Peuplements ichtyologiques comparés de l'Allan non canalisé et de l'Allan canalisé à grand gabarit (2)
23/12/2009
Comparaison du peuplement de poissons dans le cours de l'Allan et dans une portion de l'Allan canalisé. Comparaison des échantillons numériques et pondéraux par habitat
Comparaison du peuplement ichtyologique du cours de l'Allan et d'une portion de l'Allan canalisée à grand gabarit
2. Répartition des captures par habitat
par André Guyard
(suite de résultats bruts)
Cette note vient en complément à la précédente étude (I.S.T.E., 1993). Elle concerne une campagne d'échantillonnage par filets verticaux du peuplement pisciaire portant sur une station située sur le cours de l'Allan canalisé (station n° 3 de la précédente étude) et le cours de l'Allan non canalisé (station n° 11) effectuée en septembre 1993.
L'Allan au printemps (cliché © Dominique Delfino)
Cette étude avait pour objet d'avoir un aperçu du peuplement ichtyologique de l'Allan dans son cours normal et de comparer ce peuplement à celui de l'Allan canalisé. La station 11 se situe à Bart, non loin de la confluence avec le Doubs.
Cette deuxième partie évalue le peuplement des différents habitats échantillonnés aussi bien dans la riivère Allan (station 11), qu'au niveau de la portion transformée en canal à grand gabarit (station 3). Après avoir décrit le peuplement de quelques habitats spécifiques du canal ou de la rivière, nous nous bornerons à comparer deux habitats de même type rencontrés en canal et en rivière : les herbiers à hydrophytes.
Le tableau 1 présente les différents habitats recensés et prospectés.
Intitulé précis de l'habitat |
Code |
Rivière Allan recensés |
Rivière Allan prospectés |
Canal Allan recensés |
Canal Allan prospectés |
Zone centrale |
C |
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Zone littorale à fond nu minéral en pente douce |
LFNM |
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Zone littorale sous couvert végétal[1] |
LCOV |
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Hydrophytes immergés |
LHYI |
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Pente abrupte[2] |
LFPA |
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Branches immergées |
LBLO |
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Afférence |
LAFF |
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Systèmes latéraux |
LHYI |
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Tableau 1 : répartition des habitants entre les différents systèmes prospectés
[1]végétation arbustive dense non immergée formant en bordure du cours d'eau un couvert important favorisant une zone d'ombre et susceptible de jouer un rôle d'abri.
[2]habitat à mettre en opposition avec LFNM et caractérisé par une pente forte : rives concaves, protection de berges, enrochements...
1. Zone centrale du canal (C)
La zone centrale est dominée par les brèmes et les tanches, espèces benthiques de forte taille. C'est également une zone de passage pour les sandres (Fig. 1).
2. Couverture végétale rivulaire dans le canal (LCOV)
Cet habitat est dominé par les gardons, espèce ubiquiste. Vu l'exiguité de l'habitat, on y prend accessoirement des brèmes et des perches (fig. 2).
3. Pente abrupte dans le canal (LFPA)
Ce secteur, bordé d'enrochements et pauvre en espèces est dominé par le Gardon (fig. 3).
5. Afférence au niveau de l'Allan (LAFF)
Les zones de confluences sont toujours bien fréquentées par la faune pisciaire. La pose des filets dans ce secteur a permis de capturer six espèces différentes dont Vandoise et Goujon. L'Ablette est très abondante (plus de 1000 g) (fig. 5).
6. Les fonds à hydrophytes (LHYI). Comparaison entre le peuplement du canal et le peuplement de l'Allan
9 espèces ont été capturées dans le canal et 8 dans l'Allan. Le Sandre n'est pas retrouvé dans l'Allan ni le Poisson-Chat. En revanche, le Rotengle n'est pas capturé dans le canal.
Dans le canal, le peuplement est dominé par la Brème, puis successivement suivant une même raison géométrique, par la Tanche, le Gardon, le Sandre et le Poisson-Chat (fig. 6).
(fig. 7).
Pour ce type d'habitat, si l'on compare le bilan pondéral rapporté au m2 de filet entre les deux stations, la biomasse dans l'Allan est dix fois plus importante que dans le canal (fig. 5 et 6). Les courbes logarithmiques sont approximativement linéaires, mais la courbe de l'Allan coupe l'axe des ordonnées à une valeur 4,5 (3,5 dans le canal), ce qui montre des biomasses multipliées par dix (fig. 8a et 9a). Quant aux effectifs (fig. 10) ils sont multipliés par 30. Il y a donc relativement davantage d'individus de petite taille dans l'Allan et la structure du peuplement est profondément différente.
La figure 8b montre la structure numérique du peuplement pisciaire dans l'habitat LHYI, station 3 (septembre 93). L'ajustement du modèle (droite de régression y = 4,6267 - 0,05 x) est assez rigoureux : coefficient de détermination 0,958). La structure du peuplement dans sa dimension pondérale est typique d'un peuplement déséquilibré au profit de la Brème commune qui est l'espèce dominante dans un secteur de niveau typologique B5-B6 où normalement, elle ne devrait pas se trouver. Le modèle de distribution d'abondance est log-linéaire, ce qui traduit un peuplement pionnier ou déséquilibré où les espèces opportunistes dominent les autres (fig. 8a et 8b).
Cette structure log-linéaire se retrouve également dans la dimension numérique avec la domination de la Brème commune et un coefficient de détermination un peu moins élevé (r2 = 0,958 au lieu de 0,982 dans la dimension pondérale, fig. 8a et 8b).
La figure 9a décrit la structure pondérale du peuplement pisciaire dans l'habitat LHYI, station 11 (septembre 93). L'ajustement du modèle (droite de régression y = 4,8714 - 0,31726 x) est approximatif : coefficient de détermination = 0,955.
La figure 9b montre la structure numérique du peuplement pisciaire dans l'habitat LHYI, station 11 (septembre 93). L'ajustement du modèle (droite de régression y = 3,1286 - 0,33274 x) est mauvais : coefficient de détermination 0,841). Ce qui signifie que, en ce qui concerne l'Allan, le peuplement est également perturbé. Deux espèces dominent numériquement le peuplement : Gardon et Ablette. L'abondance est telle que l'on soupçonne que l'habitat hydrophytes constitue une zone de refuge en période de crue (fig. 8). Sur le plan pondéral, le Chevesne, espèce d'eau courante, s'intercale entre Gardon et Brème (fig. 6).
Le fait que les herbiers à hydrophytes soient surpeuplés souligne que ces habitats, y compris en dehors de toute période de reproduction, peuvent être considérés comme de véritables pôles d'attraction pour l'ichtyofaune, voire des zones de refuge en cas de crue, comme nous avons pu le constater lors de notre intervention.
Ont participé à ce travail :
- André GUYARD
- Jean-Pierre GRANDMOTTET
- Chantal PAGNOT
- Valérie VERNEAUX
- Jean-Claude LAMBERT
La suite : analyse de la structure des échantillons par espèce
Ouvrages consultés :
INSTITUT DES SCIENCES ET TECHNIQUES DE L'ENVIRONNEMENT (1993). - Inventaire du peuplement ichtyologique du cours du Doubs et du canal du Rhône au Rhin entre Voujeaucourt et Crissey. Rapport dactylographié : 75 p. + annexes.
VERNEAUX J. (1973). - Recherches écologiques sur le réseau hydrographique du Doubs. Essai de biotypologie. Thèse État n° 84 Univ. Besançon.
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