La Truite du Doubs
05/02/2010
Salmo trutta fario Linné, 1758
Famille des Salmonidés
par André Guyard
Au cours d'une campagne d'échantillonnages du peuplement ichtyologique du cours inférieur du Doubs entre Voujeaucourt et Crissey (Doubs), nous avons été amenés à étudier les populations de poissons les plus représentatives de ce peuplement, aussi bien dans le cours du Doubs proprement dit que dans la partie du canal du Rhône au Rhin (canal Freycinet) qui le jouxte dans cette partie. Le présent article s'intéresse à la Truite fario dont le secteur se trouve normalement en amont des cours d'eau (zone de la Truite).
La Truite est une espèce très polymorphe dont les variations accompagnent souvent les changements d'habitats qu'est susceptible d'accomplir cette espèce. À côté de la Truite de rivière, on distingue en Franche-Comté la Truite de lac Salmo trutta lacustris, une forme que l'on rencontre dans les lacs du Jura (en particulier à Saint-Point).
Bien que le Saumon soit absent totalement du bassin rhodanien, comme il est facile de confondre Truite et Saumon, nous donnons ici quelques caractères distinctifs.
La Truite a le corps plus massif que le Saumon, la tête est plus camuse et relativement plus grosse. La bouche est plus largement fendue, le maxillaire supérieur dépassant nettement le bord postérieur de l'œil. Les mâchoires sont armées d'une rangée de dents coniques. Sur le premier arc branchial, 2 à 5 des branchiospines inférieurs et supérieurs sont coniques, les autres sont cylindriques. Le pédicule caudal est plus élevé. La caudale est moins concave, souvent coupée presque carrément. Le nombre d'écailles contenues dans une ligne oblique, allant en arrière et vers le bas, de l'adipeuse jusqu'à la ligne latérale (écaille de la ligne latérale comprise) est de 14 à 19, généralement 16.
La coloration de la robe et le patron des ponctuations varient avec l'âge et le milieu de vie des individus. Il existe chez certaines truites une tendance naturelle à se déplacer vers des secteurs où le volume d'eau est important (lac ou grande rivière), là, les individus perdent complètement leur robe tachetée pour prendre une parure très homogène avec le dos souvent gris bleu et le ventre blanc.
La Truite fario est largement répandue sur l'ensemble du territoire. Elle fréquente aussi bien les cours d'eau de haute altitude que les lacs. En plaine le facteur le plus limitant de sa répartition est la température plus que la qualité des eaux (espèce d'eau fraîche). C'est pourquoi dans le Doubs, on la rencontre dans le cours supérieur et plus rarement dans le cours inférieur, uniquement localisée dans des biotopes où l'eau est vive : déversoirs de barrage, en particulier, qui constituent naturellement des zones de réserve de pêche. Comme notre échantillonnage évitait les réserves, il n'est pas étonnant que la Truite fario n'ait été trouvée que dans le Doubs à Orchamps (voir graphe ci-dessous).
Dans nos régions, la taille dépasse rarement 80 à 100 cm (10-15 kg), les plus gros spécimens étant des truites de lacs ou de larges cours d'eau. L'âge habituel est de 4-5 ans.
Il apparaît donc que la Truite de rivière Salmo trutta fario est une forme naine sédentaire qui passe toute sa vie dans les eaux courantes. Elle ne devient pas claire comme la Truite de lac, mais passe directement de la livrée juvénile rayée transversalement, à la livrée adulte. Dans les petits cours d'eau, elle atteint souvent une longueur de 15 à 20 cm, et arrive à maturité à l'âge de 2 ou 3 ans. Dans ce cas, les œufs sont en petit nombre de 100 à 300. Dans les plus grands cours d'eau, elle peut atteindre 50 cm (1 à 1,5 kg) et à 4-5 ans.
La Truite de rivière est très casanière, ce poisson individualiste préfère avant tout des gîtes à l'abri du courant, derrière des racines ou des pierres.
Dans le cours supérieur du Doubs et dans la Loue, la livrée de la Truite fario présente une coloration caractéristique avec des bandes sombres latérales : on l'appelle la truite zébrée (voir ci-dessous).
Truite fario de la Loue
Par suite d'empoissonnements répétés, la Truite fario cohabite souvent avec une cousine américaine, la Truite Arc en ciel.
Sources :
- Allardi J. & Keith Ph. (1991). - Atlas préliminaire des poissons d'eau douce, 234 p.
- Guyard A. et coll. (1992) - Inventaire du peuplement ichtyologique du cours du Doubs et du canal du Rhône au Rhin entre Voujeaucourt et Crissey. Rapport d'étude pour le compte de la CNR (73 pages + annexes).
- Muus B. J., Dahlstrom P. (1968). - Guide des poissons d'eau douce et pêche, 248 p. Delachaux et Niestlé Ed.
2 commentaires
La Truite de lac ( robe tacheté un peu zébré jaune).
Es-ce poisson que l'on appelle Omble de Fontaine ?
ou Saumon fontaine
Je désirai en savoir plus sur cette Truite "différente ".
l'omble de fontaine; D'ou vient - elle?
Dans quel proportion on la retrouve sur le territoire français?
Es-ce un saumon ou une truite ?
Et si cette un saumon,
fait-il cette migration en mer ?
Cordialement!
Tom B
Bonjour,
Dans vos propos, il y a confusion entre quatre espèces différentes de salmonidés.
1. La truite de lac (Salmo trutta lacustris) est de la même espèce que la truite de rivière (Salmo trutta fario). Mais en milieu lacustre, elle atteint des tailles considérables. Elle fraie en rivière.
Lorsqu'elle habite des fleuves, elle peut migrer en mer (Truite de mer).
2. Ne pas confondre cette truite de lac avec la truite de lac américaine (Salvelinus namaycush) que l'on appelle en France Cristivomer ou Truite canadienne. A été introduit dans le Jura dans le lac de Vouglans.
3. L'Omble Chevalier (Salvelinus alpinus) vit également dans les lacs profonds (Annecy, le Bourget, Léman, Neuchâtel).
4. Le Saumon de fontaine (Salvelinus fontinalis) ressemble à la Truite de rivière et à l'Omble, mais sa bouche est plus largement fendue et son dos montre des zébrures.
Vous trouverez sur le net photos et description de chacune de ces espèces.
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