04/04/2019
Festival international inter'nature Saint-Claude (Jura)
Festival international inter'nature Saint-Claude (Jura)
12-13-14 avril 2019
12/09/2018
MONTAGNE D’OR EN GUYANE : LE DÉBAT PUBLIC SOULÈVE LES IMPOSSIBILITÉS DU PROJET
COMMUNIQUÉ DE PRESSE VENDREDI 07/09/18 SEPTEMBRE 2018
MONTAGNE D’OR EN GUYANE : LE DÉBAT PUBLIC SOULÈVE LES IMPOSSIBILITÉS DU PROJET
Lire également le coup de gueule d'Isabelle Autissier du 16/10/2018 (Sciences & Avenir)
Aujourd’hui sont rendues publiques les conclusions du débat public sur le projet de mine « Montagne d’or » en Guyane. France Nature Environnement se félicite que ce débat, qui a eu lieu à sa demande, ait permis de mieux informer la population et de mettre en lumière les manques béants dans la construction du projet et la minimisation des risques par le porteur du projet. Il renforce notre détermination à demander l’abandon de ce projet.
Manque d’évaluation environnementale précise
575 ha de forêt amazonienne primaire disparaîtraient pour l'aménagement des infrastructures de la mine industrielle, de la piste et de la ligne électrique. Pas moins de 2000 espèces, dont 127 espèces protégées, vont voir leur habitat détruit ou perturbé.
Pourtant, peu d’éléments ont été fournis par les porteurs du projet à propos de son impact sur l’environnement et la santé des populations. C’est pourtant la préoccupation majeure de notre époque, comme le démontre les opinions exprimées lors du débat public. Les auditions de scientifiques qui ont eu lieu à l’occasion de ce débat n’ont fait que renforcer l’alerte donnée par France Nature Environnement et ses membres sur l’effet dévastateur qu’aurait cette mine aux dimensions monstrueuses. L’or est une ressource non renouvelable et non nécessaire, qui plus est paradoxalement source de misère et de violence. Au contraire, la biodiversité, l’eau, l’air, nous sont eux indispensables pour vivre et donner un avenir viable et pacifique à notre société.
Pour Ginette Vastel, responsable du réseau risques industriels : « Le débat montre une forte inquiétude sur les effets du projet sur la santé et des interrogations légitimes mais prises à la légère par les extractivistes sur leur recours au cyanure, dont nous demandons l’interdiction. Par le passé, des accidents très graves et des ruptures de digues sont pourtant survenus et ont dramatiquement contaminé cours d’eau et nappes phréatiques ».
Pas de consensus sur le principe de l’exploitation des mines d’or
Une des conclusions du débat renvoie vers une question essentielle : doit-on se lancer dans une politique d’exploitation aurifère industrielle en Guyane ? Est-ce le type de développement qui est souhaité pour ce territoire ? Le débat sur ce projet a clairement fait apparaitre que la population était très divisée sur le principe même de l’exploitation des mines d’or au regard des pollutions graves qu’elle engendre et des risques pour les riverains.
Pour Rémi Girault, président de Guyane Nature Environnement : « Les conséquences pour les habitants et la nature en Guyane sont bien trop graves pour qu’un tel projet soit autorisé, qui plus est sans que la population n’ait jamais été convenablement consultée au préalable sur le type de développement souhaité. Pourtant, les populations guyanaises ont clairement montré leur intérêt et leur souhait de contribuer plus activement à ce réel choix de société. Nous demandons donc un débat sur l’exploitation de l’or en Guyane, dont les conclusions du débat public soulignent l’utilité en préalable à toute décision sur ce projet de mine de la Montagne d’or ».
Pour Michel Dubromel, président de France Nature Environnent, « Nous demandons au Gouvernement de montrer qu’il a entendu le message de Nicolas Hulot lors de sa démission : il ne s’agit plus de trouver des compromis, de faire du « moins pire ». La situation est trop grave et trop urgente. Pour des projets aussi dévastateurs, il n’est plus possible de les autoriser sans analyse précise de ses impacts et surtout, sans consensus de la population sur le modèle de développement souhaité. Pour nous, les conclusions du débat public sont claires : le projet Montagne d’or ne peut pas être autorisé ». Lire le dossier « La Montagne d'Or en Guyane : un gouffre environnemental et financier » Voir toutes les publications de France Nature Environnement sur la Montagne d’or |
14:24 Publié dans Actualité des Sciences, Géologie-hydrogéologie-Climatologie, Médecine, Pollution | Tags : france nature environnement, montagne d'or, guyane, forêt amazonienne primaire, biodiversité | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
18/05/2018
Biodiversité : le plan dont "tout le monde se fiche"
COMMUNIQUE DE PRESSE JEUDI 17 MAI 2018
BIODIVERSITÉ :
LE PLAN DONT « TOUT LE MONDE SE FICHE » ARRIVE
« La biodiversité, tout le monde s’en fiche, à part quelques-uns » disait, il y a peu, Nicolas Hulot. Les grands axes de mobilisation en faveur de la biodiversité qu’il présentera à Marseille ce 18 mai 2018 changeront-ils la donne ? Impatiente et vigilante face à ces annonces bienvenues, France Nature Environnement fera en tout cas partie de ceux qui suivront avec grande attention le plan d'action gouvernemental et feront des propositions concrètes pour le nourrir, convaincus qu’il doit contribuera à enrayer la sixième extinction massive des espèces en cours.
Le Plan biodiversité, dont « tout le monde se fiche » est pourtant capital
Dans un cri du coeur, Nicolas Hulot réclamait en mars dernier un "sursaut d’indignation" aux parlementaires pour défendre la faune et la flore et appelait à la mobilisation collective. Le ministre d’Etat présente quelques semaines plus tard les grands axes de cette mobilisation. Ceux-ci devraient constituer l’ossature du futur plan Biodiversité 2020. Pour la fédération, ce plan doit être un pilier fort de l'édifice à construire pour répondre à l’immense défi, qu’est celui de la préservation du patrimoine naturel, avec qui nous avons une communauté d’origine et de destin.
Car les sonnettes d'alarme n’ont que trop retenti. Le dernier rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, comme les indicateurs[1] de l’Observatoire national de la biodiversité montre que la sixième extinction massive des espèces se passe partout et aussi ici, en France. Notre pays, située dans 5 des 36 « points chauds » de biodiversité identifiés au niveau mondial et faisait partie des 18 pays abritant la biodiversité la plus riche, a besoin de (re)trouver une ambition sur l’enjeu biodiversité.
« Mais cet enjeu ne doit plus être le dossier du seul ministère de l'Écologie. Il doit être porté pleinement par les ministères en charge de l'Agriculture, de l'Industrie ou encore des Transports. En somme, l'ensemble de l'action publique » met en garde Jean-David Abel, vice-président de France Nature Environnement. « Si Nicolas Hulot reste seul, il sera en capacité de mettre en place quelques mesures mais elles seront inévitablement insuffisantes »
Plan biodiversité 2020 : comment peut-il relever le défi ?
En sus d’une mobilisation interministérielle, la reconquête de la biodiversité nécessite des crédits supplémentaires, ce qui est faisable sans creuser la dette publique. France Nature Environnement recommande de supprimer les aides publiques dommageables à la biodiversité et de réorienter les économies dégagées au soutien des comportements vertueux. Énergie, transports, agriculture… l'argent public ne doit plus financer l'érosion de la biodiversité. Ces mesures devront également être appuyées par l’investissement des collectivités territoriales, notamment des régions dans le cadre de leur compétence biodiversité et à l’occasion du déploiement la "trame verte et bleue" et de son intégration dans les documents d'urbanisme.
Des actions concrètes, opérationnelles et transversales, de court et moyen termes sont également attendues. Pour France Nature Environnement, cela veut dire mettre en œuvre des décisions déjà prises comme le fait d'établir les plans de protection de 55 000 hectares de mangroves d’ici 2020 et de 75 % des récifs coralliens d'ici 2021 ou encore d'expérimenter en Outre Mer un réseau d'aires protégées s'inspirant du réseau Natura 2000. Ou encore, prendre des décisions sans regrets, comme, par exemple, de retirer la belette et le putois de la liste nationale des espèces susceptibles de causer des dégâts. Et aussi engager des travaux de réforme fiscale et foncière.
Ces mesures devront également être appuyées par l’investissement des collectivités territoriales, notamment des régions dans le cadre de leur compétence biodiversité et à l’occasion du déploiement la « trame verte et bleue » et de son intégration dans les documents d'urbanisme.
Michel DUBROMEL, président de France Nature Environnement, conclut : « Le futur plan national en faveur de la biodiversité doit constituer le point de départ d’un nouvel engagement fort de l’ensemble de la société, et en premier lieu de l’État. Le gouvernement aura-t-il un sursaut d'indignation face à l'érosion de la biodiversité ? Est-il enfin prêt à passer à l'action ? C'est ce que nous attendons clairement des annonces de ce vendredi. »
France Nature Environnement est la fédération française des associations de protection de la nature et de l´environnement. C´est la porte-parole d´un mouvement de 3500 associations, regroupées au sein de 74 organisations adhérentes, présentes sur tout le territoire français, en métropole et outre-mer. France Nature Environnement, partout où la nature a besoin de nous.
08:31 Publié dans Actualité des Sciences, Biologie | Tags : france nature environnement, biodiversité, nicolas hulot | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | | |
10/06/2016
Cartographie des rivières
Cartographie des rivières
Juin 2016 — Le projet national de cartographier les rivières de France est ressenti par les associations de protection de la naturer et des cours d'eau en particulier comme une menace pour la biodiversité. Ainsi en témoignent ces deux articles de la Presse bisontine et de l'Est républicain.
LA PRESSE BISONTINE JUIN 2016
La cartographie des cours d'eau menace-t-elle les milieux aquatiques ? L'état sanitaire des cours d'eau sera-t-il affecté par cette évolution de la réglementation ?
Sous l'égide de la DREAL, l'État met en place actuellement un relevé cartographique des cours d'eaux français. L'objectif avoué est le recensement de tous les cours d'eau de France. L'objectif secondaire, selon les défenseurs des milieux aquatiques, "sous la pression des lobbies en particulier celui de l'agriculture intensive", et de permettre la réalisation de travaux (barrages, retenues collinaires, drainages, canalisation, etc.) sans autorisations sur tous les cours d'eau qui n'auront pas été recensés. Ils seront nombreux puisqu'un travail exhaustif est quasiment impossible, surtout dans les têtes de bassin et que le temps imparti est trop limité.
"Cela fait planer une menace majeure de destruction totale, sur nombre de ruisseaux et zones humides" estime le collectif S.O.S. Loue et rivières comtoises. Car les têtes de bassins sont justement des zones d'une grande richesse, où la biodiversité est majeure, où se trouvent bon nombre de frayères de truites et batraciens et où subsistent les dernières écrevisses autochtones de notre pays. "Sans parler des espèces d'insectes les plus polluosensibles dont c'est souvent le dernier réservoir." Comme notre région est bien entendu concernée au premier chef, le collectif S.O.S. Loue et rivières comtoises s'est emparé de la problématique grâce à l'un de ses membres, Michaël Prochazka.
Une réunion s'est tenue à ce sujet le 19 mai 2016 à la DREAL à Besançon. Selon Michaël Prochazka, "la décision en haut lieu a déjà été prise et la participation minoritaire du monde associatif aux différents groupes de travail liés à ce projet n'est qu'un artifice de plus, la représentation largement plus importante des structures représentant les lobbies demandeurs de cette "réforme" en est une preuve." Selon le spécialiste, "en Franche-Comté comme ailleurs en France, les conséquences potentielles risquent d'être dramatiques, car les cours d'eau non recensés deviendront des "écoulements", comme l'avoue le compte rendu officiel de la première réunion, et ne seront soumis à aucune démarche avant travaux." À suivre.
Est Républicain 24/05/2016
Franche-Comté : la cartographie des cours d’eau ne satisfait pas les défenseurs des zones humides
Pour Michel Prochazka, de SOS Loue et rivières comtoises, ne pas prendre en compte les zones humides dans cette cartographie pourrait avoir de graves conséquences.
Besançon. Pendant vingt ans, il a été le chef de l’Onema dans le Doubs, ces gardes de l’ancien Conseil supérieur de la pêche dont les attributions se sont tournées progressivement vers la protection des milieux aquatiques avant toute chose. Aujourd’hui retraité, Michael Prochazka est de ceux qui ont vu arriver, en 1992, la loi sur l’eau, avec un réel bonheur.
Enfin, cette ressource essentielle à la vie était reconnue en tant que telle. « Même si certains braillent qu’elle est trop contraignante, je crois que ce principe est rentré dans les mœurs. Plus personne, ou presque, aujourd’hui ne conteste la réalité du changement climatique, avec des événements extrêmes, de plus en plus fréquents et de plus en plus proches… »
Toutefois, une récente décision du ministère de l’environnement inquiète ce spécialiste reconnu qui s’est aujourd’hui engagé auprès de SOS Loue et rivières comtoises. En novembre dernier, il a été demandé aux préfets de dresser une cartographie des cours d’eau. En soit, rien d’affolant de prime abord mais, l’idée de figer dans le marbre une situation paraît « aberrante » à Michael Prochazka. « Ce sera obligatoirement faux car un réseau hydrologique est évolutif. » Qui plus est en ne retenant que le critère de « cours d’eau », on néglige le plus important en amont aux yeux de l’environnementaliste « les têtes de bassin et le chevelu qui les alimentent. »
Des zones indispensables
Ces écoulements, « difficiles à inventorier, parfois temporaires, souvent au sein de zones humides pas toujours reconnues, font partie d’écosystèmes qui jouent le rôle de filtre et de stockage de l’eau, indispensables à la prévention des crues et à la préservation de la ressource en eau ».
Les négliger, au profit d’une nomenclature essentiellement pragmatique présente donc un risque de voir s’y développer par des entrepreneurs peu avisés ou trop intéressés des modifications profondes sans plus aucun contrôle.
« Si ces écoulements ne sont pas classés on pourra les boucher, les curer, les buser, avec des effets non négligeables sur le bassin-versant. En clair on perd la maîtrise du réseau. Sans même parler des petites bêtes qui les habitent, ils ont un rôle de régulation sur les étiages et les inondations. »
Pour Michael Prochazka la préservation de ces zones humides « qui ne coûtent pas cher et ne servent à rien d’autres devrait être au sommet de nos préoccupations. Ce qui est paradoxal, c’est que la façon de voir les choses à travers cette cartographie entraîne une nouvelle réduction du champ d’application d’une loi sur l’eau, régulièrement détricotée, alors que les services de l’État chargés de la faire appliquer ont toujours moins de moyens. »
Pour donner une idée de l’importance des phénomènes aquatiques naturels, Michael Prochazka croule d’anecdotes. « Un soir d’orage, je me suis amusé à mesurer la hauteur d’eau tombée en vingt minutes dans ma piscine et à projeter cette donnée sur la surface bétonnée de la zone de Châteaufarine à Besançon. Cela représentait 50.000 m³ d’eau qui, finalement, via le réseau d’évacuation des eaux pluviales retourne dans le Doubs qui peut l’absorber. Mais imaginez la même quantité d’eau filant directement dans la Savoureuse. Les zones humides permettent en absorbant la pluie de limiter l’impact immédiat sur le milieu. »
Pour le naturaliste, cette « réforme » cède aux « lobbys » opposés à la loi sur l’eau et à tout encadrement de leurs pratiques.
Fred JIMENEZ
09:05 Publié dans Actualité des Sciences, Environnement-Écologie, Géologie-hydrogéologie-Climatologie, Limnologie-hydrobiologie, Pollution | Tags : cartographie des cours d'eau, bassin versant, tête de bassin, biodiversité, frayères à truites, insectes polluosensibles;lobbies agricoles, agriculture intensive | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
13/06/2011
Le Lynx dans le Jura
Le Lynx boréal dans le Jura
Lynx lynx Linné 1758 (famille des Félidés)
par André Guyard
(dernière mise à jour : 7 avril 2017)
Le sauvetage de deux petits lynx orphelins par Athenas (voir article relâcher de deux jeunes lynx), a soulevé une polémique dans le monde des chasseurs francs-comtois. C'est l'occasion de faire le point sur ce prédateur magnifique.
Appelé autrefois Loup-cervier, d'une stature équivalente à celle d'un berger allemand, le Lynx boréal est beaucoup plus grand que le Chat domestique et le Chat sauvage. Il est doté d'un arrière-train puissant, de longues pattes, d'une queue très brève et noire à l'extrémité. Ses oreilles se terminent par un long pinceau de poils. Le pelage roussâtre ou gris, plus ou moins couvert de taches foncées. La face ventrale est plus claire et à peine tachetée.
Lynx boréal
(dessin de H. Diller)
Les formes de lynx à pelage tacheté se rattachent à l'espèce ibérique Lynx pardina, connue sous le nom français de Lynx pardelle. En fait, les deux formes de lynx s'hybrident entre elles. Chez l'espèce ibérique, Lynx pardina, la coloration et les taches sont plus contrastées que chez les sujets nordiques. En maintes régions, par exemple dans les Carpathes, on rencontre des sujets très tachetés et d'autres qui le sont à peine.
Lynx pardelle de la péninsule ibérique
(dessin de H. Diller)
Dimensions : Longueur totale du corps : 80 cm-130 cm ; queue de 11-25 cm ; hauteur au garrot : 60-75 cm ; poids : 15-38 kilos. Le mâle est un peu plus grand et plus lourd que la femelle.
Empreintes de lynx boréal dans la boue
(cliché P. Dahlström)
Les empreintes ressemblent beaucoup à celles du Chat, mais elles sont plus grandes. L'empreinte de la patte antérieure mesure environ 6,5 cm de long et 5 cm de large alors que celle de la patte postérieure mesure 7,5 cm de long sur 6 cm de large.
Empreintes de lynx boréal dans la neige
(cliché P. Dahlström)
Empreinte dans la neige
Répartition : Le Lynx boréal occupe le centre et le nord de l'Eurasie ainsi qu'en Amérique du Nord (Alaska. Canada). Aux États-Unis et dans le sud du Canada, on rencontre également deux autres espèces : le Lynx du Canada (Lynx canadensis)un peu plus petit et le Lynx roux (Lynx rufus). En Eurasie, on rencontre le Lynx boréal jusqu'à l'Himalaya et le Deccan au sud et le bord de la toundra au nord.
Lynx du Canada (Cliché J. Chester)
Lynx roux (Cliché Don Debold)
Le Lynx boréal était autrefois bien répandu dans la plus grande partie de l'Europe continentale, surtout dans la taïga et les forêts de montagne. Actuellement, il est éteint dans la plupart des pays d'Europe et il ne subsiste que de petites populations en Péninsule Ibérique, Scandinavie ainsi que dans l'est et le sud de l'Europe : Balkans, Tatras, Carpathes. Actuellement des programmes de réintroduction du Lynx dans sa zone de répartition d'origine et notamment en Suisse et dans d'autres régions d'Europe. C'est ainsi qu'il a déjà été réintroduit en Allemagne (Forêt de Bavière), en Suisse (depuis 1970), en Yougoslavie et en France (Vosges) depuis 1983.
Petite vidéo filmée par Vincent Munier et Marie Amiguet.
En Franche-Comté, notamment dans le département du Doubs, le Lynx boréal avait disparu dans les années 1950. Cette disparition n'a pas été subite. La raréfaction de l'espèce a été progressive au cours des siècles pour aboutir à son extinction à la fin du XIXe siècle. Comme dans d’autres pays d’Europe, plusieurs facteurs ont contribué à la disparition du lynx jurassien : déforestation importante, raréfaction des populations d’ongulés sauvages (chevreuil, chamois) et destructions directes perpétrées sur une population en constante régression. La dernière donnée connue fait état d’un individu abattu sur la commune de Salins-les-Bains en 1885, dans le Jura.
C'est à la faveur de la réintroduction d'une vingtaine d'individus en Suisse entre 1972 et 1975, que certains d'entre eux ont franchi la frontière. Le retour de l’espèce dans le Massif jurassien est attesté par le tir d’une femelle le 20 octobre 1974 à Thoiry, dans l’Ain.
Avec une aire de répartition de 8496 km2, et une densité moyenne de 1 à 1,5 Lynx pour 100 km2, l'espèce est aujourd'hui bien implantée dans le massif.
Répartition du Lynx en Europe (1) et en France (2)
(d'après Pôle Grands Prédateurs Jura)
Depuis cette date, le Lynx a colonisé une grande partie de la façade est du pays, principalement dans les trois grands massifs montagneux que sont les Alpes, le Jura et les Vosges. Une petite vingtaine de départements français est concernée par la présence du félin, que ce soit de façon permanente, irrégulière ou récente.
Mais c’est dans le Massif jurassien (Ain, Jura, Doubs) que l’espèce est la mieux implantée.
L’aire de présence totale du Lynx en France, au cours de la période triennale 2005-2007 est de 17 307 km2. La répartition par massif est la suivante :
* Massif jurassien : 8946 km2
* Massif alpin : 4734 km2
* Massif vosgien : 3627 km2.
Il n’existe aucune méthode directe permettant de connaître de façon certaine le nombre de lynx vivant en France. Le procédé le plus logique pour tenter d’évaluer l’effectif de la population est d’effectuer le rapport entre la surface de présence estimée et la densité théorique de référence. Les valeurs de densités retenues sont celles déterminées par Breitenmoser-Würsten et al. (2007) dans le Massif jurassien variant de 1,1 à 1, 6 individus pour 100 km2.
En tenant compte des réserves inhérentes à cette méthode (sur ou sous estimation de l’aire de présence occupée, extrapolation de la densité mesurée dans un secteur à l’ensemble de l’aire de présence), l’effectif de lynx en France, au cours de la période 2005-2007, serait de 112 à 163 individus avec une l'estimation par massif suivante (cf Pôle Grands Prédateurs Jura) :
- Massif jurassien : 74 à 108 individus,
- Massif vosgien : 23 à 34 individus,
- Massif alpin : 15 à 22 individus.
Habitat : surtout les forêts (de feuillus, conifères ou mixtes) comportant des éclaircies. Également lieux secs, rocheux, riches en buissons. De la plaine à la haute montagne (2700 m).
Biologie : Rarement en couples les lynx sont normalement solitaires, crépusculaires et aussi nocturnes et diurnes. Une seule portée de 2 à 3 jeunes voit le jour en été, dans une tanière on dans un arbre creux, une fente de rocher ou tout autre site similaire. Les jeunes restent en compagnie de leur mère jusqu'à l'année suivante. Leur voix est semblable à celle des chats domestique et sauvage mais au printemps le mâle émet un cri perçant lors du rut. Son hurlement prend fin par un grondement plus doux.
Le Lynx occupe un territoire allant de 10 à 300 km carrés (celui du mâle recouvre normalement ceux de plusieurs femelles qui sont plus petits). Dans son territoire, il suit des itinéraires plus ou moins réguliers. Le repaire où les jeunes naissent se trouve à la base d'un arbre creux, parmi des rochers, sous un arbre renversé. Perception des mouvements excellente, ouïe très fine. Chasse à l'affût et à l'approche.
Nourriture : Le régime alimentaire du lynx boréal se compose quasi exclusivement d'ongulés de taille moyenne (Chevreuil et chamois). Il y a des variantes à ce régime mais elles concernent surtout les subadultes (jeunes en cours de dispersion qui consomment une part importante de petites proies, notamment des renards).
Reproduction et longévité : copulations au printemps (plus tôt dans le sud, plus tard dans le nord). Gestation : 9 à 11 semaines. Généralement 2 ou 3 petits qui ouvrent les yeux à la fin de leur 2e semaine et sont allaités environ 2 mois, âge auquel ils quittent le nid et commencent à manger des aliments solides. Durant les premières semaines, le mâle participe parfois à leur élevage. Les jeunes restent généralement avec leur mère jusqu'à la fin de leur première année et acquièrent la maturité sexuelle à 2 ans environ. Longévité : 18 ans.
Voix: semblable à celle des Chats sauvage et domestique ; au printemps cri perçant du mâle en rut: hurlement prenant fin par un grondement.
(dessin de B. Pearson)
Le jeune lynx de Plaimbois-du-Miroir
En octobre-novembre 2012, les habitants du village de Plaimbois-du-Miroir (Doubs) se sont passionnés pour un jeune lynx.
Bien connue de Stéphane Regazzoni, agent des services de l’Office nationale de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), sa mère l’avait mis au monde en juin dernier avec deux autres bébés dans la vallée du Dessoubre. Pour des raisons probablement alimentaires et biologiques, cette dernière l’a perdu ou abandonné, ce rejeton étant génétiquement le plus faible.
Le jeune félin a plusieurs fois été repéré aux abords du village, et notamment dans le bâtiment de stockage de fourrage de l’exploitation de Marie-Thérèse et Patrice Devillers, ce dernier étant par ailleurs le maire des lieux. Dimanche, il a été signalé dans le garage de Cyrielle et Julien Boillon et, mardi après-midi, plus précisément localisé sur des bottes de foin, dans leur grange, où François Vuillemin correspondant local de presse (Est Républicain) a pu l’approcher et le prendre en photo.
Le jeune lynx de Plaimbois-du-Miroir
© François Vuillemin
Alertés par l’ONCFC du Doubs et son directeur, Emmanuel Renaud, Gilles Moyne et deux bénévoles du centre Athenas de l’Étoile (39) ont obtenu les autorisations administratives pour essayer, mardi soir, de capturer l’animal, qui se nourrit actuellement de chats de ferme.
Si Gilles Moyne l’a touché avec son épuisette, le félin est cependant parvenu à trouver un passage sous la charpente de la ferme, avant de disparaître dans la nature.
Ajout du 7mars 2016 (info France3 Franche-Comté): un lynx aperçu et filmé dans la région de Pontarlier.
Doit-on s'inquiéter du retour du Lynx et du Loup dans le massif jurassien ?
La prédation exercée sur le cheptel domestique crée une gêne pour l'activité pastorale et les mesures de protection peuvent nécessiter des modifications dans le fonctionnement des exploitations agricoles et les pratiques de chasse. Ainsi, quels sont ces éléments qui déterminent les oppositions actuelles aux Lynx en Franche-Comté ?
Dans le cadre d'un stage de fin d'études consacré aux grands prédateurs que sont le Lynx et le Loup, Marie MONROLIN1 & Farid BENHAMMOU ont recueilli une quarantaine d'entretiens semi-directifs de mai à août 2014 dans les départements du Jura et du Doubs, auprès des acteurs locaux, régionaux et nationaux concernés par la problématique : professionnels de l'élevage, chasseurs, écologistes, scientifiques et membres des services de l'État (DREAL, DDT). Ils ont cherché à connaître l'origine des conflits entre les activités humaines et les grands prédateurs, la gestion et les mesures actuellement mises en place, les contraintes qu'elles peuvent amener, et éventuellement les propositions de solutions pouvant ressortir du terrain afin de mettre en place une anticipation durable. Ci-dessous un extrait des conclusions de ces deux auteurs.
- Origine des conflits entre activités humaines et grands prédateurs
Contrairement au massif des Alpes, le massif du Jura est majoritairement pâturé par des vaches montbéliardes pour la production de lait. Le secteur laitier et fromager est un enjeu économique important, notamment grâce à l'AOC Comté, qui permet le maintien d'un élevage en pays de montagne, avec une agriculture herbagère importante et la forte valeur ajoutée du lait.
Les troupeaux ovins y sont rares et modestes, répartis entre quelques éleveurs professionnels et une majorité de pluriactifs et de particuliers. Les éleveurs ovins conduisent leurs troupeaux sous forme de lots en parcs clos non gardés par l'homme, sur les terroirs les plus difficiles (VANDEL et al., 2001). Ces élevages sont les plus vulnérables aux attaques de grands prédateurs. Les attaques de Lynx, environ une centaine par an et les pertes sont de une à trois bêtes par an, indemnisées par l'État. Cependant la moitié des attaques de Lynx sur le massif jurassien est concentrée sur quelques exploitations. Ces foyers d'attaques sont généralement situés dans des parcs enclavés en forêt, une situation reconnue très favorable aux attaques de Lynx (STAHL et al, 2002). Dans ces contextes très particuliers, il a été montré que certains individus, dits « spécialisés », développaient un comportement de prédation régulier sur les moutons (STAHL et al., 2001). La disposition du lot (isolement, densité de la végétation, non gardiennage) favoriserait également l'émergence de tels comportements. Ce sont ces fortes concentrations d'attaques, qui ne concernent pourtant que quelques troupeaux, qui engendrent des situations de crispation de la part de l'ensemble des représentants du monde agricole sur le territoire franc-comtois, et des revendications pour une intervention sur les individus spécialisés (MONROLIN, 2014).
La situation concernant le Lynx reste conflictuelle, puisqu'un Lynx connu pour être responsable d'un foyer d'attaque a été braconné en 2014. Ainsi, la dynamique anti-Lynx est fluctuante en Franche-Comté, avec des phases différentes et des pics d'oppositions au rythme des attaques de Lynx.
L'arrivée du Loup en Franche-Comté provoque des réactions vives typiques des nouveaux fronts de colonisation (BENHAMMOU, 2007), et certaines exploitations dont le fonctionnement n'était pas menacé par des attaques ponctuelles de Lynx se retrouvent en difficulté face aux attaques de Loup.
Pour les éleveurs, les attaques et les dégâts de loups sur les troupeaux sont beaucoup plus impressionnants et choquants que les attaques de Lynx, qui causent moins de dégâts, directs et indirects aux troupeaux. Elles ont moins de conséquences économiques et psychologiques pour les éleveurs. Cette différence de contrainte au niveau des prédations et des mesures de protection sont des arguments qui font que le Lynx est valorisé par rapport au Loup par la majorité des acteurs locaux, et par les représentants des éleveurs eux-mêmes. Cette conception du Lynx comme un « moindre mal », est flagrant dans la sphère personnelle et les échanges individuels. En revanche, dès que l'on se situe dans un discours public syndical ou une manifestation, c'est le regain de tensions contre « tous les prédateurs » qui domine, Lynx et Loup étant mis au même plan.
Concernant les troupeaux de bovins, le Lynx n'a cependant jamais été une source d'inquiétude pour les éleveurs, que ce soit pour les éleveurs de vaches laitières ou allaitantes. Les représentants de la filière n'étaient d'ailleurs pas directement impliqués dans les problématiques de prédation de Lynx.
La protection du Lynx sur le massif jurassien constitue aussi une contrainte pour l'activité de la chasse, qui peut représenter des menaces et des risques sur ces espèces (braconnage, battues, mobilisation politique éventuelle) (BENHAMMOU, 2007). Bien que les fédérations des chasseurs du Jura, du Doubs et de l'Ain soient partenaires du suivi du Lynx dans le massif jurassien, la majorité des chasseurs, qui voit toujours ce félin comme un concurrent direct, reste réticente aux mesures de protection de l'espèce et demande une régulation de l'espèce pour protéger les ongulés.
Deux tendances ressortent des conflits avec le Loup et le Lynx sur le massif jurassien, qui mettent en avant les différences d'appréhension en fonction des espèces et des acteurs.
Ainsi, pour le Lynx, l'opposition principalement portée par les acteurs cynégétiques. Ils demandent une régulation du Lynx, alors que les représentants agricoles, sont plutôt favorables au tir ciblé de Lynx « spécialisé » dans les cas des foyers d'attaques évoqués précédemment. Le tir vise ici tout simplement à acheter la paix sociale. La potentialité du retour du Loup va alors desservir le Lynx et le remettre sur « le devant de la scène », même si le nombre global d'attaques de Lynx sur cheptel domestique diminue.
En revanche, pour le Loup, l'opposition est davantage portée par le monde agricole, en particulier les syndicats agricoles, et soutenue par le monde cynégétique. Les chasseurs se présentent alors comme des partenaires du monde agricole et de la puissance publique, en proposant leur service pour participer à la régulation de l'espèce par des tirs de prélèvement lors de battues (MONROLIN, 2014). Ces revendications sont soutenues et portées par certains élus locaux qui exercent une pression sur les préfets pour les obtenir.
Face à ces oppositions et la montée des conflits, les acteurs de l'environnement s'organisent pour assurer des populations pérennes de Lynx et de loups et favoriser la cohabitation et le dialogue en mettant en place des mesures de protection des troupeaux.
2. Gestion et mesures mises en place
Comme pour le Loup, le suivi biologique de la population de Lynx est coordonné par l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), qui réalise également les procédures de constat de dommages aux troupeaux. Le procédé d'indemnisation des dommages est en place et à la charge des Directions Départementales des Territoires, avec cependant des difficultés d'harmonisation des barèmes en fonction du prédateur, ce qui génère parfois l'incompréhension de la part des éleveurs. Cette administration et les procédures d'indemnisation subissent souvent les pressions politiques du préfet et de certains élus, contribuant à rendre difficile une gestion sereine et équitable des dossiers. Le climat politique local devient ainsi déterminant. Enfin, des interventions d'effarouchement ou de prélèvement sont possibles sur les deux espèces, à la différence qu'il n'existe pas d'arrêté ministériel pour dérogation à la protection de l'espèce Lynx, et que chaque cas doit fait l'objet d'une dérogation validée par le Conseil National de Protection de la Nature. Cependant, le passage de la décision par Paris, concernant une espèce gérée localement, ne facilite pas les débats avec les acteurs locaux.
Que ce soit pour le Lynx ou pour le Loup, les bases des mesures de protections promues par l'État sont similaires dans l'ensemble, avec la recommandation d'une présence humaine permanente, de chien de protections, et de clôture. Plusieurs facteurs sont cependant à prendre en considération pour comprendre les divergences en termes de politique de gestion en fonction des prédateurs.
Tout d'abord, ces mesures préconisées par l'État ont été développées dans un contexte d'élevage ovin dans le massif alpin et ne correspondent pas toujours au contexte de l'élevage ovin en Franche-Comté. De plus, du fait de la différence, en fonction des deux espèces, des modes d'attaques, des dégâts occasionnés et des moyens financiers et humains mis à disposition pour la gestion, les mesures de protection ne peuvent pas forcément être mises en place de la même façon.
En comparaison avec le dossier Loup, par l'ampleur de dégâts sur le cheptel et les enveloppes mises en œuvre, le dossier Lynx est le parent pauvre des politiques publiques concernant la protection et les gestions des grands prédateurs. Par exemple, les fonds publics consacrés au Lynx sont de l'ordre de 150 000 euros[1] alors que le budget Loup est de l'ordre de 10 millions.
L'absence d'une politique de financement des mesures de protection et d'accompagnement technique des exploitations agricoles constitue l'un des freins les plus importants pour la cohabitation avec le Lynx. Cette absence de mesures de protection a poussé des acteurs de l'environnement[2] à créer l'association « Pôle Grand Prédateurs Jura » (PGPJ) en 2007, soutenue financièrement par la DREAL Franche-Comté, afin de placer des chiens de protection, adaptés au système d'élevage en lots, pour contrer les attaques de Lynx, mais aussi pour permettre aux éleveurs d'anticiper le retour du Loup. Ce système de protection a fait ses preuves, puisque la plupart des exploitations équipées d'un chien n'a plus subi d'attaque de Lynx depuis. Le conseil général du Jura est venu en renfort du PGPJ en soutenant le dispositif d'acquisition d'un chien de protection par les éleveurs. Cela doit beaucoup à l'engagement personnel du Président socialiste du conseil général, Christophe PERNY, qui avait pris position pour les grands prédateurs et particulièrement pour le Lynx dont il souhaitait faire un emblème du département. Son opposition et une partie de son camp politique l'ont cependant énormément attaqué sur ses positions environnementales. Homme politique réputé intègre, indépendant et honnête, il doit céder sa place lors des élections départementales de 2015, véritable hécatombe pour les élus locaux socialistes. Des facteurs politiques nationaux ont vraisemblablement desservi cet élu, mais l'avenir du PGPJ qui pallie les déficiences locales en matière de gestion du Lynx se pose alors clairement.
Pour le Lynx, les mesures qui sont avérées les plus efficaces pour la protection des troupeaux sur le massif jurassien sont l'utilisation de clôture électrique et la présence d'un chien de protection avec le troupeau a montré son efficacité contre le Lynx. Cependant, les pouvoirs publics n'ont pas le même investissement en ressources humaines et financières que pour l'ours ou le Loup. Ces mesures ont un coût et ne sont pas forcément « rentables » pour l'éleveur si celui-ci ne subit que quelques attaques par an.
III. Freins à la gestion : résistance au changement et pouvoir périphérique
Ces actions en faveur de la cohabitation entre les activités humaines et les grands prédateurs se heurtent à des résistances au changement de la part, de certains acteurs du monde agricole et de la chasse.
Malgré une forte implication des acteurs des services de l'État sur le terrain, le manque de moyens techniques et financiers pour faire face aux attaques se fait sentir dans les territoires du Lynx. Pour les représentants agricoles, l'élevage de petits troupeaux, souvent divisés en lots, rend difficile, voire impossible l'application de ces mesures. Plus que la mise en place de mesures de protection, c'est l'organisation du système agricole qu'il s'agit de repenser pour faire face au retour des grands prédateurs. Mais derrière des arguments en apparence techniques, se cache en réalité une résistance idéologique refusant la prise en compte d'une contrainte naturelle associée à une politique de protection de la nature.
- Des solutions locales pour une meilleure acceptation des prédateurs
Pour se faire entendre, les acteurs locaux décident de prendre les choses en main, emploient différentes stratégies et proposent d'eux-mêmes des politiques d'accompagnement. Les services déconcentrés de l'État (DREAL, DRAAF, DDT), préoccupés par la cohabitation proposent des politiques d'accompagnement des éleveurs face aux attaques de Lynx en concertation avec les acteurs de la profession agricole. La création d'un poste de technicien pastoral, le financement de mesures expérimentales pour la protection des troupeaux contre le Loup, et la négociation de financement pour la protection des troupeaux contre le Lynx sont autant d'actions qui démontrent la volonté des services déconcentrés de l'État d'améliorer la cohabitation entre les hommes et les grands prédateurs.
Les associations de protection de l'environnement de leur côté proposent des actions locales de protection du Lynx, comme la mise en place par le Centre Athénas de signalisation routière sur les zones connues de collisions avec des Lynx, et des actions à l'échelle nationale avec la rédaction d'un plan Lynx et également des mesures pour le Loup.
Afin d'améliorer la cohabitation entre les activités d'élevage et les grands prédateurs, le Parc Naturel Régional du Haut-Jura a souhaité encourager plusieurs éleveurs ovins en affichant un soutien financier et humain dans leurs initiatives de protection des troupeaux. Les idées et les expérimentations de mesures venant d'éleveurs locaux sont ainsi moins sujettes aux controverses et aux critiques que des mesures proposées par les services de l'État, et souvent mieux acceptées par les autres éleveurs.
Alors que la présence du Lynx aurait pu permettre de préparer le retour du Loup, l'opposition de certains acteurs et les difficultés des pouvoirs publics à mettre en œuvre une politique lisible rendent difficile toute anticipation. Pourtant, concernant le Lynx, les services de l'État ne sont pas inactifs à l'image de la DREAL ou des DTT, mais ces dernières ne reçoivent ni les moyens, ni la commande politique claire pour asseoir la protection des grands prédateurs dans la région. Pour le Lynx, les pouvoirs publics ont longtemps utilisé la « béquille » du Pôle Grand Prédateur Jura à la mission avérée de service public dans l'installation et la promotion des mesures de protection. Le dossier Lynx est le parent pauvre de la gestion publique des grands prédateurs en France. Les mesures de protection sont identifiées, tout comme les résistances qui ne semblent pas insurmontables si une politique publique forte est décidée et mise en oeuvre à différentes échelles. De celle-ci également pourra résulter une vraie anticipation du retour du Loup qui paie les faiblesses surmontables du dossier Lynx.
Bibliographie
BENHAMMOU F. 2007. Crier au loup pour avoir la peau de l'ours : une géopolitique locale de l'environnement à travers la gestion et la conservation des grands prédateurs en France. Thèse de doctorat, Agro Paris Tech.
MERMET L., BILLE R., LEROY M., NARCY J.-B. & Poux X. 2005. L'analyse stratégique de la gestion environnementale : un cadre théorique pour penser l'efficacité en matière d'environnement. Natures sciences sociétés 13(2): 127-137.
MONROLIN M. 2014. Améliorer la cohabitation hommes - grands prédateurs : Le cas du lynx et du loup dans le Massif Jurassien. Mémoire de fin d'études, Master Agro Paris Tech Montpellier.
STAHL P., VANDEL J.-M., RUETTE S. & BALESTRA L. 2001. La prédation du lynx sur les moutons dans le massif du Jura. ONCFS rapport scientifique, CNERA Prédateurs - Animaux déprédateurs.
STAHL P., VANDEL J. M., RUETTE S., COAT L., COAT Y. & BALESTRA L. 2002. Factors affecting lynx predation on sheep in the French Jura. Journal of Applied Ecology 39(2): 204-216.
VANDEL J.-M., STAHL P., DURAND C., BALESTRA L., RAYMOND J. 2001. Des chiens de protection contre le lynx. Faune sauvage 254: 22-27.
[1] Il s'agit là d'un maximum, on en est à peine à quelques dizaines de milliers d'euros, mais le budget Lynx est difficile à définir.
[2] Dans l'analyse stratégique de la gestion de l'environnement, un acteur d'environnement est un acteur agissant concrètement pour le changement en faveur de la protection de l'environnement (associations, certaines administrations ...) (MERMET et al., 2005).
Dans son ouvrage (voir ci-dessous), Patrice Raydelet, président du Pôle Grands Prédateurs du Jura (PGPJ) évoque l'historique de la disparition et du retour du Lynx et du Loup dans le Jura et dresse l'état actuel des effectifs de ces prédateurs et de leur impact sur les troupeaux.
Il suggère les moyens de protection dont les éleveurs disposent, notamment l'usage d'ânes et de chiens de berger comme le Patou.
Couple de chiens patous
Le chien de montagne des Pyrénées ou Patou figure parmi les plus anciennes races françaises canines connues. Ce chien aux allures de seigneur a impressionné tous ceux qui l'ont croisé.
Le Patou séduit par sa puissance, sa fourrure, sa prestance. On s'y attache pour sa tendre affection et son dévouement sans borne.
Après avoir été le favori de la cour de Versailles, il est aussi la meilleure protection contre les prédateurs des troupeaux au Canada, en Israël et également en France. Sa présence dissuade les prédateurs comme les ours dans les Pyrénées, les loups, les lynx et surtout les chiens errants dans les Alpes
Chien patou et troupeau de moutons
(cliché Patrice Raydelet)
Le Patou fait partie du troupeau avec lequel il vit. L’approche de tout élément étranger (animal, chien, randonneur, VTT, etc.) déclenche son intervention. À votre approche, le chien vient vous flairer pour vous identifier. Ensuite il regagne son troupeau. S’il estime que vous êtes trop près, il peut tenter de vous intimider. Il vaut mieux alors contourner largement le troupeau.
Une mère et ses deux petits (cliché Patrice Raydelet)
En conclusion, en se référant à l’évolution positive de l’aire de présence régulière et l’ordre de grandeur moyen des effectifs, le statut de conservation du Lynx en France, sur la période 2005-2007, est jugé plutôt favorable.
Le pôle Grand Prédateurs Jura est optimiste. La situation géographique et le potentiel démographique du noyau de population font du Massif jurassien l’élément majeur d’une implantation durable du Lynx en France. En outre, les zones de contacts entre le sud du Jura et le nord des Alpes (Chaîne de l’Épine, Massif des Bauges, Chartreuse, Vercors) permettent aux subadultes, à la recherche de territoires inoccupés, de participer au processus de colonisation du Massif alpin. D’autre part, des indices de présence localisés dans la zone intermédiaire entre le nord du Massif jurassien et le sud du Massif vosgien laissent à penser qu’une connexion démographique entre ces deux populations soit en voie d’élaboration. Ces échanges permettraient un brassage génétique essentiel pour une population établie à partir d’un nombre relativement réduit d’animaux et pourraient aboutir à terme à la constitution d’une zone de présence compacte et homogène, indispensable à la conservation de l’espèce.
Début 2012, afin d'effectuer un comptage des lynx dans le secteur de la frontière avec la Suisse, dans les départements du Doubs, du Jura et de l’Ain, l’office national de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), la fédération régionale des Chasseurs de Franche-Comté, l’office national des Forêts, les fédérations départementales des Chasseurs et la Réserve Naturelle de la Haute Chaîne du Jura ont lancé une large étude de photographies intensives, L'échantillonnage comportait 74 points répartis sur 44 communes, couvrant une surface de près de 2 000 km².
En deux mois d’analyse, entre fin janvier et début avril 2012, 21 lynx ont été photographiés. Mais malgré ces flashages, certains animaux sont passés à travers le maillage du dispositif photographique et l'estimation sera corrigée en appliquant un modèle mathématique qui tiendra compte, en fonction du ratio d’individus enregistrés, de la probabilité que certains animaux aient pu échappé au dispositif. « Il y en aura peut-être un, deux, voire trois de plus. Mais nous sommes dans une fourchette normale, comparable à celle enregistrée par nos voisins suisses, d’1,2 individus pour 100 km² », explique Sylvain Gatti, chargé de l’enquête, qui a travaillé en partenariat étroit avec les différentes institutions dont les chasseurs qui ont aidé, par leur connaissance de la forêt et des indices potentiels, à placer les pièges photo aux endroits stratégiques.
Fait amusant, sur l'un des clichés recueillis, les auteurs de l'enquête ont eu la surprise de découvrir un loup, identifié formellement par les experts grenoblois. Ce loup a été photographié aux Molunes le 26 mars 2012, dans le sud du Jura à la frontière de l’Ain (voir l'article sur le Loup dans le Jura).
Voir également la vidéo sur le Lynx réalisée par le Muséum National d'Histoire Naturelle pendant le Tour de France
Sources :
Site du Pôle Grands Prédateurs Jura
Vidéo : Patrice Raydelet et le Lynx
Ajout du 25 février 2016 : la situation du Lynx dans le Jura par Athénas
Schilling B, Singer D. & Diller H. (1986). - Guide des Mammifères d'Europe 284 p. Ed. Delachaux Niestlé.
Ajout du 8 mars 2016 : Un lynx filmé dans le Haut-Doubs
Ajout du 15 avril 2016 : Que se passe-t-il lorsqu'un lynx rencontre un loup ?
Ajout du 14 février 2017 : un Lynx attaque deux moutons à Lods (Doubs)
Remerciements à Patrice Raydelet Président Fondateur du PGPJ pour sa correction du manuscrit. Ci-dessous, un fac-similé de son ouvrage sur le Lynx boréal.
Patrice Raydelet (2006). - Le lynx boréal Coll. Les sentiers du naturaliste. 191 p. Delachaux & Niestlé Ed.
Le Lynx boréal : vidéo MNHN et Tour de France
Le Lynx dans la neige : vidéo Nat Géo Wild
Le Lynx dans la vallée de Joux : Video le Matin (janvier 2017)
Ajout du 7 avril 2017 : Un lynx pêcheur, une vidéo offerte par National Geographic
17:48 Publié dans Mammifères | Tags : lynx, jura, franche-comté, raydelet, biodiversité, prédateurs, loup-cervier, felis lynx | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook | | |
08/06/2011
Huttes de chasse voyageuses du platier d'Oye
Huttes de chasse voyageuses
Les défenseurs de la nature ont bataillé dur pour parvenir à la suppression des 13 huttes de chasse illégales sur la réserve naturelle du Platier d’Oye.
Des mois, des années pour les faire partir.
Or elles ont migré à quelques kilomètres à l’ouest, près de Calais.
Mais ce que vous ne savez peut-être pas c’est qu’elles ont coûté très, très cher.
Regardez le prix sur la photo. 580 000 € pour 13 huttes, soit 44 615 € par hutte ! Vous imaginez ce que l’on peut faire avec une telle somme, dans le social, l’éducation, l’environnement, bien sûr ?
Et si seulement elles étaient totalement payées avec des fonds privés ?
Que nenni : en grande majorité du bon argent public ! Eh bien maintenant vous savez où va une partie de vos impôts.
Il est des combats qui laissent un goût amer…
En savoir plus sur le blog « Les Biodiversitaires »
Environnement et société, biodiversité sauvage et domestique (vaches, chevaux, poules)
17:30 Publié dans Actualité des Sciences, Nature et santé, Ornithologie | Tags : chasse, chasseurs, protection de la nature, biodiversité | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
06/11/2010
Environnement en ligne
Le magazine Sciences et Avenir présente dans son numéro d'octobre 2010 un dossier comprenant 100 sites scientifiques qu'il juge les meilleurs. Ci-dessous, quelques sites sélectionnés dans la rubrique "Protéger la planète".
22:39 Publié dans Sites scientifiques | Tags : environnement, biodiversité, insectes, consumérisme, parcs nationaux, parcs régionaux, ogm, ademe, systématique | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | | |