Le désastre pétrolier dans le Golfe du Mexique
20/06/2010
Le désastre pétrolier dans le Golfe du Mexique
(Dernière mise à jour : 2 janvier 2016)
Les faits :
La plateforme Deepwater Horizon avant la catastrophe
20 avril 2010 : À la suite d’une explosion, un incendie ravage Deepwater Horizon, la plateforme exploitée par BP à 80 kilomètres des côtes de la Louisiane, faisant 11 morts. Deux jours plus tard, elle sombre dans l’océan.
Vue satellite de la fuite de pétrole
Deepwater Horizon en feu - Le 21 avril 2010, l’incendie fait toujours rage sur la plateforme de BP dans le golfe du Mexique. Elle sombrera le lendemain
25 avril : Selon les estimations des gardes-côtes américains, la nappe d’hydrocarbures s’échappant du puits situé à 1 500 mètres de profondeur s’étend sur une surface de 32 kilomètres carrés. Au total, trois fuites sont repérées. BP envoie quatre robots sous-marins pour tenter de fermer la valve de sécurité des puits, en vain.
Des navires capturent "au lasso" des nappes de pétrole
28 avril : Les premières opérations de brûlage de la nappe de pétrole sont lancées.
29 avril : Le pétrole atteint les marais proches du delta du Mississippi, un écosystème particulièrement fragile.
Des barrages flottants ont été mis en place
près de la côte pour protéger les pêcheries
Barrages flottants destinés à protéger
les sites de nidification des oiseaux marins
Les marais côtiers de la Louisiane constituent
un sanctuaire pour la faune,
en particulier les oiseaux aquatiques
30 avril : Après la Louisiane, la Floride, l’Alabama et le Mississippi décrètent l’état d’urgence. Le gouvernement américain déclare cette marée noire "catastrophe nationale".
1er mai : La nappe d’hydrocarbures s’étend à présent sur environ 1 500 kilomètres carrés.
2 mai : Interdiction de la pêche dans les eaux touchées par la marée noire.
3 mai 2010 : la Garde nationale construit une barrière Hensco sur l'île Dauphin, Alabama
5 mai : Des robots sous-marins parviennent à colmater l’une des trois fuites, mais le volume de pétrole qui s’échappe du puits reste colossal (5 000 barils, soit 800 000 litres par jour, selon les estimations de BP).
8 mai : BP pose sur la fuite principale un couvercle de confinement, un dôme de 12 mètres de hauteur et pesant 100 tonnes. Mais des cristaux similaires à de la glace se forment et empêchent le pompage du pétrole jusqu’à la surface. Le dispositif est retiré.
16 mai : BP parvient pour la première fois à pomper du pétrole en introduisant un tuyau de 15 centimètres de diamètre dans le puits.
Un énorme silo blanc d'une centaine de tonnes a été
embarqué à bord d'une barge partie de Louisiane
26 mai : Lancement de "Top Kill", l’opération la plus ambitieuse de BP. Le géant pétrolier tente d’injecter des boues lourdes dans le puits pour stopper l’écoulement de brut. Après trois jours de travaux, BP annonce que la tentative est un échec.
3 juin : Un dôme en forme d’entonnoir est installé sur la fuite principale, permettant de siphonner le pétrole jusqu’à un navire stationné en surface. Le nouveau dispositif comporte des soupapes pour éviter la formation des cristaux. Près de 15 000 barils de brut sont récupérés chaque jour. Selon le directeur général de BP, Tony Hayward, ce volume représenterait la « grande majorité » du pétrole qui s’échappe du gisement. Ce que réfute le responsable des gardes-côtes américains, Thad Allen, qui pencherait plutôt pour le tiers ou la moitié de la fuite.
Premières victimes : les oiseaux (cliché Géo)
Le Pélican marron, qui habite dans les marécages de la Louisiane, est devenu le symbole du désastre écologique qui frappe le golfe de Mexique. Cette région de marais et de bayous abrite une grande biodiversité, protégée par des réserves naturelles. Celle de Breton National Wildlife Refuge, située sur les îles Breton et Chandeleur, au sud de la Louisiane, a été gravement touchée par la nappe de pétrole. Et ceci au plus mauvais moment : en pleine période de reproduction et de nidification des oiseaux.
Près de 600 oiseaux, 250 tortues de mer et 30 dauphins figurent parmi les premières victimes. Les oiseaux mazoutés sont amenés au centre vétérinaire de Fort Jackson, mais ils n’ont que 50 % à 70 % de chances de survie, estiment les vétérinaires. Le pétrole qu’ils ont ingéré leur cause des dégâts dans les poumons et le foie.
Le delta du Mississippi asphyxié (cliché satellite Géo)
Cette image satellite en fausses couleurs prise le 24 mai 2010 montre de manière spectaculaire à quel point la marée noire a envahi tout le delta du Mississippi. En rouge : la végétation, et en gris... le pétrole.
À ce jour, environ 200 kilomètres de côtes de quatre états – Louisiane, Mississippi, Alabama et Floride – sont touchés. D’après les spécialistes, les dégâts sont si importants que, dans certaines zones, il n'y a plus aucune trace de vie. L’amiral Thad Allen, responsable des gardes-côtes américains, estime que restaurer l’écosystème dévasté prendra des années.
Enfin, il est probable que la marée noire aura un impact sur d’autres états, tels que le Mexique, les Bahamas, les Bermudes ou Cuba dans les mois à venir.
Un écosystème ravagé (cliché aérien Géo)
Le 29 avril, le pétrole a atteint les marais proches du delta du Mississippi, un écosystème foisonnant et particulièrement fragile. De nombreuses espèces de poissons et de crustacés vivent dans cette zone humide, qui constitue aussi une étape importante pour les oiseaux migrateurs, qui y nidifient. Au large des côtes, les eaux du golfe du Mexique abritent également une riche faune marine (dauphins, tortues marines, baleines, crevettes, plancton…).
La marée noire aura inévitablement des conséquences à long terme sur cet écosystème. L’un des risques est le phénomène de bioaccumulation des hydrocarbures dans les tissus des organismes vivants, c’est-à-dire la transmission de substances toxiques entre les maillons de la chaîne alimentaire, le prédateur ingérant les polluants présents dans sa proie.
Serpent toxique (cliché aérien Géo)
Comme un serpent empoisonné qui fraierait dans le golfe du Mexique, une traînée orange flotte à la surface de l’eau. La composition de cette nappe aux couleurs chatoyantes ? Du pétrole coagulé par les dispersants et du brut fraîchement échappé du puits, situé à 14 kilomètres de là.
Incendie provoqué d'une nappe (cliché Coast Guards)
Chargé des opérations de nettoyage, BP est critiqué pour l’utilisation de ces dispersants qui permettent de réduire le pétrole à de petites particules. Depuis le début de la catastrophe, plus de 4 millions de litres de produits ont ainsi été déversés dans les eaux territoriales américaines. Le Coredit 9500, l’un des dispersants utilisés, est susceptible de provoquer des problèmes de santé.
Le serpent pollue le delta du Mississipi (cliché aérien Greenpeace)
Voir la suite dans : "Deepwater Horizon : autopsie d'une catastrophe"
Voir également : Vidéos Greenpeace et Diaporama Greenpeace
Ajout du 25 août 2014
Un article de presse pêché dans Humanité et Biodiversité : Quand les forages pétroliers menacent les 55 derniers dauphins maui de la planète.
Ajout du 2 janvier 2016
La dispersion du pétrole de Deep Water Horizon a été néfaste (Sciences & Avenir, n° 827, janvier 2016)
Des bactéries gloutonnes en pétrole ont été supprimées par les produits chimiques déversés pour nettoyer la surface de l'eau en 2010.
Le remède aura été pire que le mal : des expériences de l'université de Géorgie (États-Unis) montrent que si les dispersants chimiques déversés par avion après la catastrophe de Deep Water Horizon (lire Sciences & Avenir n° 763, septembre 2010 et n° 778, décembre 2011) ont bien nettoyé la surface de l'eau, ils ont en revanche détruit une population de bactéries naturellement gloutonnes en pétrole. Du coup, l'huile noire et lourde tapisserait désormais une grande partie des fonds du golfe du Mexique.
Retour en 2010. La fuite d'un puits de forage en eau profonde de BP provoque le déversement de 172 millions de litres d'hydrocarbure dans l'océan. En réponse, près de 7 millions de litres de Corexit 9500 sont largués pour "dégrader le pétrole en surface et dans les eaux profondes". Le hic, selon la spécialiste des sciences marines Samantha Joye, qui a testé en laboratoire les différents panaches océaniques et leurs effets sur 50 000 bactéries, c'est que ce dispersant — autorisé — ne dégrade pas entièrement le pétrole. Pis, il favorise l'expansion des micro-organismes Colwellia qui "effilochent" le pétrole, tout en limitant sévèrement la prolifération des Marinobacter qui dégradent le mieux le brut lourd. Les résultats sont maintenant sur le bureau de l'Agence de protection environnementale américaine.
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