19/04/2018
Réveil parfois difficile pour les arbres
Réveil parfois difficile pour les arbres
par Yanne Vitasse
Institut de géographie - Université de Neuchâtel
Article publié dans le numéro 275 (mars 2018) de "En Direct"
Le 21 avril 2017, les thermomètres enregistraient - 4,1°C à Berne. La végétation, alors très en avance en raison d’un début de printemps exceptionnellement chaud, a subi d’importants dommages dus au gel, ici comme ailleurs en Suisse. C’est à ces phénomènes, rendus plus sensibles en raison du réchauffement climatique, que le biologiste Yann Vitasse s’intéresse. Les études qu’il mène pour l’université de Neuchâtel et l’institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) corrèlent, dans un bilan précis et factuel, les variations des températures et des dates d’apparition des bourgeons, des feuilles et des fleurs de différentes espèces d’arbres. « Les analyses sont effectuées sur la base des observations récoltées puis transférées à Météo Suisse par des volontaires, sur cent vingt-huit sites, à diverses altitudes, depuis les années 1950 », commente le chercheur. Une inestimable base de données de quelque vingt mille observations, que seul l’engagement citoyen pouvait permettre de constituer.
Premier constat : le réchauffement climatique est responsable de l’avancée du dernier jour de gel, qui constitue un repère pour les végétaux. Il provoque aussi l’avancée de l’apparition des feuilles de toutes les espèces étudiées, de deux semaines environ depuis les années 1980. En dessous de huit cents mètres d’altitude, ces deux phénomènes vont de pair, ne générant que peu de changement dans le risque d’exposition au gel des arbres.
Il en va tout autrement au-delà de huit cents mètres d’altitude, où la date de sortie des feuilles avance plus vite que celle du dernier jour de gel. Résultat : les feuilles naissantes, qui sont à ce stade très vulnérables au gel, sont de plus en plus exposées à ce risque, et les arbres sont fragilisés.
Fort de ces constats, Yann Vitasse met en garde contre l’idée d’importer des espèces au développement plus précoce dans l’idée qu’elles seraient mieux adaptées au réchauffement climatique. « Si l’apparition des feuilles survient plus tôt encore pour ces espèces que pour celles actuellement présentes, le décalage avec le dernier jour de gel risque de se creuser, et de causer des dommages importants dans de telles plantations. »
Par ailleurs, les analyses montrent que les dates d’apparition des feuilles des mélèzes, hêtres, épicéas et autres noisetiers sont moins liées à l’altitude que par le passé. Dans les années 1960, on observait une différence de trente-quatre jours par mille mètres d’altitude, contre vingt-deux aujourd’hui. Et si à basse altitude, les arbres répondent de moins en moins au réchauffement, ce pourrait être lié à un manque de froid en hiver : la dormance est une mise en sommeil qui permet aux végétaux de passer la mauvaise saison sans être abimés par les gelées, pour renaître au printemps ; or, pour sortir de cet état, les arbres ont besoin d’être exposés à des températures comprises entre 0 et 8°C, un coup de starter qui les précipite vers la lumière et la chaleur du printemps. « Lorsque la levée de la dormance ne se produit pas correctement à cause d’un manque de froid, les bourgeons ont besoin de plus de chaleur par la suite pour pouvoir se développer, ce qui prend plus de temps », explique Yann Vitasse, qui étudie toutes les interactions possibles entre variations de températures, gradients d’altitude et développement des végétaux pour pouvoir peu à peu juger des mécanismes qui s’opèrent sous l’influence du réchauffement climatique, et de l’impact à en attendre.
Contact :
Yann Vitasse - Institut de géographie - Université de Neuchâtel
Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage
Tél. +41 (0)79 345 21 23
08:40 Publié dans Botanique, Environnement-Écologie, Géologie-hydrogéologie-Climatologie | Tags : yanne vitasse, université de neuchâtel, réchauffement climatique, avancée du dernier jour de gel | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
23/01/2013
L’Homme au bord de l’eau
L’Homme au bord de l’eau
par
Matthieu Honegger et Claude Mordant
C’est en 1854, dans la région de Zürich, que sont découverts les premiers vestiges de villages lacustres, témoins de l’activité et de l’organisation des hommes de la Préhistoire dans des lieux offrant nourriture, possibilités de transport et protection. Cent cinquante ans de recherches passionnantes menées dans les eaux des lacs et des marais alimentent depuis la connaissance, partant d’un monde invisible et parfaitement conservé par-delà les millénaires, à l’abri des outrages du temps et de l’intervention de l’homme
Trois maisons du village lacustre de Hauterive/Champréveyres (3800 av. J.-C.),
reconstituées à l’emplacement du site néolithique fouillé devant le Laténium
Cliché J. Roethlisberger / © Laténium, Neuchâtel
La reconstitution des villages montés sur pilotis et de l’activité qui les animait prend aujourd’hui une dimension supplémentaire. Tourné vers la rive et non plus seulement sur le lac, un nouveau regard englobe les lieux de vie ancrés sur la terre ferme, du bord des fleuves et des lacs jusqu’aux plaines alluviales, aux reliefs et aux plateaux de l’arrière-pays. Il permet de replacer les installations humaines dans leur contexte, de les inscrire véritablement dans un territoire et de découvrir les relations potentielles entre les différents sites.
L’homme au bord de l’eau est le nom donné aux Actes du 135e congrès national des sociétés historiques et scientifiques tenu à Neuchâtel en 2010. D’une envergure scientifique sans précédent, l’ouvrage répond favorablement à la demande de l’Unesco, qui a inscrit en 2011 les sites lacustres alpins au Patrimoine culturel de l’humanité et souhaite la parution de travaux sur la question.
Honegger M., Mordant C. (éditeurs), L’homme au bord de l’eau. Archéologie des zones littorales du Néolithique à la Protohistoire, Coédition CAR et CTHS, 201.
Source :
Honegger M., Mordant C (2013). - L'homme au bord de l'eau - En Direct n° 246, janvier - février 2013.
Publié avec l'aimable autorisation des rédactrices de "En Direct".
07:17 Publié dans Livres, Préhistoire | Tags : université de franche-comté, en direct, université de neuchâtel | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |