10/06/2016
Cartographie des rivières
Cartographie des rivières
Juin 2016 — Le projet national de cartographier les rivières de France est ressenti par les associations de protection de la naturer et des cours d'eau en particulier comme une menace pour la biodiversité. Ainsi en témoignent ces deux articles de la Presse bisontine et de l'Est républicain.
LA PRESSE BISONTINE JUIN 2016
La cartographie des cours d'eau menace-t-elle les milieux aquatiques ? L'état sanitaire des cours d'eau sera-t-il affecté par cette évolution de la réglementation ?
Sous l'égide de la DREAL, l'État met en place actuellement un relevé cartographique des cours d'eaux français. L'objectif avoué est le recensement de tous les cours d'eau de France. L'objectif secondaire, selon les défenseurs des milieux aquatiques, "sous la pression des lobbies en particulier celui de l'agriculture intensive", et de permettre la réalisation de travaux (barrages, retenues collinaires, drainages, canalisation, etc.) sans autorisations sur tous les cours d'eau qui n'auront pas été recensés. Ils seront nombreux puisqu'un travail exhaustif est quasiment impossible, surtout dans les têtes de bassin et que le temps imparti est trop limité.
"Cela fait planer une menace majeure de destruction totale, sur nombre de ruisseaux et zones humides" estime le collectif S.O.S. Loue et rivières comtoises. Car les têtes de bassins sont justement des zones d'une grande richesse, où la biodiversité est majeure, où se trouvent bon nombre de frayères de truites et batraciens et où subsistent les dernières écrevisses autochtones de notre pays. "Sans parler des espèces d'insectes les plus polluosensibles dont c'est souvent le dernier réservoir." Comme notre région est bien entendu concernée au premier chef, le collectif S.O.S. Loue et rivières comtoises s'est emparé de la problématique grâce à l'un de ses membres, Michaël Prochazka.
Une réunion s'est tenue à ce sujet le 19 mai 2016 à la DREAL à Besançon. Selon Michaël Prochazka, "la décision en haut lieu a déjà été prise et la participation minoritaire du monde associatif aux différents groupes de travail liés à ce projet n'est qu'un artifice de plus, la représentation largement plus importante des structures représentant les lobbies demandeurs de cette "réforme" en est une preuve." Selon le spécialiste, "en Franche-Comté comme ailleurs en France, les conséquences potentielles risquent d'être dramatiques, car les cours d'eau non recensés deviendront des "écoulements", comme l'avoue le compte rendu officiel de la première réunion, et ne seront soumis à aucune démarche avant travaux." À suivre.
Est Républicain 24/05/2016
Franche-Comté : la cartographie des cours d’eau ne satisfait pas les défenseurs des zones humides
Pour Michel Prochazka, de SOS Loue et rivières comtoises, ne pas prendre en compte les zones humides dans cette cartographie pourrait avoir de graves conséquences.
Besançon. Pendant vingt ans, il a été le chef de l’Onema dans le Doubs, ces gardes de l’ancien Conseil supérieur de la pêche dont les attributions se sont tournées progressivement vers la protection des milieux aquatiques avant toute chose. Aujourd’hui retraité, Michael Prochazka est de ceux qui ont vu arriver, en 1992, la loi sur l’eau, avec un réel bonheur.
Enfin, cette ressource essentielle à la vie était reconnue en tant que telle. « Même si certains braillent qu’elle est trop contraignante, je crois que ce principe est rentré dans les mœurs. Plus personne, ou presque, aujourd’hui ne conteste la réalité du changement climatique, avec des événements extrêmes, de plus en plus fréquents et de plus en plus proches… »
Toutefois, une récente décision du ministère de l’environnement inquiète ce spécialiste reconnu qui s’est aujourd’hui engagé auprès de SOS Loue et rivières comtoises. En novembre dernier, il a été demandé aux préfets de dresser une cartographie des cours d’eau. En soit, rien d’affolant de prime abord mais, l’idée de figer dans le marbre une situation paraît « aberrante » à Michael Prochazka. « Ce sera obligatoirement faux car un réseau hydrologique est évolutif. » Qui plus est en ne retenant que le critère de « cours d’eau », on néglige le plus important en amont aux yeux de l’environnementaliste « les têtes de bassin et le chevelu qui les alimentent. »
Des zones indispensables
Ces écoulements, « difficiles à inventorier, parfois temporaires, souvent au sein de zones humides pas toujours reconnues, font partie d’écosystèmes qui jouent le rôle de filtre et de stockage de l’eau, indispensables à la prévention des crues et à la préservation de la ressource en eau ».
Les négliger, au profit d’une nomenclature essentiellement pragmatique présente donc un risque de voir s’y développer par des entrepreneurs peu avisés ou trop intéressés des modifications profondes sans plus aucun contrôle.
« Si ces écoulements ne sont pas classés on pourra les boucher, les curer, les buser, avec des effets non négligeables sur le bassin-versant. En clair on perd la maîtrise du réseau. Sans même parler des petites bêtes qui les habitent, ils ont un rôle de régulation sur les étiages et les inondations. »
Pour Michael Prochazka la préservation de ces zones humides « qui ne coûtent pas cher et ne servent à rien d’autres devrait être au sommet de nos préoccupations. Ce qui est paradoxal, c’est que la façon de voir les choses à travers cette cartographie entraîne une nouvelle réduction du champ d’application d’une loi sur l’eau, régulièrement détricotée, alors que les services de l’État chargés de la faire appliquer ont toujours moins de moyens. »
Pour donner une idée de l’importance des phénomènes aquatiques naturels, Michael Prochazka croule d’anecdotes. « Un soir d’orage, je me suis amusé à mesurer la hauteur d’eau tombée en vingt minutes dans ma piscine et à projeter cette donnée sur la surface bétonnée de la zone de Châteaufarine à Besançon. Cela représentait 50.000 m³ d’eau qui, finalement, via le réseau d’évacuation des eaux pluviales retourne dans le Doubs qui peut l’absorber. Mais imaginez la même quantité d’eau filant directement dans la Savoureuse. Les zones humides permettent en absorbant la pluie de limiter l’impact immédiat sur le milieu. »
Pour le naturaliste, cette « réforme » cède aux « lobbys » opposés à la loi sur l’eau et à tout encadrement de leurs pratiques.
Fred JIMENEZ
09:05 Publié dans Actualité des Sciences, Environnement-Écologie, Géologie-hydrogéologie-Climatologie, Limnologie-hydrobiologie, Pollution | Tags : cartographie des cours d'eau, bassin versant, tête de bassin, biodiversité, frayères à truites, insectes polluosensibles;lobbies agricoles, agriculture intensive | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
27/11/2009
Les sources d'Arcier : principale ressource en eau de la ville de Besançon
Les sources d'Arcier : l'une des principales ressources en eau de la ville de Besançon
par André Guyard & Michel Cottet
(dernière mise à jour : 10/04/2018)
Nous avons vu que les Sources d'Arcier drainaient le bassin versant du Marais de Saône qui s'étend sur une surface de 102 km2. Outre la zone humide et marécageuse évaluée à 800 ha, ce bassin versant comprend des zones habitées dont les villages de Nancray, Gennes, Saône... tout proches, des terrains agricoles et une zone artisanale et industrielle où les risques de pollutions accidentelles liés aux activités humaines sont importants. Sans négliger l'aérodrome de la Vèze qui jouxte la zone, la RN 57 et la voie ferrée qui la traversent (Voir article sur le Marais de Saône). Un facteur de risque supplémentaire doit être pris en compte avec un très important dépôt de pétrole brut, dont les deux tubes (pipeline sud-européen Fos/Mer - Rotterdam et pipeline du Jura qui alimente la raffinerie de Cressier en Suisse) traversent en long et en large le bassin versant. C'est pourquoi l'eau d'Arcier doit être soigneusement sécurisée.
Dans cette optique, la ville de Besançon a mis en place une procédure de sécurisation de l'alimentation en eau potable basée sur les trois points suivants :
1. En amont, l'instauration des périmètres de protection réglementaires limite les activités polluantes aux abords immédiats des points sensibles du plateau : Creux sous Roche, ruisseau de Nancray... (voir article sur le Marais de Saône). Les informations obtenues grâce au système de surveillance doivent être complétées par une information apportée par les habitants eux-mêmes qui peuvent observer une pollution sur le bassin versant.
2. En aval, une station de production d'eau potable est installée à la Malate, sur le parcours de l'aqueduc actuel. Au niveau de cette usine, une station d'alerte dotée de systèmes de détection permet de prévenir des pollutions accidentelles.
3. En cas de pollution, l'eau de la Source d'Arcier est envoyée directement au Doubs, sans traitement. L'usine de la Malate est alors arrêtée pendant la durée de l'épisode polluant. Le réseau d'eau potable bisontin est alors mis en interconnexion avec l'unité de production de Chenecey-Buillon sur la Loue, assurant ainsi la continuité de l'alimentation en eau potable. La reprise d'activité de la station de la Malate n'interviendra qu'après analyse de la pollution et retour à la conformité des paramètres de qualité de l'eau.
Dispositif anti-pollution mis en place
par la ville de Besançon
(Document : ville de Besançon)
Le problème de la protection de la zone de captage d'Arcier
Questions à Christian Morel, vice-président de la chambre d'agriculture (Est Républicain 29/01/2016)
En concertation avec les agriculteurs et la ville de Besançon, nous nous sommes engagés à faire baisser les pesticides de 40 %.
L'expérience de protection de la zone de captage d'Arcier qui alimente Besançon est unique en France. En quoi consiste-t-elle ?
L'action a commencé il y a dix ans avec un travail de pédagogie auprès des 40 exploitants concernés par . la zone de captage. Nous avons organisé des réunions semestrielles de sensibilisation puis nous avons signé un premier plan il y a cinq ans visant à faire baisset l'usage de l'utilisation de produits phytosanitaires. La moitié des agriculteurs représentant 850 hectares ont joué le jeu.
Est-ce suffisant ?
C'était un très bon début. Et nous venons justement de signer un nouveau plan quinquennal qui va concerner les 2/3 des agriculteurs, soit une surface totale de 1 500 hectares. Ce qui en fait effectivement une expérience unique en France.
Comment faites-vous pour convaincre les agriculteurs ?
Les agriculteurs sont de plus sensibles à la question environnementale. Mais l'État nous aide aussi beaucoup d'un point de vue économique. Chacun touche 170 € d'aide par hectare.
En quoi consiste exactement le plan de protection ?
La baisse d'utilisation de produits phytosanitaires se traduit par une baisse des rendements compensés par les aides. Mais la gestion des sols, en revanche, permet de lutter contre l'appauvrissement de la ressource. Ainsi, nous avons mis en place une rotation herbe — céréale tous les 5-7 ans. Cela pourrait aussi être appliqué aux zones céréalières comme celles de Gray en alternant des cycles luzerne-chanvre avec le blé, l'orge ou le colza.
La Station de production
d'eau potable de la Malate
Sophie Rapenne :" La station de la Malate
traite 20.000 m3 d'eau par jour.
C'est la moitié des besoins en eau de Besançon".
La Station de production d'eau potable de la Malate constitue l'une des principales ressources en eau de la Ville de Besançon. Chaque jour, près de 50 000 habitants du centre ville et des quartiers proches consomment cette eau. Pendant certaines périodes de l'année, c'est près de 110 000 habitants qui peuvent être alimentés en appoint dans l'ouest de Besançon et dans cinq autres communes proches.
Parmi les dispositifs utilisés pour vérifier la qualité de l'eau, la station utilise des vairons, poissons lanceurs d'alerte, comme le rapporte un article de de Jean-Marc Toussaint dans l'Est Républicain.
À Besançon (Doubs), deux stations de traitement de l'eau utilisent des vairons pour détecter les pollutions ; Ces poissons bioindicateurs sont les premiers à donner l'alerte.
L'emploi d'animaux comme bio-indicateurs n'est pas nouveau. Jadis, les mineurs utilisaient des canaris pour descendre dans les entrailles du sous-sol. L'oiseau, très sensible au gaz, les aidait à prévenir des coups de grisou.
À Besançon, ce sont les vairons qui alertent des risques de pollution de l'eau.
Quand l'eau des sources d'Arcier arrive à la station de traitement de La Malate, on y injecte de l'ozone. « Ce gaz va faciliter l'agglomération des particules polluantes », explique Sophie Rapenne, chef d'exploitation des stations de traitement des eaux de l'agglomération de Besançon (25). Mais avant cette première étape de traitement, l'eau passe dans un aquarium où s'agitent inlassablement une vingtaine de vairons ! Ces poissons jouent le rôle de donneurs d'alerte. En milieu naturel, ils présenter des cas de mortalité quand la qualité de l'eau se dégrade. Cette sensibilité en fait des bio-sentinelles de tout premier plan, capables de dépasser les exigences de la législation limitées à une dizaine de critères pour la potabilité de l'eau. Le Vairon réagit à tout : métaux, ammoniac, médicaments... Il permet même de repérer des pollutions marginales.
Pour ce faire, l'aquarium est équipé de capteurs à ultrasons qui analysent les mouvements des poissons et qui déclenchent l'alerte à la moindre anomalie. Cette sécurisation de l'approvisionnement vient en complément d'autres outils, plus scientifiques. Car cette eau, déjà exploitée par les Romains il y a près de 2200 ans, est particulièrement sensible aux risques de pollution. Elle provient d'un grand plateau calcaire qui s'étend sur une dizaine de communes à l'est de Besançon jusqu'à Mamirolle. Un terrain couvert majoritairement de bois, de prairies et de cultures céréalières. « Cette eau provient d'un sous-sol calcaire de type karstique très fracturé, qui entraîne les eaux de ruissellement sans véritable filtre jusqu'à la source », explique Sophie Rapenne. Conséquence, l'eau est turbide et peut présenter des taux de nitrates ou de glyphosates très variables à la saison des pluies. D'où la nécessité d'avoir recours aux vairons.
Ce n'est d'ailleurs pas la seule station à être dotée de ces poissons. Celle de Chenecey-Buillon, qui capte les eaux de la Loue, est équipée d'un aquarium semblable. « À ce jour, nous n'avons jamais eu de cas de mortalité massive. Seuls quelques vairons ont disparu à la suite d'incidents techniques ou de pollutions organiques isolées », explique Sophie Rapenne, qui peut également compter sur d'autres outils de suivi notamment la mesure en continu de la turbidité et du pH. « Sinon, notre laboratoire procède à des analyses quotidiennes tout au long du processus. Elles viennent s'ajouter aux prélèvements effectués par l'ARS (Agence régionale de santé) sur l'eau distribuée » poursuit Sophie Rapenne.
Aussi, plutôt que de compter uniquement sur des poissons donneurs d'alerte, la ville a préféré agir en amont avec la chambre d'agriculture pour réduire les émissions de polluants. Ce qui a permis, en une douzaine d'années, de diviser par deux le taux moyen de nitrates dans cette eau de source. « L'inquiétude aujourd'hui, c'est le glyphosate, qui est en augmentation constante. Et selon nos études, cette pollution émane principalement des particuliers », observe Sophie Rapenne. Le sujet est d'importance. Les sources fournissent à elles seules la moitié des besoins en eau potable de Besançon.
Documentation : ville de Besançon
Clichés photographiques : Ville de Besançon, Michel Cottet et André Guyard
Adresse utile : Qualité de l'eau dans votre commune ?
21:55 Publié dans Géologie-hydrogéologie-Climatologie | Tags : source, karst, bassin versant, ressource en eau, traitement des eaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |