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12/07/2016

Vaches montbéliardes

L'été en balles

 

par Dominique Delfino

Photographe naturaliste et animalier

 

 

Ce cliché — réalisé le dimanche 10 juillet 2016 au soir près de Trévillers sur le plateau de Maîche —, confirme que l'été s'est bien imposé succédant au printemps catastrophique que nous avons vécu cette année.

 

En ce soir de finale de coupe de l'Euro, tout le monde n'est pas devant son écran de télévision et la priorité pour de nombreux agriculteurs est de profiter de la météo favorable pour achever les travaux de fourrage dans les prairies récemment fauchées. Jusqu'à la tombée de la nuit, nombreux sont les tracteurs qui, dans un va-et-vient permanent, s'attardent à rentrer au plus vite les balles de foin enrubannées tardivement cette année.

 

Tout juste rentré de la traite, un troupeau de vaches montbéliardes complète ce tableau champêtre d'un soir au sein de ce paysage vallonné, avec presque autant de balles que d'animaux, objectif et ''BUT'' atteint par nos agriculteurs pour un travail sans filet !

 

Vaches-montbéliardes-450.jpg

Cliché © Dominique Delfino

 

 

 

24/06/2016

Les opérations d'abattage massif du blaireau ont repris dans la Somme

Les opérations d'abattage massif du blaireau ont repris dans la Somme

 

par Frédéric DANIEL

 

Abattage du blaireau dans la Somme.jpg

Je tiens avant tout à vous remercier, toutes et tous pour avoir signé et diffusé ma pétition. Vous êtes maintenant plus de 100 000 personnes à soutenir ma cause !

 

Merci également à celles et ceux qui ont écrit à la préfecture de la Somme pour montrer votre désaccord sur la décision du préfet de vouloir une nouvelle fois cette année faire abattre 1 500 blaireaux. Vous avez été semble-t-il très nombreux à avoir participé.

 

La contestation ne cesse de prendre de l'ampleur sur le prétendu bien fondé de la chasse du blaireau, que ce soit par la communauté scientifique, les associations, ou de simples citoyens. Sa chasse en général, la période complémentaire de chasse, son mode de chasse cruel ou encore les arrêtés préfectoraux autorisant des abattages massifs et arbitraires sans justification scientifique sont très décriés et dénoncés.

 

Curieux hasard, hier 13 juin 2016, le Ministère de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer a publié l'avis du Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité (CSPNB) intitulé "La cohabitation entre les blaireaux, l’agriculture et l’élevage".

 

Je vous invite à le lire attentivement :

http://www.developpement-durable.gouv.fr/La-cohabitation-entre-les.html

 

La conclusion de ce conseil scientifique est très clair: "Ni le risque d’infection tuberculeuse en France ni les dégâts qui seraient causés aux cultures ne justifient un abattage massif de blaireaux. La réglementation devrait proscrire et pénaliser les méthodes d’abattage inhumaines, encourager l’exploration de voies alternatives à l’abattage".

La préfecture de la Somme a entre temps publié le communiqué suivant :

http://www.somme.gouv.fr/content/download/18920/131363/file/communique.pdf

 

"Ce projet de renouvellement de régulation des blaireaux a été évoqué en commission départementale de la chasse et de la faune sauvage le 12 mai 2016 et aucun avis défavorable n’a été émis par les membres de cette commission."

 

Les chasseurs, bien entendu, n'ont vu aucun problème à reconduire cette opération massive de destruction du blaireau sur ce département. Demander l'avis des chasseurs sur ce sujet, c'est comme demander à un enfant s'il veut reprendre du dessert...

 

Malgré les 158 avis défavorables émis par les citoyens, le préfet a malgré tout publié l'arrêté préfectoral AUTORISANT CETTE OPERATION MASSIVE DE DESTRUCTION. Les abattages ont donc repris depuis le 1er juin 2016.

 

Voici l'arrêté préfectoral :

http://www.somme.gouv.fr/content/download/18975/131734/file/AP-regulation-blaireaux_MAI-2016.pdf

 

Rappelons une nouvelle fois à M. de Mester l'aberration de sa décision en lui montrant la conclusion du CSPNB :

http://www.somme.gouv.fr/Contactez-nous

 

Que le préfet de la Somme mette de côté son amitié avec les chasseurs pour prendre des décisions plus objectives, avec les conseils des scientifiques compétents sur ce sujet, c'est notre souhait. Si les contestations sur ses décisions se multiplient, M. de Mester ne pourra plus les ignorer.

 

Le 8 avril 2016, Philippe de mester, préfet de la Somme, sur Twitter avec ses amis chasseurs :

https://lc.cx/4rNF

 

Ne lâchons rien !

Le blaireau doit être protégé. Partagez cette pétition :

http://change.org/ProtectionBlaireau

 

Merci à tous !

103 518 soutiens

46 482 nécessaires pour atteindre 150 000

 

08/03/2016

Life Tourbières du Jura

Life Tourbières du Jura

 

 Le film "Tourbières, trésors cachés de la montagne jurassienne" est désormais en ligne dans son intégralité : http://www.life-tourbieres-jura.fr/images-film-page.html


Ce film de 24 minutes vous invite à partir à la rencontre du monde extraordinaire des tourbières, patrimoine naturel si précieux du massif jurassien. De magnifiques images commentées vous transportent au cœur de ces espaces naturels discrets et mystérieux.Ce film, réalisé par Jean-Philippe Macchioni dans le cadre du Life tourbières du Jura, est complété de 7 bonus.

 

Découvrez la lettre d'information n°1 du programme Life Tourbières du Jura

Découvrez la lettre d'information n°2 du programme Life Tourbières du Jura

Découvrez la lettre d'information n°3 du programme Life Tourbières du Jura

Découvrez la lettre d'information n°4 du programme Life tourbières du Jura

 

Cette lettre vous présente toute l'actualité de ce programme dont l'objectif est de réhabiliter sur 6 ans le fonctionnement de 60 tourbières du massif du Jura franc-comtois. Vous pourrez notamment découvrir dans ce troisième numéro une interview de Jean-Philippe Macchioni, réalisateur du film "Tourbières, trésors cachés de la montagne jurassienne", les derniers travaux menés, une interview de Franck Villemain, maire de Frambouhans, ainsi que de nombreuses autres informations.

 

Contact :

 

Emilie Calvar
Coordinatrice technique programme LIFE Tourbières du Jura
 
Conservatoire d’espaces naturels de Franche-Comté
Maison de l’environnement de Franche-Comté
Espace Leclerc - 7, rue Voirin - 25000 Besançon
Tél : 03.81.53.97.77 (ligne directe) – Fax : 03.81.61.66.21
 

03/03/2016

Inventaire du patrimoine géologique de Franche-Comté

Inventaire du patrimoine géologique de Franche-Comté

 

L'inventaire du patrimoine géologique de Franche-Comté est désormais accessible en ligne sur le site de la Zone Atelier Arc Jurassien :

http://zaaj.univ-fcomte.fr/spip.php?article88#IRPG

 

L’inventaire du patrimoine géologique de la région Franche-Comté (IRPG) identifie 153 sites emblématiques de la géologie des 4 départements francs-comtois, dont 110 dans la Zone atelier Arc jurassien. Il a été réalisé dans le cadre de l’inventaire national diligenté par le Ministère de l’Environnement [1] et validé par le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel au printemps 2014.

 

Inventaire-du-patrimoine-géologique-de-Franche-Comté-Carte-450.jpg

Carte des 153 sites géologiques emblématiques de la Franche-Comté

(Pour agrandir, cliquer sur la carte)

 

C’est le résultat d’un travail d’enquête et de sélection produit par une communauté régionale de géologues et naturalistes amateurs ou professionnels, sous la tutelle d’un comité de pilotage restreint, du laboratoire Chrono-environnement de l’Université de Franche-Comté et du CNRS, et de la DREAL Franche-Comté.

 

Cet inventaire recense et délimite les sites géologiques à valeur patrimoniale (géotopes) du territoire régional (à l’exception de l’endokarst qui fait l’objet d’un inventaire spécifique). Il permet également d’évaluer l’état de conservation, la vulnérabilité et le besoin éventuel de protection des sites inventoriés, dans une perspective de conservation, de gestion et d’une éventuelle valorisation.

 

La sélection et la hiérarchisation des sites est fondée sur les directives émises par La Commission Nationale du Patrimoine Géologique (CNPG). La méthodologie est détaillée dans le document de synthèse téléchargeable.

Cet inventaire constitue un état du patrimoine géologique franc-comtois à sa date de réalisation. Il est évolutif et pourra être abondé ou révisé dans les années à venir.

17/02/2016

Colloque organisation et mesure du temps dans les campagnes européennes

Colloque : Organisation et mesure du temps dans les campagnes européennes,

du Moyen Âge au XXe siècle

 

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Envoi des propositions (titre et résumé) avant le 30 avril 2016 à l'une des adresses suivantes :

pierre.dubuis@unil.ch ou  sandro.guzzi-heeb@unil.ch

12/02/2016

Les forts de Besançon

Les Forts de Besançon

 

Après la défaite de 1870, le général Séré de Rivières va consteller les collines autour de Besançon de forts capables de la protéger des tirs d’artillerie moderne.

 

Ces vigiles de pierre, presque tous intacts aujourd’hui, ont perdu leur garnison de militaires. Mais de nombreux passionnés, artistes, sportifs, historiens ou promeneurs du dimanche assurent la relève et se mobilisent pour faire revivre ce patrimoine insolite !

 

En savoir plus ICI

 

Forts-de-Besançon-450.jpg

29/11/2015

Sorties naturalistes en Franche-Comté

Sorties naturalistes en Franche-Comté

Balades nature de l'Office du Tourisme

et des Congrès de Besançon

 

Propositions de balades nature du premier semestre 2016


Sur inscription préalable et indispensable, auprès de l'Office du Tourisme et des Congrès de Besançon (03 81 80 92 55) ; annulations possibles ou sorties différées si trop peu d'inscrits ou en fonction des aléas de la météorologie.

 

DÉCOUVREZ LES SENTIERS AMÉNAGÉS SUR LE GRAND BESANÇON
18 boucles pédestres, 115 km de circuits (hors liaisons) :

8 boucles de difficulté familiale, 8 boucles de difficulté moyenne, 2 boucles de difficulté sportive, 6 boucles VTT

100 km de circuits (hors liaisons) : 2 circuits de difficulté moyenne (bleu), 3 circuits de difficulté difficile (rouge), 1 circuit de difficulté très difficle (noir)


Pour découvrir les circuits pédestres et VTT, imprimez les fiches, télécharger les fichiers GPS, cliquez ICI

 

 

 

22/11/2015

Curieux de nature dans la Reculée des Planches

Curieux de nature dans la Reculée des Planches

Curieux-de-nature-dans-la-Reculée-des-Planches-450.jpg

08/09/2015

Vergers vivants recrute un Directeur (secteur Montbéliard - 25)

Vergers vivants

association membre de FNE Franche-Comté

recrute un Directeur

(secteur Montbéliard - 25)



FRANCHE COMTE_LOGO MAIL.jpgSECRETARIAT
MEFC - 7, rue Voirin - 25000 Besançon
Tél. 03 81 80 92 98 - http://fne-franche-comte.fr/
Association agréée au titre de la loi du 10 juillet 1976 relative à la Protection de la Nature

---------- Message transféré ----------
De : Nicolas LAVANCHY - Vergers Vivants <n.lavanchy@vergers-vivants.fr>
Date : 8 septembre 2015 18:38
Objet : offre de poste DIRECTEUR/TRICE
À :

Bonjour,
Après 5 ans d'implication au sein de Vergers Vivants, je vais quitter mes fonctions de directeur en cette fin d'année.
Ainsi, l'association recrute une personne pour prendre le relais à compter de janvier 2016. Vous trouverez en pièce jointe une offre d'emploi à diffuser pour le poste de DIRECTEUR / DIRECTRICE.
Merci d'avance et au plaisir de vous croiser bientôt !
Cordialement,
--
 
vergersPT1.jpgNicolas LAVANCHY
VERGERS VIVANTS
La Damassine
23, rue des Aiges
25230 VANDONCOURT
Tél. 03 81 37 82 26
www.vergers-vivants.fr

 

 

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VV offre d'emploi DIRECTEUR-TRICE 2015_Page_2.jpg

15/07/2015

La chapelle médiévale Saint-Gengoul dans la forêt de Chailluz

 Une chapelle et un village médiéval dans la forêt de Chailluz


 
par André Guyard
 
Texte et figures d’après Fruchart Catherine, « Analyse spatiale et temporelle des paysages de la forêt de Chailluz (Besançon, Doubs) de l’Antiquité à nos jours ». Thèse de Doctorat en Archéologie, Université de Franche-Comté, 2014

 

À l'époque médiévale, on défrichait beaucoup. Dans la forêt de Chailluz, des zones qui étaient peuplées sont aujourd'hui couvertes par les bois. En reprenant ses droits, la forêt a recouvert les constructions, les réduisant le plus souvent à l'état de ruines et rendant ces sites difficiles à localiser.

 

De sorte que les données archéologiques enregistrées jusqu'en 2009 pour le massif de Chailluz, sont rares : on compte une trentaine de points, dont deux seulement sont situés dans la forêt même.

Forêt-de-Chailluz-fig038_Archéologie-450.jpg

 

Ces points représentent les entités ou sites archéologiques suivants : 10 bornes de délimitation territoriale (points verts : 5 bornes attribuées au XVIIIe siècle, 5 non datées), 11 objets isolés (points jaunes : 5 objets antiques, 2 médiévaux et 4 modernes), 7 fours à chaux (points gris foncé : estimés médiévaux ou modernes), 1 carrière d'argile non datée (point gris clair), 4 occupations hypothétiques (points rouges : 2 antiques, 1 médiévale, 1 de période indéterminée) et deux occupations certaines (points rouges cerclés de noir). Ces dernières sont situées dans la forêt de Chailluz même.

 

À l'exception de la Chapelle Saint-Gengoul documentée historiquement et sommairement fouillée au début des années 1960, tous les points enregistrés et listés ci-dessus résultent d'observations faites au cours de prospections pédestres.

 

La chapelle médiévale Saint-Gengoul est mentionnée dès 1049, et c’est le seul édifice médiéval attesté en forêt de Chailluz. Bien que située sur le territoire de Besançon, elle dessert la paroisse de Tallenay jusqu’au XVIIe siècle.

En plus des prospections archéologiques au sol et géophysiques, des relevés floristiques, des analyses physicochimiques du sol, des études anthracologiques de charbonnières et des recherches historiques, pour compléter les connaissances sur cette chapelle, des fouilles archéologiques ont été réalisées au printemps 2015 dans le cadre du programme ODIT et avec le soutien du Service municipal d’Archéologie préventive (SMAP, Besançon).


Les recherches historiques et archéologiques (fouilles, prospections) indiquent que ce site a certainement été occupé pendant plus de six siècles. L’analyse des données LiDAR a révélé des aménagements sur environ un hectare autour de la chapelle formant un arc de cercle adossé à la crête et composé d’une succession de terrasses à l’intérieur desquelles des cloisonnements sont matérialisés par des talus en pierres sèches ou des épaulements, suivant la configuration du relief naturel. Les fouilles menées en avril 2015 ont notamment permis de découvrir la dernière entrée de la chapelle sur son côté nord, implantée face au village de Tallenay. Cette entrée, qui était inconnue jusqu’à présent, figure bien sur un plan du début du XVIIIe siècle conservé aux Archives municipales de Besançon et représentant une vue (non géométrique) en élévation du paysage et de l’occupation du sol au nord du massif de Chailluz.


Un texte indique la destruction partielle de la chapelle en 1722, mais les murs ont été conservés en élévation sur plusieurs assises de pierres.

 

Mais qu'est-ce que le Lidar ? Il s'agit d'une nouvelle technique qui va révolutionner les recherches archéologiques notamment en milieu forestier. Les photos aériennes ou satellitaires ne donnent aucune information sur le relief du sous-bois. En revanche, la télédétection par laser aéroporté (light detection and ranging ou LiDAR) permet une cartographie détaillée et fait ressortir toutes les zones potentiellement intéressantes. C'est cette technique qui a été choisie par les archéologues francs-comtois.

 

En quelques mots, pour obtenir une scène LiDAR, un avion survole la zone à étudier en balayant le sol avec des faisceaux laser. Ceux-ci sont absorbés ou partiellement renvoyés par les différentes surfaces qu'ils rencontrent : feuilles, branches, pierres, sol, etc. Chaque point d'impact des faisceaux laser est localisé. On utilise ensuite des algorithmes mathématiques pour associer les points ainsi obtenus et reconstituer une image très précise du relief du sol que l'on appelle un modèle numérique de terrain. “Ces images ne signifient rien si on n'y associe pas des prospections systématiques de terrain” souligne Laure Nuninger, coresponsable du projet LiDAR pour l'étude des paysages passés et contemporains (LIEPPEC) de la MSHE. Elle explique : ”Le LiDAR ne distingue pas les anomalies d'ordre naturel, comme les terriers ou les tas de sable, des aménagements liés à l'homme, pas plus qu'il ne différencie une installation récente d'un site archéologique”.

 

Cette prospection dans les archives locales, sur le terrain et par LiDAR a fait l'objet de la thèse de Catherine Fruchart, une thèse de doctorat en archéologie, soutenue en novembre 2014 à l'université de Franche-Comté[1].

 

Situation topographique de la Chapelle Saint-Gengoul

 

Du point de vue topographique, la chapelle Saint-Gengoul est implantée en surplomb de Tallenay dans une position centrale dans la partie basse d'une sorte d'anse naturelle dont les contours sont dessinés par la crête de Chailluz.

Chapelle-St-Gengoul-implantation-Fruchart-450.jpg

 

Crête-de-Chailluz-chapelle-Saint-Gengoul-450.jpg

Implanté à environ 487 m d'altitude, l'édifice est légèrement en contrebas du point le plus haut de l'anse (489 m d'altitude), à quelques dizaines de mètres plus au sud-ouest. Cette zone d'altitude maximale est marquée par un très gros pierrier, aménagé juste au bord de la crête. Ce dernier, recoupé par le chemin de crête actuel, marque presque la limite ouest de la zone hémi-circulaire de terrasses : il est situé à quelques mètres à peine à l'intérieur de ce périmètre.

 

Chapelle-St-Gengoul-environnement-Fruchart-450.jpg

Images LiDAR (SIG et DAO C. Fruchart 2014 — MSE C.-N. Ledoux)

 

On connaissait déjà par des textes datant du XIIe siècle l'existence de cette chapelle. C'est la seule construction attestée pour la période médiévale sur l'ensemble du massif. Sa première mention date de 1049 (Courtieu, 1987, p. 3108) ;  la chapelle est alors une dépendance du chapitre métropolitain de Besançon. La découverte de sépultures attribuées à la période burgonde[2] dans ses alentours à l'occasion de travaux de voirie vers 1875 (Boiteux, 1930) peut être l'indice d'une occupation antérieure au second Moyen Âge. Une archive de 1547 (Archives municipales de Besançon, cote DD 93, p. 82-83) permet d'établir que la chapelle est encore utilisée par les habitants de Tallenay au début du XVIe siècle. L'extrait suivant en témoigne : « II y a un petit essart ancien autour de l'église pour le cimetière. Il y a vingt ans[3] [...] il rencontra une femme et des enfants montant à l'église. [..] Ils feraient mieux d'en construire une en bas. »

 

En 1722, les habitants de Tallenay présentent une requête à « Messieurs du Chapitre Métropolitain pour obtenir la permission de démolir leur ancienne église dédiée à St-Gengouph. » Elle leur est accordée, « à condition que lesdits habitants laissent subsister la muraille de ladite église dans tout leur pourtour à la hauteur de 3 pieds. » Ceci afin que la présence de ces murs en bordure de la forêt prouve la limite incontestable de la forêt de Chailluz pour l'avenir[4].

 

De sorte que l'emplacement de la chapelle est peu apparent. En suivant les indications topographiques ci-dessus, le promeneur le repérera grâce à un crucifix qu'un quidam a fixé sur le tronc du hêtre ayant poussé dans l'enceinte de l'édifice.

 

Chailluz-chapelle--St.Gengoul_19-20-450.jpg

Le crucifix sur le hêtre (cliché M. Hoeuillard)

 

Le patronage de Saint-Gengoul[7] , généralement associé à de petits établissements religieux médiévaux, n'est pas une rareté dans le nord-est de la France ; on le rencontre surtout en Lorraine, mais aussi en Alsace, en Bourgogne, en Champagne et en Franche-Comté. Les quelques monographies consacrées à ce saint (la plus ancienne date de la fin du Xe siècle, cf. Goullet, 2002) évoquent un aristocrate burgonde du VIIIe siècle qui aurait combattu aux côtés de Pépin le Bref et qui serait mort assassiné par l'amant de sa femme. Cet événement est certainement à l'origine du culte qui lui a été associé : il est le patron des maris trompés. On lui attribue aussi le don de faire surgir une source à l'endroit où il plante en terre son bâton de pèlerin, qui l'accompagne partout dans ses déplacements ; lorsque le saint quitte un lieu en emportant avec lui son bâton miraculeux, la source se tarit.

 

Apport des fouilles des années 1970

 

Du point de vue archéologique, l'on sait peu de choses sur la chapelle Saint-Gengoul. L'intérieur de l'édifice a été partiellement fouillé au début des années 1970 (zone en orange sur la figure a ci-dessous) ; il s'agit de la partie est du bâtiment Cette fouille n'a cependant fait l'objet à l'époque d'aucun rapport écrit, et seuls quelques plans et dessins de mobilier ont été transmis pour témoigner de cette opération ; ils sont actuellement conservés au SRA. Quelques informations nouvelles relatives à cette fouille ont néanmoins pu être collectées, grâce au cahier de notes original constitué au cours de la fouille, que le responsable de l'opération (Ch. Cousin) a conservé jusqu'à aujourd'hui et nous a communiqué pour la présente étude[8].

 

L'excavation a couvert une surface d'environ 15 m , une tranchée ouverte de mur à mur, à l'intérieur de la chapelle sur une largeur de 2 m. Le plan d'ensemble montre une construction subrectangulaire aux murs épais d'environ 80 cm ; la restitution de la presque totalité du mur nord, ainsi que celle d'une partie du mur ouest, sont hypothétiques : ces murs n'ont pas été observés en fouille (parties en gris sur la figure a ci-dessous). Les dimensions extérieures totales estimées du bâtiment sont : 13 m pour le mur nord, 9 m pour le mur est, 14 m pour le mur sud et 8,50 m pour le mur ouest. Le plan mentionne également remplacement de deux petites fouilles anciennes[9]; l'une est située dans la partie sud-ouest de l'édifice, large d'environ 1,50 m et longue de 7,50 m le long du mur sud et 3 m le long du mur ouest (zone en jaune sur la figure ci-dessous). L'autre, au sud-est de la chapelle, est une petite excavation large d'un mètre et longue de 3 m contre le mur est (zone en rouge sur la figure a ci-dessous).

 

chapelle saint-gengoul,forêt de chailluz,catherine fruchart

 

La fouille des années 1970 a permis de découvrir un autel[10]  en pierre accolé au mur est, au centre, et, à environ 50 cm au nord de cet autel, un petit bassin appelé "piscine eucharistique[11]" sur les plans originaux et dans le cahier de fouilles. Aucune description n'en est donnée- Cette entité a dû être déplacée au cours de la fouille ; la mention d'une monnaie trouvée sous le bassin en témoigne[12].

 

Une stratigraphie sommaire est esquissée dans le cahier de fouilles. Elle est reproduite, après mise au propre et mise en forme, sur la figure ci-dessus. Elle apporte les renseignements suivants :

 

L'unité stratigraphique supérieure (US 1) est une couche de remblai qui correspond sans doute à la phase d'abandon puis de démolition de l'édifïce. Cette couche épaisse d'un bon mètre contenait des fragments de matériaux architecturaux ("laves", fragments de tuiles plates et canal[13], fragments d'enduit peint avec des décors de couleur rouge et jaune sur fond blanc), du charbon de bois et du mobilier[14] (tessons, verre, vitrail, monnaies, cléments, clous). Le long des murs nord et est, une concentration particulièrement importante de fragments d'enduit peint (US 1b sur la figure b) traduit vraisemblablement l'effondrement in situ du décor appliqué sur la paroi intérieure du mur nord[15].

 

Sous la couche de remblai US 1, une couche de terre épaisse d'une dizaine de centimètres (US 2) recouvre le sol « en béton » de la chapelle, épais d'une dizaine de centimètres également (US 3). Ce sol est en connexion directe avec les murs de l'édifice[16].

 

Sous l'US 3, dans la partie sud de la fouille, sur toute la surface comprise entre le mur sud, le mur est et l'autel une couche de bois brûlé contient des morceaux de tuiles et quelques tessons (US 4). Cette fine couche, épaisse de 2 à 5 cm, qui signale probablement un incendie, est recoupée par l'autel, qui lui est donc postérieur et qui est aménagé directement sur le substrat rocheux en place (lapiaz). Dans la partie nord du sondage, entre le mur nord, le mur est et l'autel, l'US 3 repose directement sur la roche en place (lapiaz). Sous l'US 4, une fosse (US 5) mesurant, semble-t-il, 2 m sur 1,60 m et profonde d'au moins 30 cm occupe le coin sud-est de la chapelle. Cette fosse s'appuie sur les vestiges d'un ancien mur en "grosses pierres" situé sous le mur est de la chapelle encore en élévation. Elle contenait des ossements et quelques tessons ; il pourrait s'agir d'une fosse d'inhumation. La mention d'un "ancien mur" ainsi que la présence, sans doute, d'une couche d'incendie indiquent que cet édifice a subi au moins un remaniement substantiel au cours de son existence.

 

Une destruction partielle de la chapelle a été opérée en 1722, mais les murs ont été conservés en élévation sur plusieurs assises de pierres (voir cliché ci-dessous)

 

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Le mur restitué de la chapelle (cliché P. Salembier)

 

Des travaux de stabilisation des assises de murs ont été réalisés en août 2015. Les deux premiers rangs de moellons du sommet des murs ont été retirés puis remontés avec un mortier de ciment-chaux. Les sommets des murs ont enfin été bétonnés afin de les rendre étanches.

 

Cette restauration assure la préservation et la mise en valeur de ce site, localisé sur le sentier des crêtes de la forêt de Chailluz et unique vestige construit de l’occupation médiévale de cet espace forestier.

 

chapelle saint-gengoul,forêt de chailluz,catherine fruchart

Les murs restaurés de la chapelle angle nord

(cliché A. Guyard)

 

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Les murs restaurés de la chapelle côté sud

(cliché A. Guyard)

 

chapelle saint-gengoul,forêt de chailluz,catherine fruchart

Les murs restaurés de la chapelle côté nord-ouest

(cliché A. Guyard)

 

Apport des données LiDAR et des prospections récentes : découverte du village de Saint-Gengoul

 

Le relevé LiDAR a permis de mettre en évidence autour de la chapelle une zone aménagée hémi-circulaire longue d'environ 160 m et large au plus d'une soixantaine de mètres. Cette zone est appuyée contre la crête et forme une succession de terrasses en arc de cercle, à l'intérieur desquelles on observe des cloisonnements matérialisés par des talus en pierres sèches ou des épaulements, suivant la configuration du relief naturel. La chapelle se situe sensiblement en position centrale, surplombant les deux étages de terrasses inférieurs.

 

L'abondance de mobilier médiéval[17] découvert dans cet espace hémi-circulaire (céramique, objets en fer divers, monnaies ; figure ci-dessous) indique certainement la présence passée d'habitats autour de l'établissement religieux. Sur la terrasse inférieure, une dépression circulaire profonde d'environ 2 m, se rétrécissant légèrement en entonnoir au fur et à mesure qu'elle s'enfonce dans le sol, mesure environ 4 m de diamètre en surface ; le fond est un éboulis de pierres informes, possible remblai rapporté ou bien résultat d'un remplissage naturel dû à l'érosion. Cette dépression pourrait être soit un point de soutirage naturel, soit les vestiges d'une ancienne citerne creusée à même le substrat rocheux.

 

Mobilier-médiéval-450.jpg

Mobilier médiéval découvert à proximité de la Chapelle Saint-Gengoul

Clichés et étude de mobilier D. Daval 2013

 

Ces ruines groupées autour des restes de la chapelle, des murs et des terrasses suggèrent l'existence d'un village entier formé de maisons en bois. Celui-ci aurait été occupé entre les VIIe et XIIIe siècle, comme en témoignent les céramiques retrouvées sur place. “Si ce village n'a jamais été repéré avant, c'est parce que pour le promeneur novice, rien ne distingue un mur construit il y a 1500 ans d'un simple tas de cailloux” explique Pierre Nouvel, chercheur au laboratoire Chrono-environnement et coresponsable du projet Anthropisation d’un milieu forestier : la forêt de Chailluz soutenu par la MSHE. C'est pourquoi les chercheurs travaillent en collaboration avec des archéologues bénévoles de l'ARESAC[18].

 

Les données Lidar ont permis d'expliquer la présence de nombreux tas de pierres provenant de l'épierrage de champs cultivés. La forêt ne s'est installée qu'après l'abandon du village et de ses cultures environnantes. La ressource en eau située au pied de la falaise dominant l'actuel village de Tallenay n'était pas très éloignée. On peut supposer que le village avait peut-être été protégé du côté sud par une palissade.

 

chapelle saint-gengoul,forêt de chailluz,catherine fruchart

Un des nombreux pierriers entourant le village Saint-Gengoul

(cliché A. Guyard)

 

Ce travail de longue haleine permettra d'affiner, en collaboration avec les chercheurs slovènes du laboratoire européen associé ModeLTER[19], les algorithmes qui sélectionnent les données pour produire de meilleurs modèles.

 

En Bourgogne, en Languedoc et en Slovénie, des chantiers similaires ont été ouverts par les membres de cette même équipe. ”La comparaison des résultats obtenus dans chaque région nous permettra d'affiner nos méthodes et d'observer l'évolution du peuplement et du paysage dans la très longue durée” explique Laure Nuninger.

 

Les données obtenues grâce au LiDAR intéressent d'autres chercheurs de l'Université de Franche-Comté (UFC), comme les géographes et les géologues qui sont également impliqués dans le projet LIEPPEC.

 

 À proximité de la chapelle Saint-Gengoul, le domaine royal était délimité par des bornes à fleurs de lys (Documentation : Grand Besançon n° 80 mars-avril 2017 p. 45)

 

Un texte de 1290 situe la limite topographique bien identifiable de la crête bordant le nord de la « Côte » de Chailluz[5]. Il indique que cette crête est la limite du territoire bisontin et de la forêt de Chailluz sur une longueur de 3,5 km au moins[6], jusqu'au « mostier de Talenay » qui correspond certainement à la zone de la chapelle Saint-Gengoul. C'est en 1720, sous Louis XV pour mettre fin aux querelles et procès entre Besançon et les communes riveraines de la forêt royale de Chailluz (Tallenay, Châtillon-le-Duc, École-Valentin), qu'ont été aménagés en limite parcellaire, un talus et des bornes royales. Sculptées de trois fleurs de lys en triangle, pesant 300 kg chacune, ces bornes ont été peu à peu retrouvées à la faveur de prospections archéologiques universitaires menées avec la MSHE (Maison des sciences de l'Homme et de l'Environnement). De telles bornes fleurdelysées (voir un exemplaire ci-dessous) furent posées à tous les angles de limites du domaine royal, implantées entièrement sur le terrain domanial, le parement extérieur formant limite de propriété, la fleur de lys tournée vers la propriété domaniale. Au total, sur environ 6,5 km, de Bonnay à École-Chatillon, une vingtaine de bornes a en effet été découverte, géolocalisée, mesurée et photographiée, faisant même l'objet d'un rapport scientifique déposé au service régional d'archéologie (auteurs Daniel Daval et Catherine Fruchart, 2014).

 

chapelle saint-gengoul,forêt de chailluz,catherine fruchart

Borne fleurdelysée (cliché A. Guyard)

 

C'est sur sollicitation de la Ville de Besançon et de l'ONF que les chercheurs associés Daniel Daval et Catherine Fruchart, doctorante à la MSHE, ont réalisé l'inventaire des bornes royales en forêt de Chailluz, avec le concours de l'association ARESAC (Association de recherche et d'étude des sites archéologiques comtois). Le président d'ARESAC, Daniel Saval précise « Si cette réimplantation a pu avoir lieu, c'est aussi grâce à l'enthousiasme du particulier actuel propriétaire de la parcelle. Passionné, il a suivi dès le début notre travail de recherche, l'opération "Où sont les bornes disparues?". Il a autorisé la remise en place des neuf bornes et nous a même apporté son soutien financier pour toute la partie matérielle du bornage. Merci à lui ! »

 

Désormais ces bornes figurent sur la carte archéologique nationale. «Curieusement, aucune borne ne délimitait une très grande parcelle de forêt privée située sur la commune de Tallenay. Selon les renseignements d'un ancien du village, il est apparu que des bornes fleurdelisées avaient été négligemment retirées par l'ancien propriétaire » mentionne Daniel Daval. Il faudra à l'association mener pas mal de recherches pour retrouver neuf de ces bornes disparues.

 

Bien que la forêt soit aujourd'hui divisée entre plusieurs propriétaires privés — redistribution post-révolutionnaire oblige —, l'ARESAC a été autorisée à repositionner les bornes à leur emplacement d'origine, au Bois de la Lave à Tallenay.  L'opération de remise en place des bornes s'est déroulée l'espace d'une journée de labeur, le 10 septembre 2016, avec l'aide d'un géomètre, de membres de l'association et d'une poignée de bénévoles.

 

CHAPELLE SAINT-GENGOUL — BORNAGE FLEURDELYSÉ : VERS LA CRÉATION D'UN SENTIER DE RANDO ?

 

Métrage rigoureux, transport mécanisé avec tracteur, pelleteuse, jeu d'échafaudage et de poulie, recollage de bornes cassées en deux, calage en pleine terre, et huile de coude bien sûr, ont rendu à ces vestiges de pierre, à défaut de leur pertinence administrative, leur absolue légitimité patrimoniale et paysagère. Aussi, l'ARESAC envisage-t-elle la création d'un chemin de randonnée thématique, de sorte que le grand public, amateurs de randonnées sylvestres ou simples promeneurs, puisse avoir le plaisir, au détour d'un sentier ou d'une clairière, de tomber sur ces fiers témoins du XVIIIe siècle.



[1] FRUCHART C. (2014). – Analyse spatiale et temporelle des paysages de la forêt de Chailluz (Besançon, Doubs) de l'Antiquité à nos jours. Thèse de doctorat Archéologie Université de Franche-Comté. 4 volumes. Texte : 647 p., annexes : 104 p., figures : 215 p., planches : 61 p.

[2] Une note parue dans le bulletin de 1875 des Mémoires de la société d'émulation du Doubs (p. Vin, Mémoires de la société d'émulation du Doubs, 4e série, vol. 10, 1875, paru en 1876) rapporte ceci : « De la part du colonel Balland, chef du génie de la place de Besançon, le secrétaire offre à la Société un coutelas et une boucle de ceinturon en fer, objets trouvés dans une sépulture de l'époque burgonde, située à l'intersection du chemin stratégique qui se construit à Chailluz et du vieux chemin descendant à Tallenay. Cette sépulture, encadrée par de petites dalles informes, n'était qu'à soixante centimètres au-dessous du sol. ». L'attribution à « l'époque burgonde » reste néanmoins à confirmer : aucune publication scientifique actuelle n'est venue valider (ou infirmer) la datation du mobilier qu'évoque cette note.

[3] Donc aux alentours de 1525.

[4] Ces informations sur la démolition de la chapelle Saint-Gengoul, établies à partir de recherches aux Archives municipales de Besançon, sont dues à J.-P.Josseron, agent ONF et correspondant pour l'ONF Franche-Comté sur les questions archéologiques et historiques.

[5] La limite du territoire de Besançon est formée par « totelicostedudit bois de Chaillous qui gieteea par devers Besençon ». Cette notion de limite coïncidant avec la direction dans laquelle découle l'eau se retrouve dansd'autres textes plus tardifs.

[6] Depuis le sommet de la côte dansl'alignement de Braillans jusqu'à la chapelle Saint-Gengoul.

[7] Il existe plusieurs variantes de ce patronyme d'origine germanique ; les plus fréquentes sont sans doute Gengoult,Gengoux et Gengulphe. L'orthographe de la chapelle de Tallenay a connu plusieurs variantes, essentiellement Gengoult,Gengout et Gengoul, graphie actuellement utilisée.

[8] Merci à Christophe Cousin de nous avoir communiqué ce document. Merci également à Sylvie Bépoix et Daniel Daval qui ont contacté M. Cousin et se sont chargés de la numérisation du cahier de fouilles.

[9] Fouille ancienne appelée « fouille boy scout » dans le cahier de fouilles.

[10] Aucune description spécifique n'est donnée. Si les dimensions indiquées sur le plan sont exactes, cet autel rectangulaire mesurait environ 2 m sur 1,50 m.

[11] Expression employée dans les notes de fouille et sur les croquis pour désigner ce bassin.

[12] La monnaie n'est ni datée, ni décrite ou dessinée.

[13] Les fragments de tuiles sont, semble-t-il, situés sous les laves, ce qui pourrait signaler que le toit de la chapelle était déjà effondré lors de la destruction définitive de l'édifice au début du XVIIIe siècle.

[14] Aucune description détaillée du mobilier n'est donnée dans le cahier de fouilles, et l'on ne dispose d'aucun élément de datation pour ces artefacts.

[15] La coupe stratigraphique ébauchée dans le cahier de fouilles indique ime autre sous unité stratigraphique US le au niveau du mur sud, au sujet de laquelle rien n'est dit ; cette US le correspond peut-être à la perturbation occasionnée par la fouille ancienne signalée sur le plan d'ensemble (zone en rouge sur la figure 134-a). Cette US le pourrait éventuellement aussi correspondre à une autre poche de concentration d'enduit peint le long du mur sud.

[16] Le cahier de fouille dit que « le sol en béton s'appuie sur les murs ».

[17] Le mobilier le plus abondant est datable des XIIIe et XIXe siècles.

[18] L'Association de recherche et d'étude des sites archéologiques comtois (ARESAC) est reconnue par le service régional d'archéologie.

[19] Modelling of landscapes and territories over the long term (ModeLTER) est un laboratoire européen associé franco-slovène mis en place en 2007 par le CNRS et le Centre de la recherche scientifique de l'Académie slovène des sciences et des arts (ZRC SAZU), en partenariat avec les Universités de Franche-Comté et de Bourgogne. Il est placé sous la tutelle administrative de la MSHE. Ce laboratoire regroupe des spécialistes de l'archéologie spatiale, des géodésistes et des géographes. Certains de ses membres sont spécialisés dans l'élaboration des algorithmes qui permettent de produire des modèles numériques de terrain.

20/07/2014

La forêt de Thise et sa gestion

Forêt-de-Thise_17-parcelle-56-200-logo.jpgLa forêt de Thise

et sa gestion

 

par André Guyard

 

(dernière mise à jour :

19 juin 2018)

 

Cet article tire ses informations d'exposés et d'explications sur le terrain  de MM. Joachim Hatton, ingénieur ONF et Daniel Moyne agent local ONF de Franche-Comté lors d'une intervention le samedi 22 juin 2014 dans le cadre du comité communal "Environnement". 

 

La forêt de Thise a été jusqu'à la décennie 1950 la seule source de combustible pour le chauffage et l'industrie. Elle fut longtemps exploitée par des travailleurs spécialisés vivant en forêt avec leurs familles : charbonniers et bûcherons.

 

Les charbonniers fabriquaient du charbon de bois pour l'industrie ; c'était un combustible de qualité, donnant beaucoup de chaleur pendant longtemps. Désormais, les communes se tournent vers la production de bois d'œuvre qui constitue une ressource non négligeable.

 

Historique

 

Le lieu-dit la Gruerie à Thise évoque l'administration forestière d'avant la conquête française. Colbert ensuite, par son ordonnance des Eaux et Forêts de 1669, supprime les grueries et réglemente sévèrement l'utilisation de la forêt. Ces exigences sont mal acceptées par les utilisateurs ; ils poursuivent les anciens usages jusqu'à la fin du XVIIIe siècle comme par exemple mener paître les troupeaux dans les forêts avec un risque de surexploitation. Depuis l'ordonnance royale de 1827 qui constitue une grande réformation des forêts voulue par Colbert et qui est une reprise en main des forêts par l'État, celles-ci sont soumises à un contrôle plus sévère et elles sont aujourd’hui mieux gérées. Depuis 1964, c'est l'Office National des Forêts qui propose la gestion des forêts aux communes, ce qui est une bonne chose car on entre dans une nouvelle période où il y a une pression de plus en plus forte sur la ressource.

 

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Une étendue importante

 

Notre bourgade côtoie un ensemble forestier compact de plus de 4000 hectares englobant le massif de Chailluz et son propre massif. La forêt de Thise s'étend sur 446 hectares 06 ares, ce qui représente plus de 47 % de la surface communale.

 

Fig.-01-Forêt-communale-de-Thise-450.jpg

La forêt communale de Thise

 

Cette superficie forestière a évolué au cours du temps.

  • 1804 : 263,20 hectares.
  • 1838 : 383 hectares.
  • De 1899 à 1920, les Communaux du Chemin du Roi l'agrandissent de 17,50 ha.
  • De 1966 à 1970 il y a diminution de près de 10 ha suite à la construction des lotissements.
  • En 1999, la commune se rend acquéreur de 55 ha au Bois du Fays sur la commune d'Amagney.

 

Situation géographique

 

Cette forêt est constituée par un massif principal d'accès facile qui occupe au Nord—Nord-Est du village un plateau à relief peu accusé, parsemé malgré tout de nombreuses dépressions (dolines) plus ou moins profondes (voir également sur ce même blog l'article sur le rôle de dolines dans l'érosion des sols de Franche-Comté). Il est en outre traversé par une légère dépression allongée du Sud-Ouest au Nord-Est, à l'Est de la grande sommière ; elle est marquée par une série de trous profonds dus à des effondrements. Cette dépression correspond à un cheminement souterrain d'une eau qui alimente la source du Paret. Le deuxième massif d'une surface de 6 hectares, occupe le versant Nord du canton de "La Côte des Buis".

 

L'altitude varie de 310 mètres au Sud du canton du "Coutelot et Grand Cotard", à 420 mètres au Nord du canton de "la Gruerie", à proximité de la ferme de Rufille. La forêt de Thise jouit d'un climat relativement doux. Une moyenne établie sur 76 ans donne une température moyenne annuelle de 10°1 et des précipitations égales à 1 100 mm par an.

 

D'une façon générale, la forêt constitue un écosystème complexe où le climat et le sol ont une grande importance (voir l'article qui paraîtra prochainement dans ce même blog : la forêt de  Chailluz). Le schéma ci-dessous montre l'importance des flux d'énergie qui traversent l'écosystème forêt. Pour plus de détails, on pourra consulter en ligne le cours de Jean-Yves Massenet ou l'ouvrage[1] de Sylvain Gaudin : Quelques éléments d'écologie utiles au forestier.



[1] édité dans le cadre du BTSA Gestion forestière Module D41 du CFPPA/CFAA de Châteaufarine (Besançon Doubs)

 

Flux-de-chaleur-dans-l'écosystème-forêt-450.jpg

L'assise géologique

 

L'assise géologique est essentiellement calcaire. En série subhorizontale, on rencontre le Bajocien, le Bathonien, le Callovien, l'Oxfordien et le Rauracien.

 

Fig.02-Carte-géol-Chailluz-Thise-Rolin-450.jpg

Assise géologique de la forêt de Chailluz-Thise

(d'après P. Rolin)

 

Rolin_Coupe-géol-Chailluz-nord-sud-450.jpg

Coupe géologique du plateau de Chailluz et des Avants-Monts

(d'après P. Rolin)

 

Le sol

Avec le climat, la nature du sol constitue l'un des deux facteurs essentiels qui régissent la fertilité du sol. Sans renseignements précis sur les sols forestiers de la commune de Thise, le lecteur pourra consulter l'article dédié aux sols de la forêt de Chailluz dans ce même blog.

On peut se permettre de dire que les sols forestiers de Thise sont en général de bons sols plus ou moins évolués. Leur fertilité dépend de leur épaisseur variable selon les endroits et de l'exploitation.

 

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Aperçu du climat de la Basse Franche-Comté

 

Les principales essences forestières

 

Nous n'aborderons pas ici la flore herbacée qui se développe sous l'ombrage des arbres, ni des champignons que les mycologues et surtout mycophages débusquent dans les sous-bois. La flore de la forêt de Thise est en général calcicole. Toutefois, certains îlots ou placages siliceux, de décalcification ou de transport, permettent à la flore calcifuge de se développer.

 

La répartition des essences arborées comporte 80% de feuillus (hêtre principalement, chêne, frêne, merisier, érable, charme,) et 20 % de résineux (épicéa, sapin, pin).

 

Deux essences sont dominantes :

 

Le chêne (23 % en nombre) peut atteindre un diamètre de 0,60 m à 1,30 m du sol vers l'âge de 130 ans. Il est de qualité variable selon la fertilité de la station qu'il occupe.

 

Le hêtre ou foyard (20 %) atteint couramment un diamètre de 0,60 m à 10 ans. Il donne un bois tendre et blanc de bonne qualité qui se vend au cours le plus élevé pratiqué dans la région.

 

Le charme, constitue principalement le taillis, essence dominée, quelquefois réservé en futaie, il n'atteint jamais un gros diamètre et il est dominé par les autres essences et rejeté vers les stations les plus pauvres. Charme, tilleul et érable champêtre représentent 42 % des essences.

 

Parmi les essences disséminées, on rencontre le frêne, les érables (érable sycomore, érable plane, érable champêtre), les alisiers (blanc et torminal), le merisier, le bouleau, le tremble, le tilleul et le robinier faux-acacia (appelé acacia dans notre région) (7 %).

 

Parmi les résineux, on trouve quelques bouquets de pins et épicéas à l'Ouest de la forêt (7 %). Le sapin a été introduit dès 1927 dans le canton "La Gruerie". Il forme actuellement une futaie qui fournira des produits appréciés (poteaux, sciage). Son introduction devra néanmoins rester très localisée.

 

Ajout de janvier 2015 : la croissance du hêtre et de l'épicéa s'accélère en Europe depuis cinquante ans.

 

En 2014, une équipe allemande a pu montrer que la croissance du hêtre et de l'épicéa s'accélère en Europe depuis cinquante ans. Pour arriver à cette conclusion, Hans Preztech et ses collègues de l'université technique de Munich se sont appuyés sur la plus longue série d'observations de parcelles expérimentales de forêts en Europe, série commencée en 1872. Ils ont ainsi constaté que la vitesse de croissance des hêtres avait augmenté de 77 %, et celles des épicéas de 32 % par rapport à leurs niveaux de 1960. Plusieurs facteurs avancés : l'élévation des températures, rallongement de la période de croissance (le nombre de jours dans l'année dont la température dépasse 10°C), la hausse de la teneur en CO2 dans l'atmosphère et l'augmentation des dépôts azotés, qui ont tous deux un rôle fertilisant.

 

Attention cependant : une équipe franco-allemande a montré que la reforestation avec les conifères favorise le réchauffement du climat. La forêt européenne a gagné 1 200 000 km2 depuis 1750 avec le changement du mode de chauffage et le bond de la productivité de l'agriculture, qui ont provoqué le reboisement d'énormes surfaces agricoles. Malgré les vertus climatiques régulièrement attribuées à la reforestation, cette situation s'est en fait traduite, selon une modélisation publiée par cette équipe, par un réchauffement local d'environ 0,12°C (modeste, mais pas négligeable). "Depuis un siècle, beaucoup de conifères ont été plantés, qui se sont substitués aux feuillus", indique Aude Valade, de l'Institut Pierre-Simon Laplace, cosignataire de l'étude. Plus sombres, ils absorbent plus de rayonnement solaire. Un phénomène surtout marqué dans les zones enneigées où les forêts de feuillus et les champs, blancs tout l'hiver, sont très froids, et se réchauffent nettement une fois plantés de conifères." Sans compter que les feuillus transpirent plus de vapeur, et sont donc "rafraîchissants". "Reboiser ne suffit pas, conclut Aude Valade. Il faut tenir compte des essences et de la façon d'exploiter les parcelles." Plus de détails ici.

 

 

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Forêt d'épicéas dans le canton de la Gruerie (parcelle 41)

Document © André Guyard

 

Généralités sur l'économie forestière et le traitement des forêts

 

II n'est point de fonction de l'écosystème sylvestre qui n'intéresse l'Homme. La réduction primaire nette (toutes matières végétales) ainsi que la production secondaire nette (gibier) ont été les plus exploitées. La récolte du bois s'est progressivement accompagnée d'une technique de régénération des arbres qui est devenue la sylviculture ; la chasse a évolué vers la cynégétique.

 

Dans les pays industrialisés, l'homme infléchit certains processus de l'écosystème sylvestre afin d'en tirer le maximum d'avantages ; il lui fait donc subir un traitement. Le traitement est l'ensemble des opérations que l'on pratique dans le but d'obtenir de la forêt, de façon soutenue, les services les plus adéquats ; production de bois, de gibier, de fruits, protection du sol et des eaux, loisirs, utilités sociales. Le mode de régénération caractérise le régime (taillis, taillis sous futaie, futaie).

 

Le traitement comprend deux séries d'opérations bien distinctes : la régénération (coupes, ensemencement naturel, plantation) et les soins culturaux (dégagement des espèces nobles de la compétition des espèces non économiques, élagages, éclaircies). Parmi ces derniers, l'éclaircie est l'opération la plus importante ; elle n'influence pas la production totale, mais modifie favorablement le diamètre des arbres. Elle permet de produire des fûts de grosses dimensions en un temps court. Les éclaircies se font à des intervalles plus ou moins réguliers dans le même peuplement ; c'est la rotation (de 4 à 8 ans).

 

On distingue ainsi la futaie, régénérée naturellement par les semences ou artificiellement par semis ou plantation, le taillis, qui après coupe se rajeunit naturellement par rejets de souches ou par drageons (chêne, charme, érable, frêne, bouleau), le taillis sous futaie ou taillis composé, qui comprend un taillis surmonté d'une strate arborescente d'espèces nobles (chêne, frêne, hêtre) se régénérant par semences (futaie) À l'heure actuelle, les régimes du taillis et du taillis sous futaie sont abandonnés, car ils ne répondent plus aux besoins de l'économie contemporaine.

 

Quelle que soit la forme des peuplements — régulière (peuplement équienne) ou irrégulière (peuplement d'âges multiples), les arbres se répartissent en classes sociales : dominants, codominants, intermédiaires, dominés. Les peuplements d'âges multiples sont constitués d'arbres d'âges variés, donc de tailles diverses. Les peuplements équiennes sont composés d'individus de même âge ; ils sont le plus souvent artificiels et réguliers (plantations d'épicéa, de pin).

 

Dans ces types de peuplement, on distingue le fourré, constitué de jeunes sujets dont les branches voisines se rejoignent et forment massif : le gaulis, constitué de gaules de moins de 10 cm de diamètre à 1,30 m au-dessus du sol ; le perchis, composé de perches de plus de 10 cm de diamètre ; la futaie, lorsque les arbres ont plus de 20 cm de diamètre et ont à peu près leur forme définitive.

 

La régénération d'une futaie équienne peut se faire au moyen d'une coupe unique (blanc étoc) suivie de plantation, par exemple pour l'épicéa. On peut également procéder à la régénération par la méthode des coupes progressives comportant : une coupe d'ensemencement qui desserre les cimes pour favoriser la fructification ; des coupes secondaires qui réduisent le couvert de la futaie au-dessus des jeunes semis et en favorise la croissance ; une coupe définitive qui enlève les derniers arbres de la futaie qui ont donné la semence, lorsque toute la surface est régénérée. Cette technique de rajeunissement, qui s'étend sur 20 à 50 ans, convient bien à la sapinière et à la hêtraie.

 

La révolution est le temps écoulé entre la naissance et la coupe des arbres mûrs ; elle est d'environ 60 à 100 ans pour l'épicéa, de 150 ans pour le hêtre, de 180 ans et plus pour le chêne.

 

La futaie jardinée est une forêt d'âges multiples présentant des arbres de tous âges et de toutes dimensions confusément mélangés (sapinière des Vosges, pessière du Jura). Elle est irrégulière et particulièrement esthétique. Le traitement consiste à parcourir la surface totale de la forêt et à enlever, ça et là, des sujets exploitables, soit pour éclaircir, soit pour régénérer. La régénération est permanente par petits bouquets. La futaie jardinée normale (en équilibre) comprend une gradation harmonieuse des classes de dimensions.

 

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Flux d'énergie à travers les réseaux trophiques de la hêtraie jardinée

 

L'aménagement des forêts consiste en la réglementation des opérations culturales et d'exploitation en vue de donner au bénéficiaire un revenu annuel soutenu. En général, la superficie de la propriété forestière est divisée en un certain nombre de coupes (secteurs de forêt). Chaque année, on coupe ou l'on récolte dans une ou plusieurs coupes selon un plan à long terme (plan d'aménagement, règlement d'exploitation).En raison de la longévité des arbres et des arbustes, la masse végétale ou biomasse d'un habitat forestier est élevée. La valeur de la production ligneuse fluctue en fonction de son accroissement et des pertes qu'elle subit.

 

Matériel sur pied

 

La biomasse des hêtraies et des chênaies d'Europe est de l'ordre de 500 à 1000 tonnes à l'hectare. (Elle peut atteindre de 4000 à 6000 tonnes à l'hectare dans la forêt montagnarde du Jura, des Alpes, de Bohême à Picea excelsa et Abies alba, conifères qui peuvent attendre 50 m).

 

En économie forestière, on ne considère que le matériel « fûts sur pieds », soit la partie la plus utile à l'homme. Ce matériel est alors représenté par des valeurs plus modestes évaluées en mètres cubes. Le tableau 5 rassemble quelques données pour des jeunes peuplements créés artificiellement en Europe, où l'on voit que la masse peut approcher 800 m3. Des volumes exceptionnels se trouvent au Japon dans un peuplement de Cryptomeria japonica de 139 ans (2 806 m3), et sur la côte pacifico-américaine dans un massif de douglas de 87 m de hauteur (3 695 m3).

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Population de douglas dans la parcelle 50 de Thise

Document © André Guyard

 

Productivité primaire et production de bois utile

 

Les végétaux croissent et se développent en relation avec les processus de photosynthèse ; la biomasse n'est donc pas rigoureusement stable. D'une part, elle s'accroît de nouvelles matières sous la forme de tissus et d'organes ; d'autre part, elle subit dans le même temps des pertes par mortalité d'organes : les houppiers accroissent leur sommet, mais en même temps perdent des rameaux et des branches à leur base ; des arbres naissent, tandis que d'autres dépérissent. La productivité primaire nette, processus cumulatif irréversible, comprend donc, en principe, non seulement la différence des biomasses entre deux temps donnés, gain restant acquis à la structure, mais également la fraction caduque ou prélevée (feuilles, rameaux, individus dépéris, récoltes, consommation par herbivores). La production primaire nette des forêts peut ainsi varier de 4 à 30 tonnes de matières sèches par hectare et par an. Les chênaies d'Europe occidentale produisent environ 12 tonnes (P. Duvigneaud, 1980).

 

L'économie forestière actuelle s'intéresse presque exclusivement à la productivité en bois de fût, soit une petite fraction de la productivité primaire nette (2 tonnes de bois de fût sur 12 tonnes de matières sèches totales.

Matériel-sur-pied-dans-peuplements-équiennes-450.jpg

Le tableau ci-dessus donne les productions en bois de fût d'un certain nombre de peuplements équiennes européens. Elles varient de 5 à 14 m3 par hectare et par an. Ce sont les feuillus à bois dense (densité : 0,70) qui produisent le moins de volume, le hêtre se montrant supérieur au chêne. Les résineux à bois dense (pin sylvestre) produisent un volume voisin de celui des feuillus. Par contre, les conifères à bois léger et à fût se prolongeant haut dans le houppier (densité : de 0,45 à 0,50) produisent de 11 à 14 m3. Le douglas, espèce nord-américaine, donne en Europe des productions supérieures aux essences européennes.

 

Tous les peuplements d'une essence donnée ne produisent pas exactement les quantités de bois indiquées dans ce tableau. La production varie avec les sites et notamment avec la fertilité du sol. C'est la raison pour laquelle on établit des classes décroissantes de productivité. Ainsi, les hêtraies belges se répartissent sur cinq classes (de 1 à V), lesquelles correspondent à des groupements végétaux déterminés : la hêtraie à aspérule se situe dans la classe 1 avec un accroissement annuel moyen de 8,8 m3 ; les hêtraies à myrtille et à Calamagrostis dans les classes IV et V avec un accroissement de 2,8 m3.

 

La gestion de la forêt communale de Thise

 

La production de bois d'œuvre

 

L'effondrement des cours du bois de chauffage suite aux années cinquante incite la commune à se tourner vers la production de bois d'œuvre qui permet de tirer des revenus importants ; même à l'ère du béton armé et du plastique, le bois reste un matériau de première nécessité et beaucoup reviennent à son utilisation traditionnelle. L'industrie a besoin de bois d'œuvre en quantités de plus en plus importantes... Il est clair que la forêt doit être aménagée pour répondre aux besoins.

 

La coupe doit être vidangée pour une date fixe. Les arbres sont alors abattus, le bois d'œuvre mis en grumes et débardés par des bûcherons professionnels. Quant aux houppiers et aux arbres de moindre valeur, ils sont réservés pour l'affouage.

 

La coupe affouagère

 

L'affouage est une vieille coutume, un droit d'usage de la forêt par les habitants. À Thise, l'affouage a été abandonné vers les années 1970 en raison de l'augmentation du nombre d'habitants et surtout le peu d'amateurs pour la hache et la scie. Mais depuis quelques années, avec l'enchérissement du fuel, une cinquantaine d'affouagistes se déclarent en mairie et se partagent des lots d'une importance de 30 stères.

 

Chaque année une estimation de la coupe affouagère est assurée par l'Ingénieur des Forêts et autorisée par le Préfet : au total, une trentaine de parcelles à délivrer à raison d'une par année.

 

La coupe est partagée en deux catégories de valeur différente :

 

— la demi-portion représentée par les taillis et branchages qui donnent la charbonnette et les fagots ;

— la demi-portion constituée par le beau bois, plus apprécié car il "tient" le feu. Elle comprend les "modernes" de 25 ans d'âge, chablis cassés par la tempête ou arbres jugés sans avenir. Ces arbres sont numérotés sur la souche et le tronc à la peinture ou martelés au moyen d'un marteau spécial.

 

Ces deux demi-portions sont réparties en lots estimés par des garants et tirés au sort et partagées entre les villageois qui se déclarent en mairie.

 

Le rôle de l'ONF et l'Aménagement forestier

 

La gestion de la forêt communale est assurée par l'Office National des Forêts (ONF) par le biais d'un Aménagement forestier, c'est-à-dire un plan de gestion rigoureux qui a débuté depuis 1964. Ce document est un plan de gestion d'une durée de 20 ans dont le dernier renouvellement s'est effectué en 2012. Ainsi, l'Aménagement forestier en cours de la forêt communale de Thise se terminera en 2031.

 

L'Aménagement s'appuie sur la consolidation des aménagements passés, il en actualise les orientations stratégiques (poids relatif donné à la production, l'environnement, l'accueil du public). C'est le document cadre de la gestion de la forêt (art. L212-1 du Code forestier) pour une durée de 20 ans. Il est rédigé par l'ONF, validé par arrêté préfectoral et par délibération du conseil municipal. Le respect de l'aménagement garantit une gestion durable de la forêt. L'ONF et la DRAAF sont chargés de veiller à sa bonne application. Sa bonne observance donne droit à un label de certification PEFC (développement durable).

 

Rappelons que l'Office national des forêts (ONF) est un établissement public sous la tutelle de l'État. Il est l'unique gestionnaire chargé de la mise en œuvre du régime forestier dans les forêts de l'État et des collectivités (art. U21-3 et L111-1 du Code forestier).

 

Pour les forêts des collectivités, le régime forestier comprend notamment :

 

—   l'élaboration d'un aménagement forestier en concertation avec le propriétaire ;

—   la proposition de l'état d'assiette annuel des coupes, le marquage des bois et leur mise en vente ;

—   la proposition du programme annuel de travaux ;

—   la surveillance générale de la forêt.

 

Le financement de cette gestion est assuré :

 

— à 20 % par les collectivités propriétaires via les frais de garderie (12 % des recettes) et la taxe à l'hectare (2€/ha) ;

— à 80% par l'État via le versement compensateur.

 

Au-delà de la mise en œuvre du régime forestier, l'ONF réalise des prestations de service dans un cadre conventionnel (réalisation des travaux sylvicoles, maîtrise d'œuvre, assistance technique à donneur d'ordre).

 

Les choix techniques (essences, type de peuplement…) de ce document sont proposés à la commune par l'ONF, mais la commune participe à l'élaboration de l'Aménagement Forestier.

 

En application du régime forestier, la commune est propriétaire de la forêt. Elle décide des orientations stratégiques pour sa forêt, approuve l'Aménagement forestier, approuve le programme des coupes, décide du programme de travaux et accorde les concessions.

 

L'ONF assure la surveillance générale de la forêt communale (police forestière, chasse, nature), élabore l'aménagement, veille à son application, assure le marquage des bois, met en vente les bois, prépare les ventes, contrôle les exploitations.

 

L'ONF propose le programme annuel des travaux et veille à leur cohérence avec l'aménagement.

 

Parmi ces travaux, l'ONF procède à des cloisonnements, c'est-à-dire à des ouvertures au gyrobroyeur tous les 4-5 m de façon à permettre l'accès aux exploitants et affouagistes et par les forestiers pour les dégagements pour enlever des essences indésirables comme le charme qui gênent au développement des essences plus nobles comme le chêne et le hêtre. On recherche par là un peuplement de 100 arbres à l'ha.

 

Dans la forêt de Thise, le mode opératoire du traitement de la forêt qui était fondé sur la futaie régulière passe partiellement en mode de futaie irrégulière (comme le long du lotissement du Fronchot) pour favoriser l'aspect paysager. En futaie régulière, on procède à des coupes de régénération.

 

Programme de gestion spécifique de la forêt communale de Thise

 

—   un diagnostic de la forêt est fait : potentialités, peuplements en place, desiderata de la commune. Partant de ce diagnostic sera établi un

—   Programme d'exploitation.

 

Les objectifs de la gestion de la forêt de Thise sont multiples :

  • produire du bois d'œuvre feuillus et résineux ;
  • assurer le rôle écologique de la forêt en veillant à l'harmonie et à l'équilibre des différents étages de la chaîne alimentaire (production, consommation, prédation, décomposition) ;
  • assurer l'accueil du public (fonction sociale) ;
  • entretenir le paysage.

 

Pour atteindre ces objectifs, certaines zones sont dédiées à certaines fonctions.

 

• Fonctions de la forêt :

 

Fonctions principales

Sans objet

Enjeu faible

Enjeu moyen

Enjeu fort

Production de bois

3,36 ha

18,90 ha

211,70 ha

211.65 ha

Fonction écologique

445,56 ha

Fonction sociale (accueil du public, paysage)

345,56 ha

100 ha

 

En ce qui concerne la production de bois, la gestion utilise différents modes de traitement.

 

• Choix des modes de traitement :

 

1. Futaie régulière (405,82 ha). Sur la forêt de Thise on n'a pratiquement que des peuplements réguliers. Elle se caractérise par des peuplements homogènes avec phase de régénération périodique (80-160 ans).

Parcelle dont tous les arbres ont le même âge, la même hauteur et le même stade de maturité. On passe du stade semis au stade fourré, gaulis, jeune futaie, futaie mûre (parcelles 18-20) dans laquelle on va faire de la régénération. La régénération entraîne la coupe de tous les arbres (coupe blanche) pour revenir au point de départ : le semis. La chronologie de ce type de traitement s'établit selon le schéma ci-dessous :

 

Futaie-régulière-450.jpg

 

  • Groupe de jeunesse (semis) : pas d'arbres adultes.

 

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Groupe de jeunesse non éclairci (parcelle 40)

Document © André Guyard

 

Forêt-de-Thise_07-parcelle-41-groupe-de-jeunesse-450.jpg

Groupe de jeunesse éclairci (parcelle 41)

 Document © André Guyard

 

Forêt-de-Thise_12-ligne-parcelle-41-450.jpg

Un cloisonnement ou layon dans la parcelle 40 permettra la pénétration des engins forestiers

 Document © André Guyard

 

Entre ce groupe et le prochain, on peut récolter des baliveaux pas encore du bois d'œuvre (diamètre 20-25 cm) pour éclaircir le peuplement (affouage).

 

  • Groupe d'amélioration : arbres déjà exploitables en partie, mais pas de phase de récolte. On retire les arbres en mauvais état (coupes sanitaires), les arbres les moins beaux pour permettre un meilleur développement aux autres (coupes d'amélioration = éclaircies), parcelles 41, 42, 43 = gaulis (20-35 cm de diamètre).

 

  • Groupe de préparation : récolte sanitaire d'arbres dépérissants, équilibrer au niveau des essences les plus intéressantes afin de préparer la phase de régénération.

 

  • Groupe de régénération : stade de récolte qui dure de 10-15 ans. Il y a étalement des récoltes entre les diverses parcelles. En 2015, seront récoltées les parcelles 30i, 31, 37 et 38. Parcelle de régénération : 33.

 

Forêt de Thise_05-parcelle 18-groupe de régénération.JPG

Groupe de régénération (parcelle 18)

Document © André Guyard 

Groupe de jeunesse (semis)

93,70 ha

Groupe d'amélioration

feuillus

118,73 ha

résineux

48,40 ha

Groupe de préparation

 72,31 ha

Groupe de régénération

72,68 ha

Répartition des groupes en superficie

 

2. Futaie irrégulière (31,41 ha). Elle se caractérise par des peuplements hétérogènes avec processus de régénération en continu.

 

Futaie-irrégulière-450.jpg

Pas de stade ouvert. Le semis de chêne  est désavantagé, car c'est une essence qui réclame de la lumière. (parcelles 26, 30, 31, 32). Ce sont des parcelles périphériques gardées en paysager pour des questions esthétiques. La régénération est difficile.

 

Groupe irrégulier

31,41 ha

Répartition en superficie 

 

La forêt de Thise comporte 57 parcelles. Un inventaire précis fixe tous les 20 ans, par parcelle, le contenu des différentes essences diamètre par diamètre. D'après cet état des lieux, une étude entreprise sur 20 ans définit la régénération d'un nombre donné de parcelles, c'est-à-dire le remplacement des peuplements vieillis ou trop pauvres par de jeunes semis ou des plantations. Les moyens financiers nécessaires pour mener à bien l'opération sont évalués ainsi que l'ordre de passage en coupe pour toutes les parcelles.

 

Forêt-de-Thise_Carte-des-parcelles-450.jpg

Répartition des 57 parcelles de la forêt de Thise

 

L'aménagement de taillis sous futaie ne répondant plus aux besoins humains, on s'oriente vers la production de bois d'œuvre. C'est l'objet de l'aménagement qui a débuté dès 1964.

 

Le programme actuel s'étend de 2012 et se poursuit jusqu'en 2032. Ainsi en rajeunissant le 1/6 de la forêt tous les 20 ans, on peut raisonnablement prévoir que les peuplements de la forêt de Thise seront renouvelés tous les 120 ans sauf pour la population de chênes renouvelée au bout de 160 ans.

 

En 2016, l'ONF annonçait qu'un essai de production de sapins de Noël serait tenté.

 

Cycles naturels des écosystèmes forestiers (Ajout du 19 juin 2018);

 

Divers travaux ont permis d'approcher de manière cyclique l'évolution des peuplements en forêt non exploitée. MAYER (1976) et LEIBUNDGUT (1982) ont proposé un modèle général qui retient la technologie suivante pour décrire ce cycle :

 

 

  • Phase initiale : peuplement dense, ferme, dominé par les petits bois.

 

  • Phase optimale : peuplement ferme à bois moyens dominants et à surface terrière élevée.

 

  • Phase terminale (ou de sénescence) : peuplement encore relativement ferme, riche en gros bois avec peu de régénération.

 

  • Phase de déclin : le peuplement s'ouvre avec des chablis. Le volume sur pied chute et la régénération apparaît.

 

  • Phase de rajeunissement (ou de régénération) : phase ultime de la dégradation de l'ancien peuplement caractérisé par l'abondance de la régénération et des perches.

 

À ces 5 phases présumées s'enchaîner de manière cyclique, s'ajoute une sixième dite «jardinée», caractérisée par un équilibre des différentes catégories de hauteur et de diamètre des arbres. Cette phase est en général transitoire et résulte d'une phase de déclin-rajeunissement très étalée.

 

L'ensemble des phases s'organise dans le schéma théorique suivant :

 

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Dans le contexte européen de forêts à « dynamique douce », les unités de régénération sont plutôt de petite taille (15 à 50 m2). Dès qu'une perturbation génère l'ouverture d'une nouvelle unité, un nouveau cycle démarre. Ainsi, les nouveaux cycles commencent habituellement avant que les anciens ne soient totalement achevés. Plusieurs phases peuvent donc se chevaucher sur une même unité : la phase de régénération d'un nouveau cycle débutant dès que les premiers arbres morts d'un cycle ancien (en phase de sénescence) permettent à la lumière de percer la canopée.

 

  1. KORPEL (1995), dans son important travail sur les hêtraies-sapinières, complète les travaux de H. LEIBUNDGUT et organise ces 5 phases au sein de 3 stades successifs (fig. suivante) :

 

le stade de régénération ou de dégénérescence, comprenant simultanément :

 

  1. la phase de sénescence constituée d'arbres mourants du cycle 1
  2. la phase de régénération constituée de jeunes semis du cycle 2

 

le stade d'accroissement, comprenant simultanément :

 

  1. la phase de déclin constituée d'arbres morts du cycle 1
  2. la phase initiale constituée de jeunes arbres du cycle 2

 

le stade optimal, constitué par la phase optimale représentée par des arbres en pleine croissance du cycle 2.

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Modèle de sylvigenèse pour une hêtraie-sapinière à dynamique douce. Dans sa partie supérieure, la figure présente l'évolution de la biomasse (en m3/ha) pour chacun des trois cycles sylvigénétiques concernés : fin du cycle 1 (ligne pointillée), cycle 2 complet (ligne pleine) et début du cycle 3 (ligne entrecoupée). D'après S. KORPEL — 1995.

 

Ressources forestières de la commune

 

Chaque année la commune de Thise perçoit des revenus des différentes ventes (résineux et feuillus).

 

Une partie des recettes est investie dans des travaux forestiers (plantations de plants forestiers, travaux de dégagements de plants forestiers ou de semis naturels, travaux divers qui permettent à la forêt de se renouveler.

 

Le traitement des peuplements forestiers se fait sur la durée. Avec le réchauffement climatique, il est probable que d'ici 100 à 160 ans, on ait de fortes chances de procéder à des changements radicaux dans la nature des essences. On doit donc s'y préparer en favorisant des essences résistantes à la sécheresse et le chêne résiste mieux à la sécheresse que le hêtre. C'est une raison supplémentaire pour traiter la forêt en futaie régulière de chênes.

 

Les ventes de bois sont des ventes d'arbres sur pied désignés par martelage ou peinture dans les parcelles. Dans ce cas, l'abattage, le traitement et le débardement des grumes sont à la charge de l'acquéreur.

 

Mais l'ONF procède de plus en plus à la prévente du bois façonné. Dans ce dernier  cas, les arbres sont façonnés par la commune avec l'assistance de l'ONF. Les bois se retrouvent en lots homogènes par essence au bord des routes prêts à être embarqués. Les prix de vente varient entre 80 et 200 € le m3 en fonction de la qualité.

 

Annuellement, les ressources communales issues de la vente des bois se montent à 40-41 000 € nets, déduction faite des programmes de travaux, des frais de garderie de l'ONF (12 %), ce qui paye 20 % de la gestion, les 80 % restants étant assurés par l'État. Depuis 2012, la FNCOFOR (Fédération Nationale des communes forestières de France) et l'ONF ont mis en place une taxe de 2€ à l'ha pour l'ensemble des communes forestières françaises. Les dépenses forestières ne représentent même pas 3 % des dépenses totales.

 

Les dégâts entraînés par l'exploitation et le débardage doivent être réparés par l'exploitant ou l'affouagiste sous risque de condamnation pénale.

 

La faune de la forêt de Thise

 

Il est rare d'apercevoir les mammifères hantant en liberté le massif forestier Chailluz-Thise. Ce sont essentiellement des rongeurs (campagnols, mulots, souris), des lièvres, des insectivores (taupes), des Ongulés (sangliers, chevreuils et même cerfs dans la forêt de Chailluz et chamois dans la côte de Bonnay), des mustélidés (belettes, fouines, hermines, blaireaux), renards, chats sylvestres.

 

En revanche, on peut rencontrer et écouter les chants de nombreux oiseaux : pinsons, merles, mésanges charbonnières, mésanges bleues, mésanges à tête noire, mésanges à longue queue, queues-rouges, rouge-gorge, pics épeiches, pivert, buses etc.

 

Il n'est pas rare de rencontrer des reptiles en particulier la Couleuvre verte et jaune. Les amphibiens se font plus discrets en raison de l'absence de collections d'eau pour la reproduction.

 

Accueil du public

 

La forêt communale est un espace ouvert à tous en respectant certaines règles. En premier lieu, le grand public recherche un espace arboré agréable et reposant, un air vivifiant et une atmosphère éloignée des bruits de la ville et de la circulation urbaine. Parmi les familiers de la forêt, les naturalistes qui consacrent leur vie à l'étude de la flore et de la faune sont enclins à protéger l'écosystème forestier. Les autres usagers : ramasseurs de champignons, chasseurs, pique-niqueurs, randonneurs ou promeneurs à pied ou en VTT sont susceptibles de fréquenter ce milieu avec respect !

 

Routes et chemins

 

L'accès aux différentes parcelles de la forêt doit être facilité par un réseau de routes et de chemins accessibles aux engins de traitement des bois et de débardage. Accessoirement, des sentiers peuvent être aménagés pour les randonneurs, les piétons et les VTT.

 

Chemins actuels

 

Au Nord, la forêt de Thise est longée sur 1500 mètres par l'actuelle RD 486, et traversée sur 2 000 mètres par l'ancienne route royale ou Chemin du Roi.

 

Une grande sommière empierrée partage le massif en deux. Elle est prolongée au Sud jusqu'au village par un chemin également empierré. Ces deux voies traversent la forêt thisienne sur 5 200 mètres. Un chemin traversant le canton "La Gruerie" relie Braillans à la ferme de "Rufille".

 

En 1975, la commune a apporté une amélioration sensible au réseau en élargissant et en goudronnant ce chemin et en le reliant à la grande sommière, par la création d'une route forestière goudronnée sur 0,700 km. Un autre chemin empierré permet d'accéder au Sud du canton "Le Grand Cotard". De plus, des chemins accessibles aux engins de débardage traversent les différents cantons.

 

En 2014, afin de faciliter le débardage des bois part les grumiers, un chemin empierré a été prolongé jusqu'au (40 % de subvention de l'État).

 

Chemins anciens

 

Le chemin du Paret, appelé chemin Perret sur d'anciens plans, se prolonge sur Braillans par le chemin dit "du Facteur" présentant un raccourci jusqu'au bureau de poste cantonal.

 

Le chemin du Fays qu'une erreur de lecture fait appeler le chemin du Fou court vers la nouvelle parcelle achetée en 1999.

 

À la suite du 8e Plan a eu lieu le renforcement de l'empierrement de la grande sommière, l'ancien chemin d'Amagney. En 2012, la Commune a réalisé un sentier botanique en boucle avec des panneaux pédagogiques permettant d'identifier différentes essences. March'en Thise, la section de randonneurs de l'Avenir de Thise a balisé un sentier de randonnées permettant de découvrir un ensemble de dolines. Récemment en 2014, a été réalisé l'empierrement d'un chemin de débardage des bois permettant aux camions grutiers de faire demi-tour à son extrémité.

 

La forêt dans l'éducation

 

La fête de l'Arbre rappelé plus haut est un symbole fort pour routes les générations, en 1927 comme en 1985, année de la plantation place de l'Amitié de deux arbres symboliques :

 

-   par les enfants : l'arbre dit des Droits de L'Homme en mars : un érable sycomore ;

-   par le Bourgmestre de Partenstein, la commune allemande jumelée avec Thise et le Maire de Thise : le chêne provenant du Spessart en Allemagne.

 

La Municipalité a organisé en mars 1980 une sortie "connaissance de la forêt" à l'intention des scolaires et des adultes avec le concours des forestiers.

 

Des sentiers de randonnée sont établis pour les promeneurs, sportifs ou pas :

G.R. 59 Grande randonnée de Pays ceinture de Besançon. Ce parcours passe au Nord-Est du village de Roche-lez-Beaupré à la forêt de Chailluz par le chemin des Vaux et du Paret.

Un chemin a été aménagé qui permet un accès facile et fleuri au monument de la Libération. Une table d'orientation permet d'appréhender le paysage de Thise et de ses environs.

En outre des Circuits V.T.T. (vélo tous terrains) prolongent les sentiers existant en forêt de Chailluz.

Un sentier botanique avec des panneaux indicateurs des essences rencontrées a été inauguré en 2013.

Les randonneurs de la section March'en Thise de l'Avenir de Thise ont tracé un sentier de 12 km dit le sentier des dolines dans la forêt de Thise.

 

La forêt doit avoir une présence constante à toutes les générations. Il s'agit de mieux la connaître, de s'efforcer constamment de la protéger, de l'améliorer ; il est de notre volonté de gérer cet héritage en conciliant écologie et économie.

 

Sources :

  •  Documents fournis par MM. Hatton et Moyne.
  • Thise d'hier et d'aujourd'hui de MM. Henri Masson, Georges Perrin et Claude Proudhon.
  • Ramade F. (1987). - Éléments d'écologie — écologie fondamentale.

 

La forêt face au réchauffement climatique

 

Deux mois après la fin de la COP21 à Paris, un article scientifique[1] paru dans la prestigieuse revue Science, jette un pavé dans la mare : certaines gestions des forêts en Europe n’ont pas été vertueuses pour le climat depuis 1750 ! Mais qu’on ne s’y trompe pas, cet article ne fait que confirmer que toutes les forêts n’ont pas la même capacité d’atténuer le changement climatique, ni tous les modes de gestion. Une preuve de plus que le rôle des forêts dans l’atténuation du changement climatique est plus complexe qu’on voudrait nous le faire croire et une invitation à réfléchir aux orientations futures de la politique forestière.

 

Pour le climat, mieux vaut beaucoup de forêts, et des futaies feuillues !

 

L’article rappelle les grandes évolutions de l’histoire des forêts européennes depuis 260 ans : une forte extension des surfaces forestières, une sylviculture favorisant les futaies (grands arbres utilisés pour des usages à long terme – charpente, etc.) plutôt que les taillis (plusieurs petits troncs poussant sur une même souche, destinés au bois de feu), la mise en gestion de forêts auparavant inexploitées, ainsi que la conversion de forêts de feuillus (chêne, hêtre…) en résineux (pins, épicéa…). Les deux premiers facteurs ont permis d’augmenter le stockage de carbone dans les forêts, compensant ainsi une part des émissions de CO2 responsables du changement climatique. A l’inverse, les deux derniers ont eu un effet contraire, contribuant à aggraver le dérèglement climatique : plus de résineux et plus d’exploitation, la fausse bonne solution pour le climat ! Et dans les produits bois ? Peu d’espoir de ce côté-là, le stockage de carbone est de trop courte durée pour compenser les émissions dues à l’exploitation et au changement d’essences.

 

Il est encore temps d’appliquer une politique vertueuse pour le climat

 

Réjouissons-nous ! En France, les essences feuillues occupent les deux tiers de la surface totale des forêts. Mais cela pourrait bien changer, puisque le Programme National de la Forêt et du Bois, en cours d’élaboration par l’État, promeut notamment la transformation de forêts feuillues en résineux et l’intensification de l’exploitation. Ces orientations visent à satisfaire les demandes de certaines filières industrielles de court terme, qui instrumentent le changement climatique pour justifier de couper les arbres toujours plus jeunes et de planter des résineux, demandés par les marchés. Pour Hervé Le Bouler, pilote Forêt de FNE : « Nous n’avons de cesse de contester ce raccourci que l’on voudrait imposer, et cet article renforce encore nos arguments. De plus, il est en cohérence avec le rapport établi par l’ONERC[2]  et rendu public en 2015, qui prévenait déjà contre les fausses bonnes solutions, ce qu’on appelle la mal-adaptation, ainsi qu’avec d’autres publications scientifiques, toujours plus nombreuses. »

 

Julie Marsaud, coordinatrice Forêt de FNE, conclut : « L’intensification de l’exploitation et la transformation de nos forêts pour satisfaire l’industrie sont des impasses du point de vue du climat. Les solutions doivent être recherchées ailleurs, en luttant contre le fléau de la déforestation, en favorisant le stockage de carbone dans les arbres et les sols plus longtemps, en maintenant les essences feuillues et en augmentant la diversité au sein des écosystèmes forestiers. »

 

Pour Michel Dubromel, Vice-Président de FNE, « Deux mois après avoir réussi à obtenir un accord sur le Climat à Paris, la France ne doit pas relâcher son engagement. Comme toutes les autres activités, la forêt jouera un rôle important : celui du stockage à long terme du Carbone ».

 

[1] Naudts et al. Europe's forest management did not mitigate climate warming, Science 351, 597 (2016)

[2] ONERC. L’arbre et la forêt à l’épreuve d’un climat qui change. Rapport remis au Premier Ministre et au Parlement.

 

12/05/2014

Nouvelles pièces au puzzle du passé de l’Arc jurassien

Nouvelles pièces au puzzle du passé de l’Arc jurassien

 

(reproduction d'un article de "en Direct")

 

Curieux insatiable, explorateur infatigable, l’homme fait preuve d’une motivation sans bornes pour retrouver ses origines et décrypter le sens des objets du passé.

De trouvailles fortuites en fouilles programmées, la découverte fascine l’amateur autant que le chercheur, comblés ces vingt dernières années par un essor sans précédent de l’archéologie, grâce à la généralisation de dispositifs préventifs et l’évolution des technologies.

De nouveaux éléments de connaissance ponctuent désormais la frise chronologique de l’Arc jurassien.

 

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Pierrades et lames jetables au Paléolithique

 

20 000 ans avant notre ère, l’Arc jurassien est emprisonné sous une gangue de glace de plus de 1 000 mètres d’épaisseur. S’il était couramment admis que les hommes préhistoriques avaient attendu le premier réchauffement vers 12 500 avant J.-C. pour s’y installer, de récentes découvertes mettent en évidence un décalage d’un bon millénaire dans cette estimation.

 

Alors que le climat n’est pas encore à la clémence, des groupes de populations s’établissent sur les rives du lac de Neuchâtel 13 500 ans avant J.-C. Une occupation attestée par la mise au jour, hasard des tracés autoroutiers dans les années 1980, de deux sites majeurs, Hauterive-Champréveyres et Neuchâtel-Monruz. Des milliers d’objets retrouvés en parfait état de conservation, os de rennes et de chevaux, coquilles d’œufs rarissimes, perles, coquillages percés, aiguilles à coudre en os d’oiseau, silex… sont le point de départ de trente ans d’analyses et de recherches.

 

Archéologue à l’université de Neuchâtel, Denise Leesch en est le maître artisan. Spécialiste de la culture dite du Magdalénien (18000 / 13000 avant J.-C.), elle publie aujourd’hui le bilan de ses travaux dans une thèse éclairant sur la façon de vivre, voire de survivre de ces pionniers. À commencer par la maîtrise du feu. À une époque où les températures atteignent - 20°C l’hiver et ne dépassent pas 12°C l’été, la steppe et ses herbacées dominent. Comment l’homme a-t-il pu alimenter les foyers dont les vestiges sont retrouvés par dizaines ? Réduit à de maigres branchages courant sur le sol, le saule rampant est le seul bois disponible, il est identifié dans les charbons ancestraux. « Des pierres plates couvrent les brindilles pour entretenir le feu et, une fois chauffées, permettent la cuisson de la viande », explique Denise Leesch. Une version préhistorique de la pierrade, dont le cheval constitue le principal ingrédient. « L’intégrité des squelettes retrouvés donne à penser que les animaux chassés n’étaient pas déplacés. Le groupe humain s’installe à l’endroit où l’animal est abattu le temps qu’il peut en tirer sa subsistance, améliorant son ordinaire par quelques lièvres, marmottes, poissons ou œufs de cygnes, avant de s’installer à nouveau là où il aura tué un autre gros gibier. » L’analyse des pierres, de leurs fractures, de leurs déplacements, montre qu’elles ont été réutilisées de nombreuses fois, toujours pour l’aménagement de foyers, témoignant d’une occupation récurrente des sites et suggérant des modèles de circulation de la population.

 

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 Vue générale du sol d’habitat du site magdalénien de Neuchâtel-Monruz

 

Si le Jura représente alors une barrière que ne franchissent pas les hommes préhistoriques, des échanges ont lieu suivant le versant est du massif, sur des distances de plus de deux cents kilomètres entre les régions d’Olten (Suisse) au nord-est et de Bellegarde (France) au sud-ouest. De là sont établies les origines du silex qui était utilisé sous forme de burins pour tailler les os, de grattoirs pour préparer les peaux ou encore, pour tuer le gibier, de lamelles tranchantes collées sur des sagaies en bois de renne, vite usées… et remplacées.

 

Ces conclusions proviennent de l’étude des éléments trouvés sur ces sites, complétée de celle de dépôts tourbeux tout proches et de nouvelles analyses menées sur des restes fauniques trouvés dans des grottes de l’Arc jurassien. L’archéozoologie, la palynologie ou la botanique apportent chacune leur expertise à la reconstitution des traces du passé, autant que les techniques comme la datation au carbone 14, à laquelle quelques microgrammes d’un matériau organique suffisent aujourd’hui à établir son ancienneté.

 

Si les modes de vie évoluent peu pendant 20 000 ans, le réchauffement climatique de l’Holocène et la transformation de la végétation vont tout changer. Avec les premiers agriculteurs et éleveurs, une autre ère s’annonce…

 

Les villages lacustres, photos souvenirs du Néolithique

 

3 500 ans avant J.-C., le niveau du lac de Neuchâtel est bien inférieur à celui qu’il atteindra par la suite : pendant plusieurs millénaires, les villages construits à cette époque reposeront sous les calmes eaux helvètes avant d’en émerger au XXe siècle de notre ère à l’occasion d’une baisse exceptionnelle du niveau des lacs. Certains d’entre eux ont fait l’objet d’occupations à différentes périodes de l’Histoire, mais le site de Marin-les-Piécettes est une exclusivité du Néolithique. Si la lecture des milliers d’objets qu’il recèle en est grandement facilitée, l’originalité de son organisation reste mystérieuse. Cette double spécificité fait de Marin-les-Piécettes un site à part, emblématique des célèbres villages lacustres neuchâtelois.

 

Archéologue à l’université de Neuchâtel, Matthieu Honegger a dirigé les fouilles de Marin pendant cinq ans, et continue de travailler sur ses témoignages.

 

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Trois maisons du village lacustre de Hauterive-Champréveyres, reconstituées à l’emplacement du site néolithique fouillé devant le Laténium. Photo J. Roethlisberger / © Laténium, Neuchâtel

 

« Les maisons ont été retrouvées sur une longue benne lacustre, une zone très plate avant d’arriver au fossé, qui bénéficiait d’une sédimentation calme et d’une faible érosion. » Résultat : des conditions de conservation exceptionnelles, un village dont on peut parfaitement lire la structure du plan. « Un chemin de planches de 110 m traversait une zone marécageuse jusqu’au village protégé par des palissades, puis contournait en son centre un tertre artificiel pour se prolonger en direction du lac. Au sommet du tertre était érigé un bâtiment, reconstruit à plusieurs reprises, à chaque fois sur le précédent. Les maisons étaient disposées de chaque côté de cette colline, et un axe perpendiculaire traversait toute la zone de part en part », rapporte l’archéologue. L’élément central reste une énigme. Bâtiment à usage d’habitation, étable, grenier… ? Toutes ces hypothèses sont réfutées par l’absence de vestiges témoignant d’ordinaire d’activités domestiques. Reste l’idée d’une fonction sociale, un lieu de réunion ou un sanctuaire. Marin-les- Piécettes n’a pas encore livré tous ses secrets…

 

La problématique des villages lacustres est particulière, et elle croise celle de l’armement à qui elle fournit de nombreux vestiges. Une récente étude prend en compte toute la région des Trois Lacs (Neuchâtel, Bienne et Morat) pour une réflexion d’ensemble sur la symbolique guerrière et l’organisation des sociétés. Elle se concentre sur les pointes de flèches, poignards et haches perforées trouvés en abondance, et dont les spécialistes cherchent à identifier les fonctions, à comprendre l’évolution et à suivre la répartition spatiale. « La région des Trois Lacs est au carrefour des influences entre Europe centrale et Méditerranée, et on peut supposer que la région était propice aux conflits. »

 

On trouvera dans ce même blog un article concernant les villages lacustres du Jura, en particulier à Chalain.

 

Cette recherche s’inscrit dans un programme à l’échelle de l’Europe, pour laquelle on pense que les armes, dont la production est estimée en dizaines de millions, représentent la plus grande diffusion d’objets au Néolithique. Des armes en os et en pierre, qu’un bond de 3 000 ans voit se transformer en métal…

 

7 000 ans à moudre le grain

 

meule-granite-de-la-Serre-225.jpgLe Néolithique marque les débuts de l’agriculture vers - 5000. Dès lors que l’homme commence à cultiver des céréales, il a besoin de meules pour produire de la farine.

 

En Franche-Comté, la Serre est un petit massif de granit et de grès posé en territoire calcaire : il fournira dès cette période et jusqu’à l’aube du XXe siècle la roche dure et rugueuse qui convient à l’élaboration de cet outil.

 

Archéologue à l’Inrap et chercheur associé au laboratoire Chrono-environnement, Luc Jaccottey y a mené des investigations fructueuses. Il retrace avec son équipe l’histoire des carrières du massif, dont celles datées du Néolithique sont à ce jour uniques en France, et suit l’exploitation du grès de la Serre qui, inégale à travers les âges, est fonction des échanges et des évolutions techniques. Un voyage thématique sur sept millénaires, des meules à usage domestique de la Préhistoire aux moulins hydrauliques ou à traction animale de village qui les supplantèrent dès l’Antiquité. « À partir du Néolithique, la meule est posée à même le sol, et le grain est écrasé par un mouvement de va-et-vient par une mollette également en pierre. »

 

Il faut attendre le IVe siècle avant J.-C. pour voir apparaître en Gaule la meule rotative diffusée depuis la Catalogne. Deux disques en pierre sont posés l’un sur l’autre. Celui du dessus est mis en mouvement, il est percé en son centre pour recevoir le grain, qui, broyé entre les deux disques, sera transformé en farine, elle-même évacuée en périphérie. Ce système représente une véritable innovation technologique.

 

Et si les deux disques sont taillés en carrière lors de leur extraction, ils sont achevés pour un ajustage parfait sur les lieux mêmes où les meules sont utilisées, comme en témoigne la découverte d’un atelier de finition daté de la période romaine à Autun. « Cette fabrication en deux étapes est significative d’une certaine organisation de la société », rapporte l’archéologue.

 

Les travaux de Luc Jaccottey s’inscrivent depuis 2008 dans un programme collectif de recherche du ministère de la Culture, intitulé « Évolution typologique et technique des meules du Néolithique à l’an mille », réunissant une trentaine de chercheurs. Une organisation facilitant la mise en perspective des recherches et des sites, et l’interprétation des données à l’échelle de l’ensemble du territoire français.

 

Plans d’occupation des sols à l’époque gallo-romaine

 

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Vue générale du centre cultuel d’Epomanduodurum.

Aquarelle J.-C. Golvin © Pays de Montbéliard agglomération

 

Dès le IVe siècle avant J.-C., la civilisation celtique, forte de lois, de coutumes et d’une langue commune, apporte une unité certaine à l’Europe. Son rayonnement culturel trouve son apogée au second âge du fer, courant de - 480 à - 30, et la Gaule est à cette période réputée pour en être le pays le plus prospère. Cependant les Celtes, farouchement indépendants, sont organisés en tribus, une division qui finira par signer leur perte et leur soumission progressive à Rome. C’est l’avènement de l’ère gallo-romaine, marquant le début de l’Antiquité.

 

Comptant parmi les plus influents des peuples celtes, les Séquanes et les Eduens règnent sur l’Est de la Gaule en ennemis jurés. Si Vesontio (Besançon) est la capitale des Séquanes, Epomanduodurum (Mandeure) est la deuxième ville du territoire par son importance. Mais en matière de recherches archéologiques, elle dame le pion depuis longtemps à la capitale comtoise en raison d’une faible urbanisation contemporaine rendant les vestiges plus accessibles.

 

Dans le Morvan, Bibracte n’a pas survécu à l’Histoire. Elle fut une cité emblématique de la guerre des Gaules, une place forte de premier ordre et la capitale des Eduens pendant un siècle avant de se voir brutalement supplantée par Augustodunum (Autun).

 

L’identification des pôles de peuplement et la compréhension des phénomènes majeurs de construction et d’évolution des premières villes, ainsi que des relations qu’elles entretiennent avec les campagnes, motivent les fouilles entreprises par les archéologues de l’université de Franche-Comté aussi bien sur la zone Bibracte / Autun qu’à Mandeure. Des recherches inscrites dans des programmes nationaux et européens, impliquant des équipes spécialisées sur des périodes différentes pour suivre l’occupation d’un même site à travers les siècles. « Il est nécessaire que l’échelle soit assez longue pour comprendre l’évolution des sociétés », explique Philippe Barral, enseignant-chercheur en archéologie à l’université de Franche-Comté.

 

Les travaux portent essentiellement sur une période partant du IIIe siècle avant J.-C. au début du Moyen Âge, avec des incursions au Néolithique et à l’âge du bronze. Pour les périodes gauloise et gallo-romaine, domaines de prédilection des chercheurs comtois, les sites étudiés, d’une richesse exceptionnelle, livrent peu à peu leurs secrets grâce à des prospections pédestres, puis géophysiques, et enfin à des opérations de sondage à certains endroits choisis. Les mesures de résistivité électrique ou magnétique du sol, et la télédétection par laser LIDAR mettent clairement en évidence aussi bien les tracés de voies de communication que l’existence d’un four de potier.

 

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Four de potier antique, découvert à Mandeure (25) Photo M. Lame

 

La datation des sols, enduits, céramiques, bijoux et autres ustensiles exhumés aide à reconstituer le puzzle du passé. Et lorsqu’on entre dans le détail de l’Histoire, la précision se mesure à la dizaine d’années près… « L’abandon de Bibracte et la création d’Autun se sont faits à peu près simultanément, en quelques années. Bibracte, oppidum gaulois, s’est développé au cours du Ier siècle avant J.-C., et Autun prend sa place à partir du changement d’ère sous la forme d’une ville possédant tous les attributs de la romanité ». Reste à savoir pourquoi les Celtes abandonnent alors une place forte qu’ils viennent juste de doter de terrassements et d’infrastructures pour asseoir sa rénovation selon un plan d’urbanisation des plus modernes, pour déplacer leur capitale à vingt-cinq kilomètres de là…

 

« Bibracte est une ville avortée, et on estime qu’il n’a fallu que cinq ans pour voir cette cité influente réduite à néant », raconte Matthieu Thivet, ingénieur de recherche au laboratoire d’archéologie bisontin.

 

Cette migration subite correspond sans aucun doute à une décision politique du premier empereur romain, Auguste, qui, régnant à la charnière du premier millénaire (- 27 / + 14), opère une réorganisation des territoires gaulois conquis.

 

« Une ville ouverte, intégrée dans la plaine, au carrefour de voies de communication importantes correspond peut-être alors mieux à la dynamique commerciale de l’empire romain, et à sa volonté de rayonnement, qu’un oppidum défensif perché sur les hauteurs. »

 

Aujourd’hui, on possède les preuves matérielles de l’importance des échanges commerciaux entre les Eduens et les Romains, bien avant la conquête, grâce à la quantité impressionnante de vestiges retrouvés, monnaies, amphores à vin... Si une aristocratie conservatrice voit d’un mauvais œil s’enrichir ainsi les plus progressistes de ses compatriotes, les Eduens de façon générale tirent profit de relations privilégiées avec Rome pour renforcer leur puissance dans le monde celtique.

 

Pour les Romains, le territoire des Eduens, idéalement situé entre le sud de la Gaule déjà acquis et les provinces du nord, à la croisée des routes commerciales les plus importantes, s’avère une tête de pont pour diffuser leurs produits et leur civilisation : en réalité, lors de la guerre des Gaules menée par César de 58 à 52 avant J.-C., l’acculturation est déjà effective dans différents territoires.

 

Au-delà des batailles militaires et sanglantes comme le drame de la reddition de Vercingétorix qu’a retenu l’Histoire, la romanisation de la Gaule aura bien plus été le fruit de relations commerciales que d’épisodes guerriers…

 

Imbroglio protohistorique

 

C’est un site mondialement connu, pourtant son interprétation génère encore bien des questions. Découvert en 1857 à proximité immédiate de Neuchâtel, le site de la Tène est le premier daté du second âge du fer, à qui il donne son nom. La période de la Tène est officiellement celle qui s’étend de 480 à 30 avant J.-C.

 

Plus de mille armes sont découvertes sur le site au milieu d’un bric-à-brac de parures en fer, en bronze et en verre, de vaisselle en bois, en céramique et en métal, d’outils de travail, de roues de chariot…, un inventaire de quelque quatre mille cinq cents objets.

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Crédit photo : Marc Juillard - Laténium

 

Dans une thèse en archéologie qu’il prépare en cotutelle à Neuchâtel et Strasbourg, Guillaume Reich s’intéresse de près à ce gisement exceptionnel, témoignant d’une importante activité guerrière. Il étudie sous de nombreuses coutures les trois cent quarante armes conservées au musée du Laténium pour percer leur secret et tenter d’apporter des éclaircissements au mystère du site de la Tène.

 

Sanctuaire ? Trophée militaire ? Les hypothèses, toutes deux envisagées par les spécialistes, ne sont pas forcément exclusives l’une de l’autre, mais l’étude des armes fera peut-être pencher la balance en faveur de l’un des deux camps.

 

« La destruction volontaire d’armes est un rituel associé à l’idée de culte que l’on prête souvent au site de la Tène. Mais il ne faut pas négliger pour autant la piste du combat réel », explique le jeune chercheur. Déterminer si une arme a été volontairement abîmée ou si les stigmates qu’elle porte relèvent de la lutte est la part de vérité que Guillaume Reich veut apporter, grâce à l’observation de microtraces laissées sur le tranchant des lames et l’interprétation de courbures équivoques du métal.

 

Cet examen attentif est renforcé par des expériences, comme des pseudo-combats menés dans les conditions les plus proches de la réalité supposée de l’époque. Des méthodes des plus scientifiques pour lever le voile sur un héritage bien énigmatique.

 

Du fer en barres

 

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Crédit photos et dessin : Marion Berranger - LMC

 

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Cliché métallographique :  détail d’une section, mise en forme par repli du métal sur lui-même. Crédit photo : Marion Berranger - LMC

 

Célèbre place forte dès l’âge du bronze, Salins-les-Bains (39) a récemment fourni un dépôt exceptionnel, le plus grand conservé en France, de vingt-six barres en fer plat, dont la particularité est de présenter une extrémité roulée sur elle-même. Longues d’environ 50 cm pour une épaisseur d’à peine 1 cm, ces barres de 500 g étaient livrées aux forgerons après épuration, par un traitement en forge, du métal brut issu du minerai de fer. Ces « demi-produits », comme les nomment les spécialistes, sont des objets précieux pour comprendre des techniques de fabrication datant de la fin du second âge du fer, et étudier la circulation des matières premières à cette époque.

 

Marion Berranger est archéométallurgiste au laboratoire Métallurgies et cultures (LMC) de Belfort, et spécialiste des âges du fer. Elle explique comment les méthodes scientifiques se déclinent de la macro- à la microanalyse pour suivre la traçabilité de tels objets. « L’œil effectue les premiers repérages : les marques de fabrication montrent ici une qualité soignée de la mise en forme et un haut degré de maîtrise technologique. » Le microscope métallographique prend le relais sur quelques pièces et met en évidence une technique de fabrication par feuilletage. « Le métal chauffé a été étiré puis replié successivement jusqu’à former une matière homogène et débarrassée de ses impuretés. »

 

L’analyse chimique des barres indiquera bientôt la provenance de la matière brute, et le repérage du carbone présent dans l’acier permettra de dater ce dernier selon une méthode élaborée au laboratoire. « La datation au carbone 14 est nouvelle pour les objets métalliques, explique Marion Berranger. L’acier est composé de fer et de carbone. L’innovation consiste à repérer le carbone par microscopie optique, puis à prélever les zones aciérées ; après préparation, la datation s’effectue ensuite de manière classique. »

 

Associé à l’UTBM, le LMC, dirigé par Philippe Fluzin, est l’une des trois équipes constituant l’Institut de recherche sur les archéomatériaux (IRAMAT) français, aux côtés de Bordeaux et d’Orléans.

 

Le bal des Barbares, prélude au Moyen Âge

 

Au cours du IIIe siècle après J.-C., les guerres civiles minent l’empire romain. Rome organise le déplacement de populations entières pour limiter les luttes de pouvoir. Cependant, l’empire romain d’Occident disparaît en 476 et laisse place aux royaumes barbares des Vandales, Wisigoths, Burgondes, Francs… qui, avec le christianisme pour dénominateur commun, sont les fondateurs du Moyen Âge.

 

Là encore il s’agit de vastes mouvements migratoires plutôt que d’invasions, et l’acculturation de ces peuples est progressive et réciproque.

 

« Les récentes découvertes funéraires constituent de véritables clés de compréhension des déplacements de populations, et éclairent sous un jour nouveau l’histoire régionale », explique Françoise Passard-Urlacher, ingénieure au Service régional d’archéologie de Franche-Comté et membre du laboratoire Chrono-environnement.

 

L’installation des Burgondes est attestée dans la région lémanique au Ve siècle après J.-C. Le dépôt d’un mobilier abondant et d’éléments de costumes féminins dans les tombes est typique des rites de ce peuple germanique, et en rupture totale avec les pratiques funéraires des descendants locaux des Gallo-Romains. Sur toute cette zone et dans une partie du vaste territoire burgonde, à Lyon, Chalon-sur-Saône et Dijon, les nécropoles livrent de rares sépultures avec des crânes déformés volontairement. On sait pouvoir en attribuer la signification esthétique et de haut rang à des individus d’origine orientale, mêlés à la population burgonde lors de sa migration vers l’est. Le costume funéraire associé en est la confirmation.

 

Les Burgondes forment, en termes de durée, un royaume éclair, de 480 à 534. Mais de Langres à Avignon, de Nevers à Martigny en Suisse, ils donnent une identité à leur territoire qui marquera encore les générations suivantes. Ils adoptent peu à peu les coutumes funéraires des Gallo-Romains : si leurs traces sont aujourd’hui à peine visibles, leur l’impact politique fut déterminant, le terme de "Bourgogne" en est le symbole le plus évident.

 

Puis les Francs succèdent aux Burgondes à partir de 550. Comment ? Pourquoi ? La nécropole de Saint-Vit (25), fouillée à la fin des années 1990, aide à comprendre ce mouvement de l’Histoire. Les deux cents chambres funéraires qu’elle abrite montrent déjà en quoi les pratiques funéraires se modifient au fil du temps.

 

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Saint-Vit, « Les Champs Traversains ».

Sépulture de guerrier franc vers 550 après J.-C.  (Urlacher et al., 2008, p. 277)

 

« Lances, épées, flèches et boucliers régulièrement trouvés dans les tombes sont des figures de pouvoir. Puis lorsque la domination franque se confirme et n’a plus besoin d’autant d’ostentation, le dépôt se réduit à un armement symbolique. » À partir de la fin du VIe siècle, c’est parfois la construction d’églises funéraires, signes extérieurs de puissance, qui témoignera de l’importance d’un individu ou d’une famille, telle celle d’Evans (39) toute proche de Saint-Vit.

 

Riche de six cents tombes, la nécropole de Doubs près de Pontarlier (25) donne un prolongement à l’histoire franque amorcée à Saint-Vit. Les chercheurs y constatent des coutumes en perpétuelle évolution, que l’amélioration des techniques de datation permet de situer très exactement dans le temps.

 

La valeur de leurs ressources archéologiques et la précision de leur datation font des nécropoles de Saint-Vit et de Doubs des références dans toute l’Europe, au titre de chronologie absolue.

 

Un pinceau électrolytique magique pour le métal

 

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 Utilisation du pinceau électrolytique développé à la HEA sur le chef reliquaire de Saint-Candide en argent, l’un des chefs-d’œuvre du trésor de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune (Suisse)

 

Chef-reliquaire-225.jpgCertains des joyaux du trésor de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune, en Valais, sont façonnés d’argent, de bois et de pierreries. Raviver l’éclat du précieux métal de manière homogène et sans altérer les autres matériaux était un défi que les spécialistes de la Haute Ecole Arc ont relevé avec succès. Les chercheurs en conservation-restauration, avec la complicité des ingénieurs-designers de l’unité EDANA en Ingénierie, ont en effet mis au point un pinceau électrolytique assurant un nettoyage précis et sélectif des parties métalliques, sans démontage de l’objet.

 

Chef reliquaire de Saint-Candide, après rénovation

 

Chercheur en électrochimie, Christian Degrigny explique son fonctionnement : « La solution de traitement est acheminée par des pompes à membrane depuis un réservoir jusqu’à l’extrémité du pinceau. Là se trouve une cellule électrolytique fermée par un tampon en mousse microporeuse qui libère précisément la solution. » La méthode fait ses preuves sur l’argent et les alliages de cuivre, sur lesquels les couches de corrosion sont fines et autorisent une intervention locale. Des tests sont actuellement confiés à l’expertise du laboratoire Arc’Antique de Nantes sur des objets en plomb, et se poursuivront sur des bronzes issus de milieux terrestres et marins, avec l’idée sous-jacente de recourir à cette technique pour des applications archéologiques. La volonté est de donner aux conservateurs, restaurateurs et autres utilisateurs potentiels un outil peu coûteux, facile à transporter et… à monter, puisque les pièces du pinceau électrolytique sont fabriquées en kit par impression 3D et découpe laser. Une réalisation assurée par le FabLab de la Haute École Arc, bientôt accessible à tous grâce à des plans de construction prochainement publiés sur le net. « Une formation pour la mise au point de l’outil comme pour son utilisation est prévue », précise Christian Degrigny.

 

En attendant et pour juger sur pièces la qualité du traitement opéré, pourquoi ne pas aller admirer les pièces d’orfèvrerie du trésor de l’abbaye de Saint-Maurice actuellement exposées au Louvre ? Inconnue du grand public, cette collection exceptionnelle est cependant comparable à celle du trésor de Conques. Après cette unique excursion hors des frontières de Suisse, elle réintégrera définitivement l’abbaye valaisane qui fêtera l’an prochain ses 1 500 ans, et où elle pourra continuer à être appréciée.

 

Contacts :

 

Université de Franche-Comté

Laboratoire Chrono-environnement

Philippe Barral - Tél. (0033/0) 3 81 66 54 24

Matthieu Thivet - Tél. (0033/0) 3 81 66 51 71

Françoise Passard-Urlacher - Tél. (0033/0) 3 81 65 72 75

Luc Jaccottey  - Tél. (0033/0) 6 08 56 29 47

 

Université de Neuchâtel

Institut d’archéologie

Denise Leesch - Tél. (0041/0) 32 718 31 11

Matthieu Honegger - Tél. (0041/0) 32 889 86 82

 

Laboratoire de microbiologie

Edith Joseph - Tél. (0041/0) 32 718 22 35

 

Haute école Arc

Conservation-restauration

Christian Degrigny - Tél. (0041/0) 32 930 19 19

Edith Joseph - Tél. (0041/0) 32 930 19 05

Emmanuelle Domon Beuret

 

UTBM 

Laboratoire Métallurgies et cultures (LMC)

Marion Berranger - Tél. (0033/0) 3 81 58 38 11

 

Source unique :

Nouvelles pièces au puzzle du passé de l'Arc jurassien.  En Direct Le Journal de la Recherche et du Transfert de l'Arc Jurassien n° 253 – mai-juin 254 pp. 15-21.

 

Clocher en pâture

Clocher en pâture

 

par Dominique Delfino

Photographe paysagiste et naturaliste

 

Coup d’œil ou clin d’œil, ce cliché bien franc-comtois est à l'image de la surprise rencontrée au détour d'un chemin sur le plateau du Lomont.

 

Alors que je roule lentement sur la petite route départementale, le sommet du clocher se dessine et monte progressivement sur l'horizon jusqu'à finir par apparaître comme reposant sur la prairie.

 

Le jeu des courbes et niveaux de terrain me permet ainsi de parfaire mon cadrage en jouant avec le clocher émergeant du vallon et, traduire au mieux cette illusion.

 

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Vous avez été nombreux à avoir reconnu le clocher du village de CHAMESOL !

09/05/2014

Les forts qui entourent la ville de Besançon (1)

Citadelle-nuit-200.jpgLes forts qui entourent la ville de Besançon (1)

 

© Michel Marlin

 

Les fortifications de Besançon sont célèbres dans le monde entier par suite du classement au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2008 de la Citadelle remaniée par Vauban lors de la conquête de la Franche-Comté par la France, et classée au patrimoine de l'UNESCO. De l'époque de Vauban datent également le fort Griffon ainsi qu'une série d'ouvrages assurant la défense immédiate de la ville : remparts et ouvrages de la couronne urbaine.

 

 Si l'ensemble de l'œuvre de Vauban à Besançon, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO est l'objet de toutes les attentions de la municipalité, il semble logique que la collectivité s'intéresse également à son patrimoine fortifié plus récent, preuve de son passé militaire important. C'est dans ce sens que, à l'initiative de Jean Rosselot[1] et du Commandant Pascal Ducros[2], une association s'est créée en 2009 pour sauvegarder cet ensemble remarquable : il s'agit d'AVALFORT. L'association présidée par le Commandant Pascal Ducros œuvre à la restauration de nombreux sites, se fait connaître par des conférences, l'encadrement de visites et des manifestations diverses. Les notes qui suivent sont empruntées aux textes d'une conférence donnée par Pascal Ducros illustrant une exposition itinérante qui circule à la demande d'autres associations intéressées.



[1] Maître de conférence honoraire de droit public à l'Université de Franche-Comté.

[2] Pascal Ducros est l'actuel président de l'Association AVALFORT.

 

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La Citadelle de Besançon vue du ciel © Laurent Cornet

 

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La Citadelle de Besançon vue du Parc Micaud © André Guyard

 

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La Citadelle de Besançon, front de secours © André Guyard

 

Au fur et à mesure des progrès de l'artillerie, il a fallu prévoir au cours des siècles une série d'ouvrages militaires de défense de la ville formant une série de ceintures de plus en plus éloignés.

 

Un siècle après Vauban, les travaux de fortification reprennent.

 

À la Révolution, quatre lunettes (ouvrages avancés) sont bâties : Tousey, Trois Châtels, Beauregard, Chaudanne.

 

Entre 1825 et 1851, trois forts sont érigés sur les collines de Chaudanne, Beauregard et Bregille. Lors de la guerre de 1870, une quinzaine d'ouvrages défensifs de circonstance sont construits à la hâte, sur les hauteurs dominant la ville

 

- Pendant la guerre de 1870-1871, 13 ouvrages sont édifiés sur les principales hauteurs dans l'urgence : redoute de Montfaucon, fort des Justices, forts de l'Est et Ouest des Buis, batterie du Rosemont...

 

 

De 1874 à 1880, le général Séré de Rivières constitue le camp retranché de Besançon en faisant bâtir dix forts ou batteries d'artillerie, souvent à l'emplacement des ouvrages de circonstance de 1870 : les forts de Montfaucon, des Montboucons, de Chailluz, de Châtillon-le-Duc, de Fontain, le fort Benoit, le fort de Planoise et les batteries d'Arguel, de Miserey, des Tilleroyes. Ainsi, le camp retranché bisontin fait partie de la ligne de défense Séré de Rivières allant de la mer du Nord à la Méditerranée.

 

Entre 1885 et 1891, un renforcement du camp retranché de Besançon s'avère indispensable. Plusieurs ouvrages, neuf abris sous roc et vingt-trois magasins à poudre seront creusés dont 4 ouvrages sur la crête de Pouilley, à Franois et à Pugey.

 

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Ainsi, sur tous les points hauts, de cinq à dix kilomètres de la Boucle, des forts ont été érigés, créant le camp retranché de Besançon, complétés par des ouvrages secondaires. Ces ouvrages insolites et souvent mystérieux offrent des points de vue superbes sur la ville et la campagne environnante.

 

Ces ouvrages militaires sont essentiellement installés sur les hauteurs de Besançon, mais également sur celles des communes de la première couronne (Montfaucon, Fontain, Arguel, Pugey, Avanne, Franois, Pouilley, Miserey, Châtillon, Chalezeule). Avec les magasins à poudre de Serre-les-Sapins, Pirey et Morre, quatorze communes sont concernées.

 

Ces constructions remarquables et de qualité, sont positionnées sur des sites exceptionnels. Elles sont principalement la propriété des communes. Trois restent militaires (fort Neuf de Montfaucon, fort des Justices et fort des Montboucons). Quatre ont été achetés par des propriétaires privés respectueux de leurs sites (Lunettes de Tousey et de Trois-Châtels, Forts de Fontain et de Châtillon).

 

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© panneau d'exposition Avalfort

 

Si la moitié d'entre eux est en bon état de conservation, d'autres sont en ruine, la nature ayant repris ses droits, les buissons et arbres ont investi les ouvrages abandonnés et le gel a délité les parements. Les eaux de ruissellement dégradent les constructions (Ouvrage "Au Bois" à Franois, Rosemont et Les Buis à Besançon,...). Certains ouvrages servent de carrière de pierres. Ces forts sont encore visibles, mais pour combien de temps ?

 

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Place forte de Besançon

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Source Avalfort

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Source Avalfort

 

I. Les forts du cœur de ville et la ceinture fortifiée

 

1. La protection de la boucle

 

Rappelons que le cœur de ville a été classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2008. Il comporte : la citadelle (1668-1683), l'enceinte de Battant et le fort Griffon, l'enceinte de la boucle (1675-1695). Autres constructions plus récentes : les magasins à poudre de Chamars (1833-1834), le magasin à poudre caverne de Malpas (1891) et celui de la porte Notre-Dame (l880).

 

2. Le premier élargissement

 

2.1. À l'avant devant le front de secours de la Citadelle

 

Lunette_de_Trois-Châtels-200.jpg* Lunette de Trois-Châtels : fort Rostaing

Altitude 360 m. Inscrit à l'inventaire des sites en 1944 et monument historique en 1995. Cet ouvrage construit en 1791 à l'avant de la citadelle, couvre le front de secours. Ce retranchement, composé d'une tour-réduit de sûreté et d'un fossé battu par une casemate à feux de revers, est fort original. Des aménagements ont été effectués en 1827 (chemin couvert). Son propriétaire restaure le fort.

 Source DR

 

 

Lunette_de_Tousey-200.jpg* Lunette de Tousey : fort d'Arçon

Altitude 360 m. Jumeau du précédent, le propriétaire a transformé l'ensemble en une belle habitation aux multiples jardins en terrasse.

Source DR

 

 

 

 

 

 

 

 

Citadelle-lunette-3châtels-200.jpg*  Retranchement avancé à Trois-Châtels

 

© André Guyard

 

 

 

 

 

 

 

 

 2.2.  Collines voisines fortifiées (propriété de la ville)

 

Fort-de-Bregille-200.jpg* Fort de Bregille : fort Morand

 Altitude 446 m. Inscrit à l'Inventaire des sites en 1934, Construit entre 1825 et 1837, le fort a reçu plusieurs aménagements en 1865-1870 et 1879. Il contrôle la ville et le Doubs en amont, veille sur la citadelle et tient la colline. L'ouvrage compte 5 bastions reliés par des courtines et possédant chacun son magasin à poudre. Un profond fossé entoure l'ensemble avec un chemin couvert au nord et à l'est. La caserne compte 3 niveaux. Un magasin à poudre est placé sous chaque bastion. Source DR

 

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Fort de Bregille vu de la Citadelle © André Guyard

 

 

Fort-de-Beauregard-200.jpg* Fort de Beauregard

Altitude 314 m, inscrit à l'inventaire des sites en 1944. Une lunette d'Arçon est commencée en 1791, Les travaux sont interrompus et reprendront vers 1841. Construite en 1848, la caserne à 2 étages domine la ville de 90 mètres. Le fort sera légèrement modifié en 1870. Ouvrage original. Il est entouré par un fossé sur trois côtés et un à pic côté ville. Il protège le flanc de Bregille et la rive droite du Doubs au plus près.

 

Fort-de-Chaudanne-200.jpg* Fort de Chaudanne : fort Baudrand

Altitude 422 m. Inscrit à l'inventaire des sites en 1942 et monument historique en 1996 Le fort construit entre 1842 et 1844 a conservé la tour-réduit de sûreté de la lunette d'Arçon de 179l. Il compte 5 bastionss, reliés par des courtines, un fossé l'entoure sur 3 côtés, comblé devant la porte. La caserne compte 3 niveaux. L'importante cour, comporte plusieurs constructions dont le magasin à poudre du temps de paix.

En symétrie du fort de Bregille, il contrôle la ville et le Doubs en en aval, veille sur la citadelle et tient la colline. Un magasin à poudre caverne a été établi sous l'esplanade, côté ville en 1882.

 

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Fort de Chaudanne vu de la Citadelle © André Guyard

 

* Fort du Petit Chaudanne : fort Gérin

Altitude 368 m. Inscrit à l'inventaire des sites en 1944 (mais en ruine). Réalisé en 185l, c'est un petit ouvrage carré, semi permanent, les fossés creusés dans le roc. Il renforce la sécurité du fort Chaudanne et protège Chamars et Battant de ses feux en enfilade. Il a été réaménagé en 1869-70. Le fort est en ruine, un pylône d'antenne occupe son sommet.

 

3. Le second élargissement

 

3.1. Au Nord

 

Batterie-de-la-ferme-de-l'Hôpital-200.jpg* Batterie de la ferme de l'Hôpital: fort Bouchet

Altitude 334 m, L'ouvrage construit en 1878 et 1879 est entouré d'un fossé creusé dans la roche. Il se compose de 3 traverses abris et d'un poste de garde avec meurtrières. La batterie renforçait le contrôle des directions de Gray et Dijon et couvrait les forts voisins. À 400 m un magasin à poudre caverne a été creusé en 1889 L'ouvrage en assez mauvais état est la propriété de l'hôpital de Besançon (centre de soin des Tilleroyes).

©Pascal Ducros

 

 

 

Fort-des-Justice-début-XXe-200.jpg* Fort des Justices : fort Pajol

Altitude 343 m. Élevé à la hâte lors de la guerre de 1870, il est de forme rectangulaire, au tracé bastionné entouré d'un fossé avec 2 tenailles. Il comptait 20 canons qui battaient de leurs feux la route de Vesoul, la voie ferrée et flanquaient le fort des Montboucons. En 1872, 3 magasins à poudre sont réalisés. En 1980, le service du Génie y construit un casernement de gendarmerie, abritant l'état-major de région, un escadron de gardes mobiles et plus de 250 logements. Les constructions en sous-sol subsistent ainsi que quelques parties des fossés. Source DR

 

 

Fort-des-Montboucons-200.jpg* Fort des Montboucons : fort Ferrand

Altitude 373 m. Construit de 1877 à 1880 aux abords d'une redoute de 1870, le fort quadrangulaire est entouré d'un profond fossé. Il se compose d'un parapet avec banquette d'infanterie et emplacements d'artillerie, d'une batterie haute pour 10 pièces lourdes, d'une caserne faisant réduit séparé par un fossé étroit. Une longue traverse abri relie la caserne-réduit au front de tête. Le fort est flanqué de deux batteries annexes. L'ensemble protégeait les axes de Vesoul, Langres et Gray. la voie ferrée de Dijon. Le magasin à poudre caverne a été creusé en 1889. Le fort est toujours militaire. Ouvrage débroussaillé par le 19e Génie en mai-juin 2014. ©Pascal Ducros

 

3.2. Au Sud

 

* Fort de l'Est des Buis : fort Montbarrey

Altitude 490 m. Inscrit à l'inventaire des sites. Ouvrage de circonstance construit à la hâte en 1870, il est de forme hexagonale. Les fossés et emplacements de pièces sont creusés dans la roche. Au nord, il domine Besançon-Est et le Doubs et au sud la vallée des Mercureaux. Il constitue la couverture avant de la Citadelle avec le fort de l'Ouest des Buis, son jumeau. Un magasin à poudre caverne est creusé en 1886. Seuls le fossé et quelques vestiges sont perceptibles, Le hangar d'artillerie du fort est encore visible. Après la 2e guerre mondiale, le fort est cédé à l'association diocésaine de Besançon qui y édifie le mémorial Notre-Dame de la Libération.

 

Fort-des-Buis-ouest-magasin-à-poudre-200.jpg* Fort de l'Ouest des Buis : fort Michaud

Altitude 493 m. Jumeau du précédent. II constitue la couverture avant la citadelle. Son magasin à poudre caverne a été creusé en 1886 à 100 m du fort. Il est en très mauvais état, seul le fossé est encore visible.

 

© André Guyard

 

 

 

 

 

 

Fort-de-Fontain-200.jpg* Batterie du Rosemont : fort Verne

Altitude 465 m. Inscrit à l'inventaire des sites en 1944, il fait suite à l'ouvrage de circonstance construit en 1870 au sommet de la colline du Rosemont. La batterie est de forme ovale avec fossé. Les positions d'artillerie sont établies sur des banquettes. Elle domine au sud la vallée du Doubs et Beure, surveille la voie ferrée venant de Dijon et assure la couverture des forts voisins. Le magasin à poudre semi-enterré, situé en contre-bas a été creusé en 1879-80. La batterie du Rosemont est en très mauvais état. © Source DR

 

 

Fort-de-Planoise-200.jpg* Centre de résistance de Planoise : fort Moncey

Altitude 459 m. Réalisé au sommet de la colline de Planoise, il présente un ensemble exceptionnel, puissant et redoutable. Le fort est construit entre 1877 et 1880 et les abris sous roc en 1891-1892. Une batterie de mortier de 220 avec traverses abris et magasins est installée au centre et 2 batteries classiques au sud-ouest. Le fort est un quadrilatère avec une cour intérieure et on accédait à l'intérieur par un pont-levis à la poncelet.

Les fossés étaient défendus par une caponnière double et un coffre double de contrescarpe. Les dessus du fort sont occupés par des banquettes d'infanterie et une banquette d'artillerie.

Il surplombe la vallée du Doubs de 200 m et les accès ouest de la ville. Le magasin à poudre caverne est creusé dans la falaise en 1888-89. ©Pascal Ducros

 

3.3. Les forts extérieurs au Nord

 

* Ouvrage de "Au Bois"

Altitude 311 m. Il s'agit d'une fortification construite en 1891/92 battant de ses feux la route et la vole ferrée venant de Dijon. De forme polygonale, l'ouvrage est composé d'un réduit d'infanterie encadré par deux batteries d'artillerie. 2 magasins à poudre caverne sont construits en 1889 à proximité (de la Prabé et de Serre-les-Sapins). Le site appartient à la commune de Franois. L'ensemble est en mauvais état.

 

* Ouvrages de la Crête de Pouilley

Pouilley-les-Vignes-01-200.jpgAltitude entre 329 et 348 m. Fortification semi-permanente battant de ses feux la direction Vesoul et Gray (route et voie ferrée). Elle surplombe les alentours de près de 100 mètres. Construits entre 1888 et 1893, ils se composent de 4 ensembles comprenant : un réduit d'infanterie entouré d'un fossé, une batterie (à 1, 3 ou 4 emplacements de canons), avec, en-dessous, un abri sous roc à 4 casemates maçonnées, dont une avec citerne en sous-sol. Ils sont disséminés sur la crête, sur plus d'un kilomètre et demi. Le magasin à poudre caverne bâti en 1889 est à Pirey. L'ensemble est propriété de la commune de Pouilley-les-Vignes qui a aménagé un circuit de promenade avec sentier botanique et parcours de sport. Les abris sous roc sont en bon état, un seul est accessible par un escalier. En avant de l'ouvrage, on peut découvrir des trous individuels. ©Source DR

 

Fort-de-Chailluz-200.jpg* Fort de Chailluz (fort Kirgener)

Altitude 619 m. Sur la crête nord de Besançon, en forêt, le fort domine la vallée de l'Ognon de 400 mètres. Isolé à l'extrême nord du camp retranché, c'est un fort d'arrêt, pièce maîtresse du système de défense Puissant et protégé par des fossés profonds, il borde la falaise au nord. Il compte 10 emplacements de canon, avec traverse abri. Les angles abritent des caponnières. Il est protégés par des banquettes d'infanterie et d'artillerie. Les mouvements de terrain permettent les tirs d'artillerie. ©Source DR

 

Un poste optique est installé au-dessus du casernement et de l'entrée. Il est flanqué par une batterie à l'Est et une batterie à l'Ouest.

Accessible par un grand escalier, un casernement en béton est creusé dans le fossé. Il contient des chablis avec des lits à double étage. Pendant la dernière guerre, cet ouvrage fut canonné par les Allemands pour en tester la résistance.

Au centre, la caserne est protégée par des merlons de terre. Aux angles sud, 2 caponnières doubles défendent les fossés. Au Nord-Ouest, une batterie annexe renforce le dispositif. Il est alimenté par 3 magasins à poudre : la Charrière du fort (1886/92) situé à 500 mètres du fort, la Fourche de Chailluz (1889), les Montarmots (1889).

 

Fort-Benoit_200.jpg* Fort Benoit (voir une description plus précise dans ce même blog)

Altitude 364 m (du nom du colonel Benoit, directeur des fortifications de Besançon en 1870).

L'ouvrage domine de plus de 60 mètres la zone commerciale de Chalezeule et de plus de 120 mètres la plaine de Thise. Il barre la direction de Belfort. À cheval sur les communes de Besançon et de Chalezeule, ce fort sera construit de 1873 à 1880, à l'emplacement de la redoute de Palente (ouvrage de circonstance établi en 1870).

 

Il est entouré de larges fossés, défendus par des caponnières doubles. L'escarpe détachée est percée de créneaux pour le tir d'infanterie. Un pont-levis barrait l'entrée.

La caserne a 2 niveaux. Le parapet du tort comprend 10 emplacements de pièces d'artillerie. Le mur bahut contenant la terre des parapets est en béton armé préformé.

Le fort compte une batterie annexe. Propriété de la ville, ce fort est entretenu par deux associations de tir qui ont installé des stands et des parcours de tir dans différentes parties de l'ouvrage et dans les fossés. Son magasin à poudre caverne, situé à Fontaine-Argent a été creusé en 1889. Devant l'entrée, la place de retournement des chariots est toujours visible.

 

* Batterie du Calvaire (fort Ferrière)

Altitude 385 m. Le site domine de 100 mètres le village de Miserey, contrôlant la route de Vesoul (N 57) et les voies ferrées de Vesoul et Gray. L'ouvrage est construit en 1877 et 1878. De forme trapézoïdale, il se compose de 4 traverses abris délimitant la position des canons (2 classiques et 2 servant de logement) et de 5 plates-formes d'artillerie. Cet ouvrage fut construit en lieu et place d'un fort dont le projet resta dans les cartons. Le fossé sur le front de tête est creusé dans la roche. Le magasin à poudre caverne de 1889, situé à quelques centaines de mètres, est bien dégradé. Le site est propriété de la commune de Miserey-Salines.

 

Fort-de-Châtillon-200.jpg* Fort de Châtillon

Attitude 443 m (Inscrit à l'inventaire des sites en 1942). Sur le promontoire surplombant la vallée de l'Ognon de plus de 230 mètres, l'armée a repoussé une importante attaque prussienne en octobre 1870. Construit entre 1875 et 1879, il est composé de 7 traverses abris, d'un corps de caserne avec citernes. Il est complété en 1989 par un magasin à poudre caverne, situé à quelque distance, et un abri sous roc creusé entre 1888 et 1892.

© Source DR

 

Pour la petite histoire, le lieutenant Philippe Pétain y a été caserné entre 1883 et 1868. Pendant la seconde guerre mondiale, le fort de Châtillon sert de camp de prisonniers.

Actuellement, il appartient à un particulier qui a déjà réalisé de nombreux travaux de réfection.

 

 

Fort-de-Montfaucon-200.jpg* Fort neuf de Montfaucon (Fort Woirol)

Protégé par un grillage. Abris, magasins. Traverse avec des positions de canons. Ce fort est domaine militaire et n'est pas visitable. © André Guyard

 

 

 

 

 

 

 

 

Redoute-Donzelot-200.jpg* La redoute de 1870, qu'on appelle aussi Vieux Fort de Montfaucon porte le nom de "Redoute Donzelot". C'est une ancienne redoute en terre aménagée à la hâte en 1870 sur laquelle on a construit des abris en maçonnerie ainsi qu'un magasin à poudre (érigé au centre de la redoute en 1872) et faisant partie intégrante du môle défensif de Montfaucon. Adossée à la falaise, la gorge donne sur un à-pic, tandis que le reste du périmètre est composé d'un fossé non défendu. En 1870, 24 canons s'y tenaient. Le Fort Donzelot actuellement occupé par TDF n'est pas accessible. 

 

 

 

 

 

 

3.4. Les forts extérieurs au Sud

 

Fort-de-Pugey-Cédric-Vaubourg-casemates-extérieur-200.jpg* Ouvrage de Pugey

Ouvrage enterré creusé entre 1890 et 1892, l'ouvrage est entouré d'un profond et large fossé.
On y accède par 2 escaliers en vis suspendu. À 10 mètres sous terre, la fortification est constituée de 4 cavernes à canon, de chambrées et magasins reliés par des galeries de communications. Ouvrage débroussaillé par le 19e Génie en mai-juin 2014.

©Cédric Vaubourg

 

 

 

 

* Fort de Fontain

Fort construit en 1874-77 pour 230 hommes et 40 pièces. Actuellement en très mauvais état.

 

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Ouvrages ultérieurs à l'œuvre de Vauban (source Avalfort)

 

Sources :

 

Association AVALFORT

  • Panneaux de l'exposition
  • Conférence du Commandant Pascal Ducros
  • Visite du fort Benoit (Capitaine Roland Bois et Commandant Pascal Ducros)
  • Précisions apportées par Guy Mollaret de l'Association AVALFORT
  • Site de AVALFORT

 

Fortiff'Séré Association

 

Pour en savoir plus.

Le Fort Benoit

Fort-Benoit_logo.jpgLe Fort Benoit

 

par André Guyard

 

 

 

 

L'ensemble des fortifications post-Vauban de Besançon fait l'objet de toutes les attentions de l'Association Avalfort qui restaure, entretient, protège ce patrimoine militaire et le fait connaître par des conférences et des visites. C'est à l'issue d'une de ces visites encadrée par le Commandant Pascal Ducros et le Capitaine Roland Bois que j'ai rédigé cette note à partir des explications fournies par ces deux spécialistes que je tiens à remercier ici.

 

Ce fort est situé au Nord-Est de Besançon à une altitude de 364 m. Érigé à la suite de la guerre de 1870-1871, c'est une construction qui appartient à la ceinture de sécurité Séré de Rivières protégeant la ville de Besançon.  Il doit son nom au colonel Benoit, directeur des fortifications de Besançon en 1870.

 

Propriété de la ville de Besançon, ce fort est entretenu par deux associations de tir qui ont installé des stands et des parcours de tir dans différentes parties de l'ouvrage et dans les fossés. Son magasin à poudre caverne situé à Fontaine-Argent a été creusé en 1889. Devant l'entrée, la place de retournement des chariots est toujours visible.

 

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Plan de situation du Fort Benoit (Document Google maps)

 

L'ouvrage domine de plus de 60 mètres la zone commerciale de Chalezeule et de plus de 120 mètres la plaine de Thise. Il barre la direction de Belfort. À cheval sur les communes de Besançon et de Chalezeule, ce fort sera construit de 1873 à 1880, à l'emplacement de la redoute de Palente (ouvrage de circonstance établi en 1870).

 

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Vue satellite et plan du Fort Benoit

 

Il est entouré de larges fossés défendus par des caponnières doubles. L'escarpe détachée est percée de créneaux pour le tir d'infanterie depuis le chemin de ronde qui est décaissé et ainsi protégé. Le terrain naturel étant bombé, le fantassin qui fait le tour est à l'abri.

 

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Vue du fossé Ouest. On distingue à gauche le mur

muni d'embrasures protégeant le chemin de ronde

 

Fort-Benoit_35-36-Fossé-Ouest-angle-arrondi-fossé-Sud-.jpg

Fossé Ouest et angle arrondi avec le fossé Sud

 

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Le fossé Sud montre des vestiges d'une barrière métallique

 

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Entrée du fort vue de l'extérieur

 

Un pont-levis barrait l'entrée. De part et d'autre de l'entrée, on aperçoit l'embrasure d'une ouverture où se trouvait un réa permettant le passage d'une chaîne et le relevage du pont.

 

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Entrée du fort vue de l'intérieur

 

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Orifice de passage de la chaîne de relevage du pont-levis (flèche)

et embrasure de la salle de garde (à droite)

 

On pouvait également blinder les ouvertures avec des sacs de défense.

 

Fort-Benoit_12-parement-de-protection-pour-une-ouverture-450.jpg

Les fenêtres de la salle de garde (extérieur à gauche et intérieur à droite)

pouvaient être protégées par des planches ou des sacs de défense

 

La caserne présente deux niveaux. Le parapet du fort comprend 10 emplacements de pièces d'artillerie. Le mur bahut contenant la terre des parapets est en ciment préfabriqué (comme aux forts de Planoise, de Fontain et de Chailluz).

 

Fort-Benoit_07-cheminement-puits-de-lumière-450.jpg

Une traverse-abri et un puits de lumière

 

Les traverses-abris sont éclairées par des puits de lumière. La voûte est formée de pierres clavées plus étroites en bas qu'au sommet. L'appareil des pierres de construction est remarquable et couvert d'une chape qui ne tolère aucune infiltration.

 

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Cheminement protégé et passage vers l'extérieur

 

Fort-Benoit_18-sortie-d'un-cheminement-protégé-450.jpg

Sortie d'un cheminement

 

Fort-Benoit_06-escalier-vers-les-salles-enterrées-450.jpg

Descente vers le casernement

 

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Un dortoir

 

Le casernement est vaste et comporte différents dortoirs voûtés qui étaient chauffés chacun par deux poêles. À l'étage inférieur se trouvent les latrines.

 

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Conduit de cheminée et passe-plats

 

Un vestibule permet de décharger les chariots qui amenaient et qui avaient accès à une petite cour. Les portes extérieures étaient blindées par une feuille de métal et possédaient trois serrures dont trois personnes différentes détenaient les clés. La poudre et les munitions étaient emmagasinées dans un magasin à poudre dont la porte avait des gonds en bronze pour éviter toute étincelle. On pouvait stocker 50 tonnes de poudre noire en vrac, en disques dans des tubes, en lamelles dans des boîtes, en coups complets prêts à être tirés. Les charges (gargousses) étaient définies d'avance (0,5 kg) et réparties en nombre différent dans les obus pour varier la portée des projectiles. Des cheminées d'aération permettaient de maintenir la poudre sans altération.

 

On emprunte un escalier pour descendre dans l'une des deux caponnières doubles qui balaient les fossés de leurs tirs.

 

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Descente vers une caponnière double

 

Fort-Benoit_26-couloir-conduisant-aux-postes-d'artillerie-450.jpg

Couloir d'accès à une caponnière double

 

De chaque côté de la caponnière, une pièce de canon 12 culasse qui balaie chaque fossé. Cette pièce d'artillerie est juchée sur un socle horizontal appelé lissoir directeur qui se fixe à une cheville ouvrière évitant ainsi de ne pas bouger au moment du recul du canon. Sous la cheville ouvrière, il existe une plateforme trapézoïdale en ciment.

 

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Les ouvertures des canons 12 culasse sont désormais obturées

 

 Chaque fenêtre supérieure est utilisable par un canon revolver, ancêtre de la mitrailleuse. Cet engin est formé de cinq tubes de 40 mm rayés chacun avec un pas différent. Ces tubes tournent avec une manivelle. De sorte que le tir produira une gerbe de 12 m de diamètre qui balaie l'ensemble du fossé.

 

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Détail d'une caponnière. Embrasures permettant de couvrir le fossé (à gauche)

Au ras du sol, ouverture pour projeter des grenades dans le fossé (à droite)

 

Des ouvertures au ras du sol permettent de balancer des grenades dans le fossé. En avant de la caponnière, il existe un fossé diamant (surcreusement du fossé rendant plus délicate la position de l'ennemi et destiné à recueillir les débris au cas où un coup malheureux de l'adversaire aurait pu obture les embrasures).

 

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Caponnière double vue de l'extérieur

 

Fort-Benoit-caponnière-double-extérieur-détail_450.jpg

Détail de l'ouverture du canon 12 culasse et

des deux ouvertures des canons révolvers

 

À l'extérieur, de chaque côté de la caponnière, un escalier de flanquement permet de descendre le long de la façade de la caponnière pour pallier une infiltration ennemie.

 

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Magasins s'ouvrant dans l'espace interne du fort

 

À l'extérieur des casernements dans l'espace interne, il existe toute une série de magasins pour abriter du matériel, du personnel, un magasin à munitions confectionnées et un autre destiné aux munitions de la journée. Une rampe à canons permettait la mise en place de l'artillerie.

 

À l'extrémité d'une traverse se trouve un monticule en pierres qui forme un petit parapet en demi-rond qui constitue un poste d'observation qu'on atteint avec une échelle métallique.

 

Le fort compte une batterie annexe protégeant le fort du côté de Chalezeule et de Montfaucon. Un abri extérieur permettant d'abriter l'équipage qui n'est pas au feu.

 

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Abri extérieur côté Chalezeule