Le Poisson-chat du Doubs
04/02/2010
Ameiurus nebulosus (Le Sueur), 1819
Ictalurus melas (Rafinesque), 1820
Famille des Ictaluridés
par André Guyard
Au cours d'une campagne d'échantillonnages du peuplement ichtyologique du cours inférieur du Doubs entre Voujeaucourt et Crissey (Doubs), nous avons été amenés à étudier les populations de poissons les plus représentatives de ce peuplement, aussi bien dans le cours du Doubs proprement dit que dans la partie du canal du Rhône au Rhin (canal Freycinet) qui le jouxte dans cette partie. Le présent article s'intéresse au Poisson-chat que l'on rencontre dans les eaux calmes, libres ou stagnantes. Il s'agit d'un poisson importé d'Amérique du Nord qui s'est répandu en Europe. Ce n'est que récemment (Spillmann, 1967) que l'identité de cette espèce a été déterminée avec précision.
Le corps est moyennement allongé, la peau est nue. Il existe une nageoire dorsale adipeuse. La tête est large et aplatie, la bouche est grande et entourée de 8 barbillons. Les premiers rayons épineux des nageoires dorsale et pectorales sont légèrement denticulés. La coloration du corps est assez homogène, le dos est brun plus ou moins foncé et le ventre jaune.
La taille des individus dépasse rarement 33 cm et un poids de 245 g pour un âge de 8 ans. Le maximum est de 45 cm pour 2 kg.
Le Poisson-chat est une espèce d'eau calme. C'est un poisson de fond, avec des habitudes nocturnes. Il vit dans les marais, les lacs ou les eaux peu courantes, à fond mou. C'est une espèce omnivore et vorace. Il se nourrit de larves de chironomes et de mouches de mai, de mollusques, et aussi d'œufs et alevins d'autres poissons.
Le Poisson-chat est une espèce particulièrement résistante à la pollution. On le trouve jusque dans des eaux polluées et pauvres en oxygène (lacs et étangs eutrophes). Il n'est pas apprécié dans les étangs d'élevage où il est difficile à pêcher, car les poissons s'enfouissent dans la vase.
Le Poisson-chat
(cliché G. W. Sneegas)
Il fraie en eau peu profonde, en juin-juillet, et par une température de 18 à 20°C. La reproduction se déroule sur un nid préparé par le couple géniteur disposé sous une berge surplombante, une racine ou un autre abri semblable. Les œufs de 500 à 3500 sont plus ou moins nombreux selon la taille de la femelle, ils sont pondus en paquets et naissent au bout de 8 jours La ponte est protégée et entretenue par le mâle. Cette protection se poursuit après l'éclosion, les alevins restant groupés en boule caractéristique pendant plusieurs semaines.
Originaire de l'Amérique du Nord, le Poisson-chat a été introduit en France en 1871. Les premiers individus se sont échappés du Muséum vers la Seine toute proche en empruntant le réseau des égouts (Lavauden, 1905).
Après cet épisode, cette espèce fut "oubliée" et ce n'est qu'au début du siècle que sa dispersion s'est étendue : En 1901 introduction dans des étangs en Loire Atlantique (Labarletrier, 1901), en 1904 des déversements ont eu lieu dans la Seine et la Dordogne (Pion-Gaud et Lavauden, 1904). Son introduction a même été favorisée par les sociétés de pêche dans les secteurs les plus pollués (Lavollée, 1906).
En 1951, Vivier montre que le Poisson-chat a colonisé l'ensemble du réseau hydrographique, cette espèce ayant peu de prédateurs.
Cette espèce est considérée comme susceptible de provoquer des déséquilibres biologiques sans qu'aucun argument ne confirme cet aspect particulier de son comportement (Boët, 1981). Encore largement répandu le Poisson-chat semble cependant en régression du fait de la pollution et peut-être de maladie.
L'examen de la répartition des populations du Poisson-chat dans le Doubs et dans le canal appelle les conclusions suivantes : Contrairement à la majorité des espèces pisciaires, le Poisson-chat est plus abondant dans le canal que dans le Doubs. Cette considération est surtout valable pour les classes d'âge jeunes et moyennes.
D'après le graphe ci-dessus, le Poisson-chat se complaît dans les zones où l'eau est la plus stagnante, c'est-à-dire au niveau du canal, en particulier dans sa partie supérieure.
Sources :
- Allardi J. & Keith Ph. (1991). - Atlas préliminaire des poissons d'eau douce, 234 p.
- Guyard A. et coll. (1992) - Inventaire du peuplement ichtyologique du cours du Doubs et du canal du Rhône au Rhin entre Voujeaucourt et Crissey. Rapport d'étude pour le compte de la CNR (73 pages + annexes).
- Muus B. J., Dahlstrom P. (1968). - Guide des poissons d'eau douce et pêche, 248 p. Delachaux et Niestlé Ed.
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