Le Fort Benoit
09/05/2014
par André Guyard
L'ensemble des fortifications post-Vauban de Besançon fait l'objet de toutes les attentions de l'Association Avalfort qui restaure, entretient, protège ce patrimoine militaire et le fait connaître par des conférences et des visites. C'est à l'issue d'une de ces visites encadrée par le Commandant Pascal Ducros et le Capitaine Roland Bois que j'ai rédigé cette note à partir des explications fournies par ces deux spécialistes que je tiens à remercier ici.
Ce fort est situé au Nord-Est de Besançon à une altitude de 364 m. Érigé à la suite de la guerre de 1870-1871, c'est une construction qui appartient à la ceinture de sécurité Séré de Rivières protégeant la ville de Besançon. Il doit son nom au colonel Benoit, directeur des fortifications de Besançon en 1870.
Propriété de la ville de Besançon, ce fort est entretenu par deux associations de tir qui ont installé des stands et des parcours de tir dans différentes parties de l'ouvrage et dans les fossés. Son magasin à poudre caverne situé à Fontaine-Argent a été creusé en 1889. Devant l'entrée, la place de retournement des chariots est toujours visible.
Plan de situation du Fort Benoit (Document Google maps)
L'ouvrage domine de plus de 60 mètres la zone commerciale de Chalezeule et de plus de 120 mètres la plaine de Thise. Il barre la direction de Belfort. À cheval sur les communes de Besançon et de Chalezeule, ce fort sera construit de 1873 à 1880, à l'emplacement de la redoute de Palente (ouvrage de circonstance établi en 1870).
Vue satellite et plan du Fort Benoit
Il est entouré de larges fossés défendus par des caponnières doubles. L'escarpe détachée est percée de créneaux pour le tir d'infanterie depuis le chemin de ronde qui est décaissé et ainsi protégé. Le terrain naturel étant bombé, le fantassin qui fait le tour est à l'abri.
Vue du fossé Ouest. On distingue à gauche le mur
muni d'embrasures protégeant le chemin de ronde
Fossé Ouest et angle arrondi avec le fossé Sud
Le fossé Sud montre des vestiges d'une barrière métallique
Entrée du fort vue de l'extérieur
Un pont-levis barrait l'entrée. De part et d'autre de l'entrée, on aperçoit l'embrasure d'une ouverture où se trouvait un réa permettant le passage d'une chaîne et le relevage du pont.
Entrée du fort vue de l'intérieur
Orifice de passage de la chaîne de relevage du pont-levis (flèche)
et embrasure de la salle de garde (à droite)
On pouvait également blinder les ouvertures avec des sacs de défense.
Les fenêtres de la salle de garde (extérieur à gauche et intérieur à droite)
pouvaient être protégées par des planches ou des sacs de défense
La caserne présente deux niveaux. Le parapet du fort comprend 10 emplacements de pièces d'artillerie. Le mur bahut contenant la terre des parapets est en ciment préfabriqué (comme aux forts de Planoise, de Fontain et de Chailluz).
Une traverse-abri et un puits de lumière
Les traverses-abris sont éclairées par des puits de lumière. La voûte est formée de pierres clavées plus étroites en bas qu'au sommet. L'appareil des pierres de construction est remarquable et couvert d'une chape qui ne tolère aucune infiltration.
Cheminement protégé et passage vers l'extérieur
Sortie d'un cheminement
Descente vers le casernement
Un dortoir
Le casernement est vaste et comporte différents dortoirs voûtés qui étaient chauffés chacun par deux poêles. À l'étage inférieur se trouvent les latrines.
Conduit de cheminée et passe-plats
Un vestibule permet de décharger les chariots qui amenaient et qui avaient accès à une petite cour. Les portes extérieures étaient blindées par une feuille de métal et possédaient trois serrures dont trois personnes différentes détenaient les clés. La poudre et les munitions étaient emmagasinées dans un magasin à poudre dont la porte avait des gonds en bronze pour éviter toute étincelle. On pouvait stocker 50 tonnes de poudre noire en vrac, en disques dans des tubes, en lamelles dans des boîtes, en coups complets prêts à être tirés. Les charges (gargousses) étaient définies d'avance (0,5 kg) et réparties en nombre différent dans les obus pour varier la portée des projectiles. Des cheminées d'aération permettaient de maintenir la poudre sans altération.
On emprunte un escalier pour descendre dans l'une des deux caponnières doubles qui balaient les fossés de leurs tirs.
Descente vers une caponnière double
Couloir d'accès à une caponnière double
De chaque côté de la caponnière, une pièce de canon 12 culasse qui balaie chaque fossé. Cette pièce d'artillerie est juchée sur un socle horizontal appelé lissoir directeur qui se fixe à une cheville ouvrière évitant ainsi de ne pas bouger au moment du recul du canon. Sous la cheville ouvrière, il existe une plateforme trapézoïdale en ciment.
Les ouvertures des canons 12 culasse sont désormais obturées
Chaque fenêtre supérieure est utilisable par un canon revolver, ancêtre de la mitrailleuse. Cet engin est formé de cinq tubes de 40 mm rayés chacun avec un pas différent. Ces tubes tournent avec une manivelle. De sorte que le tir produira une gerbe de 12 m de diamètre qui balaie l'ensemble du fossé.
Détail d'une caponnière. Embrasures permettant de couvrir le fossé (à gauche)
Au ras du sol, ouverture pour projeter des grenades dans le fossé (à droite)
Des ouvertures au ras du sol permettent de balancer des grenades dans le fossé. En avant de la caponnière, il existe un fossé diamant (surcreusement du fossé rendant plus délicate la position de l'ennemi et destiné à recueillir les débris au cas où un coup malheureux de l'adversaire aurait pu obture les embrasures).
Caponnière double vue de l'extérieur
Détail de l'ouverture du canon 12 culasse et
des deux ouvertures des canons révolvers
À l'extérieur, de chaque côté de la caponnière, un escalier de flanquement permet de descendre le long de la façade de la caponnière pour pallier une infiltration ennemie.
Magasins s'ouvrant dans l'espace interne du fort
À l'extérieur des casernements dans l'espace interne, il existe toute une série de magasins pour abriter du matériel, du personnel, un magasin à munitions confectionnées et un autre destiné aux munitions de la journée. Une rampe à canons permettait la mise en place de l'artillerie.
À l'extrémité d'une traverse se trouve un monticule en pierres qui forme un petit parapet en demi-rond qui constitue un poste d'observation qu'on atteint avec une échelle métallique.
Le fort compte une batterie annexe protégeant le fort du côté de Chalezeule et de Montfaucon. Un abri extérieur permettant d'abriter l'équipage qui n'est pas au feu.
Abri extérieur côté Chalezeule
2 commentaires
Bonjour Mr Guyard
Membre d'AVALFORT, j'ai eu connaissance de la réaction"épidermique" de mon président suite à vos 2 articles (forts de Besançon-fort Benoit). J'ai argumenté pour une meilleure tolérance en faisant valoir que vous aviez scrupuleusement affiché vos sources et porté les copyrights et qu'il était très encourageant d'avoir des personnes qui s'intéressaient de la sorte aux forts post-Vauban.
Je pense l'avoir convaincu, il m'a dit qu'il prendrait contact avec vous pour clore le litige. S'il ne l'a pas encore fait, ce sera certainement après un court séjour à l'étranger qui débute ce week-end.
Soyez assuré Mr Guyard de toute ma sympathie.
Guy Mollaret, vice-président AVALFORT
je pense qu'il ne sera pas nécessaire de retirer vos articles
PS : quelle est la source"DR" :Dutriez Robert ?
Bonjour,
Comme c'est indiqué en tête, les articles incriminés sont pour l'instant en construction et n'ont pas une parution certaine. C'est pourquoi je n'ai pas encore cru bon de prévenir le Président de l'Association AVALFORT avant la rédaction définitive, notamment en ce qui concerne l'iconographie. Mais d'ores et déjà, j'avais créé un lien sur ces articles en direction du site d'AVALFORT.
La rédaction de ces deux articles fait suite à l'exposition AVALFORT à Palente, à la conférence de Pascal Ducros à qui j'avais demandé l'autorisation d'enregistrer ses propos et à la visite du Fort Benoit encadrée par Roland Bois et Pascal Ducros.
Je les ai fait paraître à l'intention d'autres participants à cette conférence et à cette visite pour avoir leur opinion à ce propos et ne pensais pas que d'autres personnes les découvriraient aussi prématurément.
Par ailleurs, je vous signale que je prépare un article sur le fort Griffon que j'ai fréquenté lors de ma prime jeunesse en tant que normalien à Besançon. Je dispose pour cela une documentation que m'avait confiée Roland Bois il y a quelques années (juin 2007) et qui aurait dû servir à confectionner un article à paraître dans le bulletin des anciens élèves des écoles normales bisontines, article qui n'avait pas été retenu par le comité de lecture de l'association. Il m'avait même proposé de compléter cette documentation par l'envoi d'un CD.
En toute bonne foi, je considère que ces publications constituent une publicité pour AVALFORT dont il faut souligner l'action remarquable qu'elle déploie pour la sauvegarde du patrimoine militaire bisontin dont peu de gens soupçonnent l'importance. Elles soulignent l'effort pédagogique intense des intervenants de votre association dans la vulgarisation de pages d'histoire qui réveillent la conscience des Bisontins.
Mais si ces publications gênent l'association, je suis prêt à les supprimer ou à les publier sur votre site.
Avec toutes mes excuses pour cette maladresse,
André Guyard
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