Le Loup de retour dans le massif jurassien ?
17/10/2011
Le Loup est de retour dans le massif du Jura français. On le signale également dans le Jura genevois, le Jura bernois ainsi que dans les Vosges y compris la région des Mille Étangs en Haute Saône. État des lieux remis constamment à jour (04/06/2013).
Le Loup de retour dans le massif jurassien ?
par André Guyard
(dernière mise à jour : 10/06/2013)
Depuis quelques décennies, le Loup est de retour en France. Il provient des Abruzzes (Italie) et quelques meutes gagnent progressivement le massif alpin (voir l'article : Le Loup en France).
Il a fait sa réapparition dans le massif vosgien, en Lorraine et dans le Nord de la Haute-Saône (voir article : Le retour du Loup dans les Vosges).
Depuis l'été 2011, il semble bien qu'il soit de retour dans le massif jurassien ou du moins, qu'un individu soit de passage en Franche-Comté. En témoigne une vue de l’animal photographié devant la carcasse d’une brebis dans le Haut-Doubs.
Entre le jeudi 9 juin et le dimanche 12 juin 2011, à Septfontaine, un village près de Levier dans le Haut-Doubs, une brebis a été découverte égorgée, un gigot arraché ainsi que deux agneaux dévorés, leur propriétaire n’en ayant retrouvé que la peau et quelques os. Une seconde brebis n'a survécu que quelques jours. Rien d’étonnant à première vue dans la mesure où plusieurs chiens errants ont été repérés dernièrement près de la localité et que le Lynx est présent dans le Haut-Doubs.
Le loup de Septfontaine
(Cliché ONCFS SD 25)
« On a pensé que ça pouvait être un chien ou un lynx, mais les morsures étaient trop profondes pour être celles d’un lynx et la gorge était trop bien tranchée, les blessures étaient trop propres pour être celles d’un chien. Les chiens déchiquettent la chair », explique le propriétaire.
En 2002, un loup aurait été aperçu sur la commune de Guyans-Vennes (Haut-Doubs). Selon un chasseur, il n’y aurait aucun doute : « Dimanche dernier, en fin d’après-midi, mes cinq chiens se sont mis aux fermes dans un taillis de broussailles impénétrables, comme ils le font d’habitude pour le sanglier. Mais là, tout d’un coup, ça a rossé et les chiens se sont enfuis en hurlant. Ils ne l’auraient même pas fait devant un sanglier qui charge », a-t-il relaté, tout en jurant que « c’est un loup qui a fait déguerpir mes cinq compagnons ».
Le chasseur n’a pas voulu en démordre. Il faut dire qu’il aurait déjà rencontré l’animal, un mois plus tôt, mais cette fois-ci aux aurores, face à face : « On s’est regardé et j’ai bien eu le temps de l’observer. Je vous assure que ce n’était pas un renard ni un quelconque chien ».
En octobre 2004 une observation visuelle, relance la possibilité de la présence de l’espèce dans l'Ain. Cette observation a été réalisée sur la commune de Petit-Abergement, toujours dans le secteur du Valromey. Un témoignage d'un observateur "naturaliste averti", la précision et la cohérence des éléments techniques rapportés condusient à retenir cette observation comme probable de la présence de l’espèce.
Dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2007, à Grande-Rivière, dans le Haut-Jura, un parc a subi une attaque. Quinze animaux sont morts et vingt-sept blessés, certains morts par la suite ou euthanasiés, une brebis et un agneau ont été consommés en grande partie. Les conclusions techniques de l’expertise n’ont pas écarté la possibilité d’une attaque de loup.
Placé sur les lieux de l'attaque, un piège photographique a été installé à Septfontaine par l’ONCFS. Déclenché par l'animal, l'appareil a tiré le portrait d’un loup dans la nuit du 15 juin 2011. Sur le cliché, on voit le prédateur passer devant la carcasse de la brebis utilisée comme appât. Emmanuel Renaud, le chef du service départemental de l’ONCFS n'est pas surpris.
Le loup de Septfontaine (juin 2011). Au premier plan, la brebis appât
© ONCFS SD 25
« Jusqu’à présent, il n’y avait pas de loup en Franche-Comté, mais cela fait environ deux ans que nous sommes préparés et que nous travaillons à l’arrivée de cette espèce », indique le spécialiste. Il précise par ailleurs que « la présence de ce loup dans le massif jurassien n’a rien à voir avec la vingtaine de brebis tuées dans les Vosges ». Pour avoir une idée de la progression du Loup, voir également l'article "Expansion du Loup en France".
Le prédateur pris en photo va-t-il s’installer durablement sur les plateaux du Haut-Doubs ou est-il seulement de passage avant de rejoindre sa meute en Suisse voisine, ou plus loin dans les Alpes ?
« Il est trop tôt pour le dire, estime M. Renaud. La photo nous indique clairement tous les détails de la silhouette d’un loup. Cela veut donc dire qu’il était à Septfontaine mardi et que par déduction, il était sans doute dans le secteur la semaine dernière. Mais nous ne nous baserons que sur des éléments fiables. C’est pourquoi nous allons maintenant chercher des traces d’ADN, poils, crottes… Mais cette présence avérée ne signifie pas que le loup va se réinstaller. » (NDLR : en fait, aucune analyse d'indices n'a été effectuée par l'ONCFS).
Une vision partagée par d’autres spécialistes qui identifie davantage un "passage" par le secteur. « Un loup rejeté par la meute parcourt des trajets énormes, de plusieurs centaines de kilomètres à la recherche d'un nouveau territoire. Il est possible qu’il soit venu et déjà reparti, précise Jean-François Darmstaedter, secrétaire général de l’association Férus. Toutefois, il ne s’agit très probablement pour l’instant que d’une présence sporadique. Pour rappel, dans le massif jurassien, un loup a été confirmé pour la première fois dans l’Ain en 2003, mais l’animal a vite disparu ».
On sait qu'à partir des Abruzzes en Italie, le Loup a fait son retour en France depuis quelques années dans le Mercantour et qu'il a gagné progressivement les Alpes françaises et la Suisse. Qu'il réapparaisse dans les Vosges et dans le Jura n'a rien de surprenant.
Mais dans le cas de Septfontaine, s'agit-il d'une nouvelle attaque du loup du Ventron ? Rien n’indique que ce soit le même animal, mais rien ne prouve le contraire. Il semble qu'il s'agisse d'un loup erratique rejeté d'une meute comme cela se produit parmi les mâles dominés. Il y a de grandes chances qu’un seul individu se promène dans le Massif vosgien ou dans le Jura. L'essentiel de la population de loups vit dans les Alpes. Certains membres se retrouvent exclus des meutes. Des jeunes loups qui ont maille à partir avec un mâle dominant ou des femelles en quête de reproduction quittent alors leurs congénères pour des contrées inexplorées. Ils partent seuls, la probabilité très faible qu’ils fondent une meute est très faible. D’autant plus que l’on s’éloigne des Alpes.
Regard de loup
Pour enchaîner sur le commentaire de Pascal (voir ci-dessous), je reprends un article paru le 17 juin sur le site Franceloups :
Je vous envoie ce message car dimanche 12 juin, vers 12:30 nous (mon fils et moi) avons observé dans un pâturage du Jura, région de Menthières, entre 1300 et 1400 mètres d'altitude, un loup. Nous l'avons observé à 3 reprises, sur une période d'environ 15-20 minutes et à une distance comprise entre 60 et 150 mètres.
Malheureusement, nous n'avons fait qu'une photo, avec un appareil type pocket numérique sans zoom et il est très difficile de distinguer la bête. De loin, et de dos, nous avons d'abord pensé à un renard la queue semblait couvrir complètement l'arrière de l'animal mais la couleur nous a étonné, l'animal était entièrement gris (plus ou moins clair) mais pas de roux.
Lors de la deuxième observation, nous avons vu nettement qu'il était intégralement gris et blanc (gris très clair) et surtout de la même taille (voire légèrement plus grand) qu'un berger allemand. Là, nous avons eu le temps de le voir taper de ses deux pattes avant le sol (comme un renard qui chasse), ensuit il nous a repérés, regardés quelque secondes puis il a traversé la pente herbeuse au-dessus de nous pour rejoindre une crête sur notre gauche derrière laquelle il a disparu. En continuant à monter, nous l'avons revu quelques minutes plus tard sur une crête en contre bas. En nous voyant, il est entré dans une zone boisée.
Je suis resté songeur quant à une identification à 100% garantie : un gros chien errant, autre chose…
Le doute m'a paru encore plus grand de par le fait que je ne pensais pas qu'il y avait des loups dans le Jura, je pensais le loup être un animal plutôt nocturne, nous nous trouvions dans une zone parcourue par beaucoup de randonneurs, à moins de 500 mètres d'un troupeau de bovins (très calmes, nous l'avons traversée moins de 15 minutes avant la rencontre, il y avait des veaux....) et à proximité d'une "ferme" d'alpage habitée.
En regardant quelques photos sur le net ce soir, nous sommes, mon fils 12 ans et moi-même totalement convaincus.
Dans le cas de Menthières, s'il s'agit d'un loup, ce n'est pas celui de Septfontaine qui s'est manifesté le même jour (12 juin).
* A : Étang de la Gruère Jura Suisse
* B : Septfontaine dans le Doubs
*C : Région de Menthières Jura France
© franceloups
Nouvelles attaques attribuées au loup dans le massif jurassien
Dans la nuit du 18 au 19 juin 2011, quatre nouvelles brebis d’un troupeau d’une vingtaine d’ovins ont été attaquées par un prédateur sur la commune de Labergement-du-Navois, au lieu-dit le Montmahou. Cette attaque est attribuée au loup de Septfontaine, ce qui conforterait la présence de ce canidé dans la région, car le Montmahou se trouve seulement à une quinzaine de kilomètres de Septfontaine, quand on remonte sur les gorges du Lison, non loin de Déservillers.
Dans la nuit de 20 au 21 juin, une troisième attaque d'ovins est attribuée à ce loup erratique qui aurait tué deux agneaux d'un cheptel de Chapelle-d'Huin, à une dizaine de kilomètres des endroits où il s’était déjà manifesté, Septfontaine et Labergement-du-Navois. Cette fois, deux agneaux ont été tués et 13 autres blessés.
Une quatrième attaque s'est produite dans la nuit du 27 au 28 juin de nouveau à Chapelle d'Huin où un prédateur a dévoré un mouton sur une parcelle plus proche des habitations. Un agneau blessé va devoir être euthanasié.
La semaine précédente à Levier, un veau a été attaqué. Mais la carcasse n'a pas pu être étudiée par les spécialistes, ce cas reste une suspicion d'attaque du loup. Le loup solitaire aurait été aperçu plusieurs fois en plein jour.
À Lemuy, dans le Jura, à quelques kilomètres à vol d'oiseau de Septfontaine, un troupeau de moutons a également été attaqué. Pour l'éleveur pas de doute : c'est un loup qui a tué 6 de ses moutons dans la nuit du 5 au 6 juin.
Les agents de l'ONFS consignent tous les éléments. C'est la Direction Départementale du Territoire qui prend le relais ensuite pour indemniser les éleveurs ou prendre des mesures de protection des troupeaux.
Le Loup du Haut-Doubs flashé
(cliché ONCFS SD25)
Les éleveurs et les spécialistes redoutent de nouvelles attaques. L'élevage ovin en Franche-Comté a une particularité qui rend difficile la surveillance des troupeaux : les bêtes sont séparées par races et âges et dispersées sur différents sites.
Une réunion s'est tenue en sous-préfecture de Pontarlier le 7 juillet 2011 dans la matinée en présence des parties concernées par les attaques de la bête. La directrice de la Direction départementale du territoire du Doubs a annoncé que "l'ensemble des conditions requises pour autoriser un tir de défense étaient quasiment réunies".
La ministre de l'Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet veut permettre aux éleveurs de mieux défendre leurs troupeaux. "On ne part pas à la chasse au loup; le loup est une espèce protégée mais ça n'interdit pas de se défendre", a déclaré hier Nathalie Kosciusko-Morizet après avoir reçu à Paris une délégation d'élus, de représentants agricoles et d'éleveurs alpins. "La pression sur les élevages est telle que je crois qu'on peut s'organiser pour la faire baisser", a-t-elle ajouté.
La ministre a notamment évoqué devant ces éleveurs de possibles nouvelles mesures comme la mise en place d'un "arrêté de défense automatique qu'on prendrait à l'année sur toutes les zones attaquées l'année précédente". Ces tirs de défense ne sont aujourd'hui autorisés qu'après un arrêté préfectoral consécutif à des attaques avérées. Cette proposition, qui pourrait être envisagée pour 2012, sera examinée au cours d'un comité national "loup" fin août, selon le ministère.
Or le Loup a récidivé : le 12 juillet 2011, deux nouveaux moutons ont été tués à la Chapelle-d'Huin. Cette nouvelle attaque sur un même troupeau était la dernière condition nécessaire pour qu’un tir de défense soit déclenché. Le tir de défense, s’il est accordé par le préfet, pourrait stopper le carnage. Les autres conditions étant que les mesures de dissuasion contre le loup soient sans effet.
Mardi 19 juillet, alors que toutes les conditions sont théoriquement réunies pour exécuter le loup, les services de la préfecture ont décidé de poursuivre les examens. Ils explorent la piste de chiens patous pour surveiller les troupeaux et/ou la mise en place de hautes clôtures électrifiées.
Certains éleveurs ont d'ores et déjà fait l'acquisition de chiens patous pour défendre leur cheptel. (Voir l'article concernant ces chiens dans ce même blog).
Dans la nuit du 24-25 juillet 2011, un éleveur de moutons de Crouzet-Migette, près de Nans sous Sainte-Anne la perte d'un agneau et la disparition d'un autre ovin. C'est la dixième attaque du loup dans ce secteur du Massif du Jura... Le Préfet ne veut toujours pas faire procéder à un tir de défense.
Dans la nuit du 12 au 13 août 2011, une chèvre a été dévorée sur la commune de Chapelle d’Huin. L’animal passait l’été au cœur d’un troupeau de jeunes bovins, au lieu-dit "Prés à la Baussène", situé à environ deux kilomètres du village, entre Chapelle-d’Huin et Boujailles. C’est la 11e attaque de l’animal. Selon un agent technique de l‘ONCFS, les constatations réalisées sur la carcasse ne laisseraient aucun doute.
Dans la nuit du 21 au 22 août 2011, le loup a encore frappé à Chapelle d'Huin. Il a franchi le parc électrifié en prélevant une brebis qu’il a dévorée.
Le 26 août au soir, dixième attaque chez le même agriculteur à Chapelle-d'Huin avec trois brebis tuées et une blessée.
Cette attaque du loup intervient alors que plusieurs sources indiquaient qu'un ordre de tir de défense devait être donné cette semaine. Un arrêté valable pour une période de trois semaines a été signé par le Préfet du Doubs Christian Decharrièrre, le 26 août 2011. Les circonstances du tir de défense sont assez restreintes.
Tirs de défense : une procédure bien précise
Thierry Maire, l'agriculteur de Chapelle-d'Huin fait partie des 8 personnes habilitées par la Préfecture pour des tirs de défense. Des tirs qui ne visent plus à effaroucher la bête mais à la tuer dans des conditions bien précises.
Une seule arme est homologuée pour le tir. Un registre des interventions sera tenu. Un seul tireur pourra opérer et tirer en cas d'attaques sur le troupeau à proximité des parcs de protection et uniquement dans ce cadre. Les tirs sont autorisés de jour comme de nuit.
Le Préfet estime que toutes les autres mesures pour faire fuir le loup ont été tentées. Les parcs de protection électrifiés, des systèmes sonores d'effarouchement, des rondes des lieutenants de louveterie : tout semble avoir été tenté avant d'en arriver à ces tirs de défense. Le recours à des chiens de protection, les patous, n'était pas envisageable selon les spécialistes sur cette exploitation très morcelée, et qui compte au total 700 bêtes.
Un quota de 6 loups cette année en France
Chaque année en France, 40 à 50 tirs de défense sont autorisés. Le ministère de l'écologie autorise d'abattre 6 loups sur l'ensemble du territoire pour l'année 2011. Deux loups ont été abattus cette année dans l'Hexagone selon l'association Férus, l'un dans les Hautes-Alpes, l'autre dans la Drôme.
En cas de nouvelles attaques dans le Doubs, le Préfet pourrait prolonger son arrêté. Il dispose aussi d'une autre mesure, celle de tir de prélèvement. Le tir de prélèvement réalisé sous le contrôle de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), n'intervient qu'en dernier recours, quand toutes les méthodes de prévention des attaques ont échoué. Cette mesure n'est pas envisagée avant plusieurs mois voire un an.
Localisation des attaques des ovins à la Chapelle-d'Huin (fin juillet 2011)
(Pour agrandir la carte, cliquer sur l'image)
Le Loup du Haut-Doubs flashé une nouvelle fois
(cliché ONCFS SD25)
Localisation des attaques des ovins dans le Doubs
(fin juin 2011)
Localisation des attaques des ovins dans le Doubs
(fin juillet 2011)
(Pour agrandir la carte, cliquer sur l'image)
Pour en savoir plus sur la répartition du Loup en France voir le site : http://www.franceloups.fr/
Mesures récentes prises par les services de l'État
Depuis ces attaques successives, les services de l’État ont déployé des mesures de protection des troupeaux attaqués. À partir du 4 juillet, 2 parcs de nuit électrifiés ont été mis en place pour l’élevage de Chapelle d’Huin et, depuis le 9 juillet, un chien patou, spécialisé dans la défense des troupeaux, est mis à disposition d'un autre éleveur précédemment attaqué. Ces dispositifs ont vocation à perdurer tant que les bêtes seront dans les pâtures. Dans le même temps, des mesures d'effarouchement ont été mises en œuvre à Chapelle d'Huin, par l’installation de dispositifs sonores et lumineux (CERBERE) et par la mobilisation des lieutenants bénévoles de louveterie, qui se sont très fortement mobilisés pour soutenir l’éleveur en difficulté. Les louvetiers sont pour le moment missionnés par le Préfet jusqu'au 1er août.
Les mesures à venir à court et moyen terme
Une nouvelle attaque a eu lieu le 12 juillet 2011, malgré les premières mesures de protection et d’effarouchement déployées. « Une étude de vulnérabilité de l'élevage de Chapelle d'Huin, menée par un bureau d'études indépendant, ainsi qu'une expertise des moyens de protection déjà mis en œuvre sont nécessaires avant que des tirs de défense puissent être envisagés. En effet, ces tirs sont très strictement encadrés par l'arrêté ministériel du 9 mai 2011 » explique le Préfet. Et de rajouter « Le nombre d'indices de présence du loup dans les départements des Vosges, du Doubs et du Jura atteste d'une dynamique d’accroissement de l’espèce. Il est vraisemblable que cette présence pour le moment isolée sera suivie à moyen terme d'autres individus. Un renforcement et une adaptation de la protection des élevages à une présence pérenne du loup est sans doute à envisager et doit être anticipée collectivement ».[1]
[1] Radio régionale : Plein Air (220//2011)
La LPO a initié une conférence Loup à Arc-sous-Montenot (25) le 9 juillet 2011
Lors de sa conférence, Emmanuel Cretin, membre la LPO et de la mission Loup (FNE) a réexpliqué les fondamentaux du retour du Loup dans le Doubs après plus d'un siècle d'absence. Il a rappelé que bien que ce retour soit annoncé et préparé depuis plusieurs années, la cohabitation s'est annoncée difficile, notamment avec les éleveurs ovins.
L'orateur a retracé l’historique du retour du Loup en France, fait le point sur la situation actuelle de l’espèce en Europe et en France et analysé objectivement l’incidence du retour des grands prédateurs sur les activités pastorales mais également sur les effectifs d’ongulés sauvages. En conclusion, il a insisté sur la nécessité de préparer le terrain pour que le Loup puisse retrouver sa place dans nos écosystèmes.
S'en est suivi un débat passionnant.
Un rappel d’Europe Écologie-Les Verts (juillet 2011)
« Europe Écologie-Les Verts de Franche-Comté comprend le désarroi des éleveurs dont les animaux ont subi les attaques d’un loup ces derniers jours en provenance probable du massif alpin dans le cadre de la recolonisation du massif jurassien par cette espèce. EÉLV ne minimise pas du tout la colère des éleveurs du secteur de Levier et appelle au dialogue afin que la sérénité nécessaire à la recherche de solutions concertées et efficaces pour l’avenir dans le sens d’une cohabitation acceptable par les parties en présence soient mises en place au plus vite.
EÉLV salue à ce titre l’initiative de la réunion publique organisée par la LPO samedi 9 juillet 2011 où les arguments et échanges ont pu prendre en compte l’ensemble de la problématique de ce retour prévu et maintenant acté du loup en Franche-Comté.
L’État, comme la filière agricole, doivent dès aujourd’hui mettre en place l’ensemble des mesures de protection nécessaires des troupeaux. Les éleveurs doivent être indemnisés à la hauteur du préjudice subi. Dans l’urgence il serait souhaitable que les éleveurs soient accompagnés par des mesures de protection des exploitations et d’effarouchement par l’introduction de chiens de protection pour lutter contre ces attaques comme le prévoit la loi.
Mais aussi par l’emploi d’aides éleveurs comme cela se fait dans les Alpes afin de soulager le quotidien des éleveurs étant la cible des attaques actuelles. EÉLV met en garde par conséquent de la tournure que pourraient prendre les événements si un tir de défense, voire un prélèvement étaient décidés par les autorités préfectorales. Rappelons à ce titre que le loup est une espèce protégée et que la France s’est engagée dans le cadre de la convention de Bern à garantir un bon état de conservation de cette espèce.
Or EÉLV ainsi que les associations ayant constitué depuis 2005 le Collectif Grands Prédateurs sur la question de la recolonisation du massif jurassien ont souvent alerté les acteurs du massif du Jura sur la nécessaire préparation des populations au retour du loup et regrette que tout le monde semble démuni face à la situation actuelle. EÉLV rappelle enfin que dans de nombreux pays d’Europe (Italie, Espagne notamment) mais aussi dans le massif alpin, les éleveurs cohabitent avec le loup et sont accompagnés par des mesures de protection concertées et adaptées à l’organisation des élevages ».
Le point de vue de l'association Ferus
Ferus est une association qui milite pour la sauvegarde des grands prédateurs européens : Ours, Lynx, Loup. Rémi Gindre est le correspondant de Ferus pour le massif jurassien. Retraité, ancien agent de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) , Rémi Gindre (1) exerçait ses fonctions dans les Alpes du Sud lors de la réapparition du Loup venu d’Italie.
Dans une interview accordée à Pierre Dornier de l'Est Républicain du 17/07/2011, il recommande de ne pas se précipiter. « L’avancée du loup est irréversible à partir du moment où on n’a pas décidé de le bloquer par exemple sur la rive gauche du Rhône. Le Jura est une zone charnière vers son installation en Alsace où il pourrait réguler les populations d’ongulés qui font des dégâts ».
Quant à l’attitude face au loup dans nos campagnes, il préconise : « Premièrement, il ne faut pas s’affoler, tant que les mesures n’ont pas été mises en place, c’est-à-dire, on en a l’expérience, qu’il faut un ou deux ans pour arriver à un modus vivendi. Deuxièmement, il ne faut pas le tirer. Troisièmement, prendre immédiatement des mesures d’urgence pour aider l’élevage le plus attaqué, mettre à disposition un aide berger afin de rentrer les troupeaux. Voir ce que donne le chien Patou dans la région, il y a un éleveur du Jura qui a réussi à l’adapter au cheptel de notre région, avec des bovins. Enfin, réunir le comité de suivi lynx, loup autour du préfet avec toutes les parties prenantes. Il existe un comité de veille qui n’a pas été réuni ».
(1) Tél. 06.68.58.35.94.
Après l'attaque du 24 août 2011 à Chapelle d'Huin, Europe Écologie Les Verts de Franche-Comté rappelle les règles européennes. Non, le loup ne peut pas être tiré. Voici son communiqué.
"Besançon, le 25 août 2011
Loup : non au tir de défense !
Europe Écologie Les Verts de Franche-Comté rappelle qu'il comprend parfaitement le désarroi des éleveurs dont les animaux ont subi les attaques d’un loup depuis le mois de juin. Europe Écologie Les Verts ne minimise pas du tout la colère des éleveurs. Seul le maintien du dialogue peut permettre la sérénité nécessaire à la recherche de solutions concertées et efficaces dans le sens d’une cohabitation acceptable par les parties en présence.
L’État comme la filière agricole doivent acter le retour du loup en Franche-Comté et mettre en place l’ensemble des mesures de protection nécessaires des troupeaux. Les éleveurs doivent être indemnisés à la hauteur du préjudice subi. Dans l’urgence, les éleveurs doivent être accompagnés par des mesures de protection efficaces des exploitations et d’effarouchement par l’introduction de chiens de protection pour lutter contre ces attaques comme le prévoit la loi. Mais aussi par l’emploi d’aides éleveurs comme cela se fait dans les Alpes afin de soulager le quotidien des éleveurs étant la cible des attaques actuelles. Europe Écologie Les Verts de Franche-Comté met en garde par conséquent de la tournure que pourraient prendre les événements si un tir de défense, voire un prélèvement étaient décidéspar les autorités préfectorales alors que toutes les mesures de protection et de soutien n’ont pas été mises en place. Rappelons à ce titre que le loup est une espèce protégée et que la France s’est engagée dans le cadre de la convention de Bern à garantir un bon état de conservation de cette espèce. Le tir de défense ne peut être autorisé que si toutes les mesures de protection ont été mises en place, notamment les chiens de défense, ce qui n'est pas le cas actuellement sur l’exploitation cible des dernières attaques.
Europe Écologie Les Verts de Franche-Comté ainsi que les associations ayant constitué depuis 2005 le Collectif Grands Prédateurs sur la question de la recolonisation du massif jurassien ont souvent alerté les acteurs du massif du Jura sur la nécessaire préparation des populations au retour du loup et regrette que tout le monde semble démuni face à la situation actuelle. Europe Écologie Les Verts de Franche-Comté rappelle enfin que dans de nombreux pays d’Europe (Italie, Espagne notamment) mais aussi dans le massif alpin, les éleveurs cohabitent avec le loup et sont accompagnés par des mesures de protection concertées et adaptées à l’organisation des élevages. En France malheureusement, les dernières déclarations de Nathalie Kosciusko-Morizet n'apportent aucune solution à long terme et ne visent qu'à ratisser quelques voix en prévision des prochaines échéances électorales.
Le retour du Lynx avait lui aussi suscité une vive émotion à l'époque et il est aujourd'hui partie intégrante de l'identité jurassienne. Souhaitons qu'il en soit rapidement de même pour le loup."
Dans la nuit du 1erau 2 octobre 2011, une nouvelle attaque d'un agneau a été enregistrée dans le Haut-Doubs, à Arc-sous-Cicon au lieu-dit pâture Marion, sur la montagne de Gilley. Les agents de l'ONCFS ont confirmé qu'il s'agissait bien d'une attaque de loup. Il s'agit probablement du même animal qui ne s'et pas manifesté durant un mois car il n'y a qu'une vingtaine de kilomètres entre Arc-sous-Cicon et Chapelle d'Huin, une distance peu importante au regard du chemin que peut parcourir un loup en une nuit.
Arc-sous-Cicon n'est distant que
d'une vingtaine de kilomètres de La Chapelle d'Huin
(Pour agrandir, cliquer sur la carte)
Depuis la dernière confirmation de la présence de l'espèce, en juillet 2011, grâce à un piège photographique, les indices de présence se font rares en Franche-Comté. Une observation visuelle est réalisée le 26 août sur la commune de La Chapelle D'Huin. Le dernier indice est un excrément, collecté en novembre sur la commune de Vennes, mais dont le profil individuel n'est malheureusement pas exploitable. Le loup a-t-il disparu ou est-il en train de se déplacer ? Rappelons que dans le Massif Central un même loup avait été identifié sur deux départements (Cantal et Lozère). Dès lors que l'animal est isolé sans la contrainte de la présence d'autres individus, il peut se déplacer beaucoup plus et explorer tous les territoires aux alentours (Quoi de neuf ?, n° 27)
Cliché réalisé par piégeage photographique ©SD25/ONCFS
Le Loup dans le Haut-Doubs ? (février 2012)
Selon le Pays (11/02/2012), des informations arrivent à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage depuis une quinzaine de jours. « Les gens voient le loup partout, et notre travail est d’aller vérifier, assure le chef du service, le capitaine Renaud. La plupart des témoignages indiquent que le loup est vu à la tombée de la nuit. Nous avons un faisceau d’informations assez constant, qui donne une probable présence de l’animal sur le plateau de Maîche. »
Ainsi, il aurait été aperçu à Grand’Combe-des-Bois, au Russey et près de Charquemont. Le loup peut rester discret durant plusieurs mois, notamment en hiver, mais il pourrait à nouveau se montrer au grand jour au printemps et s’attaquer aux troupeaux.
Le Loup des Molunes (26/03/2012) (cliché ONCFS)
Le prédateur a été photographié fin mars à de multiples reprises par des caméras automatiques de l'Hepia, Haute école du paysage, d'ingénierie et d'architecture de Genève.
Le loup du Salève
Les clichés ne laissent aucun doute. C’est bien le loup qui a été photographié au Salève fin mars. Et ce, trois jours d’affilée. Selon le Dauphiné Libéré, des appareils photographiques à déclenchement automatiques ont été installés mi février par la Haute École du paysage, d’ingénierie et d’architecture (Hépia) de Genève. Le but : immortaliser la présence du lynx dans le massif frontalier. C’est finalement le loup qui a été photographié.
Une nouvelle qui ne manquera pas de susciter l’inquiétude chez les éleveurs. « Nous avons informé les communes avoisinantes afin de leur rappeler les démarches à suivre en cas d’attaques de troupeaux », précise Eric Dürr, chargé de mission au Syndicat mixte du Salève.
Un loup rôde dans l’Emmental bernois (Tribune de Genève 16.04.2012)
Le prédateur s'est attaqué à une biche près de Schangnau. Des analyses d’ADN l'ont révélé.
Le loup de l'Emmenthal bernois
Un loup rôde dans l’Emmental bernois. Il a dévoré une biche près de Schangnau, ont révélé des analyses d’ADN. Les bergers et les autorités de la région ont été avertis, mais pour l’instant aucune mesure particulière n’a été prise. L’inspecteur cantonal de la chasse Peter Juesy a confirmé lundi une information livrée par le quotidien « Berner Zeitung ». Il a précisé que la dépouille de la biche a été découverte le 27 mars. Il estime que le prédateur serait le « loup lucernois » M20 venu d’Italie en 2008 et qui séjourne principalement dans les cantons de Lucerne et d’Obwald.
Pour M. Juesy, il n’y a pour l’instant aucune nécessité de prendre des mesures contre l’animal. Par rapport à l’Oberland bernois, il juge que le danger potentiel pour les moutons est plus faible dans l’Emmental où il n’y a pas de grands estivages. Le loup est revenu en Suisse en 1995. Plusieurs spécimens vivent dans les cantons des Grisons, du Valais et du Tessin. Un loup (F05) a été plusieurs fois observé en territoire fribourgeois et bernois. (SDA-ATS/zc/tp/hl).
Une proposition d’Europe Écologie-Les Verts (9 août 2012) : anticiper la présence du Loup en Franche-Comté
Un an après son passage dans le Haut-Doubs, Europe Écologie Les Verts (EELV) Franche-Comté dresse un premier bilan de présentation de son initiative, unique en France : la création d’un groupe de discussion réunissant tous les acteurs volontaires et indépendants, concernés. Le laboratoire qui sera présenté lors de l’université d’été du parti, devant l’eurodéputé José Bové, qui s’est prononcé récemment pour le tir de loup.
"Suite aux attaques de loup observées en 2011 dans le Doubs, notamment dans le secteur de Chapelle d’Huin sur les troupeaux ovins de Thierry Maire, et devant l’inexpérience, voire l’inertie des moyens mis en place pour diminuer l’impact de ce prédateur, le mouvement Europe Écologie Les Verts a proposé la mise en place d ’un groupe réunissant outre des adhérents et sympathisants du parti, des experts de terrain et spécialistes du Canis Lupus issus du monde associatif.
Ce groupe a pris l’initiative d ’instaurer un espace de dialogue, visant à réfléchir et à proposer ensemble des actions d’anticipation en vue de l ’arrivée du loup dans les années à venir. La prévention et l’information tiennent une place essentielle dans la conduite à tenir en cas d’installation durable du loup sur le territoire franc-comtois. Un accompagnement des éleveurs de la part des structures collectives (Services de l’État, Région, Chambres d’agricultures, syndicats,…) pour la mise en place de mesures de protection est donc indispensable.
Les membres du groupe de travail EÉLV sur le loup ont récemment rencontré M. Maire avec la volonté de comprendre et de mieux connaître le milieu agricole, première victime du loup lorsque les troupeaux ne sont pas protégés. L’objectif était bien d’échanger sur les expériences et les moyens à mettre en œuvre pour qu’une cohabitation entre les prédateurs et l’élevage soit possible. En aucun cas nous ne pouvons affirmer une incompatibilité entre les espèces animales et humaine au vu des expériences des pays voisins.
De ce point de vue, nous ne nous retrouvons pas dans les propos récemment tenus par José Bové et nous rappelons qu’il est stipulé dans la Convention de Berne que chaque signataire (dont la France), « encourage l’éducation et la diffusion d’informations générales concernant la nécessité de conserver des espèces de la flore et de la faune sauvages ainsi que leurs habitats » et que « toutes formes de capture intentionnelle, de détention et de mise à mort intentionnelle » sont interdites formellement. Le loup, dont la population augmente légèrement chaque année en France grâce aux programmes de conservation des espèces, reste une espèce menacée selon les critères de l’UICN.
EELV et les membres du groupe de travail sur le Loup en Franche-Comté se félicitent de l’évolution favorable des mentalités concernant l’acceptation de la mise en place de mesures de protection dans les zones de passage ou d’occupation du loup, et regrettent les discours caricaturaux sur l’éradication d’une espèce plutôt que sur la mise en œuvre de conditions de cohabitations convenant au plus grand nombre."
La conseillère régionale EÉLV, Anne Vignot assure que « la mise en place de ce groupe s’est faite pour anticiper le retour du loup. Mais les mesures et moyens nécessaires sont inexistants. C’est la première fois que nous faisons appel à la société civile. Parce qu’on ne peut pas penser pour les gens concernés ».
Cette initiative, lancée il y a six mois est encore dans sa phase de progression. « Nous sommes entrés dans un processus inéluctable. Le loup se porte bien. Il va se développer. Certains envisagent des solutions radicales. Mais nous avons encore le temps de réfléchir. »
D'après Anne Vignot, le schéma de cohérence écologique, au niveau régional, doit s’établir pour améliorer les connexions naturelles entre les différents milieux. « Le loup fait partie de la biodiversité. Pourquoi en serait-il exclu ? Il est culturellement perçu de manière particulière. On ne se pose pas les mêmes questions sur les sangliers, les grands cerfs ou les chiens errants. Il y a une représentation mentale particulière, alors que l’on accepte plus facilement qu’un champ de maïs soit ravagé par un orage. C’est un peu caricatural, mais il y a une vraie réflexion à mener sur cette symbolique. »
Visite du Groupe Loup à l’éleveur de Chapelle-d’Huin (Est Républicain 09/08/2012)
Le Groupe Loup assure qu’il arrivera à mettre au jour des solutions concrètes, applicables aux petits cheptels ovins francs-comtois, en s’appuyant sur les expériences d’autres États européens, en particulier à l’Est.
Des solutions qui ne convainquent pas tout le monde… Les membres du Groupe Loup ont été reçus par Thierry Maire, l’éleveur de Chapelle-d’Huin, principal victime du loup du Haut-Doubs. « Je ne voulais pas leur refuser. C’était une manière de leur montrer que le loup est incompatible », souligne l’éleveur, qui a perdu €, en dommages collatéraux qui ne lui ont pas été 4.000 presque indemnisés. « C’est normal qu’on ne soit pas d’accord. Mais je ne veux pas que les défenseurs du loup puissent dire que je n’ai rien fait, même s’il n’y a pas de solutions miracles », souligne Thierry Maire qui a monté un dossier pour acquérir des filets électriques et ainsi pouvoir redonner au service de la direction départemental du territoire ceux qui lui ont été prêtés. « Si le loup revient à l’autre bout du département, il faut qu’ils puissent les prêter à un autre éleveur. »
Ces postes clôtures et ses fils lui permettront de doubler son grillage. « Mais je ne peux pas en acheter pour tous mes parcs, il faudra que je les déplace. Et je pourrai aussi y mettre un chien patou, qui ne pourra pas sortir du grillage. Il n’y aura pas de risque qu’il morde un randonneur. C’est une double sécurité. » Double sécurité qui pour l’ensemble de son cheptel, lui aurait coûté jusqu’à 25.000 euros. « C’est impossible, même si c’est subventionné, il faut avancer les fonds. Nous, il faut que l’on accepte de perdre de l’argent, du temps et de l’énergie, alors que certains écologistes ne veulent pas faire de concessions. On sait que le loup pourrait être régulé, sans mettre en péril l’espèce. Certaines meutes ne dérangent personnes. Mais il y a d’autres loups qui causent de gros dommages. » La discussion a encore de belles heures devant elle.
L’eurodéputé José Bové, ancien berger, a déclaré récemment qu’en cas de menace sur les moutons, il ne fallait pas hésiter à sortir le fusil. Une réaction qui en a surpris plus d’un, dont Anne Vignot "C’est dans ces moments que la part du patrimoine culturel prend le dessus. Mais il saura revenir à une approche d’écologie politique globale. Nous aurons l’occasion d’en discuter lors de notre université d’été, dans 15 jours. Nous allons l’interpeller, nous allons aussi lui envoyer un courrier pour lui démontrer qu’il est en train de casser notre travail. En plus, le Groupe Loup a une vraie spécificité au niveau national et nous le présenterons d’ailleurs. C’est le premier groupe qui fait appel à la société civile, pour avoir une intelligence territoriale. C’est une sorte de laboratoire."
Depuis l'automne 2011, les attaques ont cessé dans le Doubs et les recherches d'indices sont restées infructueuses. Le regroupement avec l'animal du Massif vosgien reste possible, mais ne sera sans doute jamais élucidé car aucun typage génétique fiable n'a été possible sur l'animal présent dans le Doubs. Enfin, un piège-photo posé dans le cadre de l'étude de densité du Lynx a permis de déceler la présence du Loup, au moins de passage, dans la haute chaîne du Jura le 26/03/12, mais sans récurrence documentée depuis.
Réapparition du loup en Suisse proche (04/06/2013)
Selon une information de l’Agence Télégraphique Suisse, la première agence de presse de la Confédération, un loup aurait tué seize moutons et en aurait blessé cinq autres dans la nuit du 30 au 31 mai 2013 dans la commune de Münster-Geschinen, dans le canton du Valais. Le loup aurait été vu par des témoins et les traces du prédateur auraient été identifiées par le garde-chasse.
L’attaque aurait eu lieu dans le Haut-Valais, dans la vallée de Conches. Un territoire au sein duquel la présence « permanente » du loup avait été confirmée récemment par le service valaisan de la chasse, de la pêche et la faune, après plusieurs observations et découvertes de nombreuses prédations. Selon nos confrères de l’ATS, « l’animal est souvent proche des lieux habités car la couche de neige encore importante sur les coteaux et dans les vallées latérales maintient le gibier sur les bas-coteaux ».
Cette attaque est la première enregistrée dans ce canton sur des animaux d’élevage. Alors qu’il a été observé à 22 reprises, le loup s’est à chaque fois éloigné tranquillement sans agressivité. Les autorités suisses conseillent d’ailleurs à la population, en cas de rencontre imprévue, de ne pas s’en approcher volontairement afin qu’il ne s’habitue pas à la présence humaine. Pour l’heure, aucune autorisation de tir n’aurait été décidée.
La présence du loup dans le canton du Valais est avérée depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois puisqu’un spécimen a été identifié en décembre et deux loups ont tué une dizaine d’animaux en juin 2012.
Présence authentifiée à 20 km de Morteau le 3 juin 2013
En revanche, dans le canton de Neuchâtel, il a fait son grand retour. En effet, le service neuchâtelois de la chasse, de la pêche et de la faune a officialisé lundi 3 juin la présence d’un loup dans la vallée de Joux. Le loup avait disparu du canton de Neuchâtel depuis 1845. Même si la Suisse estime qu’une vingtaine de loups seraient actuellement sur son territoire.
Début mai 2013, un chevreuil et un daim d’élevage ont été attaqués sur les hauteurs du Val-de-Travers, entre Couvet et La Brévine, soit à quelques kilomètres de la frontière française.
Les prélèvements de salive ont permis d’identifier un loup de la lignée italienne pour la première fois, dans la partie suisse de l’Arc Jurassien.
Pour anticiper le retour du loup, un Groupe de travail Contact Loup Neuchâtel a été créé, avec des représentants des diverses parties concernées (éleveurs, chasseurs, association de protection de l’environnement…) et s’intéresse principalement à la problématique de la prévention des dégâts. En Franche-Comté, Europe Écologie Les Verts a également composé un groupe de travail regroupant tous les acteurs civils concernés.
Cette présence du loup, de plus en plus proche de la frontière, ne sous-entend pas forcément qu’il va la franchir dans l’immédiat. Mais un loup est capable de parcourir 60 km en une nuit. Et tous les spécialistes s’accordent sur le fait que son retour, à moyen ou long terme, est inévitable en Franche-Comté.
9 commentaires
Je confirme ce que vous écrivez la présence du loup dans le Doubs. Il faut savoir que le loup avait été vu à l'étang de la Gruère en Suisse en Janvier de cette année. La présence du loup dans le Jura français a été plus ou moins confirmée il y a deux ans. Il y a quelques jours on m'a signalé sa présence dans la région de Menthières (Jura).
Merci pour ces renseignements que je m'empresse d'utiliser dans l'information
N’exister qu’après une preuve par l'image ou génétique. Tel serait la destinée des présumés coupables mammifères prédateurs. Avant d’être photographié, le Loup de Septfontaines n’existait-il pas ? Hier discret et vagabond dans une quelconque forêt du Doubs ou d’ailleurs, qu’importe…, aujourd’hui à la Une d’une presse populaire et des blogs en tout genre. La photo circule, la lumière est faible, la victime est allongée au premier plan, le coupable paraît honteux, les yeux hallucinés par le reflet du flash, sans expression, sans âme, sans existence autre que celle du coupable. Des appareils photo dans tous les coins de bois pour surprendre les criminels… le Lynx est habitué, lui qui porte sur le manteau des taches permettant en plus de l’identifier individuellement, de le suivre à la trace, de connaître ses éventuelles récidives. Pourvu qu’une conscience accompagne cette science ! Car on pourrait craindre que ces joyaux naturels ne se résument qu’à une collection de photos de crimes nocturnes, noir et blanc. Que la magie d’une silhouette de Lynx comme l’incomparable expression d’un regard de Loup ne s’effacent derrière un reflet de flash accusateur ou un champ lexical si peu équivoque (victime, récidive, preuve, ADN, gendarmerie, soupçon, dangereux…).
Leur classe absolue pourrait-elle ainsi être réduite à si peu ? C’est à se demander si le mythe de la présence du Loup - mythe avec lequel nous vivions depuis quelques années avouons-le, sachant très bien grâce à d'illustres prophètes qu’il passerait à l’occasion par nos forêts – si ce mythe n’était donc pas autrement plus puissant, plus envoutant et plus réel finalement qu’une preuve photographique digne d’une vidéosurveillance de parking. Il suffit de comparer le regard et les frissons d’un enfant écoutant une histoire de Loup ou cherchant une trace de Lynx dans la neige, à la déception dubitative de celui qui contemple une preuve à charge de son existence. Je me suis senti enfant cette semaine.
Doit-on espérer ne plus avoir de nouvelle de la présence « avérée » du destiné coupable ? Doit-on le faire vivre uniquement dans l’imaginaire de l’enfant ou du naturaliste ? Dragon, dinosaures et dahus, imaginés ou disparus, seraient-ils finalement mieux protégés par leur éternité que le Loup de Septfontaines qui est né d’un crime photographié ? Les meutes de clébards ou gentils toutous vont pouvoir aboyer en paix, le coupable est arrivé, il y a une preuve.
Souhaitons-lui maintenant des « crimes parfaits » et longue vie dans la forêt et dans notre imaginaire…
JPP
Merci Jean Philippe, pour ce plaidoyer.Le loup,à n'en pas douter, plus Humain que l'Homme. La tendance à la stigmatisation de cette espèce pacifique me désole.Le loup est noble et nous enseigne tant.. lorsqu'on sait rester frais et présent à ce qu'il partage,sans agressivité.Longue vie à lui.Dans le Jura et ailleurs.
Le loup de Septfontaines se devait de passer par Labergement du Navois : les habitants de ce village sont surnommés" Les loups" !
Article sur le loup assez complet, on en discute chaque année dans les alpages où nous passons l'été. Le meilleur argument est me semble-t-il le plus simple. Que se passe-t-il en Corse où il y a des moutons en quantité et pas de loup ? C'est comme ailleurs, les chiens errants font pas mal de victimes. Tout compris l'impact du loup est presque insignifiant, mais hautement symbolique !
On a la même chose avec les requins : quelques humains sont tués chaque année, mais l'homme en détruit de l'ordre de 80 millions. (ce chiffre est par hasard celui de l'expansion humaine).
J'ai failli culbuter un loup (je suis presque sûre que c'en était un) vendredi matin sur la nationale 83 vers 7h20 (matin) un peu avant Quingey. Je l'ai évité heureusement personne n'arrivait en face; c'est surprenant !
vous avez vus c est fantastique :-)
il est aussi aux porte de Genève plus précisement sur le salève bois du sappey dès clichés on été pris par l école d ingénieur Hépia ( il voulais le lynx) et les cliché on montré ce magnifique loup ! bienvenus a lui :-)
http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/Le-loup-repere-sur-la-montagne-des-Genevois/story/20525243
Chez nous a Genève la chasse est interdite :-) et le garde manger est abondant donc il va ce plaire !
Alors voilà un très bon post.
C'est pas réellement la seule fois que je lis ce site perso: alors là, aujourd'hui, je me sens juste obligée de laisser un mot.
Aurais-tu d'autres lectures à préconiser (globalement) sur ce sujet ?
En tout cas encore félicitations !!
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