Journée mondiale des abeilles
21/05/2019
Journée mondiale des abeilles :
Leur disparition pourrait
causer des millions de morts
Par Sciences et Avenir le 20/05/2019
Le déclin des pollinisateurs pourrait augmenter la mortalité mondiale de près de 3 %, selon une étude prospective. Preuve que les destins des abeilles — dont la journée mondiale est le 20 mai — et des humains sont étroitement liés.
Cliché DR
Le 20 mai fut la Journée mondiale des abeilles selon les Nations unies. Cette journée vise à "attirer l'attention de tous sur le rôle clé que jouent les pollinisateurs, sur les menaces auxquelles ils sont confrontés et à leur importante contribution au développement durable". L'organisation explique avoir choisi cette date car elle "coïncide avec l'anniversaire d'Anton Janša, qui, au XVIIIe siècle, fut le pionnier des techniques apicoles modernes dans sa Slovénie natale et rendit hommage à l'abeille pour sa capacité à travailler dur tout en n'ayant besoin que de peu d'attention".
Jusqu'à 1,4 million de morts supplémentaires par an
Le déclin global des pollinisateurs — essentiellement des abeilles et d'autres insectes — pourrait provoquer jusqu'à 1,4 million de morts supplémentaires par an, soit une augmentation de la mortalité mondiale de près de 3 %, révèle une étude publiée dans The Lancet. Cette accroissement de la mortalité résulterait de la combinaison d'une augmentation des carences en vitamine A et en vitamine B9 (contenues dans nombre de fruits et légumes), vitales pour les femmes enceintes et les enfants, et d'une incidence accrue des maladies non transmissibles comme les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et certains cancers. Tels sont donc les phénomènes que provoqueraient, par le biais de modifications alimentaires (liée à la baisse du nombre de fruits, légumes, noix et graines), un effondrement de la population des pollinisateurs. Les carences en vitamine A et vitamine B9 peuvent atteindre les yeux, ce qui peut entraîner la cécité, et provoquer des malformations du système nerveux.
71 millions de personnes carencées en vitamine A
Ces effets sur la santé toucheraient les pays développés et en développement, selon cette étude. Selon un scénario d'élimination complète des pollinisateurs, 71 millions de personnes dans les pays à faibles revenus pourraient se retrouver carencées en vitamine A, et 2,2 milliards, qui ont déjà une consommation insuffisante, verraient leurs apports se réduire encore. Pour la vitamine B9, ce sont 173 millions de personnes qui deviendraient carencées et 1,23 milliard de gens qui verraient leur consommation déficiente se détériorer encore. Une baisse de 100 % des "services de pollinisation" pourrait réduire les approvisionnements mondiaux en fruits de 22,9 %, en légumes de 16,3 %, et de 22,9 % en noix et graines, mais avec des disparités selon les pays.
En somme, ces changements alimentaires pourraient augmenter la mortalité mondiale annuelle par les maladies non transmissibles et celles liées à la malnutrition de 1,42 millions de décès par an (+ 2,7 % de mortalité globale annuelle), selon l'étude dirigée par le Dr Samuel Myers (Boston, Etats-Unis, Harvard TH Chan School). Une perte des services de pollinisation limitée à 50 % équivaudrait à la moitié (700.000) de la mortalité supplémentaire qu'entraînerait la suppression totale des pollinisateurs, selon ces estimations.
CO2. Une autre étude, publiée dans The Lancet Global Health, quantifie une menace spécifique, jusqu'à présent jamais mesurée, pour la santé mondiale provenant des émissions de dioxyde de carbone (CO2) dues à l'activité humaine. Selon cette seconde étude, la réduction de la teneur en zinc des cultures vivrières importantes liées à l'augmentation des concentrations de CO2 dans l'atmosphère exposera au risque de carence en zinc (retard de croissance, problèmes de défenses immunitaires, morts prématurées) 138 millions de personnes supplémentaires dans le monde d'ici 2050. Par ailleurs, avec la Fondation Rockefeller, The Lancet publie un rapport sur les changements environnementaux "qui vont bien au-delà des changements climatiques et menacent les progrès en matière de santé réalisés au cours des dernières décennies".
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