La Tanche du Doubs
04/02/2010
Tinca tinca (Linné), 1758
Famille des Cyprinidés
par André Guyard
Au cours d'une campagne d'échantillonnages du peuplement ichtyologique du cours inférieur du Doubs entre Voujeaucourt et Crissey (Doubs), nous avons été amenés à étudier les populations de poissons les plus représentatives de ce peuplement, aussi bien dans le cours du Doubs proprement dit que dans la partie du canal du Rhône au Rhin (canal Freycinet) qui le jouxte dans cette partie. Le présent article s'intéresse à la Tanche que l'on rencontre dans la zone des brèmes.
Le corps et le pédicule caudal sont élevés, le dos vert-brun, les flancs plus clairs ont des reflets cuivrés, le ventre est blanc-jaune. Un fin barbillon est disposé de chaque côté de la bouche. Les écailles, profondement incrustées dans l'épiderme, sont très petites : 95 à 110 le long de la ligne latérale. La peau est épaisse et très visqueuse. Les nageoires sont arrondies. Chez le mâle, les nageoires pelviennes plus longues ont un deuxième rayon plus épais visible dès l'âge de 2 ans (environ 12 cm). Chez la femelle, les pelviennes n'atteignent pas l'orifice uro-génital.
À 3-4 ans, la Tanche atteint 25-30 cm et pèse 250 g ; elle dépasse rarement 50 cm et 2 kg.
La Tanche fréquente les cours d'eau lents et les étangs peu profonds à la végétation abondante. Il s'agit d'un poisson de fond, plutôt timide, qui vit dans les eaux peu courantes (zone des Brèmes) et dans les lacs, marais et étangs marécageux, riches en végétation et à sol mou. C'est un poisson solitaire et actif à la tombée de la nuit.
Elle se nourrit de larves d'insectes, principalement de diptères et de divers mollusques. En hiver la Tanche hiberne dans un état passif. C'est un poisson très résistant et supporte mieux que la plupart des autres poissons (y compris la Carpe) de faibles quantités d'oxygène. Elle survit assez longtemps hors de l'eau.
La période de reproduction est située entre les mois de mai et de juillet. La fraie a lieu en eau peu profonde, pourvue d'une riche végétation, et par 19-20°C. Les œufs (250 000 à 800 000 par femelle), fixés à la végétation, incubent 5 à 8 jours selon la température. Ils mesurent de 0,8 à 1,0 mm de diamètre et sont déposés par groupes sur les plantes ou sur le fond, durant 2 mois, et à environ 2 semaines d'intervalle. Selon la température (100-120 degrés/jours sont nécessaires), les œufs éclosent au bout de 3-6 jours.
À l'éclosion, les alevins dotés d'un organe adhésif sur la tête se fixent sur les plantes jusqu'à la résorption du sac vitellin.
Après 10 jours, la vésicule a disparu et l'alevin commence à manger le petit plancton animal, plus tard des larves de moucherons, des ostracodes, jeunes gastéropodes et moules. La croissance est lente.
Avec la 2e année, le dimorphisme sexuel apparaît, et c'est à l'âge de 3 ou 4 ans que la Tanche fraie pour la première fois.
La Tanche, espèce autochtone, est répandue dans toute la France ; elle serait moins commune dans la Loire (Boisset, 1948 ; Spillmann, 1961) et absente des Alpes maritimes (Kiener, 1985). Elle fut introduite dans les lacs pyrénéens entre 1956 et 1957 (Chimitz, 1960).
L'histogramme ci-dessus représente les différentes classes de taille de la population de la Tanche dans la rivière.
Répartition de la population de la Tanche parmi les stations
Espèce résistant à la pollution, sa population est répartie entre Doubs et canal.
Sources :
- Allardi J. & Keith Ph. (1991). - Atlas préliminaire des poissons d'eau douce, 234 p.
- Guyard A. et coll. (1992) - Inventaire du peuplement ichtyologique du cours du Doubs et du canal du Rhône au Rhin entre Voujeaucourt et Crissey. Rapport d'étude pour le compte de la CNR (73 pages + annexes).
- Muus B. J., Dahlstrom P. (1968). - Guide des poissons d'eau douce et pêche, 248 p. Delachaux et Niestlé Ed.
2 commentaires
description tres interressante de ce poisson
néanmoins je recherche des infos sur l'évolution taille âge de ce poisson (en particulier des poissons de 45 a 55 cm)
Vous trouverez des courbes de croissance sur les poissons de divers lacs du Jura dans l'article suivant :
http://baladesnaturalistes.hautetfort.com/archive/2010/06/04/poissons-des-lacs-du-jura-3.html
Les commentaires sont fermés.