La collète des saules : une abeille solitaire
25/04/2017
La collète des saules : une abeille solitaire
par Patrick Paubel
Naturaliste
Avril 2017 en Bresse, la sécheresse s'installe du fait du manque de précipitations, aggravée par la bise, le vent du Nord soutenu. Les grenouilles agiles et rousses ont pondu, mais les fossés sont vides.
Cette météo semble bénéficier à une espèce d'hyménoptère qui a développé une "bourgade" importante que je n'avais jamais observée. Il s'agit du Collète des saules (ou des sables). Cette abeille sauvage, de type solitaire est classée dans les Apoidea, famille des Colletidae. Son nom latin est Colletes cunicularius.
Le Collète des saules creuse des terriers en sol meuble, laissant de petits éboulis de terre fine dans la pente du talus, qui est exposé plein Sud. Le territoire de cette "agglomération" représente un talus de vingt à trente mètres de long pour deux mètres de large contenant largement plus de deux cents terriers.
Photos : Patrick Paubel - Georges Janody
Entrée au nid
Photo : Patrick Paubel - Georges Janody
Cette abeille a la particularité de vivre en communauté de "villages" ou "bourgades", en garenne en quelque sorte, comme le lapin, d'où son nom. On la rencontre dans les sablières ou dans les dunes.
Collète des saules sortant du nid pour aller butiner
Photo : Patrick Paubel - Georges Janody
Le Collète des saules ressemble beaucoup à notre abeille domestique Apis mellifera, mais elle présente une pilosité abondante et hérissée, et son abdomen (On dit désormais "le gastre") est entièrement noir sans bande claire entre les segments. La modification adaptative de sa dernière paire de pattes est insuffisante pour pouvoir mettre le pollen en boulettes (pelotes).
Vol de retour avec pollen au nid
Photo : Patrick Paubel - Georges Janody
Retour au nid après butinage
Photo : Patrick Paubel - Georges Janody
Retour au nid après butinage. Le pollen n'est pas aggloméré en pelotes
Photo : Patrick Paubel - Georges Janody
Cette abeille vit plutôt dans le Sud et l'Ouest de la France, mais évite le pourtour méditerranéen.
Le genre Colletes présente plus de cent espèces, dont le cycle varie et s'étale au fil de la saison. Colletes cunicularius est la plus précoce, démarrant son cycle en février, principalement sur les Saules (Saules blancs et Saules Marsault dits Massaules en Bresse). En réalité, on a cru longtemps qu'elle était oligolectique sur les saules, ce qui est désormais démenti. Les mâles ou faux-bourdons de cette espèce sont leurrés par certaines Orchidées du genre Ophrys. Ils émergent les premiers et cherchent à s'accoupler à plusieurs sur une même femelle (essaim copulatoire).
Ophrys abeille (Ophrys apifera)
Cliché © Pascal Collin
Sources :
— Wikipedia : Colletes cunicularius
— Guillaume Lemoine de la FNOSAD (Fédération nationale des organisations sanitaires apicoles départementales) : Les principaux genres d'abeilles sauvages en France
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