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11/05/2014

La chienne et le bébé mésange

La chienne et le bébé mésange

 

La prise de risque est immense pour les oisillons qui prennent leur envol pour la première fois ! Témoin cette menue mésange charbonnière. Mais la chienne intriguée par cette petite boule de plumes ne lui fera aucun mal.

 

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09/05/2014

Les forts qui entourent la ville de Besançon (1)

Citadelle-nuit-200.jpgLes forts qui entourent la ville de Besançon (1)

 

© Michel Marlin

 

Les fortifications de Besançon sont célèbres dans le monde entier par suite du classement au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2008 de la Citadelle remaniée par Vauban lors de la conquête de la Franche-Comté par la France, et classée au patrimoine de l'UNESCO. De l'époque de Vauban datent également le fort Griffon ainsi qu'une série d'ouvrages assurant la défense immédiate de la ville : remparts et ouvrages de la couronne urbaine.

 

 Si l'ensemble de l'œuvre de Vauban à Besançon, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO est l'objet de toutes les attentions de la municipalité, il semble logique que la collectivité s'intéresse également à son patrimoine fortifié plus récent, preuve de son passé militaire important. C'est dans ce sens que, à l'initiative de Jean Rosselot[1] et du Commandant Pascal Ducros[2], une association s'est créée en 2009 pour sauvegarder cet ensemble remarquable : il s'agit d'AVALFORT. L'association présidée par le Commandant Pascal Ducros œuvre à la restauration de nombreux sites, se fait connaître par des conférences, l'encadrement de visites et des manifestations diverses. Les notes qui suivent sont empruntées aux textes d'une conférence donnée par Pascal Ducros illustrant une exposition itinérante qui circule à la demande d'autres associations intéressées.



[1] Maître de conférence honoraire de droit public à l'Université de Franche-Comté.

[2] Pascal Ducros est l'actuel président de l'Association AVALFORT.

 

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La Citadelle de Besançon vue du ciel © Laurent Cornet

 

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La Citadelle de Besançon vue du Parc Micaud © André Guyard

 

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La Citadelle de Besançon, front de secours © André Guyard

 

Au fur et à mesure des progrès de l'artillerie, il a fallu prévoir au cours des siècles une série d'ouvrages militaires de défense de la ville formant une série de ceintures de plus en plus éloignés.

 

Un siècle après Vauban, les travaux de fortification reprennent.

 

À la Révolution, quatre lunettes (ouvrages avancés) sont bâties : Tousey, Trois Châtels, Beauregard, Chaudanne.

 

Entre 1825 et 1851, trois forts sont érigés sur les collines de Chaudanne, Beauregard et Bregille. Lors de la guerre de 1870, une quinzaine d'ouvrages défensifs de circonstance sont construits à la hâte, sur les hauteurs dominant la ville

 

- Pendant la guerre de 1870-1871, 13 ouvrages sont édifiés sur les principales hauteurs dans l'urgence : redoute de Montfaucon, fort des Justices, forts de l'Est et Ouest des Buis, batterie du Rosemont...

 

 

De 1874 à 1880, le général Séré de Rivières constitue le camp retranché de Besançon en faisant bâtir dix forts ou batteries d'artillerie, souvent à l'emplacement des ouvrages de circonstance de 1870 : les forts de Montfaucon, des Montboucons, de Chailluz, de Châtillon-le-Duc, de Fontain, le fort Benoit, le fort de Planoise et les batteries d'Arguel, de Miserey, des Tilleroyes. Ainsi, le camp retranché bisontin fait partie de la ligne de défense Séré de Rivières allant de la mer du Nord à la Méditerranée.

 

Entre 1885 et 1891, un renforcement du camp retranché de Besançon s'avère indispensable. Plusieurs ouvrages, neuf abris sous roc et vingt-trois magasins à poudre seront creusés dont 4 ouvrages sur la crête de Pouilley, à Franois et à Pugey.

 

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Ainsi, sur tous les points hauts, de cinq à dix kilomètres de la Boucle, des forts ont été érigés, créant le camp retranché de Besançon, complétés par des ouvrages secondaires. Ces ouvrages insolites et souvent mystérieux offrent des points de vue superbes sur la ville et la campagne environnante.

 

Ces ouvrages militaires sont essentiellement installés sur les hauteurs de Besançon, mais également sur celles des communes de la première couronne (Montfaucon, Fontain, Arguel, Pugey, Avanne, Franois, Pouilley, Miserey, Châtillon, Chalezeule). Avec les magasins à poudre de Serre-les-Sapins, Pirey et Morre, quatorze communes sont concernées.

 

Ces constructions remarquables et de qualité, sont positionnées sur des sites exceptionnels. Elles sont principalement la propriété des communes. Trois restent militaires (fort Neuf de Montfaucon, fort des Justices et fort des Montboucons). Quatre ont été achetés par des propriétaires privés respectueux de leurs sites (Lunettes de Tousey et de Trois-Châtels, Forts de Fontain et de Châtillon).

 

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© panneau d'exposition Avalfort

 

Si la moitié d'entre eux est en bon état de conservation, d'autres sont en ruine, la nature ayant repris ses droits, les buissons et arbres ont investi les ouvrages abandonnés et le gel a délité les parements. Les eaux de ruissellement dégradent les constructions (Ouvrage "Au Bois" à Franois, Rosemont et Les Buis à Besançon,...). Certains ouvrages servent de carrière de pierres. Ces forts sont encore visibles, mais pour combien de temps ?

 

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Place forte de Besançon

Ouvrages-fortifiés-de-Besançon-450.jpg

Source Avalfort

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Source Avalfort

 

I. Les forts du cœur de ville et la ceinture fortifiée

 

1. La protection de la boucle

 

Rappelons que le cœur de ville a été classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2008. Il comporte : la citadelle (1668-1683), l'enceinte de Battant et le fort Griffon, l'enceinte de la boucle (1675-1695). Autres constructions plus récentes : les magasins à poudre de Chamars (1833-1834), le magasin à poudre caverne de Malpas (1891) et celui de la porte Notre-Dame (l880).

 

2. Le premier élargissement

 

2.1. À l'avant devant le front de secours de la Citadelle

 

Lunette_de_Trois-Châtels-200.jpg* Lunette de Trois-Châtels : fort Rostaing

Altitude 360 m. Inscrit à l'inventaire des sites en 1944 et monument historique en 1995. Cet ouvrage construit en 1791 à l'avant de la citadelle, couvre le front de secours. Ce retranchement, composé d'une tour-réduit de sûreté et d'un fossé battu par une casemate à feux de revers, est fort original. Des aménagements ont été effectués en 1827 (chemin couvert). Son propriétaire restaure le fort.

 Source DR

 

 

Lunette_de_Tousey-200.jpg* Lunette de Tousey : fort d'Arçon

Altitude 360 m. Jumeau du précédent, le propriétaire a transformé l'ensemble en une belle habitation aux multiples jardins en terrasse.

Source DR

 

 

 

 

 

 

 

 

Citadelle-lunette-3châtels-200.jpg*  Retranchement avancé à Trois-Châtels

 

© André Guyard

 

 

 

 

 

 

 

 

 2.2.  Collines voisines fortifiées (propriété de la ville)

 

Fort-de-Bregille-200.jpg* Fort de Bregille : fort Morand

 Altitude 446 m. Inscrit à l'Inventaire des sites en 1934, Construit entre 1825 et 1837, le fort a reçu plusieurs aménagements en 1865-1870 et 1879. Il contrôle la ville et le Doubs en amont, veille sur la citadelle et tient la colline. L'ouvrage compte 5 bastions reliés par des courtines et possédant chacun son magasin à poudre. Un profond fossé entoure l'ensemble avec un chemin couvert au nord et à l'est. La caserne compte 3 niveaux. Un magasin à poudre est placé sous chaque bastion. Source DR

 

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Fort de Bregille vu de la Citadelle © André Guyard

 

 

Fort-de-Beauregard-200.jpg* Fort de Beauregard

Altitude 314 m, inscrit à l'inventaire des sites en 1944. Une lunette d'Arçon est commencée en 1791, Les travaux sont interrompus et reprendront vers 1841. Construite en 1848, la caserne à 2 étages domine la ville de 90 mètres. Le fort sera légèrement modifié en 1870. Ouvrage original. Il est entouré par un fossé sur trois côtés et un à pic côté ville. Il protège le flanc de Bregille et la rive droite du Doubs au plus près.

 

Fort-de-Chaudanne-200.jpg* Fort de Chaudanne : fort Baudrand

Altitude 422 m. Inscrit à l'inventaire des sites en 1942 et monument historique en 1996 Le fort construit entre 1842 et 1844 a conservé la tour-réduit de sûreté de la lunette d'Arçon de 179l. Il compte 5 bastionss, reliés par des courtines, un fossé l'entoure sur 3 côtés, comblé devant la porte. La caserne compte 3 niveaux. L'importante cour, comporte plusieurs constructions dont le magasin à poudre du temps de paix.

En symétrie du fort de Bregille, il contrôle la ville et le Doubs en en aval, veille sur la citadelle et tient la colline. Un magasin à poudre caverne a été établi sous l'esplanade, côté ville en 1882.

 

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Fort de Chaudanne vu de la Citadelle © André Guyard

 

* Fort du Petit Chaudanne : fort Gérin

Altitude 368 m. Inscrit à l'inventaire des sites en 1944 (mais en ruine). Réalisé en 185l, c'est un petit ouvrage carré, semi permanent, les fossés creusés dans le roc. Il renforce la sécurité du fort Chaudanne et protège Chamars et Battant de ses feux en enfilade. Il a été réaménagé en 1869-70. Le fort est en ruine, un pylône d'antenne occupe son sommet.

 

3. Le second élargissement

 

3.1. Au Nord

 

Batterie-de-la-ferme-de-l'Hôpital-200.jpg* Batterie de la ferme de l'Hôpital: fort Bouchet

Altitude 334 m, L'ouvrage construit en 1878 et 1879 est entouré d'un fossé creusé dans la roche. Il se compose de 3 traverses abris et d'un poste de garde avec meurtrières. La batterie renforçait le contrôle des directions de Gray et Dijon et couvrait les forts voisins. À 400 m un magasin à poudre caverne a été creusé en 1889 L'ouvrage en assez mauvais état est la propriété de l'hôpital de Besançon (centre de soin des Tilleroyes).

©Pascal Ducros

 

 

 

Fort-des-Justice-début-XXe-200.jpg* Fort des Justices : fort Pajol

Altitude 343 m. Élevé à la hâte lors de la guerre de 1870, il est de forme rectangulaire, au tracé bastionné entouré d'un fossé avec 2 tenailles. Il comptait 20 canons qui battaient de leurs feux la route de Vesoul, la voie ferrée et flanquaient le fort des Montboucons. En 1872, 3 magasins à poudre sont réalisés. En 1980, le service du Génie y construit un casernement de gendarmerie, abritant l'état-major de région, un escadron de gardes mobiles et plus de 250 logements. Les constructions en sous-sol subsistent ainsi que quelques parties des fossés. Source DR

 

 

Fort-des-Montboucons-200.jpg* Fort des Montboucons : fort Ferrand

Altitude 373 m. Construit de 1877 à 1880 aux abords d'une redoute de 1870, le fort quadrangulaire est entouré d'un profond fossé. Il se compose d'un parapet avec banquette d'infanterie et emplacements d'artillerie, d'une batterie haute pour 10 pièces lourdes, d'une caserne faisant réduit séparé par un fossé étroit. Une longue traverse abri relie la caserne-réduit au front de tête. Le fort est flanqué de deux batteries annexes. L'ensemble protégeait les axes de Vesoul, Langres et Gray. la voie ferrée de Dijon. Le magasin à poudre caverne a été creusé en 1889. Le fort est toujours militaire. Ouvrage débroussaillé par le 19e Génie en mai-juin 2014. ©Pascal Ducros

 

3.2. Au Sud

 

* Fort de l'Est des Buis : fort Montbarrey

Altitude 490 m. Inscrit à l'inventaire des sites. Ouvrage de circonstance construit à la hâte en 1870, il est de forme hexagonale. Les fossés et emplacements de pièces sont creusés dans la roche. Au nord, il domine Besançon-Est et le Doubs et au sud la vallée des Mercureaux. Il constitue la couverture avant de la Citadelle avec le fort de l'Ouest des Buis, son jumeau. Un magasin à poudre caverne est creusé en 1886. Seuls le fossé et quelques vestiges sont perceptibles, Le hangar d'artillerie du fort est encore visible. Après la 2e guerre mondiale, le fort est cédé à l'association diocésaine de Besançon qui y édifie le mémorial Notre-Dame de la Libération.

 

Fort-des-Buis-ouest-magasin-à-poudre-200.jpg* Fort de l'Ouest des Buis : fort Michaud

Altitude 493 m. Jumeau du précédent. II constitue la couverture avant la citadelle. Son magasin à poudre caverne a été creusé en 1886 à 100 m du fort. Il est en très mauvais état, seul le fossé est encore visible.

 

© André Guyard

 

 

 

 

 

 

Fort-de-Fontain-200.jpg* Batterie du Rosemont : fort Verne

Altitude 465 m. Inscrit à l'inventaire des sites en 1944, il fait suite à l'ouvrage de circonstance construit en 1870 au sommet de la colline du Rosemont. La batterie est de forme ovale avec fossé. Les positions d'artillerie sont établies sur des banquettes. Elle domine au sud la vallée du Doubs et Beure, surveille la voie ferrée venant de Dijon et assure la couverture des forts voisins. Le magasin à poudre semi-enterré, situé en contre-bas a été creusé en 1879-80. La batterie du Rosemont est en très mauvais état. © Source DR

 

 

Fort-de-Planoise-200.jpg* Centre de résistance de Planoise : fort Moncey

Altitude 459 m. Réalisé au sommet de la colline de Planoise, il présente un ensemble exceptionnel, puissant et redoutable. Le fort est construit entre 1877 et 1880 et les abris sous roc en 1891-1892. Une batterie de mortier de 220 avec traverses abris et magasins est installée au centre et 2 batteries classiques au sud-ouest. Le fort est un quadrilatère avec une cour intérieure et on accédait à l'intérieur par un pont-levis à la poncelet.

Les fossés étaient défendus par une caponnière double et un coffre double de contrescarpe. Les dessus du fort sont occupés par des banquettes d'infanterie et une banquette d'artillerie.

Il surplombe la vallée du Doubs de 200 m et les accès ouest de la ville. Le magasin à poudre caverne est creusé dans la falaise en 1888-89. ©Pascal Ducros

 

3.3. Les forts extérieurs au Nord

 

* Ouvrage de "Au Bois"

Altitude 311 m. Il s'agit d'une fortification construite en 1891/92 battant de ses feux la route et la vole ferrée venant de Dijon. De forme polygonale, l'ouvrage est composé d'un réduit d'infanterie encadré par deux batteries d'artillerie. 2 magasins à poudre caverne sont construits en 1889 à proximité (de la Prabé et de Serre-les-Sapins). Le site appartient à la commune de Franois. L'ensemble est en mauvais état.

 

* Ouvrages de la Crête de Pouilley

Pouilley-les-Vignes-01-200.jpgAltitude entre 329 et 348 m. Fortification semi-permanente battant de ses feux la direction Vesoul et Gray (route et voie ferrée). Elle surplombe les alentours de près de 100 mètres. Construits entre 1888 et 1893, ils se composent de 4 ensembles comprenant : un réduit d'infanterie entouré d'un fossé, une batterie (à 1, 3 ou 4 emplacements de canons), avec, en-dessous, un abri sous roc à 4 casemates maçonnées, dont une avec citerne en sous-sol. Ils sont disséminés sur la crête, sur plus d'un kilomètre et demi. Le magasin à poudre caverne bâti en 1889 est à Pirey. L'ensemble est propriété de la commune de Pouilley-les-Vignes qui a aménagé un circuit de promenade avec sentier botanique et parcours de sport. Les abris sous roc sont en bon état, un seul est accessible par un escalier. En avant de l'ouvrage, on peut découvrir des trous individuels. ©Source DR

 

Fort-de-Chailluz-200.jpg* Fort de Chailluz (fort Kirgener)

Altitude 619 m. Sur la crête nord de Besançon, en forêt, le fort domine la vallée de l'Ognon de 400 mètres. Isolé à l'extrême nord du camp retranché, c'est un fort d'arrêt, pièce maîtresse du système de défense Puissant et protégé par des fossés profonds, il borde la falaise au nord. Il compte 10 emplacements de canon, avec traverse abri. Les angles abritent des caponnières. Il est protégés par des banquettes d'infanterie et d'artillerie. Les mouvements de terrain permettent les tirs d'artillerie. ©Source DR

 

Un poste optique est installé au-dessus du casernement et de l'entrée. Il est flanqué par une batterie à l'Est et une batterie à l'Ouest.

Accessible par un grand escalier, un casernement en béton est creusé dans le fossé. Il contient des chablis avec des lits à double étage. Pendant la dernière guerre, cet ouvrage fut canonné par les Allemands pour en tester la résistance.

Au centre, la caserne est protégée par des merlons de terre. Aux angles sud, 2 caponnières doubles défendent les fossés. Au Nord-Ouest, une batterie annexe renforce le dispositif. Il est alimenté par 3 magasins à poudre : la Charrière du fort (1886/92) situé à 500 mètres du fort, la Fourche de Chailluz (1889), les Montarmots (1889).

 

Fort-Benoit_200.jpg* Fort Benoit (voir une description plus précise dans ce même blog)

Altitude 364 m (du nom du colonel Benoit, directeur des fortifications de Besançon en 1870).

L'ouvrage domine de plus de 60 mètres la zone commerciale de Chalezeule et de plus de 120 mètres la plaine de Thise. Il barre la direction de Belfort. À cheval sur les communes de Besançon et de Chalezeule, ce fort sera construit de 1873 à 1880, à l'emplacement de la redoute de Palente (ouvrage de circonstance établi en 1870).

 

Il est entouré de larges fossés, défendus par des caponnières doubles. L'escarpe détachée est percée de créneaux pour le tir d'infanterie. Un pont-levis barrait l'entrée.

La caserne a 2 niveaux. Le parapet du tort comprend 10 emplacements de pièces d'artillerie. Le mur bahut contenant la terre des parapets est en béton armé préformé.

Le fort compte une batterie annexe. Propriété de la ville, ce fort est entretenu par deux associations de tir qui ont installé des stands et des parcours de tir dans différentes parties de l'ouvrage et dans les fossés. Son magasin à poudre caverne, situé à Fontaine-Argent a été creusé en 1889. Devant l'entrée, la place de retournement des chariots est toujours visible.

 

* Batterie du Calvaire (fort Ferrière)

Altitude 385 m. Le site domine de 100 mètres le village de Miserey, contrôlant la route de Vesoul (N 57) et les voies ferrées de Vesoul et Gray. L'ouvrage est construit en 1877 et 1878. De forme trapézoïdale, il se compose de 4 traverses abris délimitant la position des canons (2 classiques et 2 servant de logement) et de 5 plates-formes d'artillerie. Cet ouvrage fut construit en lieu et place d'un fort dont le projet resta dans les cartons. Le fossé sur le front de tête est creusé dans la roche. Le magasin à poudre caverne de 1889, situé à quelques centaines de mètres, est bien dégradé. Le site est propriété de la commune de Miserey-Salines.

 

Fort-de-Châtillon-200.jpg* Fort de Châtillon

Attitude 443 m (Inscrit à l'inventaire des sites en 1942). Sur le promontoire surplombant la vallée de l'Ognon de plus de 230 mètres, l'armée a repoussé une importante attaque prussienne en octobre 1870. Construit entre 1875 et 1879, il est composé de 7 traverses abris, d'un corps de caserne avec citernes. Il est complété en 1989 par un magasin à poudre caverne, situé à quelque distance, et un abri sous roc creusé entre 1888 et 1892.

© Source DR

 

Pour la petite histoire, le lieutenant Philippe Pétain y a été caserné entre 1883 et 1868. Pendant la seconde guerre mondiale, le fort de Châtillon sert de camp de prisonniers.

Actuellement, il appartient à un particulier qui a déjà réalisé de nombreux travaux de réfection.

 

 

Fort-de-Montfaucon-200.jpg* Fort neuf de Montfaucon (Fort Woirol)

Protégé par un grillage. Abris, magasins. Traverse avec des positions de canons. Ce fort est domaine militaire et n'est pas visitable. © André Guyard

 

 

 

 

 

 

 

 

Redoute-Donzelot-200.jpg* La redoute de 1870, qu'on appelle aussi Vieux Fort de Montfaucon porte le nom de "Redoute Donzelot". C'est une ancienne redoute en terre aménagée à la hâte en 1870 sur laquelle on a construit des abris en maçonnerie ainsi qu'un magasin à poudre (érigé au centre de la redoute en 1872) et faisant partie intégrante du môle défensif de Montfaucon. Adossée à la falaise, la gorge donne sur un à-pic, tandis que le reste du périmètre est composé d'un fossé non défendu. En 1870, 24 canons s'y tenaient. Le Fort Donzelot actuellement occupé par TDF n'est pas accessible. 

 

 

 

 

 

 

3.4. Les forts extérieurs au Sud

 

Fort-de-Pugey-Cédric-Vaubourg-casemates-extérieur-200.jpg* Ouvrage de Pugey

Ouvrage enterré creusé entre 1890 et 1892, l'ouvrage est entouré d'un profond et large fossé.
On y accède par 2 escaliers en vis suspendu. À 10 mètres sous terre, la fortification est constituée de 4 cavernes à canon, de chambrées et magasins reliés par des galeries de communications. Ouvrage débroussaillé par le 19e Génie en mai-juin 2014.

©Cédric Vaubourg

 

 

 

 

* Fort de Fontain

Fort construit en 1874-77 pour 230 hommes et 40 pièces. Actuellement en très mauvais état.

 

Ouvrages-post-Vauban-450.jpg

Ouvrages ultérieurs à l'œuvre de Vauban (source Avalfort)

 

Sources :

 

Association AVALFORT

  • Panneaux de l'exposition
  • Conférence du Commandant Pascal Ducros
  • Visite du fort Benoit (Capitaine Roland Bois et Commandant Pascal Ducros)
  • Précisions apportées par Guy Mollaret de l'Association AVALFORT
  • Site de AVALFORT

 

Fortiff'Séré Association

 

Pour en savoir plus.

Le Fort Benoit

Fort-Benoit_logo.jpgLe Fort Benoit

 

par André Guyard

 

 

 

 

L'ensemble des fortifications post-Vauban de Besançon fait l'objet de toutes les attentions de l'Association Avalfort qui restaure, entretient, protège ce patrimoine militaire et le fait connaître par des conférences et des visites. C'est à l'issue d'une de ces visites encadrée par le Commandant Pascal Ducros et le Capitaine Roland Bois que j'ai rédigé cette note à partir des explications fournies par ces deux spécialistes que je tiens à remercier ici.

 

Ce fort est situé au Nord-Est de Besançon à une altitude de 364 m. Érigé à la suite de la guerre de 1870-1871, c'est une construction qui appartient à la ceinture de sécurité Séré de Rivières protégeant la ville de Besançon.  Il doit son nom au colonel Benoit, directeur des fortifications de Besançon en 1870.

 

Propriété de la ville de Besançon, ce fort est entretenu par deux associations de tir qui ont installé des stands et des parcours de tir dans différentes parties de l'ouvrage et dans les fossés. Son magasin à poudre caverne situé à Fontaine-Argent a été creusé en 1889. Devant l'entrée, la place de retournement des chariots est toujours visible.

 

Fort-Benoit-Carte-de-situation-450.jpg

Plan de situation du Fort Benoit (Document Google maps)

 

L'ouvrage domine de plus de 60 mètres la zone commerciale de Chalezeule et de plus de 120 mètres la plaine de Thise. Il barre la direction de Belfort. À cheval sur les communes de Besançon et de Chalezeule, ce fort sera construit de 1873 à 1880, à l'emplacement de la redoute de Palente (ouvrage de circonstance établi en 1870).

 

Fort-Benoit_42-plan+satellite-450.jpg

Vue satellite et plan du Fort Benoit

 

Il est entouré de larges fossés défendus par des caponnières doubles. L'escarpe détachée est percée de créneaux pour le tir d'infanterie depuis le chemin de ronde qui est décaissé et ainsi protégé. Le terrain naturel étant bombé, le fantassin qui fait le tour est à l'abri.

 

Fort-Benoit_02--Fossé-Ouest-vue-depuis-l'entrée-450.jpg

Vue du fossé Ouest. On distingue à gauche le mur

muni d'embrasures protégeant le chemin de ronde

 

Fort-Benoit_35-36-Fossé-Ouest-angle-arrondi-fossé-Sud-.jpg

Fossé Ouest et angle arrondi avec le fossé Sud

 

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Le fossé Sud montre des vestiges d'une barrière métallique

 

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Entrée du fort vue de l'extérieur

 

Un pont-levis barrait l'entrée. De part et d'autre de l'entrée, on aperçoit l'embrasure d'une ouverture où se trouvait un réa permettant le passage d'une chaîne et le relevage du pont.

 

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Entrée du fort vue de l'intérieur

 

Fort-Benoit_04-chaîne-pont-levis-embrasure-450.jpg

Orifice de passage de la chaîne de relevage du pont-levis (flèche)

et embrasure de la salle de garde (à droite)

 

On pouvait également blinder les ouvertures avec des sacs de défense.

 

Fort-Benoit_12-parement-de-protection-pour-une-ouverture-450.jpg

Les fenêtres de la salle de garde (extérieur à gauche et intérieur à droite)

pouvaient être protégées par des planches ou des sacs de défense

 

La caserne présente deux niveaux. Le parapet du fort comprend 10 emplacements de pièces d'artillerie. Le mur bahut contenant la terre des parapets est en ciment préfabriqué (comme aux forts de Planoise, de Fontain et de Chailluz).

 

Fort-Benoit_07-cheminement-puits-de-lumière-450.jpg

Une traverse-abri et un puits de lumière

 

Les traverses-abris sont éclairées par des puits de lumière. La voûte est formée de pierres clavées plus étroites en bas qu'au sommet. L'appareil des pierres de construction est remarquable et couvert d'une chape qui ne tolère aucune infiltration.

 

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Cheminement protégé et passage vers l'extérieur

 

Fort-Benoit_18-sortie-d'un-cheminement-protégé-450.jpg

Sortie d'un cheminement

 

Fort-Benoit_06-escalier-vers-les-salles-enterrées-450.jpg

Descente vers le casernement

 

Fort-Benoit_09-l'un-des-dortoirs-450.jpg

Un dortoir

 

Le casernement est vaste et comporte différents dortoirs voûtés qui étaient chauffés chacun par deux poêles. À l'étage inférieur se trouvent les latrines.

 

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Conduit de cheminée et passe-plats

 

Un vestibule permet de décharger les chariots qui amenaient et qui avaient accès à une petite cour. Les portes extérieures étaient blindées par une feuille de métal et possédaient trois serrures dont trois personnes différentes détenaient les clés. La poudre et les munitions étaient emmagasinées dans un magasin à poudre dont la porte avait des gonds en bronze pour éviter toute étincelle. On pouvait stocker 50 tonnes de poudre noire en vrac, en disques dans des tubes, en lamelles dans des boîtes, en coups complets prêts à être tirés. Les charges (gargousses) étaient définies d'avance (0,5 kg) et réparties en nombre différent dans les obus pour varier la portée des projectiles. Des cheminées d'aération permettaient de maintenir la poudre sans altération.

 

On emprunte un escalier pour descendre dans l'une des deux caponnières doubles qui balaient les fossés de leurs tirs.

 

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Descente vers une caponnière double

 

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Couloir d'accès à une caponnière double

 

De chaque côté de la caponnière, une pièce de canon 12 culasse qui balaie chaque fossé. Cette pièce d'artillerie est juchée sur un socle horizontal appelé lissoir directeur qui se fixe à une cheville ouvrière évitant ainsi de ne pas bouger au moment du recul du canon. Sous la cheville ouvrière, il existe une plateforme trapézoïdale en ciment.

 

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Les ouvertures des canons 12 culasse sont désormais obturées

 

 Chaque fenêtre supérieure est utilisable par un canon revolver, ancêtre de la mitrailleuse. Cet engin est formé de cinq tubes de 40 mm rayés chacun avec un pas différent. Ces tubes tournent avec une manivelle. De sorte que le tir produira une gerbe de 12 m de diamètre qui balaie l'ensemble du fossé.

 

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Détail d'une caponnière. Embrasures permettant de couvrir le fossé (à gauche)

Au ras du sol, ouverture pour projeter des grenades dans le fossé (à droite)

 

Des ouvertures au ras du sol permettent de balancer des grenades dans le fossé. En avant de la caponnière, il existe un fossé diamant (surcreusement du fossé rendant plus délicate la position de l'ennemi et destiné à recueillir les débris au cas où un coup malheureux de l'adversaire aurait pu obture les embrasures).

 

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Caponnière double vue de l'extérieur

 

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Détail de l'ouverture du canon 12 culasse et

des deux ouvertures des canons révolvers

 

À l'extérieur, de chaque côté de la caponnière, un escalier de flanquement permet de descendre le long de la façade de la caponnière pour pallier une infiltration ennemie.

 

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Magasins s'ouvrant dans l'espace interne du fort

 

À l'extérieur des casernements dans l'espace interne, il existe toute une série de magasins pour abriter du matériel, du personnel, un magasin à munitions confectionnées et un autre destiné aux munitions de la journée. Une rampe à canons permettait la mise en place de l'artillerie.

 

À l'extrémité d'une traverse se trouve un monticule en pierres qui forme un petit parapet en demi-rond qui constitue un poste d'observation qu'on atteint avec une échelle métallique.

 

Le fort compte une batterie annexe protégeant le fort du côté de Chalezeule et de Montfaucon. Un abri extérieur permettant d'abriter l'équipage qui n'est pas au feu.

 

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Abri extérieur côté Chalezeule

Courbet et les phanères

COURBET  et  les  PHANÈRES

 

par Claude Roland Marchand

Professeur honoraire des Universités

 

C’est en examinant de près avec l’œil du biologiste que j’ai découvert, dans quelques tableaux de Gustave Courbet des détails singuliers qui méritent des commentaires sinon des interrogations.

 

Sur plusieurs tableaux connus j’ai relevé une représentation très subjective des phanères portés par les mammifères et les oiseaux. Je précise qu’on appelle phanères ces productions cutanées des vertébrés : poils, cheveux, plumes, cornes, bois, griffes, sabots… Je ne m’attarderai pas sur les poils pubiens, d’autres l’ont fait avant moi et mieux que moi ; encore que, la polémique sur L’Origine du Monde ne soit pas close en ce début d’année 2014 ! Courbet n’en finit pas de défrayer la chronique, de se dérober et de dissimuler ses mystères… Il convoque, il provoque et va jusqu’à choquer sciemment.

 

Le cerf dans « l’Hallali »

 

Sans m’attarder sur la symbolique du tableau, et sur l’artificialité de la mise en scène (saison, région, cavalier, chiens, neige…), j’ai porté mon regard sur les bois du cervidé. Bel animal à l’agonie orné de bois magnifiques. Tous les andouillers sont bien orientés, sauf un : il est courbé vers l’avant, sur la ramure gauche. J’ai observé de nombreux trophées, dans les musées, sur les gravures mais aucun ne présente une telle disposition des cors. Le cerf de ce tableau est une exception, une rareté. Et cet andouiller ainsi orienté représente peut-être une menace, un avertissement « Ne me touchez pas ! » Courbet ne l’a pas peint sans arrière-pensée. On sait qu’il s’est projeté dans ses mises en scène ; et ce cerf à l’agonie est une métaphore du lynchage médiatique auquel il a été confronté lors de plusieurs salons. Mais l’animal cache une arme redoutable qui peut blesser si on s’approche trop près de sa tête.

 

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Ces schémas A et B nous montrent de beaux bois où les premiers andouillers sont tous courbés vers l’arrière. D’après Beaumont et Cassier (1987)

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Ce que Courbet nous propose

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Ne serait-ce pas mieux ainsi ? (croquis C. R. Marchand)

 

 

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Un cerf du Musée de la chasse me donne raison ! © C. R. Marchand

 

 

Le chevreuil dans « la Curée »

 

De toute évidence, l'animal peint par Courbet n’est pas un cervidé : il s'agit d'un bovidé, en l'occurrence d'une antilope. Un cervidé perd ses bois (c’est de l’os) et les renouvelle chaque année. Le bovidé (comme la vache) a des cornes (en kératine) creuses et pérennes.

 

La légende du tableau de Courbet précise : « La Curée. Chasse au chevreuil dans les forêts du Grand Jura ». Pourquoi a-til fait cette annonce, lui, le chasseur, qui a abattu de nombreux chevreuils ? Où s’est-il procuré cette antilope, qu’il a pendue dans son atelier parisien ? Chez son boucher ? Au Jardin des Plantes ? Mystère… En fait, il ne s’est pas trompé ; il veut nous tromper. Et il souhaite qu’on lui fasse des objections. Bovidé ou cervidé, peu importe. C’est l’animal mort qui retient son attention, et force la nôtre. Ce qui est surprenant c’est que cette bizarrerie, ce contre-sens zoologique, n’ait pas été plus souvent relevé et commenté.

 

Décidément, ce tableau composite (en cinq morceaux !), étrange, nous interpelle et nous met mal à l’aise. Le chasseur songe, le cor sonne, les chiens se repaissent de  sang, la forêt abrite la mort. Cette scène insolite : il n’y a qu’un chasseur ; c’est une chasse à courre achevée par une scène singulière, incongrue pour des chasseurs jurassiens chevronnés. La curée était rare en Franche-Comté et elle l’est toujours, sauf si on a vraiment imposé et respecté le protocole de la vénerie. Où Courbet est-il allé chercher cette scène ? À qui s’adresse-t-il ? À des Parisiens ou à des Francs-Comtois ?

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Les mouettes  (1867)

 

Ce tableau peint lors de son séjour en Normandie, présente une fille qui a un peu les traits de Jo l’Irlandaise, et qui transporte trois volatiles marins appelés « Mouettes ». Ce que nous contestons pour de nombreuses raisons.

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Voici « Les Mouettes » dans « La fille aux Mouettes » 1867.

(croquis C. R. Marchand sur calque)

 

Examinons les plumes de ces oiseaux marins : leurs queues et leurs ailes falciformes ne sont pas des queues de mouettes, mais sont plutôt des queues de Sternes (caugek ?).

 

 

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Comparaison des queues de Mouette (à gauche) et de Sterne (à droite)(croquis Marchand)

 

 

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E : les extrémités « digitées » des ailes du tableau de Courbet. F : aile d’une vraie Mouette.  G : aile d’une vraie Sterne. H : tête d’une Mouette en été. I : tête de la Mouette du tableau.  J : tête d’une vraie Sterne. (croquis de C. R. Marchand)

 

Courbet le réaliste, ne traduit pas la réalité. Ou ne veut pas l’exprimer. Sont-ce les oiseaux qui importent dans ce tableau, ou est-ce la porteuse des trophées ? Oiseaux libres fauchés dans leur vol et pendus à un bâton, exprimant un rêve brisé ? Une fille volage qui afficherait ostensiblement son tableau de chasse ? Et cette sorte d’imprécation verticale des deux ailes disposées comme deux mains qui saisissent le bâton ?

 

On se perd en conjectures. Mais ce tableau n’est pas innocent : le peintre nous convoque et pourrait bien être lui-même, l’une de ces fausses mouettes mortellement et irréversiblement blessée.

 

Une étrange chevelure

 

Si l’on regarde attentivement l’une des versions du portrait de Jo, la Belle Irlandaise, on peut deviner, dans la chevelure tissée par la main droite, le visage de quelqu’un, ou de quelqu’une. Illusion volontaire, ou hasard du coup de pinceau.  Je pose la question.

 

Courbet a-t-il voulu exprimer ce qu’une main de femme peut emmêler ou démêler ? Est-ce lui, ou un concurrent dans la conquête de la dame ? Est-on avant ou après une défaite amoureuse ? Mystère…

 

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Courbet serait-il lui-même un phanère ?

 

Ma question peut sembler provocatrice, péjorative, mais je persiste à penser que « Le Chêne de Flagey » héberge, contient, absorbe Courbet.

 

Examinons l’ombre blanche à droite du tronc. Faisons une copie réduite de l’artiste à Ste-Pélagie, ou de sa photo en pied. Faisons-la glisser sur le tronc ; si la réduction est réussie on voit que la silhouette adossée du peintre se pose exactement à la place des taches de lumière. (cf  montage ci-dessous).

 

Non seulement Courbet y affiche son  enracinement, mais il est lui-même l’écorce du chêne. Il est en quelque sorte une émanation du cambium, du liber (liberté ?), l’équivalent d’un phanère végétal si l’on veut bien oser l’analogie jusqu’au bout.

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 Courbet n’est-il pas lui-même et le double, le fantôme de Vercingétorix ?

 Bien ancré dans le sol, accolé au tronc, encore vivant ou déjà mort ?

 

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Même attitude dans La Curée. Mêmes intentions ?

 

Conclusions

 

Je pense que cet exposé partial ne sera pas du goût des admirateurs du peintre d’Ornans. J’ai conscience des faiblesses, des limites de mes remarques et de l’audace qui m’a animé pour oser les écrire.

 

C’est Courbet qui l’a voulu. Et il serait ravi de savoir qu’on découvre une ou deux de ses intentions cachées (j’en aurais d’autres à mentionner…), ou qu’on lui fasse exprimer des sentiments qu’il n’avait peut-être jamais éprouvés ou jamais mis en scène.

 

Il n’y a pas de tableau banal et muet chez Courbet. Il y parle sans cesse de lui, de ses doutes, de ses désirs, de ses fantasmes parfois.

 

Moi, en tant que biologiste, j’ai mis ma loupe sur des bizarreries et j’aimerais bien que quelqu’un m’éclaire. Je me sentirais moins seul et moins présomptueux.

Merci Gustave de m’avoir occupé l’esprit souvent et de m’avoir fait douter…

On ne touche pas à Courbet dit-on ; moi, il me touche et ces quelques lignes ont pour prétention de le prouver.

 Claude-Roland MARCHAND

Serre les Sapins le 7 mai 2014.