La Cigogne noire
21/03/2016
La Cigogne noire Ciconia nigra
On rencontre de plus en plus fréquemment cet oiseau dans l'Est de la France : la Cigogne noire. En ce printemps 2016, notre ami Dominique Delfino a réussi de fabuleuses photos de cet échassier dans le Pays de Montbéliard (voir texte et illustrations ci-dessous).
[Il s'agit d'une observation hors du commun réalisée par Dominique Delfino au cours de la dernière semaine de mars 2016 dans un petit affluent du Doubs. La série d'images qu'il a réalisée est inédite. Le photographe lève le voile de son affût pour nous faire partager et découvrir aujourd'hui cet instant vécu au cœur de la vie de la Cigogne noire.]
"À mon retour d'Afrique, je décide de reprendre la température locale en me postant en fin de journée sur le bord d'un ruisseau pour y observer le va-et-vient des oiseaux, en particulier celui du Cincle plongeur.
Alors que depuis près d'une heure rien se semble vouloir se manifester, je distingue loin de moi une masse sombre s'animer dans les branchages au bord de l'eau sans avoir pu identifier l'animal qui soudain disparaît.
Surprise de taille, lorsque celui-ci réapparaît en présentant son long bec rouge ! C'est bien une Cigogne noire en halte migratoire profitant de ce milieu humide pour se nourrir.
L'échassier m'ignore totalement et le caractère très farouche de cette espèce implique la plus grande discrétion de ma part à travers les mouvements de mon téléobjectif. Progressivement la Cigogne remonte le ruisseau, chassant souvent la tête sous l'eau pour y déloger en particulier les grenouilles rousses dont elle est friande.
Agile, rapide, précise le spectacle est unique je n'en crois pas mes yeux. La Cigogne finit par chasser à une dizaine de mètres en face de moi dans des conditions de prises de vues exceptionnelles, m'autorisant même la réalisation d'une séquence vidéo.
La Cigogne noire est moins connue que sa cousine blanche. Plus discrète et farouche, elle fuit l'Homme et installe son nid au cœur des grands massifs forestiers.
Classée rouge sur la liste des oiseaux rares et protégés, cette espèce compte une cinquantaine de couples nicheurs connus en France et fait l'objet d'un suivi scientifique tout particulier. L'observation de ce superbe adulte non bagué complète les données sur l'étude conduite par la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) de cet échassier dans notre région."
[Une rencontre que le photographe n'est pas près d'oublier, mais que les images permettent de revivre dans une ambiance aquatique de rêve…]
Détermination : 95 cm. Légèrement plus petite que la Cigogne blanche elle s'en distingue par son plumage noir brillant, à l'exception du bas de la poitrine et du ventre blancs. Longues pattes, long cou et bec très allongé. Corps élancé. Sexes semblables. Presque toujours farouche et solitaire.
Cliché © Dominique Delfino
Voix : Très étendue, du hoquet enroué au bruit d'affûtage de scie ; diverses notes musicales au son guttural. Claquements de bec moins fréquents que chez la Cigogne blanche. À l'arrivée d'un intrus dans le nid, elle émet des sons aigus.
Vol : Bat lentement des ailes, le cou et les pattes tendus. Vol puissant et régulier.
Habitat : Cigogne vivant près des eaux douces des basses terres ou à moyenne altitude dans les anciens massifs montagneux dans les forêts abritant des cours d'eau, des eaux dormantes, des marécages, dans des prairies humides et des roselières. On la trouve également dans des plaines et des forêts inondées ou dans des bosquets denses de hêtres, chênes ou pins. Elle niche à grande hauteur dans les arbres des forêts.
Pour se nourrir, la Cigogne noire sonde les eaux peu profondes. Elle consomme des poissons, des batraciens, des insectes, des coquillages, des crabes, des petits reptiles, des oiseaux et des rongeurs.
Cliché © Dominique Delfino
Comportements : Fin mars, les cigognes noires effectuent une parade nuptiale différente de celle de leurs consœurs les cigognes blanches. Le couple effectue de grands vols nuptiaux et effectue un cérémonial compliqué, balançant le cou d'un côté à l'autre en le faisant onduler. En même temps, la queue se déploie en éventail et l'on peut voir les plumes blanches de sa base.
Cliché © Dominique Delfino
Cliché © Dominique Delfino
Nidification : La Cigogne noire occupe le nid des années précédentes. c'est un nid volumineux fait avec des matériaux trouvés sur place, composé de branches et branchettes, tapissé de mousse, d'herbe et de feuilles, amalgamées avec de la terre. Le nid se situe dans les épais bosquets de hêtres, chênes et pins, et plus fréquemment sur les corniches des falaises, toujours près de l'eau, d'une zone découverte, à au moins une douzaine de mètres du sol.
La femelle pond 3 à 5 œufs blancs. L'incubation assurée par le couple dure de 38 à 42 jours. Les jeunes sont nourris par les deux parents qui régurgitent de la nourriture dans le nid. Les cigogneaux quittent le nid au bout de 65 à 70 jours. À la fin de la reproduction, la Cigogne noire abandonne le site.
Distribution :(voir la carte IUCN ci-dessous)
Nota : Les cartes de distribution sont à interpréter avec beaucoup de précautions. Elles donnent une idée de la répartition globale des espèces et non pas une géolocalisation précise. Les zones de distribution étant géopolitiques, si une espèce est présente dans une partie du pays, c'est l'ensemble du pays qui est sélectionné. Pour une distribution plus précise, consultez le site de l'IUCN.
Sources :
— Courriel de Dominique Delfino
— Site Oiseaux-net
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