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28/04/2016

Chasse au blaireau

blaireau,chasse,aspas,haute-savoieHaute-Savoie :

chasse au blaireau, l’acharnement sanguinaire

 

par Pierre Athanaze

Président de l’Association pour la sauvegarde des animaux sauvages

 

Mise à jour du 28 avril 2016 Et dans la Somme, le même acharnement !

 La destruction des blaireaux continue en France, comme en témoigne cette décision du Préfet de la Somme.

 

Lire : Le préfet de la Somme a mis en consultation un arrêté prévoyant l’abattage et le piégeage, à partir du 1er juin, d’un maximum de 1.500 blaireaux, notamment accusés de[...]

 

Espèce protégée dans la plupart des pays européens, le blaireau est déjà l’objet d’une chasse acharnée en France. Mais afin de satisfaire à la pratique de la "vénerie sous terre", ou déterrage, (plus de 3 000 équipages en France!), mode de capture et de mise à mort sans conteste le plus cruel d’Europe, elle est aussi l’objet d’une "période complémentaire" qui allonge cette période de chasse à neuf mois et demi par an ! Cela ne suffit toujours pas…

 

Le blaireau est classé "gibier". À ce titre, l’espèce est chassée de mi-septembre à fin février. La "période complémentaire" allonge cette chasse de la mi-mai jusqu’à l’ouverture de la chasse, mi-septembre. Mais cela ne suffit pas aux chasseurs hauts-savoyards, qui ont obtenu du préfet de leur département, un arrêté totalement illégal, autorisant la destruction de blaireaux du 8 mars à fin juin, ne laissant aux blaireaux que huit jours de répit ! L’ASPAS a bien sûr attaqué cet arrêté. Aussi, le jour même de l’audience, le préfet a abrogé son arrêté, rendant sans objet ce contentieux. L’ASPAS a ensuite été informée que trois autres arrêtés, tout aussi illégaux, avaient été signés. À la demande de l’ASPAS, le tribunal administratif de Grenoble a suspendu ces arrêtés le 21 avril 2011.

 

Il est de notoriété publique que la France connaît de sérieux problèmes quant à sa relation avec sa faune sauvage. Notre pays a, de très loin, le plus grand nombre d’espèces chassables (90 !). Mais nous avons également de très gros problèmes avec les chasseurs, pour les suffrages desquels nos parlementaires multiplient les petits cadeaux entre amis.

 

Dernier épisode en date : deux propositions de loi, portées, l’une par le groupe chasse à l’Assemblée nationale, l’autre par le Groupe chasse au Sénat, seront discutées parallèlement au Sénat, le 5 mai 2011, et à l’Assemblée nationale le 10 mai 2011. Ces deux lois, sur le même sujet, seront discutées en même temps : du jamais vu pendant la cinquième République !

 

Il serait plus que temps que nos élus et hauts fonctionnaires s’émancipent du monde de la chasse et prennent la mesure de l’état de conservation de la nature en France, ainsi que de la demande sociale plus axée sur la protection. L’année de la biodiversité est passée et les discours post-grenelliens sont oubliés. Mais les Français, eux, attendent qu’enfin toutes ces promesses soient tenues pour une véritable prise en compte de la nature et de l’environnement.

 

Pierre Athanaze

22 avril 2011

Président de l’Association pour la sauvegarde des animaux sauvages

www.aspas-nature.org

 

• La cruelle période des déterrages a déjà commencé dans certains départements. Si vous trouvez de jeunes blaireautins orphelins, contactez l'association Meles, de Virginie Boyaval :

www.meles.fr

 

Vidéos du déterrage des blaireaux, une pratique particulièrement révoltante :

http://www.notre-planete.info/actualites/4436-blaireau-ch...

 

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© Charlie-Hebdo

 

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© Michel Cottet

29/11/2015

Abattage des bouquetins du Bargy

Bouquetinlogo.jpgL'abattage des bouquetins arrêtera-t-il la brucellose ?

 

Le 8 octobre 2015, le préfet de Haute-Savoie a lancé une opération d'abattage massif des bouquetins du Bargy. En réponse à ce massacre programmé, une pétition a circulé sur Internet demandant l'arrêt immédiat de cette opération contre-productive. Cette pétition s'appuyait sur des arguments écologiques irréfutables.

 

On a eu l'exemple de l'abattage des renards français lors d'une menace de l'extension de la rage, à la fin du XXe siècle. À la suite du vide causée par la disparition des renards dans l'Est de la France, cette mesure avait déclenché un afflux de renards contaminés provenant de l'Europe centrale. Les autorités suisses, plus astucieuses, avaient résolu le problème en vaccinant les renards indigènes par un vaccin dans des appâts répandus par hélicoptères, attitude imitée ensuite par la France.

 

Dans le magazine "Sciences et Avenir" n° 825 de novembre 2015, Morgane Kercoat revient sur cette information. Depuis plusieurs d'années, politiques et agriculteurs d'un côté, associations de protection des animaux de l'autre, s'affrontent sur la question de l'abattage des bouquetins du massif du Bargy en Haute-Savoie atteints par la brucellose, une maladie infectieuse. Un problème d'autant plus épineux que l'espèce, emblématique de la montagne, est protégée.

 

Cette maladie est provoquée par une bactérie du genre Brucella. Bien connue dans le milieu de l'élevage, elle frappe d'abord les animaux domestiques, en particulier les bovins. Un passage à la faune sauvage (bouquetins, chamois...) est possible, sans que l'on sache véritablement comment. L'homme peut aussi être infecté — en consommant des produits laitiers non pasteurisés en particulier — comme en témoignent deux cas recensés en France depuis 2012. Le premier symptôme est une fièvre, suivie de douleurs articulaires et musculaires. Potentiellement mortelle, la brucellose est bien soignée par un traitement antibiotique, à condition d'être diagnostiquée à temps.

 

Un arrêté préfectoral publié le 16 septembre 2015 a donc autorisé un abattage partiel des bouquetins vivant dans le massif du Bargy pour tenter de stopper la contagion. Seule une soixantaine d'animaux identifiés comme sains devraient en réchapper. Initialement, la préfecture voulait autoriser un abattage total, mais l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) s'y est opposée en juillet dernier, jugeant la solution irréaliste et contre-productive avec un risque de dissémination d'individus survivants malades.

 

Le gros problème, c'est qu'on ignore le nombre exact de bouquetins qui vivent sur le massif, la population ayant été estimée en 2014 entre 275 et 352 individus. Personne ne peut donc dire donc combien il conviendrait de tuer d'animaux pour en laisser 60 vivants... En 2013, lors d'une précédente autorisation d'abattage, les chasseurs avaient estimé avoir abattu 80 % des bouquetins, mais un décompte après l'opération avait donné le même résultat qu'avant l'abattage... Pour Dominique Gauthier, vétérinaire naturaliste et directeur du Laboratoire départemental vétérinaire et d'hygiène alimentaire des Hautes-Alpes, « soit le troupeau avait d'abord été mal comptabilisé, soit des bouquetins des troupeaux voisins sont venus combler le vide créé par l'abattage. Depuis un demi-siècle, la méthode d'abattage sur la faune sauvage a toujours échoué. »

 

Désorganisation sociale et diffusion de l'épidémie

 

Elle n'a pas non plus prouvé son efficacité pour éradiquer la brucellose ! Au contraire. En 2013, la part d'individus contaminés chez les bouquetins ayant échappé à l'abattage est passée de moins de 10 % à plus de 50 % ! L'opération a en effet eu lieu juste avant le rut annuel. « Sans les vieux mâles dont beaucoup ont été tués, il y a eu une désorganisation sociale et une absence de hiérarchie, explique Dominique Gauthier. Des jeunes mâles, qui n'auraient pas pu le faire habituellement, ont eu accès aux vieilles femelles pour la reproduction et se sont contaminés. » Selon l'avis de l'Anses, le stress important induit par ce désordre a pu contribuer à fragiliser les jeunes femelles, les rendant plus sensibles à l'infection. Quand l'opération en cours sera terminée, il est certain que quelques bouquetins, peut-être malades, auront survécu. Stressés et désorganisés, ces animaux pourraient aller contaminer les troupeaux voisins, comme celui de la chaîne des Aravis.

 

C'est pourquoi, loin de régler le problème de la brucellose, l'abattage pourrait au contraire accélérer la diffusion de l'épidémie.