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07/04/2019

Analyse de l'ADN cellule par cellule

L'analyse de l'ADN cellule par cellule

 

Selon Science, l'analyse ADN cellule par cellule est la "Découverte de l'année" 2018

 

Par Sciences et Avenir avec AFP le 21.12.2018 à 14h51

 

Les nouvelles technologies révélant la façon dont l'ADN envoie un signal à chacune des cellules pour que ces dernières se développent à travers le temps ont été qualifiées jeudi 20 décembre 2018 de "Découverte de l'année" 2018 par le magazine américain Science.

 

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Le ver Caenorhabditis elegans, dont l'ADN a été cartographié cellule par cellule grâce à la "Découverte de l'année" 2018 selon le magazine Science. NASA AMES RESEARCH CENTER/AFP/ARCHIVES - VOLKER KERN

 

INNOVATION. Selon les experts, de nouvelles méthodes pour étudier l'ADN vont transformer la science au cours des prochaines décennies, en permettant de dresser un tableau de plus en plus précis des processus de vieillissement, de guérison et des maladies. "Tout comme une partition musicale indique quand les cordes, les cuivres, les percussions et les instruments à vent doivent jouer pour créer une symphonie, une association de technologies révèle quand les gènes de chaque cellule s'activent pour donner le signal aux cellules de jouer leur rôle spécialisé", a estimé le magazine Science. Ce dernier décerne à ces techniques le titre de "découverte de l'année 2018". "Le résultat est une capacité à suivre le développement des organismes et des organes à un niveau de précision époustouflant, cellule par cellule et à travers le temps", a-t-il poursuivi.

 

De multiples applications possibles

 

Les méthodes modernes s'appuient sur les travaux du prix Nobel de médecine 2002, John Sulston, et de ses collègues "qui ont cartographié le développement d'un ver, le Caenorhabditis elegans, en observant minutieusement au microscope les larves se développer cellule par cellule, a expliqué Jeremy Berg, rédacteur en chef des revues du groupe Science. Avec les technologies actuelles, en particulier le séquençage en parallèle de l'ADN à grande échelle et la microscopie en fluorescence avancée, les cellules du C. elegans ont de nouveau été cartographiées en utilisant des méthodes d'identification-analyse-assemblage basées sur le modèle comportemental des gènes au sein de chaque cellule."

 

Des articles ont été publiés cette année sur la façon dont un ver plat, un poisson, une grenouille et d'autres organismes commencent à fabriquer organes et membres. Les scientifiques travaillent d'arrache-pied dans le monde entier sur la façon d'utiliser ces techniques sur des cellules humaines : la façon dont elles vieillissent et se régénèrent, mais aussi les altérations causant cancer, diabète ou autres malformations physiques.

 

"La révolution unicellulaire ne fait que commencer"

 

Le consortium international Human Cell Atlas identifie "chaque type de cellule humaine, où chaque type de cellule se trouve dans le corps et la façon dont les cellules oeuvrent ensemble pour former tissus et organes", selon Science. Et le consortium LifeTime, groupe de 53 institutions et 60 entreprises en Europe, étudie cellule par cellule la façon dont les tissus développent cancer, diabète et autres maladies. "La révolution unicellulaire ne fait que commencer", affirme l'article publié dans Science par l'Association américaine pour l'avancement de la science (AAAS). Le vainqueur du titre de "Découverte de l'année" a été désigné par les lecteurs de la revue sur internet, parmi une dizaine de percées scientifiques proposées. La recherche au niveau cellulaire s'est nettement détachée sur les quelque 12.000 votes exprimés.

 

Génétique récréative

Génétique récréative

 

Déterminer son profil ADBN, un jeu ?

 

Article publié dans "En Direct", le journal de la Recherche et du transfert de l'Arc jurassien pp. 7-8 ,n° 280 – janvier-février 2019

 

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Cliché DR

 

Est-il inscrit dans vos gènes que vous avez du talent pour la musique ? Connaître votre profil ADN vous aiderait-il à perdre du poids ? Et si vos ancêtres étaient écossais et pas russes ? Censée dévoiler une part de nos mystères, la génétique récréative concerne tout ce qui a trait à l'ADN, sans visée médicale. Elle amuse, pique la curiosité, et ses adeptes ne boudent pas leur plaisir. Ils sont des millions aux États-Unis à interroger leur génome par l'intermédiaire de sociétés spécialisées, une démarche impossible en France ou en Suisse, où les tests génétiques récréatifs sont actuellement interdits par la loi. Il est cependant très facile d'en réaliser par le biais d'Internet, et il suffit d'un prélèvement de salive pour en apprendre long sur sa lignée. C'est du moins ce que vantent les entreprises spécialisées dans ce domaine.

 

Cependant, les scientifiques mettent en garde contre des méthodes pas toujours rigoureuses et des résultats à la fiabilité discutable ; ils pointent aussi le doigt sur l'usage qui peut, ou pourrait être fait à l'avenir, de données personnelles bien moins anodines qu'on pourrait le croire. Les multiples questions que soulève la pratique de la génétique récréative étaient au cœur d'un café scientifique organisé en novembre dernier à l'université de Neuchâtel et animé par des spécialistes du droit en Suisse, au moment où la loi sur l'analyse génétique humaine (LAGH) fait l'objet d'une importante révision dans ce pays.

 

Une loi s'efforçant de suivre une évolution marquée par de grands progrès technologiques. Aux débuts des premières analyses génétiques, le séquençage complet du génome humain a représenté un investissement de l'ordre de trois milliards de dollars. Aujourd'hui mille euros sont suffisants pour obtenir un génome entier. Les offres de tests à un prix tout à fait abordable se multiplient sur la toile et font même l'objet de promotions alléchantes lors du Black Friday ! Un business model aux arguments marketing très convaincants…

 

BUSINESS MODEL INTERNATIONAL

 

Le caractère un peu poudre aux yeux et apparemment inoffensif des résultats ne doit cependant pas masquer un enjeu plus important, celui de l'utilisation des données à d'autres fins que des recherches ludiques et personnelles. Les données peuvent intéresser la police (génétique forensique[1]), les assurances, les firmes pharmaceutiques ou encore les entreprises qui veulent atteindre le marché de la médecine personnalisée, des développements laissant craindre certaines dérives ou discriminations. La législation actuelle est très attentive et protège le droit des personnes.

 

Mais elle est impuissante à contrer les effets de la transnationalité d'un phénomène et d'un business en plein essor. Une loi à l'échelle européenne permettrait-elle d'en garder un tant soit peu la maîtrise ? Qui peut dire comment vont évoluer les législations et si les données seront toujours protégées dans dix ou vingt ans ?

 

Les scientifiques rappellent que les informations provenant du génome ont une durée de vie bien supérieure à celle d'un humain. Preuve en est la détection de gènes de l'homme de Neandertal jusque dans les génomes contemporains.

 

Ils avancent un chiffre également révélateur, résultat d'une étude scientifique parue dans Science : si 2 % de la population passait un test génétique, on aurait accès à l'ensemble de la population. Car si le génome nous est propre, on en partage les caractéristiques avec notre famille et toutes ses ramifications, et cela à très long terme.

 

Contact :

 

Institut du droit de la santé

Université de Neuchâtel

Dominique Sprumont

Tél.+41 (0)32 718 12 96

Dominique.sprumont@unine.ch

 

[1] "Génétique récréative : un plaisir payant ?" Café scientifique du 21 novembre 2018, avec Vincent Castefla, généticien forensique, Centre universitaire romand de médecine légale ; Frédéric Erard, avocat, assistant-doctorant spécialisé dans le secret médical, université de Neuchâtel, Peter Forster, juriste, division droit, Office fédéral de la santé publique ; Dominique Sprumont, président de la Commission vaudoise d'éthique de la recherche sur l'être humain, directeur adjoint de l'institut du droit de la santé, université de Neuchâtel.