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25/05/2014

Le Cygne tuberculé défend sa couvée

Intimidation

 

par Dominique Delfino

Photographe animalier et naturaliste

 

Depuis plus d'une quinzaine de jours, le Cygne tuberculé est présent sur la grande majorité de nos plans d'eau.

 

Pour des raisons liées à l'esthétisme et à la grâce de ce palmipède — une espèce protégée — des sujets furent importés sous nos latitudes plus méridionales, afin d'y servir d'oiseaux d'ornement destinés à la noblesse française.

 

De retour progressivement à l'état sauvage dans le milieu naturel, le Cygne tuberculé s'y est particulièrement bien adapté d'où l’expansion spectaculaire de sa population. Mais il ne faut pas toujours s'en réjouir, car sa présence a parfois des conséquences négatives sur les autres représentants de l'avifaune aquatique.

 

Ce sont les mâles qui, à des degrés variables suivant les individus, développent des comportements agressifs s'exerçant à l'encontre de tout ce qui bouge dans le rayon d'action du couple installé. Il est raisonnable de relier cette plus ou moins forte agressivité à un phénomène hormonal.

 

L'image de ce cygne réalisée le 21 juin 2014 sur l'étang du ''Techn'hom'' de Belfort, illustre également l’attitude dont il fait preuve couramment en affichant cette posture intimidante afin de défendre sa nichée.

 

dominique delfino,cygne tuberculé

 

22/05/2014

Bain de soleil pour un chevreuil

Bain de soleil pour un chevreuil

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

Les soirées d'observation se suivent, mais ne ressemblent pas, procurant ainsi cette sensation de découverte permanente et de contact avec la vie sauvage.

 

À l'affût dans la plaine de l'Allan à Brognard, je profite des fins de journées un peu moins chaudes pour espérer photographier les oiseaux qui se révèlent un peu plus actifs que durant la journée et surtout jouir de l'ambiance lumineuse de ces soirées.

 

Les oiseaux sont au rendez-vous, mais la présence d'un chevreuil de l'autre côté de la rive prêt à traverser le plan d'eau me tient en haleine. Le rêve devient alors réalité lorsque l'animal se met à l'eau, nage dans ma direction avant de reprendre pied tranquillement face à mon téléobjectif.

 

C'est un véritable tableau que m'offre la nature avec la scène de cette chevrette profitant quelques instants de ce bain de soleil couchant tout en surveillant dans ma direction.

 

Juste le temps de contrôler le côté technique pour assurer mes prises de vues et notre reine d'un soir ira se dissimuler dans la végétation en quête des herbes tendres dont elle se délectera.

 

Quelle belle soirée !

 

Chevreuil-Delfino-450.jpg

 

 

 

Comité d'accueil

Comité d'accueil

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

Météo idéale en ce dimanche 9 avril 2014 pour un survol du Pays de Montbéliard en montgolfière. Invité par le pilote Nicolas Maurice à partager la nacelle de son ballon (montgolfière Pays Montbéliard Agglomération), je profite de l'occasion pour réaliser toute une série de prises de vues à la lumière du soleil levant.

 

Pas un souffle de vent au décollage de l'aérodrome de Courcelles lès Montbéliard. Le ballon s'élève lentement jusqu'à s'engager dans un léger flux d'air qui nous dirigera progressivement sur le centre ville de Montbéliard, avant de survoler à un peu moins de mille mètres la basse vallée de la Savoureuse.

 

La lumière chaude et rasante, baignée d'une légère brume matinale imprègne le paysage d'une ambiance d'un grand calme que seul les brûleurs à gaz du ballon viennent troubler.

 

Je redécouvre ces paysages que je connais bien pour les avoir survolés de nombreuses fois mais cette fois, avec l'impression de reposer sur un balcon accroché au ballon.

 

C'est dans la vallée de la Bourbeuse à Charmois, une heure trente plus tard que se prépare l'atterrissage avec comme comité d'accueil, les vaches toujours inquiètes par cette arrivée intrusive dans leur pâture.

 

Comité-d'accueil-450.jpg

 

 

21/05/2014

Le Coucou gris

Le Coucou gris

 

par Dominique Delfino

Photographe animalier et naturaliste

 

Cet oiseau, dont le chant est certainement le plus connu, est habituellement calme en dehors de la saison de reproduction. Mais à cette époque, il chante presque continuellement manifestant son comportement territorial et ainsi que lors des parades amoureuses.

 

C'est à cette occasion que j'ai pu réaliser cette image dans le delta du Danube où la population de coucous est particulièrement bien représentée, en raison du biotope favorable car d'importantes roselières abritent de nombreux nids de rousserolles que recherche en particulier cette espèce parasite, propre au coucou, pour y pondre y ses œufs.

 

Le voici perché pas très haut sur un arbre dépourvu de feuilles. C'est l'occasion rêver pour tenter une approche progressive. Moteur coupé, la barque dérive tout en douceur au gré d'un léger courant. L'image du coucou s'affiche à travers le téléobjectif jusqu'à offrir un plan presque plein cadre. ''Cerise sur le gâteau'' notre oiseau capture alors une chenille qu'il exhibe fièrement et qu'il offrira certainement à sa femelle, les bonnes intentions étant toujours de circonstance en cette période des amours...

 

Coucou-Delfino-450.jpg

Le Crabier chevelu

Le Crabier chevelu

 

par Dominique Delfino

Photographe animalier et naturaliste

 

Observé très rarement sur l'espace naturel de Brognard, ce petit Héron fort sympathique a été photographié dans le delta du Danube en Roumanie où je séjourne actuellement en compagnie de trois amis ornithologues à Crisan, petit village de pêcheurs situé en plein cœur du delta.

 

Classé première biosphère de l'Europe occidentale, ce milieu exceptionnel abrite une avifaune particulièrement riche. Toutes les espèces inféodées au milieu aquatique sont ici très largement représentées.

 

Parcourant inlassablement les berges, le Crabier chevelu est facilement observable dès lors que l'on dispose d'une barque pour une approche discrète.

 

Comme le montre cette image, le Crabier chevelu capture prestement différentes proies grâce à une vue perçante et une approche adaptée.

 

Le téléobjectif bien calé sur la barque permettra de saisir ces différentes scènes de la vie au cœur des roseaux dès le lever du jour.

 

Crabier-chevelu-Delfino-450.jpg

20/05/2014

Les anciens méandres du Doubs dans la région de Besançon

Les anciens méandres du Doubs dans la région de Besançon

 

par Patrick Rolin

Maître de conférences en géologie à l'Université de Franche-Comté

 

ARTICLE EN CONSTRUCTION

 

[Cet article constitue un extrait d'un futur guide consacré aux randonnées géologiques dans le Doubs.]

 

Aux environs de Besançon, le Doubs décrit un certain nombre de méandres dont le plus célèbre, la boucle du Doubs est un méandre actuel qui enserre la ville. Au cours de son histoire hydrographique, le Doubs s'est déplacé en fabriquant des méandres qu'il a ensuite abandonnés en les recoupant. On retrouve la trace de ces méandres anciens (paléo-méandres) en observant le paysage.

 

La déformation des anciens méandres

 

En aval de la ville, on peut distinguer différents paléo-méandres dont la topographie et la disposition peuvent surprendre le profane. Les études géologiques de ces méandres montrent qu'ils sont les témoins d’une tectonique récente qui a bouleversé leurs positions. Pour en avoir une idée d'ensemble, il faut commencer l'étude par le panorama offert depuis le fort de Planoise (point 1 sur la carte ci-dessous).

 

Fig 1-Carte-géologique-et-itinéraire-450.jpg

Fig. 1 - Carte géologique du secteur de Rosemont – Planoise et localisation de l’itinéraire conseillé et des points d’arrêts cités dans le texte.

 

Panorama du fort de Planoise

 

Le fort de Planoise (ou fort Moncey) est situé à 462 mètres d’altitude (point 1 de la carte). Il fait partie de l’enceinte fortifiée mise en place par Séré de Rivière. Construit entre 1877 et 1892, il comporte le fort principal et des ouvrages annexes dont 4 batteries destinés à le soutenir.

 

La colline de Planoise appartient au pli de la Citadelle. Celui-ci se poursuit dans la colline de Rosemont (fig. 2). Le pli érodé montre sa combe centrale et ses deux flancs ; à l’arrière, le pli se poursuit dans les collines de Chaudanne puis à la citadelle dont les fortifications reposant sur la courbure des couches calcaires apparaissent au pied de la colline de Bregille (fort allongé dans la verdure) dominée à l’arrière par le village et l’antenne de Montfaucon (second pli anticlinal).

 

Au pied de la colline de Rosemont, la petite colline de la Roche d’Or, en bordure du Doubs est un témoin du flanc sud de l’anticlinal de la citadelle. Elle occupe le pédoncule du méandre de la Roche d’Or. La boucle se raccorde sur la droite en pente douce à la terrasse alluviale actuelle du Doubs, et recoupe les calcaires du flanc de l’anticlinal par les deux cluses de la Roche d’Or.

 

Le méandre de la Malcombe, plus ancien, ceinture la colline de Montoille. Ce pédoncule est un témoin du flanc nord de l’anticlinal de la citadelle. Sur image Lidar [1] obtenue par prospection aérienne par radar le recoupement du paléo-méandre de la Malcombe par celui de la Roche d’Or apparaît très nettement (fig. 2).  De même que l’encaissement dans le substratum plus marqué du méandre de La Malcombe par rapport à celui de la Roche d’Or. Nous verrons sur le terrain que la surface de ce premier est de 4 à 5m de plus basse par rapport à celle du second.


[1] Le Lidar est un système de relevé topographique à l’aide d’un radar aéroporté qui permet de mesurer avec précision l'altitude des différents points de la surface topographique et de générer des images de cette surface ressemblant à des photos aériennes.

 

Fig 3-image-Lidar-des-méandres-entre-Planoise-et-Rosemont-450.jpg

Fig. 2 -  Image Lidar des méandres entre les collines de Planoise et Rosemont. Les zones de même altitude sont repérées par une couleur, les bleues à violettes pour les plus basses et rouges pour les plus hautes. La surface du méandre de la Roche d’Or apparaît nettement en pente.

 

Des datations effectuées par luminescence stimulée optiquement sur des grains de quartz enfouis dans les alluvions des deux méandres (thèse Herfrich) ont donné des âges compris entre 33 000 et 27 000 ans pour les alluvions de la Malcombe et entre 8 100 et 7 800 ans pour celles de la Roche d’Or. Dans ce secteur, on peut ainsi mettre en évidence quatre époques de creusement de la vallée matérialisées par le cours ancien au nord des collines, la boucle de la Malcombe, la boucle de la Roche d’Or et le cours actuel du Doubs.

 

Ces méandres traduisent le déplacement du cours du Doubs pendant ces derniers milliers d’années. Par la simple force centrifuge, le courant creuse la rive concave du méandre, tandis qu’il dépose sa charge sur la rive convexe par diminution de sa vitesse. Il se déplace en aplanissant le pédoncule. C’est très net sur celui de Montoille. Le tracé est symbolisé sur la carte (fig. 3 [a]). Lors d’une forte crue ou à la suite d’apports de matériaux faisant barrage, le cours de la rivière est dévié et recoupe le pédoncule. Le parcours est alors raccourci donnant naissance au méandre de la Roche d’Or, plus court que le précédent, et la rivière abandonne le méandre de la Malcombe, qui devient un bras mort, rapidement asséché. L’eau attaque ensuite les bordures du méandre de la Roche d’Or et finit par recouper son pédoncule. Le Doubs abandonne ce méandre à son tour et coule alors dans son lit actuel. Toutefois, entre la courbure du méandre et le raccord de ses bras avec la terrasse alluviale du Doubs, existe un dénivelé d’une dizaine de mètres. Les bras sont inclinés vers le Doubs montrant une déformation du méandre qui normalement aurait dû rester horizontal. De même un ressaut que l’on devine, le long du chemin de Montoille et que l’on verra plus loin, montre l’enfoncement relatif du méandre de la Malcombe dont les bras eux aussi sont en pente douce vers le Nord-Ouest.

 

Avant de quitter le belvédère, observer sur la droite, vers l’Est (fig. 3), les collines en arrière du Doubs. Le village de Beure se loge dans une petite reculée creusée dans les calcaires du jurassique supérieur du flanc commun à l’anticlinal de la citadelle et au synclinal de la chapelle des Buis. À l’arrière, le pli anticlinal érodé de Montfaucon comporte une combe centrale entourée de deux crêts boisés redressés et allongés. Le premier discontinu repose tectoniquement sur les couches faiblement inclinées de Jurassique supérieur du flanc du synclinal. La combe centrale liasique se ferme à l’approche de Montfaucon.

 

Fig 2-panorama des collines et des paléoméandres vu du fort de Planoise-450.jpg

Fig. 3 - Vue sur la colline double de Rosemont. C’est un mont dérivé dont la voûte anticlinale de calcaires du Jurassique moyen, fortement érodée, est préservée dans les deux cornes de la colline de Rosemont. La combe axiale liasique de Rosemont se poursuit vers nous entre les deux crêts des petites collines de la Roche d’Or, à droite, et de Montoille à gauche isolés dans les deux méandres de la Roche d’Or et de la Malcombe. Elle entaille aussi, à nos pieds, le cœur du pli anticlinal dans la colline de Planoise.

 

L’ancien méandre de la Malcombe

 

Quitter le belvédère du fort de Planoise et aller au point 2 de la carte 1 pour continuer l’itinéraire. Après la deuxième épingle à cheveux, la route entre dans le cirque abrupt qui ferme au SE la combe argileuse liasique de Rosemont. Ce cirque entaille la voûte calcaire du Jurassique moyen du pli assurant le sommet de la colline de Planoise. La pente raide du cirque est drapée de dépôts de groises lités bien visibles dans la cour du n° 10 du chemin du Fort.

 

- L’extrémité du méandre de la Malcombe au pied de la colline de Planoise (point 2)

 

 S’arrêter après le pont qui passe sous la RN 273 au point (2). De ce point (fig. 4 [a]), on observe en face le pédoncule de Montoille et à l’avant le large bras plat du méandre de la Malcombe qui descend faiblement vers la gauche en entaillant les formations jurassiques. Vers la droite, au sud-est, cette surface bute contre un léger ressaut topographique (photo de la fig. 4 [b]) constitué d’argile du Lias (trait noir avec barbule de la carte fig. 4 [a]). Ces argiles isolent ce méandre de celui de la Roche d’Or, elles constituent un seuil (le seuil de la Malcombe) qui sépare ces deux méandres, distant de moins de 100m.

 

Fig-4-méandre-de-la-Malcombe-450.jpg

 

Fig. 4 - Vue sur la fin du méandre de la Malcombe au pied de la colline de Planoise. L’extrémité de ce méandre se termine brutalement contre un ressaut topographique formé par des argiles du Lias. Ces argiles séparent ce méandre de celui, plus jeune, de la Roche d’Or, dont la surface domine celle du méandre de la Malcombe de 4 à 5 m.

 

La surface du méandre de la Roche d’Or domine celle du méandre de la Malcombe de 4 à 5m (fig. 4, coupe [c]) : ce qui est anormal car ce dernier est plus ancien que le premier. Classiquement, un méandre ancien, abandonné par une rivière, est entaillé par l’encaissement de son lit récent, situé à une altitude inférieure à celle de l’ancien lit. De ce fait, la surface d’une ancienne terrasse ou d’un ancien méandre (lit abandonné) domine la surface d’une terrasse ou d’un méandre plus récent. Or c’est l’inverse qui se produit ici : la surface de l’ancien méandre de la Roche d’Or domine celle du méandre plus récent de la Malcombe. Cette anomalie traduit le soulèvement du substratum liasique du méandre de la Roche d’Or au cœur du pli par rapport au substratum jurassique moyen du méandre de la Malcombe.

 

Prendre la piste cyclable qui longe le méandre en direction de Planoise, s’arrêter au bout de 150m (point [b] sur la carte fig. 4) et regarder droit devant la colline Montoille, peu élevée. Cette colline (fig. 5) est irrégulière, sa partie à droite est conique et domine le méandre d’une quarantaine de mètres ; elle domine d’une trentaine de mètres les maisons du lieu-dit de Montoille, installées sur un replat topographique régulier qui se voit très bien sur la partie gauche de la colline (fig. 5). Ce replat est une ancienne surface d’érosion aménagée ici par la rivière qui coulait sur ce plat avant de se déplacer vers l’Ouest et de s’encaisser dans les calcaires pour donner naissance au méandre de la Malcombe.

 

Fig 5-méandre-de-la-Malcombe-450.jpg

Fig. 5 - Vue la colline de Montoille, le replat à gauche de la colline correspond à une ancienne surface d’érosion du Doubs.

 

- L’extrémité du méandre de la Malcombe au pied de la colline de Rosemont (point 3)

 

Se diriger vers Montoille. La route monte sur le replat du pédoncule du méandre, puis descend dans l’autre bras du méandre de la Malcombe. L’arrêt (point 3, fig. 1), au fond de la dépression permet d’observer la terminaison du bras du méandre contre le seuil de Gissey. La surface du méandre est plane, comme dans toute la zone de jeux de la Malcombe, mais ici elle monte en pente douce vers l’est (10m de dénivelé en 200m) et bute sur un ressaut topographique de quelque 20 mètres qui met en contact les alluvions contre les argiles liasiques du seuil de Gissey au cœur du pli anticlinal de Rosemont (fig. 6).

 

Cette disposition n’est pas due à un processus d’érosion (car la surface du méandre, parfaitement plane, n’a pas été érodée), mais semble plutôt correspondre à un basculement vers l’ouest de cette partie du méandre, peut être en relation avec le soulèvement du substratum liasique du méandre de la Roche d’Or au cœur de la combe de Rosemont.

 

Fig 6-fin-du-méandre-de-la-Malcombe-450.jpg

Fig. 6 - La terminaison du méandre de la Malcombe au pied de la colline de Rosemont (point 4, fig. 1). Ce méandre butte contre les argiles du Lias, en relief dans le seuil de Gissey, qui dominent la surface du méandre de 20m.

 

- Le seuil de Gissey (carte 1, point 4)

 

Quitter le point 3 de la carte 1 et poursuivre en direction du rond-point de l’avenue Mitterrand, au premier carrefour (carte 1, point 3b), tourner à droite (chemin de Chamuse) et aller vers Gissey (carte 1, point 4). S’arrêter environ 400m plus loin au niveau des serres (carte 1, point 5). La route suivie domine la dépression du méandre de la Malcombe et le petit cirque marquant la rupture de pente qui la ferme contre les argiles du Lias. À Gissey on se trouve dans la combe de Rosemont occupée par les argiles liasiques au cœur de l’anticlinal de la colline de Rosemont. Ces argiles, recouvertes de prairies, affleurent sporadiquement dans les talus et caniveaux de bas-côté de la route.

 

Les argiles forment un seuil très marqué qui domine d’environ 20m les surfaces des deux méandres, et qui ne pouvait pas exister au moment où le cours du Doubs passait par la Malcombe. Deux hypothèses sont retenues pour l’expliquer : 1) un soulèvement du substratum entre les deux méandres ; 2) un glissement des argiles sur l’ancien cours du Doubs depuis la pente de la combe de la colline de Rosemont. Cette deuxième hypothèse, la plus simple, est très plausible, bien qu’il n’y ait aucune trace de glissement sur les images Lidar (fig. 2) ; la première rend compte des observations effectuées précédemment et explique le décalage vertical entre les deux méandres.

 

Panorama du fort de Rosemont

 

Aux serres de Gissey un sentier monte dans la combe argileuse liasique du cœur de l’anticlinal jusqu’au col de l’Œillet (carte 1, point 6). Le chemin longe des petites mares creusées dans les argiles. Au col, prendre tout d’abord, sur la droite et sur environ 200m, le sentier du Cras Rougeot . Le sentier suit le sommet du crêt sud de Rosemont dans les calcaires du Bajocien redressés. De belles échappées s’ouvrent à droite sur l’autre crêt de Rosemont qui nous domine, puis le paysage (carte 1, point 7) se dégage sur la double cluse de la Roche d’Or et son pédoncule souligné par un témoin du crêt sur lequel nous nous trouvons, la colline de Planoise et sa combe centrale qui se termine au pied du fort. Sur la gauche la vallée du Doubs est bordée par les reliefs de Planoise et d‘Arguel.

 

Revenir au col de l’Œillet et monter au fort de Rosemont établi sur le crêt nord de la colline. Les calcaires bajociens plongent vers le Nord-Ouest et se suivent en contrebas du fort dans une série de petites falaises dominant la vallée. Laissez le fort et continuez quelques dizaines de mètres (carte 1, point 8), un magnifique panorama (fig. 7) s’ouvre sur les reliefs d’Arguel, la vallée du Doubs, la colline de Planoise, le plateau bisontin et les Avant-Monts jalonnés par les clochers de Serre les sapins et de Franois.

 

Fig-7-panorama-vers-le-sud-depuis-le-sommet-de-Rosemont-450.jpg

Fig. 7 - Panorama vers le sud depuis le sommet de Rosemont.

 

À nos pieds se développent les deux méandres de la Malcombe et de la Roche d’Or et en particulier la zone de raccord entre eux (fig. 7). Le ressaut marquant la limite du méandre de la Malcombe au nord et au sud de Montoille est particulièrement net (fig. 8).

 

Au centre, le pédoncule de Montoille est entouré par le méandre de la Malcombe qui dessine une vallée en U, déprimée par rapport au niveau des terrains de Gissey occupés par les serres. Le ressaut qui limite la branche sud (au fond) suit sensiblement le chemin qui joint le pont sous la RN 273 au hameau de Montoille. La branche nord du méandre est bloquée par la route bordée d’arbustes qui part des serres en direction du rocher du premier plan. Les bras du méandre se poursuivent dans la partie surélevée à gauche de la photo.

 

Fig-8-détail-du-ressaut-topographique-de-Montoille-450.jpg

 Fig. 8 - a) Vue de détail sur le ressaut topographique des argiles du Lias des seuils de part et d’autre de la colline de Montoille : ressaut de la Malcombe et seuil de Gissey. b) Corrélation avec l’image Lidar du secteur.

 

La colline de Planoise

 

Devant nous, la colline de Planoise, qui appartient au pli de la Citadelle (fig. 9). L’anticlinal est régulier et symétrique, malgré le petit chevauchement qui affecte son flanc SE (voir carte fig. 9). Le fort de Planoise et ses ouvrages annexes reposent sur la voûte bombé du pli constituée par des calcaires du Jurassique moyen. Le flanc NW de la colline se raccorde au plateau bisontin du côté de Planoise par une rupture de pente très marquée, interprétée comme une cassure induite par une faille inverse profonde masquée (coupe fig. 9). La combe de Rosemont se termine par un cirque très escarpé induit par l’évidement des argiles du Lias au cœur du pli.

 

À l’arrière, le pli de la Citadelle se poursuit au Sud-Est par les collines de Rancenay - Montferrand hors de notre vue.

 

Fig-9-Vue-sur-la-colline-de-Planoise-450.jpg

Fig. 9 - Vue sur la colline de Planoise. C’est un mont dérivé provenant de l’érosion de l’anticlinal de la Citadelle. La combe de Rosemont se termine par un cirque qui l’entaille fortement. Le flanc SE du pli est faillé, recoupé par un petit chevauchement (cf. carte). Notez la rupture de pente au raccord du flanc NW de la colline avec le plateau bisontin de Planoise.

 

L’ancien méandre de la Roche d’Or

 

Revenir aux serres et traverser le hameau de Gissey au carrefour en Y à la sortie des maisons prendre la route à droite et descendre le vallon vers le Cras Rougeot. Au fond du vallon, occupé par deux ou trois maisons, la route recoupe le méandre, puis fait un coude sur la droite au pied de la colline de la Roche d’Or. Suivre la route encore sur 300m jusqu’à un carrefour en T qui domine la nationale RN 273, stationner près du carrefour. Traverser le carrefour et aller au sommet du talus qui domine la RN 273 (Carte 1, point 9). La nationale suit la surface plane du méandre qui se voit bien (a, fig. 10). Cette surface est légèrement inclinée vers le Doubs. La pente se voit bien et apparaît régulièrement inclinée vers la rivière (15m de dénivelé en 500m, voir b et c, fig. 10).

 

Fig-10-bras-sud-du-méandre-de-la-Roche-d'Or-450.jpg

Fig. 10 - Vue sur le bras sud du méandre de la Roche d’Or depuis le point 5 (photo a). La nationale suit la surface plane du méandre, qui est légèrement inclinée vers le Doubs (a et b). La pente de cette surface est régulièrement inclinée vers la rivière (15m de dénivelée en 500m : cf. carte b) et coupe c).

 

Des alluvions à galets siliceux et calcaires, attribuées au méandre de la Roche d’Or, étaient visibles en 2014 le long de la route (fig. 11), quelques mètres au nord-est du carrefour (Carte 1, point 9). La surface du méandre se raccorde en pente douce et régulière avec la basse terrasse actuelle du Doubs, sans aucun ressaut. Il en est de même pour l’autre bras du méandre au nord de la colline de la Roche d’Or (fig. 12).

 

Fig-11-Alluvions-argilo-sableuses-méandre-de-la-Roche-d'or-450.jpg

 

Fig. 11 - Alluvions argilo-sableuses renfermant des galets siliceux (quartz blancs) et calcaires pluri-millimétriques à deux centimètres reposant sur des argiles grises du Lias. Ces alluvions sont attribuées au méandre de la Roche d’Or. (point 5)

 

 

Fig-12-Bras-nord-du-méandre-de-la-Roche-d'Or-450.jpg

 

 Fig. 12 - Le bras nord du méandre de la Roche d’Or, vu dans la propriété de la mission catholique. La surface du méandre plonge vers le Doubs en pente douce et se raccorde sans escarpement à la surface de la basse terrasse du Doubs, visible derrière nous.

 

L’ancien méandre de Velotte

 

Pour compléter la vision sur les cours anciens du Doubs, on pourra se rendre à Velotte puis au petit Chaudanne. Pour observer le paléo-méandre de Velotte, traverser le Doubs au pont, en rive gauche se garer à quelques dizaines de mètres du pont le long de la route de Beure (point 10, fig. 1). Le raccord du méandre de Velotte avec la vallée du Doubs peut se voir en face de ce point.

 

Entre la colline de Rosemont, à gauche et celle de Chaudanne, à droite, apparaissent les deux bras du méandre perché de Velotte séparés par son pédoncule (fig. 13). La surélévation de ces deux bras par rapport au cours actuel du Doubs est très nette, le méandre de Velotte apparaît nettement recoupé par le cours actuel du Doubs, plus encaissé que cet ancien cours.

 

Fig-13-Méandre-perché-de-Velotte-450.jpg

Fig. 13 - Le méandre perché de Velotte. La vue depuis la rive gauche du Doubs (point 10, fig. 1), en face de Velotte permet d’observer les relations entre l’ancien méandre de Velotte et le Doubs. L’ancien méandre et son pédoncule sont recoupés par la vallée actuelle du Doubs. Les calcaires du Jurassique moyen affleurent dans l’escarpement entre l’ancien méandre et la basse terrasse du Doubs.

 

Revenir à Velotte, monter la route en direction du Nord (vers la Grette) qui franchit l’escarpement et circule sur le bras nord de cet ancien méandre (fig. 1). L’urbanisation incontrôlée limite à l’extrême les possibilités de le découvrir (carte 1, point 11). Toutefois son pédoncule et son tracé peuvent se voir en montant dans le chemin du fort de Chaudanne (fig. 14), en haut de la première épingle à cheveux (points 12 et 13, fig. 1).

 

Fig-14-Méandre-perché-de-Velotte-depuis-Rosemont-450.jpg

 Fig. 14 - Le méandre de Velotte vu depuis la colline de Chaudanne (point 12, fig. 1). Au premier plan, la fermeture du méandre vers la ville au second plan, le Petit Chaudanne, le bras nord, le pédoncule de Velotte et le bras sud du méandre. Le méandre apparaît entaillé par la vallée du Doubs au fond. Il est ainsi suspendu au-dessus de la vallée du Doubs.

 

L’encaissement et la déformation des anciens méandres marqueurs du plissement récent de la région (pli de la Citadelle)

 

Plusieurs tracés anciens du cours du Rhin-Doubs ou du Doubs ont été reconnus, ils correspondent à des déplacements du lit de la rivière et à son encaissement dans son substratum. Cet encaissement se traduit par des terrasses alluviales étagées (fragments d’anciennes plaines d’inondation) et des méandres actifs ou abandonnés (fig. 15) qui marquent les différentes étapes de creusement et de remblaiement, des vallées.

 

Fig-15-Carte-des-méandres-du-Doubs-et-du-Rhin-Doubs-450.jpg

 Fig. 15 - carte des méandres et alluvions du Doubs et du Rhin-Doubs. Les alluvions actuelles du Doubs et ses anciens méandres abandonnés traduisent l’encaissement de la rivière dans le pli anticlinal de la Citadelle au cours du quaternaire. Ces alluvions sont constituées essentiellement de roches d’origine jurassienne. Les alluvions pliocènes attribuées au Rhin-Doubs sont constituées de galets issus de roches d’origine alpine et conservés en placages.

 

Les anciennes vallées du Rhin-Doubs ou du Doubs recoupent le mont anticlinal de la Citadelle, profondément érodé, en le découpant en collines (Bregille, Citadelle, Grand Chaudanne, Petit Chaudanne, Rosemont, Planoise) séparées les unes des autres par d’anciennes cluses.

 

Une des plus anciennes vallées du Rhin-Doubs (Pliocène, 5-2Ma) est en partie occupée par l’agglomération bisontine aujourd’hui. Elle suit l’extrémité méridionale du plateau de Besançon de Palente à Montferrand-le-Château, laissant des galets au pont Canot et du sable quartzeux à Montferrand de Château).

 

Des lambeaux d’anciennes terrasses alluviales du Rhin-Doubs se trouvent dans la cluse entre les deux Chaudanne, sur la colline du Bois de Peu et vers Busy (fig. 10). Ils correspondent à des plaines alluviales, plus récentes que la vallée fossile occupée par Besançon, mais à des altitudes plus élevées que cette vallée fossile).

 

Les plaines alluviales plus récentes (Quaternaire, 2-0 Ma), attribuées au Doubs ancien, passent par la boucle de Velotte, puis celle de la Malcombe et enfin celle de la Roche d’Or. Les terrasses correspondant à ces anciennes plaines alluviales, haut-perchées (Velotte), et déformées (la Malcombe et de la Roche d’Or) traduisent le soulèvement récent du mont érodé de la Citadelle.

 

Autrement dit, la migration vers le SE du cours du Rhin-Doubs sur l’anticlinal de la Citadelle au Plio-quaternaire, son encaissement dans le pli au Quaternaire, et la déformation des terrasses qu’il a laissées, sont intimement liés à la formation du pli. Les éléments de datation disponibles (âges approximatifs de 30 000 ans pour la boucle de la Malcombe et de 8000 ans pour celle de la Roche d’Or) traduisent que ce plissement était encore actif récemment. La course entre le soulèvement induit par le plissement et l’érosion s’est traduite par l’encaissement d’une centaine de mètres de la rivière dans le mont anticlinal de la Citadelle et explique la présence des alluvions du Rhin-Doubs à la fois au sommet de Chaudanne et dans la vallée fossile au pied des collines de l’anticlinal de la Citadelle.

 

À l’origine le Rhin-Doubs coulait sur une plaine en développant de vastes méandres divagants, mais durant la formation du pli de la Citadelle le substratum de la plaine s’est plissé et soulevé, le lit de la rivière s’est graduellement déplacé et encaissé (phénomène d’antécédence) abandonnant les alluvions d’anciennes plaines d’inondation et des méandres (les terrasses alluviales anciennes). Des traces de cet enfoncement se rencontrent dans les cluses anciennes abandonnées : col de Chaudanne (passage le plus haut), double cluse de Velotte, méandre de la Malcombe, double cluse de la Roche d’Or.

 

Le Doubs coule actuellement entièrement dans la chaîne du Jura. Les alluvions actuelles sont donc constituées essentiellement de roches d’origine jurassienne avec éventuellement quelques apports vosgiens. Toutefois l’extension latérale des alluvions de part et d’autre du Doubs, de même que la largeur de certains des tronçons de vallée incitent à penser que la rivière ait été autrefois plus importante. Or, dans les alluvions anciennes bordant la rivière entre le sud des Vosges et la forêt de Chaux, on trouve des galets d’origine alpine contenant par exemple des granites altérés, des radiolarites, des micaschistes ou des sables renferment des minéraux d’origine alpine, tels que le glaucophane, l’apatite, l’épidote ou des chloritoïdes. De telles alluvions ont été observées près du pont Canot, à Chaudanne, Busy et Montferrand-le-Château. Ces alluvions riches en galets quartzeux ont été apportées par le Rhin (le Rhin-Doubs ou l’Aar-Doubs) qui coulait sur la région, érodant la région au Pliocène moyen entre 3,2 et 2,6 Ma pendant la formation de la chaîne du Jura. Suite à une reprise de l’affaissement du fossé rhénan il y a environ 2 millions d’années le Rhin-Doubs, dévié vers la Mer du Nord, a abandonné sa vallée en Franche-Comté, qui est occupée depuis par le Doubs, l’un de ses anciens affluents.

 

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Fig. 16 - Les méandres actuels du Doubs dans la région d'Avanne-Aveney

 

19/05/2014

Le Grimpereau des jardins

À l'abri de l'écorce

 

par Dominique Delfino

Photographe animalier et naturaliste

 

La période de reproduction bat son plein chez les oiseaux en ce printemps qui, dès le début de la saison, s'est accompagné de semaines ensoleillées exceptionnelles.

 

Dans un verger du plateau de Brognard, mon attention est attirée par un roncier propice à constituer un refuge pour la reproduction de certaines espèces de volatiles.

 

Très vite, je remarque le va-et-vient d'un petit oiseau sur le tronc d'un cerisier proche de moi. J'identifie aussitôt le Grimpereau des jardins dont le nid installé derrière l'écorce fendue du fruitier, souligne l'importance des vieux arbres pour la faune avicole. Trop souvent considérés comme morts et inutiles, ils sont indispensables au maintien de nombreuses espèces d'oiseaux, et ne doivent pas être abattus systématiquement.

 

Telle une petite souris qui court sur le tronc, le couple de grimpereaux assure un nourrissage permanent. Les petits cris émis par les poussins bien cachés derrière l'écorce me laisse supposer que ceux-ci ne sont pas loin de l'envol.

 

Si vous observez donc un oiseau donnant l'impression d'être plaqué contre le tronc tout en le remontant en spirale, ne vous y trompez pas : il s'agit bien du grimpereau.

 

grimpereau des jardins,dominique delfino

Dépôt d'ordures inadmissible

Inadmissible !

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste

 

Le dépôt sauvage de sacs poubelles que j'ai découvert au matin du dimanche 18 mai 2014 à proximité du canal sur la commune de Brognard revêt un caractère particulièrement désolant.

 

En tant que premier adjoint chargé de l'environnement, en présence de Marie-Christine Brandt nouveau maire de Brognard, en examinant le contenu des sacs, nous avons constaté que ceux-ci témoignent d'un grand nettoyage de la chambre d'un étudiant : canettes de boissons, petit matériel HI-FI, et surtout de nombreux documents, classeurs scolaires et convocations d'examen au lycée du Grand-Chênois de Montbéliard mentionnant précisément les coordonnées d'un étudiant de Dambenois, le village voisin !

 

Quand c'est possible, nous essayons systématiquement de retrouver des indices, nous permettant d'identifier les auteurs de tels actes, mais dans ce cas précis la gendarmerie n'aura aucun mal à convoquer le suspect à moins qu'il ne se manifeste de lui-même...

 

La Mairie de Brognard et l'Association de Protection de l'Allan, en portant plainte, souhaitent exiger des heures de travaux d'intérêt général en demandant le nettoyage par exemple les espaces souillés par les dépôts de toute nature.

 

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12/05/2014

Nouvelles pièces au puzzle du passé de l’Arc jurassien

Nouvelles pièces au puzzle du passé de l’Arc jurassien

 

(reproduction d'un article de "en Direct")

 

Curieux insatiable, explorateur infatigable, l’homme fait preuve d’une motivation sans bornes pour retrouver ses origines et décrypter le sens des objets du passé.

De trouvailles fortuites en fouilles programmées, la découverte fascine l’amateur autant que le chercheur, comblés ces vingt dernières années par un essor sans précédent de l’archéologie, grâce à la généralisation de dispositifs préventifs et l’évolution des technologies.

De nouveaux éléments de connaissance ponctuent désormais la frise chronologique de l’Arc jurassien.

 

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Pierrades et lames jetables au Paléolithique

 

20 000 ans avant notre ère, l’Arc jurassien est emprisonné sous une gangue de glace de plus de 1 000 mètres d’épaisseur. S’il était couramment admis que les hommes préhistoriques avaient attendu le premier réchauffement vers 12 500 avant J.-C. pour s’y installer, de récentes découvertes mettent en évidence un décalage d’un bon millénaire dans cette estimation.

 

Alors que le climat n’est pas encore à la clémence, des groupes de populations s’établissent sur les rives du lac de Neuchâtel 13 500 ans avant J.-C. Une occupation attestée par la mise au jour, hasard des tracés autoroutiers dans les années 1980, de deux sites majeurs, Hauterive-Champréveyres et Neuchâtel-Monruz. Des milliers d’objets retrouvés en parfait état de conservation, os de rennes et de chevaux, coquilles d’œufs rarissimes, perles, coquillages percés, aiguilles à coudre en os d’oiseau, silex… sont le point de départ de trente ans d’analyses et de recherches.

 

Archéologue à l’université de Neuchâtel, Denise Leesch en est le maître artisan. Spécialiste de la culture dite du Magdalénien (18000 / 13000 avant J.-C.), elle publie aujourd’hui le bilan de ses travaux dans une thèse éclairant sur la façon de vivre, voire de survivre de ces pionniers. À commencer par la maîtrise du feu. À une époque où les températures atteignent - 20°C l’hiver et ne dépassent pas 12°C l’été, la steppe et ses herbacées dominent. Comment l’homme a-t-il pu alimenter les foyers dont les vestiges sont retrouvés par dizaines ? Réduit à de maigres branchages courant sur le sol, le saule rampant est le seul bois disponible, il est identifié dans les charbons ancestraux. « Des pierres plates couvrent les brindilles pour entretenir le feu et, une fois chauffées, permettent la cuisson de la viande », explique Denise Leesch. Une version préhistorique de la pierrade, dont le cheval constitue le principal ingrédient. « L’intégrité des squelettes retrouvés donne à penser que les animaux chassés n’étaient pas déplacés. Le groupe humain s’installe à l’endroit où l’animal est abattu le temps qu’il peut en tirer sa subsistance, améliorant son ordinaire par quelques lièvres, marmottes, poissons ou œufs de cygnes, avant de s’installer à nouveau là où il aura tué un autre gros gibier. » L’analyse des pierres, de leurs fractures, de leurs déplacements, montre qu’elles ont été réutilisées de nombreuses fois, toujours pour l’aménagement de foyers, témoignant d’une occupation récurrente des sites et suggérant des modèles de circulation de la population.

 

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 Vue générale du sol d’habitat du site magdalénien de Neuchâtel-Monruz

 

Si le Jura représente alors une barrière que ne franchissent pas les hommes préhistoriques, des échanges ont lieu suivant le versant est du massif, sur des distances de plus de deux cents kilomètres entre les régions d’Olten (Suisse) au nord-est et de Bellegarde (France) au sud-ouest. De là sont établies les origines du silex qui était utilisé sous forme de burins pour tailler les os, de grattoirs pour préparer les peaux ou encore, pour tuer le gibier, de lamelles tranchantes collées sur des sagaies en bois de renne, vite usées… et remplacées.

 

Ces conclusions proviennent de l’étude des éléments trouvés sur ces sites, complétée de celle de dépôts tourbeux tout proches et de nouvelles analyses menées sur des restes fauniques trouvés dans des grottes de l’Arc jurassien. L’archéozoologie, la palynologie ou la botanique apportent chacune leur expertise à la reconstitution des traces du passé, autant que les techniques comme la datation au carbone 14, à laquelle quelques microgrammes d’un matériau organique suffisent aujourd’hui à établir son ancienneté.

 

Si les modes de vie évoluent peu pendant 20 000 ans, le réchauffement climatique de l’Holocène et la transformation de la végétation vont tout changer. Avec les premiers agriculteurs et éleveurs, une autre ère s’annonce…

 

Les villages lacustres, photos souvenirs du Néolithique

 

3 500 ans avant J.-C., le niveau du lac de Neuchâtel est bien inférieur à celui qu’il atteindra par la suite : pendant plusieurs millénaires, les villages construits à cette époque reposeront sous les calmes eaux helvètes avant d’en émerger au XXe siècle de notre ère à l’occasion d’une baisse exceptionnelle du niveau des lacs. Certains d’entre eux ont fait l’objet d’occupations à différentes périodes de l’Histoire, mais le site de Marin-les-Piécettes est une exclusivité du Néolithique. Si la lecture des milliers d’objets qu’il recèle en est grandement facilitée, l’originalité de son organisation reste mystérieuse. Cette double spécificité fait de Marin-les-Piécettes un site à part, emblématique des célèbres villages lacustres neuchâtelois.

 

Archéologue à l’université de Neuchâtel, Matthieu Honegger a dirigé les fouilles de Marin pendant cinq ans, et continue de travailler sur ses témoignages.

 

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Trois maisons du village lacustre de Hauterive-Champréveyres, reconstituées à l’emplacement du site néolithique fouillé devant le Laténium. Photo J. Roethlisberger / © Laténium, Neuchâtel

 

« Les maisons ont été retrouvées sur une longue benne lacustre, une zone très plate avant d’arriver au fossé, qui bénéficiait d’une sédimentation calme et d’une faible érosion. » Résultat : des conditions de conservation exceptionnelles, un village dont on peut parfaitement lire la structure du plan. « Un chemin de planches de 110 m traversait une zone marécageuse jusqu’au village protégé par des palissades, puis contournait en son centre un tertre artificiel pour se prolonger en direction du lac. Au sommet du tertre était érigé un bâtiment, reconstruit à plusieurs reprises, à chaque fois sur le précédent. Les maisons étaient disposées de chaque côté de cette colline, et un axe perpendiculaire traversait toute la zone de part en part », rapporte l’archéologue. L’élément central reste une énigme. Bâtiment à usage d’habitation, étable, grenier… ? Toutes ces hypothèses sont réfutées par l’absence de vestiges témoignant d’ordinaire d’activités domestiques. Reste l’idée d’une fonction sociale, un lieu de réunion ou un sanctuaire. Marin-les- Piécettes n’a pas encore livré tous ses secrets…

 

La problématique des villages lacustres est particulière, et elle croise celle de l’armement à qui elle fournit de nombreux vestiges. Une récente étude prend en compte toute la région des Trois Lacs (Neuchâtel, Bienne et Morat) pour une réflexion d’ensemble sur la symbolique guerrière et l’organisation des sociétés. Elle se concentre sur les pointes de flèches, poignards et haches perforées trouvés en abondance, et dont les spécialistes cherchent à identifier les fonctions, à comprendre l’évolution et à suivre la répartition spatiale. « La région des Trois Lacs est au carrefour des influences entre Europe centrale et Méditerranée, et on peut supposer que la région était propice aux conflits. »

 

On trouvera dans ce même blog un article concernant les villages lacustres du Jura, en particulier à Chalain.

 

Cette recherche s’inscrit dans un programme à l’échelle de l’Europe, pour laquelle on pense que les armes, dont la production est estimée en dizaines de millions, représentent la plus grande diffusion d’objets au Néolithique. Des armes en os et en pierre, qu’un bond de 3 000 ans voit se transformer en métal…

 

7 000 ans à moudre le grain

 

meule-granite-de-la-Serre-225.jpgLe Néolithique marque les débuts de l’agriculture vers - 5000. Dès lors que l’homme commence à cultiver des céréales, il a besoin de meules pour produire de la farine.

 

En Franche-Comté, la Serre est un petit massif de granit et de grès posé en territoire calcaire : il fournira dès cette période et jusqu’à l’aube du XXe siècle la roche dure et rugueuse qui convient à l’élaboration de cet outil.

 

Archéologue à l’Inrap et chercheur associé au laboratoire Chrono-environnement, Luc Jaccottey y a mené des investigations fructueuses. Il retrace avec son équipe l’histoire des carrières du massif, dont celles datées du Néolithique sont à ce jour uniques en France, et suit l’exploitation du grès de la Serre qui, inégale à travers les âges, est fonction des échanges et des évolutions techniques. Un voyage thématique sur sept millénaires, des meules à usage domestique de la Préhistoire aux moulins hydrauliques ou à traction animale de village qui les supplantèrent dès l’Antiquité. « À partir du Néolithique, la meule est posée à même le sol, et le grain est écrasé par un mouvement de va-et-vient par une mollette également en pierre. »

 

Il faut attendre le IVe siècle avant J.-C. pour voir apparaître en Gaule la meule rotative diffusée depuis la Catalogne. Deux disques en pierre sont posés l’un sur l’autre. Celui du dessus est mis en mouvement, il est percé en son centre pour recevoir le grain, qui, broyé entre les deux disques, sera transformé en farine, elle-même évacuée en périphérie. Ce système représente une véritable innovation technologique.

 

Et si les deux disques sont taillés en carrière lors de leur extraction, ils sont achevés pour un ajustage parfait sur les lieux mêmes où les meules sont utilisées, comme en témoigne la découverte d’un atelier de finition daté de la période romaine à Autun. « Cette fabrication en deux étapes est significative d’une certaine organisation de la société », rapporte l’archéologue.

 

Les travaux de Luc Jaccottey s’inscrivent depuis 2008 dans un programme collectif de recherche du ministère de la Culture, intitulé « Évolution typologique et technique des meules du Néolithique à l’an mille », réunissant une trentaine de chercheurs. Une organisation facilitant la mise en perspective des recherches et des sites, et l’interprétation des données à l’échelle de l’ensemble du territoire français.

 

Plans d’occupation des sols à l’époque gallo-romaine

 

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Vue générale du centre cultuel d’Epomanduodurum.

Aquarelle J.-C. Golvin © Pays de Montbéliard agglomération

 

Dès le IVe siècle avant J.-C., la civilisation celtique, forte de lois, de coutumes et d’une langue commune, apporte une unité certaine à l’Europe. Son rayonnement culturel trouve son apogée au second âge du fer, courant de - 480 à - 30, et la Gaule est à cette période réputée pour en être le pays le plus prospère. Cependant les Celtes, farouchement indépendants, sont organisés en tribus, une division qui finira par signer leur perte et leur soumission progressive à Rome. C’est l’avènement de l’ère gallo-romaine, marquant le début de l’Antiquité.

 

Comptant parmi les plus influents des peuples celtes, les Séquanes et les Eduens règnent sur l’Est de la Gaule en ennemis jurés. Si Vesontio (Besançon) est la capitale des Séquanes, Epomanduodurum (Mandeure) est la deuxième ville du territoire par son importance. Mais en matière de recherches archéologiques, elle dame le pion depuis longtemps à la capitale comtoise en raison d’une faible urbanisation contemporaine rendant les vestiges plus accessibles.

 

Dans le Morvan, Bibracte n’a pas survécu à l’Histoire. Elle fut une cité emblématique de la guerre des Gaules, une place forte de premier ordre et la capitale des Eduens pendant un siècle avant de se voir brutalement supplantée par Augustodunum (Autun).

 

L’identification des pôles de peuplement et la compréhension des phénomènes majeurs de construction et d’évolution des premières villes, ainsi que des relations qu’elles entretiennent avec les campagnes, motivent les fouilles entreprises par les archéologues de l’université de Franche-Comté aussi bien sur la zone Bibracte / Autun qu’à Mandeure. Des recherches inscrites dans des programmes nationaux et européens, impliquant des équipes spécialisées sur des périodes différentes pour suivre l’occupation d’un même site à travers les siècles. « Il est nécessaire que l’échelle soit assez longue pour comprendre l’évolution des sociétés », explique Philippe Barral, enseignant-chercheur en archéologie à l’université de Franche-Comté.

 

Les travaux portent essentiellement sur une période partant du IIIe siècle avant J.-C. au début du Moyen Âge, avec des incursions au Néolithique et à l’âge du bronze. Pour les périodes gauloise et gallo-romaine, domaines de prédilection des chercheurs comtois, les sites étudiés, d’une richesse exceptionnelle, livrent peu à peu leurs secrets grâce à des prospections pédestres, puis géophysiques, et enfin à des opérations de sondage à certains endroits choisis. Les mesures de résistivité électrique ou magnétique du sol, et la télédétection par laser LIDAR mettent clairement en évidence aussi bien les tracés de voies de communication que l’existence d’un four de potier.

 

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Four de potier antique, découvert à Mandeure (25) Photo M. Lame

 

La datation des sols, enduits, céramiques, bijoux et autres ustensiles exhumés aide à reconstituer le puzzle du passé. Et lorsqu’on entre dans le détail de l’Histoire, la précision se mesure à la dizaine d’années près… « L’abandon de Bibracte et la création d’Autun se sont faits à peu près simultanément, en quelques années. Bibracte, oppidum gaulois, s’est développé au cours du Ier siècle avant J.-C., et Autun prend sa place à partir du changement d’ère sous la forme d’une ville possédant tous les attributs de la romanité ». Reste à savoir pourquoi les Celtes abandonnent alors une place forte qu’ils viennent juste de doter de terrassements et d’infrastructures pour asseoir sa rénovation selon un plan d’urbanisation des plus modernes, pour déplacer leur capitale à vingt-cinq kilomètres de là…

 

« Bibracte est une ville avortée, et on estime qu’il n’a fallu que cinq ans pour voir cette cité influente réduite à néant », raconte Matthieu Thivet, ingénieur de recherche au laboratoire d’archéologie bisontin.

 

Cette migration subite correspond sans aucun doute à une décision politique du premier empereur romain, Auguste, qui, régnant à la charnière du premier millénaire (- 27 / + 14), opère une réorganisation des territoires gaulois conquis.

 

« Une ville ouverte, intégrée dans la plaine, au carrefour de voies de communication importantes correspond peut-être alors mieux à la dynamique commerciale de l’empire romain, et à sa volonté de rayonnement, qu’un oppidum défensif perché sur les hauteurs. »

 

Aujourd’hui, on possède les preuves matérielles de l’importance des échanges commerciaux entre les Eduens et les Romains, bien avant la conquête, grâce à la quantité impressionnante de vestiges retrouvés, monnaies, amphores à vin... Si une aristocratie conservatrice voit d’un mauvais œil s’enrichir ainsi les plus progressistes de ses compatriotes, les Eduens de façon générale tirent profit de relations privilégiées avec Rome pour renforcer leur puissance dans le monde celtique.

 

Pour les Romains, le territoire des Eduens, idéalement situé entre le sud de la Gaule déjà acquis et les provinces du nord, à la croisée des routes commerciales les plus importantes, s’avère une tête de pont pour diffuser leurs produits et leur civilisation : en réalité, lors de la guerre des Gaules menée par César de 58 à 52 avant J.-C., l’acculturation est déjà effective dans différents territoires.

 

Au-delà des batailles militaires et sanglantes comme le drame de la reddition de Vercingétorix qu’a retenu l’Histoire, la romanisation de la Gaule aura bien plus été le fruit de relations commerciales que d’épisodes guerriers…

 

Imbroglio protohistorique

 

C’est un site mondialement connu, pourtant son interprétation génère encore bien des questions. Découvert en 1857 à proximité immédiate de Neuchâtel, le site de la Tène est le premier daté du second âge du fer, à qui il donne son nom. La période de la Tène est officiellement celle qui s’étend de 480 à 30 avant J.-C.

 

Plus de mille armes sont découvertes sur le site au milieu d’un bric-à-brac de parures en fer, en bronze et en verre, de vaisselle en bois, en céramique et en métal, d’outils de travail, de roues de chariot…, un inventaire de quelque quatre mille cinq cents objets.

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Crédit photo : Marc Juillard - Laténium

 

Dans une thèse en archéologie qu’il prépare en cotutelle à Neuchâtel et Strasbourg, Guillaume Reich s’intéresse de près à ce gisement exceptionnel, témoignant d’une importante activité guerrière. Il étudie sous de nombreuses coutures les trois cent quarante armes conservées au musée du Laténium pour percer leur secret et tenter d’apporter des éclaircissements au mystère du site de la Tène.

 

Sanctuaire ? Trophée militaire ? Les hypothèses, toutes deux envisagées par les spécialistes, ne sont pas forcément exclusives l’une de l’autre, mais l’étude des armes fera peut-être pencher la balance en faveur de l’un des deux camps.

 

« La destruction volontaire d’armes est un rituel associé à l’idée de culte que l’on prête souvent au site de la Tène. Mais il ne faut pas négliger pour autant la piste du combat réel », explique le jeune chercheur. Déterminer si une arme a été volontairement abîmée ou si les stigmates qu’elle porte relèvent de la lutte est la part de vérité que Guillaume Reich veut apporter, grâce à l’observation de microtraces laissées sur le tranchant des lames et l’interprétation de courbures équivoques du métal.

 

Cet examen attentif est renforcé par des expériences, comme des pseudo-combats menés dans les conditions les plus proches de la réalité supposée de l’époque. Des méthodes des plus scientifiques pour lever le voile sur un héritage bien énigmatique.

 

Du fer en barres

 

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Crédit photos et dessin : Marion Berranger - LMC

 

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Cliché métallographique :  détail d’une section, mise en forme par repli du métal sur lui-même. Crédit photo : Marion Berranger - LMC

 

Célèbre place forte dès l’âge du bronze, Salins-les-Bains (39) a récemment fourni un dépôt exceptionnel, le plus grand conservé en France, de vingt-six barres en fer plat, dont la particularité est de présenter une extrémité roulée sur elle-même. Longues d’environ 50 cm pour une épaisseur d’à peine 1 cm, ces barres de 500 g étaient livrées aux forgerons après épuration, par un traitement en forge, du métal brut issu du minerai de fer. Ces « demi-produits », comme les nomment les spécialistes, sont des objets précieux pour comprendre des techniques de fabrication datant de la fin du second âge du fer, et étudier la circulation des matières premières à cette époque.

 

Marion Berranger est archéométallurgiste au laboratoire Métallurgies et cultures (LMC) de Belfort, et spécialiste des âges du fer. Elle explique comment les méthodes scientifiques se déclinent de la macro- à la microanalyse pour suivre la traçabilité de tels objets. « L’œil effectue les premiers repérages : les marques de fabrication montrent ici une qualité soignée de la mise en forme et un haut degré de maîtrise technologique. » Le microscope métallographique prend le relais sur quelques pièces et met en évidence une technique de fabrication par feuilletage. « Le métal chauffé a été étiré puis replié successivement jusqu’à former une matière homogène et débarrassée de ses impuretés. »

 

L’analyse chimique des barres indiquera bientôt la provenance de la matière brute, et le repérage du carbone présent dans l’acier permettra de dater ce dernier selon une méthode élaborée au laboratoire. « La datation au carbone 14 est nouvelle pour les objets métalliques, explique Marion Berranger. L’acier est composé de fer et de carbone. L’innovation consiste à repérer le carbone par microscopie optique, puis à prélever les zones aciérées ; après préparation, la datation s’effectue ensuite de manière classique. »

 

Associé à l’UTBM, le LMC, dirigé par Philippe Fluzin, est l’une des trois équipes constituant l’Institut de recherche sur les archéomatériaux (IRAMAT) français, aux côtés de Bordeaux et d’Orléans.

 

Le bal des Barbares, prélude au Moyen Âge

 

Au cours du IIIe siècle après J.-C., les guerres civiles minent l’empire romain. Rome organise le déplacement de populations entières pour limiter les luttes de pouvoir. Cependant, l’empire romain d’Occident disparaît en 476 et laisse place aux royaumes barbares des Vandales, Wisigoths, Burgondes, Francs… qui, avec le christianisme pour dénominateur commun, sont les fondateurs du Moyen Âge.

 

Là encore il s’agit de vastes mouvements migratoires plutôt que d’invasions, et l’acculturation de ces peuples est progressive et réciproque.

 

« Les récentes découvertes funéraires constituent de véritables clés de compréhension des déplacements de populations, et éclairent sous un jour nouveau l’histoire régionale », explique Françoise Passard-Urlacher, ingénieure au Service régional d’archéologie de Franche-Comté et membre du laboratoire Chrono-environnement.

 

L’installation des Burgondes est attestée dans la région lémanique au Ve siècle après J.-C. Le dépôt d’un mobilier abondant et d’éléments de costumes féminins dans les tombes est typique des rites de ce peuple germanique, et en rupture totale avec les pratiques funéraires des descendants locaux des Gallo-Romains. Sur toute cette zone et dans une partie du vaste territoire burgonde, à Lyon, Chalon-sur-Saône et Dijon, les nécropoles livrent de rares sépultures avec des crânes déformés volontairement. On sait pouvoir en attribuer la signification esthétique et de haut rang à des individus d’origine orientale, mêlés à la population burgonde lors de sa migration vers l’est. Le costume funéraire associé en est la confirmation.

 

Les Burgondes forment, en termes de durée, un royaume éclair, de 480 à 534. Mais de Langres à Avignon, de Nevers à Martigny en Suisse, ils donnent une identité à leur territoire qui marquera encore les générations suivantes. Ils adoptent peu à peu les coutumes funéraires des Gallo-Romains : si leurs traces sont aujourd’hui à peine visibles, leur l’impact politique fut déterminant, le terme de "Bourgogne" en est le symbole le plus évident.

 

Puis les Francs succèdent aux Burgondes à partir de 550. Comment ? Pourquoi ? La nécropole de Saint-Vit (25), fouillée à la fin des années 1990, aide à comprendre ce mouvement de l’Histoire. Les deux cents chambres funéraires qu’elle abrite montrent déjà en quoi les pratiques funéraires se modifient au fil du temps.

 

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Saint-Vit, « Les Champs Traversains ».

Sépulture de guerrier franc vers 550 après J.-C.  (Urlacher et al., 2008, p. 277)

 

« Lances, épées, flèches et boucliers régulièrement trouvés dans les tombes sont des figures de pouvoir. Puis lorsque la domination franque se confirme et n’a plus besoin d’autant d’ostentation, le dépôt se réduit à un armement symbolique. » À partir de la fin du VIe siècle, c’est parfois la construction d’églises funéraires, signes extérieurs de puissance, qui témoignera de l’importance d’un individu ou d’une famille, telle celle d’Evans (39) toute proche de Saint-Vit.

 

Riche de six cents tombes, la nécropole de Doubs près de Pontarlier (25) donne un prolongement à l’histoire franque amorcée à Saint-Vit. Les chercheurs y constatent des coutumes en perpétuelle évolution, que l’amélioration des techniques de datation permet de situer très exactement dans le temps.

 

La valeur de leurs ressources archéologiques et la précision de leur datation font des nécropoles de Saint-Vit et de Doubs des références dans toute l’Europe, au titre de chronologie absolue.

 

Un pinceau électrolytique magique pour le métal

 

Pinceau-électrolytique-450.jpg

 Utilisation du pinceau électrolytique développé à la HEA sur le chef reliquaire de Saint-Candide en argent, l’un des chefs-d’œuvre du trésor de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune (Suisse)

 

Chef-reliquaire-225.jpgCertains des joyaux du trésor de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune, en Valais, sont façonnés d’argent, de bois et de pierreries. Raviver l’éclat du précieux métal de manière homogène et sans altérer les autres matériaux était un défi que les spécialistes de la Haute Ecole Arc ont relevé avec succès. Les chercheurs en conservation-restauration, avec la complicité des ingénieurs-designers de l’unité EDANA en Ingénierie, ont en effet mis au point un pinceau électrolytique assurant un nettoyage précis et sélectif des parties métalliques, sans démontage de l’objet.

 

Chef reliquaire de Saint-Candide, après rénovation

 

Chercheur en électrochimie, Christian Degrigny explique son fonctionnement : « La solution de traitement est acheminée par des pompes à membrane depuis un réservoir jusqu’à l’extrémité du pinceau. Là se trouve une cellule électrolytique fermée par un tampon en mousse microporeuse qui libère précisément la solution. » La méthode fait ses preuves sur l’argent et les alliages de cuivre, sur lesquels les couches de corrosion sont fines et autorisent une intervention locale. Des tests sont actuellement confiés à l’expertise du laboratoire Arc’Antique de Nantes sur des objets en plomb, et se poursuivront sur des bronzes issus de milieux terrestres et marins, avec l’idée sous-jacente de recourir à cette technique pour des applications archéologiques. La volonté est de donner aux conservateurs, restaurateurs et autres utilisateurs potentiels un outil peu coûteux, facile à transporter et… à monter, puisque les pièces du pinceau électrolytique sont fabriquées en kit par impression 3D et découpe laser. Une réalisation assurée par le FabLab de la Haute École Arc, bientôt accessible à tous grâce à des plans de construction prochainement publiés sur le net. « Une formation pour la mise au point de l’outil comme pour son utilisation est prévue », précise Christian Degrigny.

 

En attendant et pour juger sur pièces la qualité du traitement opéré, pourquoi ne pas aller admirer les pièces d’orfèvrerie du trésor de l’abbaye de Saint-Maurice actuellement exposées au Louvre ? Inconnue du grand public, cette collection exceptionnelle est cependant comparable à celle du trésor de Conques. Après cette unique excursion hors des frontières de Suisse, elle réintégrera définitivement l’abbaye valaisane qui fêtera l’an prochain ses 1 500 ans, et où elle pourra continuer à être appréciée.

 

Contacts :

 

Université de Franche-Comté

Laboratoire Chrono-environnement

Philippe Barral - Tél. (0033/0) 3 81 66 54 24

Matthieu Thivet - Tél. (0033/0) 3 81 66 51 71

Françoise Passard-Urlacher - Tél. (0033/0) 3 81 65 72 75

Luc Jaccottey  - Tél. (0033/0) 6 08 56 29 47

 

Université de Neuchâtel

Institut d’archéologie

Denise Leesch - Tél. (0041/0) 32 718 31 11

Matthieu Honegger - Tél. (0041/0) 32 889 86 82

 

Laboratoire de microbiologie

Edith Joseph - Tél. (0041/0) 32 718 22 35

 

Haute école Arc

Conservation-restauration

Christian Degrigny - Tél. (0041/0) 32 930 19 19

Edith Joseph - Tél. (0041/0) 32 930 19 05

Emmanuelle Domon Beuret

 

UTBM 

Laboratoire Métallurgies et cultures (LMC)

Marion Berranger - Tél. (0033/0) 3 81 58 38 11

 

Source unique :

Nouvelles pièces au puzzle du passé de l'Arc jurassien.  En Direct Le Journal de la Recherche et du Transfert de l'Arc Jurassien n° 253 – mai-juin 254 pp. 15-21.

 

Greffe d’ovaire : Besançon confirme son excellence

ovaire-200.jpgGreffe d’ovaire : Besançon confirme son excellence

(reproduction d'un article de "en Direct")

 

La cryoconservation de tissu ovarien est un espoir pour toutes les femmes ayant un jour à subir des traitements toxiques susceptibles de provoquer une insuffisance ovarienne prématurée, voire une stérilité.

Le tissu ovarien est prélevé, conditionné, congelé, puis stocké dans l’azote liquide à -196°C, dans l’attente de pouvoir être réimplanté chez la patiente après sa guérison, si elle émet le souhait d’une grossesse.

Le 22 juin 2009 naissait au CHRU de Besançon le premier bébé français conçu après cryoconservation et autogreffe d’un ovaire, une intervention réalisée par l’équipe du professeur Christophe Roux. C’était la première fois au monde qu’une grossesse était rendue possible chez une patiente ayant auparavant bénéficié d’une greffe de moelle osseuse. Trois autres bébés sont nés en France depuis, et l’équipe comtoise peut s’enorgueillir d’avoir encore mené à terme l’une de ces grossesses, en 2011.

Depuis juillet 2013, l’unité de biologie de la reproduction du CHRU de Besançon pilote l’un des deux protocoles de recherche français dédiés à la réutilisation par autogreffe du cortex ovarien cryoconservé. Ce protocole, sous la responsabilité du docteur Clotilde Amiot, regroupe une douzaine de centres hospitalo-universitaires. Assurer l’innocuité de la greffe figure dans les objectifs prioritaires de la structure. « Certaines pathologies cancéreuses présentent le risque de réintroduire la maladie dans l’organisme de la patiente, au cas où des cellules malignes auraient colonisé le tissu avant son ablation et sa conservation », explique le professeur Christophe Roux. D’où l’accent mis sur la recherche au laboratoire Interaction hôte-greffon / tumeur et ingénierie cellulaire et génique pour détecter les cellules anormales dans le tissu ovarien. « Nous avons recours à la biologie moléculaire et à la cytométrie en flux multicouleurs, dont la sensibilité de détection des marqueurs de surface sur une cellule cancéreuse est aujourd’hui aussi excellente pour du tissu ovarien que pour le sang ou la moelle osseuse », précise le docteur Clotilde Amiot.

Des résultats obtenus grâce à la plateforme de biomonitoring installée à l’Établissement français du sang Bourgogne - Franche-Comté, un outil particulièrement performant pour mener à bien ces recherches de pointe.

Contact : Christophe Roux - Clotilde Amiot 

Laboratoire Interaction hôte-greffon / tumeur et ingénierie cellulaire et génique
Établissement français du sang Bourgogne - Franche-Comté / Université de Franche-Comté / INSERM
Tél. (0033/0) 3 81 21 86 98 / 86 81 

 

Source : "En direct" Le Journal de la Recherche et du Transfert de l'Arc Jurassien, n° 253, mai-juin 2014, p. 4.

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Clocher en pâture

Clocher en pâture

 

par Dominique Delfino

Photographe paysagiste et naturaliste

 

Coup d’œil ou clin d’œil, ce cliché bien franc-comtois est à l'image de la surprise rencontrée au détour d'un chemin sur le plateau du Lomont.

 

Alors que je roule lentement sur la petite route départementale, le sommet du clocher se dessine et monte progressivement sur l'horizon jusqu'à finir par apparaître comme reposant sur la prairie.

 

Le jeu des courbes et niveaux de terrain me permet ainsi de parfaire mon cadrage en jouant avec le clocher émergeant du vallon et, traduire au mieux cette illusion.

 

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Vous avez été nombreux à avoir reconnu le clocher du village de CHAMESOL !

11/05/2014

La chienne et le bébé mésange

La chienne et le bébé mésange

 

La prise de risque est immense pour les oisillons qui prennent leur envol pour la première fois ! Témoin cette menue mésange charbonnière. Mais la chienne intriguée par cette petite boule de plumes ne lui fera aucun mal.

 

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09/05/2014

Les forts qui entourent la ville de Besançon (1)

Citadelle-nuit-200.jpgLes forts qui entourent la ville de Besançon (1)

 

© Michel Marlin

 

Les fortifications de Besançon sont célèbres dans le monde entier par suite du classement au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2008 de la Citadelle remaniée par Vauban lors de la conquête de la Franche-Comté par la France, et classée au patrimoine de l'UNESCO. De l'époque de Vauban datent également le fort Griffon ainsi qu'une série d'ouvrages assurant la défense immédiate de la ville : remparts et ouvrages de la couronne urbaine.

 

 Si l'ensemble de l'œuvre de Vauban à Besançon, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO est l'objet de toutes les attentions de la municipalité, il semble logique que la collectivité s'intéresse également à son patrimoine fortifié plus récent, preuve de son passé militaire important. C'est dans ce sens que, à l'initiative de Jean Rosselot[1] et du Commandant Pascal Ducros[2], une association s'est créée en 2009 pour sauvegarder cet ensemble remarquable : il s'agit d'AVALFORT. L'association présidée par le Commandant Pascal Ducros œuvre à la restauration de nombreux sites, se fait connaître par des conférences, l'encadrement de visites et des manifestations diverses. Les notes qui suivent sont empruntées aux textes d'une conférence donnée par Pascal Ducros illustrant une exposition itinérante qui circule à la demande d'autres associations intéressées.



[1] Maître de conférence honoraire de droit public à l'Université de Franche-Comté.

[2] Pascal Ducros est l'actuel président de l'Association AVALFORT.

 

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La Citadelle de Besançon vue du ciel © Laurent Cornet

 

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La Citadelle de Besançon vue du Parc Micaud © André Guyard

 

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La Citadelle de Besançon, front de secours © André Guyard

 

Au fur et à mesure des progrès de l'artillerie, il a fallu prévoir au cours des siècles une série d'ouvrages militaires de défense de la ville formant une série de ceintures de plus en plus éloignés.

 

Un siècle après Vauban, les travaux de fortification reprennent.

 

À la Révolution, quatre lunettes (ouvrages avancés) sont bâties : Tousey, Trois Châtels, Beauregard, Chaudanne.

 

Entre 1825 et 1851, trois forts sont érigés sur les collines de Chaudanne, Beauregard et Bregille. Lors de la guerre de 1870, une quinzaine d'ouvrages défensifs de circonstance sont construits à la hâte, sur les hauteurs dominant la ville

 

- Pendant la guerre de 1870-1871, 13 ouvrages sont édifiés sur les principales hauteurs dans l'urgence : redoute de Montfaucon, fort des Justices, forts de l'Est et Ouest des Buis, batterie du Rosemont...

 

 

De 1874 à 1880, le général Séré de Rivières constitue le camp retranché de Besançon en faisant bâtir dix forts ou batteries d'artillerie, souvent à l'emplacement des ouvrages de circonstance de 1870 : les forts de Montfaucon, des Montboucons, de Chailluz, de Châtillon-le-Duc, de Fontain, le fort Benoit, le fort de Planoise et les batteries d'Arguel, de Miserey, des Tilleroyes. Ainsi, le camp retranché bisontin fait partie de la ligne de défense Séré de Rivières allant de la mer du Nord à la Méditerranée.

 

Entre 1885 et 1891, un renforcement du camp retranché de Besançon s'avère indispensable. Plusieurs ouvrages, neuf abris sous roc et vingt-trois magasins à poudre seront creusés dont 4 ouvrages sur la crête de Pouilley, à Franois et à Pugey.

 

Défense-des-frontières-1870-1914_450.jpg

 

Ainsi, sur tous les points hauts, de cinq à dix kilomètres de la Boucle, des forts ont été érigés, créant le camp retranché de Besançon, complétés par des ouvrages secondaires. Ces ouvrages insolites et souvent mystérieux offrent des points de vue superbes sur la ville et la campagne environnante.

 

Ces ouvrages militaires sont essentiellement installés sur les hauteurs de Besançon, mais également sur celles des communes de la première couronne (Montfaucon, Fontain, Arguel, Pugey, Avanne, Franois, Pouilley, Miserey, Châtillon, Chalezeule). Avec les magasins à poudre de Serre-les-Sapins, Pirey et Morre, quatorze communes sont concernées.

 

Ces constructions remarquables et de qualité, sont positionnées sur des sites exceptionnels. Elles sont principalement la propriété des communes. Trois restent militaires (fort Neuf de Montfaucon, fort des Justices et fort des Montboucons). Quatre ont été achetés par des propriétaires privés respectueux de leurs sites (Lunettes de Tousey et de Trois-Châtels, Forts de Fontain et de Châtillon).

 

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© panneau d'exposition Avalfort

 

Si la moitié d'entre eux est en bon état de conservation, d'autres sont en ruine, la nature ayant repris ses droits, les buissons et arbres ont investi les ouvrages abandonnés et le gel a délité les parements. Les eaux de ruissellement dégradent les constructions (Ouvrage "Au Bois" à Franois, Rosemont et Les Buis à Besançon,...). Certains ouvrages servent de carrière de pierres. Ces forts sont encore visibles, mais pour combien de temps ?

 

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Place forte de Besançon

Ouvrages-fortifiés-de-Besançon-450.jpg

Source Avalfort

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Source Avalfort

 

I. Les forts du cœur de ville et la ceinture fortifiée

 

1. La protection de la boucle

 

Rappelons que le cœur de ville a été classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2008. Il comporte : la citadelle (1668-1683), l'enceinte de Battant et le fort Griffon, l'enceinte de la boucle (1675-1695). Autres constructions plus récentes : les magasins à poudre de Chamars (1833-1834), le magasin à poudre caverne de Malpas (1891) et celui de la porte Notre-Dame (l880).

 

2. Le premier élargissement

 

2.1. À l'avant devant le front de secours de la Citadelle

 

Lunette_de_Trois-Châtels-200.jpg* Lunette de Trois-Châtels : fort Rostaing

Altitude 360 m. Inscrit à l'inventaire des sites en 1944 et monument historique en 1995. Cet ouvrage construit en 1791 à l'avant de la citadelle, couvre le front de secours. Ce retranchement, composé d'une tour-réduit de sûreté et d'un fossé battu par une casemate à feux de revers, est fort original. Des aménagements ont été effectués en 1827 (chemin couvert). Son propriétaire restaure le fort.

 Source DR

 

 

Lunette_de_Tousey-200.jpg* Lunette de Tousey : fort d'Arçon

Altitude 360 m. Jumeau du précédent, le propriétaire a transformé l'ensemble en une belle habitation aux multiples jardins en terrasse.

Source DR

 

 

 

 

 

 

 

 

Citadelle-lunette-3châtels-200.jpg*  Retranchement avancé à Trois-Châtels

 

© André Guyard

 

 

 

 

 

 

 

 

 2.2.  Collines voisines fortifiées (propriété de la ville)

 

Fort-de-Bregille-200.jpg* Fort de Bregille : fort Morand

 Altitude 446 m. Inscrit à l'Inventaire des sites en 1934, Construit entre 1825 et 1837, le fort a reçu plusieurs aménagements en 1865-1870 et 1879. Il contrôle la ville et le Doubs en amont, veille sur la citadelle et tient la colline. L'ouvrage compte 5 bastions reliés par des courtines et possédant chacun son magasin à poudre. Un profond fossé entoure l'ensemble avec un chemin couvert au nord et à l'est. La caserne compte 3 niveaux. Un magasin à poudre est placé sous chaque bastion. Source DR

 

Fort-de-Bregille-450.jpg

Fort de Bregille vu de la Citadelle © André Guyard

 

 

Fort-de-Beauregard-200.jpg* Fort de Beauregard

Altitude 314 m, inscrit à l'inventaire des sites en 1944. Une lunette d'Arçon est commencée en 1791, Les travaux sont interrompus et reprendront vers 1841. Construite en 1848, la caserne à 2 étages domine la ville de 90 mètres. Le fort sera légèrement modifié en 1870. Ouvrage original. Il est entouré par un fossé sur trois côtés et un à pic côté ville. Il protège le flanc de Bregille et la rive droite du Doubs au plus près.

 

Fort-de-Chaudanne-200.jpg* Fort de Chaudanne : fort Baudrand

Altitude 422 m. Inscrit à l'inventaire des sites en 1942 et monument historique en 1996 Le fort construit entre 1842 et 1844 a conservé la tour-réduit de sûreté de la lunette d'Arçon de 179l. Il compte 5 bastionss, reliés par des courtines, un fossé l'entoure sur 3 côtés, comblé devant la porte. La caserne compte 3 niveaux. L'importante cour, comporte plusieurs constructions dont le magasin à poudre du temps de paix.

En symétrie du fort de Bregille, il contrôle la ville et le Doubs en en aval, veille sur la citadelle et tient la colline. Un magasin à poudre caverne a été établi sous l'esplanade, côté ville en 1882.

 

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Fort de Chaudanne vu de la Citadelle © André Guyard

 

* Fort du Petit Chaudanne : fort Gérin

Altitude 368 m. Inscrit à l'inventaire des sites en 1944 (mais en ruine). Réalisé en 185l, c'est un petit ouvrage carré, semi permanent, les fossés creusés dans le roc. Il renforce la sécurité du fort Chaudanne et protège Chamars et Battant de ses feux en enfilade. Il a été réaménagé en 1869-70. Le fort est en ruine, un pylône d'antenne occupe son sommet.

 

3. Le second élargissement

 

3.1. Au Nord

 

Batterie-de-la-ferme-de-l'Hôpital-200.jpg* Batterie de la ferme de l'Hôpital: fort Bouchet

Altitude 334 m, L'ouvrage construit en 1878 et 1879 est entouré d'un fossé creusé dans la roche. Il se compose de 3 traverses abris et d'un poste de garde avec meurtrières. La batterie renforçait le contrôle des directions de Gray et Dijon et couvrait les forts voisins. À 400 m un magasin à poudre caverne a été creusé en 1889 L'ouvrage en assez mauvais état est la propriété de l'hôpital de Besançon (centre de soin des Tilleroyes).

©Pascal Ducros

 

 

 

Fort-des-Justice-début-XXe-200.jpg* Fort des Justices : fort Pajol

Altitude 343 m. Élevé à la hâte lors de la guerre de 1870, il est de forme rectangulaire, au tracé bastionné entouré d'un fossé avec 2 tenailles. Il comptait 20 canons qui battaient de leurs feux la route de Vesoul, la voie ferrée et flanquaient le fort des Montboucons. En 1872, 3 magasins à poudre sont réalisés. En 1980, le service du Génie y construit un casernement de gendarmerie, abritant l'état-major de région, un escadron de gardes mobiles et plus de 250 logements. Les constructions en sous-sol subsistent ainsi que quelques parties des fossés. Source DR

 

 

Fort-des-Montboucons-200.jpg* Fort des Montboucons : fort Ferrand

Altitude 373 m. Construit de 1877 à 1880 aux abords d'une redoute de 1870, le fort quadrangulaire est entouré d'un profond fossé. Il se compose d'un parapet avec banquette d'infanterie et emplacements d'artillerie, d'une batterie haute pour 10 pièces lourdes, d'une caserne faisant réduit séparé par un fossé étroit. Une longue traverse abri relie la caserne-réduit au front de tête. Le fort est flanqué de deux batteries annexes. L'ensemble protégeait les axes de Vesoul, Langres et Gray. la voie ferrée de Dijon. Le magasin à poudre caverne a été creusé en 1889. Le fort est toujours militaire. Ouvrage débroussaillé par le 19e Génie en mai-juin 2014. ©Pascal Ducros

 

3.2. Au Sud

 

* Fort de l'Est des Buis : fort Montbarrey

Altitude 490 m. Inscrit à l'inventaire des sites. Ouvrage de circonstance construit à la hâte en 1870, il est de forme hexagonale. Les fossés et emplacements de pièces sont creusés dans la roche. Au nord, il domine Besançon-Est et le Doubs et au sud la vallée des Mercureaux. Il constitue la couverture avant de la Citadelle avec le fort de l'Ouest des Buis, son jumeau. Un magasin à poudre caverne est creusé en 1886. Seuls le fossé et quelques vestiges sont perceptibles, Le hangar d'artillerie du fort est encore visible. Après la 2e guerre mondiale, le fort est cédé à l'association diocésaine de Besançon qui y édifie le mémorial Notre-Dame de la Libération.

 

Fort-des-Buis-ouest-magasin-à-poudre-200.jpg* Fort de l'Ouest des Buis : fort Michaud

Altitude 493 m. Jumeau du précédent. II constitue la couverture avant la citadelle. Son magasin à poudre caverne a été creusé en 1886 à 100 m du fort. Il est en très mauvais état, seul le fossé est encore visible.

 

© André Guyard

 

 

 

 

 

 

Fort-de-Fontain-200.jpg* Batterie du Rosemont : fort Verne

Altitude 465 m. Inscrit à l'inventaire des sites en 1944, il fait suite à l'ouvrage de circonstance construit en 1870 au sommet de la colline du Rosemont. La batterie est de forme ovale avec fossé. Les positions d'artillerie sont établies sur des banquettes. Elle domine au sud la vallée du Doubs et Beure, surveille la voie ferrée venant de Dijon et assure la couverture des forts voisins. Le magasin à poudre semi-enterré, situé en contre-bas a été creusé en 1879-80. La batterie du Rosemont est en très mauvais état. © Source DR

 

 

Fort-de-Planoise-200.jpg* Centre de résistance de Planoise : fort Moncey

Altitude 459 m. Réalisé au sommet de la colline de Planoise, il présente un ensemble exceptionnel, puissant et redoutable. Le fort est construit entre 1877 et 1880 et les abris sous roc en 1891-1892. Une batterie de mortier de 220 avec traverses abris et magasins est installée au centre et 2 batteries classiques au sud-ouest. Le fort est un quadrilatère avec une cour intérieure et on accédait à l'intérieur par un pont-levis à la poncelet.

Les fossés étaient défendus par une caponnière double et un coffre double de contrescarpe. Les dessus du fort sont occupés par des banquettes d'infanterie et une banquette d'artillerie.

Il surplombe la vallée du Doubs de 200 m et les accès ouest de la ville. Le magasin à poudre caverne est creusé dans la falaise en 1888-89. ©Pascal Ducros

 

3.3. Les forts extérieurs au Nord

 

* Ouvrage de "Au Bois"

Altitude 311 m. Il s'agit d'une fortification construite en 1891/92 battant de ses feux la route et la vole ferrée venant de Dijon. De forme polygonale, l'ouvrage est composé d'un réduit d'infanterie encadré par deux batteries d'artillerie. 2 magasins à poudre caverne sont construits en 1889 à proximité (de la Prabé et de Serre-les-Sapins). Le site appartient à la commune de Franois. L'ensemble est en mauvais état.

 

* Ouvrages de la Crête de Pouilley

Pouilley-les-Vignes-01-200.jpgAltitude entre 329 et 348 m. Fortification semi-permanente battant de ses feux la direction Vesoul et Gray (route et voie ferrée). Elle surplombe les alentours de près de 100 mètres. Construits entre 1888 et 1893, ils se composent de 4 ensembles comprenant : un réduit d'infanterie entouré d'un fossé, une batterie (à 1, 3 ou 4 emplacements de canons), avec, en-dessous, un abri sous roc à 4 casemates maçonnées, dont une avec citerne en sous-sol. Ils sont disséminés sur la crête, sur plus d'un kilomètre et demi. Le magasin à poudre caverne bâti en 1889 est à Pirey. L'ensemble est propriété de la commune de Pouilley-les-Vignes qui a aménagé un circuit de promenade avec sentier botanique et parcours de sport. Les abris sous roc sont en bon état, un seul est accessible par un escalier. En avant de l'ouvrage, on peut découvrir des trous individuels. ©Source DR

 

Fort-de-Chailluz-200.jpg* Fort de Chailluz (fort Kirgener)

Altitude 619 m. Sur la crête nord de Besançon, en forêt, le fort domine la vallée de l'Ognon de 400 mètres. Isolé à l'extrême nord du camp retranché, c'est un fort d'arrêt, pièce maîtresse du système de défense Puissant et protégé par des fossés profonds, il borde la falaise au nord. Il compte 10 emplacements de canon, avec traverse abri. Les angles abritent des caponnières. Il est protégés par des banquettes d'infanterie et d'artillerie. Les mouvements de terrain permettent les tirs d'artillerie. ©Source DR

 

Un poste optique est installé au-dessus du casernement et de l'entrée. Il est flanqué par une batterie à l'Est et une batterie à l'Ouest.

Accessible par un grand escalier, un casernement en béton est creusé dans le fossé. Il contient des chablis avec des lits à double étage. Pendant la dernière guerre, cet ouvrage fut canonné par les Allemands pour en tester la résistance.

Au centre, la caserne est protégée par des merlons de terre. Aux angles sud, 2 caponnières doubles défendent les fossés. Au Nord-Ouest, une batterie annexe renforce le dispositif. Il est alimenté par 3 magasins à poudre : la Charrière du fort (1886/92) situé à 500 mètres du fort, la Fourche de Chailluz (1889), les Montarmots (1889).

 

Fort-Benoit_200.jpg* Fort Benoit (voir une description plus précise dans ce même blog)

Altitude 364 m (du nom du colonel Benoit, directeur des fortifications de Besançon en 1870).

L'ouvrage domine de plus de 60 mètres la zone commerciale de Chalezeule et de plus de 120 mètres la plaine de Thise. Il barre la direction de Belfort. À cheval sur les communes de Besançon et de Chalezeule, ce fort sera construit de 1873 à 1880, à l'emplacement de la redoute de Palente (ouvrage de circonstance établi en 1870).

 

Il est entouré de larges fossés, défendus par des caponnières doubles. L'escarpe détachée est percée de créneaux pour le tir d'infanterie. Un pont-levis barrait l'entrée.

La caserne a 2 niveaux. Le parapet du tort comprend 10 emplacements de pièces d'artillerie. Le mur bahut contenant la terre des parapets est en béton armé préformé.

Le fort compte une batterie annexe. Propriété de la ville, ce fort est entretenu par deux associations de tir qui ont installé des stands et des parcours de tir dans différentes parties de l'ouvrage et dans les fossés. Son magasin à poudre caverne, situé à Fontaine-Argent a été creusé en 1889. Devant l'entrée, la place de retournement des chariots est toujours visible.

 

* Batterie du Calvaire (fort Ferrière)

Altitude 385 m. Le site domine de 100 mètres le village de Miserey, contrôlant la route de Vesoul (N 57) et les voies ferrées de Vesoul et Gray. L'ouvrage est construit en 1877 et 1878. De forme trapézoïdale, il se compose de 4 traverses abris délimitant la position des canons (2 classiques et 2 servant de logement) et de 5 plates-formes d'artillerie. Cet ouvrage fut construit en lieu et place d'un fort dont le projet resta dans les cartons. Le fossé sur le front de tête est creusé dans la roche. Le magasin à poudre caverne de 1889, situé à quelques centaines de mètres, est bien dégradé. Le site est propriété de la commune de Miserey-Salines.

 

Fort-de-Châtillon-200.jpg* Fort de Châtillon

Attitude 443 m (Inscrit à l'inventaire des sites en 1942). Sur le promontoire surplombant la vallée de l'Ognon de plus de 230 mètres, l'armée a repoussé une importante attaque prussienne en octobre 1870. Construit entre 1875 et 1879, il est composé de 7 traverses abris, d'un corps de caserne avec citernes. Il est complété en 1989 par un magasin à poudre caverne, situé à quelque distance, et un abri sous roc creusé entre 1888 et 1892.

© Source DR

 

Pour la petite histoire, le lieutenant Philippe Pétain y a été caserné entre 1883 et 1868. Pendant la seconde guerre mondiale, le fort de Châtillon sert de camp de prisonniers.

Actuellement, il appartient à un particulier qui a déjà réalisé de nombreux travaux de réfection.

 

 

Fort-de-Montfaucon-200.jpg* Fort neuf de Montfaucon (Fort Woirol)

Protégé par un grillage. Abris, magasins. Traverse avec des positions de canons. Ce fort est domaine militaire et n'est pas visitable. © André Guyard

 

 

 

 

 

 

 

 

Redoute-Donzelot-200.jpg* La redoute de 1870, qu'on appelle aussi Vieux Fort de Montfaucon porte le nom de "Redoute Donzelot". C'est une ancienne redoute en terre aménagée à la hâte en 1870 sur laquelle on a construit des abris en maçonnerie ainsi qu'un magasin à poudre (érigé au centre de la redoute en 1872) et faisant partie intégrante du môle défensif de Montfaucon. Adossée à la falaise, la gorge donne sur un à-pic, tandis que le reste du périmètre est composé d'un fossé non défendu. En 1870, 24 canons s'y tenaient. Le Fort Donzelot actuellement occupé par TDF n'est pas accessible. 

 

 

 

 

 

 

3.4. Les forts extérieurs au Sud

 

Fort-de-Pugey-Cédric-Vaubourg-casemates-extérieur-200.jpg* Ouvrage de Pugey

Ouvrage enterré creusé entre 1890 et 1892, l'ouvrage est entouré d'un profond et large fossé.
On y accède par 2 escaliers en vis suspendu. À 10 mètres sous terre, la fortification est constituée de 4 cavernes à canon, de chambrées et magasins reliés par des galeries de communications. Ouvrage débroussaillé par le 19e Génie en mai-juin 2014.

©Cédric Vaubourg

 

 

 

 

* Fort de Fontain

Fort construit en 1874-77 pour 230 hommes et 40 pièces. Actuellement en très mauvais état.

 

Ouvrages-post-Vauban-450.jpg

Ouvrages ultérieurs à l'œuvre de Vauban (source Avalfort)

 

Sources :

 

Association AVALFORT

  • Panneaux de l'exposition
  • Conférence du Commandant Pascal Ducros
  • Visite du fort Benoit (Capitaine Roland Bois et Commandant Pascal Ducros)
  • Précisions apportées par Guy Mollaret de l'Association AVALFORT
  • Site de AVALFORT

 

Fortiff'Séré Association

 

Pour en savoir plus.

Le Fort Benoit

Fort-Benoit_logo.jpgLe Fort Benoit

 

par André Guyard

 

 

 

 

L'ensemble des fortifications post-Vauban de Besançon fait l'objet de toutes les attentions de l'Association Avalfort qui restaure, entretient, protège ce patrimoine militaire et le fait connaître par des conférences et des visites. C'est à l'issue d'une de ces visites encadrée par le Commandant Pascal Ducros et le Capitaine Roland Bois que j'ai rédigé cette note à partir des explications fournies par ces deux spécialistes que je tiens à remercier ici.

 

Ce fort est situé au Nord-Est de Besançon à une altitude de 364 m. Érigé à la suite de la guerre de 1870-1871, c'est une construction qui appartient à la ceinture de sécurité Séré de Rivières protégeant la ville de Besançon.  Il doit son nom au colonel Benoit, directeur des fortifications de Besançon en 1870.

 

Propriété de la ville de Besançon, ce fort est entretenu par deux associations de tir qui ont installé des stands et des parcours de tir dans différentes parties de l'ouvrage et dans les fossés. Son magasin à poudre caverne situé à Fontaine-Argent a été creusé en 1889. Devant l'entrée, la place de retournement des chariots est toujours visible.

 

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Plan de situation du Fort Benoit (Document Google maps)

 

L'ouvrage domine de plus de 60 mètres la zone commerciale de Chalezeule et de plus de 120 mètres la plaine de Thise. Il barre la direction de Belfort. À cheval sur les communes de Besançon et de Chalezeule, ce fort sera construit de 1873 à 1880, à l'emplacement de la redoute de Palente (ouvrage de circonstance établi en 1870).

 

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Vue satellite et plan du Fort Benoit

 

Il est entouré de larges fossés défendus par des caponnières doubles. L'escarpe détachée est percée de créneaux pour le tir d'infanterie depuis le chemin de ronde qui est décaissé et ainsi protégé. Le terrain naturel étant bombé, le fantassin qui fait le tour est à l'abri.

 

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Vue du fossé Ouest. On distingue à gauche le mur

muni d'embrasures protégeant le chemin de ronde

 

Fort-Benoit_35-36-Fossé-Ouest-angle-arrondi-fossé-Sud-.jpg

Fossé Ouest et angle arrondi avec le fossé Sud

 

Fort-Benoit_40-41-Fossé-Sud-défenses-450.jpg

Le fossé Sud montre des vestiges d'une barrière métallique

 

Fort-Benoit_entrée_450.jpg

Entrée du fort vue de l'extérieur

 

Un pont-levis barrait l'entrée. De part et d'autre de l'entrée, on aperçoit l'embrasure d'une ouverture où se trouvait un réa permettant le passage d'une chaîne et le relevage du pont.

 

Fort-Benoit_03-Entrée-450.jpg

Entrée du fort vue de l'intérieur

 

Fort-Benoit_04-chaîne-pont-levis-embrasure-450.jpg

Orifice de passage de la chaîne de relevage du pont-levis (flèche)

et embrasure de la salle de garde (à droite)

 

On pouvait également blinder les ouvertures avec des sacs de défense.

 

Fort-Benoit_12-parement-de-protection-pour-une-ouverture-450.jpg

Les fenêtres de la salle de garde (extérieur à gauche et intérieur à droite)

pouvaient être protégées par des planches ou des sacs de défense

 

La caserne présente deux niveaux. Le parapet du fort comprend 10 emplacements de pièces d'artillerie. Le mur bahut contenant la terre des parapets est en ciment préfabriqué (comme aux forts de Planoise, de Fontain et de Chailluz).

 

Fort-Benoit_07-cheminement-puits-de-lumière-450.jpg

Une traverse-abri et un puits de lumière

 

Les traverses-abris sont éclairées par des puits de lumière. La voûte est formée de pierres clavées plus étroites en bas qu'au sommet. L'appareil des pierres de construction est remarquable et couvert d'une chape qui ne tolère aucune infiltration.

 

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Cheminement protégé et passage vers l'extérieur

 

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Sortie d'un cheminement

 

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Descente vers le casernement

 

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Un dortoir

 

Le casernement est vaste et comporte différents dortoirs voûtés qui étaient chauffés chacun par deux poêles. À l'étage inférieur se trouvent les latrines.

 

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Conduit de cheminée et passe-plats

 

Un vestibule permet de décharger les chariots qui amenaient et qui avaient accès à une petite cour. Les portes extérieures étaient blindées par une feuille de métal et possédaient trois serrures dont trois personnes différentes détenaient les clés. La poudre et les munitions étaient emmagasinées dans un magasin à poudre dont la porte avait des gonds en bronze pour éviter toute étincelle. On pouvait stocker 50 tonnes de poudre noire en vrac, en disques dans des tubes, en lamelles dans des boîtes, en coups complets prêts à être tirés. Les charges (gargousses) étaient définies d'avance (0,5 kg) et réparties en nombre différent dans les obus pour varier la portée des projectiles. Des cheminées d'aération permettaient de maintenir la poudre sans altération.

 

On emprunte un escalier pour descendre dans l'une des deux caponnières doubles qui balaient les fossés de leurs tirs.

 

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Descente vers une caponnière double

 

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Couloir d'accès à une caponnière double

 

De chaque côté de la caponnière, une pièce de canon 12 culasse qui balaie chaque fossé. Cette pièce d'artillerie est juchée sur un socle horizontal appelé lissoir directeur qui se fixe à une cheville ouvrière évitant ainsi de ne pas bouger au moment du recul du canon. Sous la cheville ouvrière, il existe une plateforme trapézoïdale en ciment.

 

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Les ouvertures des canons 12 culasse sont désormais obturées

 

 Chaque fenêtre supérieure est utilisable par un canon revolver, ancêtre de la mitrailleuse. Cet engin est formé de cinq tubes de 40 mm rayés chacun avec un pas différent. Ces tubes tournent avec une manivelle. De sorte que le tir produira une gerbe de 12 m de diamètre qui balaie l'ensemble du fossé.

 

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Détail d'une caponnière. Embrasures permettant de couvrir le fossé (à gauche)

Au ras du sol, ouverture pour projeter des grenades dans le fossé (à droite)

 

Des ouvertures au ras du sol permettent de balancer des grenades dans le fossé. En avant de la caponnière, il existe un fossé diamant (surcreusement du fossé rendant plus délicate la position de l'ennemi et destiné à recueillir les débris au cas où un coup malheureux de l'adversaire aurait pu obture les embrasures).

 

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Caponnière double vue de l'extérieur

 

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Détail de l'ouverture du canon 12 culasse et

des deux ouvertures des canons révolvers

 

À l'extérieur, de chaque côté de la caponnière, un escalier de flanquement permet de descendre le long de la façade de la caponnière pour pallier une infiltration ennemie.

 

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Magasins s'ouvrant dans l'espace interne du fort

 

À l'extérieur des casernements dans l'espace interne, il existe toute une série de magasins pour abriter du matériel, du personnel, un magasin à munitions confectionnées et un autre destiné aux munitions de la journée. Une rampe à canons permettait la mise en place de l'artillerie.

 

À l'extrémité d'une traverse se trouve un monticule en pierres qui forme un petit parapet en demi-rond qui constitue un poste d'observation qu'on atteint avec une échelle métallique.

 

Le fort compte une batterie annexe protégeant le fort du côté de Chalezeule et de Montfaucon. Un abri extérieur permettant d'abriter l'équipage qui n'est pas au feu.

 

Fort-Benoit_39-magasin-extérieur-au-fort-450.jpg

Abri extérieur côté Chalezeule

Courbet et les phanères

COURBET  et  les  PHANÈRES

 

par Claude Roland Marchand

Professeur honoraire des Universités

 

C’est en examinant de près avec l’œil du biologiste que j’ai découvert, dans quelques tableaux de Gustave Courbet des détails singuliers qui méritent des commentaires sinon des interrogations.

 

Sur plusieurs tableaux connus j’ai relevé une représentation très subjective des phanères portés par les mammifères et les oiseaux. Je précise qu’on appelle phanères ces productions cutanées des vertébrés : poils, cheveux, plumes, cornes, bois, griffes, sabots… Je ne m’attarderai pas sur les poils pubiens, d’autres l’ont fait avant moi et mieux que moi ; encore que, la polémique sur L’Origine du Monde ne soit pas close en ce début d’année 2014 ! Courbet n’en finit pas de défrayer la chronique, de se dérober et de dissimuler ses mystères… Il convoque, il provoque et va jusqu’à choquer sciemment.

 

Le cerf dans « l’Hallali »

 

Sans m’attarder sur la symbolique du tableau, et sur l’artificialité de la mise en scène (saison, région, cavalier, chiens, neige…), j’ai porté mon regard sur les bois du cervidé. Bel animal à l’agonie orné de bois magnifiques. Tous les andouillers sont bien orientés, sauf un : il est courbé vers l’avant, sur la ramure gauche. J’ai observé de nombreux trophées, dans les musées, sur les gravures mais aucun ne présente une telle disposition des cors. Le cerf de ce tableau est une exception, une rareté. Et cet andouiller ainsi orienté représente peut-être une menace, un avertissement « Ne me touchez pas ! » Courbet ne l’a pas peint sans arrière-pensée. On sait qu’il s’est projeté dans ses mises en scène ; et ce cerf à l’agonie est une métaphore du lynchage médiatique auquel il a été confronté lors de plusieurs salons. Mais l’animal cache une arme redoutable qui peut blesser si on s’approche trop près de sa tête.

 

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Ces schémas A et B nous montrent de beaux bois où les premiers andouillers sont tous courbés vers l’arrière. D’après Beaumont et Cassier (1987)

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Ce que Courbet nous propose

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Ne serait-ce pas mieux ainsi ? (croquis C. R. Marchand)

 

 

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Un cerf du Musée de la chasse me donne raison ! © C. R. Marchand

 

 

Le chevreuil dans « la Curée »

 

De toute évidence, l'animal peint par Courbet n’est pas un cervidé : il s'agit d'un bovidé, en l'occurrence d'une antilope. Un cervidé perd ses bois (c’est de l’os) et les renouvelle chaque année. Le bovidé (comme la vache) a des cornes (en kératine) creuses et pérennes.

 

La légende du tableau de Courbet précise : « La Curée. Chasse au chevreuil dans les forêts du Grand Jura ». Pourquoi a-til fait cette annonce, lui, le chasseur, qui a abattu de nombreux chevreuils ? Où s’est-il procuré cette antilope, qu’il a pendue dans son atelier parisien ? Chez son boucher ? Au Jardin des Plantes ? Mystère… En fait, il ne s’est pas trompé ; il veut nous tromper. Et il souhaite qu’on lui fasse des objections. Bovidé ou cervidé, peu importe. C’est l’animal mort qui retient son attention, et force la nôtre. Ce qui est surprenant c’est que cette bizarrerie, ce contre-sens zoologique, n’ait pas été plus souvent relevé et commenté.

 

Décidément, ce tableau composite (en cinq morceaux !), étrange, nous interpelle et nous met mal à l’aise. Le chasseur songe, le cor sonne, les chiens se repaissent de  sang, la forêt abrite la mort. Cette scène insolite : il n’y a qu’un chasseur ; c’est une chasse à courre achevée par une scène singulière, incongrue pour des chasseurs jurassiens chevronnés. La curée était rare en Franche-Comté et elle l’est toujours, sauf si on a vraiment imposé et respecté le protocole de la vénerie. Où Courbet est-il allé chercher cette scène ? À qui s’adresse-t-il ? À des Parisiens ou à des Francs-Comtois ?

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Les mouettes  (1867)

 

Ce tableau peint lors de son séjour en Normandie, présente une fille qui a un peu les traits de Jo l’Irlandaise, et qui transporte trois volatiles marins appelés « Mouettes ». Ce que nous contestons pour de nombreuses raisons.

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Voici « Les Mouettes » dans « La fille aux Mouettes » 1867.

(croquis C. R. Marchand sur calque)

 

Examinons les plumes de ces oiseaux marins : leurs queues et leurs ailes falciformes ne sont pas des queues de mouettes, mais sont plutôt des queues de Sternes (caugek ?).

 

 

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Comparaison des queues de Mouette (à gauche) et de Sterne (à droite)(croquis Marchand)

 

 

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E : les extrémités « digitées » des ailes du tableau de Courbet. F : aile d’une vraie Mouette.  G : aile d’une vraie Sterne. H : tête d’une Mouette en été. I : tête de la Mouette du tableau.  J : tête d’une vraie Sterne. (croquis de C. R. Marchand)

 

Courbet le réaliste, ne traduit pas la réalité. Ou ne veut pas l’exprimer. Sont-ce les oiseaux qui importent dans ce tableau, ou est-ce la porteuse des trophées ? Oiseaux libres fauchés dans leur vol et pendus à un bâton, exprimant un rêve brisé ? Une fille volage qui afficherait ostensiblement son tableau de chasse ? Et cette sorte d’imprécation verticale des deux ailes disposées comme deux mains qui saisissent le bâton ?

 

On se perd en conjectures. Mais ce tableau n’est pas innocent : le peintre nous convoque et pourrait bien être lui-même, l’une de ces fausses mouettes mortellement et irréversiblement blessée.

 

Une étrange chevelure

 

Si l’on regarde attentivement l’une des versions du portrait de Jo, la Belle Irlandaise, on peut deviner, dans la chevelure tissée par la main droite, le visage de quelqu’un, ou de quelqu’une. Illusion volontaire, ou hasard du coup de pinceau.  Je pose la question.

 

Courbet a-t-il voulu exprimer ce qu’une main de femme peut emmêler ou démêler ? Est-ce lui, ou un concurrent dans la conquête de la dame ? Est-on avant ou après une défaite amoureuse ? Mystère…

 

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BELLE IRLANDAISE-SCHÉMA-450.jpg
 

Courbet serait-il lui-même un phanère ?

 

Ma question peut sembler provocatrice, péjorative, mais je persiste à penser que « Le Chêne de Flagey » héberge, contient, absorbe Courbet.

 

Examinons l’ombre blanche à droite du tronc. Faisons une copie réduite de l’artiste à Ste-Pélagie, ou de sa photo en pied. Faisons-la glisser sur le tronc ; si la réduction est réussie on voit que la silhouette adossée du peintre se pose exactement à la place des taches de lumière. (cf  montage ci-dessous).

 

Non seulement Courbet y affiche son  enracinement, mais il est lui-même l’écorce du chêne. Il est en quelque sorte une émanation du cambium, du liber (liberté ?), l’équivalent d’un phanère végétal si l’on veut bien oser l’analogie jusqu’au bout.

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 Courbet n’est-il pas lui-même et le double, le fantôme de Vercingétorix ?

 Bien ancré dans le sol, accolé au tronc, encore vivant ou déjà mort ?

 

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Même attitude dans La Curée. Mêmes intentions ?

 

Conclusions

 

Je pense que cet exposé partial ne sera pas du goût des admirateurs du peintre d’Ornans. J’ai conscience des faiblesses, des limites de mes remarques et de l’audace qui m’a animé pour oser les écrire.

 

C’est Courbet qui l’a voulu. Et il serait ravi de savoir qu’on découvre une ou deux de ses intentions cachées (j’en aurais d’autres à mentionner…), ou qu’on lui fasse exprimer des sentiments qu’il n’avait peut-être jamais éprouvés ou jamais mis en scène.

 

Il n’y a pas de tableau banal et muet chez Courbet. Il y parle sans cesse de lui, de ses doutes, de ses désirs, de ses fantasmes parfois.

 

Moi, en tant que biologiste, j’ai mis ma loupe sur des bizarreries et j’aimerais bien que quelqu’un m’éclaire. Je me sentirais moins seul et moins présomptueux.

Merci Gustave de m’avoir occupé l’esprit souvent et de m’avoir fait douter…

On ne touche pas à Courbet dit-on ; moi, il me touche et ces quelques lignes ont pour prétention de le prouver.

 Claude-Roland MARCHAND

Serre les Sapins le 7 mai 2014.

01/05/2014

L'arc-en-ciel

arc-en-ciel,météorologie,iman sadeghi,lorenz-mieL'arc-en-ciel

 

par André Guyard

(dernière mise à jour le 08/05/2014)

 

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Arc-en-ciel sur l'aérodrome de Thise (Doubs)

© André Guyard

 

L'arc-en-ciel est un phénomène qui a toujours fasciné l'espèce humaine. Dès l'an 1000, le savant irakien Ibn al-Haytham tente d'expliquer sa formation. Il faudra attendre 1657 pour que René Descartes en donne le premier modèle prédictif. Au début du XXe siècle, le modèle du Danois Ludvig Lorenz et de l'Allemand Gustav Mie inclut le caractère ondulatoire de la lumière. Et c'est tout récemment, début 2012, que Iman Sadeghi et son équipe mettent au point le premier modèle complet d'arc-en-ciel.

 

En fait, un arc-en-ciel est un phénomène optique produit par la réfraction, la réflexion et la dispersion des radiations colorées composant la lumière blanche du Soleil par les gouttelettes d'humidité présentes dans l'atmosphère. Il contient un dégradé de couleurs recouvrant toutes les teintes, sauf le magenta.

 

L'arc-en-ciel contient une infinité de couleurs puisque le spectre lumineux, dont la décomposition est entraînée par la réfraction, est un continuum de couleurs parmi celles visibles par l'œil humain. En fait, l'arc-en-ciel ne possède qu'une partie de toutes les couleurs existantes : les couleurs saturées monochromatiques. C'est ainsi que le magenta qui devrait se trouver entre le rouge et le violet, sur la ligne des pourpres n'est pas une couleur de l'arc-en-ciel. Le spectre s'étend du violet au rouge. Si le magenta est absent de l'arc-en-ciel, c'est donc parce qu'il ne correspond à aucune radiation pure.

 

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Les couleurs conventionnelles de l'arc-en-ciel

© André Guyard

 

 

Arbitrairement, le nombre de couleurs retenu pour l'arc-en-ciel est de sept, un choix dicté par Isaac Newton : rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo et violet. Ce nombre de sept a été choisi par analogie entre la lumière et le son, la gamme musicale comprenant sept notes par octave. Il correspond aussi approximativement au nombre de couleurs qu'un individu moyen peut discriminer dans le spectre lumineux.

 

On peut observer l'effet d'un arc-en-ciel toutes les fois où il y a de l'eau en suspension dans l'air et qu'une source lumineuse (en général le soleil) brille derrière l'observateur. Les arcs-en-ciel les plus spectaculaires se manifestent lorsque la moitié du ciel opposée au soleil est obscurcie par les nuages alors que l'observateur se situe à un endroit où le ciel est clair. Un autre endroit commun où l'on peut voir cet effet est à proximité de chutes d'eau.

 

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Arc-en-ciel dans une chute d'eau

 

L'arc-en-ciel est provoqué par la dispersion de la lumière du soleil par des gouttes de pluie approximativement sphériques. La lumière est d'abord réfractée en pénétrant la surface de la goutte, subit ensuite une réflexion partielle à l'arrière de cette goutte et est réfractée à nouveau en sortant. L'effet global est que la lumière incidente est majoritairement réfractée vers l'arrière sous un angle d'environ 40-42°, indépendamment de la taille de la goutte. La valeur précise de l'angle de réfraction dépend de la longueur d'onde (la couleur) des composantes de la lumière. Dans le cas de l'entrée dans un milieu plus réfringent, l'angle de réfraction de la lumière bleue est inférieur à celui de la lumière rouge. Ainsi, après réflexion à l'interface eau-air d'une goutte, la longueur d'onde de la lumière bleue est modifiée et ressort en dessous en lumière rouge. L'observateur étant fixe, il voit la lumière issue de différentes gouttes d'eau avec des angles différents par rapport à la lumière du soleil. Le rouge apparaît donc plus haut dans le ciel que le bleu.

 

Un arc-en-ciel n'a donc pas réellement d'existence physique, mais est une illusion d'optique dont la position apparente dépend de la position de l'observateur et de celle du soleil, le centre de l'arc-en-ciel étant la direction exactement opposée à celle du soleil par rapport à l'observateur. Toutes les gouttes de pluie réfractent et reflètent la lumière du soleil de la même manière, mais seulement la lumière d'une petite partie des gouttes de pluie atteint l'œil de l'observateur.

 

Un arc-en-ciel se situe toujours à l'opposé du soleil : le soleil, l'observateur et le centre du cercle dont fait partie l'arc-en-ciel sont sur la même ligne.

 

Un arc-en-ciel appartient toujours à un cercle de même diamètre : un cercle apparaissant sous un angle approximatif de 40-42° autour de cette ligne soleil-observateur-centre de l'arc.

 

Mais compte tenu du fait que l'horizon cache habituellement la majeure partie d'un arc-en-ciel, c'est la taille de l'arc visible qui varie : plus le soleil est proche de l'horizon, plus l'arc sera grand. Un observateur en haute altitude verra un plus grand arc-en-ciel qu'un observateur au niveau de la mer.

 

Un second arc

 

Parfois, un second arc-en-ciel moins lumineux est aperçu au-dessus de l'arc primaire. Il est provoqué par une double réflexion de la lumière du soleil à l'intérieur des gouttes de pluie et apparaît sous un angle de 50-53° dans la direction opposée au soleil. En raison de la réflexion supplémentaire, les couleurs de ce second arc sont inversées par rapport à l'arc primaire, avec le bleu à l'extérieur et le rouge à l'intérieur, et l'arc est moins lumineux. C'est la raison pour laquelle il est plus difficile à observer.

 

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Arc-en-ciel sur Thise (07/05/2014)

© André Guyard

 

Un troisième arc-en-ciel peut être présent au voisinage du second, et inversé par rapport à celui-ci (donc identique au premier). Il est cependant nettement moins lumineux et observable uniquement dans des conditions exceptionnelles. En pratique, il n'est pas très facile à distinguer des arcs surnuméraires associés à l'arc secondaire. Il correspond aux rayons lumineux ayant subi cinq réflexions dans les gouttes d'eau. Deux arcs inversés l'un par rapport à l'autre peuvent également être observés dans la direction opposée, à environ 45 degrés du Soleil (donc dans la direction de celui-ci), mais ceci est particulièrement difficile du fait de la proximité du Soleil. Les rares observations de ces deux arcs font mentions de morceaux d'arcs visibles par intermittence. Ces deux arcs correspondent aux rayons lumineux ayant subi trois et quatre réflexions dans les gouttes d'eau. Comme ils sont situés à l'opposé du soleil, ce ne sont pas les mêmes gouttes d'eau qui y contribuent. En pratique, les configurations favorables à leur observation sont nettement moins nombreuses que celles favorables à l'observation de l'arc secondaire, en particulier en raison de leur proximité du soleil.

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1. Arcs surnuméraires. 2. Arcs jumelés

(Documents Science & Vie 2012)

 

Un autre effet moins difficile à observer est celui des arcs dits surnuméraires, qui se traduisent par le fait que le premier arc apparaît en fait comme une série d'arcs de rayon, d'épaisseur et d'intensité décroissants accolés les uns aux autres (fig. 1 ci-dessus).

Ce phénomène résulte d'interférences subies par la lumière lors de ses réflexions successives dans les gouttes d'eau. Ils ne peuvent être expliqués par la seule optique géométrique, d'où leur nom. Contrairement aux autres arcs, ces arcs surnuméraires dépendent d'autres facteurs, comme la dispersion du diamètre des gouttes d'eau.

On sait comment se forme l'arc-en-ciel classique depuis longtemps... et ses arcs surnuméraires ont été expliqués par le modèle de Lorenz-Mie.

La bande sombre d'Alexandre

Entre le premier et le deuxième arc-en-ciel, une bande plus sombre apparaît. Cela correspond à la zone de la goutte d'eau comprise entre l'angle de 42° caractérisant la fin du premier et l'angle de 50° caractérisant le début du second. Cette bande intermédiaire où il y a déficit de lumière a été appelée la "bande sombre d'Alexandre".

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© André Guyard

 

Les arcs jumelés

 

Début 2012, Iman Sadeghi a proposé un algorithme qui a permis d'élucider le mystère des arcs jumelés, mettant un point final à une quête de plus de mille ans ! L'ultime secret des arcs-en-ciel était en fait caché dans la forme de leurs gouttes d'eau.

 

Un phénomène en particulier demeurait un mystère, celui des arcs-en-ciel "jumelés" dont l'arc se sépare en deux. (fig. 2 ci-dessus) Une équipe d'informaticiens de l'université de San Diego, aux États-Unis, vient enfin de concevoir le premier modèle complet d'arc-en-ciel. "Le modèle de Lorenz-Mie, utilisé jusqu'ici, ne fonctionne que pour des gouttes d'eau parfaitement sphériques, précise Iman Sadeghi. Or, dans la nature, les gouttes de pluie s'aplatissent sous la pression atmosphérique, et cela d'autant plus qu'elles sont grosses."

 

D'après Adolfo Munoz, informaticien à l'université de Saragosse : "Du temps de Lorenz, considérer les gouttes de pluie comme des sphères était une approximation acceptable. Mais elle n'a plus lieu d'être aujourd'hui car nous disposons d'outils informatiques assez puissants pour simuler des averses aux gouttes de tailles et de formes variables..." Partant de cette idée toute simple, les chercheurs ont donc mis au point un nouveau modèle d'arc-en-ciel doté d'un algorithme qui permet de faire varier la forme des gouttes en fonction de la pression atmosphérique et de la pression hydrostatique.

 

Des gouttes ellipsoïdales

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Dès les premiers tests, les informaticiens sont parvenus à modéliser avec plus de finesse tous les arcs-en-ciel décrits par le modèle de Lorenz-Mie, leurs gouttes de forme ellipsoïdale reproduisant avec une meilleure précision la courbure de l'arc. Surtout, ils ont enfin résolu le mystère des arcs-en-ciel jumelés : "Ils sont tout simplement dus à des pluies non uniformes !, explique Iman Sadeghi. Lorsque la lumière du soleil traverse une pluie composée de gouttes de 0,4 mm et 0,45 mm, le faisceau de l'arc-en-ciel se dédouble."

Cet algorithme pourrait également servir à simuler la formation des halos, ces arcs lumineux qui apparaissent lorsque la lumière est déviée par des particules de glace en suspension. Il permettrait également de mesurer la taille des gouttes d'eau et ainsi d'améliorer les modèles météorologiques.

 

Sources :

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Arc-en-ciel

Sciences & Vie mars 2012, pp. 22-23.