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31/01/2016

Cascade et tuffière

Cascade fougueuse

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

Qu'elle est belle cette cascade de Roches alimentée par les pluies de ces derniers jours ruisselant du plateau supérieur de Roches les Blamont !

 

Pour accéder à cette formation de tuf sur laquelle s'écoule l'eau vive, il suffit d'emprunter près du temple le chemin qui s'engage dans la forêt avant de rejoindre la fontaine du même nom, toute aussi charmante.

 

À peine plus loin à votre droite, le petit sentier vous conduira au pied de la cascade, mais il faut en profiter au passage pour observer la cascade depuis le haut.

 

Une tufière est un site formé par une roche sédimentaire calcaire appelée tuf calcaire ou travertin. C’est l’eau provenant d’une source calcaire proche qui est à l’origine de ces concrétions et leur donne un aspect insolite.

 

La Cascade de Roches les Blamont s'impose dans ce style au Pays de Montbéliard et son accès très facile même par une météo pluvieuse permet de la contempler au plus soutenu de son débit.

 

Les plus courageux pourront même s'engager dans la petite grotte profitant ainsi de la chute d'eau à l'intérieur de la cascade.

 

Et pour le photographe, trépied-photo et clic-clac en vitesse lente transformeront les filets d'eau qui s'écoulent en rideaux aquatiques sur un écrin de mousse.

Cascade-Delfino-450.jpg

Cliché © Dominique Delfino

 

02/10/2009

Source de la Loue et gorges de Nouailles

Loue_logo.jpgSource de la Loue
et gorges de Nouailles
 
par André Guyard
 
(Dernière mise à jour : 15/11/2014)
 
 
Source de la Loue_114-1.jpg
La source de la Loue est une résurgence du Doubs
dont l'ouverture mesure 60 m de large et 32 m de haut
 

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La résurgence s'ouvre dans une falaise bajocienne de 104 m de haut
 

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Au niveau de la source, la reculée présente une tectonique tourmentée
 

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La source de la Loue
 
Le cours supérieur du Doubs et celui de son affluent le Drugeon subissent une série de pertes dans la région de Pontarlier et d'Arçon. À la suite de l'incendie des usines Pernod de Pontarlier du dimanche 11 août 1901 à 12 h 30, 650 m3 d’alcool, dont 470 m3 d’absinthe sont déversés dans le puits perdu de l’usine et dans le Doubs.

Le mardi 13 août 1901 à 12 h, une forte odeur d’absinthe est décelée à la source de la Loue et jusqu’à 25 km en aval ; le fils du chimiste Berthelot (Marcellin), en vacances à Mouthiers, envoya pour analyse à son père, un échantillon d’eau de la Loue ; Berthelot conclut à l’origine non naturelle de cette odeur !
Le Doubs se perd partiellement entre Arçon et Maison-du-Bois dans les calcaires du Kimméridjien supérieur et du Portlandien. Il réapparaît à la source de la Loue à 550 m d’altitude, dans les calcaires du Bajocien.

Le 31 août 1910, 100 kg de fluorescéine sont déversés dans le Doubs en amont de Maison-du-Bois par E. Fournier. La coloration réapparaît deux jours plus tard à la source de la Loue.

Or, le débit moyen du Doubs est de 5 m3/s ; celui de la Loue à sa source est de 10 m3/s : d'autres cours d’eau souterrains viennent donc alimenter la Loue, en plus des propres pertes du Doubs.

En 1978, 10 kg de fluorescéine sont déversés au gouffre du Gros Foyard par le laboratoire de géologie de Besançon, sous la direction de P. Chauve ; le colorant réapparaît 4 jours après à la source de la Loue.

En décembre 2008, le cabinet Reilé déverse de la fluorescéine dans un réseau souterrain au niveau du Château de Joux au niveau de la Cluse-et-Mijoux : le colorant réapparaît quelques jours plus tard à la source de la Loue (voir article prochain).

Toutes ces expérimentations confirment que la Loue constitue une résurgence du bassin du Doubs dans la région de Pontarlier à 800 m d'altitude.
R.C.Source de la Loue-(1)-12-10-08..jpg
Les pertes du Doubs et du Drugeon
dans la région de Pontarlier
(document dû à Gilbert Michaud)
 
La source de la Loue a engendré, par érosion régressive, une reculée connue sous le nom de "Gorges de Nouailles". Il s'agit d'un splendide cours d'eau dont le cours supérieur est très apprécié des pêcheurs de truite à la mouche. Présentation ici de sa partie apicale jusqu'au village de Mouthier-Hautepierre.
 
Gorges de Nouailles.jpg
Les gorges de Nouailles vues du belvédère de Renédale
 
La reculée entaille les calcaires du jurassique moyen, entraînant la formation de falaises propices à la nidification de différents rapaces, tous protégés.

 

Falaise à faucon.jpg
Falaises propices à la nidification de rapaces

 

Gd duc_03.jpg
Hibou Grand Duc


Hibou Grand Duc
 
 
 
faucon pèlerin_04.jpg
Faucon pélerin au vol

Faucon pélerin

 
 
circaète_03.jpg

Même le Circaète Jean-le-Blanc s'est récemment montré dans la vallée de la Loue

 

Les bords du plateau ainsi entamé par la reculée sont couverts d'une forêt sèche.

 

Forêt sèche.jpg
Forêt sèche

 

Polypore bai (Polyporus durus).jpg

Polypore bai (Polyporus durus)

sur une souche de la forêt sèche

 

Vallée sèche.jpg
Vallée sèche dont l'emplacement indique une circulation d'eau sous-jacente
 
Vachesgalloway.jpg
Des vaches écossaises de race galloway sont utilisées pour le débroussaillage des pâtures
 
 
Lapiaz.jpg
Des lapiaz entaillent le sol, trahissant la pénétration
des eaux de pluie acidifiées par l'humus et sa percolation
à travers les strates calcaires du jurassique moyen
 
Barrage hydroélectrique de la source de la Loue_130.jpg
Barrage hydroélectrique de la source de la Loue
 
La Loue près de sa source_1231.jpg
Chute en éventail à proximité de la source
 

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Le grand Saut

 
La Loue près de sa source_1171.jpg
Cours de la Loue ralenti par un barrage
 
La Loue_170.jpg
Une succession de seuils séparés par des mouilles oxygène l'eau
 
 
En suivant le sentier qui longe la Loue rive gauche, quelques observations photographiques.
 
Mousse (Plagiomnium ?)_0126.jpg
Plagiomnium undulatum (Bryophytes)
 
La Loue_1901.jpg
Les eaux limpides de la Loue
 
Truite fario.jpg
La transparence de l'eau permet d'apercevoir
quelques truites fario à la robe zébrée caractéristique
 
Actée en épi, Herbe de saint Christophe (Actaea spicata)_0174.jpg
Actée en épi, Herbe de saint-Christophe
(Actaea spicata)
 
Barbe de bouc, Reine des bois (Aruncus dioicus)_101.jpg
Barbe de bouc, Reine des bois
(Aruncus dioicus)
 
Aconit tue-loup (Aconitum lycoctonum)_164.jpg
Aconit tue-loup
(Aconitum lycoctonum)
 
Mélique penchée (Melica nutans)_103.jpg
Mélique penchée
(Melica nutans)
 
Chapelière, Herbe aux teigneux (Petasites hybridus)_1491.jpg
Chapelière, Herbe aux teigneux
(Petasites hybridus)
 
Drave faux-aïzoon (Draba aizoides)_01061.jpg
Drave faux-aïzoon
(Draba aizoides)
 
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Plagiomnium affine
(Bryophytes)
 
Épiaire des bois (Stachys sylvatica)_1311.jpg
Épiaire des bois
(Stachys sylvatica)
 
Digitale-à-grandes-fleurs_Digitalis grandiflora_11.jpg
Digitale à grandes fleurs
(Digitalis grandiflora)
 
Saxifrage paniculée (Saxifraga paniculata)1.jpg
Saxifrage paniculée
(Saxifraga paniculata)
 
Lunaire vivace, Lunaire odorante (Lunaria rediviva)_1551.jpg
Lunaire vivace, Lunaire odorante
(Lunaria rediviva)
 
Moehringie mousse, Sabline mousse (Moehringia muscosa)01951.jpg
Moehringie mousse, Sabline mousse
(Moehringia muscosa)
 
 
La tuffière
 
Taillée dans les calcaires du jurassique moyen, la vallée est parcourue de ruisselets latéraux qui, percolant à travers les strates calcaires, se chargent de carbonate de calcium. L'eau qui sourd des roches calcaires dépose du tartre, au contact des mousses à travers lesquelles elle filtre. Cela forme progressivement une roche tendre, appelée tuf. Ce phénomène est très fréquent en relief karstique.
 
Cascatelles.jpg
Des cascatelles qui vont rejoindre la Loue
ou s'infiltrer dans le sol
 
Le tuf ou travertin est une roche sédimentaire calcaire d’origine organique, légère et vacuolaire. Elle a été utilisée comme pierre de construction, principalement pour ses qualités d’isolant thermique et phonique ; sa couleur varie du blanc au brun selon sa charge en matières organiques.

Les organismes tuffigènes (qui engendrent le tuf) sont généralement des Bryophytes (mousses), mais aussi des algues vertes et des cyanobactéries.
 
 
Comment se forme le tuf ?

 

L’eau courante traversant l'humus et la végétation devient acide en se chargeant de dioxyde de carbone (CO2). Elle attaque la roche calcaire formée de carbonate de calcium (CaCO3) insoluble) et libère les ions calcium (Ca²+) et hydrogénocarbonate (HCO3-). Ces derniers forment alors l’hydrogénocarbonate de calcium (Ca(HCO3)2 qui est soluble, selon la réaction suivante :

 

CaCO3+ CO2+ H2O => Ca(HCO3)2

 

Cette réaction est réversible : de sorte qu'au niveau de la tuffière, sous l’effet de la turbulence de l’eau, une partie du CO2 est libérée, engendrant ainsi la formation de calcaire qui vient se fixer autour des végétaux ainsi pétrifiés.

 

Ca(HCO3)2=> CaCO3+ CO2+ H2O

 
L'examen attentif de la tuffière nous permet de lire de haut en bas une véritable pétrogenèse en temps réel : on peut suivre l'évolution progressive du substrat fait de mousses se chargeant progressivement de calcaire pour aboutir, au bas de la falaise à une véritable roche.
 
Tuffière.jpg
La tuffière
 
Mousse tuffière_11.jpg
Stade 0 de la pétrification d'une mousse
(Hylocomium splendens)
 
Mousse tuffière_21.jpg
Stade 1 de la pétrification
 
Mousse tuffière_41.jpg
Stade 2 de la pétrification
 
Mousse tuffière_51.jpg
Stade ultime de l'évolution de la mousse en tuf
 
Tuf consolidé.jpg
Tuf consolidé
 
Maion bâtie en tuf.jpg
Mur en tuf d'une habitation de Mouthier-Hautepierre
 
Bords de fenêtre en tuf.jpg
La structure du tuf est bien visible
dans l'encadrement de la fenêtre
 
Pressia quadrata.jpg
Une hépatique qui adore le substrat tuffier
(Pressia quadrata)
 
Ctenidium molluscum_0128.jpg
Ctenidium molluscum
(Bryophytes)
 
Ctenidium molluscum_0127.jpg
Ctenidium molluscum
(Bryophytes)
 
Ctenidium molluscum_0124.jpg
Ctenidium molluscum
(Bryophytes)
 
Cirriphyllum piliferum.jpg
Cirriphyllum piliferum
(Bryophytes)
 
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Larves de salamandres dans une vasque d'une cascade
 
Puceron lanigère_178.jpg
Pucerons lanigères
 
Usine hydroélectrique de Mouthiers-Hautepierre_2071.jpg
Usine hydroélectrique de Mouthier-Hautepierre
 
Orchis tacheté (Dactylorhiza maculata)_02121.jpg
Orchis tacheté
(Dactylorhiza maculata)
 
Céphalanthère rouge (Cephalanthera rubra).jpg
Céphalanthère rouge
(Cephalanthera rubra)
 
Œillet des rochers, œillet sauvage (Dianthus sylvestris)_1931.jpg
Œillet des rochers, œillet sauvage
(Dianthus sylvestris)
 
Chenille_Bombyx_2061.jpg
Chenille de Buveuse (Euthrix potatoria L.)
Famille des Lasiocampidae
 

Le long de la route, peu avant Mouthier-Hautepierre, une superbe et rare capillaire : la Capillaire de Montpellier, plus connue sous le nom de  Cheveu de Vénus, installée dans une fissure suintante de la falaise.

Capillaire de Montpellier, Cheveu-de-Vénus (Adiantum capillus-veneris)jpg.jpg
Capillaire de Montpellier, Cheveu-de-Vénus
(Adiantum capillus-veneris)
 
Coronille-bigarrée_Securigera varia.jpg
Coronille bigarrée
(Securigera varia)
 
 
Visite rapide du village de Mouthier-Hautepierre
 
Mouthier–Hautepierre est un village d'environ 400 habitants qui est remarquable
  • par la production d'un kirsch, fabriqué de façon artisanale depuis le XVIIe siècle, à partir de la Marsotte, variété de cerise locale ;

  • par son couple d'herpétologues célèbres, Césaire (1852-1906) et Marie Phisalix qui ont mis au point un vaccin contre les morsures de vipère ;
  • par son église des XIIe et XVIe siècles avec son clocher en tuf  et l'architecture de ses vieilles maisons.

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Le village de Mouthier-Hautepierre
 
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Vieilles maisons de Mouthier-Hautepierre
 
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L'église de Mouthier-Hautepierre au clocher bâti en tuf
 
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Vierge à l'enfant (statue de bois)
 
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Statue de Saint-Vernier, patron des vignerons
 
Dans sa partie aval, la Loue parcourt les départements du Doubs et du Jura avant de rejoindre le Doubs aux environs de Dole (Jura).
 
Remerciements à Pierre Millet pour la détermination des plantes supérieures, à Michel Caillet pour la détermination des Bryophytes (= Mousses) et à Gilbert Michaud pour la carte de la source de la Loue.