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17/05/2011

Bien préparer ses examens

Bien préparer ses examens

 

Pas de bonne préparation à un examen sans bonne mémorisation des connaissances qu'il s'agira de restituer au mieux le jour J. La mémorisation est un processus vital qui occupe une part très importante de l'activité cérébrale. Ce processus repose essentiellement sur la capacité de chaque neurone à établir avec ses semblables des connexions grâce aux milliers de synapses dont il module l'activité selon les besoins. Les réseaux de communication neuronaux ainsi constitués sont autant de traces laissées par les expériences physiques et intellectuelles. En fonction des informations enregistrées, on parle de mémoire sémantique, lexicale, procédurale, sensorielle ou encore autobiographique. Cette multiplicité des types de mémoires interdit de déterminer une méthode unique pour les améliorer toutes. Néanmoins, grâce aux recherches menées en sciences cognitives et en neurologie, il est possible de renforcer certains aspects de la mémorisation et de réviser à bon escient.

 

Le sport un bon moyen de muscler son cerveau


Pour bien apprendre, l'efficacité de la mémoire est certes cruciale, mais de nombreuses études rapportent qu'on peut aussi aider indirectement notre cerveau en faisant du sport. En augmentant le débit sanguin cérébral, l'activité physique apporte plus d'oxygène et de nutriments au cerveau et l'aide donc à mieux fonctionner. Les exercices physiques permettent d'améliorer les performances cognitives dans la même proportion que les exercices de mémorisation.

 

Autre effet bénéfique du sport en période de révisions : son impact sur le stress. La pratique d'une activité physique fait baisser le taux sanguin de cortisol, la fameuse hormone du stress. Un petit footing suivi d'un peu de repos avant l'examen serait donc très profitable pour réduire le trac.

 

En revanche, pour lutter contre ce stress, ne comptez ni sur l'alcool ni sur le cannabis - ce dernier nuit à la synthèse des molécules nécessaires aux connexions cellulaires qui s'établissent lors de la mémorisation. L'alcool, lui, affecte la division et la migration des cellules progénitrices de neurones dans l'hippocampe du cerveau.

 

Ne pas tout apprendre d'un seul coup

 

Bases scientifiques

 

Siégeant dans le lobe frontal, la mémoire à court terme est efficace quelques dizaines de secondes. Mais elle est indispensable à la mémoire à long terme, car c'est par elle que les informations accèdent au cerveau. Après avoir transité par l'hippocampe, petite structure située en profondeur du lobe temporal, les informations sont stockées de façon diffuse dans différentes aires du cortex ; à la restitution des connaissances, elles font le chemin inverse. Notre mémoire à court terme est capable de traiter sept éléments : c'est l'empan mnésique. Quand il est possible de regrouper plusieurs concepts en un seul ou de se répéter mentalement les éléments à mémoriser, l'empan mnésique peut effectivement être égal à sept. Sinon, nous ne sommes capables de mémoriser que 3 à 5 éléments.

 

À faire

 

Il importe de soulager notre mémoire à court terme du superflu en établissant des fiches rassemblant les informations essentielles. Sur les schémas, ôtez les éléments qui ne sont pas à apprendre.

 

Utiliser des procédés mnémotechniques

 

Bases scientifiques

 

Tout apprentissage consiste à établir des groupes d'informations solides ou des associations entre concepts afin qu'ils prennent moins de place dans la mémoire à long terme (laquelle peut conserver des informations toute la vie durant), plus précisément dans l'une de ses composantes : la mémoire sémantique. Mémoire des concepts et des informations abstraites, c'est grâce à elle que l'on se souvient que Buenos Aires est la capitale de l'Argentine ou Victor Hugo l'auteur des Misérables.


Cette mémoire sémantique est hiérarchique : chaque concept est rangé dans une catégorie plus large. Par exemple, le concept canari est rangé dans la catégorie oiseaux ; oiseaux étant lui-même rangé dans la catégorie animaux. Cette capacité d'organisation de la mémoire sémantique semble varier d'une personne à l'autre en vertu de son entraînement, de l'étendue de ses connaissances dans un domaine (on range mieux les informations d'une matière maîtrisée et comprise). Enfin, elle n'est pas toujours très logique chez les enfants.

 

À faire

 

 

Pour aider notre mémoire sémantique, rien de mieux que de hiérarchiser l'information dans un plan de rappel ou une arborescence. Veiller à sa concision évite la surcharge lors des échanges entre la mémoire à court terme et la mémoire sémantique. Une organisation idéale serait un plan en trois grands chapitres (I, II et III) regroupant chacun trois sous-catégories [1,2,3]. Pour se souvenir de ce plan de rappel, il suffit d'inventer une histoire qui relie les différents mots de ce plan. Ce sont les fameux procédés mnémotechniques.

 

Ne pas négliger le "par cœur"

 

Bases scientifiques

 

Dans les années 1990, la neurobiologie a compris que les souvenirs forment des traces dans le cerveau. Ces "traces mnésiques" se concrétisent par de nouvelles liaisons entre les neurones, établissant ou modifiant des réseaux de neurones. La répétition stabilise ces connexions entre neurones, comme un chemin dans une forêt vierge devient plus praticable s'il est emprunté souvent. Les spécialistes parlent de consolidation.

 

À faire

 

Apprendre par cœur, "rabâcher", c'est très utile, surtout pour la mémoire lexicale, qui relie le "dessin" des mots à leur son. Pour mémoriser un nom compliqué, rien de mieux que de l'écrire plusieurs fois. Même chose pour les apprentissages moteurs [conduire, skier, etc.], il faut répéter le même geste des dizaines de fois. Par ailleurs, écrire ses inquiétudes avant l'examen réduit son stress.

 

Maîtriser son environnement sonore

 

Bases scientifiques

 

Plusieurs chercheurs ont étudié les effets du bruit sur la mémorisation. Des bruits simples, comme ceux de l'aspirateur ou de la circulation, n'empêchent pas la mémorisation. Pas plus que les morceaux instrumentaux. En revanche, dès qu'il y a des paroles, la capacité de mémorisation peut être réduite de 40 %. Les mots entendus dans une chanson ou des bruits de conversation entreraient en concurrence avec ceux lus, les deux étant traités par la mémoire sémantique.

 

À faire

 

Éviter d'écouter la radio en apprenant les cours et privilégier les endroits calmes, loin des conversations.

 

Vérifier ce que l'on sait

 

Bases scientifiques

 

Mesurer un objet ne le fait pas changer de taille. Logique. Sauf pour la mémoire ! Tester sa mémoire est la méthode la plus efficace pour la doper.

 

À faire

 

Se remémorer ce qu'on vient d'apprendre garantit un meilleur apprentissage.

 

Privilégier le sommeil

 

Bases scientifiques

 

Le sommeil paradoxal s'allonge pendant les phases d'apprentissage chez des rongeurs. Rêve-t-on de ses cours en période de révision ? Les neurones activés durant l'apprentissage chez le rat sont réactivés pendant le sommeil. Le cerveau réactive, donc consolide, préférentiellement les informations les plus importantes. En clair, le rat rêve du labyrinthe qu'il a exploré la journée et plus précisément du moment où il a réussi à en sortir. Chez l'homme, c'est l'hippocampe qui a pour rôle de marquer les neurones à réactiver pendant le sommeil. Cette structure cérébrale, plus active lorsque les informations sont jugées importantes, "étiquetterait" les neurones spécifiques à l'apprentissage réalisé.

 

À faire

 

Le bon sens populaire est confirmé : le sommeil permet de consolider ses connaissances. De courtes siestes entre deux phases de révisions sont également bénéfiques. Et l'apprentissge progressif et régulier est bien plus efficace que le bachotage jour et nuit la semaine qui précède les examens.

 

Des pilules pour apprendre ?

 

Mémoboost, Biomag, Oligosol... À l'approche des examens, les devantures des pharmacies vantent les mérites de compléments alimentaires censés doper la mémoire. Mais aucun argument scientifique ne justifie la prise de ces suppléments. Si ce n'est pour obtenir un effet placebo. Au mieux augmentent-ils un peu l'attention, à la manière de la nicotine ou de la caféine difficiles à doser pour obtenir un état de vigilance amélioré et auxquels l'organisme s'accoutume rapidement. Ils n'apportent plus alors que la réduction d'un léger manque.

 

La tentation reste forte de recourir à une artillerie plus lourde en détournant certains médicaments. La pilule d'Avlocardyl, un médicament destiné à l'origine aux cardiaques, et les symptômes du stress s'envolent. Un comprimé de Modiodal contre la narcolepsie, employé par les militaires pendant la guerre du Golfe pour rester éveillé pendant plusieurs jours, et la fatigue disparaît... Une dose de Ritaline, dérivé d'amphétamines destiné aux enfants hyperactifs, et l'attention s'améliore…

 

Oui, mais les effets indésirables (nervosité, manque, dépression, fatigue, notamment) peuvent in fine compromettre la performance. Au point qu'en 2009, le psychologue australien Vince Cakic s'interrogeait sur la nécessité d'instaurer des tests antidopage dans les universités !

 

Source : Science & Vie, mai 2011