La Brème du Doubs
24/01/2010
Abramis brama (Linné), 1758
Famille des Cyprinidés
par André Guyard
Au cours d'une campagne d'échantillonnages du peuplement ichtyologique du cours inférieur du Doubs entre Voujeaucourt et Crissey (Doubs), nous avons été amenés à étudier les populations de poissons les plus représentatives de ce peuplement, aussi bien dans le cours du Doubs proprement dit que dans la partie du canal du Rhône au Rhin (canal Freycinet) qui le jouxte dans cette partie. Le présent article s'intéresse à la Brème qui abonde dans les eaux calmes (zone à Brème).
Le corps de la Brème est élevé et comprimé latéralement. La bouche est petite et dépourvue de barbillon. L'œil est relativement petit par rapport à la longueur du museau (caractère distinctif de la brème bordelière). On compte plus de 10 écailles entre la ligne latérale et l'insertion de la nageoire dorsale. La nageoire anale est très longue avec 27-28 rayons et sa base équivaut à deux fois la longueur de la base de la dorsale. La coloration du corps est homogène, le dos est vert bronze et les flancs clairs, les nageoires sont grises. On compte 49-57 écailles le long de la ligne latérale. Les dents pharyngiennes sont disposées sur un seul rang.
La taille peut atteindre 60 cm. Généralement de 30 à 40 cm et 0,500 à 2 kg.
La Brème est un poisson grégaire vivant dans les eaux calmes des cours d'eau et des étangs de plaine. Sa reproduction est printanière lorsque la température de l'eau est voisine de 18°C. La fécondité est moyenne (de 30 000 à 40 000 ovules par kilo de femelle). La ponte a lieu dans les herbiers mais les œufs peuvent être déposés sur des supports minéraux (galets et graviers). Le régime alimentaire est zooplanctonophage chez les alevins puis benthophage chez les adultes.
La Brème est très commune dans l'eau stagnante ou à courant lent, avec sol argileux ou vaseux (zone à Brème). Les poissons plus âgés se tiennent surtout au-dessus d'un fond nu et mangent les larves rouges des Chironomides, des Pisidium et des vers, par exemple des Tubifex. De nuit, ils se déplacent souvent jusqu'au bord de la zone côtière. Dans la vase molle du fond on voit souvent des cavités grandes d'un demi-pied, les « trous de brèmes », où une Brème s'est arrêtée quelques minutes pour aspirer de son museau protractile une colonie de vers spécialement alléchante. Durant cette activité la Brème se tient presque verticalement audessus du fond. Les débris de plantes et la vase sont recrachés. En eau trouble, ou dans les lacs surpeuplés, la Brème est souvent contrainte de compléter cette nourriture par du plancton animal.
En hiver, elle s'enfonce en eau profonde où les bancs denses de milliers d'individus s'assemblent tout à fait localement.
La fraie a lieu en mai-juin et s'accomplit en eau peu profonde, à au moins 12°C, et parmi la végétation. Lors de la fraie les mâles ont une éruption de boutons blancs ou jaunes sur la tête et la partie antérieure du corps. Durant la fraie, soit pendant 3-4 jours, les mâles semblent occuper de petits territoires qu'ils défendent contre les autres mâles, tandis que les femelles sont accueillies chaleureusement. La fraie se produit avec une quantité de jaillissements d'eau bruyants et peut se répéter une ou deux fois la semaine. Les œufs sont petits mais la ponte est abondante (92 000 à 338 000 œufs). Ils s'attachent aux plantes et éclosent en 3-12 jours, selon la température de l'eau.
Les larves mesurent 4 mm et restent fixées, immobiles, aux plantes, jusqu'à ce que la vésicule soit résorbée, ceci au bout de quelques jours.
Les jeunes se rassemblent alors en petits bancs dans les habitats latéraux et se nourrissent de plancton.
En revanche, dans le canal, toutes les classes de taille sont représentées. Le canal constitue une "zone à Brèmes", particulièrement au niveau de l'Allan canalisé à grand gabarit.
Répartition des populations de la Brème par station
Comme le montre le graphe ci-dessus, la Brème commune préfère les eaux calmes du canal en particulier à Bourogne et surtout à Orchamps.
- Guyard A. et coll. (1992) - Inventaire du peuplement ichtyologique du cours du Doubs et du canal du Rhône au Rhin entre Voujeaucourt et Crissey. Rapport d'étude pour le compte de la CNR (73 pages + annexes).
- Muus B. J., Dahlstrom P. (1968). - Guide des poissons d'eau douce et pêche, 248 p. Delachaux et Niestlé Ed.
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