière prisonnière entre parking et immeubles
(cliché André Guyard)
 
 
Il s'agit d'une résurgence ou source vauclusienne, c'est-à-dire de l'émergence d'un ruisseau ou d'une rivière souterraine.

 

D'une façon plus technique, c'est une source dont la karstification s'est développée sous le niveau de l'exutoire. La lithologie et la fracturation s'opposent à la circulation de l'eau, qui émerge alors.

 
Mouillère_source09-1.jpg
Un couple de colverts a élu domicile auprès de la source
(cliché André Guyard)
 
 
Mouillère_source12-1.jpg
Peu avant son embouchure, la Mouillère emprunte le fossé des remparts
(cliché André Guyard)
 
Mouillère_source14-1.jpg
La Mouillère rejoint le Doubs au niveau de la Tour de la Pelote
(cliché André Guyard)

 

La tour de la Pelote[1] a été construite au XVe siècle (1475), afin de renforcer les fortifications de la ville fragilisées par l’apparition des canons. Après la conquête française, Vauban la conserve et l’intègre à ses remparts.



[1] Occupée par un restaurant, un incendie survenu en 2013 a détruit la tour qui sera restaurée.

 

karst,jura

 La tour bourguignonne de la Pelote (XVe) et au fond

la tour carrée de Montmart (XIIIe) sur le bastion de Battant (cliché Patrick Rolin)

Circulations souterraines Mouillère2.jpg
Circulations souterraines aboutissant à la source de la Mouillère
Document : cabinet Pascal Reilé

 

Le système karstique de la source de la Mouillère a été défini lors de différentes campagnes de colorations et d'études hydrogéologiques.

 

La surface totale de son impluvium (zone d'absorption), majoritairement constitué de terrains perméables, est de 43 km2.

 

 

Un système karstique fonctionnel polyphasé

 

C'est une composante principale d'un système karstique dit « actif » où l'on retrouve plusieurs « étages » de circulations souterraines hiérarchisées : les modifications des conditions extérieures, notamment les variations du niveau de base hydrogéologique, entraînent rétablissement de nouvelles structures de drainages, intégrant, abandonnant ou colmatant les anciennes.

 

Une source exploitée de longue date

 

Dès le XVIIe siècle, des moulins exploitaient la force hydraulique de cette source.

 

Dans les années 1950, ces eaux furent captées par la Brasserie Gangloff qui fabriquait de la bière et de la limonade.

 

Un fonctionnement hydrologique perturbé

 

Tout comme celui du Trébignon, le petit ruisseau situé à Thise, le fonctionnement hydrologique de la source de la Mouillère est influencé par l'exploitation de l'aquifère au niveau des forages de Thise et de Chailluz.

 

Ces forages se situent respectivement dans la "plaine de Thise", à proximité de l'ensemble sportif qui jouxte l'aérodrome et sur les hauteurs de Thise en contrebas du CD 486.

 

Les plongées souterraines, l'exploration : un complément essentiel aux études scientifiques

 

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Coupe géologique dans le réseau karstique de la Mouillère
Document Cabinet Pascal Reilé

(Vue détaillée : clic sur le document)

 

karst,jura

Légende de la coupe géologique
Document : cabinet Pascal Reilé
 

Au-delà des diverses études menées pour identifier les circulations souterraines sous la Ville de Besançon, une plongée dans la source a reconnu, dans les années 1989, un puits naturel d'une profondeur comprise entre - 60 m et - 50 m.

 

D'autres plongées, effectuées en 1998, ont permis de dépasser cette limite, en remontant une galerie sur 50 m jusqu'à la profondeur de - 40 m.

 

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Coupe topographique de la résurgence de la Mouillère
Document : cabinet Pascal Reilé

 

La suite de la galerie, difficilement pénétrable, n'a pas encore ouvert ses portes aux plongeurs spéléologues.

 

Remerciements au cabinet Pascal Reilé qui nous a fourni gracieusement les documents topographiques et les commentaires relatifs à ces mêmes documents.

 

Le gouffre de Chalezeule a livré ses secrets : l'eau qui le parcourt ressort à la source de la Mouillère en pleine ville de Besançon

 

logo.jpgLe gouffre de Chalezeule a livré ses secrets : l'eau qui le parcourt ressort à la source de la Mouillère en pleine ville de Besançon


par Pascal Reilé

 

Le cabinet Pascal Reilé (Études Conseils Aménagements) est chargé par la Ville de Besançon du suivi des circulations souterraines sur le périmètre du Grand Besançon.

 

Dans le cadre d'un rapport de synthèse de nouvelles connaissances intéressant l'Est bisontin et publié le 26 février 20089, le cabinet a procédé à des traçages à partir


  • du Centre d'Enfouissement Technique des Andiers (commune de Thise),,
  • de l'ancienne décharge (commune de Thise),
  • de l'exutoire du Point du Jour, de la croisade Route forestière Cul des Prés-Chemin des Relançons (commune de Besançon),
  • au niveau des dolines de la Forêt de Chailluz, le long de la Route forestière du Cul des Prés (commune de Besançon),
  • au niveau du gouffre des Andiers (dénommé gouffre des Lunettes du Maire par le Groupe Spéléologique qui assura l'exploration de cette cavité).

 

L'apparition brutale de ce gouffre en décembre 2008 a fait l'objet d'un article sur ce site (voir ci-dessous). À sa publication, nous n'étions pas en mesure de fournir les résultats du traçage des eaux souterraines empruntant ce gouffre. Le présent article précise ce traçage.

 

Coupe géologique2.jpg

Coupe géologique passant par le gouffre des Andiers

(Vue détaillée : clic sur le document)


 

 

TRAÇAGE AU NIVEAU DU GOUFFRE DES ANDIERS (CHALEZEULE)

 

1 - CONDITIONS D'INJECTION

 

SITUATION : L'injection du colorant a été réalisée au niveau du gouffre ouvert sous le réseau routier.

 

Renseignements du point d'injection :

 

Commune de Chalezeule, zone industrielle de Besançon-Thise-Chalezeule.

 

Toponymie du point d'injection : Gouffre des Andiers

 

Coordonnées Lambert II : X 881.695 - Y 225841 - Z 280 m

 

Contexte géologique : calcaire du Jurassique moyen

 

INJECTION : 2 kg de fluorescéine poussés par 15 000 l d'eau

 

DATE : 20 janvier 2009

 

CONDITIONS LORS DE L'INJECTION : coloration réalisée en situation de moyennes eaux.

 

2 - SITES DE SURVEILLANCE

 

Les points de suivi ont été surveillés par prélèvements d'eau et analyses de fluocapteurs.

 

L'analyse a été effectuée (analyse au fluorimètre de laboratoire).

 

1 - Captage de Thise (suivi en continu)  ;

2 - Captage de Chailluz ;

3 - Ruisseau du Trébignon (Thise) ;

4 - Source du camping (Chalezeule) ;

5 - Source de la Mouillère (Besançon).

 

Réapparition du colorant2.jpg
Réapparition du colorant
(Vue détaillée : clic sur le document)

 

3 - RÉAPPARITION DU COLORANT

 

Lors du suivi, les stations de Thise et Chailluz étaient en situation de pompage normal.

 

La réapparition du colorant a été clairement identifiée sur fluocapteurs 9 jours plus tard à la source du Camping et les 15 jours suivant à la source de la Mouillère.

 

Aucune réapparition n'a été observée aux captages de Thise et de Chailluz.

 

Aucune réapparition n'a été observée sur les autres points de suivi.

 

Renseignements du point de réapparition :


Toponymie du point de réapparition : Source de la Mouillère Commune de Besançon X 879,065 ; Y 2256,017 ; Z 250m

 

Fiabilité : réapparition sur fluocapteur et sur eau


Source du Camping, Commune de Chalezeule X 882,388 ; Y 2258,216 ; Z 245m


Fiabilité : réapparition sur fluocapteur et sur eau

 

Distance du point de réapparition : 2 578 m et 1800 m

 

Vitesse apparente dans le milieu souterrain : 12 m/h et 5,4 m/h

 

Bassin hydrologique : Doubs.

 

Chalezeule_Mouillère2.jpg
Parcours des eaux souterraines


4 – VITESSE DE TRANSIT


Le traçage permet d'identifier un transit très lent dans un karst fossile non relié à un drain fonctionnel.

 

 

 

Traçage

Réapparition

Distance

Temps de réapparition

(début de restitution)

Vitesse

de transit

Gouffre des Andiers

20 janvier 2009

Source de la

Mouillère

2578 m

216 h

12 m/h

 

 

Tous les documents et textes qui constituent le présent article sont tirés du compte-rendu des traçages effectués par le Cabinet Reilé Villa St-Charles - 25 720 BEURE, email pascal.reile@cabinetreile,fr

 

Nous remercions vivement les chargés d'étude : Céline MOINE, Lionel BRABANT, Antoine QUIDOZ et Pascal REILÉ.

 

Sous la route : un gouffre

 

Gouffre_Chalezeule_09—logo.jpgSous la route : un gouffre

 

par Michel Cottet & André Guyard

 

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La zone dangereuse est sécurisée

Vers la mi-décembre 2008, un véhicule, circulant sur la RD 218 sur le territoire de la commune de Chalezeule dans la zone industrielle de Besançon-Thise-Chalezeule, a vu soudain la chaussée s'effondrer à son passage : un trou d'un mètre de diamètre venait de s'ouvrir sous ses roues. Pas de blessés heureusement. Un coup d'œil sur l'orifice montrait un gouffre béant. Les services de la DDE s'activèrent à sécuriser l'endroit. Au cours du déplacement des autorités sur les lieux, le Maire perdit ses lunettes qui disparurent dans le gouffre.

 

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Les Services des Territoriaux d’Aménagements, Direction des Routes et des Infrastructures du Conseil Général du Doubs sont à pied d’œuvre
 

Les Services des Territoriaux d'Aménagements, Direction des Routes et des Infrastructures du Conseil Général du Doubs firent appel au Comité Départemental de Spéléologie du Doubs (GSD) pour explorer ce gouffre baptisé dès lors le Gouffre des Lunettes du Maire.

 

L'exploration eut lieu le mardi 20 janvier 2009. Participaient à cette exploration : Jean-Louis Thollon, Jean-Marie Martin (GCPM), Jean-Marc Rias (GSSF), Michel Cottet (GSCB), Arnaud Goy, Pierre Bourgoin, Emmanuel Ruiz (GSD) ainsi qu'un hydrogéologue : Pascal Reilé.

 

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Le périmètre de l’excavation est matérialisé
par une trace de peinture

 

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Les cordages d’accès sont amarrés à une pelle mécanique
 
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Purge manuelle des blocs menaçants
 
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Un appareil de détection multi-gaz descendu par une corde permettra de contrôler l’atmosphère du gouffre

Le présent article constitue un résumé du rapport d'exploration du gouffre mis à notre disposition par Emmanuel Ruiz et Michel Cottet que nous remercions vivement.

 

Un gouffre de 23 mètres de profondeur

 

L'orifice affecte successivement le bitume routier et une sous-couche routière de granulats calcaires disposés sur une couche de calcaire bathonien massif brun roux de 50 cm d'épaisseur. Le puits s'élargit à travers des calcaires plus fracturés de 2 m d’épaisseur, avec des parois très instables sur une importante fissure d’orientation NNE avec des traces de surfaces de friction rocheuses conduisant à penser que des mouvements tectoniques ont eu lieu déjà dans cette zone.

 

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Le fond du puits est atteint : profondeur 20 m
La désobstruction manuelle d’un passage étroit permet de découvrir une cavité adjacente

 

Dès 4 à 5 mètres sous la surface, les parois deviennent saines, avec un concrétionnement bien présent en paroi Est (stalagmites et coulées colorées par des oxydes de fer). Dès lors, l’essentiel de la suite du gouffre se développe dans une faille fortement inclinée, bien visible, avec un miroir de faille en paroi Ouest, formant la voûte.

 

À - 9,5 m en paroi Est, on note une petite arrivée d’eau dont la couleur grisâtre indiquerait un apport d’eaux de lessivages de la chaussée.

 

Vers - 14 m, le concrétionnement de calcite ancien et épais (0, 30 m minimum) en paroi Est montre une reprise de corrosion très conséquente avec des suintements et rigoles profondes, obérant la calcite pour mettre à nu le calcaire massif gris blanchâtre sous jacent, découpant la paroi de lames d‘érosion acérées (comme dans un gouffre alpin) et cela jusqu’au fond du puits.

 

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Stalactites et stalagmites
 
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Circulation d’eau
Une eau très corrosive qui a découpé
des lames d’érosion dans la paroi
 
Gouffre_Chalezeule_141.jpg
Autre circulation d’eau

La base du puits d’entrée, à partir de - 18 m, est occupée par des blocs rocheux provenant de l’effondrement de la voûte. Les anfractuosités en base de paroi Est sont localement assez joliment concrétionnées.

Le conduit principal, large de 3 à 3,50 m maximum environ au niveau du sol, se poursuit en forte pente vers l’Ouest ; il présente un abaissement de la voûte à 20 m de profondeur. Ce passage bas donne accès à une zone plus large et un peu plus haute (2 m de large x 1, 4 m de haut), mais complètement colmatée par le remplissage de blocs et de morceaux de bitume.

 

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Relevé de la topographie du gouffre
 
Gouffre_Chalezeule_161.jpg
Prises de notes et de photos
 

Le fond de la cavité montre des dépôts d’argile de décarbonatation, au sol et sur les parois, qui témoignent d’une montée des eaux temporaire, mais sans doute régulière, sur 5 à 6 m d’amplitude verticale. Il s'agit sans doute du toit de la nappe phréatique karstique sous-jacente, de niveau variable en fonction des conditions hydrologiques.

Au niveau de la base du puits, une lucarne étroite, entre la paroi Ouest (le « miroir de faille ») et la paroi Est donne accès à une cavité assez vaste, descendant très rapidement.

Direction le Sud, une galerie semble s’amorcer dont la voûte remonte à 7, 5 m de hauteur, en pleine roche.

Continuant vers l’Ouest, un méandre impénétrable au bout de 5 à 6 mètres, s’insinue dans une masse rocheuse claire, puissamment corrodée, lavée par des écoulements et parcouru par un ruisselet d’aspect limpide. Ce ruisselet (débit évalué à 1 litre/minute) quitte le méandre en crevant le sol de la galerie, par un puits au sommet très étroit, très propre, impénétrable d’accès, mais s’évasant rapidement et donnant apparemment sur un autre puits. Le lit du ruisselet recèle des galets roulés, éclats et cailloutis de chaille émoussés bien colorés de manganèse, contrastant avec le fond clair du calcaire bathonien lavé par l’eau courante. L’écoulement du ruisselet semble permanent et lave les dépôts d’argile en mettant la roche à nu en période de désaturation de ce karst actif.

 

 

Comment s'est formée cette cavité ?

 

Les puits et galeries du gouffre se sont creusés en élargissant la faille NNE – SSW (zone de fracturation et de circulation préférentielle des eaux d’infiltration) par des phénomènes bien connus de dissolution-corrosion chimique des calcaires par les eaux de pluie naturellement chargées d’acide carbonique en traversant l’atmosphère et naguère d’acides humiques émis par les sols et les végétaux avant l’implantation de la zone industrielle.

Le phénomène de cavitation a été favorisé ici par la présence des matériaux broyés, fragilisés au contact de la faille, ainsi que par les circulations d’eau sous-jacentes. Ces écoulements ont provoqué des soutirages importants et évacuent peu à peu les matériaux effondrés provenant des voûtes et des parois. Il faut souligner que ces phénomènes sont toujours en cours d’évolution relativement rapide dans ce karst actif, où nous avons observé d’importantes reprises d’érosion.

La gravité naturelle a aminci progressivement la voûte du principal puits vertical, donnant lieu, sous l’effet des vibrations répétées et du poids des véhicules à la formation d’un orifice d'effondrement par lequel nous avons pu accéder à la cavité.

 

Dans quel contexte environnemental se situe cette cavité ?

 

La faille se prolonge vraisemblablement dans le même axe NNE-SSW sous la chaussée, d'une part en direction du centre commercial Carrefour, d'autre part en direction de la déchetterie des Andiers.

Les bancs de calcaires fracturés en partie supérieure du gouffre (limite probable Bathonien -Callovien) subissent en permanence les effets gravitaires liés aux vibrations et à la charge pondérale de la circulation routière. De légers affaissements de la chaussée sont visibles autour de l'orifice du gouffre exploré. De petites dépressions ont déjà fait l’objet d’ajouts réguliers de couches de bitume.

Il faut aussi inscrire l'importance de ce karst actif encore très peu connu dans le contexte hydrogéologique régional. Sont concernées la zone de captage de l’aérodrome de Thise (captages AEP de la Ville de Besançon), la source du Trébignon à Thise et la source de la Mouillère au centre ville de Besançon. Dans cette optique, le cabinet Reilé a procédé à un traçage à la fluoroescéine de la circulation souterraine.

 

Gouffre_Chalezeule_171.jpg

 

Topographie du gouffre
À gauche : vue en plan du gouffre.

À droite : coupe du gouffre.

Au centre : plan de situation du gouffre

par rapport à la route

(Vue détaillée : clic sur le document)

 

En conclusion

Le rapport des spéléologues se termine en soulignant deux aspects majeurs :

- La synergie aléas karstiques/tectoniques, d'une part, et risques liés à la circulation routière, d'autre part, peut entraîner d'autres effondrements de chaussée ;

- Les observations hydrogéologiques permises par cette exploration (écoulements d’eau, fluctuations du niveau piézométrique du toit de la nappe phréatique karstique) soulignent la nécessité de maintenir le fonctionnement naturel des circulations des eaux souterraines.

Dans cette optique, la cavité mériterait des travaux de génie civil permettant de maintenir un accès contrôlé (exemple : dalle sur l’orifice, galerie coffrée ou buse déportée à l’ouest, regard avec tampon d’accès en accotement de chaussée). Un suivi de l’évolution du karst et des eaux souterraines in situ serait alors possible.

Nota : Fin janvier 2009, une dalle de béton est venue sécuriser la route en fermant l'orifice ignorant la demande de construction de ce tampon de visite demandée par les spéléologues.

Un grand merci au Comité départemental de Spéléologie du Doubs (www.speleo-doubs.com), en particulier à son président Emmanuel Ruiz qui dirigeait les opérations et qui est l’auteur de la synthèse du rapport d’exploration du gouffre, document que nous avons largement exploité, ainsi qu’à Michel Cottet du Groupe Spéléologique Clerval Baume-les-Dames, auteur de la description du gouffre et coauteur du présent article.


Crédit photos : Michel Cottet, Jean-Louis Thollon et Jean-Marie Martin.


Topographie du gouffre : Arnaud Goy et Jean-Marc Rias.


Report topographique
: Jean-Marc Rias.