Le Hotu du Doubs
03/02/2010
Chondrostoma nasus (Linné), 1758
Famille des Cyprinidés
par André Guyard
Au cours d'une campagne d'échantillonnages du peuplement ichtyologique du cours inférieur du Doubs entre Voujeaucourt et Crissey (Doubs), nous avons été amenés à étudier les populations de poissons les plus représentatives de ce peuplement, aussi bien dans le cours du Doubs proprement dit que dans la partie du canal du Rhône au Rhin (canal Freycinet) qui le jouxte dans cette partie. Le présent article s'intéresse au Hotu que l'on rencontre dans la zone du Barbeau.
Le Hotu ou Nase est un poisson élancé, qui se caractérise par sa bouche rectiligne en position infère (chez l'adulte). Le museau est proéminent, la lèvre inférieure est cartilagineuse. Les lèvres sont cornées, avec des bords tranchants, et servent à arracher les algues et les petits animaux des pierres et des plantes. Les dents pharyngiennes sont aiguisées en lames. On compte 57-62 écailles le long de la ligne latérale. Péritoine noir.
La coloration du corps est homogène, gris-bleu et brillante, les nageoires sont souvent orangées.
La taille est variable suivant les milieux, elle dépasse rarement 45 à 50 cm pour 1,5 kg. La durée de vie est de 15 ans environ dans les rivières françaises (Nelva-Pasqual, 1985).
Le Hotu est un poisson grégaire qui affectionne les eaux courantes au fond de petits galets et graviers. Son comportement est essentiellement benthique. Son alimentation, est constituée principalement de diatomées raclées sur les substrats.
Le Hotu vit dans les zones moyennes des rivières (zone du Barbeau) et préfère les eaux de profondeur moyenne avec un bon courant et un sol pierreux ou sableux. Il séjourne souvent près des digues et des chutes d'eau, aux endroits où les affluents amènent des débris comestibles dans la rivière. Il se nourrit surtout d'algues qui tapissent les pierres et le bois, mais aussi de larves de diptères, de vers et autres petits animaux vivant parmi les algues. En hiver il forme des bancs épais dans des creux profonds ou sous les pierres.
La reproduction a lieu au printemps entre mars et mai. Elle semble être déclenchée par des températures supérieures à 8 à 9° C. Le Hotu remonte les cours d'eau, ou gagne les petits affluents pour frayer dans un fort courant sur fond graveleux. Les deux sexes présentent des tubercules de fraie sur la tête et sur la partie antérieure du corps. La fécondité est voisine de 40 000 ovules par kilo de femelle. Les oeufs de 1,5 mm de diamètre sont déposés en masse sur le substrat sans aucune protection. La durée de 1'incubation peut varier de 5 jours pour une température de 17°C à 23 jours pour une température de 10°C. Le Hotu est mature vers 2-4 ans.
La répartition et la colonisation du réseau hydrographique par le Hotu ont été particulièrement étudiées par Nelva-Pasqual (1985) qui a mis en évidence l'importance de la création des canaux au siècle dernier. Actuellement cette espèce est présente dans le bassin du Rhin, du Rhône, de la Seine et de la Loire. Elle semble absente des cours d'eau bretons et normands ainsi que ceux du bassin de la Garonne et de l'Adour. Le Hotu est très sensible au phénomène de pollution ce qui peut expliquer sa régression dans plusieurs régions où il avait eu tendance à se développer d'une façon explosive.
Échantillon moyen de la population du Hotu dans le Doubs
D'après le graphie ci-dessus, le Hotu manifeste un net préférendum pour la rivière, surtout dans son cours aval.
Sources :
- Allardi J. & Keith Ph. (1991). - Atlas préliminaire des poissons d'eau douce, 234 p.
- Guyard A. et coll. (1992) - Inventaire du peuplement ichtyologique du cours du Doubs et du canal du Rhône au Rhin entre Voujeaucourt et Crissey. Rapport d'étude pour le compte de la CNR (73 pages + annexes).
- Muus B. J., Dahlstrom P. (1968). - Guide des poissons d'eau douce et pêche, 248 p. Delachaux et Niestlé Ed.
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