Gaz de schiste en Franche-Comté
27/09/2013
Gaz de schiste en Franche-Comté :
des contrats d'exploration signés dans le plus grand secret
(Dernière mise à jour : 12/02/2013)
Tout a été fait pour que nous restions dans l’ignorance. Il ne faut pas que les citoyens soient au courant. Les maires des communes n’ont pas été prévenus.
Pourtant en 2010, Jean-Louis Borloo, alors Ministre de l’Écologie a accordé des contrats d’exploration à des compagnie pétrolières sur un dixième de la surface du pays. Il a modifié le code minier pour assouplir la législation sur la protection de l’environnement et pour maintenir au secret les résultats de ces explorations. Écouter à ce sujet les propos de Corinne Lepage qui s'exprime sur le gaz de schiste :
http://www.youtube.com/watch?v=5k9jc95IECQ&feature=pl...
Nicole Bricq, ministre de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie a décidé de procéder à la mise en ligne, sur le site du ministère, de l'intégralité des permis de recherches sur le sol national d'hydrocarbures -pétrole et gaz- y compris d'hydrocarbures non conventionnels comme le gaz de schiste, accordés ou en cours d'instruction.
En ce qui concerne la Franche-Comté, voici les permis concernés :
Qu’est-ce que ce « gaz de schiste » ? C’est un gaz naturel emprisonné dans la roche profonde. Jusque récemment, nous n’étions capable que d’extraire du gaz de poches naturelles mais désormais les compagnies pétrolières sont capables d’aller le récupérer dans la roche. Pour cela, il faut « fracturer » ces couches rocheuses, injecter dans des puits de forage des millions de litres d’eau accompagnés d’un intense cocktail de produits chimiques. Cette technique, très chère, est particulièrement polluante. Elle est utilisée depuis plus de deux ans maintenant aux États-Unis et au Canada et c’est déjà une catastrophe écologique : les nappes sont polluées, l’eau du robinet est chargée en gaz et produits chimiques …
Ce sont donc les écologistes d’outre-Atlantique qui, les premiers ont dénoncé ce scandale écologique. Ce sont les écologistes en Europe qui montent au créneau et notamment José Bové.
En France, c’est Jean-Louis Borloo qui a accordé des contrats juteux en toute opacité.
En ce qui concerne la Franche-Comté, un périmètre de prospection de 1470 km2 a été accordé à l'entreprise Celtique Energie Petroleum dans la région de Pontarlier, et un autre de 3269 km2 dans la région des Moussières. Voir à ce propos l'article : "Devine qui vient forer chez moi ?"
De sorte que, à tout moment, l’entreprise « Celtique Energie Petroleum » peut venir forer à 2000 mètres sous le Laveron pour venir y faire des tests ? Les maires des communes eux-mêmes ne sont pas au courant ! Pourtant, c’est bien le cas ! Regardez par vous-même le site internet de cette compagnie :
http://www.celtiqueenergie.com/operations/france/jura/map...
Périmètre de prospection dans le Haut-Doubs
concédé à Celtique Energie Petroleum
Aire potentielle de gaz de schiste
dans le permis de Pontarlier
Carte Google de la zone de prospection autour de Pontarlier
(Document Celtique Energie Petroleum)
Périmètre de prospection dans le Jura
concédé à Celtique Energie Petroleum
Cette affaire de gaz de schiste est scandaleuse à plusieurs titres :
- C’est tout d’abord un déni de démocratie. Le gouvernement et les compagnies pétrolières veulent passer coûte que coûte et le moyen le plus efficace, c’est la discrétion. Pour cela, c’est raté grâce à la vigilance des écologistes. Malheureusement, le gouvernement s’est déjà engagé, en notre nom !
- C’est ensuite un danger insupportable. L’exploitation de ce gaz souterrain est particulièrement dangereuse et polluante. Comme si la ressource en eau dans notre pays karstique n’était pas déjà en piteuse état.
Après les plans d’épandage pas respectés, les communes ne respectant pas la loi sur l’assainissement, les canons à neige, voici que débarquent les gaz de schiste, avec ses forages, ses explosions souterraines, ses cortèges de camion, ses millions de litres d’eau injectés à très haute pression mélangé à des produits chimiques hautement toxiques.
Enfin, le principe même de cette exploitation va à l’encontre du bon sens. Quel est l’avenir ? À quoi devrait-on mettre notre énergie ? A trouver des énergies renouvelables et à se passer des hydrocarbures qui provoquent de l’effet de serre et les changements climatiques ! Au lieu de cela, on continue à volontairement ignorer le danger et on va sortir de la terrer de nouvelles causes d’émissions de gaz à effet de serre. Au lieu de trouver comment stocker le CO2, on le déterre !
À qui profite le crime ? Comme toujours, à quelques profiteurs, aux actionnaires des grandes compagnies pétrolières et à ceux qui leur obéissent.
Source : Europe Ecologie Les Verts
Article paru dans l'Est Républicain du 10 février 2013
Les permis d’exploration attribués dans le massif du Jura, aux Moussières, à Pontarlier et en Suisse, font à nouveau parler d’eux. Des permis qui autorisent la société britannique Celtique Energie Petroleum à explorer le sous-sol du massif à la recherche d’hydrocarbures conventionnels. Avec des demandes de permis de forage qui pourraient ne pas tarder.
En effet, à Noiraigue, à 30 km de Pontarlier, en Suisse, les choses pourraient aller très vite. Selon le journal helvète « Le Temps », « la firme britannique est disposée à investir 15 millions de francs pour réaliser un forage exploratoire durant deux mois, jusque 2 300 mètres entre Noiraigue et Travers. Elle estime pouvoir trouver 20 milliards de mètres cubes de gaz naturel, une quantité qui permettrait de couvrir l’actuelle consommation en Suisse durant sept ans ».
La compagnie pourrait faire sa demande de forage, comparable à une demande de permis de construire, courant 2013. Une étape supplémentaire, après des années de recherche, qui conduirait à implanter des derricks, pour explorer le sous-sol.
« Des trois permis du massif, c’est celui du Val de Travers qui est le plus avancé. Pour Celtique Energie Petroleum, il est logique que la prochaine étape soit le forage de reconnaissance. Mais ces forages de reconnaissance pétroliers coûtent cher. Ils sont ensuite souvent transformés en forages d’exploitation », souligne Vincent Bichet, géologue et professeur à l’université de Besançon.
Si les choses vont plus vite en Suisse qu’en France, c’est que le permis de Celtique Energie Petroleum, dans le Val de Travers, a été accordé plus tôt. Mais aussi parce que les recherches ont été simplifiées par des années d’études antérieures et des certitudes plus implantées. « Pour la compagnie, il a fallu redigérer des données géologiques qui avaient déjà été analysées depuis trente ans, vérifier des hypothèses. Et dans le Val de Travers, des prélèvements d’asphalte ont déjà existé auparavant. »
« Stratégie en cascade »
Pour Celtique Energie Petroleum, la deuxième étape, en Suisse, sera l’obtention du droit d’apporter des machines sur le terrain, en accord avec les autorités locales. Une autorisation soumise à une étude d’impact, principalement due à la présence du château d’eau du canton de Neuchâtel.
La compagnie serait donc « à deux doigts » du forage en Suisse. Avec, ensuite, une potentielle stratégie développée en cascade. « La société pourrait envisager de travailler dans l’ordre : elle pourrait commencer par Noiraigue, puis explorer ensuite le permis des Moussières, puis celui de Pontarlier, en transférant le matériel de reconnaissance de site en site. »
Le Jura français aurait-il donc un petit sursis ? « Géologiquement, on sait qu’il y a des hydrocarbures dans le Jura. Cela fait des années que les recherches l’ont prouvé. Il y a même déjà eu une trentaine de forages, notamment à Sainte-Colombe, Chapelle-des-Bois ou Mignovillard. La vraie question serait maintenant d’ouvrir un débat éthique. Les forages seront toujours plus encadrés en France ou en Suisse qu’au Mexique ou en Sibérie. Le risque est à peu près maîtrisable, même si le risque zéro n’existe pas. Mais il faudrait surtout se poser la question : veut-on de cette énergie ? Sur nos parcs naturels, avec l’image négative que peuvent véhiculer des derricks sur l’écotourisme… N’y a-t-il pas une autre alternative à trouver ? », s’interroge Vincent Bichet.
Le débat mériterait au moins d’être lancé.
Lisa LAGRANGE
Dans le Jura français, les choses bougent également.
Le renouvellement du permis dits des Moussières (situé sur les départements du Jura, des Savoies et de l’Ain) est en cours d’instruction. Un examen effectué par la préfecture de l’Ain qui prend du temps : quinze mois. Mais, durant ce délai, la compagnie Celtique Energie Petroleum peut continuer à explorer le périmètre que l’Etat lui a accordé en 2008. Un jeu de patience avant « de s’attaquer sans scrupule au sous-sol », affirme le collectif « Non aux forages d’hydrocarbures ».
La demande de renouvellement de permis d’exploration (d’une durée de cinq ans, renouvelable deux fois) a été jugée recevable par le ministère de l’Environnement, le 3 décembre 2012.
La loi prévoit que le renouvellement d’un permis concerne une zone deux fois plus petite que celle du permis initial. « Nous soupçonnons même les [Celtique Energie Petroleum, N.D.L.R.] d’avoir tout calculé depuis le début. Y compris la réduction du périmètre de leur permis […] Le premier périmètre allait de Belley, dans l’Ain, jusqu’à Pontarlier. Aujourd’hui, il est recentré autour de Lantenay (Ain), mais concerne toujours Saint-Claude et le Haut-Jura », indique Guy Faure, hydrogéologue et membre du collectif.
La petite histoire veut d’ailleurs que Les Moussières soit exclues de ce nouveau permis. Mais peu importe, la zone réduite de moitié (de 3 269 km² au départ à 1 635 km² aujourd’hui), la Celtique Energie Petroleum sait déjà que son principal gisement est sous les pieds des habitants de Nantua et de ses environs.
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