La Carpe du Doubs
01/02/2010
Cyprinus carpio Linné, 1758
Famille des Cyprinidés
par André Guyard
Au cours d'une campagne d'échantillonnages du peuplement ichtyologique du cours inférieur du Doubs entre Voujeaucourt et Crissey (Doubs), nous avons été amenés à étudier les populations de poissons les plus représentatives de ce peuplement, aussi bien dans le cours du Doubs proprement dit que dans la partie du canal du Rhône au Rhin (canal Freycinet) qui le jouxte dans cette partie. Le présent article s'intéresse à la Carpe que l'on rencontre dans les eaux calmes.
Le corps est allongé et plus ou moins haut, la carpe est généralement brune sur le dos, dorée sur les flancs et jaune sur l'abdomen. Les écailles sont grandes : 33 à 40 le long de la ligne latérale (chez les carpes pourvues d'écailles). La bouche protractile est munie de 4 barbillons sur la lèvre supérieure (2 longs et 2 courts). Les carpes dites "miroirs" ont une écaillure incomplète, les carpes "cuir" en sont dépourvues. Taille : de 25 à 100 cm. Les Carpes sauvages de 3 à 4 ans mesurent de 20 à 40 cm et pèsent de 300 à 1000 g. Le maximum dépasse rarement le mètre, le poids atteint 25 à 30 kg pour un âge de 40 ans.
La Carpe commune
On trouve la Carpe en étang ou dans les cours d'eau à courant lent (faciès lentique), avec fond vaseux et végétation dense. C'est un animal timide, de mœurs surtout nocturnes.
Originellement, la Carpe est un poisson asiatique qui se trouve dans une zone s'étendant de la Mandchourie aux affluents de la mer Noire. Depuis 2000 ans, c'est un important poisson de pisciculture.
La Carpe est surtout active à partir du crépuscule. Elle se nourrit de daphnies (puces d'eau), de larves de diptères et d'autres insectes aquatiques, de vers et de divers petits mollusques. Des graines de plantes ou des algues sont comprises dans la nourriture. Occasionnellement, la Carpe mange des grenouilles, des épinoches ou des alevins.
La Carpe perd durant l'hiver de 5 à 15 % de son poids. Elle est très résistante et tolère une eau pauvre en oxygène (0,5 mg d'oxygène par litre). La Carpe est mature à 3-4 ans, les mâles plus tôt que les femelles.
La reproduction a lieu de juin à juillet dans la végétation des eaux très calmes et peu profondes, par exemple dans des prairies inondées, en mai, ou plus tard, par une température de 17 à 20°C). La fraie a lieu dans une eau très tranquille et peu profonde, Cette température élevée est nécessaire, et explique pourquoi la Carpe sauvage ne se reproduit que rarement en Europe centrale et septentrionale. Le mâle présente alors des tubercules nuptiaux. Les œufs (100 000/kg de femelle) incubent pendant 3 à 8 jours. Les œufs de 1 mm se gonflent dans l'eau jusqu'à 1,6 mm. Ils s'attachent aux plantes, et éclosent au bout de 3 à 8 jours selon la température (environ 100 degrés/jours sont nécessaires).
Originaire de l'Asie mineure, Gervais (1897) situe son introduction sous François 1er (XVIe siècle) alors que Gadeau de Kerville (1897) signale déjà sa présence au XIIIe siècle; elle fut en fait vraisemblablement introduite par les Romains durant l'occupation de la Gaule (Pellegrin, 1943 ; Spillmann, 1961 ; d'Aubenton et Spillmann, 1976 ; Grégoire, 1983). La pisciculture de la carpe très répandue au Moyen-Âge, a permis la sélection de nouvelles souches (Vallois 1901). Elle est largement répandue sur le territoire à l'exception des zones de montagnes (Alpes, Pyrénées) et de la côte nord-bretonne.
Les formes sauvages sont plus élancées que les formes domestiques, lesquelles ont souvent un corps élevé.
Sur la base de facteurs héréditaires, la couverture écailleuse de la Carpe varie selon les 4 principaux types suivants :
- Carpes écailleuses, couvertes de petites écailles semblables.
- Carpes miroir, avec de grandes écailles miroitantes, irrégulièrement disposées, et de tailles différentes.
- Carpes à rangs, avec une série de petites écailles le long du dos, et une rangée de grosses écailles uniformes le long de la ligne latérale.
- Carpes cuir, qui sont presque dépourvues d'écailles.
Carpe à rang
Carpe cuir (au-dessus) et Carpe miroir (au centre)
Carpe miroir (à gauche), Carpe cuir (au centre) et Carpes miroir (au bas)
Sources :
- Allardi J. & Keith Ph. (1991). - Atlas préliminaire des poissons d'eau douce, 234 p.
- Guyard A. et coll. (1992) - Inventaire du peuplement ichtyologique du cours du Doubs et du canal du Rhône au Rhin entre Voujeaucourt et Crissey. Rapport d'étude pour le compte de la CNR (73 pages + annexes).
- Muus B. J., Dahlstrom P. (1968). - Guide des poissons d'eau douce et pêche, 248 p. Delachaux et Niestlé Ed.
1 commentaire
Je me trompe ou ce sont des carassins dans les deux premières photos ? On ne voit pas de barbillons.
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