03/02/2010
La Perche du Doubs
La Perche
Perca fluviatilis Linné, 1758
Famille des Percidés
par André Guyard
Au cours d'une campagne d'échantillonnages du peuplement ichtyologique du cours inférieur du Doubs entre Voujeaucourt et Crissey (Doubs), nous avons été amenés à étudier les populations de poissons les plus représentatives de ce peuplement, aussi bien dans le cours du Doubs proprement dit que dans la partie du canal du Rhône au Rhin (canal Freycinet) qui le jouxte dans cette partie. Le présent article s'intéresse à la Perche que l'on rencontre dans les eaux libres et stagnantes.
Chez les Percidés, la nageoire dorsale est divisée en deux parties : une antérieure à rayons épineux, et une postérieure à rayons mous. L'opercule comporte une ou plusieurs épines. Les écailles sont rudes au toucher. La ligne latérale est présente et la vessie natatoire est dépourvue de canal pneumatique.
Le corps de la Perche est haut, le dos, un peu bossu, est gris-vert, les flancs plus clairs portent 6 à 9 bandes transversales sombres et le ventre est blanc-rouge. En général le mâle a des couleurs plus vives.
Les nageoires pelviennes et anale sont rouges. Les deux nageoires dorsales sont séparées, la première porte une tache noire et 13 à 16 rayons épineux, la seconde 1 à 2 rayons épineux et 13 à 16 rayons branchus. Le bord antérieur de l'opercule forme un aiguillon.
La taille varie de 20 à 50 cm. À 8-10 ans, la Perche mesure 25 cm et pèse 0,2 kg ; très rarement elle atteint 50 cm pour un poids de 3,5 kg.
La Perche est susceptible d'être rencontrée dans toutes les eaux libres et stagnantes à une altitude inférieure à 1000 m et qui présentent de bonnes conditions d'oxygénation (plus de 3 ml d'oxygène au litre).
C'est un poisson sédentaire, qui vit souvent en bancs comprenant des individus d'âge et de taille différents. En gros, on peut distinguer la Perche richement colorée des eaux peu profondes et riches en végétation, et la Perche peu colorée des eaux profondes à fond nu, où elle atteint une profondeur de 50 m, pour peu que l'oxygène soit suffisant. Dans les plus grands lacs, on trouve des Perches qui mènent une vie pélagique.
La Perche se nourrit de larves d'insectes, de crustacés d'eau douce, de jeunes écrevisses et occasionnellement d'œufs de poissons. Les grandes perches sont des chasseurs solitaires qui mangent de petits gardons, des brèmes, etc. À cause de sa grande abondance, la Perche elle-même sert de nourriture au Sandre et au Brochet. Les perches fortement colorées en jaune rouge doivent cette teinte à une nourriture elle-même colorée en rouge par des caroténoïdes contenus dans les crustacés et ont migré à l'intérieur des cellules cutanées des perches.
Avant la fraie, des emplacements sont souvent choisis en eau peu profonde et dans une riche végétation abondante, ou sur des emplacements pourvus de racines, de fascines ou de petites branches, mais elle peut avoir lieu en eau plus profonde, surtout sur sol pierreux. La fraie a lieu d'avril à juin dans une eau de 7 à 8°C. Les ovules (1,5 à 2 mm) sont déposés en longs rubans gélatineux dans la végétation des eaux peu profondes. Ils sont au nombre de 4 000 à 300 000 selon la taille des femelles. Ils sont tous pondus au même moment, et éclosent au bout de 2 à 3 semaines. L'incubation dure de 15 à 20 jours. Les jeunes vivent en bancs alors que les adultes sont plutôts solitaires. Après la disparition de la vésicule, les jeunes se nourrissent de zooplancton, c'est pourquoi ils gagnent les strates supérieures des lacs. Lorsqu'ils ont de 15 à 20 mm, ils rejoignent la zone littorale, où ils se rassemblent en grands bancs.
Les mâles sont matures à 2 ou 3 ans, et les femelles de 1 à 3 ans plus tard, lorsqu'elles ont une longueur de 15 à 25 cm.
La Perche est autochtone dans le Nord de la France, elle s'est étendue ensuite vers le Sud et l'Ouest à la faveur des canaux : elle a notamment colonisé l'Hérault par le canal du midi (Moreau, 1881) puis le bassin de la Garonne (Spillmann, 1961). Elle semble actuellement absente du Finistère.
perches dans le Doubs
Échantillon moyen de la population de
perches dans le canal Freycinet
La comparaison des deux histogrammes ci-dessus permet de constater que les populations de perches sont trois fois plus nombreuses dans le Doubs que dans le canal.
D'après le graphe ci-dessus, les populations de perches se répartissent entre Doubs et canal avec une nette préférence pour la rivière.
Sources :
- Allardi J. & Keith Ph. (1991). - Atlas préliminaire des poissons d'eau douce, 234 p.
- Guyard A. et coll. (1992) - Inventaire du peuplement ichtyologique du cours du Doubs et du canal du Rhône au Rhin entre Voujeaucourt et Crissey. Rapport d'étude pour le compte de la CNR (73 pages + annexes).
- Muus B. J., Dahlstrom P. (1968). - Guide des poissons d'eau douce et pêche, 248 p. Delachaux et Niestlé Ed.
16:30 Publié dans Poissons | Tags : perche, poissons, doubs, pêche | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
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