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26/05/2011

L'hibernation chez les Mammifères

mammifères,marmotte,hibernationL'hibernation chez les Mammifères

 

par André Guyard

Dernière mise à jour :18/12/2017

(voir ajout au bas de l'article)

 

 

Sur ce même blog, la note sur la Marmotte des Alpes aborde le problème de l'hibernation. Il faut savoir que ce sommeil hivernal n'est pas un somme de tout repos : il est ponctué de réveils périodiques. D'après André Malan, les mécanismes cellulaires, qui diminuent jusqu'à 100 fois les dépenses d'énergie de l'organisme, seraient hérités d'un ancêtre lointain.

 

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Fig. 1 : Marmotte des Alpes © André Guyard

 

L'hibernation est un mécanisme qui permet aux marmottes d'échapper aux mauvaises conditions hivernales. Il s'agit d'une migration dans l'espace temps comme d'autres animaux migrent dans l'espace géographique en quittant nos contrées enneigées où toute production végétale est interdite. Face à cette disette temporaire, la solution choisie par la Marmotte comme d'autres hibernants consiste à faire des réserves, puis à s'abriter et à réduire ses dépenses afin de pouvoir survivre jusqu'au retour de la végétation. L'hibernation est précédée, à la fin de l'été, par une période de préparation où l'animal choisit et aménage son abri, et accumule des réserves. Puis l'animal entre dans son abri, et sa température interne s'abaisse jusqu'au voisinage de celle de la paroi.

 

Ce comportement implique des mécanismes étonnants en termes de physiologie, d'énergie et de modifications cellulaires. Ainsi, pendant l'hibernation, certains neurones ressemblent à ceux des individus atteints de la maladie d'Alzheimer, à ceci près que les modifications sont réversibles chez les premiers alors qu'elles ne le sont pas chez les seconds. Enfin, l'hibernation apparaît non pas comme une série d'adaptations récentes, mais plutôt comme un bagage commun aux anciens mammifères dont certains se sont délestés, faute d'utilisation.

 

Quels que soient les mammifères (échidnés, opossums pygmées, marmottes, loirs, lérots, hérissons...), l'hibernation n'est jamais continue au cours de l'hiver. Les épisodes de torpeur, avec une température basse, durent de quelques jours à quelques semaines selon les espèces, et alternent avec des "réveils" au cours desquels l'animal se réchauffe spontanément pour revenir pendant quelques heures, voire quelques jours à l'euthermie, c'est-à-dire à une température normale (environ 37 °C) en dehors de l'hibernation. Ces réveils répondent à un besoin impératif, car ils sont extrêmement coûteux en énergie: ils représenteraient 83 pour cent de la dépense totale en période d'hibernation chez un spermophile (un écureuil) canadien.

 

Une mort clinique apparente

 

Au cours des épisodes de torpeur, l'animal est dans un état de vie ralentie. Toutefois, les différentes fonctions physiologiques ne sont pas modifiées de la même façon : la respiration et la circulation sont maintenues, tandis que la filtration rénale est très diminuée, voire arrêtée. L'activité cérébrale perdure seulement dans certaines zones du cerveau, notamment les aires du tronc cérébral indispensables au contrôle des fonctions végétatives autonomes, telles que la respiration. Toute activité électrique corticale spontanée disparaît. En d'autres termes, l'animal remplit les critères légaux de mort clinique ! L'hibernation n'est donc pas un sommeil, les critères électroencéphalographiques du sommeil ayant disparu. Toutefois, l'animal reste excitable et réagit à une stimulation auditive (on le détecte par des ondes corticales déclenchées par une telle stimulation), conduisant au réveil quand le bruit est intense ou prolongé.

 

Lorsque l'animal est endormi, la respiration est parfois discontinue. Ainsi, chez le Lérot et le Hérisson, des bouffées de cycles ventilatoires sont interrompues par des apnées de plus d'une heure. La quantité de dioxyde de carbone dans les tissus augmente notablement pendant toute la durée d'un épisode de torpeur, conduisant à une acidification du sang et des liquides intracellulaires : on parle d'acidose respiratoire. Au moment de l'entrée en hibernation, l'animal réduit sa ventilation plus vite que ne décroît la production métabolique de dioxyde de carbone, de sorte que ce dernier s'accumule dans le sang ; à l'inverse, le réveil commence par une phase d'hyperventilation qui élimine rapidement le gaz carbonique.

 

Des réserves pour tout l'hiver

 

Certaines espèces accumulent des graines. Un hamster d'Europe peut ainsi stocker jusqu'à dix kilogrammes de céréales dans son terrier, au sec : à chaque réveil, il se restaure avant un nouvel épisode de torpeur. Pour les espèces herbivores, telle la Marmotte, ou insectivores, comme le Hérisson, le stockage est impossible. L'animal recourt alors à une accumulation de graisse corporelle, représentant couramment 50 pour cent de la masse maigre et parfois jusqu'à 100 pour cent. Le calcul montre que la somme des calories accumulées assure à peine 26 jours de survie, ce qui est insuffisant.

 

C'est là qu'intervient l'abaissement de la température corporelle. Celle-ci est contrôlée principalement au niveau de l'aire préoptique de l'hypothalamus, qui fonctionne à la façon d'un thermostat : lorsque la température locale est abaissée en dessous du point de consigne apparent de 37 °C, la production de chaleur de l'organisme est augmentée proportionnellement à l'écart. Craig Heller, de l'Université Stanford, a montré que ce point de consigne apparent est abaissé lors de l'entrée en hibernation, jusqu'à atteindre 2 °C chez certaines espèces. Cette température est maintenue constante pendant l'épisode d'hibernation, la thermogenèse étant augmentée si la température corporelle s'abaisse au-dessous, évitant ainsi le risque de gel.

 

Quant aux dépenses d'énergie, la diminution du point de consigne apparent permet à l'animal de bénéficier de l'effet Van t'Hoff-Arrhénius, c'est-à-dire l'effet de la température sur les réactions enzymatiques. Ainsi lorsque la température s'abaisse de 37 à 5 °C, la vitesse maximale de toutes les réactions enzymatiques est divisée par un facteur compris entre 12 et 15. En outre, la dépense d'énergie de l'organisme est la somme de toutes les dépenses élémentaires. Par conséquent, la loi s'applique aussi à l'organisme entier, même chez un animal de la taille du crocodile.

 

Avec une température d'hibernation de 5 °C, l'effet de la température réduit la dépense quotidienne du spermophile, au repos, à 9,2 kilojoules. Ces économies d'énergie lui permettraient théoriquement de survivre 620 jours (plus d'un an !). Cependant, les réveils obligatoires multiplient jusqu'à six fois la dépense totale. Reste une centaine de jours de survie, un laps de temps encore insuffisant, d'autant plus qu'une marge de sécurité est indispensable, notamment quand l'animal vit dans un pays arctique ou en altitude, où la période de végétation n'excède pas quatre mois par an. Ce délai est trop court pour que les jeunes de l'année atteignent une taille suffisante et aient le temps d'accumuler assez de graisse pour passer leur premier hiver. Pour augmenter le temps disponible pour la croissance des jeunes, les adultes sortent alors d'hibernation avant la fonte des neiges. Les combats des mâles, la recherche des conjoints et la gestation font que la naissance des petits coïncide avec le retour de la végétation. Mais pour les parents, toutes ces activités ont lieu à jeun, alors qu'ils viennent de vivre la pénurie de l'hibernation. La sélection sexuelle se fait largement sur les réserves de lipides dont ils disposent encore.

 

La dépression métabolique : une biochimie au ralenti

 

Le facteur de réduction des dépenses énergétiques est compris entre 20 et 100. Lorsque l'on suit l'entrée en hibernation ou en torpeur quotidienne, la diminution du métabolisme précède souvent celle de la température au lieu de la suivre comme si elle en était la conséquence. Comment expliquer ces observations ? Par la dépression métabolique, c'est-à-dire une réduction réversible de la dépense énergétique par des mécanismes autres que l'abaissement de température.

 

En euthermie, la synthèse protéique représente environ le cinquième de la dépense d'énergie du cerveau. En hibernation, cette proportion est divisée par un facteur supérieur à 100 : la synthèse protéique est quasi inexistante. Dans la figure 2, La synthèse protéique, dans un cerveau de spermophile, est mesurée par l'incorporation de leucine radioactive, un acide aminé fréquent dans les protéines. Une absence de marquage indique une absence de synthèse protéique (en a, état normal; en b, hibernation).

 

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Fig. 2  : Synthèse protéique

dans un cerveau de Spermophile

© K. Freirichs

 

Dans les cellules, les mécanismes de la dépression métabolique agissent simultanément en de nombreux points, que ce soit dans les processus qui fournissent de l'énergie ou ceux qui en consomment. Un des mécanismes les plus fréquemment observés est la phosphorylation (la fixation d'un groupe phosphoryle,  PO43-) réversible de protéines spécifiques (voir la figure 3), cette liaison diminuant leur activité. C'est le cas par exemple de la pompe à sodium-potassium de la membrane cellulaire qui transporte des ions potassium et sodium contre leur gradient de concentration à travers la membrane cellulaire. Ce transport, essentiel au fonctionnement des cellules excitables, tels les neurones ou les fibres musculaires, représente environ 50 pour cent de la dépense d'énergie du cerveau en euthermie.

 

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Fig. 3 : Séquence éveil-sommeil chez la Marmotte

© Virginie Denis

 

La figure 3 montre qu'au cours de l'hibernation chez la Marmotte,  le métabolisme est notablement ralenti pendant les épisodes de torpeur (en bas),  notamment par la fixation de groupes phosphoryle (en marron) sur les acteurs cellulaires qui participent aux processus coûteux en énergie. Ainsi les pompes à ions sodium ou potassium se ferment [a]. La synthèse protéique est réduite [b]. L'ARN polymérase ne transcrit plus l'ADN en ARN [c]. Les gènes de l'ADN qui s'enroule autour des histones sont inaccessibles et ne peuvent plus être exprimés [d]. Enfin, deux enzymes privilégient les lipides comme source d'énergie plutôt que les glucides [e].

 

De même, la quantité de formes phosphorylées de protéines ribosomales participant à la synthèse protéique est notablement augmentée en hibernation : la traduction des arn messagers en protéines en est diminuée d'autant.

 

Par ailleurs, l'expression des gènes est favorisée dans le noyau par la phosphorylation, mais aussi par l'acétylation (la fixation d'un groupe acétyle) des histones, les protéines autour desquelles s'enroule l'adn. Ces liaisons sont réduites de près de 40 pour cent en hibernation, tandis que l'activité des enzymes de désacétylation est augmentée.

 

Cependant, ces modifications n'ont pas lieu dans tout l'organisme. La dépression métabolique est particulièrement observée dans les organes dont l'activité est réduite en hibernation : le cerveau, les reins ou l'intestin. En revanche, le tissu adipeux brun, qui est une source de chaleur importante pour les réveils spontanés (voir la figure 4), n'est pas concerné.

 

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Fig. 4 : Production de chaleur dans les mitochondries

© Virginie Denis

 

La figure 4 explique la production de chaleur dans les mitochondries. Dans une cellule normale [a], des molécules réduites [en blanc] sont oxydées, c'est-à-dire qu'elles perdent leurs ions H+ qui sont captés et rejetés de l'autre côté de la membrane interne par les constituants de la chaîne respiratoire [en rosé]. Le gradient d'ions H+ qui en résulte (ils sont plus nombreux dans l'espace intermembranaireque dans la matrice) alimente l'ATP synthase [en vert] qui récupère l'énergie dissipée par l'oxydation et la « confine » dans des molécules d'ATP [flèche verte], la source d'énergie des cellules. Un peu d'énergie est perdue lors de ces réactions et est convertie en chaleur [les petites flammes]. Dans le tissu adipeux brun [b], le couplage de la chaîne respiratoire et de l'ATP synthase est supprimé par une protéine découplante [en bleu clair] qui réduit le gradient d'ions H+ [flèche rouge] : toute l'énergie de l'oxydation est alors convertie en chaleur [les grandes flammes].

 

En outre, la réduction du métabolisme s'accompagne du remplacement de la source principale d'énergie cellulaire. Dans une cellule à l'euthermie, les glucides sont les principaux pourvoyeurs d'énergie sous forme d'atp. Cette dernière restitue l'énergie emmagasinée lors des réactions biochimiques. Dans une cellule en hibernation, les glucides sont remplacés par les lipides, dont le rendement est meilleur (pour une même masse, l'énergie produite est supérieure). C'est ainsi que les gènes codant deux enzymes clés de cette réorientation, la pyruvate déshydrogénase kinase 4 et la triacylglycérol lipase, sont activés en hibernation, de même que ceux des protéines qui assurent le transport intracellulaire des lipides.

 

On ignore encore le détail des processus qui assurent le contrôle de l'entrée en hibernation et du réveil. L'hyperventilation observée au début du réveil, en éliminant rapidement une grande partie du dioxyde de carbone accumulé, lève rapidement l'inhibition qu'il exerçait pendant la phase de torpeur.

 

Réduire l'intensité métabolique comporte des risques. Le premier est qu'en supprimant le cycle de dégradation et de renouvellement des protéines, l'organisme s'expose à une accumulation de protéines détériorées. Les réveils périodiques constitueraient la principale adaptation à ce problème : le retour temporaire à un fonctionnement normal serait l'occasion d'un "nettoyage", et serait la raison d'être essentielle de ces réchauffements coûteux en énergie.

 

Hibernation et Alzheimer

 

Une des découvertes récentes les plus surprenantes est celle de l'analogie entre certains processus qui se déroulent dans le cerveau en hibernation et la maladie d'Alzheimer. Un des symptômes de cette maladie est l'apparition d'amas neurofibrillaires de la protéine tau. Normalement associée aux microtubules qui assurent le transport dans le neurone, cette protéine est hyperphosphorylée chez les malades : elle se désolidarise alors des microtubules et s'assemble en filaments hélicoïdaux dans les diverses ramifications du neurone (axone et dendrites) et en perturbe le fonctionnement. Au cours du développement de la maladie, les amas neurofibrillaires apparaissent en priorité dans les zones du cerveau qui participent aux phénomènes de mémorisation, notamment dans les neurones de l'aire ca3 de l'hippocampe.

 

Dans l'hippocampe, les contacts synaptiques entre les fibres moussues (du gyrus denté) et les neurones pyramidaux régressent notablement au cours des épisodes d'hibernation profonde, et se restaurent complètement lors des réveils (voir la figure 5). Partant, Thomas Arendt et ses collègues des Universités de Leipzig, Groningen et Iéna, ont eu l'idée d'étudier la phosphorylation de la protéine tau dans le cerveau de spermophiles en hibernation. Surprise, dans leur hippocampe, les cycles de régression et restauration des synapses des neurones de la zone ca3 sont en phase avec des cycles parallèles d'hyperphosphorylation et de déphosphorylation de la protéine tau. À l'inverse de ce qui se passe dans la maladie d'Alzheimer, cette hyperphosphorylation est totalement réversible : les neurones recouvrent pleinement leur fonction et remplissent de nouveau leur rôle dans la mémorisation.

 

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Fig. 5 : Déconnection des synapses de l'hippocampe au cours de l'hibernation © Virginie Denis

(Agrandissement : cliquer sur l'image)

 

La figure 5 montre que, dans l'hippocampe [a, chez le spermophile], une aire essentielle à la mémorisation, les fibres moussues du gyrus denté sont reliées aux neurones pyramidaux de la zone CA3 par des synapses [b]. Pendant l'hibernation, ces connexions sont interrompues par des amas neurofibrillaires, des filaments hélicoïdaux de protéines, nommées tau, fortement phosphorylées [c]. La protéine tau est normalement associée aux microtubules qui assurent le transport des constituants cellulaires. Ce mécanisme est identique à celui que l'on observe dans les neurones des individus atteints de la maladie d'Alzheimer, où l'on constate des amas délétères de protéines tau. Cependant, chez les animaux hibernants (et contrairement à ce qui se passe dans la maladie d'Alzheimer), le processus est réversible. Au réveil, les synapses se reforment [d], notamment grâce aux protéines PSA-NCAM et à la synaptophysine, tandis que, par un processus indépendant, la protéine tau est déphosphorylée et reprend sa fonction initiale.

 

Les fibres moussues sont le siège d'autres modifications. Elles sont riches en protéine psa-ncam, une molécule qui assure l'adhérence des cellules et dont l'expression est liée à la formation et au remodelage des synapses, des processus associés à l'apprentissage et la mémorisation. La protéine psa-ncam disparaît complètement au cours d'un épisode d'hibernation, et réapparaît progressivement lors du réveil suivant. Il en est de même d'une autre protéine, la synaptophysine, qui participe au fonctionnement de la synapse. Ces cycles sont en opposition de phase avec celui de la phosphorylation de la protéine tau : la protéine psa-ncam et la synaptophysine sont abondantes quand la protéine tau est déphosphorylée. On sait par ailleurs que l'hibernation entraîne la perte de certains apprentissages acquis, mais que cette perte est sélective, ne concernant pas la reconnaissance des congénères. Ainsi, pendant l'hibernation, l'hippocampe se détériore et se régénère pendant les éveils, les synapses étant rétablies.

 

La perte des connexions neuronales est-elle un moyen d'économie d'énergie, ou en est-elle une conséquence ? La phosphorylation de la protéine tau est-elle une protection, indispensable à la restauration fonctionnelle ? Quoi qu'il en soit, le fait que ces phénomènes soient réversibles constitue une piste pour un traitement de la maladie d'Alzheimer.

 

L'hibernation comme la reproduction sont des phénomènes saisonniers, nécessitant une anticipation sur les conditions d'approvisionnement. Nous avons vu comment chez certaines espèces la recrudescence de l'activité sexuelle des adultes au printemps intervient avant le retour d'une nourriture abondante. Inversement, l'accumulation des réserves doit anticiper la pénurie saisonnière. Bien qu'incompatibles entre elles (difficile de se reproduire quand on dort !), hibernation et reproduction partagent des mécanismes de contrôle saisonnier. Chez les mammifères, les cycles saisonniers sont contrôlés par la photopériode, c'est-à-dire le rapport de la durée du jour à celle de la nuit. L'information sur la luminosité est transmise par la rétine et analysée par l'hypothalamus qui la convertit, via la glande pinéale, en un pic de production nocturne de mélatonine. Ce mécanisme est indispensable au contrôle saisonnier de la reproduction, notamment à la production d'hormones. Or l'implantation chez des hamsters de capsules en silicone libérant de la testostérone (une hormone sexuelle) suffit à inhiber l'hibernation. Le contrôle saisonnier de l'hibernation résulterait donc de la levée de l'inhibition exercée par le système reproducteur.

 

Dormir ou se reproduire

 

Comment l'hibernation est-elle contrôlée par les hormones sexuelles ? Beaucoup de questions demeurent, mais on a montré que l'innervation par des fibres à vasopressine (des neurones qui fabriquent cette hormone) fluctue de façon saisonnière selon le taux d'hormones sexuelles. La vasopressine serait le relais entre ces hormones sexuelles et l'hibernation. De fait, lorsque ce taux d'hormones sexuelles s'effondre en automne, et que deux mois plus tard, les fibres à vasopressine disparaissent, l'hibernation commence. Ce délai est prolongé par l'implantation de capsules libérant de la vasopressine ; l'hibernation réapparaît dès la fin de cette libération.

 

L'expression saisonnière de l'hibernation fait l'objet d'un contrôle exercé par des protéines synthétisées dans le foie, et dont le transport vers le cerveau est assuré par le plexus choroïde de façon variable selon les saisons. Le rôle de la mélatonine et des hormones sexuelles dans le contrôle de ce transport restent à élucider.

 

Comment les organes  résistent-ils aux variations de températures ?

 

Soumis à de basses températures, la plupart des organes des mammifères subissent des lésions et ne pourraient résister à une hibernation.

 

mammifères,marmotte,hibernationRécemment, une équipe de l'Université de Groningen, aux Pays-Bas a montré que les tissus des poumons du Hamster doré changent de structure moléculaire dans les phases de torpeur (The Journal of Experimental Biology, mars 2011). Les alvéoles des poumons sont entourées de muscles lisses et de collagène, une protéine qui favorisent l'adhérence de ces alvéoles aux muscles.

 

Quand l'animal sombre dans la torpeur, la quantité d'actine – un composant des filaments musculaires - augmente progressivement, puis diminue pour retrouver son niveau initial deux heures après la sortie de la torpeur. De plus, la quantité de collagène augmente dans les premières 24 heures de l'hibernation avant de diminuer jusqu'au réveil.

 

Ainsi, chez les hamsters, la structure moléculaire des alvéoles pulmonaires peut changer rapidement et de façon réversible. Or les êtres humains souffrant d'asthme ou de troubles obstructifs chroniques présentent le même type de modifications moléculaires dans leurs poumons.

 

Peut-être pourra-t-on éviter ces anomalies chez l'homme quand on saura comment le Hamster retrouve si vite des poumons fonctionnels lors de ses réveils.

 

Adaptation récente ou processus ancestral ?

 

On décrivait classiquement l'hibernation comme une adaptation : à partir d'un type mammalien standard, l'amélioration des capacités de survie apportée par la faculté d'hiberner aurait conduit à la sélection des mutations génétiques correspondantes, aboutissant à une spécialisation d'espèces particulièrement performantes de ce point de vue. Dans cette conception, les similitudes des caractéristiques générales de l'hibernation observées dans des groupes par ailleurs éloignés relevaient d'un phénomène de convergence, tout comme les nageoires des phoques et celles des cétacés.

 

Cependant, cette conception est difficilement compatible avec la diversité des lignées de mammifères dont certaines espèces hibernent (sans compter les oiseaux). On en trouve en effet pratiquement dans tous les ordres existants qui contiennent des espèces de petite taille, depuis les plus primitifs comme les monotrèmes jusqu'aux primates. À l'exception de l'Ours, toutes les espèces hibernantes ont une masse inférieure à quelques kilogrammes, ce qui est probablement lié à la contrainte des réchauffements périodiques.

 

En outre, au sein d'un même groupe, on peut trouver des genres ou même des espèces voisines dont les uns hibernent et les autres pas. Ainsi, le Spermophile européen hiberne, mais pas son cousin, l'Écureuil roux de nos parcs. La séparation des deux espèces est trop récente pour avoir autorisé l'accumulation de mutations nécessaires à une adaptation complexe.

 

L'hypothèse selon laquelle l'hibernation correspond à un type ancestral, dont certaines caractéristiques auraient été souvent perdues faute d'emploi, est plus vraisemblable. Le gène de la protéine hp25, nécessaire au contrôle de l'hibernation, a été décrit chez plusieurs rongeurs hibernants de la famille des écureuils, mais aussi chez une espèce voisine arboricole qui n'hiberne pas. Chez cette dernière, le gène a fait l'objet d'une mutation qui l'a inactivé.

 

À quoi pouvait ressembler le type primitif de régulation thermique ? Un reptile de nos latitudes, le Lézard vert, en est un exemple. De tels lézards ont été placés dans des enceintes où ils étaient exposés à une température variable du plancher, de 5 à 35 °C. Le lézard, animal à "sang froid", peut ainsi contrôler sa température interne en se déplaçant. Au voisinage des équinoxes de printemps ou d'automne, il ajuste sa température à environ 30 °C le jour, tandis qu'il l'abaisse à 20 °C la nuit. En été, il maintient une température constante proche de 30 °C, voisine de celle d'un mammifère primitif, grâce à la chaleur fournie par le sol. En revanche, en hiver, il choisit spontanément une température de 12 °C environ. Le lézard se livre ainsi à une sorte d'hibernation comportementale ! À l'instar des cycles saisonniers des mammifères, cette saisonnalité est contrôlée par la photopériode via la mélatonine. Des comportements similaires ont été observés dans la nature, des batraciens et des reptiles sélectionnant des environnements froids au début de l'hiver. On a même décrit récemment des réveils périodiques chez un reptile en hibernation.

 

Les mammifères et les oiseaux ont ensuite acquis la production endogène de chaleur. L'alternance quotidienne entre température élevée et température basse telle qu'on l'observe chez le lézard au printemps et en automne existe encore dans de nombreuses espèces de mammifères et d'oiseaux, sous la forme d'une torpeur quotidienne, que seule la présence d'un réchauffement par thermogenèse endogène différencie du type lézard. Elle existe même à l'état juvénile chez des espèces comme le rat qui est parfaitement homéotherme à l'état adulte.

 

L'acidose respiratoire de l'hibernation serait aussi une caractéristique ancestrale. En effet, l'acidose respiratoire se retrouve en liaison avec une dépression métabolique saisonnière (hivernale ou estivale) dans tous les grands groupes zoologiques où s'est développée la respiration aérienne (mollusques, insectes, poissons, batraciens, reptiles, oiseaux et mammifères), et que la vie continentale expose à des disettes saisonnières.

 

L'hibernation humaine ?

 

Ce changement dans la conception de l'évolution de l'hibernation bouleverse notre approche de l'application à la médecine des données de l'hibernation. L'homme a-t-il conservé des traits primitifs, qui permettraient par exemple de mettre en jeu des phénomènes de dépression métabolique, fort utiles pour passer des caps difficiles ? Il en serait bien ainsi : on connaît maintenant un certain nombre de cas de survie à des arrêts cardiaques prolongés, en hypothermie, chez des enfants tombés dans des lacs gelés comme chez quelques adultes, qui ne peuvent s'expliquer que par la mise en jeu spontanée de mécanismes puissants de dépression métabolique qui permettent au cerveau de survivre à un arrêt circulatoire. Reste maintenant à en élucider les mécanismes afin de développer des applications cliniques. La recherche sur les mammifères hibernants est là pour nous aider.

 

Ajout du 18/12/2017 :  Hibernation : une histoire de cellules. En hiver, certains animaux hibernent et d'autres en sont incapables. Qu'est-ce qui les distingue? La réponse se niche au cœur des cellules, a découvert une équipe américaine.

 

Durant l'hiver, les animaux hibernants sombre dans un état d'hypothermie contrôlée qui leur permet de conserver leur énergie aux moments où il est difficile de trouver de quoi se remplir le ventre. Qu'est-ce qui distingue ces animaux hibernants*, marmottes, hérissons et certains hamsters, de ceux qui ne le sont pas ? Une équipe de chercheurs de l'université Yale (États-Unis) s'est penchée sur les cellules de plusieurs rongeurs afin de déterminer si la capacité à hiberner ne dépendrait pas de facteurs moléculaires.

 

Plus spécifiquement, ils ont regardé l'expression du TRPM8, un récepteur à la surface de certains neurones et dont on sait qu'il joue un rôle essentiel dans la perception du froid. Il est ainsi activé dès que la température descend en dessous d'un certain seuil. Mais il l'est également en face d'un froid “agréable“, par exemple quand on suce une pastille au menthol.

 

Un récepteur moins sensible au froid

 

Or, ce que les chercheurs ont découvert c'est que ce récepteur est moins sensible au froid chez les rongeurs qui hibernent. Alors que chez les souris, son activité augmente quand la température chute de 30 à 10°C, le TRPM8 des hibernants reste, lui, inactif. Une désensibilisation qui pourrait être considérée comme un désavantage, mais qui permet, au contraire, aux animaux qui en sont porteurs de supporter ces moments critiques où la nourriture se fait rare et qu'il vaut mieux ne pas mettre la truffe dehors et roupiller tranquille en attendant le dégel.

 

* Contrairement aux idées reçues, l'ours n'hiberne pas. Sa température corporelle reste stable et il peut être facilement réveillé durant l'hiver. On dit plutôt qu'il hiverne.

 

Pour en savoir plus :

 

Malan A. (2007). - Sommeil d'hiver, Pour la Science, n° 352 février 2007 56:63 http://bit.ly/plsoer352).

 

Salthum-Lassalle B. (2011).- Poumons au repos, Pour la Science n°404 juin 2011. p. 14.

25/05/2011

Le caïman noir en Guyane

Le caïman noir en Guyane

 

par Jacques Bonet et André Guyard

 

Jeudi 19 mai, les baigneurs qui se trouvaient sur la plage de Rémire à Cayenne se sont retrouvés nez à nez avec un magnifique caïman noir. Ayant quitté son marais de prédilection, l'animal était tout aussi étonné que la gent humaine de se retrouver sur une plage. L'espèce étant protégée, on fit appel aux pompiers et aux gendarmes pour le capturer.

 

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L'animal s'approche de la mer, faisant fuir curieux et baigneurs. À l'arrière-plan, un gendarme s'apprête à dégainer pour éventuellement protéger son collègue.

 

 

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Les pompiers préparent une corde pour museler le reptile.

 

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L'animal neutralisé est transporté à dos d'homme et reconduit à son marécage natal.

 

Ci-dessous, quelques données sur le caïman noir en Guyane (données empruntées au poster touristique présentant l'animal).

 

Répartition de l'espèce

 

Le caïman noir n'a pas pu résister à l'énorme pression de chasse à laquelle il a été soumis depuis le milieu du XXe siècle, pour la qualité de son cuir. 6 à 7 millions de peaux auraient été vendues au Brésil entre 1960 et 1970.

Aujourd'hui, seules quelques populations isolées les unes des autres subsistent notamment à Mamiraua au Brésil, au Guyana et dans les marais de Kaw en Guyane française.

 

caïman noir,guyane

 

Biologie et écologie

 

Habitat : Savanes inondées, estuaires, grands cours d'eau, lacs...

Poids adulte : jusqu'à 400 kg

Taille adulte : 4 à 5 m

Régime alimentaire : essentiellement piscivore

Reproduction : maturité sexuelle à 10 ans (2 m environ) 40 œufs

Statut : sur la liste rouge de l'IUCN "espèce vulnérable" ; en Guyane, intégralement protégé par arrêté ministériel de 1986

 

Enjeux de conservation en Guyane

 

En tant que "super-prédateur", en fin de chaîne alimentaire, les caïmans noirs ont un rôle majeur dans le fonctionnement écologique du marais. Sa disparition de certaines zones de la réserve serait une perte pour le patrimoine guyanais et pourrait par ailleurs compromettre le développement du "tourisme nature" qui commence à avoir du succès en Guyane

 

État des connaissances en Guyane

 

Aujourd'hui, les résultats tendent à montrer que le caïman noir est susceptible de retrouver sa place au sein des écosystèmes guyanais. Mais plus que jamais le sort du caïman noir est lié à l'homme et aux moyens mis œuvre pour sa conservation. Les études en cours depuis 1999 avec la réserve de Kaw ont pour objectifs d'approfondir les connaissances sur l'espèce (inventaires, étude de la croissance et de la dispersion des jeunes, analyses génétiques) afin de mettre en oeuvre des actions de protection plus efficaces.

 

Photos prises sur le vif sur la plage de Rémire à Cayenne le  jeudi 19 mai 2011 

17:08 Publié dans Herpétologie | Tags : caïman noir, guyane | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |

24/05/2011

Éducation à l'environnement et livre jeunesse : Rencontre-débat

Éducation à l'environnement et livre jeunesse : Rencontre-débat

 

Dans le cadre de la 20e édition de la Fête du Livre, la MJC de Palente (Besançon) a organisé une rencontre-débat sur le thème de L'Éducation à l'environnement et le livre jeunesse. Pourquoi et comment éduquer la jeunesse à l'environnement ? Qu'apporte le livre, le documentaire ? Est-ce compatible avec le plaisir de lire ? Certains livres par leur côté alarmiste ne vont-ils pas à l'encontre du but recherché ? Quel citoyen de demain et pour quelle planète ?

 

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MJC_23-05-11_06_Denis-Cheissoux-1.jpgJournaliste infatigable, Denis Cheissoux animait la rencontre. Denis Cheissoux produit depuis des années, deux émissions sur France Inter dont l'une fait aimer les livres pour la jeunesse "l'as-tu lu mon petit loup" et l'autre "CO2 mon amour" apporte un éclairage sur les problèmes environnementaux.

Des débats magistralement orchestrés par cet ardent défenseur de l'écologie qui connaît bien l'univers de la littérature jeunesse puisqu'il est lui-même auteur de l'album "la biodiversité c'est la vie" publié chez Hoëbeke en 2010.

 

 

MJC_23-05-11_09_Isabelle-Péhourticq-1.jpgÀ ses côtés, Isabelle Péhourticq, éditrice du domaine documentaire chez Actes Sud Junior. Isabelle Péhourticq est aussi critique de cinéma documentaire et traductrice de livres. Elle apportait aux débats sa note technique sur les publications pour la jeunesse, présentant notamment la collection "À Petits Pas" qu'elle dirige.

 

 

 

 

MJC_23-05-11_10_Véronique-Corgibet-1.jpgDiplômée en Sciences de l'Éducation, enseignante, puis journaliste et auteur de livres pour la jeunesse, Valérie Corgibet écrit sur des thèmes qui touchent les enfants, comme le divorce, les relations parents/enfants, et aussi sur le thème de l'environnement : "Les Transports à petits pas" chez Actes Sud Junior ou encore "L'Encyclo Verte" chez Casterman.

 

 

 

MJC_23-05-11_14_Sylvie-Meyer-1.jpgÉlue "Europe-Ecologie -Les Verts" au Conseil Régional de Franche-Comté, Sylvie Meyer y est en charge de la vice-présidence Culture -Jeunesse. Passionnée de littérature de jeunesse, elle en a fait un élément essentiel de son enseignement dans le cadre de la formation des professeurs des écoles à l'IUFM de Besançon.

 

 

 

 

MJC_23-05-11_16_Elise-Freudenreich-1.jpgProfesseur des écoles détachée de l'Education Nationale, déléguée environnement de la ligue de l'enseignement de Franche Comté, Élise Freudenreich est responsable pédagogique de la Maison Départementale de l'Environnement, un service du Conseil Général 90, basée à Sermamagny sur le site du Malsaucy (ouvert au grand public aussi).

 

 

 

MJC_23-05-11_17_Thibault-Gladel-1.jpgAccompagnateur en montagne, éducateur à l'environnement, Thibault Gladel est aussi éco-interprète et fin pédagogue, il prend le parti de faire aimer la nature aux enfants avant de leur parler de responsabilité. Pour autant, il participe aussi à l'écriture d'ouvrages sur l'environnement intitulés "Des hommes et des paysages" aux éditions Néo, 5 tomes initiés par les CPIE de la région. Il a fait part de son expérience pédagogique dans l'encadrement des enfants sur le terrain.

 

Le public a réagi en posant des questions variées intéressant tous les thèmes abordés au cours de la discussion. Les auteurs ont ensuite dédicacés leurs différents ouvrages, toujours magnifiquement illustrés et respectant parfaitement les données les plus récentes de l'écologie.

23/05/2011

Biodiesel ou la frite durable

Biodiesel4-logo.jpgLa frite durable

 

À l'Université de Franche-Comté, les étudiants en DUT Chimie conçoivent un nouveau TP qui permettra de fabriquer du biodiesel à partir d'huiles de friture usagées récupérées au restaurant universitaire.

 

Prenez de l'huile, ajoutez-y de l'alcool et de la soude, mélangez, chauffez et vous obtiendrez du biodiesel, de la glycérine et un peu de savon. Bien sûr, les manipulations nécessaires sont un peu plus complexes, mais le principe reste simple. Les étudiants du département Chimie de l'IUT Besançon-Vesoul le découvriront pendant les nouveaux travaux pratiques qui leur seront proposés l'année prochaine. Actuellement, une dizaine d'étudiants en deuxième année de DUT met au point ces TP, sous la supervision d'enseignants et d'agents de maîtrise de l'usine Solvay de Tavaux (39). C'est dans cette entreprise, avec laquelle l'IUT collabore depuis plus de 40 ans, que le protocole utilisé a été élaboré.

 

« Ce nouveau TP remplace un TP devenu obsolète par rapport à ce qui se pratique de nos jours dans l'industrie », explique Rémy Viennet, enseignant au département Chimie. L'objectif est aussi d'utiliser moins de réactifs dangereux et de produire des composés chimiques recyclables et valorisables. Dans cette perspective, la récupération, à des fins pédagogiques, d'une partie des huiles de fritures usagées issues de  la restauration universitaire, est bienvenue, d'autant plus que les services du CROUS doivent en principe en payer le recyclage. Le biodiesel ainsi produit pourrait alimenter les tracteurs qui servent à l'entretien des espaces verts ou une cuve à fioul pour le chauffage. Quant à la glycérine produite lors de la réaction, l'usine Solvay se charge de son traitement.

 

Biodiesel3-1.jpg

 

Ce projet a reçu le label Année internationale de la chimie (AIC) pour son intérêt pédagogique et parce qu'il véhicule l'image d'une chimie "verte".

 

Différentes qualités de biodiesel produites à partir d'huiles plus ou moins usagées. Si la couleur change, les propriétés du biocarburant restent les mêmes.

 

Biodiesel2-1.jpg

 

Source : Tout l'Ufc, magazine de l'Université de Franche-Comté, avril-juin 2011, n° 147.

20/05/2011

La dioxine à l’épreuve du sang dans l'agglomération bisontine

Les concentrations sanguines en dioxines et PCBs sont plus élevées chez les personnes atteintes de lymphome malin non hodgkinien, à proximité de l’usine d’incinération d’ordures ménagères de Besançon

 

Article scientifique paru dans la revue Environment International[1],

janvier 2011

 

par Jean-François Viel

Professeur de santé publique

à la faculté de médecine de Besançon

 

Par le terme générique "dioxines", on désigne les polychlorodibenzo-p-dioxines (dioxines) et les polychlorodibenzofuranes (furanes) qui appartiennent à la famille des hydrocarbures aromatiques polyclycliques chlorés. Il existe un très grand nombre de congénères dont deux, le 2,3,7,8-T4CDD (dioxine de Seveso) et le 2,3,4,7,8-P5CDF, sont considérés par le Centre International de Recherche contre le Cancer (OMS) comme cancérigènes pour l’homme. Jusqu'à un passé récent la principale source de rejet de dioxines dans l’environnement était constituée des usines d’incinération d’ordures ménagères.

Des travaux scientifiques préalables autour de l’usine d’incinération d’ordures ménagères de Besançon[2],confortaient tous l’hypothèse d’une association entre l’exposition environnementale aux dioxines émises par l’activité ancienne de l’usine et la survenue d’une forme de cancer du système lymphatique (lymphome malin non hodgkinien - LMNH)[3]. Mais il restait à mesurer de la façon la plus objective et précise possible l'exposition des riverains aux dioxines.

C'est le principal apport de cette nouvelle étude basée sur le dosage sanguin de ces polluants, reflétant une exposition cumulée et évitant le recours à des marqueurs indirects (tels que des mesures dans l'environnement). L'objectif était donc de comparer la concentration sanguine de produits organochlorés (dioxines, furanes et polychlorobiphényles - PCBs) chez des patients atteints de LMNH et chez des témoins.

L'étude a mobilisé une équipe interdisciplinaire (épidémiologistes, hématologues et biologistes) et a bénéficié d'un financement du Ministère du Travail, de l'Emploi et de la Santé (dans le cadre d’un Programme Hospitalier de Recherche Clinique).

Pendant la période 2003-2005, 53 cas de LMNH résidant dans l'un des 3 cantons situés sous le panache de l'incinérateur ont été diagnostiqués. Le dosage de composés organochlorés réclamant un volume sanguin relativement important (150 ml), seuls 34 cas ont pu être prélevés.

 

La carte ci-dessous représente la modélisation des retombées atmosphériques de dioxines et la localisation des prélèvements de sol autour de l’usine d’incinération d’ordures ménagères de Besançon. Cette modélisation des retombées de dioxines au sol, avec un aspect en "ailes de libellule", montre clairement que l’exposition aérienne aux dioxines n’est pas identique en tout endroit de l’agglomération bisontine.

 

Modélisation des retombées atmosphériques de dioxines-2 .jpg

Retombées atmosphériques de dioxines provenant

de l'usine d'incinération bisontine

 

 

Ils ont été comparés à 34 témoins, de même âge et de même sexe. Les caractéristiques sociodémographiques et les habitudes alimentaires étaient identiques entre les deux groupes. Aucun participant n'avait travaillé dans un secteur d'activité considéré comme particulièrement exposant aux dioxines.

Bien que portant sur des échantillons de taille modérée (induite par la spécificité de la source d'exposition), les concentrations moyennes en composés organochlorés sont toutes statistiquement supérieures chez les cas de LMNH par rapport aux témoins. Les concentrations moyennes en dioxines et furanes chez ces derniers apparaissent identiques à celles observées dans la population générale française[4].

 

Concentrations moyennes

 Cas

 Témoins

Dioxines (1)

 13,39

 8,73

 Furanes (1)

 9,44

 6,27

 PCB "dioxin like"(1)

 33,13

 20,10

 PCB non "dioxin like"(2)

541,30

 335,5

(1) pg OMS1998-TEQ/g lipide (2) ng/g lipide

 

Cette étude confirme donc l'association entre l’exposition environnementale aux polluants organochlorés et la survenue de lymphomes malins non hodgkiniens à proximité d'un incinérateur d'ordures ménagères.

 


[1] Viel JF, Floret N, Deconinck E, Focant JF, De Pauw E, Cahn JY. Increased risk of non-Hodgkin lymphoma and serum organochlorine concentrations among neighbors of a municipal solid waste incinerator. Environ Int 2010 ; 37:449-453.

[2] Viel JF, Arveux P, Baverel J , Cahn JY. Soft–tissue sarcoma and non-Hodgkin’s lymphoma clusters around a municipal solid waste incinerator with high dioxin emission levels. Am J Epidemiol 2000;152:13-19.

Floret N, Mauny F, Challier B, Arveux P, Cahn JY, Viel JF. Dioxin emissions from a solid waste incinerator and risk of non-Hodgkin lymphoma. Epidemiology 2003;14:392-398.

Floret N, Viel J-F, Lucot E, Dudermel P-M, Cahn J-Y, Badot P-M, Mauny F. Dispersion modeling as a dioxin exposure indicator in the vicinity of a municipal solid waste incinerator : a validation study. Environ Sci Technol 2006;40:2149-2155.

[3] Tumeur maligne se développant dans les ganglions et parfois dans différents organes (rate, foie, etc.).

[4] Étude d’imprégnation par les dioxines des populations vivant à proximité d’usines d’incinération d’ordures ménagères - Rapport d’étude, InVS, 2009.

 

Pour en savoir plus :

 

http://www.invs.sante.fr/publications/2009/impregnation_d...

 

Contacts :

Professeur Jean-François Viel, épidémiologiste

UMR CNRS n° 6249 Chrono-Environnement

UFR Médecine & Pharmacie, Besançon

Téléphone : 03 81 21 87 34

E-Mail : jean-francois.viel@univ-fcomte.fr

 

Anne Vignot, chargée de communication

UMR CNRS n° 6249 Chrono-Environnement

UFR Sciences & Techniques, Besançon

Téléphone : 06 84 60 57 53

E-Mail : anne.vignot@univ-fcomte.fr

 

17/05/2011

Bien préparer ses examens

Bien préparer ses examens

 

Pas de bonne préparation à un examen sans bonne mémorisation des connaissances qu'il s'agira de restituer au mieux le jour J. La mémorisation est un processus vital qui occupe une part très importante de l'activité cérébrale. Ce processus repose essentiellement sur la capacité de chaque neurone à établir avec ses semblables des connexions grâce aux milliers de synapses dont il module l'activité selon les besoins. Les réseaux de communication neuronaux ainsi constitués sont autant de traces laissées par les expériences physiques et intellectuelles. En fonction des informations enregistrées, on parle de mémoire sémantique, lexicale, procédurale, sensorielle ou encore autobiographique. Cette multiplicité des types de mémoires interdit de déterminer une méthode unique pour les améliorer toutes. Néanmoins, grâce aux recherches menées en sciences cognitives et en neurologie, il est possible de renforcer certains aspects de la mémorisation et de réviser à bon escient.

 

Le sport un bon moyen de muscler son cerveau


Pour bien apprendre, l'efficacité de la mémoire est certes cruciale, mais de nombreuses études rapportent qu'on peut aussi aider indirectement notre cerveau en faisant du sport. En augmentant le débit sanguin cérébral, l'activité physique apporte plus d'oxygène et de nutriments au cerveau et l'aide donc à mieux fonctionner. Les exercices physiques permettent d'améliorer les performances cognitives dans la même proportion que les exercices de mémorisation.

 

Autre effet bénéfique du sport en période de révisions : son impact sur le stress. La pratique d'une activité physique fait baisser le taux sanguin de cortisol, la fameuse hormone du stress. Un petit footing suivi d'un peu de repos avant l'examen serait donc très profitable pour réduire le trac.

 

En revanche, pour lutter contre ce stress, ne comptez ni sur l'alcool ni sur le cannabis - ce dernier nuit à la synthèse des molécules nécessaires aux connexions cellulaires qui s'établissent lors de la mémorisation. L'alcool, lui, affecte la division et la migration des cellules progénitrices de neurones dans l'hippocampe du cerveau.

 

Ne pas tout apprendre d'un seul coup

 

Bases scientifiques

 

Siégeant dans le lobe frontal, la mémoire à court terme est efficace quelques dizaines de secondes. Mais elle est indispensable à la mémoire à long terme, car c'est par elle que les informations accèdent au cerveau. Après avoir transité par l'hippocampe, petite structure située en profondeur du lobe temporal, les informations sont stockées de façon diffuse dans différentes aires du cortex ; à la restitution des connaissances, elles font le chemin inverse. Notre mémoire à court terme est capable de traiter sept éléments : c'est l'empan mnésique. Quand il est possible de regrouper plusieurs concepts en un seul ou de se répéter mentalement les éléments à mémoriser, l'empan mnésique peut effectivement être égal à sept. Sinon, nous ne sommes capables de mémoriser que 3 à 5 éléments.

 

À faire

 

Il importe de soulager notre mémoire à court terme du superflu en établissant des fiches rassemblant les informations essentielles. Sur les schémas, ôtez les éléments qui ne sont pas à apprendre.

 

Utiliser des procédés mnémotechniques

 

Bases scientifiques

 

Tout apprentissage consiste à établir des groupes d'informations solides ou des associations entre concepts afin qu'ils prennent moins de place dans la mémoire à long terme (laquelle peut conserver des informations toute la vie durant), plus précisément dans l'une de ses composantes : la mémoire sémantique. Mémoire des concepts et des informations abstraites, c'est grâce à elle que l'on se souvient que Buenos Aires est la capitale de l'Argentine ou Victor Hugo l'auteur des Misérables.


Cette mémoire sémantique est hiérarchique : chaque concept est rangé dans une catégorie plus large. Par exemple, le concept canari est rangé dans la catégorie oiseaux ; oiseaux étant lui-même rangé dans la catégorie animaux. Cette capacité d'organisation de la mémoire sémantique semble varier d'une personne à l'autre en vertu de son entraînement, de l'étendue de ses connaissances dans un domaine (on range mieux les informations d'une matière maîtrisée et comprise). Enfin, elle n'est pas toujours très logique chez les enfants.

 

À faire

 

 

Pour aider notre mémoire sémantique, rien de mieux que de hiérarchiser l'information dans un plan de rappel ou une arborescence. Veiller à sa concision évite la surcharge lors des échanges entre la mémoire à court terme et la mémoire sémantique. Une organisation idéale serait un plan en trois grands chapitres (I, II et III) regroupant chacun trois sous-catégories [1,2,3]. Pour se souvenir de ce plan de rappel, il suffit d'inventer une histoire qui relie les différents mots de ce plan. Ce sont les fameux procédés mnémotechniques.

 

Ne pas négliger le "par cœur"

 

Bases scientifiques

 

Dans les années 1990, la neurobiologie a compris que les souvenirs forment des traces dans le cerveau. Ces "traces mnésiques" se concrétisent par de nouvelles liaisons entre les neurones, établissant ou modifiant des réseaux de neurones. La répétition stabilise ces connexions entre neurones, comme un chemin dans une forêt vierge devient plus praticable s'il est emprunté souvent. Les spécialistes parlent de consolidation.

 

À faire

 

Apprendre par cœur, "rabâcher", c'est très utile, surtout pour la mémoire lexicale, qui relie le "dessin" des mots à leur son. Pour mémoriser un nom compliqué, rien de mieux que de l'écrire plusieurs fois. Même chose pour les apprentissages moteurs [conduire, skier, etc.], il faut répéter le même geste des dizaines de fois. Par ailleurs, écrire ses inquiétudes avant l'examen réduit son stress.

 

Maîtriser son environnement sonore

 

Bases scientifiques

 

Plusieurs chercheurs ont étudié les effets du bruit sur la mémorisation. Des bruits simples, comme ceux de l'aspirateur ou de la circulation, n'empêchent pas la mémorisation. Pas plus que les morceaux instrumentaux. En revanche, dès qu'il y a des paroles, la capacité de mémorisation peut être réduite de 40 %. Les mots entendus dans une chanson ou des bruits de conversation entreraient en concurrence avec ceux lus, les deux étant traités par la mémoire sémantique.

 

À faire

 

Éviter d'écouter la radio en apprenant les cours et privilégier les endroits calmes, loin des conversations.

 

Vérifier ce que l'on sait

 

Bases scientifiques

 

Mesurer un objet ne le fait pas changer de taille. Logique. Sauf pour la mémoire ! Tester sa mémoire est la méthode la plus efficace pour la doper.

 

À faire

 

Se remémorer ce qu'on vient d'apprendre garantit un meilleur apprentissage.

 

Privilégier le sommeil

 

Bases scientifiques

 

Le sommeil paradoxal s'allonge pendant les phases d'apprentissage chez des rongeurs. Rêve-t-on de ses cours en période de révision ? Les neurones activés durant l'apprentissage chez le rat sont réactivés pendant le sommeil. Le cerveau réactive, donc consolide, préférentiellement les informations les plus importantes. En clair, le rat rêve du labyrinthe qu'il a exploré la journée et plus précisément du moment où il a réussi à en sortir. Chez l'homme, c'est l'hippocampe qui a pour rôle de marquer les neurones à réactiver pendant le sommeil. Cette structure cérébrale, plus active lorsque les informations sont jugées importantes, "étiquetterait" les neurones spécifiques à l'apprentissage réalisé.

 

À faire

 

Le bon sens populaire est confirmé : le sommeil permet de consolider ses connaissances. De courtes siestes entre deux phases de révisions sont également bénéfiques. Et l'apprentissge progressif et régulier est bien plus efficace que le bachotage jour et nuit la semaine qui précède les examens.

 

Des pilules pour apprendre ?

 

Mémoboost, Biomag, Oligosol... À l'approche des examens, les devantures des pharmacies vantent les mérites de compléments alimentaires censés doper la mémoire. Mais aucun argument scientifique ne justifie la prise de ces suppléments. Si ce n'est pour obtenir un effet placebo. Au mieux augmentent-ils un peu l'attention, à la manière de la nicotine ou de la caféine difficiles à doser pour obtenir un état de vigilance amélioré et auxquels l'organisme s'accoutume rapidement. Ils n'apportent plus alors que la réduction d'un léger manque.

 

La tentation reste forte de recourir à une artillerie plus lourde en détournant certains médicaments. La pilule d'Avlocardyl, un médicament destiné à l'origine aux cardiaques, et les symptômes du stress s'envolent. Un comprimé de Modiodal contre la narcolepsie, employé par les militaires pendant la guerre du Golfe pour rester éveillé pendant plusieurs jours, et la fatigue disparaît... Une dose de Ritaline, dérivé d'amphétamines destiné aux enfants hyperactifs, et l'attention s'améliore…

 

Oui, mais les effets indésirables (nervosité, manque, dépression, fatigue, notamment) peuvent in fine compromettre la performance. Au point qu'en 2009, le psychologue australien Vince Cakic s'interrogeait sur la nécessité d'instaurer des tests antidopage dans les universités !

 

Source : Science & Vie, mai 2011

15/05/2011

Mort des abeilles : cocktail mortel du Gaucho et du champignon Nosema cerenae

La conjonction d'un agent infectieux et d'un insecticide serait la cause de la mortalité des abeilles.

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10/05/2011

OGM : de la toxine Bt retrouvée dans le sang de femmes enceintes et de leurs fœtus au Québec

OGM : de la toxine Bt retrouvée dans le sang de femmes enceintes et de leurs fœtus au Québec

 

D'après Greenpeace, une étude indépendante réalisée à Sherbrooke auprès de femmes enceintes, de leurs fœtus et de femmes non enceintes révèle la présence de résidus de pesticides issus d’aliments transgéniques dans le sang de chacun de ces groupes. Des résidus de glyphosate et de glufosinate (herbicides couramment utilisés lors de la culture de certaines plantes génétiquement modifiées) ont également été retrouvés.

 

 

Une étude scientifique publiée en avril par des chercheurs de l’Université de Sherbrooke au Canada, fait état de résultats inédits jusqu’ici.


Les auteurs concluent à la nécessité de poursuivre les analyses d’impact des organismes génétiquement modifiés (OGM) sur les humains. Professeur-chercheur au département de gynécologie-obstétrique de la faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke, Aziz Aris s’intéresse particulièrement à la toxicité d’origine environnementale sur les fœtus et les mères. Or, dit-il, l’impact des OGM a été abondamment testé sur les animaux, mais jamais sur les humains. C’est la première fois que la présence de résidus de pesticides d’OGM dans le sang des femmes est démontrée. Ces femmes et leur conjoint, étant citadins et n’ayant jamais travaillé au contact de pesticides, ces résultats résulteraient donc principalement de leur alimentation.


Les résultats de l’étude, financée par un fonds québécois de recherche en santé, seront publiés dans la revue scientifique américaine Reproductive Toxicology.


Environ 70% du maïs au Québec est génétiquement modifié (OGM) et inclut la toxine Bt.

 

Cette étude scientifique indépendante confirme les pires craintes de Greenpeace sur le manque de rigueur, d’indépendance et de transparence des études menées par les entreprises de biotechnologies.


Comme les autorités gouvernementales canadiennes refusent toujours d’appliquer le principe de précaution, les citoyens sont traités comme des cobayes par le gouvernement fédéral. Au Canada comme en Europe, les OGM sont toujours approuvés sans études sérieuses et indépendantes. Il est temps de sortir de l’obscurantisme !


Combien d’études scientifiques indépendantes seront nécessaires pour que les autorités gouvernementales exigent des entreprises de biotechnologies des preuves de l’innocuité des OGM ?

03/05/2011

Les chasseurs embusqués derrière les parlementaires

Les chasseurs embusqués derrière les parlementaires

 

La puce de la semaine (Charlie-Hebdo 17/05/2011)hebdo 17/05/2011)

 

France Nature Environnement, la Ligue pour la Protection des Oiseaux, la Ligue ROC et la Fondation pour la Nature et l'Homme (FNH) dénoncent les revendications de certains députés, qui se font les porte-parole des chasseurs les plus extrémistes. Les amendements déposés en vue des débats sont révélateurs de la façon dont une minorité bien organisée parvient à influencer le législateur en faisant fi de l’intérêt général !

 

Pour les quatre associations : « Une sixième loi chasse en dix ans, est-ce vraiment raisonnable ? C'est un sujet récurrent au Parlement, comme si ce thème était l'un des principaux problèmes de la France! La chasse aux voix des chasseurs est ouverte, ne semble connaître aucune limite et, à un an d'échéances électorales majeures, des députés semblent disposés à une reddition complète, à rendre les armes face à celles des chasseurs. Il est bien loin le temps de la table ronde chasse, mise en place par le président de la République, qui n'aura duré que deux ans !»

 

Tirer de nuit, niche fiscale contre nichoirs… Tout est possible quand on a un fusil ! La liste d'amendements, étrangement de nature réglementaire et non législative, est irresponsable au regard de notre droit, de l'état de la biodiversité et du respect de l'animal. Prévert en contracterait une jaunisse face à un tel inventaire.

 

Dispositions déjà intégrées dans le texte :

 

l'autorisation de la chasse de nuit en Vendée ? Cette pratique, non traditionnelle dans ce département, est contestée par nombre de maires du Marais-Poitevin mais aussi de chasseurs responsables en raison de son impact attendu sur les oiseaux d'eau.

 

L'exonération, pour les installations de chasse (tonnes, huttes), de la taxe foncière sur les propriétés non bâties alors que le revenu marchand qui peut en être tiré est très conséquent (une hutte peut se louer 200 euros la nuit, et être vendue 150 000 euros !).

 

Amendements examinés :

 

Autoriser la chasse d'oiseaux en temps de neige, période pendant laquelle ces dernières, plus visibles, se battent déjà pour leur survie.

 

Banalisation de la chasse dans les cœurs mêmes des parcs nationaux ou dans les aires protégées, en contradiction potentielle avec les objectifs environnementaux assignés à ces espaces.

 

Nouveaux outils à disposition des chasseurs pour éliminer les corvidés : tirs quasiment toute l'année, cages, pièges… L'arsenal pour se débarrasser des corvidés est pourtant déjà bien fourni !

 

— Il est scandaleux de revendiquer l'usage des balles de plomb pour la chasse des "nuisibles" dans les zones humide, alors même que le plomb est hautement toxique. Si cet amendement était adopté il le serait en contradiction totale avec l'accord international AEWA (Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie).

 

Pour les quatre associations : « Reconnaître les chasseurs comme des acteurs majeurs de la gestion de la biodiversité dans ces conditions ? Ça confine au cynisme, au vu de ces revendications affichées. »

 

France Nature Environnement, la Ligue ROC, la Ligue pour la Protection des Oiseaux et la Fondation pour la Nature et l'Homme.

 

www.lpo.fr

 

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02/05/2011

Massif de la Serre : Extension carrières Bouygues–Pernot

Massif de la Serre :

Extension carrières Bouygues–Pernot

 

Déjà évoquées l'an dernier (voir article dans ce même blog), les menaces d'extension de la carrière Bouygues - Pernot à Moissey se précisent, amputant une nouvelle fois le massif de la Serre, dont chacun connaît l'originalité géologique, les richesses écologiques, floristiques et faunistiques.

Le préfet prévoit, non pas une réelle prise en compte de l'environnement... mais de demander des dérogations pour destructions de toutes les espèces protégées (espèces menacées de disparition) concernées par ce projet d'extension, afin de pouvoir autoriser la poursuite de l'exploitation !!!

 

Avez vous signé les pétitions ?

L'enquête publique est en cours... jusqu'au 20 mai.

Faites suivre...

 

Vous pouvez participer à l'action « Massif de la Serre », préservons la biodiversité ! à cette adresse :

http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/presentation.php...

Cyber acteurs vous permet de signer ses cyber_actions à cette adresse :

http://www.cyberacteurs.org/cyberactions

Retrouvez nous aussi sur facebook http://www.facebook.com/pages/Cyber-Acteurs/103522517943

 

Cyber action mise en ligne le 29/04/2011 , proposée par : CPEPESC, Franche-Comté Nature Environnement, Jura Nature Environnement et Serre Vivante.

 

Elle sera envoyée à : Ministre de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, Préfet de la Région Franche Comté, Préfet du Jura, Sous préfet de Dole, les membres de la commission d’enquête publique

 

Plus de 7000 personnes avaient cosigné « L’appel de la forêt, agir pour la biodiversité » lancé le 18 juin 2010 par France Nature Environnement et ses associations locales fédérées (CPEPESC, Franche-Comté Nature Environnement, Jura Nature Environnement et Serre Vivante) pour défendre le massif de la Serre dans le Jura.

 

Explicatif


Bouygues s’entête à vouloir exploiter une carrière au cœur du site Natura 2000 !

 

Ce massif forestier, site Natura 2000 FR4301318, est aujourd’hui à nouveau menacé par un projet de carrière. Si la mobilisation avait portée ses fruits avec le rejet du dossier (pour la cinquième fois !) en août 2010, le groupe Bouygues s’obstine…

 

À la veille de quitter ses fonctions dans le Jura, Mme LE MOUEL a signé le 28 mars 2011 un arrêté préfectoral prescrivant une enquête publique du mardi 19 avril au vendredi 20 mai 2011 sur la demande d'autorisation présentée par la Société des carrières de Moissey pour l'exploitation d'une carrière de roches éruptives au cœur du massif de la Serre.

 

Les enjeux environnementaux, enjeux sur les habitats et les espèces protégées, sont déterminants comme en témoignent les avis réservés formulés par l’autorité environnementale dans le cadre de la procédure ICPE (Avis du 30 mars 2011, format PDF - 719.5 ko) comme dans le cadre de la demande défrichement (avis du 18 mars 2010) ou encore par la « Commission Faune » du Conseil National de Protection de la Nature (avis du 26 janvier 2010 ref. 10/005).

 

Ce projet impacterait 59 espèces animales ou végétales protégées, dont plusieurs d’intérêt communautaire. Leurs habitats sont pour la plupart protégés également.

 

Agissons pour la biodiversité

 

Aucune des conditions préalables à l’obtention d’une dérogation prévues par le code de l'environnement (article L411) n’est satisfaite : l'intérêt public majeur du projet n’est pas démontré, il existe des solutions d’approvisionnement du Jura en granulat ayant un impact moindre et il parait indiscutable que le projet porterait atteinte à l'état de conservation des espèces concernées.

 

C’est pourquoi élus locaux, responsables associatifs, Vttistes, randonneurs, mycologues, botanistes, ornithologues, amis de la Serre, riverains, sont à nouveau mobilisés pour préserver l’intégrité du massif.

 

CPEPESC, Franche-Comté Nature Environnement, Jura Nature Environnement et Serre Vivante.